L’EXIL DES SOURDS SOUS LE RÉGIME NAZI
Corine Ammar ARES (recherches études sur la Shoah) Marseille 8 juillet 2021
I – Introduction :
Il me parait fondamental de rappeler 2 éléments importants :
- Comprendre l’ambiance d’eugénisme depuis plus 50 ans avant l’arrivée d’Hitler
Depuis la théorie de l’évolution de Darwin (1859), reprise par Lyell puis Spencer, le biologique s’introduit dans le politique qui l’instrumentalise. Un mouvement international en France, en Angleterre, en Italie, aux États-Unis et en Allemagne, se réclamant des progrès de la génétique, a conduit à des théories centrées sur le rôle de l’hérédité dans la détermination des traits physiques et mentaux ainsi que dans l’inégalité congénitale des individus et des groupes d’humains. Nous voyons comment l’interprétation erronée des sciences a nourri les théories, les réflexions, les politiques, et cela partout dans le monde.
En Angleterre, Francis Galton (anthropologue, chercheur) propose dès 1863 de perfectionner l’espèce humaine en agissant sur l’hérédité : il crée la science eugénique qui va se généraliser. En France, c’est Georges Vacher de Lapouge qui reprend le flambeau. En Allemagne, les idées de Galton trouvent un terrain favorable avec notamment le philosophe Ernst Haeckel. August Weissmann (généticien) affirme que l’aide sociale dégrade le patrimoine héréditaire du peuple allemand. Alfred Ploetz, médecin allemand, va rassembler et regrouper en une science unique : l’hygiène raciale (Rassenhygiene) toutes ces théories biologiques avec les thèses du racisme (fondement d’une hygiène des races : livre publié en 1895). Cette réflexion va réunir les principaux théoriciens de la médecine nazie : le psychiatre Ernst Rudin, l’anthropologue Eugen Fischer et le généticien Fritz Lenz.