Source : lgbtstudy
Une révolte qui fait date
C’est dans la ville de New-York que naît véritablement le premier mouvement de contestation gay. Dans la nuit du 27 au 28 juin 1969, une énième descente de police a lieu au Stonewall Inn, bar New-yorkais de Greenwich Village. Depuis 1966, les homos ont le droit de se rassembler dans les bars de Big Apple. Mais les contrôles et les arrestations y sont courants et les gays en ont l’habitude. Pourtant, cette nuit là, le contrôle d’identité tourne mal et l’incident dégénère. Est-ce l’enterrement de Judy Garland, adorée de la communauté, qui a eu lieu le matin même qui a exacerbé la tristesse et la colère ? Ou simplement un ras-le-bol général des harcèlements quotidiens ? Toujours est-il que la foule de manifestants grossit autour du petit bar et les forces de l’ordre , encerclées sous les huées et sous le slogan « gay power », sont obligées de se barricader à l’intérieur pour attendre les renforts de la police anti-émeutes.
Les émeutes durent trois nuits, au cours desquelles les blessés (gays, travestis et lesbiennes) et les arrestations se multiplient. L’histoire est en marche.
Quelques semaines plus tard, Craig Rodwell, militant homosexuel et fondateur de la première librairie gay new-yorkaise en 1967, prend la tête du mouvement. Rodwell avait déjà organisé la première manifestation gay à Washington devant le Capitole avec quelques amis en 1965. Suite à l’émeute de Stonewall Inn, il alerte la presse qui relate les événements dès le lendemain et monte le Gay Liberation Front. Cette association marque le début des mouvements de défense de la communauté. D’autres mouvements radicaux homosexuels naissent à New-York durant cette année 1969. Dès le début, ces mouvements se heurtent au conservatisme d’une grande partie des gays eux-même. Soucieux de leur situation dans la société, beaucoup estiment qu’il vaut mieux rester discrets et tranquilles pour se faire accepter un jour. Ils ne veulent pas encourager les excès des travestis et autres Drag Queens qui donnent, selon eux, une mauvaise image des homosexuels.
Le 28 juin 1970, la première Gay Pride est organisée à New-York pour commémorer les événements de Stonewall. Ainsi, à l’initiative de Craig Rodwell, quelques 2000 homosexuels remontent la 6ème avenue entre Greenwich Village et Central Park. La manifestation revêt le nom « Christopher Street Liberation Parade » et son slogan officiel est « Come Out ». A cette occasion, Toronto (Canada) organise son premier ‘Gay Day Picnic’ et en Europe c’est Londres qui organise la première manifestation gay.
Désormais plus rien ne pourra arrêter les gays décidés à sortir de leur placard. L’anniversaire de cette rébellion des gays à Stonewall sera fêté chaque année: c’est la naissance des Gay Pride dans toutes les capitales du monde occidental. Les homosexuels révèlent ainsi leur désir de ne plus se taire et de se montrer au grand jour.
Evolution et adaptation jusqu’en 1990
En France, mai 68 a bousculé l’ordre moral et la liberté sexuelle qui s’ensuit permet aux homos de s’éveiller à la contestation publique. Ainsi, en mars 1971, Ménie Grégoire, animatrice de radio, organise en direct sur RTL un débat sur le thème de l’homosexualité, avec pour titre : «Homosexualité : ce douloureux problème ». L’émission est interrompue par un rassemblement spontané d’homosexuels venus crier leur ras-le-bol du placard social dans lequel on les enferme. Les mois suivent et voient la naissance d’un mouvement appelé FHAR (Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire). Les prises de parole et les manifestations d’homos se multiplient. Le FHAR participe chaque année à la fête du Travail le 1er mai jusqu’en 1978 en défilant aux côtés du MLF (Mouvement de Libération de la Femme). Ces mouvements ont permis, entre autres, de faire exister la question de l’identité : on distingue les homosexuels, les bisexuels, les transsexuels et les travestis.
De son côté, Londres organise sa deuxième manifestation homosexuelle qui rassemble une centaine de personnes.
En 1972, le GLF (Gay Liberation Front) organise la première véritable marche homosexuelle. A Londres et 2000 personnes défilent entre Oxford Street et Hyde Park.
En 1973, Campaign for Homosexual Equality (CHE) organise la London Pride. Cette organisation assurera les Gay Pride anglaise jusqu’au début des années 80 mais avec un succès plutôt décroissant.
Le 25 juin 1977 est organisée à Paris la première manifestation homosexuelle indépendante, de la place de la République à la place des Fêtes, en réaction à l’appel d’Anita Bryant, « Tuer un homosexuel pour l’amour du Christ ». Cette Gay Pride est organisée par le MLF et GLH (Groupe de Libération Homosexuelle) qui a succédé au FHAR en 1974.
En 1979, Paris connaît sa deuxième marche homosexuelle (800 personnes) à l’appel du CUARH (Comité d’Urgence Anti-Répression Homosexuelle). Nos voisins belges organisent leur première marche à Anvers et les suisses à Berne (300 personnes).
La Gay Pride ne se développe pas qu’en Europe puisque Sydney connaît aussi sa première marche.
En 1980, Paris compte 1000 manifestants qui défilent. De son côté, Bruxelles connaît sa première Gay Pride.
Le 4 avril 1981, Paris comptabilise 10 000 manifestants à l’appel du CUARH ! La Gay Pride revêt alors pour la première fois une importance considérable. Elle est organisée volontairement avant les élections présidentielles pour faire pression sur les politiques. Le candidat à l’élection présidentielle François Mitterrand s’engage, quelques jours après cette manifestation, à dépénaliser l’homosexualité La gauche soutient le mouvement gay qui demande que la majorité sexuelle soit la même pour les gays que pour les hétéros.
En 1982, Le militantisme n’est plus aussi virulent qu’en 1981 et la Gay Pride de Paris ne rassemble plus que 8000 manifestants. C’est le RHIF (Rencontre des Homosexualités en Ile-de-France) qui succèdera au CUARH pour l’organisation de la Gay Pride parisienne de 1982 à 1991. Elle déclinera durant les années 80 pour attendre péniblement certaines années le millier de manifestants (1986).
En 1988, la Gay Pride parisienne ne rassemble que 1500 personnes alors qu’à Londres, 40 000 personnes manifestent. Le mouvement associatif est démobilisé et la Gay Pride n’est plus qu’une manifestation festive et commerciale.
Depuis 1990
En 1991, le collectif « Gay Pride » est créé pour re dynamiser la manifestation et il réunit les associations, les commerces et la presse. Il est présidé jusqu’en 1999 par Jean-Sébastien Thirard. La Gay and Lesbian Pride parisienne de 1991 réunit près de 6 000 personnes entre Bastille et Richelieu-Drouot, mais il faudra attendre 1993 pour retrouver les 10 000 manifestants de 1981.
En 1993, la Gay Pride aborde les thèmes du Sida et du projet de partenariat (appelé encore le CUC, Contrat d’Union Civile).
En 1994, on assiste au réveil de la province. Une manifestation gay est organisée à Tour pour protester contre l’homophobie du maire de l’époque, Jean Royer. Mais c’est à Rennes (l’association « Femmes entre elles » est à l’origine de cette première manifestation qui a réuni 300 personnes)et à Marseille (le CGL (Centre Gay et Lesbien) attire 400 personnes à son défilé) qu’ont lieu les premières Gay Pride de province. Paris rassemble 30 000 personnes. A l’étranger, le Japon organise sa première marche gay.
En 1995, la Lesbian and Gay Pride de Paris marque un tournant avec 80 000 manifestants de Montparnasse à la Bastille ! Pour la première fois, les médias généralistes nationaux rendent compte de la manifestation parisienne. Le mouvement s’amplifie en Province : Marseille, Nantes, Rennes, Toulouse et Montpellier organisent leur Gay Pride. Afin de coordonner l’ensemble de ces manifestations, l’Interpride voit le jour.
En 1996, Paris dépasse pour la première fois le seuil symbolique des 100 000 manifestants. Malheureusement, la soirée officielle organisée à Bercy est un désastre financier pour l’association Lesbian and Gay Pride de Paris qui enregistre une perte d’un million de francs.
La SOFIGED est alors créée pour financer la marche, l’association lesbian and gay Pride de Paris ne conserve que le coté militant et politique de la manifestation. Marseille rassemble 2 000 manifestants et Lyon, Lille, Cannes, Aix-en-Provence et Bordeaux organisent leur première Gay Pride. A noter que Rennes, Nantes, Montpellier et Toulouse renouvellent aussi l’expérience de l’année passée.
En 1997, Paris accueille l’Europride qui attire 250 000 personnes. Cannes, Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Rennes et Toulouse organisent des marches. Nancy organise en février un carnaval gay qui ne réunira qu’une trentaine de personnes. Strasbourg organise « les journées de la fierté gaie et lesbienne ».
En 1998, Strasbourg organise à nouveau ses journées de la fierté gaie et lesbienne durant 5 jours avec manifestation sur la Place Kléber. A l’étranger, Tel Aviv organise sa première marche (1500 pers), Stockholm accueille l’Europride et New-York attire 300 000 manifestants.
En 1999, Paris retrouve les 250 000 manifestants en plein débat sur le PACS. L’association Lesbian and Gay Pride de Paris qui est dissoute après 3 ans de déficit. C’est désormais la société Sofiged qui prend en main la destinée de la marche et qui acquiert les droits sur les marques déposées et gère la communication et les aspects financiers.
Une nouvelle association est créée pour l’aspect politique et militant : la Lesbian et Gay Pride d’Ile-de-France, qui deviendra en 2001 l’Inter association lesbienne, gaie, bi et trans. En 1999, c’est aussi la création de la Fédération des Lesbian and Gay Prides de Province, qui deviendra la CIF (Coordination Interpride France), chargée de coordonner les manifestations de région et de créer une charte des organisateurs de Gay Pride.
En 2000, à Rome, 250 000 personnes assistent à la Worldpride. En France, Rouen, Angers et Poitiers organisent leurs premières marches gay.
En 2001, record d’affluence sans précédent à Paris : 500 000 personnes participent à la Marche des Fiertés Lesbiennes, Gaies, Bi et Trans, nouveau nom de la marche qui introduit l’expression LGBT en France.
En 2002, Reims et Strasbourg organisent leurs premières marches, ce qui porte à 15 le nombre de villes françaises organisant une gay pride. Un record pour l’Europe.
En 2003, Metz attire un millier de manifestants dans les rues du centre ville. Paris enregistre un nouveau record avec 700 000 manifestants, 90 organisations syndicales, politiques et associatives et une vingtaine de commerces LGBT.
En 2004, première Gay Pride à Saint Denis de la Réunion.
En 2005, la parentalité est au coeur de la Marche des fiertés. Plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilé, samedi 25 juin, à Paris pour la « Marche des fiertés lesbiennes, gaies, bi et trans » (LGBT) avec comme principale revendication une loi pour le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels. Première Gay Pride à Athènes.
Société
Clandestinité et mensonge
Malheureusement, le tabou familial est une réaction encore trop répandue face à l’orientation sexuelle de son enfant. Dans beaucoup de pays, il arrive que l’enfant soit banni et déshérité. S’il est adolescent, les parents peuvent le menacer, le punir, le soumettre à un traitement psychiatrique, le changer d’école ou de ville pour l’éloigner des « mauvaises influences ». Il y a une prise de risques réels, et le coming out n’apparaît alors pas comme une bonne idée même si l’enfant en ressent le besoin.
Devant de tels risques, beaucoup choisissent de ne jamais se confier à leurs parents. Ils font alors semblant de vivre seuls, alors qu’ils sont en couple depuis des années. Il faut alors jongler avec cette double vie : avoir deux numéros de téléphone, congédier son partenaire quand les parents viennent rendre visite …
D’autres encore s’inventent des relations hétérosexuelles et se font des réputations de séducteurs. Mais cette façade se fragilisera avec l’âge. Il est facile quand on est jeune de mener une vie sociale de célibataire mais après la quarantaine, cela paraît anormal aux yeux de la société.
Certains vont même jusqu’à se marier et avoir des enfants pour maintenir le mythe de leur hétérosexualité face aux autres. Ils espèrent que la mariage va les « guérir » de leurs désirs inacceptables. Mais ils finissent simplement par tomber dans une asexualité désabusée ou par chercher des aventures clandestines avec tous les risques que cela comporte.
Dans tous ces cas, ces personnes se condamnent à une vie de falsification, un système de mensonges qui sera de plus en plus difficile de maintenir.
Le fait d’alterner sincérité et dissimulation demande une très grande vigilance et une grande dépense d’énergie psychique. Voilà pourquoi, il y a une recherche implicite de la compagnie de ses semblables, avec qui chacun peut être lui-même et parler spontanément, sans rien cacher de ses activités, ses relations, ses sentiments, bref l’ensemble de sa vie affective.
Sortir du placard est une décision importante, il faut peser ce que ça va coûter de le faire mais aussi de ne pas le faire. Cacher son orientation sexuelle indéfiniment a un prix très élevé. N’oublions pas que le mensonge n’est pas statique : il s’accroît, en extension et en profondeur, et finit par envahir tous les domaines de la vie.
Vivre dans la clandestinité c’est surveiller continuellement les gestes, les paroles, les réactions des autres en se demandant s’ils se rendent compte de notre orientation sexuelle. C’est aussi s’exposer plus grandement à la dépression, l’anxiété et la somatisation. Et cela affecte non seulement les relations personnelles mais aussi les rapports sociaux et professionnels.
Marcy Adelman a observé que les personnes qui vivent ouvertement leur orientation sexuelle ont une estime de soi et une capacité de relation avec autrui bien plus développées.
Pour toutes ces raisons, les spécialistes et les auteurs, pensent qu’il est préférable de vivre ouvertement plutôt que dans la clandestinité.
En théorie, ils ont raison mais il ne faut pas oublier que cela n’est pas toujours possible ou souhaitable selon les pays. Dans les pays du Tiers Monde par exemple, une personne qui sort du placard risque de perdre sa famille, sa position dans la société, son travail et même son logement.
La question de sortir ou non de la clandestinité n’a pas les mêmes implications partout. Chaque personne doit peser les coûts et les bénéfices réels de sa décision qui va dépendre de son contexte familial, social, culturel et professionnel. (Témoignages)
Le coming Out
Les membres de la communauté LGBT se demandent souvent entre eux s’ils sont “sortis du placard”, autrement dit, s’ils vivent leur différence ouvertement ou clandestinement. Quoi qu’il en soit, le Coming-Out reste une expérience différente pour chaque personne.
Bien qu’il y ait toujours quelqu’un avec qui on puisse en parler, il existe maintenant de nombreuses organisations qui peuvent nous aider à répondre à certaines de nos questions.
Pour la plupart des membres LGBT, l’adolescence est un passage particulièrement difficile. Beaucoup d’entre eux, lorsqu’ils regardent en arrière se rendent compte que leur vie n’était marquée que par la peur, le regret, le rejet et la peine. Il y a encore trop d’hostilité et d’acharnement à l’encontre des Homosexuels/Transsexuels/Bisexuels qui vivent leur vie ouvertement.
Certains pensent qu’en se mariant leur véritable nature pourra disparaître. C’est accumuler beaucoup de tensions et de stress pour rien car la véritable nature de la personne fera tôt ou tard surface. Et Faire son Coming out en étant mère/père de famille n’est pas une mince affaire car sa relation avec son époux/épouse et la famille d’une part et le besoin d’être soi même d’autre part peut devenir un dilemme énorme et très encombrant.
Voilà pourquoi, il est nécessaire de s’accepter soi-même et de faire connaître sa véritable nature à ses proches. Il faut faire les choses seulement pour soi et surtout lorsqu’on est prêt !
Faire son coming-out c’est dire « je suis fier de ce que je suis » ou encore « pour être heureux, je ne peux plus cacher cette partie de moi”.
On commence généralement par l’annoncer à des personnes extérieures à la famille, des amis, des gens en qui on a confiance mais dont on craint quand même un éventuel rejet suite à cet aveu.
Arrive ensuite le moment de se dévoiler dans le cercle familial. On prend de préférence un frère ou une sœur, parce qu’il sera plus facile de parler, on se sentira plus à l’aise et on créera un climat de confiance. Il ne faut pas hésiter à dire qu’on ne fait pas ça pour se faire remarquer mais qu’on cherche à être honnête avec eux. De plus, ils pourront être de bon conseil pour aborder le sujet avec les parents.
Dans tous les cas, il faut aborder le sujet de façon positive, afin de présenter la chose non pas comme une tare ou une maladie mais simplement une façon de vivre. Il ne faut pas hésiter à dire que l’on est heureux comme ça, et que les proches, surtout les parents, n’ont pas à se sentir coupables ou responsables.
Il est préférable de préparer le terrain en essayant de prévoir les questions qui pourraient surgir et y répondre comme si le sujet était banal. Ne pas hésiter à les encourager à ce documenter et leur dire qu’on sera prêt à répondre à toutes leurs questions.
Les réactions étant imprévisibles, il est recommandé d’éviter toute annonce trop brutale, directe ou rapide. Il faut attendre le moment où tout le monde est disponible. Il y aura des tensions de part et d’autre, mais il est important de paraître sûr de soi. C’est pourquoi, avant de se lancer, il faut s’assurer d’avoir les réponses aux questions élémentaires et récurrentes suivantes :
Etes vous sur de votre orientation sexuelle ?
Etes vous à l’aise dans votre sexualité ?
Avez vous quelqu’un pour vous soutenir ?
Etes vous au courant des problèmes rencontrés par les homosexuels ?
Pourrez vous être patient le temps que vos parents gèrent la nouvelle ?
Pourquoi faites-vous votre coming out ?
Il sera important de rassurer ses parents, d’insister sur le fait que vous les aimez et que vous ne voulez plus sentir de distance entre vous et eux, que pour cette raison vous vous livrez à eux. Il faut les déculpabiliser autant que possible et dire que rien ne changera dans vos rapports et que vous saurez rester discret pour ne pas les embarrasser dans leur cercle social.
La place de l’homo-bi-trans sexuel dans la famille.
L’homosexuel (bi, trans) déclaré tient une place assez particulière au sein de sa famille. Au vu des lois actuelles, cet enfant sera le seul à ne pas se marier, ce qui fait qu’il ne sortira jamais de son statut de fils/fille. Il ne sera jamais époux/épouse et difficilement parent, donc quelque part il n’accèdera jamais au statut d’adulte que cela impliquerait.
La personne restera un fils/une fille pour toujours et comme tout enfant célibataire, il sera tenu de rester auprès de ses parents et d’être toujours là pour la famille. C’est notamment le cas de la traditionnelle « vieille fille » qui doit s’occuper de ses parents dans leur vieillesse et être disponible quand ses neveux et nièces en ont besoin.
Mais cette situation est plus pénible pour une personne homosexuelle car justement cette dernière n’est pas obligatoirement célibataire. La plupart du temps, elle mène une vie de couple, elle a des activités diverses et variées, et une vie sociale importante. En réalité, elle n’est pas plus libre que n’importe lesquels de ses frères et sœurs mariés.
Le rôle de l’homosexuel est souvent source de conflits et de malentendus. Les membres de la famille attendent plus de lui que des autres, notamment au niveau financier puisqu’ils estiment qu’il est libre et sans obligations.
Face à cette pression, l’enfant a tendance à céder à ses parents pour éviter de se sentir coupable et récupérer l’amour et l’approbation qu’il pense avoir perdu du fait de sa différence.
Cette situation n’est pas sans poser problème, car la personne peut se sentir déchirer entre les exigences de sa famille et celles de son partenaire. Il n’est pas rare de voir des relations de couple affectées sérieusement par l’attachement d’un des deux à sa famille d’origine et par les attentes de cette dernière.
Enfin, on peut dire que tout cela contribue à garder la personne homosexuelle dans un rôle familial plutôt infantile qui peut freiner son développement personnel, et inhiber sa capacité d’autonomie.
Il est important de savoir faire la part des choses et de ne pas se sentir redevable de quoi que ce soit sous prétexte d’être différent.
Culture LGBT
C’est durant les Années Folles que l’homosexualité trouve dans le milieu culturel et artistique une certaine visibilité. Aujourd’hui, les lieux de sorties homosexuels , bars et boîtes, ainsi que les associations, magasins, journaux, chaînes télévisés, forums, sites, se multiplient et annoncent une visibilité de plus en plus grande de la communauté. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que derrière l’aspect médiatique, la lutte continue pour l’égalité des droits.
Littérature et auteurs
Homosexuels ou non, les auteurs ayant mis en scène l’homosexualité sont incroyablement nombreux. A toutes les périodes de notre histoire, l’homosexualité a été abordée, même si elle a été réprimée pendant longtemps. Des poèmes grecs antiques aux pamphlets du XVIème, des livres édités et vendus sous le manteau début 1900 aux maisons d’édition spécialisées contemporaines, chacun a sa manière d’évoquer et de vivre l’amour entre hommes ou l’amour entre femmes.
Le premier à avoir fait parler de lui à son époque est sans doute l’irlandais Oscar Wilde (1854-1900) avec Le portrait de Dorian Gray.
Parmi les grands auteurs gays, on trouve aussi :
Marcel Proust (1871-1922),
André Gide (1869-1951),
Jean Genet (1910-1986),
Jean Cocteau (1889-1963),
Marguerite Yourcenar (1903-1972),
Frederico Garcia Lorca (1898-1936),
Yukio Mishima (1925-1970)
Michel Foucault (1926-1984).
Quoi qu’il en soit, on retrouve toujours dans la littérature, un des quatre types d’homosexuels suivant :
* le débauché (ex : Satyricon de Pétrone) ;
* le démon : (ex : Vautrin dans La Comédie Humaine) ;
* la victime : c’est un rôle que l’on trouve surtout dans la littérature du XXe siècle (ex : Mort à Venise où l’homosexuel a conscience de sa différence mais n’ose pas l’avouer / ex : La Gloire du Paria et le Maurice de E.M. Forster où l’homosexuel est victime d’une persécution sociale) ;
* le modèle : un personnage qui assume sereinement son orientation sexuelle, sans l’exhiber et sans la nier. (ex : Zénon de L’Œuvre au noir).
En littérature l’homosexualité est porteuse d’un rôle précis. Elle doit remplir l’un des rôles suivants :
– faire rire : (ex : À la recherche du temps perdu de Plaute).
– fasciner et/ou inquiéter : (ex : La Comédie Humaine / Le portrait Dorian Gray d’Oscar Wilde).
– émouvoir : (ex : Zetsuai 1989, manga japonais).
– revendiquer : (ex : Leaves Of Grass de Walt Whitman).
Aux XXe et XXIe siècles, certaines branches de la para-littérature sont spécialisées dans l’évocation de l’homosexualité. C’est le cas en particulier du manga yaoi.
Des maisons d’édition se sont spécialisées dans la littérature gay et lesbienne. Ces maisons publient des auteurs faisant appel dans leurs romans à la culture et à la communauté homosexuelles.
Cinéma et mode
Plus qu’en littérature, l’homosexualité au cinéma a une fonction de revendication. Ce moyen d’expression s’est développé dans une période de libération des mœurs.
Dans les années 70, l’homosexuel n’est plus le personnage malheureux ou la caricature du film. Il est montré tel qu’il est en lui-même. Une multitude de mise en images de la communauté voit le jour : Pasolini, Morrissey, Matsumoto entre autres, mettent en scène la vie plus ou moins heureuse de leurs personnages gays. Mais ces films ne passent pas dans le circuit grand public.
Dès 1949, Kenneth Anger, précurseur du cinéma underground, montre le sadomasochisme et le fétichisme.
En 1972, John Waters réalise Pink Flamingos, un film exubérant où un travesti se délecte en mangeant une crotte de chien, et fait ainsi un pied de nez au conformisme.
Il utilise un humour teinté de mauvais goût et de provocation, il utilise le trash pour combattre les clichés.
Depuis la fin des années 80, la question de l’identité a quitté quelque peu la création cinématographique homosexuelle.
Deux tendances générales se dessinent : d’un côté un cinéma plus grand public, où la gay attitude est montrée sous un jour optimiste (ex : Priscilla folle du désert de Stephan Elliot en 1994).
De l’autre, un cinéma beaucoup plus noir, presque toujours en marge des grandes distributions.
Cependant, au cinéma, on peut relever trois fonctions principales concernant l’homosexualité:
* esthétique : homosexualité « distanciée », un jeu de reflets, d’ombres et d’illusions (ex : Mulholland Drive de David Lynch )
* revendicatrice : Fucking Amal, Before Night Falls, Memento Mori
* jouissive : Théorème de Pasolini, Caravaggio de Derek Jarman, Tabou de Nagisa Oshima.
Il s’agit ici de films faits par des homosexuels pour un public homosexuel.
Puis on a des films qui montrent sans vraiment juger, comme My Beautiful Laundrette de Stephen Frears.
Le cinéma a permis de faire reculer certains préjugés et de rendre accessible des informations sur la vie de la communauté et ses membres.
Aujourd’hui la télévision assure le suivi en proposant des séries basée sur le thème de l’homosexualité ( The L-Word, Queer As Folk, South of nowhere, Will&Grace, six Feet Under, Dante’s Cove…).
D’autres séries, n’étant pas centrées sur ce thème y font toutefois référence à travers un personnage ou un épisode (ex : Urgences, Les Experts, Desperate Housewives, Nip/tuck…).
Le domaine de la mode a lui aussi évolué. L’histoire de l’habillement du XX ème siècle montre que les couturiers ont fait reculer les préjugés en libérant les femmes et les hommes des codes de genre.
Chanel délivre le corps de la femme du corset. De son côté, Yves Saint-Laurent lance sa première collection sous son nom dès 1962. Il est l’apôtre du smoking pour les femmes, de la mode androgyne chez la femme, ouvrant des perspectives et des lignes révolutionnaires pour l’époque.
Jean-Paul Gaultier est lui aussi un créateur hors normes. Il travaille sur le mélange des genres et des identités sans se soucier des conventions.
Peinture et Photographie
Au cœur de l’imagerie et de la culture gay se trouve le travail autour du corps. A partir des années 60, des artistes utilisent leurs corps comme œuvre d’arts et présentent des performances troublantes, mêlant parfois le sang, les déjections, les positions sexuelles et les scarifications.
Beaucoup d’artistes de Body Art sont homosexuels, car leurs performances parlent aussi d’identité sexuelle, de persécution, de castration, de la difficulté d’être, autant de thèmes chers à la culture militante homosexuelle.
La photographie homosexuelle prend une large part dans l’imagerie gay et le culte du corps. Le travail a été centré sur le muscle, la beauté virile, l’érotisme. Le Baron Von Gloeden (1856-1931), photographe allemand, est l’un des premiers à avoir traité la nudité masculine dans son travail. Herb List (1903-1975) a également célébré l’homo-érotisme. D’autres ont suivis, les plus célèbres étant Robert Mapplethorpe (1946-1989), Herb Ritts (1952-2002), et Nan Goldin (né en 1953).
La beauté du corps dans les œuvres picturales d’artistes homosexuels trouve ses racines dans la peinture de la Renaissance. Trois grands artistes italiens fondateurs de cette période, homosexuels ou bisexuels, ont célébré le corps masculin dans leurs œuvres. Il s’agit de Léonard de Vinci (1452-1519), Michel-Ange (1475-1564) et de Le Caravage (1571-1610).
Enfin, la représentation de saint Sébastien (ci-contre) par Guido Reni (1515-1642) est sans doute à l’origine d’un culte gay encore vivant aujourd’hui. C’est la figure érotique incontournable de l’univers homosexuel par l’utilisation qu’en font les artistes et par le travail de la photographie du XX ème siècle.
Dans le domaine de la peinture contemporaine on retiendra le nom de Francis Bacon (1909-1922) dont le travail s’articule autour de la souffrance, de la distorsion des corps et des âmes. Autre artiste homosexuel exceptionnel du XX ème siècle, David Hockney (né en 1937), peintre pop.
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Culture LGBT
Musique et Danse
Les deux plus grandes troupes du début du XX ème siècle sont dirigées par des maîtres homosexuels : les Ballets suédois de Rolf de Maré (1888-1964) et les Ballets russes de Serge Diaghilev qui s’affichait ouvertement homosexuel sans pour autant étaler sa vie privée. Il a pu vivre librement, comme si le terrain de l’art était une enclave tolérée par la société homophobe de l’époque.
Autre figure symbolique de la danse, Rudolf Noureïev (1938-1993). Travailleur insatiable, il transfigure tous les ballets auxquels il participe. Démis de ses fonctions à l’Opéra de Paris en 1989, il continue de danser alors que le sida le ronge.
Dans la danse contemporaine, on notera les noms de Merce Cunningham (né en 1919) et de John Cage, qui vont faire de la danse un art à part entière où seuls comptent les corps et leurs expressions.
Puis Bill T.Jones, chorégraphe et danseur né en 1952, va placer l’homosexualité au cœur de ses créations. Noir, séropositif, ayant perdu son compagnon du sida, il se présente quasiment nu sur scène, sculptural, figurant dans ses chorégraphies la douleur et la solitude.
En musique, un certain nombre de compositeurs ont eu des relations homosexuelles.
Jean-Baptiste Lully qui à côté de ses maîtresses eut aussi des relations avec des garçons (dont le jeune Brunet, page de la Chapelle).
Le 28 février 1688, à Paris, a lieu le premier opéra homosexuel David et Jonathas, sacré en cinq actes de Marc-Antoine Charpentier.
Georg Friedrich Haendel qui évoluait dans le milieu homosexuel de ses riches et nobles mécènes, aimait les garçons.
L’homosexualité de Petr Ilitch Tchaïkovski (1840 – 1893) auteur d’opéras classiques comme Eugène Onéguine et Mazeppa, son ballet Le lac des cygnes, est restée célèbre.
Contemporains de Tchaïkovski, Camille Saint-Saëns (1835 – 1921), pianiste virtuose, cache son homosexualité derrière sa notoriété et son image publique d’homme marié et père de famille.
Modeste Moussorgski, a également eu des attirances homosexuelles, comme l’a dévoilé Frédéric Mitterrand dans son documentaire « Je suis la folle de Brejnev », où il fait état de la découverte d’archives policières, qui rendent compte de la vie homosexuelle de Moussorgski.
Passons aux compositeurs américains homosexuels : Samuel Barber, auteur du célèbre adagio, Aaron Copland qui est l’un des amis de Leonard Bernstein compositeur et chef d’orchestre marié mais à la vie sexuelle agitée (amant de Rudolph Noureiev) et enfin John Cage.
Parmi les figures homosexuelles de la scène musicale anglaise, on trouve : Benjamin Britten (ci-contre) dont les opéras abordent le thème de l’homosexualité, qui est l’amant de Peter Pears et qui a donné ses lettres de noblesse à l’homosexualité dans les opéras et Sir Michael Tippett.
Pour ce qui est des compositeurs français, outre Saint-Saëns, il est raisonnable d’ajouter Maurice Ravel, Henri Sauguet et Francis Poulenc.
Chez les compositeurs slaves, Karol Szymanowski doit obligatoirement être rajouté au panthéon, d’autant qu’il est l’auteur d’une œuvre où il est clairement question de son homosexualité : Ephébos.
L’attitude de la musique pop vis-à-vis de l’homosexualité est partagée entre revendication et utilisation commerciale. On note la création de groupe engagé comme Mecano (Mujer contra mujer), t.A.T.u. ou encore Indochine (3ème sexe).
Pour les chanteurs de rock, l’homosexualité apparaît comme un moyen de se faire remarquer en choquant mais la plupart du temps, l’homosexualité est réelle et affirmée, de façon volontaire ou non.
Parmi les artistes homosexuels et bisexuels célèbres, on parlera de : Little Richard (première grande figure homosexuelle du rock), David Bowie, Elton John, Madonna, George Michael.
Pensant que choquer serait plus efficace pour une prise de conscience, Freddie Mercury, chanteur du groupe ‘Queen’, a préféré utiliser l’image du sida plutôt que celle de l’homosexualité dans son hit « The Show Must Go On ».
D’autres artistes utilisent des images homosexuelles en couverture de leur album, comme l’a fait Suède
Les participants
On entend par les initiales LGBT le groupe : Lesbiennes, Gay, Bisexuel(le) et Transsexuel(le). Une famille marginale qui tente de s’intégrer et de se faire reconnaître comme être humain à part entière avec les mêmes droits et obligations des hétérosexuels. Nous allons entrer dans cet univers afin de mieux comprendre les enjeux d’un événement comme la GayPride.
Les HOMOSEXUELS
Définitions
Aujourd’hui on définit l’homosexualité comme la pratique de relations sexuelles et affectives entre deux personnes du même sexe (perspective comportementaliste ou empirique) et, ou, l’orientation sexuelle pour des personnes d’un sexe similaire (perspective psychologique et sociologique). Ceci s’applique sans distinction aux hommes comme aux femmes.
Autrefois l’homosexualité masculine était appelée uranisme. On utilisait également le terme pédérastie, l’homosexualité masculine désignait l’attirance d’hommes envers les adolescents mâles, ce qui entraîna une confusion qui conduisit à voir ce mot désigner l’attirance entre les hommes d’âges semblables. En ce qui concerne les relations avec des enfants, cet amalgame s’est poursuivi si bien que les homosexuels sont parfois soupçonnés, à tort, de pédophilie. Or, la sexologie moderne est catégorique : on ne retrouve pas chez les homosexuels masculins une tendance particulière à la pédophilie, par comparaison avec les hommes hétérosexuels.
Concernant les femmes, l’homosexualité est appelée lesbianisme (ou saphisme) ; ces deux termes font référence à la poétesse grecque Sapho de l’île de Lesbos, où cette dernière tenait un collège de jeunes filles, et qui doit sa réputation d’homosexuelle à ses poèmes passionnés envers ses amies. Elle menait une vie entourée d’autres femmes. Autrefois, on utilisait le terme tribadisme, issu du mot grec tribein, qui signifie « frotter » ; aujourd’hui ce mot fait référence à une pratique sexuelle spécifique.
Dans le langage courant, on utilise les termes « gay » et « lesbiennes » pour désigner les homosexuels qui assument leur identité sexuelle et la revendique. Les perceptions sociales négatives d’une importante partie de la société envers les homosexuels, ont fait naître plusieurs termes injurieux tels que : pédé et pédale, les initiales homophones PD, enculé, tapette, ainsi que fifi, fif et mangeur de graines (au Québec) pour les hommes gays, et brousse, gouine, brouteuse, goudou, tondeuse à gazon, dyke pour les lesbiennes.
Etymologie
La naissance du mot français homosexualité et sa déclinaison homosexuel(le) a lieu au XIXEME siècle, dans le cadre de la définition et du classement psychiatrique des déviations sexuelles, le tout à partir du mot allemand ‘Homosexualität’ forgé en 1869 par l’écrivain hongrois K. M.Benkert. Il a associé une racine grecque (homo, « semblable ») et une racine latine (sexuel).
Avant cette date, la distinction homo/hétéro n ‘était pas toujours pertinente, mais elle comprenait plusieurs qualificatifs pour désigner des pratiques très diverses. Certains font une distinction entre comportement actif ou passif, ce qui a été le cas dès l’Antiquité, et reste encore vrai aujourd’hui dans beaucoup de cultures.
Comme vu précédemment, les relations entre personnes de même sexe ont vu passer nombre de termes : cinaède, bardache, bougre, sodomite, pédéraste, uraniste, lesbienne, enculé, saphiste, tribade, tapette, inverti, antiphysique, pédé, pédale, etc.
La plupart de ces mots appartiennent au langage argotique. Dans le langage courant, la locution anglaise « gay » a heureusement pris le pas sur d’autres qualificatifs, souvent injurieux, pour évoquer l’homosexualité.
On considère donc aujourd’hui que le mot homosexualité est sorti d’une définition médico-légale. Le phénomène de base ayant toujours existé , il paraît pertinent de discuter l’histoire de l’orientation et des pratiques sexuelles en utilisant les expressions homosexuel, hétérosexuel.
Histoire et évolution
Dans certaines sociétés pré-chrétiennes on a noté plus ou moins de tolérance ou d’acceptation vis-à-vis des pratiques homo-érotiques. Cependant ces pratiques étaient très codifiées socialement, et tout écart était délictueux. Par exemple, dans la Grèce antique, la pédérastie faisait partie de l’éducation des adolescents mâles, mais de façon très codifiée. La règle voulait que le partenaire d’age mûr soit être actif dans la relation sexuelle et l’adolescent passif, faute de quoi la relation était immorale et délictueuse.
En 342, les mariages homosexuels sont interdits dans l’Empire romain. Le 6 août 390, une loi condamnant au bûcher les homosexuels est instaurée par l’empereur romain Théodose. Une fois l’empire romain devenu chrétien, la relative liberté en la matière disparaît.
Par la suite, l’homosexualité étant intégrée à la culture, les lois barbares du Haut Moyen Âge n’y font aucune référence. Puis du Moyen Âge et jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, l’homosexualité devient passible de la peine de mort en France, en Angleterre et dans la plupart des États européens. Durant tout le Moyen Âge, l’homosexualité, considérée comme une hérésie, est combattue, notamment par l’Inquisition, sous le nom de bougreries. Au VI° siècle, de crime contre la dignité, l’homosexualité devient un crime contre l’ordre naturel défini par Dieu. L’Inquisition infligeait d’horribles tortures aux homosexuels tels que l’excision du clitoris, l’ablation des seins, l’ablation du pénis et des testicules et enfin le bûcher en cas de récidive (lois édictées en 1260 à Orléans).
L’époque des lumières connaît quelques évolutions. Montesquieu, Voltaire et Beccaria sont les premiers à s’interroger sur la sévérité de la peine infligée les homosexuels tout en ne se prononçant pas sur le caractère anormal de l’homosexualité. Par la suite, Jeremy Bentham, dans des écrits non publiés de son temps, suit une argumentation utilitariste et en défend une dépénalisation.
En 1791, la France est le premier pays à décriminaliser l’homosexualité au nom des principes pénalistes classiques. En 1836, la peine de mort pour ce motif est abolie mais en 1861, une loi condamne l’homosexualité à une peine de 10 ans de prison.
Autre événement marquant de l’histoire, la persécution sous le régime nazi. Dans Mein Kampf, Hitler met en avant la survie de la race aryenne et considère alors l’homosexualité comme une déviance de dégénérés à éliminer. En 1935, le régime allemand durcit la législation envers les homosexuels (modification du § 175 du Code pénal allemand). En novembre 1941 Hitler déclare : « Afin d’épurer la SS et la police, le fürher a décidé que tous ceux qui auront des rapports homosexuels, actifs ou passifs, seront punis de la peine de mort, sans égard à leur âge ». Ainsi de nombreux homosexuels furent déportés vers les camps de concentration où ils sont utilisés comme cobayes pour des expériences « médicales » afin de les ramener à une sexualité « normale ».
Les prisonniers homosexuels masculins étaient marqués d’un triangle rose de grande taille ayant pour but de les livrer à l’hostilité des autres déportés. Le triangle rose est aujourd’hui un symbole d’identité gay qui permet de ne jamais oublier la cruauté des persécutions vécues. Les femmes homosexuelles furent déportées sous le signe du triangle noir des asociaux. Les homosexuels furent victimes de traitements particulièrement barbares, comme la castration après un emprisonnement violent et humiliant.
En 1934, Staline s’aligne en procédant à des rafles homosexuelles où chaque individu convaincu de « décadence bourgeoise » est envoyé au goulag. Il fait adopter des dispositions pénales prévoyant l’emprisonnement des homosexuels et il faut attendre 1990 pour que les dernières victimes vivantes soient libérées. En Espagne, le régime franquiste adopte la loi sur la dangerosité sociale et déclare les homos inadaptés sociaux et les interne dans des camps de rééducation pour les remettre dans le droit chemin. Ces camps ne ferment qu’en 1979, quatre ans après la mort du dictateur. En Italie, Mussolini mit en place une politique comparable, et poursuit les homosexuels comme révolutionnaires dangereux et opposants politiques, mais il refusa d’établir une incrimination anti-homosexuelle comme lui avait demandé Hitler.
En France, en 1942, le régime de Vichy introduit dans le Code pénal une discrimination: l’article 331-1 du Code pénal fait un délit de l’acte consistant à avoir des relations homosexuelles avec un mineur (moins de 21 ans), au lieu de 15 ans pour les hétérosexuels. En 1945, les ordonnances du gouvernement du Général De Gaulle confirment cette disposition.
Depuis 1945, les mentalités ont évolué. Selon Freud, l’homosexualité était un trouble (« la perversion du modèle de maturation psychique qu’est le complexe d’Œdipe »); il a cependant souligné qu’il n’y avait pas de honte à avoir et qu’un homosexuel heureux n’est pas sujet à une guérison. En 1973, l’homosexualité en tant que telle est retirée de la liste des maladies DSM-IV de l’American Psychological Association.
De 1962 à 1970, les Etats Unis, le Royaume Uni, l’Allemagne de l’ouest et le Canada décriminalise la sodomie. En France, la loi du 4 août 1982 dépénalise définitivement l’homosexualité. En 1990, l’homosexualité est enfin supprimée de la liste des maladies mentales par l’Organisation mondiale de la santé. Et en 1995, au Canada, la discrimination envers les homosexuels est reconnue comme anticonstitutionnelle.
De nos jours, la situation est moins polémique qu’à l’époque. La communauté psychiatrique et psychologique affirme que l’homosexualité est soit innée – même si la théorie de la présence d’un gène de l’homosexualité est très discutée et reste non prouvée- c’est ce que l’on appelle l’optique essentialiste ou encore optique biologique, soit apparaît très tôt dans la vie (Théories sociales du développement de l’homosexualité), et est immuable.
De nos jours
Le phénomène de l’homosexualité, forme banale de sexualité, est constant et structurel. Les homosexuels forment un groupe minoritaire mais qui n’en est pas moins incompressible, c’est pourquoi ce groupe à le même droit à la liberté et à la visibilité que n’importe quel membre de la société. Cette minorité discriminée et marginalisée fait partie de la société hétérosexuelle : ils appartiennent à toutes les classes sociales, toutes les religions, toutes les races, et toutes les professions.
Les homosexuels font valoir des conduites, des traits et des formes de relation qui vont au-delà des rôles traditionnels dictés par la société. Mais l’homosexualité n’est pas seulement une façon d’être purement intime ni même une orientation sexuelle. Elle représente également une position face à la société et à la vie.
Malheureusement, les homosexuels sont encore trop souvent victimes de discrimination, ( homo phobie), parfois très lourde. L’exclusion due à l’homosexualité, le sentiment de rejet, d’anormalité, la souffrance que cela engendre, est la première cause de suicide chez les jeunes de 15 à 34 ans. Dans Homosexualité et suicide, d’Éric Verdier et Jean-Marie Firdion (H&O éditions, Paris, 2003), un jeune homosexuel aurait entre quatre et sept fois plus de risque d’attenter à sa vie, chiffre à augmenter de 40% pour les jeunes filles.
Le violent rejet de l’homosexualité (ou des homosexuels) vient souvent de l’amalgame entre l’homosexualité et la pédérastie (et, par extension, la pédophilie). Ce qui nous est étranger entraîne crainte et la crainte entraîne un réflexe de protection qui passe par la violence.
Les agressions homophobes sont diverses, elles vont de l’insulte à la barbarie, voire même au meurtre (cf. en France, l’affaire Sébastien Nouchet en 2004 avec immolation criminelle; aux États-Unis, l’affaire Matthew Shepard en 1998 dans le Wyoming avec meurtre et actes de barbarie).
On accuse même « l’homosexuel de détruire le modèle familial », et par raccourci la famille tout court. Voilà pourquoi de nombreuses institutions rejettent toujours le mariage homosexuel et la reconnaissance juridique de l’homoparentalité. De nombreux enfants issus d’adoptions ou de différentes méthodes de procréation assistée, sont pourtant élevés par des couples homosexuels.
Louis-Georges Tin, auteur du Dictionnaire de l’homophobie, a fait du 17 mai la date de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie.
Cette date coïncide avec le 15ème anniversaire de la décision de l’Organisation mondiale de la santé de retirer l’homosexualité de la liste des maladies mentales.
Ce jour-là, et les jours suivants, de nombreuses manifestations sont organisées dans 40 pays « pour mettre l’accent sur les violences qui frappent les lesbiennes, les gay, les bis et les trans, rappelant les avancées obtenues, et celles à obtenir », expliquent les organisateurs.
Cependant la répression étatique de l’homosexualité reste importante dans certains pays. Exemple à Cuba, où à partir de 1961, le régime castriste a persécuté systématiquement les homosexuels des deux sexes et considère encore aujourd’hui l’homosexualité incompatible avec de nombreux emplois de responsabilité. Pour Fidel Castro, une rééducation par le travail (forcé), pourrait être un remède à l’homosexualité. En Amérique du Sud, les persécutions policières sont encore de mise un peu partout, et les homophobes « cassent du pédé » comme le rapportent les colonnes des faits divers. En Iran et dans d’autres pays musulmans, les condamnations pénales et sociales d’homosexuels restent fréquentes (exécutions sommaires, lapidation, coups de fouet…). En Afrique, l’heure n’est pas à la libéralisation des mœurs. Le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, reste célèbre pour sa diatribe anti-homos de 1995: « ils sont pires que les porcs et les chiens ». Au mieux, l’homosexuel africain est exclu socialement, au pire, il est condamné à mort. Seule l’Afrique du Sud se distingue par ses lois constitutionnelles garantissant la liberté pour tous.
Malgré les avancées sociales et juridiques, le discours homophobe en Europe et aux Etats-Unis reste banal dans le monde politique et médiatique. Les débats parlementaires sur le mariage gay ou sur l’adoption sont le théâtre de déclarations contre l’homosexualité. On y retrouve les mêmes accusations que celles faites à l’encontre des juifs pendant la première moitié du XX° siècle : les gays détiennent le pouvoir et l’argent, contrôlent l’opinion publique, sont une menace pour la société, sont réprouvés par la Bible, sont atteints de maladie honteuses, sont tricheurs, menteurs, criminels, lâches, dangereux…
Les homosexuels assistent aujourd’hui à de nombreux délires extrémistes. Aux Etats-Unis, par exemple, l’association chrétienne God Hates Fags multiplie les coups d’éclats abjects. Sur son site Internet on trouve à la une, le compte précis du nombre de jours depuis lequel Matthew Shepard (homosexuel de 21ans battu à mort) « brûle en enfer ». Autre exemple, en décembre 2004, un cheik saoudien, professeur d’université, développe sa propre théorie concernant les raz-de-marée en Asie du Sud : « c’est arrivé à Noël, quand les fornicateurs et les corrompus du monde entier viennent se livrer à la débauche. […] Nous devons combattre la fornication et l’homosexualité ». Et encore pire, les fondamentalistes religieux de tous poils clament publiquement que le sida est « une punition divine » envoyée aux « dépravés sexuels ».
Notons enfin la politique de l’autruche pratiquée par l’armée. De nombreux pays, comme la Grèce ou le Portugal, continuent d’interdire aux homosexuels les professions militaires même si leurs textes de lois ne les condamnent plus.
Aux Etats-Unis, lorsque Bill Clinton accède au pouvoir en 1992, il met en place la doctrine « Don’t ask, don’t tell, don’t pursue » (« Ne pas questionner, ne pas raconter, ne pas poursuivre »), une sorte de loi du silence. Les soldats gays ne sont pas censés parlés de leur sexualité ouvertement, mais ils ne sont plus poursuivis ni expulsés, du moins en théorie. En pratique, les expulsions continuent pour ceux qui font leur coming-out et l’absence de législation officielle les expose aux bizutages et autres persécutions par leurs pairs.
Définitions
Le transsexualisme est la situation dans laquelle une personne a la conviction profonde qu’elle est du genre sexuel opposé à celui qui lui a été anatomiquement assigné à sa naissance.
Un(e) transsexuel(le) ou personne atteinte du Syndrome de Benjamin (du nom du médecin qui étudia le premier de façon sérieuse ce phénomène) est une personne qui a le sentiment profond d’appartenir à l’autre sexe et d’être emprisonnée dans un corps qui n’est pas le sien.
Ces personne souffrent d’un écart entre leur esprit et leur corps (on appelle ça une « dysphorie du genre »). Il arrive qu’elles commencent leur parcours d’exploration et d’acceptation d’elles-mêmes en se travestissant, car cela représente un bon moyen de réduire cet écart. Mais ce n’est qu’une étape car elles n’en restent pas là. Suivent le traitement hormonal et la chirurgie qui sont d’autres moyens beaucoup plus radicaux.
On parle parfois aussi plus globalement de transgenre pour désigner la situation d’un individu dont l’identité sexuelle est en conflit avec celle traditionnellement attribuée aux personnes de même sexe.
Il est important de distinguer les personnes dites « transsexuelles » pour qui le fait de restaurer leur corps (de le mettre en conformité avec le genre auquel elles s’identifient par un traitement hormonal et une intervention chirurgicale) des personnes « transgenre » qui ne ressentent pas ce besoin et dont l’identité de genre est souvent beaucoup plus complexe que celle des personnes transsexuelles.
Un(e) transsexuel(le) est une personne dont l’identité de genre est en opposition radicale avec ce qu’indique ses organes sexuels externes. Cette personne ne peut trouver la paix, elle ne peut accepter l’idée d’habiter un corps auquel elle ne se sent pas appartenir, elle ne peut trouver de place dans la société avant d’avoir remis son corps en conformité avec le genre dans lequel elle s’identifie, d’être en cohérence physique avec son identité de genre. C’est un processus long et pénible, car il n’y a aucune facilité médicale ni administrative et les traitements ainsi que l’opération sont très coûteux.
Le terme « femme transsexuelle » (MTF : male to femele) désigne une personne désignée masculine à la naissance et dont le genre est féminin.
De même un « homme transsexuel » (FTM : female to male) s’identifie comme étant un homme même s’il a le corps d’une femme.
Une fois opérées, une grande proportion de personnes s’identifient alors comme des hommes ou des femmes, sans plus.
Transsexualisme
Histoire et évolution
Depuis le début du XX° siècle, les définitions n’ont cessé d’évoluer. Le terme de transsexualisme date de 1923 mais son diagnostic clinique précis entre dans les classifications internationales seulement en 1980, dans la rubrique des troubles mentaux.
D’une maladie mentale, nous sommes passés à une définition d’un troubles de l’identité sexuelle. Aujourd’hui les transsexuels sont définis comme des hommes ou des femmes existant dans un corps d’homme ou de femme. Les transsexuels n’essaient pas de changer de genre, mais seulement de sexe.
Dans la dixième révision de la classification internationale des troubles mentaux et du comportement (CIM ou ICD-10) de l’Organisation mondiale de la santé, on trouve le transsexualisme sous le point F64 intitulé «Troubles de l’identité sexuelle»,(- qui est bien distinct du point F66 intitulé «Problèmes psychologiques et comportementaux associés au développement sexuel et à l’orientation sexuelle» qui traite du choix sexuel, ou encore du point F65 intitulé «Troubles de la préférence sexuelle» et qui correspond à ce qu’on appelait auparavant les «perversions sexuelles»-) qui définit le transsexualisme de la manière suivante :
«Il s’agit d’un désir de vivre et d’être accepté en tant que personne appartenant au sexe opposé. Ce désir s’accompagne habituellement d’un sentiment de malaise ou d’inadaptation envers son propre sexe anatomique et du souhait de subir une intervention chirurgicale ou un traitement hormonal afin de rendre son corps aussi conforme que possible au sexe désiré.»
Pour faire ce diagnostic, l’identité de type transsexuel doit avoir été présente d’une manière persistante pendant au moins deux ans, ne pas être un symptôme d’un autre trouble mental tel qu’une schizophrénie, et ne pas être associée à une autre anomalie sexuelle génétique ou chromosomique.
Ce trouble de l’identité sexuelle débute le plus souvent dans l’enfance (F64.2) :
«Trouble débutant habituellement dans la première enfance (et toujours bien avant la puberté), caractérisé par un désarroi intense et persistant relatif au sexe assigné, accompagné d’un désir d’appartenir à l’autre sexe (ou d’une affirmation d’en faire partie). L’enfant est préoccupé en permanence par les vêtements et les activités propres au sexe opposé et rejette son propre sexe. Ce trouble, probablement peu fréquent, ne se limite pas à un refus des stéréotypes comportementaux associés à chaque sexe. Il doit exister une perturbation profonde de l’identité sexuelle normale pour porter ce diagnostic ; il ne suffit pas qu’une fille soit simplement un ‘garçon manqué’ ou qu’un garçon soit une ‘fille manquée’».
Le fait de qualifier le transsexualisme comme une maladie mentale est dû aux sociétés patriarcales, qui font des hommes et des femmes deux « classes » totalement séparées.
Heureusement, l’Histoire nous montre que toutes les société n’ont pas abordé la chose de la même manière. Prenons l’exemple des indiens d’Amérique du Nord qui ont des sociétés avec trois ou même quatre genres leur permettant d’intégrer les personnes homosexuelles, transgenres et transsexuelles.
On note également que depuis l’Antiquité, des formes primitives d’opération de réattribution de sexe ont été pratiquées. D’ailleurs, des groupes comme les Hijras du sous-continent Indien continuent à les pratiquer.
Le transsexualisme apparaît donc comme une discordance entre l’identité de genre (-conviction intime d’un être humain d’être de tel ou tel genre-) et l’identité de sexe (-ensemble de caractéristiques anatomiques, physiologiques et génétiques qui font dire que telle personne soit mâle soit femelle, soit hermaphrodite, soit intersexuée plutôt masculine, soit intersexuée plutôt féminine-) d’un individu.
Rôle social et sexe
Théoriquement, et notamment dans les sociétés bipolaires, le sexe biologique définit l’identité de genre et donc le genre lui-même: femme-féminité ; homme-masculinité. Seuls deux sexes-genres sociaux inamovibles et complètement distincts et homme et femme sont définis et affirmés comme étant des entités naturelles, homogènes et exclusives. On nie donc l’existence de personnes intersexuées et transsexuelles.
Ce modèle idéologique du monde imposé dans la plupart des sociétés entraîne un rejet violent des personnes différentes comme les transsexuels car leur naissance n’est pas comprise et les familles se retrouvent démunies quand ces enfants se révèlent à elles.
Malheureusement, il est encore trop courant de tout nier et d’enfermer l’enfant, de gré ou de force, dans un rôle stéréotypé, plutôt que de l’accepter tel qu’il est, de l’écouter, le soutenir, le rassurer sur sa valeur, lui montrer qu’il n’est pas seul au monde dans sa condition, que ce n’est pas une tare et qu’il existe des moyens pour s’assumer et, si besoin est, pour restaurer son corps.
Les personnes transsexuelles ont en effet un besoin impératif de restaurer leurs corps, pour pallier à ce rejet des autres, à un rejet de soi-même.
On note aujourd’hui que dans un cas sur 2500, l’identité de genre d’une personne n’est pas en conformité avec le sexe indiqué par ses organes génitaux internes et externes. Cette opposition avec son sexe biologique peut être si radicale que la personne envisage une opération de ré-attribution de sexe.
Il semble que les personnes non prises en charge soient environ 10 fois plus nombreuses, ce qui représente une personne sur 250.
Ces chiffres sont plus importants et significatifs que ceux autrefois produits par l’hôpital John Hopkins, qui parlait d’une personne transsexuelle pour 30’000.
Mais ils sont cohérents sur plusieurs pays occidentaux et avec la proportion des homosexuels (10-15% de la population) et des personnes intersexuées (environ 1.7% de la population selon Ann Fausto-Sterling).
Personne ne remet en question que le fait de naître avec une identité de genre en opposition radicale avec le sexe indiqué par son corps est une expérience troublante, déroutante et peut se révéler un handicap grave. Mal entouré, rejeté ou incompris, ce handicap mène encore trop souvent au suicide.
Cependant, on voit que depuis l’antiquité, nombre de sociétés ont mis en oeuvre des moyens qui permettent de restaurer le corps des personnes qui en ressentent impérativement le besoin. L’intérêt de cette anecdote réside dans le fait que ces solutions ont été découvertes tant par des sociétés binaires, comme la société indienne, que des sociétés qui ont des systèmes de genre ternaires ou quaternaires comme les sociétés amérindiennes.
Malgré tout, le chemin vers l’adéquation entre l’identité de genre et l’identité de sexe, relève d’un vrai parcours du combattant pour les personnes transsexuelles.
Le parcours du combattant : médecine et administration
Actuellement, tous les spécialistes médicaux s’accordent sur le fait que le transsexuel n’est porteur d’aucune anomalie, phénotypique (qui rend compte des caractéristiques anatomiques et physiologiques d’un individu), génotypique (patrimoine héréditaire de l’individu) ou endocrinienne. De même, ils reconnaissent qu’il n’est ni homosexuel, ni perverti ou encore malade mental.
C’est un être qui a « la conviction inébranlable depuis l’enfance, véritable idée prévalante au sens psychiatrique du terme, d’être psychiquement de l’autre sexe, et demande impérativement un traitement médico-chirurgical susceptible de rendre son aspect physique conforme à son aspect psychique. Il demande également la rectification de son état civil ».
Mais le chemin est long entre le premier jour de démarche et le résultat tant attendu…
Le parcours médical
Tout commence avec le diagnostic du psychiatre qui travaille en étroite collaboration avec un chirurgien et un endocrinologue.
Il doit diagnostiquer son patient comme transsexuel en prenant soin de ne pas confondre avec les perversions ou dysmorphophobies accompagnant certaines psychoses.
On organise par la suite un bilan organique : bilan endocrinien, caryotype, radiographique afin de faire le différentiel avec des états d’inter sexualisme.
Puis, lorsque le trouble de l’identité de genre est confirmé, s’engage le processus de test de la motivation du patient. Il s’agit d’une période minimale de deux ans pendant laquelle la personne transsexuelle est suivie par un psychiatre car un soutien psychologique est souvent nécessaire. En effet, on note dans de nombreux cas, l’apparition d’un état dépressif. La psychothérapie doit permettre à la personne de mieux se connaître et se renforcer psychologiquement.
Après ça, le patient, s’il le souhaite, entame « l’épreuve de la réalité » en se soumettant à un traitement hormonal très lourd qui se décompose en deux phases :
Homme -> Femme | Femme -> Homme |
1/ Six mois de traitement antiandrogène (dévirilisation) 2/ Association d’hormones féminines (féminisation) |
1/ Six mois de traitement progestatif (déféminisation) 2/ Un traitement par testostérone (virilisation) |
Le patient profite de cette phase (qui dure en moyenne un an) pour se renseigner sur les autres démarches à effectuer. A l’issue de cette période, le patient pourra demander une opération chirurgicale de changement de sexe et en bénéficier s’il obtient l’accord de l’équipe de prise en charge (psychiatre, endocrinologue, chirurgien).
La dernière étape médicale est donc l’intervention chirurgicale. Il s’agit d’une intervention de rapprochement sexuel. La transformation la plus techniquement réussie ne permettra jamais au patient d’acquérir la totalité des attributs de l’autre sexe. La chirurgie est génitale, voir esthétique.
Homme -> Femme (en une fois) | Femme -> Homme (en 3 temps minimum) |
1) Castration 2) Vaginoplastie |
1) Mammectomie 2) Hystérectomie 3) Phalloplastie 4) Urétroplastie |
Les conditions de réalisation de ces interventions ont été fixées par le conseil de l’ordre des médecins, les spécialistes du transsexualisme, la sécurité sociale et la jurisprudence.
La prise en charge par la sécurité sociale ne peut avoir lieu qu’après confirmation du diagnostic par trois experts et la certitude de la réalisation des interventions en milieu hospitalier public.
Enfin, un protocole anonyme doit être signé des experts et adressé au Conseil Départemental de l’ordre des Médecins dans le ressort duquel se trouve l’établissement d’hospitalisation.
Mais les praticiens dans les hôpitaux français manquent encore d’expérience et la plupart de ces opérations délicates se déroulent à l’étranger, notamment en Allemagne et en Belgique.
Le parcours administratif
Une fois sortie de l’hôpital, et si on a la chance que l’opération se soit déroulée sans complication, il reste à franchir la barrière administrative. Il s’agit maintenant de changer d’état civil (sexe et prénom).
Depuis 1992, la Cour de Cassation en Assemblée plénière a décidé que :
« lorsqu’à la suite d’un traitement médico-chirurgical subi dans un but thérapeutique, une personne présentant le syndrome de transsexualisme ne possède plus tous les caractères de son sexe d’origine et a pris une apparence physique la rapprochant de l’autre sexe, auquel correspond son comportement social, le principe de respect dû à la vie privée justifie que son état civil indique désormais le sexe dont elle a l’apparence ».
En France, il faut faire une demande au tribunal de grande instance du lieu de résidence. Cette procédure est longue et nécessite une expertise judiciaire par une équipe médicale pluridisciplinaire. Elle peut s’avérer onéreuse pour les patients ne pouvant bénéficier de l’aide juridique.
Une fois l’accord du tribunal décroché, l’identité sexuelle et le prénom peuvent alors être modifiés sur les registres d’état civil et tous les papiers officiels.
Au terme de ce parcours, le transsexuel opéré ayant obtenu le changement de son état civil peut exercer tous les droits attachés à son nouveau sexe.
Enfin, concernant la possibilité de se marier ou d’adopter, elle est réservée à certains pays plus ouverts que d’autres. Il faut attendre une évolution de la jurisprudence dans ces domaines.
C’est pourquoi, constatant qu’en France notamment, il n’y avait pas de structure s’interrogeant sur la question de l’identité du genre, est née une association en 1995 du nom de « CARITIG ». Cette organisation a été créé pour répondre à la nécessité de faire connaître la diversité de l’identité du genre et pour soutenir toutes les personnes concernées ainsi que leur famille. Aujourd’hui, elle les conseille sur les démarches à entreprendre, tant au plan médical que juridique. C’est également une source d’informations auprès des professionnels, elle cherche à responsabiliser les individus.
Bisexualité
Définitions
La bisexualité se définit comme une attirance sexuelle, simultanée ou alternative, pour des personnes des deux sexes. Elle se caractérisée par l’amour romantique en contraste avec l’homosexualité, l’hétérosexualité, et l’asexualité.
Autrefois l’homosexualité masculine était appelée uranisme. On utilisait également le terme pédérastie, l’homosexualité masculine désignait l’attirance d’hommes envers les adolescents mâles, ce qui entraîna une confusion qui conduisit à voir ce mot désigner l’attirance entre les hommes d’âges semblables. En ce qui concerne les relations avec des enfants, cet amalgame s’est poursuivi si bien que les homosexuels sont parfois soupçonnés, à tort, de pédophilie. Or, la sexologie moderne est catégorique : on ne retrouve pas chez les homosexuels masculins une tendance particulière à la pédophilie, par comparaison avec les hommes hétérosexuels.
Les bisexuels se définissent par opposition aux catégories d’homosexuel et d’hétérosexuel, qu’ils ressentent comme trop restreintes. Il y a un rejet des deux orientations reconnues par la société. Ils se définissent comme des gens pouvant tomber amoureux, se sentir attirés ou avoir des relations sexuelles avec des personnes des deux sexes. Ainsi, sentiments, désirs et conduites sont des conditions nécessaires et suffisantes pour se considérer comme bisexuel.
Les bisexuels ont donc des relations simultanés ou alternatives avec des partenaires de n’importe quel sexe et pratiquent la monogamie en série avec des partenaires de l’un ou l’autre sexe. Ils peuvent également avoir des relations avec des partenaires d’un seul sexe ou pratiquer la chasteté. La bisexualité ne se réfère pas nécessairement au comportement mais aussi aux désirs et au concept de soi.
Freud, dans ‘Psychogenèse d’un cas d’homosexualité féminine’, a postulé « une bisexualité originelle dans tout individu humain ». Selon lui, notre libido oscille toute notre vie entre l’objet masculin et féminin. Mais pour lui cette « bisexualité originelle » ne subsiste pas dans l’âge adulte. Il explique dans Trois essais sur la théorie de la sexualité : «pour la psychanalyse, le manque de toute relation de dépendance entre le sexe de l’individu et son choix d’objet, et la possibilité d’orienter ce dernier indifféremment vers des objets masculins ou féminins, semblent constituer l’attitude primaire et originelle, à partir de laquelle se développe ensuite le type sexuel normal ou inverti, par l’action de diverses restrictions et selon le sens de ces derniers ». Ainsi si à l’origine tout le monde est bisexuel, tout le monde ne le reste pas et les deux orientations possibles sont normalement incompatibles entre elles. Cependant, il déclare dans Analyse terminé et analyse interminable qu’il y a eu et qu’il y a « des personnes qui peuvent prendre comme objets sexuels des membres de leur propre sexe aussi bien que de l’autre. Nous disons de ces personnes qu’elles sont bisexuelles, et acceptons leur existence sans trop nous en étonner ».
Il faut distinguer deux phénomènes différents dans la bisexualité. Il y a la bisexualité successive, qui s’applique aux individus qui ont changé d’orientation une ou plusieurs fois dans leur vie et ayant des relations successives avec des hommes et des femmes à différentes époques. Puis il y a la bisexualité simultanée, qui s’applique à un individu qui entretient des rapports avec les deux sexes en même temps.
Certains définissent la bisexualité comme une phase de transition entre hétérosexualité et homosexualité, ou vice versa. Mais pour Marina Castañeda, psychothérapeute mexicaine, « une telle interprétation ne prend pas en compte l’expérience des gens qui transitent dans un sens puis dans l’autre, une ou plusieurs fois. Elle n’explique pas l’expérience des personnes qui restent bisexuelles pendant des années ou une vie entière ».
Terminologie
Bisexualité est un mot formé sur le modèle de homosexualité et hétérosexualité.
On trouve également plusieurs néologismes comme pansexuel, omnisexuel et pomosexuel (« post-moderne » – sexuel) qui se réfèrent aux gens qui sont attirés par les deux sexes. Ils se réfèrent à l’attraction à tout, « omni », et sont utilisés par les individus qui souhaitent exprimer leur acceptation et leur compréhension de toutes possibilités de genre.
Autre néologisme qui est à la fois un jeu de mots sur « bisexuel » et l’anglais to try « essayer » : trysexual (parfois « trisexuel»). Il se veut être un terme amusant pour désigner une personne qui essaiera au moins une fois toute expérience sexuelle.
On qualifiera de « monosexuels » (attirés par seulement un sexe) ou asexuels (attirés par aucun sexe) les individus qui ne sont pas bisexuels.
Notons enfin l’existence du terme biphobie qui est défini comme une tendance à refuser au bisexuel le sentiment amoureux pour un unique individu, même s’il revendique son attirance pour les deux sexes et qu’il choisit de vivre avec une seule personne
Histoire
La bisexualité a une histoire universelle. Dans la plupart des sociétés connues, les individus ont montré des degrés variables de bisexualité.
En Grèce ancienne les hommes avaient des pratiques sexuelles avec des personnes du même sexe, tout en ayant des épouses. La Rome antique, les pays arabes, la Chine et le Japon, affichent des modèles de comportement bisexuel. L’exemple le plus célèbre et militariste est celui d’Alexandre le Grand connues pour ses conquêtes féminines, mais aussi pour sa relation sexuelle avec son ami proche Héphaestion. Il est une des premières grandes personnalités bisexuelles du monde occidental. Il en va de même pour la plupart des empereurs, qu’ils soient romains, japonais shoguns, ou chinois. Un pamphlet romain qualifia Jules César de « mari de toutes les femmes, et épouse de tous les hommes ». Néron, empereur romain est aussi connu pour ses orgies et sa débauche aussi bien avec des hommes que des femmes. Il tombe amoureux de Sporus, son esclave, qu’il amène dans son palais, qu’il fait castrer et habiller en femme et qu’il épouse. On peut encore citer Richard Cœur de Lion, Philippe Auguste, Henri IV, Jacques 1er, Pierre le Grand, Tibère, Caligula, Hadrien… La bisexualité n’a donc ni de lieu ni d’époque.
Dans l’ancienne Sparte on tolérait les relations de même sexe parmi les soldats tant que ces derniers avaient aussi des femmes et des enfants. On pensait que les relations physiques entre le plus vieux et plus jeune soldats serait bénéfique en cas de guerre car cela renforcerait la loyauté au combat et encourageraient les comportements héroïques car chacun rivaliserait pour impressionner ses amants.
Dans le monde arabe moderne, malgré les prohibitions contre le comportement homosexuel, les relations entre hommes sont très fréquentes. Le comportement bisexuel est admis sous condition que les hommes remplissent leur devoir d’époux et de père. Mais cette tendance est tenue secrète et une déclaration ouverte qui révélerait une préférence homosexuelle serait inacceptable et passible de peine de mort.
Etre bisexuel(le) aujourd’hui
Certaines études d’Alfred Kinsey, notamment le Comportement sexuel du mâle humain (1948) et le Comportement sexuel de la femelle humaine (1953), ont prouvé que dans la majorité des gens se trouve un fond de bisexualité. C’est à dire que la plupart des gens sont attirés par les deux sexes, même si en temps normal un sexe est préféré. Selon Kinsey,. une plus petite minorité (moins de 5% de la population) peut être considérée comme véritablement bisexuelle.
Il existe une idée reçue qui dit que tous ceux qui s’identifient comme bisexuel(le) sont en réalité des homosexuels ayant peur d’admettre leur différence. Cette idée fausse donne une raison à l’existence d’un des adages de la culture gay : «Bi maintenant, gay plus tard ».
Etre bisexuel(le) n’est pas aisé de nos jours, car la personne ne se sent véritablement à sa place ni dans le monde hétérosexuel, ni dans la communauté gay. Ils sont considérés comme lâches par les homosexuels qui estiment que les bi ne s’acceptent pas et fuient leur nature, et comme « pervers » par les hétérosexuels qui ne voient en eux que des sujets avides d’expériences sexuels de toutes sortes, des gens instables qui ne savent pas choisir. Les bisexuels montrent qu’on ne peut pas mettre toujours tout dans une case bien définie.
Non seulement les personnes bisexuelles peuvent être la cible d’homophobie, mais elles doivent en plus combattre la biphobie (néologisme défendant l’idée que les gens entrent soit dans la case « homosexualité », soit dans celle d’«hétérosexualité » et regroupant toutes désapprobations de la bisexualité).
Aussi, ils ont tendance à rester invisibles et tentent au possible de ne pas attirer de l’attention des sociétés homosexuelles et hétérosexuelles. Au même titre que la communauté gay, une communauté bisexuelle s’est formée avec ses propres mouvements.
Michael Page a créé le drapeau de la fierté bisexuelle comme symbole de rassemblement de cette communauté. Ce drapeau a une raie rose ou rouge en haut qui représente l’univers homosexuel, une raie bleue en bas pour le monde hétérosexuel et violette au milieu pour représenter la bisexualité, puisque la combinaison du rouge et du bleu donne du violet.
Les Extravagants
Dans la catégorie des extravagants, on trouve les Drag Queen et Drag King, les adeptes du sado-masochisme et les travestis. Ces personnes ont longtemps été jugés indésirables dans les gaypride par les homosexuels eux-mêmes qui estimaient qu’ils donnaient une image négative de la communauté et que s’afficher de la sorte ne jouait pas en faveur de l’intégration. Aujourd’hui, ils continuent pourtant de défiler aux côtés des homos qui acceptent leur présence et leur différence sans pour autant les inclure dans leur « communauté ».
Les Sado-masochistes prônent les pratiques sexuelles basées sur la domination et la soumission physique et/ou psychologique, sur l’usage de la douleur et/ou de la privation sensorielle, consentie, négociée et éventuellement théâtralisée.
Les Drag King sont des « Personnes de sexe biologique féminin qui se transforment et déclinent leur genre au masculin » (E. Lebovici – Dico des Cultures Gays et Lesbiennes – D. Eribon).
De même, les Drag Queen sont des « personnes de sexe biologiquement masculin qui se transforment et déclinent leur genre au féminin ». Ceci sous l’angle de la réalisation d’un fantasme.
Les travestis sont des personnes qui s’habillent comme s’habilleraient une personne de sexe opposée dans sa société.
Un travesti est un homme qui s’habille (et se maquille, se coiffe) en femme, et qui imite ses comportements, le tout lui procurant un certain plaisir. A ne pas confondre avec un transsexuel.
Attention, il y a une différence entre Drag Queen/King et travesti. Une Drag Queen est physiquement une femme exacerbée poussée à l’extrême jusqu’à la caricature. Les chaussures sont plus hautes, le maquillage est plus prononcé, on ne sort que le soir pour aller faire la fête.
Par contre, chez un travesti il y a une notion pathologique, moins festive, le travesti souhaite être une femme, porte en permanence des vêtements féminins, aussi bien chez lui qu’en ville en pleine journée. Les drags Queens font la part des choses entre les 2. La nuit, c’est la night et la journée, ce sont des personnes comme les autres qui se confondent dans la masse.
Revendications
Le pouvoir des associations : s’organiser pour gagner.
Les associations homosexuelles ont permis à la communauté de s’unir pour remporter des batailles. Aux Etats-Unis par exemple, la National Gay et Lesbian Task Force est créée en 1973 pour se battre afin de supprimer l’homosexualité des maladies mentales rédigée par l’American Psychiatric Association. Ce collectif a lutté pour la protection des fonctionnaires gay, la prise en compte du parti démocrate de la cause gay dans ses programmes… Tous les ans, la Task Force organise des Leadership Awards, qui récompensent une personnalité gay-friendly (Rosie O-Donnell, Nelson Mandela, Ted Kennedy… ont reçu ce prix).
D’autres associations locales, nationales ou internationales se battent tout autour du monde, certaines prenant des risques lorsqu’elles agissent dans des pays où l’homosexualité est encore réprimée.
Mais grâce à elles, de grands progrès ont vu le jour.
En 1967, le Royaume-Uni réforme le Sexual Offences Act et supprime l’homosexualité des délits sexuels. L’année suivante, c’est l’Allemagne (alors RFA) modifie le paragraphe 175 du code pénal qui punissait de prison les relations entre personnes du même sexe.
En 1933, l’Organisation mondiale de la santé de la santé supprime l’homosexualité des maladies mentales.
En 1982, en France, François Mitterrand légalise l’homosexualité dès son arrivée au pouvoir, comme il l’avait promis.
En 1989, le Danemark est le premier pays à reconnaître légalement les couples homosexuels et à leur donner des droits. La Suède et la Norvège suivront les années suivantes. Fin 2004, la Finlande, la France, l’Allemagne, la Suisse, l’Islande et le Canada sont des pays où une forme d’union est prévue pour les couples de même sexe.
Dès le 1er janvier 1998, les Pays-Bas ont institué le mariage homo. La Belgique a suivi ses voisins en 2002. Au Canada, des mariages sont célébrés dans 6 provinces et un amendement fédéral est en cours pour autoriser le mariage homo dans tout le pays. Depuis novembre 2003, aux Etats-Unis, le mariage homo est institué au Massachusetts, San Francisco, Portland, New Paltz.
Depuis 2001, il est possible pour les couples homo d’adopter un enfant aux Pays-Bas. En 2002, la Suède a suivi le mouvement ainsi que les provinces de Terre-Neuve et du Labrador au Canada.
Au Danemark, l’adoption homoparentale est possible lorsqu’une personne cherche à adopter l’enfant biologique de son conjoint de même sexe.
L’Espagne et l’Angleterre ont également des règles souples concernant l’adoption par les couples homo. Aux Etats-Unis, le New Jersey et le Vermont autorisent l’adoption par deux personnes du même sexe, et sept Etats (dont la Californie) admettent l’adoption dans le même cas que pour le Danemark. Ailleurs, cela reste strictement interdit (comme en Floride) ou jugé au cas par cas au tribunal.
Revendications
Egalité pour tous
La Gay Pride permet de définir et défendre, les revendications de la communauté et de planifier les actions à mener pour les associations.
Cette manifestation symbolise:
-la lutte contre toutes formes d’homophobie, des plus insidieuses aux plus institutionnalisées
-la promotion de lois anti-discriminatoire pour une réelle égalité de droit et de traitement entre homosexuels et hétérosexuels (refus de mutation ou de rapprochement de coinjoint, impossibilité de prendre ses vacances en même temps que son/sa compagnon/gne; inégalités dans l’octroi des avantages pour les couples dans les comités d’entreprises)
-la revendication d’un contrat d’union sociale (PACS) et du droit au mariage gay ( cf CGL de Paris, Act-Up, Aides), pour une véritable reconnaissance juridique et sociale du couple homosexuel en vu d’une égalisation des droits et devoirs pour tous les couples (foyer fiscal, droits successoraux,etc…)
-la lutte contre les refus de recrutement, de promotion, et les licenciements en raison de l’homosexualité
-la lutte contre la division des salariés (insultes, menaces, chantage ou harcèlements) et pour davantage de solidarité
-la lutte contre la marginalisation, l’exclusion et les discriminations à l’égard de certains jeunes ou de certains enseignants (l’homophobie étant ici le fait d’un amalgame injustifié entre homosexualité et pédophilie)
-la promotion d’une éducation sexuelle plurielle de l’école au lycée (intégrant à égalité l’hétéro-homo-et bi sexualité)
-la lutte pour une visibilité croissante (et sans « danger ») des gais, lesbiennes et bisexuel,le,s ;droit à la dignité de la personne homosexuelle (présentation de modèles positifs d’homosexualités) , droit à la parentalité homosexuelle ( reconnaissance de l’autorité parentale, et du parent social)
-le droit à l’adoption pour les couples homosexuels
-le droit à la mémoire homosexuelle, création de centres spécifiques
-le droit au financement des pouvoirs publics pour les associations de lutte contre l’homophobie
-l’extension des lois Gayssot contre l’incitation à la haine raciale, à l’incitation à la haine homophobe: afin nul ne puisse brandir dans la rue sans encourir de poursuites judiciaires « les pédés au bûcher ». Si l’individu homosexuel peut porter plainte en cas d’insulte à son encontre, le groupe ou la communauté homosexuelle ne le peut pas…
-le droit d’asile pour les personnes étrangères victimes d’agressions homophobes portant atteinte à leur vie, vivant dans des pays criminalisant encore l’homosexualité…
-la valorisation d’un environnement culturel favorisant la reconnaissance, la visibilité et l’épanouissement des modes de vie des gais, des lesbiennes, des transexuel(le)s et des bisexuel(le)s,
-la lutte contre toute exclusion ou discrimination sociale, professionnelle, ou de tout autre nature qui sont fondées sur l’orientation amoureuse, ou les pratiques sexuelles
-prévention sans relâche contre le sida et soutien aux malades et séropositifs…
-la promotion d’une éducation à la citoyenneté intégrant les questions du rejet homophobe, ainsi qu’une éducation culturelle n’occultant plus les sujets ou passages ayant trait à l’homosexualité.
(Source : le collectif HomoEdu)
Vers l’évolution des mentalités
Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen du 26 août 1789 :
– Article premier : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits »
En 2006, on note que cet article n’est toujours pas appliqué à la lettre dans notre beau pays qu’est la France. Notre monde pratique encore la discrimination raciale, sociale et maintenant le phénomène comprend l’orientation sexuelle.
Il a toujours fallu se battre, que ceux soient les noirs pour sortir de l’esclavage ou encore la femme pour être l’égale de l’homme. Et aujourd’hui, la communauté LGBT doit se battre simplement pour que chacun soit considéré comme un être capable de sentiments, et pourtant interdit de mariage ou d’adoption.
Rappelons-nous aussi la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (assemblée composée de syndicats, d’associations de défense des droits de l’homme et d’hommes d’églises) qui a demandé le retrait du projet de loi sur l’homophobie à la majorité de 26 voix contre 17. Le texte de loi, alignait la pénalisation des propos homophobes sur les propos racistes. Et bien, la CNCDH avait souligné qu’elle « souhaitait maintenir l’universalité des droits de l’Homme et non pas le traitement par catégories » de personnes. Or, pour elle, le texte « ne respectait pas la liberté de la presse et de l’opinion ».
Il y a quand même de quoi crier au scandale comme le disait Alain Piriou, porte parole du principal mouvement homosexuel qui regroupe 63 associations. Quand on sait qu’en « l’an 2000, la CNCDH avait estimé que les dispositions réprimant les propos racistes n’étaient pas attentatoires à la liberté d’expression. Quatre ans plus tard, l’injure, la diffamation et la provocation à la haine homophobe relèvent de la liberté d’expression. C’est scandaleux ! ».
En résumé, la CNCDH, en demandant le retrait du projet de loi contre les propos sexistes ou homophobes, avance des arguments qui ignorent délibérément les dispositions actuelles de la loi française et des textes européens, et nient la réalité des violences et de la haine qui sont le quotidien de milliers de personnes en France.
Toujours est-il, qu’en mai 2006, une personne issue de la communauté LGBT est victime de discrimination, et ne peut ni se marier, ni adopter d’enfant. Cela est aussi ridicule que d’interdire à un noir de se marier ou d’avoir des enfants sous prétexte que sa couleur est différente ! En quoi une orientation sexuelle différente de la « norme » imposée par la société, fait de la personne quelqu’un d’exclu et privé de certains droits élémentaires ??
La Gay Pride de 2005 avait déjà pour principale revendication une loi pour le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels, et il ne faut pas s’attendre à ce que celle de 2006 ne reprenne pas ces mêmes revendications.
Il est temps que les sociétés et les mentalités évoluent, qu’elles arrêtent de craindre ce qu’elles n’acceptent pas ou comprennent pas, et qu’elles les pénalisent en les privant de droits élémentaires.
Malgré les progrès de ces dernières années, il reste encore beaucoup à faire, et les associations de défense de la communauté LGBT ne sont pas prêtes de baisser les bras.
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La Gay Pride entre subversion et banalisation http://eps.revues.org/3727
Gay Pride in France, Forms of Recognition and Appropriation
Depuis l’émeute de Stonewall en 1969, la Gay Pride s’est banalisée jusqu’à faire partie intégrante du calendrier festif annuel des métropoles nord-américaines ou européennes. De manifestation confidentielle faisant figure de coming out collectif mettant en cause la domination hétérosexuelle et le statut de minoritaire dans lequel elle enferme les gays, les lesbiennes, les trans- ou les bisexuel(le)s, elle est devenue une fête urbaine qui draine des participants tant hétérosexuels qu’homosexuels aux profils et aux motivations très différents. En France, la marche s’est progressivement institutionnalisée, modifiant profondément le sens et la forme de l’événement. Après s’être arrêté sur les origines de la Gay Pride et la façon dont elle s’est diffusée, cet article s’attachera à décrire les formes de reconnaissance et d’appropriation qu’elle permet, mettant ainsi en évidence la porosité des oppositions qui la structurent notamment en termes de visibilité et d’invisibilité.
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HEXAGONE GAY
http://www.hexagonegay.com/Gaypride1994.html
1994
LESBIAN & GAY PRIDE 1994 A MARSEILLE : A Marseille, plusieurs associations avaient organisé dès juin 1993 une semaine de manifestations gay dans le quartier du Cours Julien. David et Jonathan, l’association lesbienne le CEL (Centre Evolutif Lilith), le groupe gay de Aides, Mémoire des Sexualités décident d’unir leurs forces et de se coordonner au sein du Collectif Gay et Lesbien Marseille Provence. Ce collectif va être à l’origine de la première gay Pride de la ville en juin 1994. Elle va attirer 400 personnes.
LESBIAN & GAY PRIDE 1994 A RENNES :
A Rennes, c’est l’association « Femmes entre elles » (FEE) qui est à l’origine de cette première manifestation qui a réuni 300 personnes. Un collectif « Lesbian & Gay Pride de Rennes » est créé, il va organiser désormais une marche chaque année dans la capitale bretonne. Il est à noter que pour la première fois, et avant Paris, on parle désormais de « Lesbian & Gay Pride » et non plus seulement de « Gay Pride ». Cette appellation sera adoptée et déposée par Paris en 1995.
FEE va mobiliser autour d’elle d’autres associations bretonnes homosexuelles et non homosexuelles comme David & Jonathan, Aides Bretagne, A Tire d’Elles, Ad Hoc, Art Culture et Sida, Station Vidéo.
Deux jours avant la marche, les 16 et 17 juin 1994, plusieurs événements seront organisés à Rennes : des projections vidéo de films gay avec Station Vidéo et des débats.
GAY PRIDE 1994 EN PROVINCE :
La province se réveille enfin. Une manifestation gay est organisée à Tours pour protester contre l’homophobie du maire de l’époque, Jean Royer. Mais c’est à Rennes et Marseille qu’ont lieu les premières Gay Pride de province. Dans ces deux villes, contrairement à Tours, les maires ont toujours été ouverts en direction de la communauté homo. A Marseille, le CGL (Centre Gay et Lesbien) attire 400 personnes à son défilé.
GAY PRIDE PARIS 1994 :
Cette année, le collectif gay pride a accordé beaucoup plus d’importance à la communication, par des communiqués de presse, le tirage à 10 000 exemplaires d’un programme d’une cinquantaine de pages. Un meilleur équilibre a aussi été trouvé entre l’aspect festif, qui attire les jeunes, et l’aspect militant qui est la raison d’exister de toute marche des fiertés. Le résultat sera à la hauteur : Paris rassemble trois fois plus de manifestants que l’année précédente soit 30 000 personnes. Cette année 1993 marque donc un tournant important pour la marche parisienne car désormais elle ne va pas cesser de se développer et doubler chaque année le score de l’année précédente. D’autres événements vont compléter cette année la gay pride parisienne du 10 au 19 juin :
Un picnic sur le quai de la Tournelle, des grandes soirées festives au « Palace », au « Bar », au « Banana Café », à « l’Entracte », au « El Scandalo », au « Subway », à « la Champmeslé », un festival de films gay et lesbiens mais aussi des débats au Centre Gai et Lesbien qui vient d’inaugurer ses nouveaux locaux au 3 rue Keller.
La nuit de cloture de la marche 94 se déroule à la Mutualité.
Pour la première fois, les médias nationaux et en particulier les chaines nationales de télévision vont rendre compte de l’événement. La gay Pride aura droit à un reportage dans le 20 heures.