Témoignages : deux cas de discriminations au travail vécus en 2011
NATACHA – Mai 2011
Faire sa transition au travail, une rude bataille
Tout a commencé lorsque, j’ai déclaré ma transition à mon chef, à mes collègues de travail, et à la direction des ressources humaines.
Donc j’explique que depuis l’enfance je me féminise car au fond de moi je me sens femme et que je vais commencer une trans identité sur Marseille.
A ce moment-là mon chef prend la parole et me dit ceci : tu sais, je ne veux pas de pédé ni de folle sur mon groupe. Il me donne des directives, ne pas faire pas de maquillage, ni travailler en robe, respecter la tenue que l’employeur imposent.
Et tout au long de ma transition chaque jour j’avais droit à ma leçon de morale : il faut arrêter ta transition, car les hormones ça va te changer le corps au féminin, l’opération de ma pomme d’Adam va te modifier la voix, qu’avec tes implants mammaires tu ne pourras plus faire mon travaille comme avant, etc.
Quand j’ai changé de prénom, j’ai essuyé un refus de mon chef de me donner mon bulletin de salaire.
Seuls trois collègues sur quatre vingt dix employées, m’appellent par mon nouveau prénom Natacha.
Mon chef qui me dit que même avec toutes les opérations et hormones je serai à ses yeux toujours un homme. Il divulgue mon identité au personne étrangères en disant que suis pas une femme mais bien un mec.
La D.R.H qui me dit : si vous ne supportez pas que l’on vous dise « monsieur » il faut quitter votre emploi.
Un autre collègue me dit tu devrais changer ton prénom car moi non plus je ne t’appellerai pas Natacha, tu ne peux pas nous obliger à cela, fais-toi enlever les glandes mammaires et coupe toi ces cheveux long.
Un soir du 11 mars 2010 je me suis mise en dépression. J’ai contacté mon patron pour une rencontre et lui dire ce qui ne va pas dans la société. Il n’a fait aucune remarque aux personnes qui me manifestaient de la discrimination.
J’ai donc contacté la H.A.L.D.E, nous avons monté un dossier, j’ai pris une avocate
Nous sommes passées aux prud’hommes pour une conciliation le 22 mars, qui n’a rien donné, mon procès doit passer le 10 novembre.
Le médecin conseil de la sécurité social qui me convoque pour savoir où en es la situation, il veut trouver une solution « car ils ne payeront pas sans cesse ».
Je lui explique la situation il me fera un autre courrier pour ma convocation après les événements.
Coté transition le 18 avril 2011 je rencontre le chirurgien, et je suis sur une liste d’attente pour mon opération de ma vaginoplastie.
Je suis présidente de l’Association Trans Ma Vie Mon Être, je ne renoncerais pas.
Natacha
Valérie, juin 2011
Être lesbienne, pourquoi tant de violence et de haine au travail ?
J’ai travaillé 10 ans dans une clinique de soins de suites et palliatifs, la clinique Sainte-Elisabeth à Marseille.
Lorsque j’ai été embauchée l’ambiance était agréable et j’ai été embauchée pour la qualité de mon travail, enfin c’est ce que je pense.
Un jour, je rencontre une femme, je me confie à cette collègue que je croyais de confiance.
Puis je m’aperçois que je suis observée continuellement à tel point que cela me rend petit à petit malade. On fait souvent des allusions sur la qualité de mon travail.
Mon comportement change ainsi que mon humeur sans même que je ne comprenne vraiment à quoi est dû ce changement.
Un jour une infirmière viens me voir et me dit « il faut que je te parle, sais-tu comment on t’appelle, la gouine du service » et elle me raconte que tout le monde en parle et même les élèves stagiaires sont au courant de mon orientation sexuelle.
Je demande à changer de service, ce qui est accepté, mais pas sans difficultés.
Puis l’enfer recommence surtout les regards qui me font souffrir, je manque au travail et voilà que maintenant on ne me supporte plus à cause de mon absentéisme.
Un jour, j’étais à quatre pattes à laver un lit, un intérimaire me dit : « depuis que je suis ici je n’ai jamais vu quelqu’un travailler comme tu le fais ».
Le médecin du travail s’inquiète de mon état et en accord avec mon médecin traitant demande à ma direction de me licencier pour maladie ce qu’elle a fait.
Aujourd’hui je vais beaucoup mieux mais pas sans séquelles.
On dira que dans le milieu hospitalier il y a des homosexuels, cependant toujours est-il que pendant tout ce temps je me suis senti souvent seule car je suis allée jusqu’à faire une tentative de suicide d’épuisement.
Plus que le combat pour le mariage homosexuel, il est encore beaucoup plus important pour moi lorsque je vois tant de violence et de haine pour avoir pour seul faute d’être différent ce combat est toujours aussi présent.
La faute d’être née différent, comme d’être née d’une autre couleur ou sans un bras, c’est du racisme, c’est ce combat qui demeure le plus important.
Valérie, Marseille, juin 2011