De l’Antiquité à la fin du XIVè siècle

Inde, Grèce et Rome antique :

2300 av. J.C.:  en Inde, Enheduanna, fille du roi Sargon 1er d’Akkad, princesse, prêtresse et poétesse de langue sumérienne, compose des chants à l’honneur d’Inanna, déesse de l’amour et de la guerre, dont elle exalte avec sensualité la beauté et en parle comme d’une « épouse »; ses hymnes religieux, 1ères tentatives systématiques de théologie  resteront en usage pendant des siècles

2261 av. JC. : en Egypte, mort du pharaon Nferkare, Phiops II (2355-2261), selon un papyrus du Louvre il sort seul de son palais une nuit, vers la demeure du général Sisséné, après avoir lancé une brique à travers sa fenêtre et s’être fait descendre par une fenêtre, il passe quelques heures auprès de son amant ; le papyrus est ainsi la première nouvelle homosexuelle connue

1700-1600 av. J.C. :  en Inde, l’épopée du roi d’Uruk, Gilgamesh, repose sur le couple tendre qu’il forme avec Enkidu

XIVème siècle av. J.C. : en Egypte, Aménophis IV (Akhénaton), marié à Nefertiti, s’éprend de Smenkhkéré (son frère cadet ou son gendre), il le nomme corégent et lui attribue le prénom féminin de Neferouaten, réservé jadis à Nefertiti ; il se fait enterré avec à son côté ce jeune homme de 22 ans

vers 1030-1010 av. J.C.: en Palestine, Saül, premier roi des Israélites, de la tribu de Benjamin, affermit son pouvoir en combattant les Amalécites, les Edomites et les Philistins ; il jalouse le pouvoir religieux de Samuel qui fait monter à sa place sur le trône son gendre David ; Jonathan, fils de Saül, devient l’amant du roi David, réussissant là où son père avait échoué, Saül avait fait des avances à David qui avaient été repoussées

975 av J.C. : mort du roi David (vers 1015- 975), le jeune berger de Judée a terrassé le chef des Philistins Goliath, et a présenté sa tête au roi Saül, il a rencontré alors son fils Jonathan et « Jonathan se mis à l’aimer comme lui-même » dit la Bible ; Saül et Jonathan ont été tués par les Philistins, provoquant la douleur de David (« Tu m’étais délicieusement cher ») ; sacré roi, David est devenu le chef de guerre, le législateur et le bâtisseur le plus important d’Israël

VIIIème siècle av. J.C. : en Grèce, Homère à qui sera attribué plus tard – au VIème siècle av. J.C. – l’Iliade raconte dans le Chant d’Achille l’histoire d’Achille et de Patrocle ; l’historienne américaine Madeline Miller décrira le bouleversement d’Achille, dans le chant XVIII, lorsqu’il apprend la mort de Patrocle achevé par Hector, il se répand de la poussière sur la tête, s’arrache les cheveux, berce le cadavre et veille sous sa tente, avant de reprendre les armes pour tuer l’assassin, elle voit en eux des amants, leur amour s’est épanouit sur le Mont Pélion où, à l’abri des regards de la terrifiante Thétis, ils reçoivent l’enseignement du Centaure ; dans les faits les paroles prononcées par Achille (« Ce Patrocle que je n’oublierai jamais… je veux – même en enfer – me souvenir de mon cher compagnon » Iliade, chant XXII, verset 385-390), après avoir tué Hector et vengé Patrocle, supposent un lien d’amitié mais guère davantage, souligne Roger-Pol Droit, ce qui n’a pas empêché Eschyle  de pousser l’ambiguïté très loin dans sa tragédie perdue (dans Les Myrmidions : « Tu n’as pas respecté l’auguste pureté de tes cuisses, cruel, malgré tous nos baisers ».), seul Xenophon verra dans la relation entre Achille et Patrocle une dimension érotique ; dans l’Odyssée Télémaque est reçu à Pylos chez Nestor qui lui propose l’hospitalité et accessoirement une place dans le lit de son fils célibataire Pisistrate (sans qu’il soit question de relation érotique)

700 av. J.C. : en Crète, 1ères traces d’homosexualité retrouvées dans les civilisations tribales helléniques, les hommes adultes enlèvent les jeunes avec le consentement de la communauté et des parents, afin de leur inculquer les lois de la cité et de la guerre, pendant 2 mois

 

630 av. J.C. : en Grèce, année de naissance présumée de Sappho à Mytilène, poétesse qui instituera à Lesbos une sorte de pensionnat pour jeunes filles, association culturelle sacrée dédiée à Aphrodite, elle connaitra, selon les textes, d’innombrables relations amoureuses avec ses élèves ; deux de ses poèmes : « Il me paraît égal aux dieux / Celui qui près de toi s’assied, / Goûte la douceur de ta voix / Et les délices / De ce rire qui fond mon coeur / Et le fait battre sur mes lèvres. / Sitôt que je vois ton visage, / Ma voix se brise./ Ma langue sèche dans ma bouche,/ Un feu subtil court sous ma peau, / Mes oreilles deviennent sourdes, / Mes yeux aveugles. / Mon corps ruisselle de sueur, / Un tremblement me saisit toute, / Je deviens plus verte que l’herbe…/ Je crois mourir. »  et « Je dis que l’avenir se souviendra de nous. / Je désire et je brûle. / A nouveau l’Amour, le briseur de membres, / Me tourmente, doux et amer./Il est insaisissable, il rampe./ A nouveau, l’Amour a mon coeur battu, / Pareil au vent qui des hauteurs, / Sur les chênes s’est abattu. / Tu es venue, tu as bien fait : / J’avais envie de toi. / Dans mon coeur tu as allumé / Un feu qui flamboie. / Je ne sais ce que je dois faire, / Et je sens deux âmes en moi. / Je ne sais quel désir me garde possédée / De mourir, et de voir les rives / Des lotus, dessous la rosée. / Et moi, tu m’as oubliée. » ; l’île de Lesbos deviendra une référence pour des lesbiennes du monde entier

 

5ème siècle av. J.C. : le livre Le Lévitique, de la Bible, prend sa forme définitive, il dit en son chapitre 20, verset 14 : « Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils commettent tous deux un acte abominable. Ils seront punis de mort, leur sang retombera sur eux. »

5ème siècle av. J.C. : en Grèce, Sophocle (495-406), selon Athénée, « aimait les jeunes garçons autant qu’Euripide les femmes » (rapporté par André Gide dans Corydon)

5ème siècle av. J.C. : en Grèce, à Sparte les jeunes gens sont contraints à une longue école de dressage à l’endurance et à la survie, sans vêtements et sans intimité, mal nourris face aux blessures et aux coups, ils vivent des épreuves ultimes où il ne faut pas flancher ; le courage est reconnu et valorisé, le devoir du citoyen soldat est de vaincre ou de mourir ; ceux qui ne tiennent pas à ce rythme sont les tresantes, ceux qui tremblent, envahis par la peur et la solitude, s’ils sont contraints au combat ils sont l’objet de vexations incessantes leur vie durant

5ème siècle av. J.C. : en Grèce, la culture grecque classique porte jusqu’à son paroxysme identitaire l’émulation érotique des guerriers, notamment dans le couple formé par Harmodios et Aristogiton, morts en -510, les tyrannicides, assassins du tyran athénien Hipparque (selon Florence Dupont et Thierry Eloi dans L’Erotisme masculin dans la Rome antique) ; le bataillon sacré de Thèbes en sera un exemple lors de sa victoire contre les Spartiates en -371

 500-200 av. J.C. : en Grèce, au temps où les jeunes athéniennes se marient vers l’âge de 14 ans, l’homosexualité entre l’homme adulte (éraste) et l’adolescent (éromène 13-19 ans) est très codifiée, rituel éducatif proche du sacré, l’éphèbe ne doit montrer aucune excitation et ne prendre aucune initiative pour courtiser l’adulte, formation du jeune aux vertus civiques et guerrières sont aussi importantes que l’initiation à la sexualité ; nette division des rôles entre actif et passif, intellectuellement et physiquement, l’adulte ne peut succomber un rôle passif sans être « contre nature », la transmission ne peut se faire que dans le sens actif-passif

580 av.J.C. : mort de la poétesse Sapho (630-580), poétesse grecque originaire de Lesbos, vers 390 ap. J.C. une partie de ses œuvres jugées immorales fut détruite par des chrétiens dans un autodafé à l’époque de saint Grégoire de Naziance puis en 1073 sur ordre du pape Grégoire VII ; son personnage a été brocardé par la comédie antique puis par Ménandre qui a contribué à en faire un personnage aux mœurs dépravés ; la souffrance qui s’exprime dans ses quelques poèmes préservés provient de la contradiction entre sa passion homosexuelle et le caractère transitoire de ses relations ; elle aurait amené les jeunes filles à n’être pas seulement vouées à donner des enfants légitimes et à garder le foyer, prôner une relations de philia, un sentiment d’amour-amitié jusque-là réservé aux hommes ; l’historienne Mari-Jo Bonnet analysera particulièrement son histoire et l’empreinte qu’elle a laissé au fil des siècles

vers 570-525 av J.C. : en Grèce, le poète lyrique Ibycos, il chante l’amour des garçons à la cour de Polycrate, il écrit à Gorgioas  son amour

vers 560 av J.C : mort de l’homme politique athénien Solon (640-560), il a dirigé l’expédition victorieuse de Salamine face aux Perses en 1612, archonte en 594 il entreprend des réformes, crée le Sénat et le Tribunal populaire  ; il réserve la prostitution aux esclaves et l’interdit aux citoyens sous peine de perte des droits civiques ; il montre l’intérêt qu’il attache aux amours masculines, peu de temps avant sa mort Pisistrate l’un de ses anciens amants prend le pouvoir

527 av. J.C. : en Grèce, mort du tyran d’Athènes Pisistrate (vers 660-525), sa tyrannie est modérée par son cousin le sage Solon qui règlemente la prostitution masculine, autorisée désormais aux esclaves, les hommes libres qui pratiquent la prostitution perdent leur titre de citoyen ; il eu pour amant Charmus

 

495 av J.C. : mort du poète grec Anacréon (573-495), il est l’un des plus grands poètes lyriques grecs avec Alcée de Mytilène, Archiloque de Paros et Sappho ; il a écrit en particulier « Et sur tes cuisses charmanres,/ Sur ces cuisses incendiaires / Peins un membre délicat / Qui aspire déjà à l’amour. / O garçon au regard de vierge /Je suis fou de toi, et tu ne me vois pas./ Ah! ne sais-tu donc pas que dans ta main / Cest mon coeur tout entier qui frémit ?

480-425 av. J.C. : Hérodote, historien et géographe, rapporte que les Scythes (qui peuplent la future Ukraine) avaient des pratiques homosexuelles, leurs descendants les Enarées étaient frappés d’une maladie féminine par la déesse, il les appelle androginoï (des hommes-femmes qui grâce à des pratiques chamaniques avaient leurs règles chaque mois et accouchaient de poupées)

404 avant J.C. : en Grèce, mort d’Alcibiade (450-404), général athénien, ancien favori de Socrate, il est décrit comme bisexuel par Aristophane

462 av. J.C. : mort de l’homme politique athénien Thémistocle (vers 528-462), il aime le jeune Stésilos de Céos ; il parvient à convaincre les Spartiates de s’unir aux Athéniens et remporte la victoire de Salamine sur la flotte Perse ; il sera frappé d’ostracisme pour avoir détourné des fonds publics et se réfugie chez l’ennemi Xerxès qui l’accueille et le traite luxueusement, lorsqu’il lui propose de prendre la tête d’une armée contre Athènes, Thémistocle se suicide

466 av. J.C. : à Syracuse, mort du tyran Hieron 1er (vers 478-466), qui lutta contre les Carthaginois et les Etrusques, et se rendit maître de toute la Sicile ; passionné de jeunes garçons, il se plaignait de n’être aimé que pour la crainte qu’il inspirait ; Xénophon parle de son amour pour Dailokos

470 av J.C : mort du grec Pausanias, régent de Sparte, il contribue, à la tête de l’armée lacédémonienne à la victoire de Platée ; Agile, un de ses anciens amants, se venge d’avoir été abandonné, il porte à ses successeurs qui se défient de lui, une lettre dans laquelle Pausanias avoue sa complicité avec les Perses ; Pausanias se réfugie dans le temple de Minerve, on en mure les portes, il y meurt de faim

428-347 av J.C. : Platon, disciple de Socrate et maître d’Aristote, n’aime que les garçons, le Banquet est une explication mythologique et une justification historique de l’homosexualité, Zeus coupe en deux les créatures rebelles que sont les androgynes, coupables d’avoir voulu se mesurer aux dieux, puis chaque moitié passera sa vie à rechercher son complément, les moitiés d’hommes à la recherche de leur moitié homme, les moitiés femmes à la recherche de leur moitié femme, ce qui peut-être interprété comme une justification de l’homosexualité ; Platon écrit à Agathon : « Quand je t’embrasse, je sens ton âme au bord de mes lèvres comme si, frémissant d’un ardent désir, elle voulait pénétrer mon cœur » ; dans Phèdre, pour Platon l’amour chaste et l’une des variétés de l’amour

406 av J.C. : mort du dramaturge grec Sophocle (495-406), il aurait écrit 120 tragédies dont il en reste sept, les plus célèbres sont Antigone, Œdipe et Electre, il introduit la dimension psychologique, la volonté et la passion dans le théâtre ; son amour des garçons est rapporté par Euripide

15 février 399 av. J.C. : mort de Socrate (470-399), philosophe connu à travers les écrits d’Aristophane (Les Nuées et les Dialogues de Platon), il est accusé de corrompre la jeunesse parce qu’il voulait enseigner la maxime « Connais-toi toi-même » plutôt que l’éducation acquise sans réflexion et les préjugés basés sur des sophismes ; il meurt en buvant de la cigüe ; dans le Banquet Platon raconte comment Socrate réussit à partager le lit d’Alcibiade tout en restant chaste, le couple sera considéré comme l’archétype de la relation amoureuse entre un professeur et son élève ce qui donnera l’expression amour socratique

371 av J-C : en Grèce, le bataillon sacré de Thèbes en sera un exemple lorsqu’à Leuctre en -371 mobilise 150 couples d’amants contre les Spartiates

364 av JC : mort de Pélopidas (vers 420-364), issu de l’une des premières familles de Thèbes, il partage avec son compagnon d’armes Epaminondas le commandement du bataillon sacré, formation militaire composée uniquement de couples formée uniquement de vétérans et leurs jeunes amants ; cette armée renommée pour sa vaillance est responsable de nombreuses victoire, dont celle des Leuctres ; il ne se maria pas, il ordonna que les deux amants Asopichus et Céphisodorus tous deux morts en combattant, soient enterrés dans la même tombe

362 av. JC : mort d’Epaminondas (418-362), un des chefs de la démocratie de Thèbes, fondateur avec son ami Pélopidas du Bataillon Sacré, composé de couples d’hommes et réputé invincible ; vainqueur des Ladédémoniens à Leuctres et à Mantinée où il est blessé mortellement, marquant la fin de la suprématie de Thèbes ; il est resté célibataire et ses deux amants les plus connus sont Asopichus, à ses côtés à Leuctres, et Céphisodorus à Mantinée, ces deux garçons sont brûlés sur sa tombe

vers 355 av. J.C. : mort de Xénophon (430- 355), général lors de la guerre de Péloponèse, son amant Autolycus est considéré à Athènes comme un modèle de beauté ; dans Constitution des Lacédémoniens : « Si quelqu’un étant lui-même tel qu’il faut, admirait l’âme d’un enfant et s’efforçait de s’en faire un ami parfait et de vivre avec lui, Lycurgue le louait et voyait là une excellente éducation »

348 av. J.C. : mort de Platon (428-348) écrit dans le Banquet sur « l’homme qui aime les garçons et chérit les amants » et sur « les femmes qui ne prêtent aucune attention aux hommes, leur inclination les portent plutôt vers les femmes, c’est de cette espèce que viennent les hétaïres », il fait dire à l’Athénien dans les Lois : « Les entreprises audacieuses et contre nature des hommes envers les hommes et des femmes envers les femmes relèvent au plus haut point d’une incapacité à maîtriser les plaisirs… Tous nous accusons les Crétois d’avoir inventé le mythe de Ganymède » ; en 380 avant J.C. il explique que par le passé il y avait 3 sortes d’hommes, avec les 2 sexes et un 3ème « composé de ces deux-là qui formaient une espèce particulière et s’appelaient androgynes parce qu’ils réunissaient le sexe masculin et le sexe féminin » ; il existe pour Platon, comme pour des quantités de penseurs antiques, différentes passions sexuelles premières, d’hommes pour des hommes, de femmes pour des femmes, ou d’un sexe pour l’autre, ces sexualités ne sont pas classées en normales et anormales : toutes se trouvent également inscrites dans la nature (explique Roger-Pol Droit) ; ses propos vont plus loin que la simple activité sexuelle, c’est un mode de vie et d’organisation total, qui touche l’amitié, l’éducation, la philosophie, la politique et même le métier des armes, le gymnase, la chasse, le banquet, la pédérastie grecque est un fait culturel total et non la dérive accidentelle d’une éducation qui confinerait les garçons dans un milieu purement masculin

338 av. J.C. : en Grèce, défaite de Chéronée, pendant 30 ans le bataillon sacré de Thèbes (décrit par Plutarque) formé de 300 soldats entraînés, équipés et disciplinés, composé de 150 couples d’amants (la combativité renforcée par la volonté de protéger de l’amant) était resté invincible

336 av. JC : mort de Philippe II de Macédoine, à l’âge de 13 ans il était conduit en otage à Thèbes, il devient le mignon d’Epaminondas et de Pélopidas qui lui apprennent l’art de la guerre ; à 22 ans il s’échappe de Thèbes et parvient à s’emparer du pouvoir en Macédoine ; malgré les avertissements de Démosthène, les Athéniens ne s’alarment pas, ils sont vaincu à Chéronnée, Philippe II vainqueur devient général en chef des armées grecques ; il aurait eu près de mille amants parmi les officiers et soldats, il aimait également les femmes ; il sera assassiné par Pausanias, l’un de ses anciens mignons qu’il avait abandonné ; il est le père d’Alexandre le Grand

330 av. J.C. : mort de Praxitèle (400-330) est le premier artiste qui ose sculpter un nu féminin, il ouvre la voie aux sculptures nues

330 av. J.C. : mort de Codoman Darius III (380-330), il disposait d’un harem de 360 mignons, et son favori, l’eunuque Bagoas, deviendra le favori d’Alexandre ; Darius a été vaincu par Alexandre le Grand à Issos et Arbèles, avec sa mort disparait l’Empire Perse ; Alexandre épousera la fille aînée de Darius, Statira, et mariera sa cadette à son amant Ephestion (Héphaestion)

324 av. J.C. : mort d’Héphaestion, ami d’enfance, amant d’Alexandre le Grand, le conquérant macédonien fait crucifier son médecin et sur les conseils de l’oracle de Siwa, il fait de son amant un demi-dieu ; pour rester proches l’un de l’autre, lorsque Alexandre a épousé la fille aînée du roi de Perse, Héphaestion a épousé la fille cadette

323 av. J.C. : mort d’Alexandre le Grand (356-323) qui était fou amoureux d’Héphaestion ; partis pour combattre les Perses, ils rendent hommage au tombeau d’Achille et Patrocle, sur les bords de la mer Egée à l’emplacement de la ville de Troie, puis à Persépolis il fait l’amour à trois, avec Bagoas, le plus bel eunuque de Darius

322 av. JC : mort d‘Aristote (384-322 av. J.C.) pense que les garçons proviennent du sperme mûr stocké dans le testicule droit, tandis que les filles viennent des réserves pas encore « enrichies », et donc imparfaites, du testicule droit ; bisexuel, ses amants les plus connus sont Palépathe, Théodectes et Hermias, il analyse le 1er les caractéristiques physiologiques de l’homosexualité, établissant une distinction entre pratique innée et pratique acquise par l’exemple ou la coutume et rejoint Platon sur le risque d’un trop grand développement des amours masculines pour Athènes, Spartes ou Thèbes

12 octobre 322 av. J.C. : mort de Démosthène (384-322), grand orateur, dénonciateur, dans les Philippiques, de Philippe de Macédoine qui veut dominer la Grèce, il organise contre lui la nouvelle alliance d’Athènes, de Sparte et de Thèbes, mais cette coalition est vaincue à Chéronée en 338 ; parmi ses amants Cnossion, Aristarque, Epicrate dont il a écrit le panégyrique ; sa femme étant jalouse, Démosthène a accepté qu’elle partage avec lui les faveurs de Cnossion

314 av. J.C. : mort de l’orateur athénien Eschine (389-314), rival de Démosthène, il reconnait qu’il aime les garçons lorsqu’il plaide contre Timarque, l’accusant de s’être prostitué dans sa jeunesse, alors que seuls les esclaves et les étrangers ont le droit de le faire, ainsi Timarque a été privé de sa qualité de citoyen

270 av. J.C. : mort du philosophe grec Epicure (341-270), pour lui plaisirs et bonheurs sont les seuls buts de l’existence ; il a manifesté son amour pour Pytodès

vers 264 av. J.C. : mort de Zenon de Kition (vers 335- vers 264) , fondateur de l’école stoïque qui a donné naissance au stoïcisme, exclusivement homosexuel il conseille la bisexualité

206 av. J.C. – 220 ap. J.C. : en Chine, la dynastie des Han possède des harems de garçons

187 av. J.C. : à Rome, lors de la conquête de la Grèce par les Romains, les rapports homosexuels sont décriés (le vice grec), puis les citoyens romains pratiqueront l’homosexualité avec les esclaves et les affranchis, le plaisir et le sentiment amoureux prenant la place du rituel et du sacré, mais à l’exclusion du rôle passif dans la relation, contraire à l’idéologie virile et dominatrice

186 av.J.C. : à Rome, répression du scandale des Bacchanales, des jeunes gens sont sensibles aux séductions du plaisir et perde leur pudor, une secte a été créée par un prétendu prêtre de Dyonisos qui réunit hommes, femmes et jeunes gens dans des banquet secrets, ces jeunes gens sont nécessairement des criminels politiques car ils sont devenus esclaves de leurs désirs (libidines)

149 av. J.C. : à Rome, la Lex Scatinia condamne à 10 000 sesterces (10 fois le revenu annuel d’un ouvrier agricole) celui qui assume le rôle passif lors de rapports homosexuels entre citoyens adultes ; la loi Scantinia qui protège l’adolescent libre au même titre que la vierge de naissance libre ; le viol d’un homme libre est un crime, l’asservissement volontaire d’un corps libre est une infamie

78 av. J.C : mort du dictateur Sylla (138-78) marié, il se montrait libidineux et violent, Plutarque rapporte qu’il était entouré de mimes et de chanteurs des deux sexes, ceux qui avaient le plus d’influence sur lui étaient le comédien Roscius, l’archimime Sorix et le chanteur Métrobios, « être efféminé à la voix d’ange et au corps asexué dans sa jeunesse… qu’il continua d’aimer ostensiblement même quand cet artiste fut hors d’âge » ; Sylla est atteint de grave maladie (il est envahi de poux et de morpions) et oublie son identité civique dans les plaisirs « il aimait les plaisirs mais la gloire plus encore »

75 av. J.C : mort de Nicomède III, mort du roi de Bithynie dont le règne s’étend de 128 à 95 av. JC,  il est chassé du pouvoir par son frère, aidé de Mithridate, il implore le secours des Romains qui le rétablissent sur le trône ; il est battu une nouvelle fois par Mithridate et encore sauvé par les Romains auxquels il lègue la Bithynie ; les romains connaissent ses goûts et sa liaison avec César

54 av. JC : mort de Catulle (Valerius Catullus, 86-54), poète qui inspirera Horace et Virgile, amoureux de Juventius

15 mars 44 av. J.C. : mort par assassinat de Jules César (100-44) a une vie bisexuelle, rapportée par Cicéron, Plutarque et Suétone ; Suétone dira qu’il était « le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris », lorsqu’il a été envoyé, à 20 ans, par Minucius Thermus en Bithynie, après du roi Nicomède, Ciceron note que Nicomède que celui-ci à donné « l’ordre à ses gardes de conduire César dans sa propre chambre et de le coucher sur son lit d’or revêtu de pourpre », alors qu’il possède déjà un sérail d’une centaine de ravissants éphèbes de toute nationalités, Dolabella osera en plein Sénat appeler César  » la rivale de la reine, la planche inférieure de la couche royale, l’établi de Nicomède, le lupanar de Bithynie » ce qui n’a pas empêché que quand Nicomède est décédé César soit allé en Bithynie (la rive asiatique d’Istanbul) recueillir sa part d’héritage, Catulle  dira que « Durant la conquête des Gaules, César avait pour amant le chevalier Mamurra, son commandant du génie » à qui, rentré à Rome il est allé « jusqu’à lui construire un palais » ; le poète Catulle (-84 à -54) surnomme Mamurra « La Bite », le baiseur acharné qui met les provinces romaines en coupe réglée grâce à la protection de César

1° août 30 av.J.C. : mort du général romain Marc-Antoine (83-30), bisexuel il possède un harem de garçons ; l’historiographe Flavius Josèphe raconte dans son Histoire des Juifs que Marc-Antoine a séduit le jeune prêtre Aristobulus, beau-frère d’Hérode ; Marc-Antoine soutient César contre Pompée et reçoit après la victoire de César le gouvernement de l’Italie, en voulant couronner César il accélère sa chute et son assassinat, il prononce une oraison funèbre et soulève le peuple contre les meurtriers ; quand les triumvirs se partagent l’Empire, Marc-Antoine reçoit l’Orient et succombe aux charmes de Cléopâtre

19 av. JC : mort de Virgile (70-19 av. J.C.) raconte dans l’Enéide l’histoire de couples guerriers, comme le couple troyen Euryale et Nisus qui trouvent dans leur amour réciproque la force d’être de vrais héros, Euryale et Nisus, c’est le couple héroïque, inspiré de l’épopée grecque d’Achille et Patrocle, ils vivent et meurent l’un pour l’autre, Troyens, ils combattent en Italie pour que leurs lointains descendants puissent un jour fonder Rome, Ovide fera du couple Euryale et Nisus des figures exemplaires de l’amicitia ; dans l’Eneide d’autres couples apparaissent Enée et Pallas, ou Clytius et Cydon, et Euryale et Nisus se réfèrent eux-même à d’autres couples, Achille et Patrocle, Cléomène (roi de Sparte) et Pantée, et aux amants des bataillon sacré de Thèbes, Virgile intègre l’interprétation érotique de ces couples malgré la réprobation que cela suscite à Rome (l’amitié guerrière est étrangère à l’univers et aux normes des Romains) ; dans les Bucoliques, Virgile chante de nombreuses amours homosexuelles impossibles de Corydon, le fruste berger, et Alexis, le citadin à l’élégance raffinée (rusticitas-urbanitas) ; mais en fait, il reprend explicitement un genre poétique grec, leurs amours ne sont pas des images romaines mais grecques et étrangères à Rome, Corydon et Alexis est alors le fantasme inaccessible aux Romains de la pédérastie grecque ; il n’est pas impossible que Virgile ait eu un coup de foudre pour le jeune esclave Alexandre, rencontré chez Pollion, il aurait dédié la Bucolique à son généreux bienfaiteur en échange de l’esclave, il est alors peut-être le puer delicatus, l’esclave favori du maître ; ainsi Virgile s’inscrit dans la célébration traditionnelle des splendeurs de la jeunesse, il en chante la grâce et en dramatise la fugacité ; Paul Valéry traduira ce passage des Bucoliques : « Pour le bel Alexis, délices de son maître, / Le pâtre Corydon se consumait en vain ; / Il avait beau hanter les épais bois de hêtres, / Les monts et les forêts résonnaient sans écho / De ses plaintes sans arts qu’il adressait au vide ./ « O cruel Alexis, tu dédaignes mes chants. / Point de pitié pour moi. Tu veux donc que je meure ?/ Le bétail à cette heure est à chercher le frais, / Le lézard vert s’abrite aux buissons épineux, / Et pour ceux qui fauchaient, accablés de chaleur, /Thestilys pile l’ail et le cerfeuil dans l’huile. / Mais moi, sous le soleil ardent qui, pas à pas, / Te suis mêlant ma voix au concert des cigales, / Ne m’a-t-il pas suffi de souffrir les fureurs / D’Amarylllis le sombre, et ses dédains superbes ? / Ou de chérir Ménalque, aussi noir que toi clair ? / A l »éclat de ton teint, bel enfant, ne te fie : / Telle fleur blanche tombe, et la sombre est cueillie/ Tu me méprises, tu m’ignores, Alexis !  »

18 av.J.C. : mort du poète latin Tibulle (vers 50-18), dans ses Elégies il décrit un égal amour pour les adolescents, garçons et  filles

8 av.JC. : mort de l’historien Denys d’Halicarnasse (-60 à -8) oppose Rome aux cités grecques, soulignant que Rome étant « son autorité jusque dans les chambres à coucher« , le censeur, un des plus hauts magistrats de la cité, a en charge les moeurs du peuple

La flétrissure de l’infamia frappe les Romains qui voudraient reproduire à Rome les amours grecques qui liaient entre eux des hommes et des garçons libres, la sévérité raide de l’homme pudicus s’oppose à l’exubérance dansante, la mollitia, de l’impudicus ; le blâme censorial s’applique à  ensemble de pratiques qui contrevient à la norme publique de la masculinité : ivresse, débauche, excentricité vestimentaire et gestuelle, prostitution (soulignent Florence Dupont et Thierry Eloi dans L’Erotisme masculin dans la Rome antique)

Ai-Ti : (1er siècle av. J.C.) : en Chine, dernier empereur de la dynastie Han, préfère couper la manche de son vêtement plutôt que de réveiller son amant Tong Hsien (ce qui donnera son nom à l’expression chinoise l’amour de ma manche coupée, et à l’expression française des Chevaliers de la Manchette)

Laocoon et ses fils – Grèce antique 40 av JC
   HERMAPHRODITE, FILLE D’APHRODITE ET D’ HERMES. Cette statue du IIIe siècle après J.C., appelée « Hermaphrodite » a été trouvée au début des années 1700 près de Rome, Monteporzio, dans une zone où, selon des études, la villa de Lucio Vero devait être trouvée. Elle a été considérée comme sale et pendant des décennies elle a été enfermée dans un placard, c’est pourquoi elle était aussi connue sous le nom de « Hermaphrodite du placard ». Même quand elle est arrivée en France, elle a eu la même chance jusqu’à ce que, des siècles plus tard, elle soit placée dans la même salle d’hermaphrodite dormante au Louvre
  Sur un vase la lutte entre Héraclès et Apollon
  Haut relief hindou (DR ShutterStock)

 

Ier siècle :   à Alexandrie, philosophe juif de langue et de culture grecques, considère qu’il faut éradiquer et proscrire « la source de tous les fléaux », le désir, « initiateur du mal »

Ier siècle : à Rome, le poète Martial, né en Hispanie en 40, devient célèbre par ses poèmes et ses épigrammes érotiques et pédérastiques, par exemple : « Pour un jeune esclave, Artémidore a vendu son champ. Pour un champ, Calliodore a vendu son esclave », « Dans mon œuvre, les Centaures, les Gorgones, les Harpies tu n’en trouveras pas : ma page sent l’homme », « Quand tu épiles ta poitrine, tes jambes, tes bras / Et qu’il ne te reste autour de ta b.te tondue que le ras des poils,/ La chose est claire, Labiénus (qui l’ignore?): c’est en l’honneur de ta maîtresse./ Mais à l’intention de qui, Labiénus, t’épiles-tu le cul ? », « Ton page a mal au dard ; toi Naevolus, au trou : Je ne suis pas devin, mais je devine tout », « Tu veux savoir combien ton cul est effilé ? Tu peux avec ton cul, Sabellus, enculer ! »

Ier siècle : Saint Paul aux Romains : « Les hommes, délaissant l’usage naturel de la femme, ont brûlé de désirs les uns pour les autres, perpétrant l’infamie d’homme à homme et recevant en leurs personnes l’inévitable salaire de leur égarement »

Ier siècle : l’historien Valère Maxime relate la noble affection du héros mythologique Thésée et Pirithoüs qui les a entrainés jusque dans les Enfers pour enlever Perséphone

18 : mort d’ Ovide (43 av JC-18 ap. JC) dans les Métamorphoses : « Orphée avait fuit l’amour avec les femmes… ce fut lui qui apprit aux peuples de la Thrace à reporter leur amour sur des enfants mâles et à cueillir les premières fleurs de ce court printemps de la vie qui précède la jeunesse » ; Tirésias a changé de sexe deux fois, convoqué par Zeus il révèle l’intensité des plaisirs de la femme comparé à celui de l’homme, Héra furieuse de voir son secret révélé le frappe de cécité ; Ovide voit dans la relation entre Euryale et Nisus de l’Eneïde de Virgile un pius amor « Euryale retenant les regards par sa beauté et sa fraîche jeunesse, Nisus dont on savait le vertueux amour pour ce garçon »; il voit dans Oreste et Pylade, Achille et Patrocle, des modèles de l’amour héroïque grec, amours-amitiés valorisés par la fidélité des amis, valeur romaine, exemple d’amitiés indéfectibles (la société romaine se fonde sur l’imbrication de convivialités et de proximités, cercle des solidarités autour duquel s’articulent les relations interpersonnelles des citoyens) ; Ovide qualifie la toge virile de toga libera (liberté et masculinité sont indissociables et symbolisés par la toge blanche, l’enfant libre a la toga praetexta, toge brodée pourpre, comme les magistrats supérieurs, celle du triomphateur est constellée d’étoiles d’or)

 23 : mort de Strabon (64 av. J.C.- 23 ap. J.C.) dans Géographie parle des coutumes crétoises où l’adolescent convoité doit être désiré par un amant de rang égal ou supérieur « L’amant annonce trois jours à l’avance à ses amis qu’il a l’intention de procéder à l’enlèvement… la loi ne permet pas de retenir l’adolescent plus de deux mois… s’il a été victime de violences au cours du rapt, (l’enfant) a le droit de demander réparation… Ce droit n’est pas imité à une seul époque de leur adolescence, car une fois parvenus à l’âge adulte ils continuent à porter un vêtement particulier afin qu’on sache de chacun d’eux qu’il a été autrefois un « glorieux », terme qui désigne chez eux l’éromène, tandis que l’amant est appelé éraste »

25-220 : en Chine, au cours de la dynastie des Han orientaux, les castrés jusque-là de simples domestiques (remontant aux années 700 avant J-C), sont peu à peu investis de fonctions officielles, les lettrés qui jusque là gouvernaient seuls dans l’entourage des princes accueillent fort mal leur immixtion dans les affaires de l’Etat ; ils deviendront tout puissant sous les Ming (1368-1644)

16 mars 37 : mort de l’empereur romain Tibère (42 av.J.C.-37), l’historien Suétone décrit ses turpitudes pédophiles et parle d' »infamie »

27 janvier 41 : mort de Caïus-César Caligula (12-41), empereur romain, petit-fils et successeur de Tibère, il s’est livré à tous les excès de l’orgueil, de la débauche et de la férocité criminelle ; Suétone précise qu’il a établi dans son palais un bordel mixte où se tenaient des femmes et de jeunes garçons de naissance libre, et que les hommes qui lui plaisaient devaient accepter de partager son lit, Valerius Catulle, fils du consul se plaignit d’avoir été violé et que c’est en public que Caligula possédait le mime Mnester

16 mars 37 : mort de l’empereur Tibère (42 av JC- 37), sa vie est jalonnée par une longue série d’exmples de crudelitas, à l’égard de membres de sa famille d’abord, ou violant des enfants les privant ainsi de leur rang, et de dissimulatio tyrannique ; à Capri se fait jour sa face libidineuse, dans l’île il réalise inpunément tous ses désirs comme le rapportent à l’envi Tacite et Suétone ; entouré de filles et de prostitués inventant des accouplements prodigieux, il orne ses chambres d’images et statuettes pornographiques, il souillait l’honneur de jeunes gens de naissance libre, les deux historiens le décrivent comme amateur de jouissance anale et de sexualité buccale, il a possède un grand nombre d’esclaves sexuels, sa sexualité d’inspirerait de celle des satyres, il aime aussiêtre voyeur ; l’un de ses proches est Hostius Quadra, hyper sexuel qui consomme des hommes et fes femmes indifféremment ; leur mort exprime le fait qu’ils ne sont pas considérés comme des hommes mais des êtres monstrueux, Tibère est jeté dans le Tibre, Quadra est assuassiné par ses esclaves

24 janvier 41 : mort de Caligula (12-41), il est comme Tibère cruel et libidineux, comme le sera Néron à sa suite, il est « laid, d’un physique à décourager le désir », comme le rapporte Suétone qui parle aussi de ses fantaisies vestimentaires éhontées et provocantes, il pratique l’inceste, l »adultère, le viol ce ses partenaires libres, l’amour de la prostituée tout ce qui est l’inverse de l’ordre sexuel romain, il entretient un harem de jeunes hommes libres et partage la couche de femmes mariées ; à sa mort il expiera ses crimes sexuels, les conjurés s’en prennent à ses organes génitaux

43 : mort de Cicéron (106 av. J.C. – 43 ap. J.C.) fait parler Scipion dans La République : « Quel manque de sérieux dans les exercices militaires des éphèbes ! A quels abandons et à quelles libertés mènent les contacts physiques et les amours ! » ; Cicéron avait attaqué violemment sur le forum Catilina et Clodius parce qu’ils s’entouraient de jeunes grecs, cela ne l’empêchait pas de composer des vers licencieux pour son affranchi Tiron, auquel il allait de temps en temps voler un baiser ; il raconte qu’après une tentative de viol d’un soldat par un tribun militaire, proche parent de Marius, le jeune homme tua son agresseur, mettant ainsi sa vie en péril plutôt que de subir la honte, Marius le reconnu innocent et l’exempta de châtiment (l’historien Pierre Grimal expliquera que les soldats qui se rendaient coupables de crimes de relations sexuelles étaient punis de mort car portait atteinte à la pureté du sang romain) ; Cicéron dénonce les risques liés aux promiscuités masculines des gymnases ; il reproche à Sylla (le général Lucius Sylla) qu’en laissant se relâcher la discipline, son armée s’amollit dans « des lieux charmants et voluptueux », à Verrès, propréteur de Sicile, de piller la province en s’emparant de ses oeuvres d’art sous l’effet de sa mollitia, à Plancus de ne pas avoir été capable de se séparer d’un homme dont il était amoureux et de l’avoir emmené dans sa province comme s’il s’agissait de son épouse, au détriment de la maiestas et de la libertas du peuple romain, l’ami de Verrès en Sicile, Apronius est le « gouffre de tous les vices », juxtaposition du stuprum et de la spoliation des temples, un graeculus (qui vit à la grecque) ; dans Contre Pison qui s’attaque à l’un des deux proconsuls), Cicéron attaque Pison l’épicurien et sa mollitia, séduit par le seul mot de voluptas, il s’en prend aussi à Gabinius compagnon de Pison qui danse nu au milieu de la fête, il le traite de danseuse épilée qui entraine avec lui trois autres « Grecs », jolis garçons qui sont frères ; Cicéron attaque Marc-Antoine, l’efféminé qui fréquente la reine orientale, Cléopatre

Là où les Grecs exaltaient la beauté adolescente par le sport et la nudité, les Romains se méfient des gymnases corrupteurs – ils propagent la pédérastie –  de la jeunesse aristocratique, les jeunes ne se dénudent pas en présence de leurs pères et de leurs beaux-pères, en revanche l’amour des jeunes gens libres entre eux entre dans le cadre de l’éducation physique des adolescents ils ne sont jamais nus comme des Grecs ; lorsque les adolescents nagent dans le Tibre ; la pédérastie grecque n’est pas une répulsion sexuelle mais un interdit ; Rome est la cité des pères (par opposition à la Grèce, la cité des frères), l’érosion de la puissance paternelle ne se produira que tardivement, avec l’intervention de l’Etat dans la vie privée et l’influence grandissante des idées stoïciennes, les sénateurs sont appelés patres, le dieu du Capitole est Jupiter (Ju-pater, père des dieux et des hommes), un Romain ne peut être intégré à la cité que par son père ; toute affection extra-familiale est une corruption menaçante (Florence Dupont et Thierry Eloi L’Erotisme masculin dans la Rome antique)

15 mars 44 : mort de Jules César (100 av JC- 44 ap JC) ; l’anecdote de ses relations avec le roi grec Nicomède Philopator (roi oriental pour les Romains) auprès de qui il a été envoyé en ambassade et son séjour en Bythinie en 81 av JC, nourrit la rumeur publique selon Suétone qui prend plaisir à la rapporter (la rivale de la reine, le polochon de la litière royale, le repos de Nicomède, le bordel de Bythinie), Calvus Licinius et Catulle ajoutent leurs moqueries, Ciceron ajoute que César a perdu son honneur à jouer au Grec ; l’impudicita et la luxuria de César l’amène à conquérir les dames romaines sans crainte de l’adultère, à des dépenses folles, à dilapider l’argent qu’il emprunte, à piller les provinces  et même à voler ses concitoyens, ses aventures avec Cléopatre qu’il fait venir à,Rome scandalisent les soldats, il se conduit comme un potentat oriental avec son harem et ses multiples fils, Curion l’appelle « le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris »

65 : à Rome, mort du stoïcien Sénèque (né vers l’an 4), pour lui dans De Vita beata « la vertu est grande, sublime, royale, invincible, infatigable ; le plaisir est petit, servile, faible, éphémère, il a son domicile dans les lupanars et les tavernes »; Sénèque interprète le travestissement comme bouleversement de l’ordre naturel, il fait perdre sa masculinité à un homme, elle le livre au désir des autres hommes

66 : mort de l’écrivain latin Petrone (vers 20-66), né à Marseille, il se veut « arbitre des élégances » et intendant des plaisirs de Néron ; accusé à tort de trahison par l’empereur il s’ouvrira les veines ; seuls quelques fragments de son immense Satyricon seront préservés, il décrit avec réalisme et précision les mœurs de son temps, où Encolpe se dispute avec son ami Ascylte les faveurs du jeune et beau Giton, qui choisit de vivre avec lui, le couple est invité au festin de Trimalcion, ancien esclave devenu richissime, le vieux poète Eumolpe qui tombe amoureux de Giton, raconte ses recettes pour séduire les jeunes garçons ; en 1969 Federico Fellini réalisera Satyricon, d’après cette œuvre

68 : à Rome, mort de l’empereur Néron (37-68), fils de Domitien et d’Agrippine, laquelle s’est remariée avec l’empereur Claude, il est adopté par Claude qui en fait son héritier ; reconnu comme 4ème empereur romain, il ordonne l’assassinat de l’héritier légitime de Claude, Britannicus ; il devient l’amant du jeune prince Othon, il a des relations incestueuse avec sa mère Agrippine avant de la faire mettre à mort, il répudie sa femme Octavie au profit de Poppée ; tombé amoureux du jeune Sporus il le fait castrer, se marie avec lui en grande cérémonie et le traite ouvertement comme son épouse, il s’habille en femme pour épouser le viril Doryphore, il organise à Antium un lieu de débauche où il peut poursuivre ses passions cruelles et sanguinaires pour les deux sexes, c’est là qu’il apprend l’incendie de Rome, il contemple l’incendie de sa capitale en chantant un poème de sa composition ; vaincu par Galba, il se suicide à l’âge de 31 ans

15 janvier 69 : mort de l’empereur Servius Sulpicius Galba (3 av. JC – 69 ap JC), il succède à Néron, aime les hommes virils et mûrs, comme son favori Icelus, avec qui il ose s’accoupler au vu de ses troupes ; après 7 mois de règne il est égorgé par la garde prétorienne et les partisans d’Othon

22 décembre 69 : mort de l’empereur romain Aulus Vitellius (15-69), compagnon de Tibère dans ses débauches lors de sa jeunesse, il a gagné successivement les bonnes grâces de Caligula, Claude, Néron, puis de Galba qui lui a donné le commandement de l’armée ; proclamé empereur par ses troupes il ne règne que 8 mois, passés en orgies diverses ; les soldats de Vespasien s’emparent de lui et le jettent dans le Tibre

79 : l’éruption du Vésuve fait plus de 15 000 morts ; la ville de Pompei, près de Naples est comme vitrifiée ; grâce à un livre qui paraîtra en août 2004 Le Sexe à Rome de John Clarke, traduit de l’anglais américain par Denis-Armand Canal, avec des photographies de Michael Larvey, il révèlera une description de la société romaine où les objets érotiques trônent à la vue de tous et où la sexualité s’encombre de peu de tabous, avec une imagerie sexuelle surabondante, issue en grande partie du Musée de Naples, l’un des plus riches, grâce aux trouvailles de Pompéi, les Romains y apparaissent délivrés de toute obsession du péché, ils ne se censurent pas pour évoquer le plaisir qu’ils recherchent, l’homme libre peut forcer tout orifice, mâle ou femelle, aucune infamie ne s’attache à l’acte commis, excepté qu’il ne peut se souiller la bouche, cela le priverait de toute parole politique

96 : mort du poète latin Stace (Publius Papinius Statius 45-96), son poème La Thébaïde est copié par Le Tasse et Dante, les amours masculines y sont longuement évoquées, marié sans enfant il adopte un jeune esclave qui devient son amant, à la mort de ce garçon il s’exprime de manière touchante dans son poème Sylves ; il écrit aussi l’Achilléide, poème inachevé sur l’enfance d’Achille

IIème – IIIème siècle : Clément d’Alexandrie (150-215) conçoit le 1er code moral chrétien Le pédagogue, pour lui quand dans un couple le mari fait jouir la femme c’est comme s’il la traitait à la manière d’une courtisane, d’une prostituée ; il a été très marqué par le contemporain de Jésus, Philon d’Alexandrie, platonicien très répressif l’égard du sexe, pour qui le sexe n’a été créé que pour la reproduction ; il se fait théoricien du pro-créationnisme, pour lui l’homme et la femme ne devraient s’unir que pour procréer, et converti au christianisme il construit le 1er code chrétien de la sexualité selon lequel tout rapport sexuel en dehors de la période féconde de la femme outrage la nature et un homme qui jouit hors de cette période est dans le péché ou qui procure du plaisir à sa femme la trompe (il la traite comme une prostituée)

IIème siècle : l’Eglise instaure le culte de la virginité ; ce sera un moyen pour les femmes d’ouvrir une brèche dans la domination masculine en les encourageant à refuser le mariage et la reproduction (dira Yvonne Knibielher)

100 : Les Epigrammes de l’écrivain satiriste latin Martial (vers 40-102) décrivent de nombreuses scènes : des cinèdes (homosexuels), un efféminé, Sextilius « enculeur de garçons », une main qui sert de ganymède, un mari qui n’est pas enculeur, « le ventre a faim, le cul dévore », un cul épilé, le cinède, « tu suces, c’est le vice de qui ? », « le garçon a mal à la bite, et toi ? Nevolus, au cul; je ne suis pas devin mais… », « je voulais te croire efféminé  mais la rumeur nie que tu sois cinède » , « je n,e t’ai pas appelé cinède mais cunnilingue », « chanter les palestres de la libidineuse Lacédémone (Sparte) », « le dieu brûle d’amour pour un garçon », « l’entrejambe hérissé de poils et la poitrine velue », « fais en sorte, Charidemus, que l’on croit que tu te fais enculer », « Galla a déjà épousé six ou sept cinèdes », « la troupe de gens austères a aussi ses cinèdes », « Amillus perce des grands mecs en laissant les portes ouvertes », « des corps immatures subissaient des outrages abominables (Domitien remet alors en usage l’ancienne loi Scantinia qui pénalise le crime sexuel contre un mineur né libre) », « avant tu aimais des garçons et des hommes, jeunes ou vieux ; maintenant, César, ce sont des enfants que tu aimes », « beauté d’Earinos, échanson de Domitien »; Chrestus, libéré de son pédagogue, rencontre un homme bien monté et l’emmène pour le sucer », « Phebus, tous les cinèdes t’invitent à diner », « on me disait que ma Polla voyait un cinède ; mais ce n’en est pas un », « faudra-t-il que j’encule Manius ? », « tu couches avec un Ganymède nu », « tes doigts accélèrent la venue de la virilité et de la barbe », « la nature a divisé le mâle : un côté pour les filles, un pour les hommes », « mon épouse qui m’a surpris avec un garçon me dit qu’elle a aussi un cul », « c’est ce que Junon disait à Jupiter, et il n’en dormait pas moins avec Ganymède déjà grand », « Achille préférait un ami à la peau douce plutôt que Briséis », « évite de donner des noms masculins à tes trucs et dis-toi bien, ma femme, que tu as deux cons », « celui qui pédique, ou qui fout des femmes n’est pas si timide », « je ne te ferai rien ; mais ma mentule t’ordonnera de la lécher », « Vacerra s’enferme dans tous les cabinets, non pour chier, mais pour se faire inviter à diner », « un mari à qui le con est étranger », « Charisianus ne pouvait pédiquer car il avait le ventre relâché », « Junon fut un Ganymède pour Jupiter », « Labienus a acheté trois cinèdes », « le barbu Callistrate épouse Afer comme une vierge épouserait un mari ; Rome n’en as-tu pas assez ? Attends-tu aussi un accouchement ? », « le mari Bassus épuisé après s’être escrimé sur de jeunes blondins »

Août 117 : mort de l’empereur romain Trajan, fils de Nerva, il combat les Parthes et embellit Rome ; à l’armée il a pour habitude de se faire suivre d’un harem de garçons, sa femme Plotine l’encourage à adopter Hadrien et à en faire son successeur

125 : mort de Plutarque (46-125 ap. J.C.) dans la Vie de Pélopidas : « Les législateurs… favorisèrent ce genre d’amour et lui donnèrent libre carrière dans les palestres afin de tempérer le caractère des jeunes », dans Erotikos « Comme le jeune homme qu’il aimait était là, Cléomaque lui demanda qu’il comptait regarder la bataille, le garçon lui répondit affirmativement, l’embrassa avec tendresse et lui mit son casque », dans Vie de Lycurgue : « Parvenus à douze ans, les jeunes gens qui avaient bonne renommée trouvaient des amants qui s’attachaient à eux… ceux qui étaient épris des mêmes enfants étaient portés à s’aimer entre eux, et ils s’appliquaient en commun à rendre celui qu’ils aimaient aussi bon que possible » ; « Ce qui tourmentais vivement Agésilas, c’était l’amour que le jeune Mégabatès avait fait naître dans son cœur, quoique, en présence de Mégabatès, fidèle à son ambition de n’être jamais vaincu, il combattit ses désirs de toutes ses forces. » (dans Vie d’Agésilas)

10 juillet 128 : mort de l’empereur romain Hadrien (Publius Aelius Hadrianus 76-138), il a une vie bisexuelle (fils adoptif de Trajan, il trouve sa femme Sabine, petite nièce de Trajan, « maussade et difficile à vivre ») et une homosexualité affichée, à 50 ans, pour Antinoüs, 17 ans, son esclave originaire de Bithynie, au nord de la Turquie, avec qui il vit pendant 10 ans (Antinoüs se noie dans le Nil en 130, il se serait sacrifié pour « allonger la durée de la vie » d’Hadrien, à la suite de la prédiction d’un devin), Hadrien lui voue un véritable culte et fonde en son honneur Antinopolis en Egypte ; l’empereur est critiqué, par le chroniqueur Aurélius Victor, parce qu’Antinoüs est un homme libre, il n’a pas un statut social inférieur comme il est alors socialement acceptable ; à sa mort Hadrien, 77 ans, éprouve un chagrin démesuré et veut que partout le souvenir d’Antinoüs soit célébré

Environ 140 : mort du polémiste latin Juvénal (55-140), auteur des Satires qui se référent aux règnes de Trajan et d’Hadrien, il dénonce l’hypocrisie et les vices de son époque, pratique l’invective et l’indignation à l’égard des mœurs sexuelles de ses contemporains, tout en avouant sa préférence pour la pédérastie ; ses textes sont émaillés de références homosexuelles : des cinèdes socratiques, ceux qui parlent de vertu en remuant les fesses, de la grand concorde entre les efféminés, de la loi Scantinia qui pénalise le stupre (la pratique du sexe avec un mineur de sexe masculin né libre), le mec qui se donne avec un autre mec, un ami se marie avec son fiancé dans l’intimité, l’Arménien Zalacès est le plus ramolli des éphèbes (il parle de moeurs arméniennes), Rubrius est plus effronté qu’un cinède se mettant à écrire des satires (autrement traduit par : plus insolent qu’une tantouze écrivant des satires), pourquoi ne pas faire dormir un pusio (enfant) avec toi ? Avec un garçon, point de querelles nocturnes, il promène ses mains dans les fesses, faire emplettes de garçons, il parle des nations (Corinthe, Rhodes)  où les jeunes s’épilent à la résine et où les hommes ont les jambes lisses, le cinède comme le fer appelle le mâle, les élèves que le maître Hamillus fait se baisser, des parents qui ont un fils bien fait sont toujours malheureux et inquiets, il est si rare que beauté et pudeur aillent ensemble, perversité prodigue du corrupteur qui tente les parents eux-mêmes, riches servis à table par des jeunes aussi beaux que Ganymède

150 : mort du poète grec Straton de Sardes (125-150), auteur d’épigrammes marqués par les traits d’esprit et les raccourcis comiques, comme La Muse adolescente qui contient une apologie de l’éphèbe

180 : mort de Pausanias (110-180), le voyageur de l’antiquité, né en Grèce, en Lydie (future territoire turc), mort à Rome, il critique les nations qui rejettent l’éros masculin « Là où l’on tient pour honteux de céder à un amant, la coutume se fonde sur le défaut moral de ses auteurs : désir de domination chez les maîtres et( lâcheté chez les sujets »

192 : Lucius Quinctius, consul, issu de la prestigieuse famille des Flaminini à Rome, est l’objet d’un sévère requisitoire de la part de Caton – selon que le rapporte Tite-Live -,  il lui reproche d’avoir emené avec lui en Gaule un gigolo notoire le carthaginois Philippe auquel il était très attaché, en lui promettant beaucoup d’argent, Quinctius cède à tous ses caprices et même en rajoute

31 décembre 192 : mort de l’empereur Commode (161-192), fils de Marc-Aurèle, contraste avec la sagesse de son père, avec son amour des spectacles de bêtes féroces et de gladiateurs, et son harem de concubines et d’éphèbes

28 mars 193 : mort du sénateur romain Publius Helvus Pertinax (126-193), nommé par Marc-Aurèle, en disgrâce avec Commode qui finit par l’envoyer en Grande-Bretagne pour mater la révolte des légions ; en 192 les prétoriens lui donne l’empire, à la mort de Commode, puis l’assassinent en 193 lorsqu’il tente de rétablir la discipline militaire, il a eu le temps de nommer sénateur ses principaux concubins

IIIè siècle : l’empereur romain Dioclétien (245-313) aime le beau Sébastien et le nomme chef de sa garde, l’empereur persécute les chrétiens et quand Sébastien se converti au christianisme il le fait percer de flèches par ses archers ; ce supplice inspirera un nombre considérable de peintres, puis au XXè siècle d’écrivains

230 : mort de Tertullien (150-230) : « les passions conduisent aux actes homosexuels » qui « n’appartiennent pas à la communauté humaine et excluent de toute communauté ecclésiale »

218 : à Rome, après l’assassinat de Caracalla, l’impératrice Julia Domma impose son jeune neveu de 14 ans Varius Avitus Bassianus, adolescent de grande beauté, au trône impérial, celui-ci devient empereur sous le nom d’Héliogabale ; les frasques d’Héliogabale, la pléthore de favoris, les mariages arrangés sans avenir, le conflit entre ses deux amants en titre (Zoticus et Hiéroclès), mèneront à sa perte, il perdra le pouvoir à l’âge de 18 ans, assassiné

220 : en Chine, le dernier empereur de la dynastie Han, Ai-Ti, préfère couper la manche de son vêtement plutôt que de réveiller son amant Tong Hsien qui s’est endormi sur son bras (ce qui donnera naissance à l’expression « l’amour de la manche coupée »

11 mars 222 : à Rome, mort d’Héliogabale (Varius Avitus Bassianus, 204-222), assassiné finalement par sa garde prétorienne ; il se disait le nouveau dieu, son culte étant prétexte de à de nombreuses orgies homosexuelles avec des prostitués mâles ; il négligeait ses épouses, se maria religieusement avec deux culturistes Hiéroklès et Zotikos, aimant se travestir en prostitué pour draguer aux thermes ou dans d’autres lieux, attiré par des légionnaires et des matelots, se faisant sélectionner des hommes aux gros sexes pour en faire des ministres

235 : mort de Claude Elien (175-235) historien et orateur romain, dans Histoire variée « Le penchant des amants à l’égard de leurs mignons a la capacité d’éveiller les vertus, pour autant que les premiers soient des hommes qui méritent le respect… Les beaux de Sparte ne font pas les difficiles ni les arrogants à l’égard de leurs amants »

Mars 235 : mort d’Alexandre Sevère (205-235), successeur d’Héliogabale, empereur falot, dominé par sa mère Julia Mammaea et sa grand mère Moesa ; il favorise la présence de castrats comme esclaves sexuels dans les temples

250 : mort d‘Athénée (170-env. 250) dans les Deipnosophistes : « Les Etrusques n’ont point de honte à se montrer lorsqu’ils font l’amour… (après le repas) quand ils ont pris leur plaisir avec ces personnes (courtisanes, fort beaux garçons ou leur femme), ce sont des jeunes gens en pleine force qu’ils font coucher avec leurs partenaires… ils ont certes beaucoup commerce avec les femmes mais se plaisent beaucoup plus avec les garçons et les jeunes garçons. Ceux-ci, chez eux, sont tout à fait beaux à voir, parce qu’ils vivent voluptueusement et ont le corps épilé »

IVème siècle : l’Empire romain adopte le christianisme comme religion officielle, l’homosexualité passive est alors clairement un objet de réprobation pour le droit romain

IVème siècle : Jean Chrysostome (344-407), père de l’Eglise catholique romaine, byzantine orthodoxe et orientales dénonce les effets de l’homosexualité qui favoriserait un espace d’indifférenciation sexuelle : « La sodomie est un acte infâme qui fait souffrir l’âme plus que le corps… c’est une promesse d’enfer. Son origine est la recherche du plaisir et l’oubli de la crainte de Dieu »

IVème siècle : Saint Augustin d’Hyppone (356-430) encourage les amitiés entre personnes du même sexe qui peuvent être considérées comme la source de l’amour parfait, à condition qu’elles soient complètement dépourvues de concupiscence et de plaisir charnel : « Le fait que Dieu ait puni Sodome par une pluie de feu montre à quel point les actes homosexuels tombent sous le jugement condamnatoire de Dieu »

IVème siècle : Saint Jérôme (347-420) considère, à la suite de Saint Christophe,  que la « mollesse » est indigne de l’homme, la consécration de la création ne peut pas vivre comme une femme, déchoir et trahir la destinée de son genre

IVème siècle : l’Eglise édicte « la règle absolue selon laquelle on ne peut changer d’état après l’ordination » elle confirme une pratique selon laquelle jusque là des hommes mariés pouvaient être ordonnés et les prêtres célibataires n’étaient pas autorisés à se marier après l’ordination ; mais une fois ordonnés, mariés ou pas, les prêtres sont tenus à la continence sexuelle (c’est la réforme grégorienne au XIème siècle qui  introduira le célibat et la chasteté obligatoire)

305-306 : le concile d’Elvire excommunie les séducteurs d’enfants (stupratores puerorum) y compris au moment de la mort ; décrète l’abstinence sexuelle des prêtres, proscrit les mariages avec des non-chrétiens et condamne l’étroite fréquentation des juifs

306 : Constantin 34ème empereur romain est le 1er à se convertir au christianisme, le siège de l’Empire romain est déplacé à Constantinople

313 : la religion chrétienne devient religion d’Etat sous l’empereur Constantin ; elle applique à la loi civile les principes de sa nouvelle religion

314 : le concile d’Arles excommunie les comédiens

314 : le concile d’Ancyre (future Ankara) punit ceux qui s’adonnent à l’homosexualité-bestialité de 15 à 20 ans de pénitence

Ambroise de Milan (340-397) : « Le viol des filles de Loth est moins grave que le viol de ses hôtes masculins car le 1er appartient encore à l’ordre de la nature »

342 : la loi romaine interdit les « noces d’hommes »

342 : un texte de l‘Eglise condamne l’homosexualité passive, sous l’influence de saint Augustin, ces lois deviennent de plus en plus sévères, crime contre la dignité humaine l’homosexualité devient crime contre nature

363 : concile de Laodicée définit le contenu du Nouveau Testament, le Canon 11 défend de donner des responsabilités aux femmes dans l’Eglise, le Canon 30 défend aux chrétiens de se baigner avec les femmes (ce qui est aussi condamné chez les païens)

Environ 385 : mort d’Ausone (310-385), grammairien latin, rhéteur et poète, ses textes sont émaillés de références homosexuelles : Rufus le rhéteur lors d’un mariage : puissiez-vous avoir des fils appartenant aux genres masculin, féminin et neutre ; moi-même j’étais garçon tout à l’heure et me voilà fille ; à Pythagore sur le pédéraste Marcus : que sera Marcus qui vient d’exhaler son dernier soupir, s’il reprend encore le souffle et la vie ? – Quel était ce Marcus ? – Un matou friand de garçons et qui corrompit toute la jeune espèce mâle. Fossoyeur d’une Vénus à l »envers, il bêchait par derrière : c’était l’embrocheur grippe-fesse du poète Lucilius – il ne sera ni taureau, ni mulet , ni chameau, ni bouc, ni bélier : il sera fouille-merde ; il évoque le vice bi-masculin, femme pare le dos, homme sur le devant ; contre un homme qui me polissait l’engin, de ton anus échaudé tu arraches les herbes et tu uses avec la ponce les aspérités de tes Clazomènes, pourquoi ? je l’ignore, à moins que ton tempérament n’aspire à une double épreuve, et que tu ne sois femelle par derrière et mâle par devant

390 : à Rome, le code Théodosien qui concerne les questions politiques, économiques, sociales et religieuses (rassemblant les constitutions générales de Constantin 1er) est promulgué par l’empereur d’Orient Théodose II réprime l’homosexualité passive et les personnes efféminées les condamnant la peine capitale ou à la mutilation, « une infamie qui condamne le corps viril, transformé en corps féminin, à subir des pratiques réservées à l’autre sexe » ; le contexte démographique est déterminant (taux de mortalité élevé, l’âge moyen de durée de la vie est de 25 ans, moins de 25% de la population arrive à dépasser l’âge de 50 ans) il faut favoriser la procréation, la morale chrétienne veut faire face à la décadence impériale

Avril 390 : massacre de Thessalonique, des marchands et artisans se soulèvent après qu’on les ai privé de courses à cause de l’emprisonnement d’un cocher condamné pour homosexualité, le commandant de la garnison et des officiers impériaux  sont exécutés ; l’empereur Théodose 1er qui a massacré 7 000 insurgés dans le cirque est excommunié par Ambroise de Milan et contraint à une expiation publique

394 : le concile régional de Nîmes abroge le diaconat des femmes

vers 400 : ultime fixation du contenu du Nouveau Testament ; saint Paul dans ses Epitres (aux Romains et aux Corinthiens) condamne les hommes qui commettent entre eux des choses infâmes ; le Deutéronome condamne les prostitués sacrés (les efféminés)

IVème -XVème siècle : grâce aux recherches de l’historien Clovis Maillet, en 2020, plusieurs figures saintes du Moyen Age, 36 à 37 dit-il, pourraient être identifiées comme « transgenre », la plus connue est Jeanne d’Arc condamnée au bûcher en 1431, il parle aussi Marin-Marine au IVème siècle dont la vie est décrite par Jacques de Voragine (dans sa Légende dorée), Matrôna-Babylas au début du VIème siècle, le chevalier Silence (qui donnera lieu au Roman de silence au XVème siècle), Hildegonde-Joseph au XIIème siècle ou encore John-Eleanor Rykener au XIVème siècle

IVème-Vème siècle : Saint-Augustin (354-430) est le chantre de la nature viciée, pour lui-même un couple marié par l’Eglise n’est sauvé que par la grâce du Saint-Sacrement, le mariage est une impasse si la grâce ne se substitue pas au plaisir, la grâce doit être le substitut total de l’éros, le péché de chair – sauf procréation – est le péché par excellence; dans ses Confessions, il raconte sa passion de jeunesse pour un jeune garçon, à la mort de cet ami il était au bord du suicide

Vème-VIème siècle : l’empereur Justinien (483-565) décide que tout acte homosexuel même actif est interdit car dans tous les cas il offense le Seigneur, les hommes seront condamnés à la mort pour infanda libido (innommable libido)

415 : mort d’Hypatie accusée par l’Eglise d’Alexandrie de « perfidie satanique », elle est dépecée à coups de tessons, châtiment réservé aux magiciennes et aux sorcières

431 : mort de saint Paulin (Paulin de Nole 353-431), poète et ecclésiatique, élève d’Aussone auquel il adresse des poèmes amoureux, il est remarqué au barreau de Rome et s’attire les faveurs de l’empereur Gratien, il devient consul en 378, ordonné prêtre à Barcelone en 394, il part pour l’Italie et devient évêque de Nola, près de Naples, en 409 ; ses poèmes témoignent de ses passions masculines et de l’histoire religieuse de son temps

438 : le code Théodosien de Théodose II , dernier empereur à régner sur un empire unifié, déclare que tous les homosexuels passifs doivent être brûlés vifs (la crémation infligeant une double peine, temporelle et spirituelle)

451 : le concile de Chalcédoine autorise les ordinations de diaconesse avant l’âge de 40 ans, définit les futures règles de la clôture pour les moines et précise que les monastères de femmes seront situés à bonne distance des monastères d’hommes, tant à cause des embûches du diable que des médisances des gens

476 : dissolution de l’empire romain par Romulus Augustule 

506 : le concile d’Agde, sous le règne d’Alaric II de religion arienne, interdit de donner le voile aux moniales avant l’âge de 40 ans

529, puis 534 : le Digeste Justinien abolit la possibilité pour les pères de famille de livrer leurs enfants en réparation des dommages qu’ils ont commis et reconnait les droits de succession des enfants naturels ; la rigueur des mutilations est réduite, interdiction de couper les deux mains et les deux pieds des criminels et des voleurs

543 : la Novella de Justinien nomme la sodomie comme cause de l’épidémie de peste

553 : l’empereur chrétien Justinien fait condamner tout acte homosexuel considéré comme contre-nature par la castration et le bûcher

567 : le Concile de Tours interdit formellement aux moines de dormir à deux dans le même lit ; une lampe brûlera en permanence dans les dortoirs et un moine veillera toute la nuit pour surveiller qu’il ne se passe rien dans les latrines

604 : mort de Grégoire le Grand (540-604), 64è pape, dans ses Moralia, il  fait intervenir l’allégorie de la luxure, l’indécence de la sexualité, globalement perçue comme un péché, symbole de la désobéissance envers Dieu 

646-705 : au Moyen Orient, le calife Omeyyade Abd Al Malik, né à Médine, mort en Syrie, est homosexuel

693 : le Concile de Tolède décide qu’un moine surpris en flagrant délit sera castré

711-1492 : en Espagne, l’Andalousie musulmane d’Al Andalous, a une tradition homo-érotique vivace

804 : mort d’Alcuin, poète, théologien, conseiller de Charlemagne, il avait des inclinations homosexuelles

25 mars 809 : en Irak, à Bagdad, mort du calife abbasside Haroun Al-Rachid (766-809), Abou Youssouf, Cadi des cadis, est de rite hanafite, il lutte contre les Grecs et contre Byzance, il est le premier souverain à entretenir des relations diplomatiques avec Charlemagne ; il passe à la postérité en devenant le héros des Contes des Mille et une Nuits et son goût pour les garçons est rapporté par le poète Abou Nawas ; il voit en l’anus « un orifice désiré par nature autant que le vagin »; son fils le calife abbasside Al-Amin (787-813) lui succède de 809 à 813, il règne sur les territoires iraniens et irakien,  est homosexuel ; la califat abbasside restera marqué par l’homo-érotisme jusqu’en 1258

815 : en Irak et en Iran, mort d’Abou Nawas (ou Nouwas) (vers 747-815), l’un des plus merveilleux poètes de l’homosexualité, devenu célèbre par sa poésie pleine d’esprit et d’humour, il chantait les joies du vin et des boissons et l’amour des jeunes garçons avec un humour grivois, avec le goût de la dérision et de la satire, ses thèmes de prédilection étaient la liberté et la passivité sexuelle des hommes et la débauche sexuelle des femmes, il a écrit le 1er sur la masturbation, et aimait scandaliser la société en écrivant ouvertement des choses interdites par l’Islam ; il a payé plusieurs fois sa liberté de la prison (pour avoir glorifié la pédérastie) où il est mort ; il est compagnon de Haroun-Al-Rachid puis de son fils le calife Al-Amin

 

960-1280 : en Chine, la dynastie Song réglemente la prostitution et interdit l’enlèvement des jeunes garçons

14 mai 964 : mort du pape Jean XII (937-964), fils d’Albéric, patricien de la république de Rome il est contraint à devenir pape à l’âge de 17 ans, pour succéder à Agapet II ; il donne libre cours à la débauche et aux extravagances homosexuelles ; son règne intervient à un tournant, celui de la restauration du Saint Empire romain germanique et le début de la rivalité entre le pape et l’empereur qui a le pouvoir de déposer le pape

Xème-XIème siècles : en Grèce orthodoxe, les unions de même sexe sont officielles (comme le mettra en évidence l’historien John Richard Boswell) ; à la même période des contrats d’affrèrement existent en France (comme le signalera le médiéviste Allan A. Tulchin)

Xème-XVème siècles : en Occident, l’expansion chrétienne veut limiter et exterminer les semeurs de troubles impurs, les victimes sont les hérétiques, les juifs, les lépreux et les homosexuels ; en Espagne la sodomie est punie par la castration et la lapidation, en France par le bûcher, en Angleterre les coupables sont enterrés vivants

XIème siècle : selon le moine camaldule Pierre Damien (1007-1072), tout désir est pour la différence, si l’homosexuel désire le même c’est qu’il est envahi par le démon ; le pontificat de Benoît IX (1012-1072) inspire sa réflexion, il l’accuse d’être un sodomite qui « patauge dans l’immoralité »

XIème siècle : Thomas d’Aquin compare l’homosexualité au meurtre, puisqu’il empêche l’engendrement de la vie

XIème siècle : la réforme grégorienne introduit le célibat des prêtres et leur chasteté obligatoire, Grégoire VII entend ainsi réaffirmer son autorité sur les prêtres et éviter que les biens de l’Eglise soient patrimonialisés par des prêtres désireux d’assurer l’avenir de leur descendance

 

23 janvier 1002 : mort de Othon III (980-1002), sacré empereur à Aix-la-Chapelle à l’âge de 2 ans, à 16 ans il passe les Alpes et assiège Milan, couronné roi des Lombards il fait élire pape son parent Grégoire IV et vient se faire couronner à Rome, il retourne en Allemagne pour lutter contre les incursions slaves, et en 1002 revient à Rome pour rétablir Grégoire IV, chassé par Crescentius, sur son trône ; assiégé dans Rome il est empoisonné par la veuve de Crescentius dont le mari a été décapité ; les chroniqueurs attestent de son homosexualité

 

1047 : mort du moine Raoul Glaber (985-1047) en Bourgogne, pour lui le vice de la luxure est le plus grand trouble à l’ordre des choses, il est pour la vie ascétique, désir et jouissance physique sont une subversion, une faute contre la raison, une folie ; Saint Augustin  avant lui soulignait que le péché originel se transmettait de génération en génération par souillure, la nudité même est signe d’humiliation, d’exclusion, de folie ; c’est le rejet fondamental du sexe ; les vierges sont censées monter directement au Paradis après leur mort ; le terme de sodomie apparaît peu à peu, à la place des termes d’immunditia et de turpitudo, les sodomites deviendront les bêtes noire des hommes d’Eglise, surtout à partir du XIIè siècle en même temps que la propagation des doctrines hérétiques

 

1050-1150 : la hiérarchie ecclésiastique néglige la pénalisation de l’amour entre moines et les décrets des théologiens Ivo de Chartres et Gratien restent tolérants pour les relations homosexuelles

 

1055 : au Vatican, mort du pape Benoît IX, Théophile de Tusculum (1012-1055), élu pape à l’âge de 12 ans, son pontificat est marqué par la simonie (vente de sacrements et de charges ecclésiastiques) et la débauche (et les orgies homosexuelles), il a nommé son parrain Jean Gratianus, régent papal sous le nom de Grégoire VI  ; en 1045 l’empereur d’occident Henri III réunit un concile qui intronise le papa allemand Clément II, mais celui-ci meurt en 1047 (probablement empoisonné par Benoît IX), en 1048 Benoît IX est chassé par Grégoire VI

 

2 août 1100 : mort du roi d’Angleterre Guillaume II Le Roux (1056-1100), fils cadet de Guillaume le Conquérant, il refuse de se marier et tient tête à  l’Eglise, bouclé et rasé de près il s’entoure d’une cour d’éphèbes aux cheveux longs, vêtus de collants et de chaussures à bouts pointus qui seront de remarquables guerriers, contre les Gallois et les Ecossais ; le roi ne massacre jamais ses prisonniers ; il a beaucoup d’ennemis et il est mystérieusement assassiné lors d’une partie de chasse ; à sa mort l’homosexualité devient une mode et s’étend hors de la cour, l’Eglise délègue alors Saint Anselme qui prêche contre la sodomie : « Ce péché est maintenant si fréquent que plus personne n’en rougit, et que beaucoup s’en rendent coupables et oubliant sa gravité. »

 

XIIème siècle : dans l’Eglise catholique, le Décret de Gratien, un ensemble de textes canoniques, prend en compte la littérature romaine antique et la mythologie germanique, sur les femmes méchantes qui retournent à Satan, séduites par les illusions et les fantômes des démons, chevauchant des animaux en compagnie de Diane, en particulier aux heures de la nuit

XIIème siècle : en  Allemagne, une religieuse écrit à une de ses sœurs une émouvante lettre  d’amour : « Plus douce que le miel et ses rayons, toi qui est unique et spéciale, pourquoi tardes-tu tant, si loin de moi ? Pourquoi veux-tu que ton seul amour meurt, moi qui comme tu sais, t’aimes corps et âme, qui soupire chaque heure, chaque instant, de ton absence, comme un petit oiseau affamé » (traduction de ce manuscrit publiée pour la 1ère fois en 1968 dans un ouvrage de Peter Dronke sur la poésie amoureuse dans l’Europe médiévale)

XIIème siècle : en Chine, les monastères bouddhistes servent d’école aux jeunes prépubères, chaque moine a la charge d’un novice auquel il enseigne le culte et la tradition de Bouddha

 

1109 : en Grande-Bretagne, mort de saint Anselme de Cantorbéry (1034-1109) qui a défendu les prérogatives spirituelles du pape Pascal II face au roi d’Angleterre Henri 1er Beauclerc dans la Querelle des Investitures ; en 1102 il a interdit la promulgation de la 1ère législation anti-homosexuelle votée par le concile de Londres ; il a été l’amant de Lanfranc, son prédécesseur à l’archevêché et eu plusieurs liaisons avec des disciples, ses correspondances commencent volontiers par « mon amant bien aimé »

 

1117 : mort de Raoul II de Tours (1086-1117), archevêque de Tours, son homosexualité inspire des chansons de rue, mais ne nuit pas à son autorité ; il doit compter sur des ennemis Ivo, évêque de Chartres, qui proteste contre les nomination par le roi Philippe 1er de Jean à l’évêché d’Orléans, Ivo dénonce en Jean au pape Urbain II un amant du roi puis de Raoul, le pape excommunie Philippe 1er mais celui-ci ne cède pas, Jean est sacré évêque d’Orléans le 1er mars 1098 et va le diriger avec efficacité pendant 40 ans, il est brocardé pour son amour des jeunes garçons

 

1130 : mort de Baudri de Bourgueil (1045-1130), prieur de l’abbaye de l’abbaye Saint-Pierre de Bourgueil, archevêque de Dol en 1107 ; ses poèmes érotiques vantent la beauté des jeunes garçons et il a laissé une importante correspondance amoureuse, il a enjoint son ami Pierre à la plus grande discrétion ; le scandale a éclaté en 1120, entrainant sa destitution par le légat du pape

 

1166 : en Grande-Bretagne, mort de saint Aelred de Rielvaux (1110-1166), prieur de l’abbaye de Rielvaux, filiale de l’abbaye de Clairvaux fondée par Saint Bernard, il était amoureux de saint Bernard, comparant la relation entre Jésus et Jean, il parlait à ce propos dans Miroir de la charité, d' »amour » et de « mariage céleste », il exaltait les relations masculines comme moyen de parvenir à l’amour divin dans Traité sur la vie monastique et expliquait dans son Amitié spirituelle que l’attirance intellectuelle entre hommes est naturellement complétée par l’attrait physique ; dans son monastère il autorisait les moines à avoir des liaisons amoureuses ; de 1050 à 1150 la hiérarchie de l’Eglise néglige la pénalisation de l’amour entre moines

 

1179 : le Concile de Latran condamne explicitement les pratiques homosexuelles

 

1183 : création de l’Inquisition, les sodomites sont désormais torturés ou brûlés ; les premiers pénitentiels classent, évaluent et punissent toutes les formes possibles de contacts homosexuels (baiser, masturbation réciproque, contact inter-fémoral, fellation, sodomie)

 

4 mars 1193 : mort de Saladin 1° (1138-1193), il est le plus important adversaire des Croisés, vainqueur des Francs, il prend Jérusalem en 1187 ; au cours de la 3ème Croisade Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion réussissent la revanche en prenant Acre et Jaffa, obligeant Saladin à négocier, Saladin propose alors, sans succès, le mariage de son frère avec la sœur de Richard Cœur de Lion ; Saladin possède un sérail de jeunes garçons (ses goûts semblables à ceux de Richard ont peut-être permis un compromis), les Francs conservent les places côtières conquises, les Croisés sont autorisés à visiter les lieux saints mais les musulmans conservent Jérusalem et les conquêtes de Saladin ; Saladin laisse l’image d’un homme digne, tolérant et généreux pour ses ennemis vaincus

 

6 avril 1199 : mort de RichardCœur de Lion (1157-1199), duc d’Aquitaine, fils du roi Henri II d’Angleterre, « il demeura auprès de Philippe Auguste, roi de France, qui l’a honoré si longtemps » écrit le chroniqueur Roger de Howden, Richard va bientôt se révolter contre son père puis hériter du royaume d’Angleterre qui couvre la moitié du territoire français, le 6 mai 1190 les deux roi conclue un pacte d’allégeance et d’aide mutuelle, ils partent ensemble en croisade, ils conquièrent ensemble  Saint-Jean-d’Acre, puis ils tombent malades et renoncent à marcher sur Jérusalem ; après des combats entre Richard et Philippe en Normandie, ils concluent une trêve de 5 ans, renouvelée pour 5 ans en 1199 rompue par Richard qui meurt de gangrène le 6 avril  1199

 

14 juillet 1223 : mort de Philippe Auguste (1165-1223), toute sa vie il est le complice de Richard Cœur de Lion (1157-1199) lequel est à ses côtés lorsqu’il se fait couronner roi de France à Reims et se lie à lui contre Henri II d’Angleterre père de Richard qui possède outre l’Angleterre la Bretagne, l’Anjou, la Normandie, l’Aquitaine jusqu’aux Pyrénées

 

1236 : mort du moine bénédictin Gautier de Coincy (1117-1236), trouvère musicien, il notait que « Au contact des Orientaux, les Croisés apprirent l’art de forniquer avec leurs semblables ».

 

29 octobre 1268 : mort de Conrad V de Hohenstaufen (dit Conradin, 1252-1268), fils de Conrad IV, roi de Jérusalem et de Sicile, vainqueur du duc d’Anjou frère de Saint Louis (Louis IX), il parvient aux portes de Rome pour reconquérir le royaume de Naples, mais il est vaincu à Tagliozzo, toujours accompagné de son amant, Frédéric de Bade, duc d’Autriche ; capturé par Charles d’Anjou, il est conduit à Naples et jugé comme traitre et exécuté, son amant Frédéric l’accompagne volontairement à l’échafaud ; ils sont enterrés au monastère de Santa Maria del Carmine à Naples

 

17 décembre 1273 : en Perse (Turquie), mort de Jalaluddin Rumi (1207-1273), mystique musulman  qui a profondément influencé le soufisme, reçut très tôt le surnom de Mevlana qui signifie « notre maître », son nom est intimement lié à l’ordre des « derviches tourneurs » qu’il fonda, une des principales confréries soufies de l’Islam, qu’il fonda dans la ville de Konya ; la plupart de ses écrits lui ont été inspirés par son amant, Shams ed Din Tabrizi dont le nom peut être traduit par « soleil de la religion » ; leur amour est constamment attaqué par les musulmans orthodoxes ; Rumi a repris les fables d’Esope, ses poèmes sont appréciés à travers les générations par les Turcs, les Iraniens et les Afghans ; reconnu en son temps comme un saint il préconisait la tolérance avec les chrétiens et les juifs ; en 2007 l’Unesco célèbrera le 8ème centenaire de sa naissance en organisant des festivités à Konya ; ses écrits témoignent de sa tolérance vis-à-vis de l’homosexualité, quoique les rapports passifs soient moins tolérables à ses yeux pour un adulte

 

12 mars 1274 : mort de Saint Thomas d’Aquin (1225-1274), il voit dans l’homosexualité un péché « dégoûtant » qu’il place à égalité avec le cannibalisme

 

1292 : mort de Moslehoddin Sadi (Abū-Muḥammad Muṣliḥ al-Dīn bin Abdallāh Shīrāzī 1209-1292), célèbre poète persan, son chef d’œuvre est Golistan ou l’Empire des roses (1258), traduit en 1634 en français et en allemand, Goethe y puisera des sources pour son Divan occidental-oriental ; il écrit un nombre considérables d’ouvrages en prose qui contiennent des récits d’aventures , des préceptes moraux et politiques, des sentences et des traits d’esprit, il écrit Le Verger ainsi que Turpitudes dans lequel il exprime sa passion des garçons

 

1294 : mort du philosophe et chancelier de la république de Florence Brunetto Latini ( 1220-1294), il écrit en français et en latin Trésor une encyclopédie versifiée, il rédige les lois de la république de Florence ; il fut le professeur de Dante, et dans sa Divine Comédie, celui-ci le place dans le Cercle de l’Enfer des sodomites, tout en lui manifestant sa gratitude pour son enseignement

 

Débuts du XIVème siècle : l’imaginaire du complot peuple les esprits et conduit à dénoncer les différents groupes, les Templiers, accusés de former une société secrète, les lépreux, accusés d' »empoisonner les puits, les juifs soupçonnés de conspirer contre la chrétienté avec l’appui des souverains musulmans d’Espagne, les hérétiques vaudois qui menace l’unité de l’Eglise ; puis viendront au XVème siècle les sorcières et les sorciers, agents de la nouvelle conjuration

 

13 octobre 1307 : tous les Templiers de France, soit plusieurs milliers au total, sont arrêtés sur ordre du roi Philippe IV Le Bel, petit-fils de Louis IX (Saint-Louis), l’ordre des moines-soldats, vieux de deux siècles, qui s’est illustré en Palestine (la Terre sainte), s’est acquis la jalousie des féodaux et la convoitise des souverains, leur refus de contribuer à la rançon exigée pour la libération de Saint-Louis fait prisonnier lors de la septième croisade, joue un rôle dans cette décision ; l’ordre du Temple est devenu immensément triche grâce à de considérables donations, il est devenu l’une des principales institutions financières occidentales, gérant les biens de l’Eglise et des rois ; les Templiers sont arrêtés au petit matin dans le plus grand secret sous la conduite de Guillaume de Nogaret, détenus au secret, interrogés sous la torture par les commissaires royaux, avant d’être remis aux inquisiteurs dominicains ; sur les 140 Templiers de Paris arrêtés, 54 sont brûlés pour avoir avoué pratiquer la sodomie, pratiquer des baisers impudiques ou commis des crimes extravagants à l’égard de la foi ; pour ne pas donner l’impression d’être désavoué, le pape Clément V ordonnera le 22 novembre 1307 l’arrestation des Templiers dans tous les Etats de la chrétienté et l’ouverture d’une enquête sur leurs crimes supposés, le concile de Vienne en 1312 décidera la dissolution de l’ordre, la bulle Vox in excelsio officialisera cette dissolution

 

1308-1327 : en Angleterre, règne de Edouard II, il est né en 1284 à la cour brillante et cosmopolite de son père Edouard 1er Plantagenêt, dès l’âge de 14 ans il s’est entiché de l’un de ces petits aristocrates qui hantent la cour du roi, Pierre de Gaveston, avec lequel il est élevé ; Edouard, prince de Galles, aime la poésie et la musique, il est aussi bûcheron et forgeron ; Gaveston organise les spectacles, choisissant les comédiens et les musiciens ; Edouard est marié en 1307 avec Isabelle  fille de Philippe Le Bel, afin de rapprocher la France et l’Angleterre ; Pierre de Gaveston est banni par Edouard 1er, mais lorsque le roi meurt en 1308, c’est Gaveston qui porte la couronne sacrée de saint Edouard lors du sacre, puis le nouveau roi le fait comte de Cornouailles, les bijoux destinés à la future reine, Isabelle de France (la louve de France), fille de Philippe le Bel, sont donnés à Gaveston, la multiplication des insolences du roi suscite une haine inextinguible contre Gaveston ; les faveurs qu’accorde Edouard à Gaveston lors de son mariage provoquent encore davantage la colère d’Isabelle ; le soir des noces, Edouard ne parvient pas à honorer la reine (il n’y parviendra que 4 ans plus tard, grâce à l’aide de Gaveston) ; Edouard II subit des revers militaires catastrophiques face aux Ecossais et s’entoure de nouveaux favoris, tels Hugh Le Despenser puis son fils, dénommé Hugh lui aussi, ceux-ci mettent en coupe réglée le royaume ; la reine Isabelle, avec laquelle il a eu 3 fils, devient amante de l’ancien gouverneur d’Irlande Roger Mortimer, le couple rallie à lui tous les mécontents du royaume, la vengeance de la reine est terrible, n’hésitant pas à provoquer une guerre  civile pour  détrôner Edouard II, Mortimer devient chef de la conjuration ; l’un des barons conjurés Warwick fait assassiner Graveston en 1312, le roi Edouard II obtient qu’on lui rende le corps ; en 1323 le parti du roi triomphe Mortimer est condamné à la prison à vie, mais réussit à s’échapper et à rejoindre en France Isabelle et le jeune hérifier du trône ; le jeune Hugues Le Depenser nouvel amant du roi est ambitieux mais incapable en politique ; en 1326 Isabelle débarque en Angleterre avec Mortimer, le roi Edouard est fait prisonnier avec son amant et le Parlement oblige le roi à abdiquer au profit de son fils de 14 ans Edouard III, Le Depenser est torturé et exécuté avec la plus grande cruauté et le roi est transpercé par une barre de fer rougie dans l’anus ; à l’âge de 18 ans, furieux d’apprendre la façon dont son père a été traité, Edouard III prendra le pouvoir, fera pendre Mortimer et jettera sa mère en prison (où elle croupira 28 ans), il prétendra détenir des droits sur la couronne de France, ce qui sera le début de la guerre de Cent ans ; Edouard II est mort le 21 septembre 1327 ; en 1991 Derek Jarman réalisera le film Edouard II

 

1323-1324 : Arnaud de Vernioles est interrogé par l’inquisiteur Jacques Fournier (c’est l’affaire de Pamiers)

 

24 novembre 1326 : mort d’Hugh le Jeune Despenser (vers 1290-1326), second favori du roi Edouard II d’Angleterre ; fait prisonnier en même temps que son roi, il est atrocement supplicié, la reine Isabelle savourant sa vengeance, cœur et entrailles arrachés, corps découpé, tête détachée petit à petit au couteau

 

1343-1434 : en Italie, à Bologne un historien se penchera sur les viols d’enfants, il mettra à jour les noms de 130 petites victimes de viol ; le viol des garçons semble moins fréquent que celui des filles mais il est plus systématiquement poursuivi car il affecte la société plus gravement, les 91 violeurs repérés sont tous des hommes, issus de tous milieux sociaux et ils connaissent davantage leurs victimes, les filles violées sont de 2 ans plus jeunes que les garçons, ce qui correspond au fait que la majorité sexuelle est de 12 ans pour les filles et de 14 ans pour les garçons, les filles doivent apporter la preuve de la perte de leur virginité, la sanction est plus sévère pour les violeurs de garçons, les violeurs de filles sont punis de décapitation, les violeurs de garçons de bûcher, un violeur de garçon sur deux est condamné à la peine capitale et un peu plus d’un sur cinq pour le violeur de fille, « le viol féminin est réparable, le viol masculin est irrémissible » car le sodomite est abject aux yeux de Dieu, il touche l’ordre du monde, l’ensemble des pratiques non reproductives (zoophilie, masturbation, coït intercrural imposé aux petites filles) est dénoncé par l’Eglise et réprimé par la justice ; cette analyse paraîtra dans Viols d’enfants  au Moyen Age. Genre et pédocriminalité à Bologne au XIVème-XVème siècles de l’historien Didier Lett en 2021

 

8 avril 1364 : mort du roi de France Jean II le Bon (1319-1364), il succède en 1350 à son père Philippe de Valois, il fait mettre à mort le connétable Raoul, comte d’Eu, accusé d’intelligence avec les Anglais et donne sa charge à Charles La Cerda, son amant, mais le roi de Navarre, Charles le Mauvais, fait assassiner La Cerda, mais Jean surprend Charles et le fait décapiter, Philippe, frère de Charles, appelle au secours Edouard III d’Angleterre ; les Anglais sont vainqueurs et Jean le Bon est fait prisonnier à Londres

1368-1398 : en Chine, le fondateur des Ming interdit aux mandarins la fréquentation des filles de joie, ceux-ci dès lors se rabattent sur les jeunes travestis prostitués (les « fleurs »)

1389 : en Iran, mort de Hafez Chirazi, (1326-1389), poète né à Chiraz, connu pour ses poèmes lyriques, les ghazals, poèmes regroupés dans son recueil Le Divan, évoquent des thèmes mystiques du soufisme en mettant en scène les plaisirs de la vie (« Moi qui suis sobre, je deviens ivre / Et je baise la coupe autant que l’échansson« )