PIERRE SEEL
VERBATIM 2003-2005
Issu des conversations téléphoniques, le samedi soir, avec Christian de Leusse
Orthographe des noms propres non garantie…
Notes et tentatives de comblement des mots manquants indiquées en italique.
25 mars 2001 : (1er échange entre Christian et Pierre, premiers propos de Pierre)
Survivre c’est horrible, c’est pire que la Déportation
1er février 2003 : (Christian rencontre Pierre Seel chez lui à Toulouse, rue du Féretra)
Eric, mon ami, sera mon légataire. Mes enfants veulent s’en occuper.
On m’a menacé de mettre le feu, j’ai été pris de paranoïa, j’ai eu très peur.
Mon objectif c’est la reconnaissance de la déportation homosexuelle. Les déportés de Schirmeck ont tous des pensions liées à la déportation.
Je suis reconnu comme déporté, mais pas comme déporté homosexuel. Rien n’a avancé.
8 février 2003 :
J’ai vu un avocat pour protéger mes écrits et Eric. Il faut penser à tout.
L’église Marie des Anges est sinistrée.
Je suis en contact avec les Dominicains (ND du Rosaire). J’ai bien connu Jacques Maritain, j’étais à son enterrement, ils s’occuperont de mon enterrement.
En 1950, à Saint-Ouen, j’ai épousé Mme Seel, à ND du Rosaire aussi.
Isabelle des Flamants Roses m’a dit que j’étais « reconnu » et que j’avais touché de l’argent !
L’Organisation Internationale des Migration, installée en Suisse, me dit qu’il faut être reconnu « esclave des Allemands ».
Ma belle-sœur Mme Klein-Seel avait accepté de leur répondre ; ils acceptent d’indemniser (suite à l’enquête sur la déportation juive) ; j’ai rempli le formulaire.
Des souvenirs nouveaux me sont revenus pour leur répondre, comme par exemple : fouetté par l’armée Allemande, port de chaussures en plomb.
Je suis ennuyé de ne pas avoir la légende de la photo prise à Salonique sous l’uniforme allemand.
Des gens de l’OIM sont venus me voir à Toulouse. Au bureau de vente ONU, il y a les cahiers OIM-Info (qui paraît tous les 3 mois) voir : http//www.IOM.INT. Il y a un article dans l’un de ces cahiers, sur l’histoire d’un homosexuel victime des Nazis.
J’ai des documents formidables sur la question de la reconnaissance de la déportation homosexuelle. Le Directeur interdépartemental des anciens combattants m’avait écrit en 1992.
En 1982 déjà je demandais réparation (cf. ma photocopie du 8 décembre 1982).
J’ai été invité à la première d’un film en Alsace – c’est que j’étais lors de mon incorporation de force dans l’armée Allemande – le samedi 21 décembre 2002 pour la projection de « Enquête de mémoire« , 1942, d’Alfred Wahl
(ndlr : Un film de Robin Hunzinger et Alfred Wahl. L’arrêté du Gauleiter Wagner décrétant le 27 Août 1942 l’incorporation forcée des Alsaciens dans l’armée allemande marque l’une des pages historiques les plus douloureuses pour la région. Voici désormais les « malgré-nous » contraints de se battre dans un uniforme étranger et parfois de verser leur sang pour une cause, une patrie qui n’est pas la leur… Mais en 1942 quel était réellement le quotidien de la guerre en Alsace, quels événements, petits et grands, ont permis cette infamie ? Rythmant l’enquête rigoureuse de l’historien Alfred Wahl et nombre de témoignages poignants ce documentaire nous plonge dans une période qui, aujourd’hui encore, marque l’inconscient de l’Alsace. )
Cela concerne la classe 1923 qui a été incorporée de force, la société Seppia (Pascaline Joffroy 03 88 52 95 95) a produit ce film qui est passé sur FR3 Alsace le 18 janvier 2003.
Quand nous sommes partis en Allemagne, les Alsaciens et Mosellans nous avons chanté la Marseillaise sous la menace des mitraillettes, envoyés sur le front russe pour extermination.
Il y avait beaucoup de journalistes.
Pour ce qui me concerne, je témoigne jusqu’au bout. J’ai appris qu’il va y avoir un Mémorial Alsace Moselle à Schirmeck.
Quelqu’un est venu pisser sur ma porte (sur mon pallier), il a été menotté après, sans doute repéré par le contact que j’ai pris avec le réseau, il a fait du bruit dans l’escalier.