Pascal Janvier

 

Pascal Janvier est décédé le 10 août 2021

Militant associatif à Marseille au cours des années 2000 Il a été un collaborateur toujours modeste et efficace de Mémoire des sexualités

Il s’est beaucoup engagé dans les Université d’été euro-méditerranéennes des homosexualités dans les années 2000.

Il a trouvé dans Mémoire des sexualités un plaisir de passer des heures à faire connaitre et reconnaître les actions militantes et les moments festifs

Il s’est occupé des enregistrements de très nombreux débats des UEEH (1999-2005) et de leur retranscription dans ce qu’on a appelé les Actes des UEEH et de leur transcription

Jusqu’en 2014, il a recensé et classé les livres et les revues, collectés par Mémoire des sexualités

Il a collecté aussi de nombreuses émissions radio, films et documentaires

Il a contribué à la réalisation des Salons de l’homosocialité de 2000 à 2007.

Atteint de la maladie de Parkinson qu’il ne soignait pas, il a eu la chance d’être hébergé chez un ami qui s’est occupé de lui jusqu’à la fin, près de Biarritz.

 

Pascal JANVIER

Militant à Mémoire des sexualités 

A partir des questions posées par Nicolas Lorente, étudiant en sociologie Février 2008

L‘homosexualité dans notre société est en voie de banalisation, malgré tout…

Le jour où on pourra se dire homosexuel comme d’autres peuvent se dire blonds ou bruns, ou hétéros n’est pas encore venu. J’ai un peu plus de quarante ans, je n’ai pas donc connu les années soixante-dix et encore plus les années cinquante ou soixante, mais j’ai des amis qui ont connu ces époques, et si je fais un comparatif entre la situation actuelle et ce qu’ils me disent de leur jeunes années, l’évolution est quand même extraordinairement flagrante.

Au niveau de l’acceptation sociale du fait homosexuel, et de la compréhension du fait que l’homosexualité est une identité comme une autre. L’homosexualité est un fait naturel, il n’y a même pas besoin d’en discuter tant les exemples dans le monde animal, et dans l’histoire humaine sont innombrables, alors que l’homophobie est une construction. Une construction politique, philosophique, religieuse, intellectuelle. C’est donc un fait artificiel. Point barre. Et l’homophobie existe toujours, on n’est pas dans le monde merveilleux des Bisounours, Mais ça recule par rapport à ce qui se faisait précédemment.

Des images sont véhiculées encore aujourd’hui, bien sûr. Genre les homos, c’est les mecs rigolos qu’il faut absolument avoir à sa soirée. Ou encore, que les pédés sont friqués. Alors qu’il y a aussi des gays ouvriers qui travaillent à la chaîne. Les homos c’est comme les hétéros, y’en a de tous les styles, de tous les genres, de tous les âges. J’ai un style, mais il en existe une infinité. A tous les niveaux, au niveau des pratiques sexuelles, comme des niveaux socioprofessionnels, comme des affinités culturelles… Il n’y a pas un homo type, ça n’existe pas.

Ces images sont véhiculées principalement par la populace et les médias. De toute façon, nous sommes tous, et partout, encombrés de stéréotypes. Par exemple, un film pour lequel j’ai énormément de tendresse parce que contrairement à certains, au-delà de la performance d’acteur, j’y vois un message de tolérance et de tendresse, c’est la Cage aux Folles. Certes, on est là dans la caricature absolue, le couple de mec dont l’un des deux fait la femme, et se vit comme telle. Mais c’est surtout une histoire d’amour entre deux êtres, entre deux mecs. C’est le grand stéréotype du « qui fait la femme ». Quel est le mec qui n’a jamais entendu cette question ? ».

Fondamentalement, pour un hétéro, un homo ce n’est pas un mec. Un gay, c’est quelqu’un qui d’une façon ou d’une autre, à un moment ou à un autre, veut être une femme. Puisqu’un homme doit aller avec une femme. Donc aller avec un homme, c’est vouloir remplir le rôle de la femme. Ce sont des stéréotypes extrêmement ancrés. J’ai des potes qui sont beurs, et ils disent être constamment confrontés au fait que l’homme c’est l’actif c’est pas le passif. Qu’être passif, c’est être, quelque part, la femme. Bon y’a tout un tas de schémas qui tournent autour de cette notion qu’un homme, un vrai, ça doit être hétéro et dominateur, Pareil pour les femmes : si elles ne sont pas mariées et mères de famille, elles ne sont pas vraiment des femmes. La lesbienne, c’est celle qui n’a pas rencontré d’homme. Tout ça est faux.

J’étais adolescent et un jour j’ai réalisé que j’aimais plus les mecs que les femmes, point barre. Mais bon, j’ai eu de la chance d’avoir un caractère bien trempé (ce qui peut aider) et mais surtout de m’être retrouvé homo au tout début des années quatre-vingt, à Paris. Ce qui est quand même beaucoup plus simple que si ça avait été dans les années cinquante au fin fond du Larzac. Je fréquentais beaucoup le quartier du Forum des Halles et le centre Georges Pompidou (j’ai vu ce quartier se construire), et un jour la curiosité m’a fait passer dans la rue du Renard, et j’ai atterris dans le Marais. A la toute première époque du Marais. Il n’y avait alors que Les Mots à la Bouche, le Central, Le Swing, le Mic Man,… Que quelques lieux.

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