Strasbourg Semaine du souvenir 16 avril – 12 mai 2011

 

Communiqué de presse « Les Oubliés de l’Histoire » concernant la Cérémonie Nationale du Souvenir de la Déportation du 24 avril 2011.

Entre 1933 et 1945, les homosexuels d’Europe ont été raflés, torturés, expulsés ou envoyés en camp par les nazis, principalement sur le territoire du IIIe Reich, dont l’Alsace et la Moselle annexées de fait. Ils ont été déportés et assassinés dans les camps de concentration nazis pour le seul motif de leur orientation sexuelle ou de l’expression de leur genre.

De 100 000 à 150 000 homosexuels ont été arrêtés par les nazis entre 1933 et 1945, au titre du paragraphe 175 du Code pénal allemand ; 10 à 15 000 d’entre eux ont été déportés en camp de concentration, où ils portaient un triangle rose, pointe en bas. Les lesbiennes ont quant à elles été martyrisées sous le triangle noir des «asociaux». Les deux-tiers de ces hommes et de ces femmes sont morts entre les barbelés avant la victoire des Alliés.

Les usagers de la psychiatrie étaient massacrés dans des centres régionaux développés à cet effet. Pour l’Alsace occupée c’est l’hôpital d’Hadamar, en Forêt Noire  qui était chargé de cette macabre mission. En janvier 1944 le dernier convoi est parti des hôpitaux de Hoerdt et de Stephansfeld amenant100 patients vers leur funeste destin, un seul en est revenu.  Leur nom seront cités au coté de ceux des Roms lors du Yom Hashoa le 8 mai 2011 place Broglie à Strasbourg. Les Roms dont le génocide, le Samudaripen, n’est toujours pas reconnu par la France ont été victimes des gaz dans les camps ou renvoyés au statut de cobayes humains, notamment,  par le professeur Haagen au camp du Struthoff. Je salut ici la thèse de médecine (Décembre 2010) du Dr Raphaël TOLEDANO qui redonne leur nom et leur identité à ces victime des expériences autorisant ainsi un nécessaire travail de Mémoire.

L’association Les Oubliés de l’Histoire était présente cette année aux cérémonies de la Ville d’Erstein où, sur l’invitation de son Maire Monsieur Jean-Marc Willer, son président à lu un message commémorant le génocide des Roms, le Samudaripen, les victimes du programme T4 d’extermination des usagers en santé mentale et des handicapés mentaux ainsi que des personnes étant ou étant supposées être homosexuelles. Ce message a été l’occasion de rendre un  hommage à Jean Lebitoux qui nous a quitté le 21 avril 2011. Jean Lebitoux, créateur du Mémorial de la Déportation Homosexuelle et du magazine Gaypied, appréciait particulièrement la ville d’Erstein où il séjourné à plusieurs reprises. La gerbe commémorative a été déposée conjointement avec Monsieur le Maire Jean-Marc Willer, Madame Monique Jung, Vice-présidente du Conseil Régional d’Alsace, Monsieur le Rabin Isaac Ouaknine et Christophe Charpiot, président de l’association les Oubliés de l’Histoire et délégué régional du Mémorial de la Déportation Homosexuelle.

A Strasbourg nous avons eu le plaisir d’accueillir, pour sa prise de fonction, dans les rangs officiel Madame Cathy Ziegler, présidente de l’association Festigay et représentant dans le cadre protocolaire le monde LGBTI. Son mandat est de trois ans. Madame Ziegler succède ainsi à Monsieur Mathieu Clavon, Vice-président de l’Autre Cercle Alsace, Vice-président des Oubliés de l’Histoire, dont le mandat a expiré. Notre association remercie vivement Monsieur Clavon pour son investissement et sa présence régulière durant les deux mandats qu’il a assuré.

Christophe Charpiot

Président de  l’association Les Oubliés de l’Histoire

Délégué Régional du Mémorial de la Déportation Homosexuelle

Contact presse : lesoubliesdelhistoire@yahoo.fr

 

Exposé de Christian de Leusse  23 avril 2011 :

 LE LONG CHEMINEMENT DE LA RECONNAISSANCE

DE LA DÉPORTATION HOMOSEXUELLE A MARSEILLE

Nous avons vécu au cours de ces 17 années à Marseille un cheminement vers une conquête, celle du droit d’être pleinement intégrés à la cérémonie officielle. Parce que la bataille a été rude et parce qu’elle a abouti, il vaut la peine d’en tracer les grandes lignes, à partir de 4 moments-clefs.

Il y a 4 moments clefs :

  • En 1995 un petit groupe à la fois déterminé et diversifié : la vie associative homosexuelle renaît à Marseille depuis le début de années 1990, nous avons constitué un collectif inter-associatif, en même temps nous allons faire ce dépôt après la cérémonie officielle mais totalement « dans le brouillard », nous ne savons pas comment il faut faire, nous tentons de suivre l’exemple de nos amis de Paris

 

  • En 2005, dix ans plus tard, le contexte est très différents, à la fois nous sommes anciens dans ce dépôt de gerbe, mais nous sommes aussi démoralisés, vaincus, et objet d’une défiance générale. Certes en 2003 Pierre Seel était venu déposer la gerbe avec nous donnant beaucoup de force à notre dépôt de gerbe, mais en 2004 nous n’avions pas déposé de gerbe, et tous nos partenaires pensaient que nous avions capitulé.

Une association concurrente à peine créée avait récupéré la venue de Pierre Seel – 4 jours avant sa venue – en 2003 se mettant en avant sans vergogne, et avait cherché à démonétiser le dépôt de gerbe des associations en pactisant avec les autorités diverses par le biais de porte-drapeaux, s’associant avec la fédération des CGL.

Pour ne pas mettre sur la place publique un conflit entre les LGBT, nous nous étions complètement retirés en 2004 pour les laisser agir. Ils n’ont pas déposé de gerbe, seules les poignées de mains avec les autorités leur convenaient.

En 2005 du coup nous avons affronté ce que nous percevions, à tort ou à raison, comme un climat d’hostilité pour déposer à nouveau notre gerbe. C’était une victoire sur nous-mêmes, une remontée au combat.

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