Intervention de Jean le Bitoux aux UEEH 2002
LES OUBLIES DE LA MEMOIRE
Jean le Bitoux : En introduction à cet atelier sur la déportation des homosexuels, atelier qui de fait s’inscrit dans le cycle sur la mémoire (dont le colloque de mercredi constitue la pièce maîtresse), je voudrais rappeler les éléments de cette tragique histoire. A la libération les déportés eux-mêmes ont observé un silence total quand de leur côté les historiens n’ont rien foutu. C’est au début des années 80 que les premiers témoignages anonymes surgissent, comme le livre de Heinz Hegger (« Les hommes au triangle rose »). Ce qui a finalement réussi à faire bouger les choses fut l’insistance courageuse de Pierre Seel à vouloir témoigner afin de faire valoir qu’il souhaitait sa carte de déporté. Carte qu’il a obtenu un an après la parution de son livre témoignage (« Moi Pierre Seel, déporté homosexuel »), en 1995. C’est donc en 1995/1996 qu’a été demandé un complément d’enquête sur ce qui s’est passé en Alsace et en Moselle. Et s’il y a encore quelques survivants, le seul qui aujourd’hui témoigne est Pierre Seel. Et quand les instances officielles ont réalisé que nous ne racontions pas d’histoire et qu’il y avait bien eu une déportation des homosexuels en Alsace et en Moselle (départements annexés au Reich allemand), les fédérations de déportés n’ont pu que reconnaître la réalité de la déportation homosexuelle.
Lettre du secrétaire aux anciens combattants au MDH cliquez pour en savoir plus