À partir des écrits de Marcel Rottembourg
auteur du livre Tu seras seul écrit en 1934-35 réédité par GKC en 2024
Avant-guerre existaient Maurice’s bar et Hanneton qui ont disparu (citées par Pierre Chartaud dans La Liberté paru en 1924)
Bar de la rue de Londres, près de la gare Saint-Lazare (début 1926)
Cabaret de l’Opéra, 7 rue de la Michodière 2° arr 1922
inauguré en 1920
devenu Ghez Charly en octobre 1921
devient essentiellement lesbien en octobre 1921, tenu par le couple Jane et Marcyle
poursuivies par la locataire principale de l’immeuble pour « abus de jouissance » (la presse en fait ses choux-gras)
faillite en octobre 1923
Le Charley, 14 rue Richer, 9°arr
bar-dancing (1919) propriété de M. Logain qui se fait appeler Charley
en faillite en août 1922 fermé en 1923 (cette année-là interdiction faite pour les militaires de le fréquenter)
Chez ma Belle-Sœur, 46 rue Caulaincourt 18° arr
dirigé par Maurice Delaveau
(1922 et 1927) fréquenté par Léo de Vries, Maurice Sachs, O’Dett, l’acrobate Roland Toutain, ou encore le chauffeur de taxi Alexandre Breffort (qui écrira en 1951 mon taxi et moi)
Rebaptisé Chez Maurice en octobre 1927, descente de police en novembre 1927 qui mène Delaveau au suicide à 29 ans
Le Gaya, 17 rue Duphot 1° arr
(1921) acheté par Hermann Schwarz en 1920, géré par Louis Moysès
Fréquenté par Jean Cocteau et le groupe de six (Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc, Germaine Tailleferre), Darius Millhaud l’a fait connaitre par le pianiste Jean Wiéner
Devient lieu à la mode avec Gide, Allegret, Diaghilev, Kochno, Picasso, Misia Sert, Satie, René Clair et sa femme, Bathori, Picabia, Paul Poiret, Tzara, Radiguet, Anna de Noailles, Léon Daudet, Marcel Herrand, Yvonne Georges, la princesse Murat, Leon-Paul Fargue et Maurice Sachs
Le lieu est trop exigu, Moysès trouvera Le Bœuf sur le Toît
Le Bœuf sur le Toit, 28 rue Boissy-d’Anglas 8° arr
inauguré en janvier 1922, anime la vie culturelle autour de la « bande » à Jean Cocteau,
Maurice Sachs qui écrira Au temps du Bœuf sur le Toit en 1939 (il dit qu’on rencontre le même public qu’aux ballets russes)
Le Henry’s bar, 11 rue Volney 11° arr
(1919) réputé être le plus ancien bar américain de paris, créé en 1890 par Henry Tépé, allemand naturalisé français, après sa mort sa veuve en assura la gestion jusqu‘aux années 30
En 1919 Mireille Havet (écrivaine, lesbienne 1898 1932) s’y rend avec ses amis du thé récamier, elle cite ce lieu avec Maxim’s, le New York (le Harry’s New York bar), le Liberty et le Thé Récamier comme « le milieu inouï des bars, des tapettes, des gousses et des grues » qu’elle associe au monde des drogues et de l’alcool
Dos Passos raconte le passage d’un soldat US dans ce lieu juste après-guerre, et Georges Gatineau-Clémenceau raconte que c’est alors un lieu fréquenté par les élégants (invertis ?) et les américains
Le Thé Récamier, 24 rue du Mont-Blanc 1° arr
Lieu de sociabilité homosexuelle et lesbienne dès avant-guerre, il existera jusqu’à sa faillite en 1932
Dans Adonis-Bar paru en 1928 Maurice Duplay donne à ce lieu le nom de chateaubriand ; Léo de Vriès parle du raffinement qui s’y exprime sous ses lumières tamisées ; Mireille Havet s’y rend souvent, avec son amante Frédérique April, ainsi qu’avec Emilienne d’Alençon, Marcelle Garros et quelques amis homosexuels comme Raymond Gilbert de Cardonne, Jean Femiliaux, Robert Laverny d’Anescaut, ; en 1930 Yvonne de Brémond d’Ars y organise une fête somptueuse pour ses 10 ans de « mariage » avec Suzy Solidor, pour la première fois s’y produit René Goupil qui se fera connaître sous le nom de O’Dett
Le Rugby, 14 rue Frochot 9°arr
(1922-23) il s’appelait Le Regina ; Julien Green y va quelques fois en 1932 ; en 1933 le gérant est interrogé par la police à la recherche d’un marin au moment de l’affaire « Oscar Dufrenne »
Le Tanagra, 22 rue de Navarin 9° arr
En contrebas de la place Pigalle, actif pendant 15 ans (il existera encore en 1938)
(1922-23) le plus interlope des lieux fréquentés par Rottembourg
Mentionné dans la presse pour la première fois en 1921 à l’occasion d’une descente de police pour une affaire de cocaïne ; en 1924 le journaliste Jean-Pierre Liausu s’y rend pour un reportage sur la cocaïne, il parle des « invertis ont pour surnoms Feuille-de-thé, Bout-de-nature ou Mômette
Roger Nouat, 16 ans, y devient danseur
La Taverne Liégeoise, 46 rue ND de lorette 9° arr
(1921) exclusivement homosexuel selon Rottembourg
S’appelait avant-guerre la Taverne Bavaroise (depuis la rue de Berlin est devenue rue de Liège), fréquenté à la fin de la guerre par des soldats et officiers (jusqu’à ce que les autorités militaires interdisent de le fréquenter en 1923), la brigade judiciaire et le gouvernement militaire de paris y organisent une descente le 20 novembre 1920, plus de 100 personnes ont été arrêtées dont 4 officiers ; Mireille Havet qualifie cette boite d’« infecte »
Gilles Boullay l’un des 2 propriétaires, garde général des eaux et forêts et ancien capitaine, décoré de la légion d’honneur en 1916, est exclu de l’ordre par décret du Président de la République le 15 août 1922 pour s’être porté « acquéreur conscient d’un établissement dénommé la taverne liégeoise, réceptacle de pédérastes professionnels, qu’il a exploité »
En 1921 la Taverne Liégeoise disparaît, remplacé par le Saphir, puis par une succession d’établissements souvent éphémères
En 1937-39, le lieu devient le Club Liégeois, fréquenté par Julien Green qui le décrit comme un trop petit espace pour danser ; Roger Peyrefitte dira l’avoir fréquenté dès 1926, à 19 ans, il le décrit comme un lieu homosexuel élégant situé près de la place de l’Etoile
En septembre 1933 ouverture du Fiacre à cette adresse sous la direction d’O’Dett et décoré par Zig
En septembre 1934 il laisse la place à un autre établissement quand O’Dett prend possession de l’Abbaye de Thélème, Place Pigalle qu’il rebaptise La Noce
Zig (Louis Gaudin, 1900-1936) mourra d’une overdose de cocaïne, il avait commencé comme animateur de La Petite Chaumière sous le nom de Zigouigoui avec Lysian-e de Monceau, sous la direction de Amédée Marie dans ce cabaret de travestis, 2 rue Berthe, sur les pentes de Montmartre
La Taverne Lyonnaise, 2 rue de l’Echelle 1° arr
Restaurant gastronomique créé au XIX° siècle, géré depuis 1912 par Mme J. Danguy ; en 1922 Rottembourg y voit un lieu de réunion d’homosexuels parisiens mondains et élégants, avec son club privé en sous-sol, c’est aussi un lieu où sont organisé des événements culturels et littéraires
W.H. Smith & Son Tea Room (Smith), 248 rue de Rivoli 1° arr
(1922) cité par Jean Weber et Hélène Azenor comme lieu de sociabilité lesbienne ; André Dudognon parle de la signature du livre de Jacques de Ricaumont les amours buissonnières dans ce lieu ; Julien Green l’a beaucoup fréquenté, quoiqu’il trouve l’endroit lugubre il y rencontre un amant Charles Clément en 1934
Magic-City, parc d’attraction entre le quai d’Orsay et la rue de l’Université
Avec son bal du Mardi gras
La Petite Chaumière, 2 rue Berthe
Premier cabaret de travestis de Paris actif de 1921 à 1928
Les établissements de bains
Rottembourg en fréquente deux en 1919 et en 1922
Régis Revenin en identifie 12, le plus célèbre est au 30 rue de Penthièvre 8° arr, où a eu lieu la première descente de police le 8 avril 1891 avec l’arrestation d 18 personnes ; les autres se trouvent avenue de Gobelins, rue de Lyon, rue Saint-Honoré , rue d’Odessa, 93 rue de la Roquette ; 7 rue Poncelet dans le quartier des Ternes 7° arr – un spectacle de gala s’y déroule avec un homme nu qui joue du piano – une descente de police s’y produit le 6 mars 1926 avec 124 personnes arrêtées ; rue de Cambronne des répétitions se produisent de scènes de Phèdre ou de Bérénice par Christian Bérard et ses amis
Les promenoirs de cinémas et de music-hall
Rottembourg fréquente l’un d’eux en 1919
en 1937 selon Michel de Coglay il y a 14 promenoirs mais dans 2 ou 3 seulement des homosexuels prédominent, le Gaumont Palace de la place Clichy, les Folies-Bergères (plutôt pour les rencontres féminines), le Palace dont le propriétaire est Oscar Dufrenne qui y fait la connaissance du marin qui l’assassine en 1933