LE GLH de Marseille
De 1977 à 1985
Une histoire succincte de cette épique époque
Par un rédacteur anonyme
(Ecrit sur papier à en-tête de l’Université de Provence Aix-Marseille destiné aux examens)
En marge sont inscrits les noms de Jacques, Arthur, Michel, Bibi, Léon
Mai 1977 : dépôt des associations CORPS et GLH Film
Juillet 1977 : premier camp gai de Montaigu de Quercy (délégation à 5 du GLH Marseille)
Octobre 1977 : ouverture du 1er local rue de La Palud
Janvier 1978 : 1er débat-bal salle Mazenod
Mai 1978 : délégation à 5 (le trésorier, madame de, Bibi, Léon, Marco) à l’Incontro -Convengno del Omosessaule à Bologne ; discours : salut des Camarades Français aux Camarades Italiens par Léon
Juin 1978 : 1er Festival de Films au Breteuil
Juillet : 2ème Camp Gai du Mazel ; participation nombreuse du GLH de Marseille
Décembre 1978 : rencontre de Lyon, 1ère grande Coordination du Mouvement : on propose des Gai Center et l’UEH
Juillet 1979 : 1ère UEH, création du CUARH, du CHEN et du Gred
Septembre 1979 : 1ère Fête de la Rose ; François Mitterrand serre la main à Jacques
Mai 1981 : création de la BG (Boulangerie Gaie) ; Arcadie disparaît
Juillet 1981 : 2ème UEH
Septembre 1981 : création de la 1ère émission homo « Come out sur Radio 13 ; disparaît au bout de 3 mois par suite de la disparition de l’émetteur
Septembre 1982 : création de Dérive nocturne sur Radio Soleil
Juillet 1983 : 3ème UEH
Avril 1984 : fin du septennat : président et secrétaire ; élection de François-Claude (Gianoni) Juillet 1985 : 4ème UEH
La Protohistoire
Avant, il y a bien longtemps…
Les homosexuels s’envoient en l’air sans savoir qu’ils ont droit à la différence (il y en a même qui ne savent pas qu’ils sont différents et minoritaires)
Des groupuscules homos sans intérêt naissent prolifèrent et meurent en divers points du globe et de l’hexagone
Mais à Marseille, le GLH dort dans les limbes, dans la situation de l’enfant dont le papa n’a pas encore proposé à la maman de venir boire un dernier verre chez lui en camarade.
1976-1977 : la Préhistoire
Des protozoaires appelés cercles de sexualité (rien à voir avec la sexualité en cercles) apparaissent
Dans la soupe chaude des groupuscules politiques marseillais.
En avril 1977, ils commencent à s’agglomérer et nait le 24 avril 1977 (*) le GLH de Marseille
En marge : mon premier amant, Arthur (Jean Rossignol) me saute dessus !
(*) Suivant une autre version, il ne serait pas né le 24 avril 1977, jour de mon arrivée, mais deux semaines avant. Pendant cette période trouble de 2 semaines (avant mon arrivée) il aurait eu le temps après un dur débat de se proclamer Mixte ce qui aurait eu comme résultat de faire partir un garçon et toures (2) les filles
Le Groupe de Libération homosexuel (ou Groupe de libération homosexuelle car on a jamais su si c’était le groupe qui était homosexuel ou la libération)
L’âge des Cavernes avril 1977-Octobre 1977 (des groupuscules au groupuscule)
Ils sont 5 puis 7 frileusement serrés les uns contre les autres dans une arrière-salle d’un petit journal baba et/ou marginal : « La Criée » (dont l’activité essentielle est de diffuser l’idéologie du célèbre Compost de Brousaille)
Ils ne savent pas encore qu’ils seront Mère Fondatrice car l’Immaculée Conception n’a pas eu lieu.
C’est une époque de profonde introspection
Mai 1977 : Le groupe décide de s’extravertir
Déclaration officielle de l’association CORPS (Centre Ouvert de Recherche Populaire sur la Sexualité) et de GLH Film
C’est Jacques (Fortin) le premier qui recevra l’illumination vers l’époque de la Pentecôte : Il n’y a pas de bons et de mauvais homosexuels (il y a même des homosexuelles)
(Dans l’idéologie officielle et dominante, il y avait les bons homosexuels militants révolutionnaires er les mauvais qui se baisaient les uns les autres et qui y prenaient plaisir les salauds, au lieu de militer)
Il faut donc lutter pour tous, et pour cela on va ouvrir un Gay-Center (c’est l’époque des Garden-center, auto-center, hypo et hyper-center)
En marge : Mon amant Arthur me trompe pour la première fois, puis une 2ème avec une femme. Grave problème dans mes convictions idéologiques. La bisexualité est-elle tolérable ?
Octobre 1977
Après un été calme (une délégation de 5 d’entre nous monte en juillet au premier Camp Gay : Montaigu en Quercy, 50 hollandais, 20 parisiens ! on tient 48h et on se sauve)
En marge : Arthur me trompe 5 fois avec 7 hollandais (il a partouzé 48h)
un peu caché derrière le sigle CORPS, le GROUPE de LIBERATION des homosexuels, loue son 1er local Rue de la Palud (3ème sans ascenseur, sis dessus un restaurant noir-africain)
Ils sont 12 alors puis 15 au moins
En marge : Mon premier accueil : un vieux monsieur bavant qui me dit « c’est bien d’avoir réouvert une maison », j’apprends qu’avant il y avait un bordel de garçons dans cette rue
Le GLH de Marseille dans ce haut lieu de réflexion développe son idéologie (voir plus haut St Jacques), sa stratégie (militer sans faire chier) ((jugé obscur par les autres GLH)
En marge : Arthur me trousse dans les recoins du local
Ses activités :
*De rencontre et de discussion (Commission vie)
*De réflexion : c’est l’époque de la célèbre Commission vieillissement créée face à un début de groupe jeunes (déjà !) En marge : animé par Arthur l’ordure
Et dont les travaux scientifiques maintenant universellement connus ont prouvé qu’à partir d’un certain âge : on ne monte plus les escalier 4 à 4, on ne baise plus 4 par 4 ni 4 fois de suite, on n’avale plus d’un coup 4 douzaines d’escargots, ni 4 chopes de bières et que c’est comme ça et qu’on n’y peut rien et que c’est bien triste !
Les Personnages
De cette époque héroïque fertile en grands personnages, quelques figures ont survécu jusqu’à nos époques er qu’on peut appeler Mères fondatrices : La présidente, La secrétaire (trésorière, balayeuse, laveuse de vaisselle et tellement triste parce que son amant la trompe tout le temps), La Léone et La Bibi (La Lione était de la famille de Montrotsky et la Bibi des Capustaline et pourtant l’amour fut plus fort), Georges des Nouvelles galeries dit Georgia qui beaucoup plus tard après son changement de sexe essaiera de se faire appeler Flavien, Son Altesse Pierre, Philippe le bel, Mademoiselle Paulette de Drumetaz dit le petit ramoneur de Savoie, ce qui est marrant quand on sait que…, Madame de Cabriès qui aujourd’hui a abandonné son fief et qu’on ne peut plus appeler que Madame de et Gogo dit Gogo, et Tatie Jean-Luc dont les voilettes ne cachaient jamais entièrement les poils sous le nez et dont les … décoraient toujours les poils des jambes. , et tant d’autres de cette époque obscure et glorieuse où il y avait encore de vrais hommes pour nous faire vibrer alors qu’aujourd’hui on ne peut plus compter sur soi-même.
Le temps de la Répression
La police enquête sur notre association. La Présidente et la Secrétaire sont l’objet de persécution : coups de téléphone incessants et matinaux pour toutes sortes de questions indiscrètes de la part de l’inspecteur chargé du rapport dit de Moralité demandé par le Procureur. L’Inspecteur et son second (un … !) débarquent au local, et décide de noter tous les graffitis rédigés sur les murs (depuis « grosse bite cherche gros cul » jusqu’à « demain on nettoie, amenez vos balais » signé Tatie Jean-Luc). Le second notait rapidement tout, pressé de partir on ne sait pourquoi pendant que la Présidente l’observait langoureusement. Cette persécution de la police (comme d’autres tentatives) cessa lorsque la présidente développa sa nouvelle force de dissuasion (non pas ses regards langoureux !) qui peut se résumer dans cette phrase : « Si c’est comme ça, je convoque les journalistes et je fais une conférence de presse).
78-80 Le GLH en croissance
En 78 le GLH développe ses activités internes et externes
Janvier 1978, débat-bal à la Salle Mazenod ; 1ère sortie officielle marquée par une bataille épique et idéologique contre Mouvance Folle Lesbienne d’Aix
1ère apparition de la 1ère mouture du 1er projet de Groupe lesbienne
1er débat sur la Mixité (le GLH sera-t-il mixte sans fille ou non mixte avec des filles)
Puis Festival de films au Breteuil (on est sauvagement verbalement agressé par des cacous du Bowling d’en face, mais la situation est retournée – je crois que certaines copines sont reparties avec un petit coucou chacune -)
Décembre 1978 rencontre de Lyon
180 folles, 30 mouvements représentés
Le GLH de Marseille avec 2 idées, le Gay Center et l’UEH (idée de Jacques après une nuit d’insomnie, c’est l’époque des universités d’été, giscardienne, occitane, des bouchers- charcutiers, etc.)
En marge : Arthur ne me trompe plus j’ai rompu (il a rompu au début de l’année)
Pour impressionner les opposants et prouver leur homosexualité militante, Madame de et la Présidente apparaissent en Soirée en Grande robe (création Tatie Jean-Luc) devant les parisiennes folles de jalousie qui n’avaient même pas prévu un petit quelque chose de féminin à se mettre
Apparition avec le GLH de Marseille du premier maghrébin homo : grande surprise – on prétendait qu’il n’y en avait pas – que c’était juste des niqueurs (texte officiel de Mouvance Folle Lesbienne) et bon y en a ! (même que je trouve aujourd’hui qu’il y en a trop)
1979 1ère UEH
La France et l’étranger découvre Marseille
Paris-Match photographie Madame de au grand Bal
Manifestation devant le Palais de Justice (*) : le Provençal titre « Homosexuels : la Longue Marche (1/2 page) ; 30 homos devant le Palais de Justice mais au moins 300 curieux
Une phrase me frappe, dans la foule un monsieur de 50 ans « Il vaut mieux 2 homosexuels qui s’aiment que moi, ma femme et mes 6 enfants qui nous haïssons »
1979 Fête de la Rose
Notre 1ère Fête de la Rose : le stand du GLH est placé dans le Palais des Congrès avec les stands culturels – Mitterrand va venir saluer les stands – va-t-il nous saluer ? La délégation Mitterrand encadrée par Defferre et Pezet s’approche. Il est au stand des femmes juste à côté, l’émotion est à son comble. Ils vont nous passer, c’est sûr ! Non ils s’approchent. Je me cache derrière le stand, seule La Présidente et Nounours ont le courage de rester, Mitterrand s’approche, regarde les slogans, tend la main, La présidente la lui serre, puis Nounours. Après mains de Defferre et Pezet. Il est déjà en train de s’éloigner. Il se tourne vers Gaston et lui dit « C’est bien ce que vous avez fait là ! ». Nounours est là planté, la main encore levée et déclare : « « je ne la laverai pas pendant 15 jours ». (La présidente alors trotskyste m’obligera pour se venger à serrer la main de Krivine quelque temps plus tard)
1980 l’Anarchie règne dans l’association
Le groupe jeune dit le « Poulailler » a pris le pouvoir. La secrétaire résiste, c’est une époque difficile. La présidente se retire à Baden-Baden. L’Idéologie festive a pris le pas sur le reste.
1981 La Présidente réapparaît : c’est la Renaissance et le déménagement rue de Bruys
L’Histoire contemporaine
Mai 1981 : ouverture de la Boulangerie Gai ; Arcadie disparaît et nous laisse la place de « plus vieux mouvement homosexuel de France »
Juillet 81 (**)-83-85 2ème, 3ème, et 4ème UEH
Avril 1984 La Présidente laisse la place à la Présidente, vive la Présidente !
(*) Contre l’attitude de la Presse dont France-Soir qui au sujet d’une affaire de mœurs à Marseille avait affirmé que notre bulletin « Le Fil Rose » (une feuille ronéotée) servait de contacts entre vieux messieurs lubriques er chairs fraiches
(**) UEH 81 dominée par le problème de la Mixité : 3 UEH une pour les garçons et deux pour deux sortes de filles : le MLF déposé (qui ne sont pas homosexuelles mais homosexuées !) et les lesbiennes radicales.