Cérémonies en France en 2016

COMMUNIQUE DE PRESSE  et Agenda du M.D.H.

Montpellier, le 24 avril 2016

71e Journée Nationale du Souvenir des Victimes et des Héros de la Déportation :

le MDH relève une amélioration globale de la prise en compte du Souvenir de la déportation pour motif d’homosexualité lors des cérémonies.

En cette 71e journée Nationale du Souvenir des Victimes et Héros de la Déportation, le Mémorial de la Déportation Homosexuelle se réjouit que les associations LGBT aient été globalement associées et invitées aux cérémonies officielles.

Elles ont pu en fonction des usages locaux soit participer à une gerbe commune et unique avec les autres associations mémorielles, soit déposer une gerbe spécifique.

Ce fut ainsi le cas à Angers (49), Arcueil (94), à Bordeaux (33), à Marseille, (13), à Montpellier (34), à Nice (06) ou à Nimes (30) par exemple.

Cette normalisation a également eu lieu à Tours (37) où pour la première fois depuis 8 ans qu’il en avait fait la demande, le Centre LGBT de Touraine a été officiellement associé aux cérémonies alors qu’il y avait eu un blocage malheureux et houleux l’année dernière. Cette année, le préfet d’Indre et Loire a cité les homosexuels au même titre que les autres victimes de la déportation dans son discours.

A contrario, le MDH regrette vivement l’ostracisme subi par l’association LGBT Couleurs Gaies à Metz, où la Préfecture a tenté d’évincer leur représentant des places réservées aux associations.

La Préfecture de la Moselle a agi en totale infraction avec la circulaire adressée aux Préfets en début du mois d’avril par le Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants, Jean-Marc Todeschini. A la demande du MDH, et ayant tenu compte des incidents survenus à Tours l’an dernier, le Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants a expressément mentionné dans la circulaire que les Préfectures devaient inviter les associations homosexuelles portant le souvenir et la mémoire de la déportation.

Le MDH va adresser une lettre de protestation au Secrétaire d’État aux Anciens Combattants et lui demander de condamner le comportement inadmissible du Préfet de la Moselle.

De la même façon, le MDH regrette encore que dans certaines villes où les LGBT le demandent de longue date, il leur soit refusé d’être partie prenante à la gerbe unique, comme par exemple à Marseille. Au-delà de la participation officielle des associations LGBT aux cérémonies du Souvenir de la Déportation, le MDH exprime sa satisfaction de constater que dans leurs discours de plus en plus d’élus locaux et de parlementaires mentionnent les motifs de déportation en n’omettant pas les homosexuel-les. Ce fut le cas dans certaines grandes villes de France où les associations LGBT ont pu faire cette demande par le passé, mais aussi et surtout dans des petites et moyennes communes où il n’y a pas d’association LGBT. C’est un signe que le travail de mémoire que le MDH porte au quotidien depuis plus de 27 ans, ainsi que le travail d’autres associations LGBT portent leurs fruits.

Le témoignage de Pierre Seel a été le début d’un long combat mené par le MDH mais aussi le commencement d’un travail d’éducation populaire pour réhabiliter les déportés pour homosexualité dans la mémoire collective.

Année après année ce travail porte ses fruits, c’est le meilleur hommage que nous puissions rendre à celles et ceux que l’histoire officielle et la mémoire nationale avaient trop longtemps occultés-ées.

Hussein Bourgi, Président du MDH 06 89 81 36 90

 

Angers

 

 

 

Chilly Mazarin

J’ai participé ce matin aux cérémonies du souvenir de la déportation, à Chilly-Mazarin d’abord où j’ai déposé la gerbe du Conseil départemental accompagné de Gerard Funés, conseiller général honoraire. Puis à Massy avec Hella Kribi-Romdhane. Je ne peux m’empêcher de dire ma tristesse de voir si peu de monde participer à ces moments de mémoire et de pédagogie essentiels. Bien sûr cette année c’est au milieu des vacances scolaires. Mais quand même . Je constate que les villes annoncent très discrètement ces cérémonies , que le tissu associatif et éducatif est peu mobilisé. Pourtant , juifs , résistants , tsiganes, homosexuels, opposants politiques … tous victimes de la barbarie nazie, nous obligent tous . Hussein Bourgi

 

Portet sur Garonne

Thierry Suaud, maire de Portet sur Garonne et conseiller régional

Souvenir des victimes et des héros de la déportation nous nous sommes rassemblés en trois lieux : au cimetière israélite, devant la gare puis devant le monument aux morts.

Mesdames, Messieurs,
La journée du souvenir de la déportation n’est pas et ne sera jamais une célébration comme les autres.
Depuis la loi du 14 avril 1954, le dernier dimanche d’avril est consacré au souvenir des victimes de la déportation et des morts dans les camps de concentration du IIIe Reich.
Le sens de cette cérémonie est de rappeler à notre échelle le souvenir d’une catastrophe sans proportion, d’une catastrophe sans commune mesure dans l’histoire de l’humanité, et qui rajoute à l’horreur de la seconde guerre mondiale.
Avec la collaboration servile du gouvernement de Vichy et de l’Etat français, plus de 140 000 personnes furent déportées : parmi elles environ 76 000 juifs, plus de la moitié furent gazés à leur arrivée et seulement 3% d’entre eux survécurent.
Entre 75 et 85 000 Tsiganes, homosexuels, libéraux allemands, francs-maçons, communistes, résistants, ont également été déportés vers les camps de concentration et d’extermination.

Commémorer la déportation, c’est honorer la mémoire de ces enfants, de ces femmes, de ces hommes que l’on a voulu déchoir de toute dignité, déshumaniser, qui avaient pour seul tort d’être « autres ».

Mais il faut sans relâche, répéter que cette célébration n’est pas uniquement tournée vers l’Histoire mais bien vers notre présent et notre avenir, que la dénonciation outragée du fascisme et du nazisme n’a de sens que si elle s’accompagne d’un combat acharné de chaque instant, sans la moindre compromission, contre les formes actuelles de résurgence de ces idéologies de la mort un peu partout dans le monde.
Dans les années 30 du siècle dernier, la conjugaison d’une crise économique qui frappait les familles modestes, les ressentiments nationalistes, le chômage de masse, fut le terreau de la montée électorale de partis d’extrêmes droites fascistes et nazis.

Pourtant, certains s’en souviennent, il était des démocrates avant 1940 qui en toute bonne foi, considéraient qu’il ne fallait pas, à propos du fascisme, dramatiser ni « crier au loup »…L’histoire leur a, hélas, donné très vite tort. Ne commettons pas les mêmes erreurs.

Les déportés, les rescapés, les survivants nous mettent également en garde, nous, les générations d’aujourd’hui sur nos fragilités, sur nos faiblesses, sur nos frilosités.
Paul Eluard, poète et résistant nous le rappelle: « si l’écho de leur voix faiblit, nous périrons ».
Pour Lucie Aubrac, « résister est un verbe qui se conjugue au présent ».

Une société risque de sombrer lorsqu’elle commence à fermer les yeux sur ses dérives, lorsqu’elle banalise les appels à l’exclusion, lorsqu’elle relativise le principe de l’égale dignité de tous les hommes, lorsqu’elle est prête à composer avec l’universalité des droits de l’homme. Il n’y a pas d’avenir pour un monde qui exclut ou rejette, pour un monde construit sur des fermetures et des frontières.

Un appel pour la constitution d’une Belle Alliance Populaire énonce :
« Dans notre pays, les valeurs de progrès et de solidarité, qui se répandaient tant bien que mal depuis deux siècles, sont en recul. Le repli sur soi, le rejet de l’autre pour ce qu’il pense ou ce qu’il croit, gangrènent notre République. Nous faisons face à un tournant régressif.
Dans ce nouveau siècle, la raison a du mal à faire face aux pulsions et aux passions. Le monde regorge de haine et déborde de peur. La guerre est partout. Elle est ici ».

Aujourd’hui en Europe, en France, nous érigeons encore des murs, nous dressons des barbelés.
La question de l’identité est en train d’éclipser celle de l’égalité.
Nous violons le principe de non-refoulement de personnes qui fuient les guerres et les persécutions de la convention de Genève de 1951.
Nous monnayons le sort des réfugiés avec la Grèce et la Turquie et avec eux notre âme.
Mais si l’Europe ne peut apporter une réponse commune à la plus grave crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale, sur quoi peut-elle encore avoir un dessein commun ?
N’oublions jamais que ce qui nous semble inhumain dans la Shoah n’a pas été commis par des monstres, mais par des hommes et des femmes, pris dans une idéologie totalitaire, pris dans la « banalité du mal » – Hannah Arendt – devenue le symbole du mal des temps modernes.
Nous savons désormais que le renoncement aux valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, peut conduire au pire.
Alors, nous tous présents, nous tous enfants de la République, continuons d’en être les combattants.
Maillons de la grande chaine de l’humanité, continuons à la faire vivre, tâchons de reformer les maillons manquants par notre souvenir et comme l’a écrit Primo Levi dans son livre Si c’est un homme :
« Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons
N’oubliez jamais ce qui fut
Non ne l’oubliez jamais »

Pour finir, sur une note d’optimisme je veux citer Mr Charles BUCHARD, un Portésien, ancien marin résistant, arrêté, déporté à BUCHENWALD et qui récemment disait à Jean-Luc BRIS, 1er adjoint, « Lors de mon arrestation en 1943, je n’imaginais pas ce qui allait m’arriver. Aujourd’hui si c’était à refaire, malgré le recul, en parfaite connaissance des risques, et bien je le referai … »

 

Nîmes

Nice

Le Centre LGBT Côte d’Azur et le Mémorial de la Déportation Homosexuelle déposaient ce matin une gerbe en souvenir des déporté-e-s homosexuel-le-s lors de la Cérémonie officielle de la Journée du souvenir des victimes et héros de la déportation.

                    

 

 

Tours

L’hommage aux victimes et héros de la Déportation

André Maillet, cette fois avec des élèves de Vigny-Musset, au monument de la place Anatole-France.

Hier à Tours, André Maillet, 94 ans, représentait toutes les victimes de la déportation, pour le 71 e anniversaire de la libération des camps.

André Maillet n’aurait jamais dû être là, hier, du haut de ses 94 ans, à la cérémonie du souvenir de la libération des camps. Cet homme, enfant de Crissay-sur-Manse, est un miraculé de la vie. Revenu de déportation, avec son frère cadet Bernard et son cousin, hospitalisé en 1946, il était considéré comme perdu. « Mais il a un sacré caractère ! », dit un de ses neveux, une force de caractère qui lui a permis de survivre et de pouvoir honorer tous ceux qui ont laissé leur peau à Auschwitz et dans les autres camps de la mort.

Hier, André Maillet représentait ainsi tous ses camarades de tragédie, victimes et héros de la déportation, pour le 71e anniversaire de la libération des camps. La première partie de la cérémonie se déroulait à l’hôtel de ville de Tours. Piquet militaire, porte-drapeaux dans l’escalier d’honneur, dépôt de gerbes par les autorités, audition du « Chant du Marais », lecture d’un message commun par Geneviève Dubernard, présidente de l’Union départementale des déportés internés et familles, et résistants.
Parmi les personnalités présentes, le préfet Louis Le Franc, le député Jean-Patrick Gille, la sénatrice Stéphanie Riocreux, le maire Serge Babary, l’élu régional Pierre Commandeur, l’élu départemental Thomas Gelfi, le général de division Jean-Yves Lauzier, commandant d’armes de la place de Tours.
Sonnerie aux morts, « Marseillaise ». L’hommage se déplaçait ensuite place Anatole-France, à la stèle de la Déportation. Les élèves de l’école Vigny-Musset étaient associés à la matinée commémorative, ainsi que l’association cultuelle israélite et le Centre lesbien, gay et trans de Touraine et sa délégation départementale du Mémorial de la déportation homosexuelle. La cérémonie rassemblait tout le monde, cette année, « pour la première fois » soulignait la LGBT.
Le préfet assistait enfin à la cérémonie de Monts, à la stèle du Camp de la Lande. Le Centre LGBT de Touraine projetait dans l’après-midi, aux cinémas Studio, « Paragraphe 175 », alors qu’une exposition sur « La Déportation homosexuelle » se tient à la bibliothèque centrale, en partenariat avec la Ville.

 

Une exposition et du cinéma sur la déportation homosexuelle pour célébrer l’intégration du Centre LGBT de Touraine aux commémorations