En juillet 1979, la première Université d’Eté Homosexuelle se tient à Marseille.
Je suis pris en photo lors du bal de cette UEH, et présenté en double page en train de danser avec un garçon.
La seule question qui occupe juges et avocats tourne autour du droit à l’image. C’est faire fi du contexte homophobe de l’époque et de l’impact que ce genre de outing peut avoir sur les personnes concernées.
Paris-Match récidivera en 1983 en prenant encore en photo plusieurs personnes lors du bal de la 3ème Université d’été. Le surgissement du mouvement homosexuel fait vendre, peu importe les répercussions humaines de ces révélations au grand jour.
Oui, le choix qu’avait fait l’Université d’été était d’ouvrir « le placard » dans lequel était enfermés les homosexuels.
Non, la presse n’était pas invitée à s’en repaître et à jouer avec les personnes concernées.
On ne mesure le mal qui est fait aux personnes ainsi photographiées qu’en se resituant dans le contexte.
La loi de Vichy de 1942, discriminant les homosexuels et sa reconduction à la fin de la guerre, est toujours appliquée en particulier au cours de ces années 1960-1970.
On établira que l’application de la loi de 1942 a conduit à la condamnation d’environ 10 000 homosexuels à être condamnés jusqu’à l’abolition de cette loi en 1982.
L’amendement Mirguet du 18 juillet 1960 a renforcé cette législation au tout début de la Vème République en qualifiant de « fléau social » l’homosexualité.
La seule association homosexuelle existante, Arcadie, se tient dans ce placard depuis sa création en 1954 par l’ancien séminariste André Baudry.
Les publications sont rapidement interdites, ainsi en mars 1955 André Baudry est convoqué par la brigade mondaine pour s’expliquer sur la nature de son organisation et pour la revue qu’elle diffuse, il reçoit en août une sommation à comparaître, Arcadie étant poursuivi pour « outrage aux bonnes mœurs ».