Cérémonie de la déportation 2000

CEREMONIE DU SOUVENIR

Journée de la déportation du 30 avril 2000

Comme chaque année nous témoignerons de notre mémoire à l’égard des homosexuels déportés, le 30 avril au matin.

Dans cette perspective, il est utile de faire l’état de la question.

1- Les contacts pris avec les associations de déportés et résistants.

Pour mieux préparer notre participation à la prochaine Journée du Souvenir et pour mieux nous faire connaître des Associations concernées, nous en avons rencontré 2 (UDAC et Déportés d’Auschwitz) le 20 novembre 1999. Nous leur avons témoigné de la sympathie et expliqué les raisons de notre mobilisation, depuis plusieurs années, pour cette manifestation. Nous leur avons dit notre espoir d’être mieux associés à la cérémonie officielle, en particulier nous avons formulé 5 souhaits:

* Que la police ne cherche plus à contrôler notre accès dans les barrières réservées au public (en particulier si nous arborons, avant d’y accéder, un triangle rose);

* De pouvoir déposer une gerbe pendant la cérémonie, comme le font les enfants des écoles;

* Que la déportation des homosexuels soit citée dans un ou des discours officiels (nous avons signalé que nous avions apprécié que Igor Vassilieff, aumonier, cite la déportation homosexuelle lors de l’absoute, en 1999);

* Que les fleurs que nous déposons individuellement, après la cérémonie officielle, ne soient pas systématiquement enlevées par les services de nettoiement, alors que les gerbes sont préservées;

* Qu’enfin l’un de nos représentants puisse figurer parmi les personnalités officielles.

Ils nous ont suggéré de formuler par écrit nos remarques auprès des 3 fédérations importantes (FNDIR, ADIRP, URDIF) ce que nous avons fait.

Les réponses ne sont pas à la hauteur de nos attentes.

* L’ADIRP rappelle qu’il s’est dégagé depuis de nombreuses années un consensus pour le dépôt d’une seule gerbe et qu’elle souhaite d’autant moins disperser les forces que ses rangs s’amenuisent inexorablement (réponse du 14 décembre 1999);

* La FNDIR estime qu’il ne lui appartient pas de prendre position, son président départemental informe néanmoins de nos remarques l’élu en charge des anciens combattants, le directeur du protocole de la Ville et son président national (réponse du 15 février 2000).

2- La déportation concerne aussi les homosexuels.

* Un film vient de sortir « Paragraphe 175 » réalisé par des américains, ils donne la parole aux 6 déportés survivants. L’un d’entre eux Pierre Seel est français (cf. Têtu, mars 2000).

* Nous avions invité Pierre Seel à Marseille du 9 au 14 avril 1997, il a été très bien reçu par toute la communauté lesbienne et homosexuelle de Marseille (conférence au Goethe Institut, rencontre avec des hommes politiques, avec la presse et avec d’autres déportés). Il en garde un souvenir ému.

* Son histoire racontée avec l’aide de Jean le Bitoux « Moi Pierre Seel, déporté homosexuel » est paru en 1994 chez Calmann-Lévy.

* Combien y a-t-il eu de déportés homosexuels? Un canadien de l’Université de Laval (Lloyd Eden Keas) a tenté en 1996 de regrouper des informations chiffrées. Il cite des estimations allant de 10 000 (estimation fréquente, fondée sur une compilation des condamnations officielles liées à l’application par les nazis du paragraphe 175, resté en vigueur de 1871 à 1994) à 50 000 (Heinz Heger, Richard Plant) ou à 500 000 (Franck Rector). Les estimations des historiens français varient de 30 000 à 300 000 pour ce qui concerne l’ensemble des pays occupés par les nazis, les déportés français sont apparemment peu nombreux. Mais peu de chiffres sont fiables. La répression a été terrible, mais difficilement quantifiable.

On peut sans doute avoir une idée de leur vie dans les camps en faisant une analogie avec les sévices que subissent les homosexuels repérés comme tels en prison aujourd’hui, l’extermination en moins.

* Parmi ceux qui travaillent sur ces questions, citons l’association des Flamants Roses à Lille (qui a réalisé tout un dossier), Jean le Bitoux avec l’association du Mémorial, à Paris (association est présente tous les ans lors de la cérémonie du Souvenir), l’association Ex Aequo à Reims (qui a obtenu en 1999 l’annulation d’un arrêté du maire qui voulait empêcher l’accès des homosexuels au square où se tenait la cérémonie) et la coordination lesbienne féministe de Caen (qui recherche des témoignages de déportées, tel: 02.31.38.25.89). Il faut aussi noter que Pierre Seel, seul déporté homosexuel reconnu comme « déporté politique » est toujours extrêmement actif, son souhait le plus vif, obtenir un mémorial de la déportation, en France.

3- Une journée du Souvenir pour les homosexuels.

Lors de l’Université d’Eté Homosexuelle de juillet 1999, un groupe de travail a proposé que la veille de la journée annuelle de la déportation (dernier dimanche d’avril) soit marquée par une visibilité des répressions vécues par les homosexuels à travers l’Histoire.

Nous avons sollicité un certain nombre d’historiens pour marquer cette date à Marseille, par un débat le 29 avril prochain.

La mobilisation de nos amies du CEL pour leur 10è anniversaire à ce moment de l’année rend difficile l’organisation de ce débat, mais il est encore possible de trouver un créneau horaire qui leur convienne.

En tout état de cause, il nous parait utile de prévoir une conférence de presse pour expliquer les raisons de notre participation depuis de nombreuses années à la Journée du Souvenir.

Mémoire des Sexualités-Marseille

Christian de Leusse

avril 2000

    

Association Mémoire des Sexualités Marseille, le 13 avril 2000

52 rue d’Aix, 13001 Marseille

tel/fax:04.91.91.46.86

Christian de Leusse

Président

mail:  Chdeleusse@aol.com

Objet: COMMUNIQUE DE PRESSE

Cérémonie du Souvenir du 30 avril 2000

Comme les années précédentes, les homosexuel(le)s seront présents à la Cérémonie du Souvenir du dernier dimanche d’avril.

Ils souhaitent être présents dans la dignité et le souvenir de leurs propres déportés.

Cette année, nous avons pris tous les contacts nécessaires avec les associations de déportés, internés résistants: rencontre à la Maison du Combattant en novembre 1999, courriers aux 3 associations les plus importantes (FNDIR,  ADIRP, URDIF) en décembre 1999 et en avril 2000. Nous leur avons demandé de bien vouloir évoquer nos souhaits d’être davantage associés à cette cérémonie, à l’occasion des rencontres préparatoires en préfecture.

En particulier nous avons formulé 5 souhaits:

1- Que la police ne cherche plus à contrôler notre accès dans les barrières réservées au public (en particulier si nous arborons, avant d’y accéder, un triangle rose);

2- De pouvoir déposer une gerbe pendant la cérémonie, comme le font les enfants des écoles;

3- Que la déportation des homosexuels soit citée dans un ou des discours officiels (nous avons signalé que nous avions apprécié que Igor Vassilieff, aumonier, cite la déportation homosexuelle lors de l’absoute, en 1999);

4- Que les fleurs que nous déposons individuellement, après la cérémonie officielle, ne soient pas systématiquement enlevées par les services de nettoiement, alors que les gerbes sont préservées;

5- Qu’enfin l’un de nos représentants puisse figurer parmi les personnalités officielles.

Ces associations ont été attentives à nos remarques.

  Vous trouverez ci-joint quelques éléments d’informations susceptibles de vous expliquer les raisons de notre présence.

Merci de faire écho à notre mobilisation