Objet : Préparation de la Journée nationale du souvenir de la déportation, le 24 avril prochain
Madame, Monsieur,
Le 26 avril 2001, l’État reconnaissait pour la première fois la déportation homosexuelle effectuée durant la Seconde Guerre mondiale à partir de la France. Dans un discours prononcé à l’hôtel des Invalides, le Premier ministre, Lionel Jospin, déclarait « important que notre pays reconnaisse pleinement les persécutions perpétrées durant l’Occupation contre certaines minorités : les réfugiés espagnols, les Tziganes ou les homosexuels ». Le 15 novembre suivant, un rapport de la Fondation pour la mémoire de la déportation précisait que 210 personnes au moins ont été victimes de déportation pour homosexualité (dont 206 d’Alsace et de Moselle). Leur nombre réel est sans doute bien supérieur mais le colonel Claude Mercier, signataire du rapport, constate lui-même qu’il n’est pas certain « d’avoir eu accès à toutes les archives du monde combattant comme des Archives de France ». En outre, plus d’un demi-siècle d’opprobre a étouffé la voix des survivants. L’unique témoin français de la déportation homosexuelle, Pierre Seel, a mis en évidence le rôle des fichiers de police des homosexuels constitués par la République française avant le 17 juin 1940 puis transmis aux autorités allemandes alors qu’ils auraient dû être détruits. Dans un entretien au magazine « Illico » publié le 28 mars 2002, le secrétaire d’État à la défense chargé des anciens combattants, Jacques Floch, saluait le rapport Mercier et rappelait que la déportation homosexuelle « est une partie de l’histoire de France ». Dans le même magazine, Irène Michine, chargée de communication de la FNDIRP (Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes), estimait que « ces gens déportés doivent être reconnus victimes de la déportation comme d’autres », ajoutait qu’il y a « maintenant des faits historiques auxquels il ne faut pas mêler des préjugés personnels », et précisait qu’il était « souhaitable que le triangle rose apparaisse sur les monuments commémoratifs ». Enfin, en 2002, le Président de la République, Jacques Chirac, déclarait que « le devoir de mémoire n’ignore pas les souffrances que les homosexuels ont endurées ». Cette reconnaissance a déjà permis l’apposition d’une plaque sur le Mémorial de la déportation, situé à Paris, sur l’île de la Cité. Toujours à Paris, le ministre délégué aux anciens combattants, Hamlaoui Mékachéra, et le préfet de police, Jean-Paul Proust, étaient présents le dimanche 25 avril 2004 lors du dépôt de gerbe des associations qui portent le souvenir de la déportation homosexuelle, après la cérémonie officielle de la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation….