Les lesbiennes au cours des années de guerre (1940-1944)

 Les lesbiennes au cours des années de guerre (1940-1944)

Source : Isabelle Sentis

 

Isabelle Sentis, créatrice de Queer Code cite plusieurs sources, l’historienne allemande Claudia Schoppman, Florence Tamagne, le Centre norvégien d’études de la Shoah et des minorités et l’Institut Leo Baeck Institut à New York

De nombreuses femmes qui aiment les femmes ont vécue dans de grandes difficultés ces années de guerre, beaucoup d’entre elles, résistantes ou non, juives ou non, ont subi le harcèlement, l’arrestation, l’exil ou la déportation. Certaines lesbiennes ont été internées dans les camps en France pour des accusations d’atteinte à l’ordre moral par exemple suite à des dénonciations et des accusations. De ces lieux d’internement, elles ont pu être déportées dans des camps de concentration, accusées d’être des asociales, antifascistes, etc. Certaines d’entre elles ont collaboré avec l’Occupant.

Isabelle Sentis souligne que concernant les lesbiennes françaises, cette histoire est à écrire.

 

  • Claude Cahun (1894-1954, Lucy Schwob) et Marcelle Moore qui avaient apporté leur soutien à la revue Inversions en 1924, puis à l’Amitié, à Paris, elles s’impliquent dans la résistance à l’ile de Jersey
  • Annette Eick (1909-2010), juive allemande aisée, à Berlin
  • Felice Rahel Schragenheim (1922-1944) berlinoise
  • Vera Lachmann (1904-1985) berlinoise
  • Ruth Peter Worth (1915-1997) allemande
  • L’écrivaine anglaise Radclyffe Hall dont le livre Le Puits de solitude (vendu à plus d’un million d’exemplaires aux USA) en 1928 avait fait scandale
  • Gertrude Stein (1874-1946) américaine vivant en France
  • Sylvia Beach, compagne d’Adrienne Monnier, qui a ouvert la librairie Shakespeare & Cy à Paris en 1919, internée au camp de Vittel libérée en mars 1943
  • Ursula Katzenstein, juive, née en 1916 à Berlin
  • Sylva Brusse costumière berlinoise en exil en URSS puis à Paris
  • L’artiste allemande Jeanne Mammen
  • Elisabeth Eidenbenz qui crée la maternité d’Elne dans les Pyrénées orientales de 1939 à 1944
  • Ans van Dijk (1905-1948), juive néerlandaise, qui collabore avec les nazis et sera exécutée en 1948

 

  • Ruth Maïer (1920-1942) autrichienne ; les journaux intimes, la correspondance, des aquarelles de la jeune autrichienne juive Ruth Maier. Elle avait fui en Norvège le nazisme. Elle fut déportée d’Oslo pour être assassinée au camp d’Auschwitz en 1942. Ses archives ont été conservées durant plus de 50 ans par sa compagne Gunvor Hofmo. En 2014, ces archives ont été intégrées au patrimoine norvégien. En 2020, elles ont été numérisées à l’occasion des 100 ans de sa naissance et diffusées sur le portail du Centre norvégien d’études de la Shoah et des minorités.
  • Marion Pritchard, rescapée de la Shoah
  • Mary Pünjer, juive allemande arrêtée à Hambourg en 1940, qui décède au centre d’euthanasie de Bernburg le 28 mai 1942
  • Felice Schagenheim juive allemande dont l’histoire berlinoise sera contée dans un livre et dans le film Aimée et Jaguar
  • Henny Schermann (1912-1942) lesbienne engagée dans des mouvements de résistance et ont été déportées pour ce motif
  • Marguerite Chabiron (1902-1967) française de Gironde, athée de culture catholique,
  • Les deux amies Suzanne Leclezio (1898-1987) et Yvonne Ziegler (1902-1998), couple de résistantes françaises déportées à Ravensbrück qui fut soutenu tout au long de leur déportation par d’autres résistantes françaises elles ont été déportées au camp de Möringen pour l’une d’entre elles et à Ravensbrück pour les autres
  • Elsa Conrad (1887-1963) qui a tenu le cabaret le Monbijou à Paris. Elle était juive par sa mère, son père est inconnu. Il semble qu’elle n’ait jamais caché son aversion pour Hitler. Elle a été dénoncée. L’ordre de détention indique « … les propos de la juive Conrad révèlent la manière infâme et calomnieuse dont elle exprime son aversion envers le gouvernement actuel. » Elsa Conrad est condamnée en décembre 1935 pour « outrage au gouvernement du Reich » par le premier tribunal spécial de Berlin. Elle purge sa peine dans les prisons pour femmes à Berlin. C’est donc à la fois son opposition politique, sa classification comme « demi-juive » et son lesbianisme qui ont entraîné sa condamnation. Le 14 janvier 1937, elle est internée à Moringen, où se trouve le « camp central de concentration pour femmes ». Son ancienne amante, Bertha Stenzel (1892-1979) fait tout pour lui procurer le nécessaire : l’argent pour le billet de bateau, et le passeport. Elle est libérée en février 1938 de la prison de Moringen avec l’obligation de quitter l’Allemagne avant la fin de l’année. En novembre 1938 elle embarque de Hambourg vers l’Afrique de l’Est.
  • Hertha Stern, rescapée juive d’Auschwitz a été dénoncée comme lesbienne par sa logeuse auprès de l’organisation en charge des victimes du fascisme. Cet organisme a jugé que le comportement d’Herta porté atteinte à la dignité des victimes du fascisme en étant lesbienne, elle a perdu sa carte et son statut de victime du nazisme.
  • Ruth Jacobsen enfant fut cachée avec ses parents juifs allemands par la Résistance néerlandaise