Géographie gay et lesbienne entre l’Allemagne de Weimar et l’essor du IIIe Reich
Thierry Delessert[1]
Comme le souligne Didier Eribon, hier, comme aujourd’hui, la migration des gays et des lesbiennes vers les grandes villes ou les capitales est une constante. En effet, celles-ci permettent de préserver un anonymat – un espace de liberté, en comparaison des contraintes liées aux réseaux d’interconnaissances caractérisant le quotidien des petites villes et villages – en offrant une tolérance, voire une indifférence.[2] Plus encore, les grandes villes permettent le développement de « niches culturelles », un terme employé par les sociologues allemands « pour désigner les ‘faces cachées’, les interstices – sociaux, culturels, ethniques – de l’urbain. »[3] Les études pionnières de Florence Tamagne sur l’entre-deux-guerres européen mettent en évidence l’essor de formes d’homosociabilités plurielles dans l’Allemagne de Weimar – passant par des scènes commerciales et associatives, destinées autant aux hommes qu’aux femmes, et le développement d’une véritable culture de masse sans comparaison avec la Grande-Bretagne et la France à la même époque.[4]
Berlin est sans nulle doute un « Eldorado » – du nom de son cabaret le plus select, couru de toute l’Europe durant les « Années Folles ». Mais la capitale allemande voit également le développement de lieux commerciaux différents selon les classes sociales et les sexes. Par ailleurs, Berlin est le berceau d’un associationnisme homosexuel à but identitaire qui essaime dans d’autres grandes villes allemandes au cours des années 1920 et qui permet un développement sans précédent des visibilités lesbiennes. Au-delà de Berlin, cet article s’attache à localiser ensuite d’autres villes allemandes, telles Hambourg, qui se caractérise par un fort développement associatif et commercial après la Première Guerre mondiale, puis Munich dont la « notoriété » comme ville homosexuelle est bien plus polémique. En effet, la capitale bavaroise permet de voir de manière critique l’utilisation de l’accusation d’homosexualité comme arme politique par la Gauche allemande.
Aussi la répression nazie à l’encontre des homosexualités s’inscrit-elle en continuité avec Weimar par la reprise de cette forme d’accusation pour éliminer de potentiels opposants dans ses propres rangs. Par ailleurs, le lien entre le nazisme et l’attirance sexuelle entre hommes, porté par les élites allemandes exilées, va contribuer à brouiller l’histoire des homosexualités en Allemagne au cours de la Guerre Froide et, plus encore, invisibiliser l’ensemble de la période précédant l’arrivée au pouvoir d’Hitler. Une seconde continuité politique et législative avec Weimar se va se voir ensuite dans le renforcement du code pénal allemand à l’encontre des homosexuels et par l’autorisation de leurs castrations « volontaires », qui vont se poursuivre dans la République Fédérale Allemande. En revanche, les nazis rompent avec les Années Folles weimariennes par leur politique de brutalisation de la répression des homosexuels se caractérisant par des vagues d’arrestations et leurs envois dans des camps de concentration dès fin 1933.
Berlin : un Eldorado
Boris Grésillon relève que le « club Eldorado, [est] considéré non seulement comme le carrefour de la scène homosexuelle mais aussi comme l’un des hauts lieux de la vie nocturne berlinoise dans les années 1920, où se mêlent industriels, banquiers, journalistes, artistes. Comme beaucoup d’autres clubs ou bars, l’Eldorado est situé près de la Nollendorfplatz dans le quartier de Schöneberg, qui s’affirme dès lors comme le carrefour de l’homosexualité berlinoise. »[5]
La scène homosexuelle masculine
Si l’Eldorado est le dancing le plus chic, connu de toute l’Europe pour ses spectacles travestis et comme point de rencontre mondain, autant homo qu’hétérosexuel, le Mikado, le Bülow-Kasino et le Kleist-Kasino proposent également des revues travesties, et le club Silhouette est devenu le lieu de rencontre des célébrités à l’exemple de l’actrice Marlène Dietrich (1901-1992). Tous ces clubs et dancings se trouvent dans l’ouest de Berlin, mais il existe toute une foule de clubs, cabarets et bars homosexuels, constituant l’ordinaire de la vie homosexuelle, et tous situés à la proximité de la porte de Brandebourg. Sous des noms évocateurs comme Amicitia [Amitié] ou plus anonymes, ceux-ci proposent des spectacles, des bals ou sont simplement des lieux de drague. Fréquentés par des homosexuels des classes moyennes, ces lieux commerciaux sont destinés à éviter la présence de prostitués ou de personnalités trop voyantes, et donc à préserver leur clientèle de la pression policière. Enfin, les « Lokale » [locaux] et les « Diele » [arrière-salles de café-restaurants] se situent dans les bas quartiers du centre et du nord de Berlin.[6]
Estimés à une centaine, ces derniers sont fréquentés par des ouvriers et des chômeurs se prostituant occasionnellement. En effet, les crises économiques de 1920-1923, puis de 1929, entrainant un chômage de masse et des dévaluations du Mark allemand, s’accompagnent d’une forte progression de la prostitution masculine. Pour la seule capitale, le nombre de prostitués est évalué à 650 professionnels et 22’000 occasionnels, dont la plupart se concentre sur la Friedrischstrasse et des Lokale aux alentours, ou fréquentent les foires, les expositions, les gares et les parcs à la recherche de clients provinciaux et étrangers.[7] Ainsi, Berlin est devenue le lieu de villégiature de l’intelligentsia homosexuelle masculine européenne non seulement pour son offre culturelle et mondaine, mais aussi, et bien plus prosaïquement, pour un sexe tarifié défiant toute concurrence sur le continent.[8]
Un exemple prouve que la visibilité de la scène homosexuelle masculine ne se limite pas aux seuls initiés. Lors du débat sur la pénalisation ou non de l’homosexualité en Suisse qui s’est déroulé en mars 1929, un député socialiste italophone témoigne avoir visité Berlin en janvier et constaté l’existence d’une série de café-concerts et d’une clientèle clairement homosexuels, en dépit de la pénalisation par le Code pénal allemand et d’une présence policière tout aussi visible.[9]
La scène homosexuelle féminine
L’étude de Ruth Margarete Rölling, Les lesbiennes de Berlin. 1928, nous révèle que la capitale allemande propose au moins une vingtaine d’établissements lesbiens.[10] L’Eldorado accueille également les lesbiennes, et quelques clubs de jazz sont ouverts à une clientèle féminine aisée. Toutefois, Berlin attire nettement moins les lesbiennes étrangères qui lui préfèrent Paris, autant pour ses salons mondains que pour les bars fleurissants autour de Montmartre.[11] Aussi les « Clubs d’amies » berlinois sont-ils les plus nombreux, regroupent des femmes provenant des classes populaires et peuvent être des foyers d’accueil pour des jeunes femmes homosexuelles, à l’exemple de l’Erato et du Violetta. Ces clubs et foyers proposent des bals deux à trois fois par semaine permettant des rencontres entre des femmes de toutes les classes sociales, Berlinoises et provinciales. Tout comme pour les hommes, la majorité des espaces lesbiens se situent dans l’ouest de la capitale. Enfin, certains clubs accueillent les lectrices des revues Frauenliebe, Die Freundin ou encore Die Garçonne, pour citer ici les principales, et proposent ainsi des lieux de discussion et de rencontre. Par exemple, Die Freundin annonce chaque semaine les bals masqués et les soirées dansantes organisés à Berlin, ce qui permet aux lesbiennes de sortir de leur isolement.[12]
Comme l’analyse Florence Tamagne : « Après la guerre, le nombre plus important de femmes célibataires, l’accès facilité au monde du travail, la libération des mœurs offrirent aux lesbiennes de plus grandes possibilités d’affirmation. L’exagération de la mode garçonne, cheveux ras, costumes d’hommes, poses viriles, devint un code de la scène lesbienne, qui s’épanouit tout particulièrement dans le Berlin des années folles […] ».[13] Toutefois, les bars, dancings et bals lesbiens sont plus dévolus à la discussion et à l’échange qu’au sexe. Ainsi, une culture lesbienne spécifique prend forme et, contrairement à la France, ne se limite pas à une élite. En conséquence, le communautarisme lesbien allemand prend un essor particulier par sa massification au cours des années 1920 via ses revues et ses clubs d’amies, dans toute l’Allemagne et au-delà de ses frontières, en Autriche et en Suisse alémanique.
Le développement d’un associationnisme homosexuel pluriel
Berlin voit la formation de groupements militants déjà avant la Première Guerre mondiale. La principale cause de ce militantisme est la pénalisation de l’homosexualité par le paragraphe 175 sur l’ensemble du Reich allemand depuis 1871 :
« Débauche contre nature : L’acte sexuel contre nature consommé entre personnes de sexe masculin ou par des personnes humaines avec des animaux est puni de la prison. »[14]
Les actes incriminés concernent les hommes. Si le législateur allemand envisage une extension du paragraphe 175 aux femmes en 1911, ces dernières ne se verront finalement pas concernées, ni même par le renforcement nazi de 1935 que nous verrons plus loin. En conséquence, la sexualité féminine est considérée bien inférieure à celle des hommes – réduite à sa seule fonction procréatrice –, et la non définition des actes sexuels entre femmes comme étant « contre nature » renforce l’invisibilisation des lesbiennes dans le champ historiographique, notamment par l’absence d’archives judiciaires.
En 1897, le psychiatre berlinois Magnus Hirschfeld (1868-1935) fonde la première association homosexuelle existant au monde, le Comité scientifique humanitaire (Wissenschaftlich-hümanitäres Komitee). Hirschfeld, lui-même homosexuel, juif et proche du parti socialiste allemand (SPD), théorise l’homosexualité masculine comme un « Troisième sexe », soit « une âme de femme enfermée dans un corps d’homme ». Le but principal de l’association est l’abrogation du paragraphe 175 par le biais de quatre pétitions déposées au parlement allemand entre 1897 et 1922. Par ailleurs, Hirschfeld est l’auteur de la première étude sociologique sur l’homosexualité, Les homosexuels de Berlin. 1908, le fondateur de l’Institut pour la recherche sexuelle en 1919, puis le co-fondateur de la Ligue mondiale pour la réforme sexuelle en 1921. Néanmoins, le Comité n’est pas la seule association à voir le jour : en 1899, Adolf Brand (1874-1945) fonde la Communauté des spéciaux (Gemeindschaft der Eigene) et lance sa revue Der Eigene. Brand est proche des mouvements anarchistes, prône le culte masculin de l’homosexualité et une lutte politique plus active. Même si l’abolition du paragraphe 175 est un but commun aux deux associations, Brand s’oppose à la figure féminisante du Troisième sexe et à la psychiatrisation proposées par Hirschfeld, ce qui a empêché la formation d’un mouvement de lutte uni à Berlin.[15]
Dès la fin de la Première Guerre mondiale, le militantisme allemand connaît un puissant renouveau. A côté de ces deux associations, le couturier pour femmes Friedrich Radszuweit (1876–1932) crée la Fédération pour les droits de l’Homme (Bund für Menschenrechte), mais surtout finance un groupe de presse éditant les revues des associations qui sont crées autant à Berlin que dans d’autres grandes villes allemandes. Ces revues offrent en outre des informations aux homosexuel-le-s Autichien-ne-s et Suisses alémaniques sur la formation de groupes locaux demeurant le plus souvent éphémères. Par ailleurs, le groupe de Radszuweit publie Das kleine Blatt dès 1918, un bulletin de petites annonces pour des rencontres entre hommes et entre femmes dans toute la sphère germanophone.[16]
Ce développement associatif autour de la Fédération permet de donner une explication supplémentaire au fait que le militantisme lesbien ne débute que dans les années 1920 : les femmes ne s’étaient vues attribuer qu’un rôle mineur dans le Comité d’Hirschfeld et la Communauté de Brand est exclusivement masculine. Par ailleurs, les mouvements féministes allemands d’avant la Première Guerre mondiale ont été dénoncés par la presse et certains pamphlétaires comme étant le cheval de Troie des lesbiennes, alors, qu’en fait, celles-ci n’y trouvaient guère de soutiens, avec des revendications centrées sur le divorce, la contraception et le droit de vote.[17]
La Fédération pour les droits de l’Homme permet en conséquence la création de sections lesbiennes. Toutefois, la plupart des clubs fédérés ont soit des salles séparées, soit réservent des soirées aux hommes ou aux femmes selon les jours, ce qui explique le maintien d’une forme de décalage entre les deux formes d’homosexualité. Plus encore, les lesbiennes se voient reprocher de ne pas suffisamment s’investir dans la lutte pour l’abolition du paragraphe 175, y compris au sein de la Fédération.[18]
Au-delà de ces divisions, il est crucial de relever que femmes et hommes s’unissent dans une affirmation identitaire homosexuelle, notamment par le biais d’une chanson – à l’origine lesbienne –, la chanson mauve (Das liela Lied) et le port d’un accessoire vestimentaire de couleur violette ou lilas foncé. Cet hymne, fréquemment repris dans les clubs homosexuels, est inspiré du film financé par Hirschfeld Anders als die Andern (1919).[19] Ce code se retrouve dans la ville suisse de Bâle durant la Seconde Guerre mondiale,[20] mais aussi à Washington aux Etats-Unis, ce qui permet à David K. Johnson de faire une analyse de la persécution spécifique des homosexuel-le-s au cours de la Guerre Froide en la conceptualisant comme une « frayeur mauve ».[21]
Les autres grandes villes allemandes
Les développements des associations homosexuelles informent sur les géographies et réseaux de sociabilité des homosexualités au cours de la République de Weimar. Toutefois, la tendance à l’exode des homosexuel-le-s en direction de Berlin se trouve renforcée à la suite des élections législatives de 1924 qui marquent un fléchissement du régime dans un sens ultraconservateur, avec une très nette augmentation des arrestations et des condamnations dans la Prusse, la Bavière, la Saxe et le Württemberg.[22] En outre, un fichier sur les personnalités homosexuelles berlinoises et les lieux de fréquentation est tenu à jour par la police et va servir de base pour les rafles d’homosexuels par les nazis.[23]
La Fédération pour les droits de l’Homme devient le regroupement associatif le plus important au cours des années 1920, avec quelque 48’000 membres sur l’ensemble de l’Allemagne en 1928.[24] Elle essaime à Hambourg, Francfort-sur-le-Main, Dresde, Cologne, Munich et Stuttgart, où petit-à-petit des clubs s’y fédèrent.[25] En plus de ces villes, la Fédération a des bureaux, plus ou moins éphémères, à Brunswick et Karlsruhe, et des correspondants à Eisenach, Weimar, Krefeld, Leipzig, Sarrebruck et Dortmund. Enfin, les publicités de bars et restaurants permettent d’identifier les villes de Breslau, Kassel et Düsseldorf comme possédant une « scène » homosexuelle, mais dont la durée et la portée n’est pas évaluable.[26]
Sur cette carte, les polygones et rectangles, ajoutés par l’auteur de ces lignes, situent les zones de socialisations homosexuelles identifiées. Parmi l’ensemble de ces villes, deux sont plus spécifiquement étudiées par l’histoire contemporaine : Hambourg et Munich.
Hambourg
La cité du nord se caractérise par une augmentation de la prostitution masculine au cours des années 1920 de manière similaire à Berlin. Cependant, cette ville possédait déjà une subculture homosexuelle enracinée sur la prostitution des marins avant la Première Guerre mondiale. Quelques 3’000 prostitués sont recensés par la police opérant des rafles dans le port et la gare centrale en 1924, 1928 et 1929, avant que ceux-ci ne soient confinés dans des Lokale spécifiques par la police hambourgeoise.[28] Cette forme de réglementation de la prostitution homosexuelle va d’ailleurs servir de base pour les premières arrestations de masse opérées par les nazis.
A côté de la prostitution, Hambourg voit la formation de trois groupements associatifs en 1920. Ainsi, la Société hambourgeoise pour la recherche sexuelle (Hamburger Gesellschaft für Sexualforschung) est fondée le 31 mai. Se situant théoriquement et politiquement proche du Comité scientifique humanitaire d’Hirschfeld, cette société propose des activités politiques et des conseils médicaux. Elle organise également des soirées festives (récitations poétiques, bals masqués, soirées dansantes) pour les deux sexes.
Une deuxième association mixte est fondée quelques jours plus tard, le 2 juin : l’Association des ami-e-s du Grand Hambourg (Verband der Freunde und Freundinnen Groß-Hamburgs). Son but est d’offrir une protection à ses membres contre les vols et les chantages par une collaboration avec la police criminelle contre la prostitution. En plus de ses réunions à Hambourg, ce groupement organise de manière sporadique des réunions dans le nord-est allemand, à Lübeck, Rostock, Kiel, Lüneburg, Flensburg et Itzehoe – réactualisant ainsi une forme de ligue hanséatique (voir la carte ci-dessus).[29]
Enfin, une section locale de la Fédération pour les droits de l’Homme voit le jour en août. Ses activités sont relatées dans la revue Die Freundschaft et elle devient rapidement l’association la plus importante avec quelque 2’000 membres. A côté de ces regroupements associatifs, au moins une dizaine de locaux commerciaux se proposent comme des lieux de rencontre pour des « ami-e-s » des deux sexes (mixtes et non-mixtes) et visent une clientèle des classes moyennes.[30] Ces fortes activités militantes et commerciales offrent une piste d’explication sur le fait que Hambourg va connaître un renouveau « homophile » après la Seconde Guerre mondiale presque une décennie avant Berlin-Ouest.
Munich
La capitale bavaroise permet de voir toute l’ambivalence des Années Folles allemandes à l’égard des homosexualités. D’un côté, elle est la ville qui a permis l’essor d’un esthétisme « homoérotique » élitaire, à l’exemple de Klaus Mann (1906–1949) et de sa sœur Erika Mann (1905–1969), ou encore de la réalisatrice du premier film lesbien Mädchen in Uniform (1931), Christa von Hatvany, alias Christa Winsloe (1888–1944). De l’autre, elle est le berceau du national-socialisme et se caractérise par un fort conservatisme social.[31] Aussi, la police y opère de fréquentes razzias à l’encontre des sections locales du Comité scientifique humanitaire, avant la Première Guerre mondiale, puis contre les sections locales de la Fédération pour les droits de l’Homme sous le prétexte de lutter contre un « prosélytisme homosexuel ». En conséquence, celles-ci ferment, se reforment et se dissolvent à nouveau tout le long des années 1920.[32]
Cependant, c’est de manière plus bien polémique que Munich acquière une réputation de ville homosexuelle avec « l’affaire Röhm » entre 1931 et 1932. En effet, Ernst Röhm (1887-1934), le fondateur des Sections d’Assaut (SA) en 1921 et membre de la Fédération pour les droits de l’Homme,[33] s’était exilé en Bolivie à la suite de l’échec du Putsch de la Brasserie de 1923. Rappelé par Adolf Hitler (1889–1945), à la suite de son succès électoral de septembre 1930, Röhm se voit intenté en procès pour homosexualité le 6 juin 1931. Si Röhm nie les actes, il reconnait néanmoins qu’il est « de disposition anormale du point de vue sexuel»,[34] puis avoue avoir pratiqué la masturbation mutuelle avec un jeune homme inconnu. Cet acte ne tombe pas sous le coup du paragraphe 175, en raison d’un dispositif jurisprudentiel allemand de 1893 considérant uniquement le coït anal, le coït inter–fémoral et la fellation comme des actes « similaires au coït reproducteur »,[35] ce qui permet l’annulation du procès.
En plein procès, le journal socialiste Münchner Post publie une lettre anonyme accusant Röhm d’homosexualité. S’ensuivent plusieurs articles similaires dans le même journal courant juin 1931, dont les buts sont d’employer l’homosexualité comme arme politique de décrédibilisation. La campagne, sous des titres tel « Chaude fraternité dans la Maison brune. La vie sexuelle du Troisième Reich », prend de l’essor au niveau national via les journaux socialistes et communistes berlinois.[36] Ces attaques s’inscrivent dans le contexte des progressions électorales des nazis, mais plus encore dans l’augmentation des enrôlements au sein de la SA : entre novembre 1930 et avril 1931, le nombre des SA passe de 7’775 à 11’435 en Bavière et double au niveau national pour atteindre 118’982 hommes.[37]
La répression nazie entre continuités et ruptures de Weimar
L’accusation d’homosexualité comme arme politique
L’accusation de l’homosexualité des SA démontre la double face de la Gauche allemande : soutien à la dépénalisation des actes sexuels entre hommes adultes, mais aussi emploi de telles suspicions à des fins politiques.[38] Sur ce plan, nous nous trouvons dans une situation proche des procès et des scandales qui ont éclaboussé des aristocrates proches de l’Empereur Guillaume II en 1907, avec le plein soutien du SPD.[39] Dans les années 1930, l’effet de cette politique est plus désastreux : les préjugés anti-homosexuels sont réutilisés par les nazis pour justifier la « Nuit des longs couteaux » de juin 1934. En dépit de la connaissance de la mise en place d’une persécution des homosexuels sous le Troisième Reich et du renforcement du paragraphe 175 en 1935, les leaders socialistes et communistes exilés poursuivent leurs attaques sur le même mode.
Ainsi, 15 membres du Sudetendeutsche Partei (SdP) du leader fasciste des Sudètes Konrad Henlein (1898-1945) sont faussement accusés d’homosexualité en 1937. Sitôt leurs arrestations ébruitées, la presse marxiste germanophone tchécoslovaque débute une campagne d’accusation de relations homosexuelles entre Hitler et Henlein et postule un lien de cause à effet entre le fascisme et l’attirance sexuelle entre des hommes. Comme cela avait déjà été le cas en Bavière, les nazis se servent de ces clichés pour éliminer environ 150 membres du SdP après l’annexion des Sudètes.[40] Enfin, les élites allemandes exilées contribuent également à propager l’idée d’un lien entre homosexualité et nazisme, ce qui produit un brouillage historiographique entre les symboles masculinistes (iconographiques et statuaires) et l’homoérotisation du régime, notamment dans les productions – académiques et filmographiques – américaines au cours de la Guerre Froide.
La Psychanalyse d’Adolf Hitler, commandée par les services secrets américains (OSS) au psychanalyste Walter Charles Langer (1899-1981), parue en 1943 en anglais, puis en 1973 en français, en est un exemple patent. Se basant notamment sur les pamphlets et témoignages d’Otto Strasser (1897-1974) – un socialiste devenu national-socialiste, avant de s’exiler en Autriche, en Tchécoslovaquie, aux USA puis au Canada dès l’arrivée au pourvoir d’Hitler –, Langer postule :
« La croyance en un Hitler pédéraste tire probablement son origine des nombreuses caractéristiques féminines du personnage, et aussi de ce qu’à ses début le Parti comprenait un fort contingent d’homosexuels. Il en est encore beaucoup qui occupent d’importantes fonctions. Il est un fait qu’Hitler parait mieux à l’aise en compagnie d’homosexuels que d’hétérosexuels. Il est possible qu’eux et lui se ressentent comme des hors-la-loi. Ils tendront donc à penser et à réagir de façon identique. On pourrait ajouter que les homosexuels ont ceci de commun avec Hitler qu’ils se considèrent comme des êtres d’exception, ou encore prédestinés à inaugurer un nouvel ordre. En leur fort intérieur, ils se ressentent comme différents et ont conscience de leur ostracisme. Ils tendent par conséquent à se rallier volontiers à une philosophie sociale qui n’exerce pas de discrimination contre eux. […] Aujourd’hui encore, Hitler trouve plaisir, sexuellement parlant, à contempler des anatomies masculines et à frayer avec des homosexuels. Strasser nous dit que sa garde du corps est presque toujours composée d’homosexuels. »[41]
Au-delà de la problématique d’une « psychanalyse » menée sans rencontrer son « client », plusieurs aspects destinés à faire d’Hitler un monstre (homo)sexuel résistent mal à des analyses plus approfondies. En premier lieu, les « caractéristiques féminines » d’Hitler, déduites de son passé de peintre, de ses attitudes « hystériques », voire même d’une impuissance sexuelle, contrastent singulièrement avec les analyses du professeur de droit constitutionnel Maurice Duverger (1917-2014). Dans son étude, menée à la demande du gouvernement de Libération du Général Charles De Gaule (1890-1970), Duverger voit au contraire dans les votes des Allemandes – ayant obtenu les droits de vote et d’éligibilité en 1918 – pour le parti nazi (NSDAP) un attrait quasi irrépressible pour la virilité d’Hitler et ses idées conservatrices.[42] Son analyse est d’ailleurs reprise par le gouvernement fédéral suisse en 1957, se prononçant en faveur du vote féminin dans une perspective conservatrice. Il voit en effet dans l’octroi du droit de vote aux Françaises en 1944 – au-delà de leurs « résistances » durant la guerre –, un barrage qui a été fort « efficace » contre la victoire du Parti Communiste lors des premières élections législatives françaises de l’après-guerre.[43]
Ensuite, l’analyse de Langer sur le nombre des homosexuels au sein du NDSAP ne tient nullement compte de la Nuit des longs couteaux de fin juin 1934, ni même des renforcements du paragraphe 175 de juin 1935. Quant à la déportation des homosexuels dans des camps de concentration, il est impossible de savoir si l’OSS américain connaissait le phénomène. Aussi son analyse « scientifique » s’inscrit-elle pleinement dans le courant de psychiatrie américaine classifiant les homosexuel-le-s comme des malades mentaux/tales aux comportements délirants et proches de la psychose depuis 1935[44] , et qui vise à lier la psychopathologie et l’irresponsabilité civique/politique. Enfin, l’image d’une garde rapprochée composée d’homosexuels résiste encore moins à une analyse supplémentaire, car, le 15 novembre 1941, Heinrich Himmler (1900–1945) ordonne que tous les homosexuels confondus au sein de la SS et de la police soient systématiquement abattus sans autre forme de procès.[45]
Bien que largement falsifiable, cette étude va participer à brouiller l’histoire des homosexualités sous le nazisme et à nier les persécutions des homosexuel-le-s, avant et durant la Seconde Guerre mondiale, dans une République Fédérale Allemande qui ne va modifier le dispositif pénal nazi qu’en 1969.[46]
Les renforcements de deux dispositifs légaux
Le 28 juin 1935, le jour anniversaire de la mort de Röhm, le paragraphe 175 est modifié et adjoint de plusieurs circonstances aggravantes : 1° en cas de contrainte par force ou menace sur l’intégrité physique ou à la vie ; 2° en cas d’abus d’une dépendance fondée sur une relation d’autorité, de travail ou de supériorité hiérarchique ; 3° en cas de séduction d’un homme de moins de 21 ans ; 4° en cas de prostitution homosexuelle. Dans les faits, ce renforcement décidé par les nazis reprend un projet de modification législative, connu sous le nom de « Projet administratif de 1929 », qui prévoyait déjà une extension des pénalités à l’encontre des l’homosexuels.[47] En conséquence, la modification nazie doit se lire en pleine continuité du tournant conservateur du régime de Weimar en 1924, déjà évoqué plus haut.
En revanche, une différence fondamentale est à relever : la suppression de la notion de « contre nature » (« widernatürlich ») et, indirectement, de l’interprétation que les actes sexuels punis doivent être « similaires au coït reproducteur ». La catégorie de la « débauche » (« Unzucht ») élargit le champ des actes répréhensibles, et l’acte sexuel, voire le contact physique, ne sont plus nécessaires pour être condamné par une loi qui ne réprime désormais plus des pratiques sexuelles avérées, mais le fait d’être homosexuel. Cet élargissement des comportements considérés comme homosexuels va permettre d’envoyer des hommes dans des camps de concentration sur simples dénonciations, voire présomptions.[48]
Une seconde continuité avec le tournant conservateur du régime weimarien se retrouve dans la « loi sur la prévention des maladies héréditaires chez la jeune génération du 14 juillet 1933 », entrant en vigueur en janvier 1934.[49] Ce dispositif autorise la stérilisation des individus des deux sexes atteints « d’une maladie héréditaire » considérée comme transmissible à la descendance.[50] Plus profondément, il reprend et prolonge un projet de loi transmis au Reichstag en 1923 par Gustav Emil Boeters (1869–1942), un médecin des tribunaux à Zwickau (Saxe). Ce projet contenait un programme en neuf points autorisant la castration des enfants aveugles ou handicapés moteurs et/ou cérébraux, des épileptiques, des malades mentaux et des délinquants sexuels. Refusée au niveau fédéral allemand, la loi est appliquée dans le Land de la Saxe dès l’année suivante. Bien que non cités, les homosexuels tombent sous le coup de la loi nazie – en fortes corrélations avec l’interdiction de 1935 des mariages entre aryen-ne-s et juifs/ves – en raison de leur qualité de « malades mentaux ».[51] Enfin, en mai 1939, cette castration « volontaire » des homosexuels se voit transformée en une obligation sur ordre d’Himmler.[52]
La brutalisation nazie
La répression nazie rompt très clairement avec le consensus à double face de la République de Weimar. Dès le mois suivant l’arrivée au pouvoir d’Hitler, des arrestations, la fermeture des bars et dancings de la capitale et des rafles dans le milieu de la prostitution hambourgeoise sont opérées, en considérant les homosexuel-le-s comme des « Staatsfeinden » (« ennemis de l’Etat »). [53] Ces arrestations sont effectuées par les polices locales ou les nazis sur la base de leurs précédentes inscriptions dans des registres homosexuels diligemment communiqués par les polices des mœurs aux nazis. Par ailleurs, les associations et mouvements pour la réforme sexuelle sont interdits, puis l’Institut d’Hirschfeld est incendié en mai 1933.
Celui-ci, alors qu’il était déjà la cible des nazis dès 1929, devient le symbole d’une dangerosité judéo-bolchévique – immorale qui plus est – par la présentation de son buste au premier « musée révolutionnaire allemand » de 1934 :
Traduction de la banderole : « Le beau Magnus Hirschfeld, le plus gros débauché [littéralement, « cochon en forme de betterave », nda] du 20e siècle ».
Entre 1931 et 1934, 3’267 hommes tombant sous le coup du paragraphe 175 sont jugés. Ce nombre passe à 24’259 entre 1935 et 1938, et 11’430 entre janvier 1939 et octobre 1940 selon les dénombrements retrouvés.[55] Par ailleurs, 94’738 homosexuels sont fichés par la Gestapo et 33’854 par la police criminelle entre 1937 et 1939.[56] Cependant, les sorts des condamnés et des fichés sont difficilement évaluables en raison de l’envoi dans les camps de concentration, dont aucune statistique fiable n’a pu être retrouvée. Entre 5’000 et 15’000 homosexuels, selon une estimation très prudente, y sont déportés dès la fin de 1933 et soumis aux actes les plus inhumains de la répression nazie.[57] Dans les camps de Sachsenhausen, Buchenwald, Dachau et de Mauthausen (Autriche annexée), la distinction est faite par un triangle rose plaçant les homosexuels au rang inférieur de la hiérarchie concentrationnaire. Sans être un camp d’extermination proprement dit, Sachsenhausen peut être considéré comme le Auschwitz des homosexuels au vu de leur faible espérance de survie, et, à Buchenwald, les homosexuels sont systématiquement castrés et livrés aux expériences des médecins nazis.[58]
Le problème toujours pendant de l’historiographie des homosexualités allemandes est le sort réservé aux lesbiennes. Ne tombant pas sous le coup du paragraphe 175, celles-ci sont internées sous les labels d’« asociales » ou de « politiques », et un certain nombre d’entre-elles ont été envoyées dans les bordels des camps de concentration, dans une logique de réassignation sexuelle par la répétition des coïts phalliques. Toutefois, et bien plus que les hommes, elles ont pu échapper à la répression, en se conformant au mythe de la femme aryenne – soit en s’invisibilisant à nouveau par soumission au canevas hétérosexiste.[59]
Conclusion
L’histoire des homosexualités dans l’Allemagne des Années Folles est celle d’un tabou et de la discrétion. Les grandes villes, durant la République de Weimar, sont certes des poches de tolérance, mais la spatialisation des homosexualités, dans et hors Berlin, tend essentiellement à éclairer un phénomène concernant des personnes issues des classes moyennes, ayant les moyens de payer des cotisations associatives et de fréquenter des clubs. En retour, ces associations et clubs offrent un cadre privatif les préservant de potentielles poursuites pénales. Dans ce processus de visibilisation, l’homosexualité masculine ressort la plus visible. Toutefois, mais il est absolument nécessaire de retenir que les femmes homosexuelles ont été des moteurs tout à fait essentielles dans le mouvement, bien que de manière différente, temporellement et spatialement.
La politique juridique nazie ressort en forte continuité du consensus à double face de Weimar, dont la ligne générale a été tendanciellement un renforcement des contrôles policiers et légaux sur les homosexualités, même à Berlin et à Hambourg. Les nazis sont, par contre, en profonde rupture par la rapide brutalisation de leur répression. Dès fin 1933, les camps de concentration sont le plus souvent des camps de mort pour les homosexuel-le-s, et le maintien du dispositif pénal nazi en RFA ne va pas permettre une reconnaissance politique et sociale de la réalité de ces persécutions. En comparaison de l’histoire des juifs allemands et de la Shoah, il est donc important de voir que l’histoire des homosexualités allemandes et de leurs persécutions sous le régime nazi apparaît bien plus en pointillé et demeure constellée de zones d’ombres.
[1] Cette communication s’insère dans le cadre de la recherche financée par le Fonds National Suisse pour la recherche scientifique, « Homosexualités en Suisse de la fin de la Seconde Guerre mondiale aux années sida » (FNS 100017_144508/1) co-requise par Stefanie Prezioso et Vincent Barras (Université de Lausanne). Tous mes remerciements vont à Damien Michelet, coordinateur de la Plateforme en Etudes genre de l’Université de Lausanne, pour ses lectures critiques de ce texte.
[2] Eribon Didier, Réflexions sur la question gay, Paris : Fayard, 1999, pp. 37-38.
[3] Grésillon Boris, « Faces cachées de l’urbain » ou éléments d’une nouvelle centralité ? [Les lieux de la culture homosexuelle à Berlin] », Espace géographique, Tome 29 n°4, 2000. pp. 301-313, p. 302 [ci-après Grésillon 2000].
[4] Tamagne Florence, Histoire de l’homosexualité en Europe – Berlin, Londres, Paris, 1919 – 1939, Paris : Seuil, 2000 [ci-après Tamagne 2000].
[5] Grésillon 2000, pp. 303-304.
[6] Tamagne 2000, pp. 61-62.
[7] Tamagne 2000, pp. 68-69.
[8] Voir Tamagne Florence, « Histoire comparée de l’homosexualité en Allemagne, en Angleterre et en France dans l’entre-deux guerres », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 125, 1998, pp. 44-49 [ci-après Tamagne 1998].
[9] Delessert Thierry, « Les homosexuels sont un danger absolu ». Homosexualité masculine en Suisse durant la Seconde Guerre mondiale, Lausanne, Antipodes, Collection Histoire, 2012, p. 151 [ci-après Delessert 2012].
[10] Röllig Ruth Margarete, Les lesbiennes de Berlin. 1928, Lille : GayKitschCamp, 2001 [rééd.] [ci-après Röllig 1928].
[11] Tamagne 1998, p. 47 ; voir aussi l’« Entretien avec Hélène Azénor » in : Barbedette Gilles, Carassou Michel, Paris Gay 1925, Paris : Presses de la Rennaissance, 1981, pp. 70-74.
[12] Tamagne 2000, pp. 65-67.
[13] Tamagne Florence, « L’identité lesbienne : une construction différée et différenciée ? », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 84 | 2001, mis en ligne le 01 juillet 2004, consulté le 12 janvier 2013. URL : http:// chrhc.revues.org/1871, p. 5 [ci-après Tamagne 2001].
[14] Traduit en français par Paul–Louis Ladame, « Chronique allemande », Archives d’anthropologie criminelle et de médecine légale, 28, 1913, pp. 829-836, p. 833 ; sur l’extension de la pénalisation depuis la Prusse, voir Leroy-Forgeot Flora, Histoire juridique de l’homosexualité en Europe, Paris : PUF, coll. Médecine et société, 1997, pp. 36-37.
[15] Tamagne 2000, 27-28.
[16] Stümke Hans-Georg, Homosexuelle in Deutschland. Eine politische Geschichte, München: Beck, 1989, pp. 54-58 [ci-après Stümke 1989].
[17] Tamagne 2001, pp. 5-6.
[18] Tamagne, 2000, pp. 120-121.
[19] Roelling 1928, pp. 17-18 ; Rosenkranz Bernhard, Lorenz Gottfried, Hamburg auf anderen Wegen. Die Geschichte des schwulen Lebens in der Hansestadt, Hamburg : Lambda Edition, 2005, pp. 16-19 [ci-après Rosenkranz, Lorenz 2005].
[20] Delessert, 2012, pp. 63-64.
[21] Johnson David K, The Lavender scare. The Cold War Persecution of Gays and Lesbians in the Federal Government, Chicago : The University for Chicago Press, 2004.
[22] Tamagne 2000, 485-491; Grau Günter, « Verfolgung und Vernichtung 1933–1945. Der § 175 als Instrument faschistischer Bevölkerungspolitik », in Herzer Manfred (Hg.), Die Geschichte des § 175. Strafrecht gegen Homosexuelle, Berlin: Rosa Winkel, 1990, pp. 105–117 [ci-après Grau 1990]; zur Nieden Susanne, „Aufstieg und Fall des virilen Männerhelden. Der Skandal um Ernst Röhm und seine Ermordung“, in zur Nieden Susanne (Hg.), Homosexualität und Staatsräson. Männlichkeit, Homophobie und Politik in Deutschland 1900-1945, Frankfurt&New York: Campus, 2005, pp. 147-192 [ci-après zur Nieden 2005].
[23] Tamagne, 2000, pp. 487-491.
[24] Rosenkranz, Lorenz 2005, p. 17.
[25] Tamagne 2000, pp. 113-116.
[26] Tamagne 2000, p. 71, note 104.
[27] Source de la carte : Wikipedia.org, modifiée par l’auteur sur la base des informations de Tamagne 2000, Tamagne 2001, Rosenkranz, Lorenz 2005, Knoll et al. 2012.
[28] Tamagne 2000, p. 70.
[29] Rosenkranz, Lorenz 2005, p. 13.
[30] Rosenkranz, Lorenz 2005, pp. 14-17
[31] Grésillon 2000, p. 304
[32] Knoll Albert, Schäfer Christine, Puhlfürst Sabine (Hg.), Geschichte der Lesben und Schwulen in München, ThemenGeschichtsPfad [der Stadt München], Kirchheim/Heimstetten : Gerber KG Druck + Medien, 2012, pp. 53-80 [ci-après Knoll et al. 2012].
[33] Knoll et al. 2012, p. 81.
[34] Cité et traduit par Tamagne 2000, p. 431.
[35] Hafter Ernst, « Homosexualität und Strafgesetzgeber », Revue pénale suisse, vol. 43, 1929, pp. 37-71, p. 45.
[36] Tamagne 2000, pp. 430-434 ; zur Nieden 2005, pp. 157-162.
[37] Sturmabteilung (SA), 1921-1923/1925-1945 ; url: http://www.historisches-lexikon-bayerns.de/artikel/artikel_44621
[38] Mende Bodo, « Die antihomosexuelle Gesetzgebung in der Weimarer Republik », in Herzer Manfred (Hg.), Die Geschichte des § 175, op.cit., 1990, pp. 82-104, p. 103 [ci-après Mende 1990].; Delessert 2012, 174-179.
[39] Voir Le Moigne Nicolas, « L’affaire Eulenburg : homosexualité, pouvoir monarchique et dénonciation publique dans l’Allemagne impériale (1906-1908) », Politix, 2005/3, 71, pp. 83-106.
[40] Sator Klaus, „Das Initial zur systematischen Verfolgung“, Neue Zeit, 02.07.1994 (original); url: http://www.schlips.org/schlips3/archivtext/1994/199410.htm
[41] Langer Walter C., Psychanalyse d’Adolf Hitler, Paris : Denoël, 1973, p. 188.
[42] Duverger Maurice, La participation des femmes à la politique, Paris : UNESCO, 1955, pp. 51-72.
[43] « Message du Conseil fédéral à l’Assemblée fédérale sur l’institution du suffrage féminin en matière fédérale (Du 22 février 1957) », Feuille Fédérale, I, 1957, pp. 693-825, pp. 779-788.
[44] Mendelson George, « Homosexuality and psychiatric nosology », Australian and New Zealand Journal of Psychiatry, 2003, 37, pp. 678–683, pp. 680-681.
[45] Grau 1990, p. 114.
[46] Stümke 1989, pp. 132 et 166.
[47] Mende 1990, pp. 94–95.
[48] Tamagne 2000, pp. 541-543; Grau 1990, pp. 105–117; zur Nieden 2005, pp. 147–192.
[49] Zehmisch Heinz, « Das Erbgesundheitsgericht », in Ärzteblatt Sachsen, 5/2002, p. 206.
[50] Friedli Sigi, « Psychiatrie und Homosexualität: Ernst Rüdin », in: Trüeb Kuno, Miescher Stephan, Schwule in Basel seit 1930, Basel: Buchverlag Basler Zeitung, 1988, pp. 209–210.
[51] Lüthy Gerold, Die Bedeutung der Kastration im Strafrecht, Zürich: Feldegg, 1937, pp. 89–90.
[52] Grau 1990, pp. 115–117; sur la problématique de la castration des homosexuels, voir Delessert 2012, pp. 313-342.
[53] Voir Pretzel Andreas, « Vom Staatfeind zum Volksfeind : Zur Radikalisierung des Homosexuellenvervolgung im Zusammenwirken von Polizei und Justiz », in zur Nieden Susanne (Hg.), Homosexualität und Staatsräson. Männlichkeit, op.cit., 2005, pp. 217–252.
[54] Knoll et al. 2012, p. 80.
[55] Grau 1990, p. 107.
[56] Stümke 1989, p. 118; Tamagne 2000, p. 624.
[57] Stümke 1989, p. 127; Grau 1990, p. 113; Tamagne 2000, p. 599.
[58] Grau 1990, p. 114; pour un témoignage en français en Alsace-Moselle, réintégrée comme un Land allemand dès 1940, voir Seel Pierre, Moi, Pierre Seel, déporté homosexuel, Paris : Calmann–Lévy, 1994.
[59] Voir Tamagne 2000, pp. 543-547.