1995-2001 : les grandes dates de la mobilisation publique contre le sida : 1995 création de l’OMC (organisation mondiale du commerce) qui définit la propriété intellectuelle des brevets ; décembre 1997 premières réactions officielles (du président de Côte d’Ivoire, du ministre Bernard Kouchner), apparition du Fonds de Solidarité Thérapeutique (FST) en France annonciateur du Fonds mondial et mise en place de programme pilotes d’accès aux soins eau Sénégal et en Ouganda, les 1ères négociations avec l’industrie pharmaceutiques permettent une réduction de 10 à 30% du coût du traitement ; 1999 les négociations s’engagent entre ONG (dont MSF) sur la question de la propriété industrielle ; 2000 il y a 34 millions de personnes vivant avec le VIH et le traitement contre le VIH coûte 10 000 $ par an et par personne, un document diffusé par Act Up explique la durée des brevets et le droit de chaque Etat sur un brevet à l’heure où le monopole empêche la création de génériques, certains pays se mettent à produire des génériques d’antirétroviraux (Brésil, Thaïlande, Inde) ainsi le prix du traitement descend à 2000 – 3000 $
1995-1999 : à Marseille, le FSMC (Fetish Sport Moto Club) animé par Jean-Pierre Fouque gère le local du 28 rue Mazagran, le Mineshaft, club cuir, à la fois local de réunion et commerce de matériel SM
1995-1999 : à Marseille, les lieux commerciaux gays et lesbiens sont pour l’essentiel les boites de nuit : La Mare aux Diables (de Jean-Pierre) et le New Cancan de Michel Piacenza (avec leurs spectacles de travestis), les restaurants : Chez Clémentine inauguré en 1978, Il Caffé (successeur de Clémentine, avec la même équipe Yves et Alex, Yves Riu et Alex Albis) ; Perlimpinpin et Rue Elles (tenue par des femmes), le Scalino (ouvert par Nouria Sebaoui, sur le Cours Julien en 1989 qui sera ouvert jusqu’en 1999) ; ou encore Le Petit Duc (à côté de la Librairie Maupetit), le Cintra (gay friendly), Chez Moon (autres bars de travestis de la rue Curiol) ; les saunas (Le Palmarium, Le Dragon, etc.) ; et à Aix en Provence, le restaurant L’Invitée
1995-1999 : à Marseille, après le Chocolat Théâtre et le (B)éret volatile Gérard Goyet – ancien du GLH – poursuit ses activités de café-théâtre, il prend la direction artistique du théâtre Bompard avec Philippe Crévisy ; puis il crée l’Horodateur, avec Roland Escobar (rue d’Italie) ; en 1999, Gérard Goyet jouera un rôle majeur pour la partie artistique de la renaissance des Universités d’été homosexuelles (désormais UEEH, universités d’été euroméditerranéennes des homosexualités)
1995-1997 : à Marseille, le Collectif Gai et Lesbien Marseille Provence poursuit ses activités ; il regroupe 6 associations (l’association motocycliste alternative de l’AMA, David et Jonathan, les jeunes de RAS-Rien A Signaler, le Centre évolutif Lilith, Rando’s Provence et Santé et Plaisir Gay Provence, une nouvelle association se créera bientôt et intègrera le collectif Les Grues libérées ), et publie en janvier 1995 le n°7 de son bulletin Marseil’Gais (directeur de publication Christian de Leusse, rédacteurs Béchir Chemsa et Véronique Rayet), les articles sont de Béchir Chemsa : « Si vous n’avez pas un esprit communautaire pour vous-même, ayez-le pour (les jeunes qui ont besoin d’aide) assumons nos responsabilités parentales et aidons-les à comprendre qui ils sont », de Pierre Farges : « Roger Stéphane s’est donné la mort à 75 ans (Roger Worms de son vrai nom), il mérite notre hommage », Véronique Rayet : « Nous souhaitons bonne fête aux filles du CEL – qui fête ses 5 ans, l’association est née le 8 septembre 1990 – et a organisé devant le consulat d’Italie contre les propos du candidat néo-fasciste Buscaroli », le bureau « salue les dons de Maurice de l’Enigme-Bar, d’Aides-Provence, d’Act Up, des restaurants La Camargue, Le Poucet et Le 15 qui a apporté une contribution totale de 8 000 francs au total à La Maison dirigée par le Dr Lapiana, à Gardanne » ; le Collectif se réunit chaque jeudi de 19h à 22h au « Local », 8 rue Barbaroux ; le 4 février 1995 AG du Collectif à la Maison des associations (élection d’un CA à hommes-femmes, coprésidents Ch de Leusse et Patricia Guillaume) ; le 10 février 1995 une lettre est adressée aux candidats aux Présidentielles (Chirac, Balladur, de Villiers, Millon, Jospin, Hue, Lalonde, Waechter, Voynet) avec les signatures de 100 personnes pour demander le Contrat d’union civile ; le 18 mars 1995 un bal à l’Alhambra rassemble 500 personnes ; en avril 1995 Mémoire des sexualités et Collectif gay et lesbien Marseille Provence déposent une gerbe après la cérémonie officielle de la Déportation ; il organise le 17-27 juin 1995 une semaine de débats dans le cadre de la Lesbian and Gay Pride, ainsi que la Marche et le bal du 25 juin ; en novembre 1995 une lettre est adressée au maire de Marseille pour demander la délivrance de certificats de concubinage ; le 21 oct. 1995 le bal de Halloween est un grand succès ; en novembre-décembre 1995 trois brunchs au Scalino rassemblent jusqu’à 40 personnes ; le 1er décembre 1995 le Collectif participe aux cérémonies et manifestations de le Journée mondiale de lutte contre le sida ; le 5 décembre 1995 il lance l’idée d’un Centre Gai et lesbien à Marseille, avec 7 axes forts (services d’accueil, lieu convivial, informations Sida, solidarité, lieu d’initiatives, lieu culturel, lieu de documentation), géré par le Collectif ; le 8 décembre 1995 le bal des « mariages » est destiné à donner du retentissement à notre revendication sur le Contrat d’Union Sociale et d’aller massivement demander des certificats de concubinages en mairie ; 14 décembre 1995 et 3 février 1996 AG du Collectif
1995-1996 : à Marseille, le Tipi qui s’adresse aux toxicomanes et aux homosexuels, organise en 1995 un concert à l’Espace Julien qui lui permet de collecter l’argent nécessaire, 1 500 €, à l’ouverture d’un local rue Vian, pour fabriquer des objets d’artisanat, et mener des actions de sensibilisation sont faites dans des villages ; il reçoit ses 1ères subventions en 1996 et aura bientôt ses 1ers salariés (pour Hélène et Nicole) , avec le soutien de la DDASS et de la mission Sida-Toxicomanie de la ville de Marseille ; il intervient dans les rave-parties et multiplie les animations dans les quartiers et organise de concerts et de fêtes avec des déguisements, il y aura alors 700 adhérents très divers (avec des familles) ; l’association un peu incontrôlable devient aussi incontournable, elle est soutenue par la DDASS (avec Paule Gastinel) et la mission sida toxicomanie (animée par le Dr Tubiana), elle se rend partout (visite aux malades dans les hôpitaux, sensibilisation des sortants de prison du SPES), les SPI (sœurs de la perpétuelle indulgence) les rejoignent parfois, elle défend les personnes qui viennent au Tipi ; en 1996 le Tipi s’insurgera contre le tirage au sort pour bénéficier du traitement à l’AZT ; un groupe de chanson, les Mounines, s’est formé pour parler de la prévention de façon entrainante ; l’association intervient dans les rave-parties sur la toxicomanie et sur le sida, pour les droits des homosexuels
1995-1996 : à Marseille, création d’Act Up Marseille avec la mise en place de commissions (Traitement et Recherche, Droit des malades, Femmes, Prisons, Prévention) et de groupes (en particulier Journal et Evénements) ; les adresses et téléphones des adhérents sont dûment répertoriés afin de pouvoir organiser des zap et des manifestations, parmi ceux-ci les vœux aux politiques en janvier 1995, une manifestation en soutien à Mgr Gaillot, une action de protestation contre la libération du Dr Garretta, ancien directeur du CNTS (centre national de transfusion sanguine) lors du scandale du sang contaminé, un zap du conseil d’administration du CRTS, une manifestation commune avec Aides, un zap des meetings politiques (de Balladur, Hue, Jospin et Juppé) en avril-mai, une interpellation du ministre Philippe Douste-Blazy, une campagne d’affichage contre le Front National, un dépôt de gerbe « sauvage » lors de la cérémonie de la Déportation le 30 avril 1995, une journée d’action à la Friche Belle-de-Mai le 27 mai 1995 (avec conférences-débats, ateliers, théâtre, concerts), trois zap du centre marseillais de prévention sida, trois zap de pharmacie de la Canebière, la participation à la Gay Pride de Marseille, avec lancement de la minute de silence et d’un die-in, la participation au débat homosexualité et sida, un stand au cours Julien lors de la semaine de la Gay Pride 1995, une lettre au maire de Marseille sur la lutte contre le sida, un zap à l’hôpital de la Conception pour dénoncer l’insalubrité et la misère du service du Pr Gallais, un zap de Jean-François Matteï, adjoint à la santé, en mairie, l’interpellation de la ministre Elisabeth Hubert lors des 8èmes Assises de Aides à Marseille, le traçage au sol de 170 silhouettes (pour les 1 700 morts du sida en PACA ) sur le parcours des Réformés à l’Hôtel de Ville, un tractage lors de la manifestation Région-Ville sur le sida du 1er décembre 1995, suivi de l’interpellation de militants d’Act Up ; en avril 1996 Act Up Marseille compte 61 n° de téléphones de personnes prêtes à se mobiliser
Années 1995 et suivantes : à Marseille, le nouvelle municipalité, dirigée par J.-C. Gaudin, s’engage dans une politique spécifique sida-toxicomanie, avec son adjoint à la santé Jean-François Matteï ; 70 structures seront peu à peu subventionnées en faveur de la prévention et de la réduction des risques, un dispositif d’échange des seringues sera installé dans chaque arrondissement et un comité de pilotage inter-institutionnel est mis en place
Vers 1995 : Elton John s’installe dans une villa du Mont Boron à Nice, avec son mari David Furnish (puis son enfant Zachary), achetée pour 2,5 millions €
1995 : Philippe Joanny publiera 95 en 2023, son journal sur cette terribles année sida, après le temps des pissotières « Cette marée de mecs décontractés et le sourire aux lèvres était comme une révélation. Je n’avais jamais vu ça »… « Il y a ceux qui l’ont chopé et ceux qui jusque-là on réussi à y échapper, mais au bout du compte on est tous concernés… Quatre-vingt-quinze, en fait c’est la dernière année de la période la plus sombre de l’épidémie » ; un quartier du Marais effervescent et douloureux apparaitra sous sa plume,, le bar du Privilège et le Gay Tea Dance au Palace, le Queen, l’Enfer à la tour Montparnasse, le Monster’s, le Quetzal, Haute Tension, le Moustache, le Village « le premier bar pédé qui a ouvert », le Swing, le Central, le Kit Kat, les raves de Mozinor, le jardin des Tuileries, le Pont Saint Louis, les cinémas porno de Pigalle, les pissotières de la gare de l’Est, le Rapid à Paris ou encore les Baladins à Honfleur mais aussi l’héroîne, la cocaîne, l’ecstasy, la kétamine et d’un autre côté la séropositivité et le sida ; les familles, les hôpitaux « on ne nous laissait pas nos morts, on nous les confisquait »
1995 : Cinéma : « Gazon Maudit » de Josiane Balasko, « Zéro Patience » de John Greyson, « Go Fish » de Rose Troche, « Swoon » de Tom Kalin, « Prêtre » d’Antonia Bird, « Priscilla, folle du désert » de Stephen Elliott, « N’oublie pas que tu vas mourir » de Xavier Beauvois (Cannes 1995, sortie janvier 1996) ; Go Fish a un impact considérable sur le cinéma lesbien, avec sa romance débordante de charme et d’imagination joyeuse, à un moment où l’image des lesbiennes est rarement heureuse au cinéma et dans les séries
1995 : sortie du documentaire Transsexual Menace de Rosa von Praunheim qui rend compte des activités de l’association américaine du même nom fondée en 1994 par Riki Wilchins et Denise Norris, il rencontre l’activité politique et militante à un moment où Transgender Nation naît de l’antenne LGBTQ Queer Nation fondée à New York en 1990
1995 : parution du livre d’Antoinette Fouque Il y a deux sexes, essai de féminologie, elle y souligne les limites de la Constitution : « Au niveau symbolique, le préambule de la Constitution ignore toujours la catégorie du sexe qu’Amnesty international a fait inscrire cette année dans ses statuts, aux côté de races, religions, croyances. Le cadre constitutionnel, réticent, fige le droit, inhibe les urgences de démocratisation, le politique. »
1995 : disparition du MIEL (Mouvement d’information et d’expression des lesbiennes) ; 7ème festival international de Films Lesbiens Quand les lesbiennes se font du cinéma ; création de l’observatoire de la Parité ; parution des n°1 de Réseau Femmes Ile-de-France, de la Lettre d’info de l’Espace Simone de Beauvoir et de Clio Histoire Femmes et Société de l’Université Toulouse-le-Mirail ; parution du bulletin Les Dégénérées (qui aura 3 n° en 1995, 1996 et 1997)
1995 : Aides diffuse l’affiche « La France est une terre d’asile qui renvoie dans leur pays les malades du sida étrangers en situation irrégulière » avec 3 avions en forme de cercueil, et l’information « Pour contacter le comité d’Aides le plus proche tapez 3615 »
1995 : la Conférence mondiale des femmes à Pékin est exempte de représentantes lesbiennes, c’est le point de départ d’une mobilisation pour une coordination des lesbiennes en France ; une rencontre interrégionale est initiée par Maïté Maillet des Inform’elles à Avignon avec le CEL de Marseille et Voies d’Elles de Grenoble, les 3 associations sont mandatées pour organiser une rencontre nationale à Valence, où Maïté Maillet dans un discours formule une proposition mettant en place les bases d’une coordination nationale (dont les statuts seront déposés en 1997)
1995 : le PNUD (programme des nations unies pour le développement) évalue que les femmes ont contribué à l’économie mondiale pour une valeur de 11 000 milliards de $ par leur seul travail domestique non rémunéré – en précisant que ce chiffre ne prend pas en compte les activités liées à l’agriculture de subsistance, ni le secteur informel – cela représente près de 50% de la production annuelle totale qui s’élève à 23 000 milliards de $
1995 : ouverture du bar le Cox, rue des Archives, par Frédéric Hervé, qui deviendra en 2014 un bar « pionnier » en fêtant ses 19 ans
1995 : mort de l’islamologue Jacques Berque (1910-1995), il notait à propos de la sourate XXIV « La Lumière » que les versets 2 et 3 sur le châtiment des adultères (100 coups de fouet) son suivis d’une vingtaine de versets rappelant la miséricorde divine, or les docteurs de la loi ont écarté la mansuétude et alourdi la peine, commuée en lapidation
1995 : mort du « père » de l’art corporel Michel Journiac (1935-1995) des suites d’un cancer, il jouait avec la chair, les muscles, le sang, le corps souffrant et le corps transfiguré ; professeur attentif et apprécié, autodidacte de l’art, il a été révolté par le scandale du sang contaminé en 1993 ; dans 24h de la vie d’une femme (1974) il est travesti en femme, achète des tampons, fait la lessive le ménage et les courses en tailleur Chanel
1995 : sortie du documentaire The Celluloïd Closet de Rob Epstein et Jeffrey Friedman, galerie des représentations des minorités sexuelles par Hollywood qui rappelle le poids monstrueux du code Hays sur le cinéma américain de 1930 à 1967 en montrant des séquences censurées dans lesquelles apparaissent Tony Curtis, Laurence Olivier, Charlton Heston, dans Spartacus en 1960 et Ben Hur en 1980, jusqu’à Tom Hanks dans Philadephia en 1993, Catherine Deneuve dans Les Prédateurs en 1983 en passant par les films Butch Cassidy et le Kid en 1969 et Thelma et Louise en 1991
1995 : depuis 1985, Patrice Chéreau (1944-2013), regroupe autour de lui une troupe de comédiens de première qualité au Théâtre des Amandiers en particulier (Valeria Bruni Tedeschi, Marianne Denicourt, Agnès Jaoui, Vincent Perez, Bruno Todeschini, Thibault de Montalembert, Eva Ionesco, Laurent Grévill, Hélène de Saint-Père, Bernard Nisille, etc.) entrainés dans un tourbillon de théâtre rigoureux et de fête au Palace, aux Bains-Douches ou ailleurs, une vie quasi communautaire avec des salaires égaux, où l’homosexualité comme l’hétérosexualité se vivent librement, en proximité avec les auteurs de pièce de théâtre Bernard-Marie Koltès ou Pierre Romans, le film La Reine Margot en 1994 en est un peu l’apothéose, peu à peu overdose et sida touchent sévèrement la troupe et la bande s’effiloche ; Marc Citti écria un livre sur cette période, Les Enfants de Chéreau (en 2015)
1995 : parution de Quelle importance ? et autres nouvelles de E.-M. Forster (1879-1970) qui rassemble plusieurs textes parus des années 1930 à 1958, l’auteur de fait le chantre de l’hédonisme et dénonce les conventions sociales, l’homosexualité s »exprime en particulier dans la nouvelle L’Autre bateau rencontre d’un ambitieux officier de l’armée britannbique et d’un joyeux adolescent Noix de Cacao ; l’auteur s’est fait connaître notamment avec le roman autobiographique Maurice paru en 1913, histoire du long et dur combat d’un homme vers son autonomie intellectuelle et sexuelle
1995 : création à Saint-Denis de l’association Voix d’elles rebelles, avec Sarah Oussekine comme présidente, qui reçoit des femmes qui demandent de l’aide, des places en foyer par exemple
1995 : à la mairie de Saint-Nazaire, délivrance des 1ers Certificats de vie commune
1995 : à Marseille, 5ème anniversaire de la création du CEL (Centre évolutif Lilith) ; l’association organise une fête par mois au CEL, alternant avec les fêtes des 3G (thématiques) ; Patricia L. qui comme stagiaire au musée d’art moderne de la ville de Paris a participé à l’organisation de la 1ère rétrospective sur Claude Cahun, est sollicitée pour organiser au Cargo une exposition sur « L’art est-il genré ? », elle écrit des articles signés du CEL dans Lesbia sur les femmes artistes ; Sylvie Mattéo, Maïté Maillet, Patricia L. et d’autres organisent le débat 20 ans de féminisme, avec Nicole Sirjean et Dominique (qui faisait partie de SOS femmes battues à Aix) ; conférence de Nicole Sirjean sur les années de L’Invitée organisée par Air’Elles ; en juin 1995, les femmes du CEL participent à la 2ème Gay Pride, une semaine d’animation riche (spectacles, expositions…) beaucoup de lieux culturels ont ouvert leurs portes, la semaine est suivie par le journal culturel gratuit Tak-Tik, elle se termine par une très grosse soirée aux Salons de Vaufrèges (« 500 personnes qui n’ont pas pu rentrer » dira Patricia Guillaume « notre triomphe et notre perte, les milieux commerciaux ont compris la manne que représentait la Gay Pride, et ont voulu nous décharger de cette tache. La guerre a été déclarée et la Lesbian & Gay Pride nous a échappé… »)
1995 : à Marseille, la mobilisation d’Act Up Marseille, née en avril 1994, se manifeste tout au long de l’année, en commençant par des « vœux » aux politiques à propos des 3 700 victimes du sida en 1994, une manifestation de soutien à Mgr Gaillot (un évêque privé de diocèse, favorable au préservatif), une protestation contre les libération du Dr Garretta responsable du CNTS concerné par les transfusions contaminantes, un zap du CRTS, une manifestation commune avec Aides le 2 avril sur le thème ‘ »le 3ème septennat du sida va commencer », plusieurs zap lors des meeting politiques liés aux présidentielles, une interpellation du tout nouveau ministre (Douste-Blazy) en charge du sida , une protestation contre la campagne d’affichage du FN à propos du sida, une participation « sauvage » à la cérémonie de la Déportation de la fin avril, une journée d’action à la Friche Belle-de-Mai, , trois zap du centre marseillais de prévention sida (en mai, juin et octobre), deux zap d’une pharmacie de la Canebière (en juin et juillet), une participation active à la Gay Pride (stand, débat, minute de silence et die in), un courrier au maire sur le rôle de la mairie dans la lutte contre le sida, , un zap de l’hôpital de la Conception à propos des mauvaises conditions faite aux malades du sida dans le service du Pr Gallais, une interpellation de la ministre de la santé, Elisabeth Hubert, lors des 8ème assises de Aides à Marseille le 13 octobre, un parcours des morts du sida entre les Réformés et l’hôtel de Ville symbolisé par des silhouettes de morts peintes au sol, enfin le 1er décembre distribution de tracts lors d’un défilé organisé autour du sida par la Ville et la Région (empêchée par la police, suivie de gardes à vue pour des actupiens) ; au terme de l’année il y aura 60 militants d’Act Up répertoriés et contactables pour des zap
1995 : à Marseille, création de l’association d’autosupport Asud Mars Say Yeh, Paolo Martelli fait partie des fondateurs, ce n’est que depuis 1987 que détenir une seringue est autorisé, c’était une présomption d’usage, l’association accompagne les proches atteints du VIH qui sont à l’hôpital jusqu’à leur mort ; en 1993 est née une autre association d’auto-support, le Tipi dont Nicole Ducros est l’une des fondatrices, qui a un local rue Vian (les deux associations fusionneront en 2021)
1995 : en Italie, aux élections municipales de Bologne, une femme trans est élue, Marcella Di Falco, c’est la 1ère fois au monde qu’une femme trans est élue, elle est connue depuis 1988 à la tête du Movimento Identità Transessuale qui milite en Italie comme au niveau européen pour les droits des trans ; Bologne est la ville qui héberge le plus vieux centre LGBT d’Italie, le Cassero
1995 : en Allemagne, à Munich implantation d’un mémorial de la déportation homosexuelle, après 10 ans de mobilisation, en effet dès 1985 un groupe de militants s’est mobilisé pour cela, et en 1988 un mémorial a été installé à Dachau sous la protection de la chapelle protestante mais il a été endommagé par une tempête et a du être enlevé
1995 : en Israël, la loi stipule désormais que les gays et les lesbiennes peuvent servir dans l’armée ; en 1997 la loi stipulera simplement que « tout le monde peut servir dans l’armée »
1995 : en Autriche, le cardinal Hans Hermann Groër, archevêque de Vienne, est publiquement accusé d’abus sexuels par deux de ses anciens élèves ; il renonce la même année à ses fonctions ; si le Saint-Siège estime que le prélat est victime de fausses accusations, son évêque coadjuteur Mgr Christoph Schönborn admettra la crédibilité des faits
1995 : au Canada, des milliers d’Amérindiens ayant séjourné dans des pensionnats religieux, accusent le gouvernement et les Eglises (catholique, presbytérienne, anglicane et unie) d’ « abus sexuels », « maltraitances » et « génocide culturel » commis entre 1880 et 1984
1995 : au Canada, parution du livre La Nuit des princes charmants de Michel Tremblay, dans lequel se découvrent la Belle Province du Québec, le bonheur, l’émotion, le rire et le français le plus pur, le chum, parlé avec les accents du terroir, où 2 garçons enlacés s’entendent dire : « Encore des tits culs trop jeunes qui ont de la misère à contrôler leurs tits manches trop verts »
1995 : en Australie, parution de l’ouvrage Masculinities de la sociologue Raewyn Connel depuis le milieu des années 1980 elle souligne que chaque société génère un idéal de ce que doit être un homme, ces « normes » conduisent à l’existence de masculinités dominantes et de masculinités subordonnées ou marginalisées ; le livre sera considéré en 2013 comme « incontestablement l’ouvrage de sciences sociales le plus influent sur la question des masculinités dans le monde anglophone et au-delà » par le sociologue Florian Voros et les anthropologues Mélanie Courarier et Gianfranco Rebucini ; l’ouvrage sera réédité en 2005 (mais en 2013 il ne sera toujours pas traduit en français)
Janvier 1995 : à Marseille, le Collectif Gai et Lesbien Marseille Provence publie le n°7 de son bulletin Marseil’Gais (directeur de publication Christian de Leusse, rédacteurs Béchir Chemsa et Véronique Rayet), le collectif regroupe 6 associations (l’association motocycliste alternative de l’AMA, David et Jonathan, les jeunes de Rien A Signaler, le Centre évolutif Lilith, Rando’s Provence et Santé et Plaisir Gay Provence), les rédacteurs sont Béchir Chemsa « Si vous n’avez pas un esprit communautaire pour vous-même, ayez-le pour (les jeunes qui ont besoin d’aide) assumons nos responsabilités parentales et aidons-les à comprendre qui ils sont », Pierre Farge « Roger Stéphane s’est donné la mort à 75 ans (Roger Worms de son vrai nom), il mérite notre hommage », Véronique Rayet « Nous souhaitons aux filles du CEL qui fête ses 5 ans (créé le 8 septembre 1990) et a organisé devant le consulat d’Italie contre les propos du candidat néo-fasciste Buscaroli », le bureau qui « salue les dons de Maurice de l’Enigme-Bar, d’Aides-Provence, d’Act Up, des restaurants La Camargue, Le Poucet et Le 15 qui a apporté une contribution totale de 8 000 francs au total à La Maison dirigée par le Dr Lapiana, à Gardanne » ; le Collectif Gai et Lesbien Marseille Provence se réunit chaque jeudi de 19h à 22h au Local, 9 rue Barbaroux
Janvier 1995 : en Afrique du Sud, un comédien Afrikaner Peter-Dirk Uys, adepte de la satire publique depuis plusieurs années, se produit sous le nom d’Evita, bourgeoise blanche et satisfaite, qui n’hésite pas à égratigner l’apartheid, et un peu aussi la première année de pouvoir de Nelson Mandela ; pendant les années d’apartheid, ses premières pièces parlant de corruption, de prostitution ou d’homosexualité, étaient systématiquement interdites
Février 1995 : sortie du premier n° du journal Têtu, mensuel gay et lesbien, par Didier Lestrade et Pascal Loubet, tous deux anciens d’Act Up-Paris et journalistes, en manque de financement pour leur projet, ils ont sollicité Pierre Bergé, à contre cœur pour ce qui concerne Didier Lestrade (« ça m’a foutu en l’air, je n’avais absolument pas envie de me rapprocher du monde de la mode »), le soutien de Clews Vellay emporte la décision de Pierre Bergé, ils n’ont pas les droits pour dénommé leur journal Pride, le journaliste Loïc Prigent propose Têtu, la culture house et électro et le VIH sida (avec la rubrique s’appelle Têtu +) ont une place importante, ils voulaient faire un magazine mixte, avec une équipe rédactionnelle paritaire, ainsi paraîtra en juillet-août le n°1 de Têtu madame supplément gratuit de Têtu, mais Pierre Bergé n’est pas sensible à la question lesbienne, et le journal disparaît au bout de 3 numéros ; jusqu’en 2013, Pierre Bergé soutiendra financièrement le journal Têtu, il lui permettra d’exister, épongeant les déficits, chaque année ; Didier Lestrade dira : « Têtu a toujours été sous perfusion de l’argent de Pierre Bergé. Et de ses caprices. »
Février 1995 : au Centre Gai et Lesbien de Paris, le bureau démissionne, Fleury Drieu postule au poste de président, il constitue une équipe essentiellement issue des rangs des volontaires, ainsi avec lui Nathalie Millet et Philippe Rolland à la vice-présidence, Dominique Touillet et Juliette Varieras au secrétariat général et Bertrand Forest et Jean Pfrimer à la trésorerie seront élus en mars 1995 ; un directeur salarié sera recruté, Alexis Meunier ; 59 associations sont membres du CGL ; les activités sont désormais multiples : accueil, cafétéria, bibliothèque, décoration de la vitrine, expositions, documentation, réponse courrier, revue de presse, services aux associations, point santé, écoutes de SOS homophobie, service juridique, accueil lesbien, accueil jeunes gais, accueil sourds, homosexualité et spiritualité, services liés au VIH (café positif, groupes de parole, week-end à Bonneuil), groupes de travail (financement, merchandising, et l’équipe du journal 3 Keller sous la houlette de Muriel Fauriat et Laurent Muhleisen) ; une charte éthique de l’accueil est établie, ainsi qu’un rappel des questions de base : A quoi sert le Centre ? Comment vit-il ? Comment le bureau est-il élu ? Comment devient-on volontaire ? Qu’est-ce-que l’agrément (auquel sont soumis les volontaires) ? Est-on obligé de faire de l’accueil ? Pourquoi le vendredi soir n’est-il pas mixte ? Que se passe-t-il le dimanche (journée sida) ? Qu’est-ce qu’un groupe de parole ? Y-a-t-il des salariés au centre ? Comment se tenir au courant de ce qui se passe au centre ?
4 février 1995 : mort de la romancière américaine Patricia Highsmith (Mary Patricia Plangman 1921-1995), elle a publié sa première nouvelle L’Héroïne en 1944, puis son premier roman L’Inconnu du Nord-Express lui a donné la notoriété lorsque Alfred Hitchcock en a tiré un film à succès en 1951 en gommant la nature homosexuelle des liens entre les deux héros, alors que la séduction mutuelle unissant les deux hommes est au coeur du récit ; d’allure volontairement masculine, une de ses compagne la décrit comme butch ; en 1948 elle se pose la question « Je veux changer de sexe. Est-ce possible ? », en juillet 1950 elle écrit « je suis un exemple vivant de garçon dans un corps de fille », le 4 novembre 1950 elle écrit dans son journal « Je crois que tout le monde est au courant. On me traite de gouine », sa sexualité hors norme n’est un secret que pour le grand public ; elle publie son second roman Carol sous le pseudonyme de Claire Morgan, aussitôt adapté au cinéma par Todd Haynes, récit de l’amour entre une cliente aisée et une serveuse de magasin, qui a marqué l’histoire de la littérature homosexuelle ; de l’avis de son éditrice, Patricia Highsmith, qui refuse d’évoquer publiquement ses amours féminies, souffre « d’une intériorisation de l’homophobie » ; en 1955 elle crée le personnage de Monsieur Ripley qu’elle utilisera dans plusieurs romans, adaptés dans deux films Plein Soleil de René Clément en 1960 et Le Talentueux Monsieur Ripley de Anthony Minghella en 2000 ; elle suggère l’homosexualité de son héros, comme dans Une créature de rêve en 1986 et Une idylle d’été en 1995 dans lesquels on croise beaucoup et gays et de lesbiennes ; bisexuelle, elle n’a jamais été mariée, elle a multiplié les amours féminines ; en 1943 elle a eu une liaison avec Allela Cornel et en 1949 elle est devenue proche du romancier Marc Brandel ; en 1957 elle écrit « Je veux explorer les maladies causées par la répression sexuelle » ; entre 1959 et 1961 elle avait pour amante Marijane Meaker ; il faut attendre le terme de son oeuvre pour que le choix amoureux cesse d’y apparaître refoulé et l’existence déchirée
Printemps 1995 : au Canada, 1ère Marche mondiale des femmes du pain et des roses (bread and roses) mobilise massivement dans toutes les régions du Québec sous l’impulsion du FFQ (Fédération des femmes du Québec), après la conférence onusienne de Pékin ; de telles Marches seront désormais organisées, en principe, tous les 5 ans
Avril-mai 1995 : à Lyon, parution du bulletin de l’ARIS, Maison des Homosexualités Rhône-Alpes, l’association installée au 16 rue Saint-Polycarpe regroupe ALS, ARIS, Cercle de Bacchus, David & Jonathan, Gaicha et Rando’s, elle est ouverte tous les jours de 19h à 21h ; le bulletin annonce la mort de l’ancien président d’Aris, Philippe Roche, un an après le décès d’un autre président, Gérard Manin, et peu de temps après la mort d’une militante, Fabienne, Michel Branchu, président d’honneur, exprime son émotion : « En ces temps de recueillement et de mûrissement dans le souvenir de Philippe, comment pourrais-je oublier : Richard, décédé le même jour que Philippe, du même mal, et qui fut secrétaire d’Aris plusieurs année durant ; Fabienne, décédée il y a quelques semaines, fondatrice d’Aris avec quelques autres en 80/81 et qui n’avait rien trouvé d’autre ces dernières années que de reprendre du service pour combattre le cancer qui la rongeait… sacrée Fabienne ! Gérard Manin décédé le 6 mars 94, il y a donc un peu plus d’un an, Président d’Aris en 89/90 en des temps forts difficiles pour l’association.. »; l’ALS (association lyonnaise de lutte contre le sida), 400 membres dont 140 bénévoles actifs, fait connaitre ses nombreuses activités ; l’association de Geneviève Pastre Les Politides/Les Mauves, créée en mars 1994, fait connaitre son projet de candidature aux prochaines présidentielles ; de nombreuses informations associatives sont fournies, concernant les lesbiennes (Asphod’Elles à Avignon, CEL à Marseille, les Lesbiennes se déchainent à Paris, Les Voies d’Elles à Grenoble, Bagdam café à Toulouse), des associations de jeunes gays, la prévention, les loisirs (films, lectures) ainsi que des brèves concernant l’étranger, ainsi qu’une quinzaine de petites annonces
2 avril 1995 : « Le troisième septennat va commencer » manifestation commune aux associations de lutte contre le sida, autour d’Aides et d’Act Up (à la veille de l’élection de Jacques Chirac à la présidence de la République)
8-9 avril 1995 : à Paris, réunion des Etats généraux « Homosexualité et sida » organisés par la AIDES Fédération Nationale, Act Up Paris, ARCAT-Sida, Centre Gay et Lesbien, David et Jonathan, fédération Gemini, Lesbian&Gay Pride, Santé et Plaisir Gay, Sida Info Service, avec discours de Jean Le Bitoux et Marie Mongolita Defiante (des Sœurs de la perpétuelle indulgence), ateliers sur les lieux de drague, le sexe homo gay et lesbien, forums « La reconnaissance sociale des homosexuel/les », « Les façons d’être homosexuel », synthèse d’ateliers « Statut sérologique, identité, visibilité, solidarité » et résultats généraux du questionnaire ; « Merci de faire de cette rencontre qui vous appartient en élan pour demain » dit Jean Le Bitoux en ouverture, après avoir noté que de telles rencontres sont rares (depuis les UEH de 1979-1987 et les Etats généraux sur le sida au Bataclan en 1991)
30 avril 1995 : à Paris, les homosexuels sont autorisés à se réunir en fin de parcours et après la cérémonie officielle pour déposer une gerbe au mémorial de l’Ile de la Cité lors du 50ème anniversaire de la libération des camps
30 avril 1995 : à Lille, les militants et militantes des Flamands roses se mobilisent à l’occasion de la journée nationale des héros et victimes de la Déportation, afin de participer à la cérémonie officielle à la Noble Tour, ils sont une cinquantaine, les forces de l’ordre leur empêchent l’accès
30 avril 1995 : à Marseille, Mémoire des sexualités, avec le soutien du Collectif Gay et Lesbien Marseille Provence, dépose la 1ère gerbe destinée à marquer la déportation des homosexuels, mais après la cérémonie officielle ; l’association Act Up Marseille qui tente de forcer les choses en déposant sa propre gerbe pendant la cérémonie officielle, fait face à l’intervention de la police ; au nom de Mémoire des sexualités, Christian de Leusse conduira désormais la délégation qui déposera la gerbe des homosexuels après la cérémonie officielle), avec le soutien d’autres association (ce n’est qu’en 2010, grâce à l’intervention de la HALDE, que cette gerbe pourra être déposée dans le cadre de la cérémonie officielle)
6 mai 1995 : à Marseille, soirée en l’honneur de Thierry Gamby, aux Salons de la Réale Gamby l’aime show ! grand événement festif autour du président d’Aides Provence
7 mai 1995 : élection de Jacques Chirac à la présidence de la République ; Pierre Bergé, Frédéric Mitterrand et Pascal Sevran, trois personnalités proches de François Mitterrand, lui ont apporté leur soutien
15 mai 1995 : mort d’Edouard Dermit, d’une grande beauté, fils adoptif et légataire universel de Cocteau qu’il appelait Doudou, Pierre Bergé hérite à sa suite du droit moral du poète, et non du droit patrimonial ; peintre il a réalisé des décors de ballets de Roland Petit ; Edouard Dermit a eu deux enfants d’Eliane Dubroca, mannequin de chez Dior, Jean (parrain Jean Marais) et Stéphane (parrain Pierre Bergé)
Juin-Juillet-août 1995 : parution du n°25 à 27 de Humœurs, des gens et des mœurs, publié par le comité pour le Contrat d’Union Civile, avec un éditorial du directeur de la publication Gérard Bach-Ignasse (Depuis que Jospin est Président…), un entretien avec Françoise Gaspard (Parler au féminin), une étude sur le comportement sexuel des 15-18 ans, un texte Paternités cumulées, un débat sur Communautés et communautarisme, une analyse du festival de Cannes et un texte d’histoire sur Les mœurs ecclésiastiques au Moyen-âge ; Jan-Paul Pouliquen et Denis Quinqueton sont membres du comité de rédaction, Jean Le Bitoux, Patrick Cardon, Geneviève Pastre, Gabriel Matzneff, Yves Roussel sont des collaborateurs, Françoise d’Eaubonne, Rene Schérer, Renaud Calmus, Yves Navarre, Willy Rozenbaum, Anne Quérrien, Janine Mossuz-Lavau sont membres du comité de parrainage ; depuis l’été 1993 les 24 numéros qui ont précédé ont permis de dresser leur portait ou de donner la parole à de nombreuses personnalités (Elisabeth Badinter, Henri Caillavet, Willy Rozenbaum, Bernars Besret, Dominique Voynet, Gabriel Matzneff, Jean Genet, Françoise Giroud, Jean-Pierre Chevènement, Pierre Seel, Marielle Bouronnat, Alex Taylor, Jean-Pierre Michel, Janine Mossuz-Lavau, Léon Schwarzenberg) et de traiter de nombreux sujets (le contrat d’union civile, l’onanisme, la sexualité à l’armée, racisme et ostracisme, le nouveau code pénal, les identités sexuelles, le cinquentenaire du vote des femmes, la question de la légalisation des drogues, les enfances, les institutions européennes au regard des mœurs, les familles, les homosexualités, choléra et sida, le viellissement, les présidentielles)
10 juin 1995 : à Levallois, le maire Patrick Balkany en c ampagne électorale accueille fraîchement devant sa permanence, des manifestants opposés au système de vidéosurveillance installé, en leur criant à un manifestant qui s’avance : « Viens-là ! Viens-là, petit pédé ! Viens me le dire ! Pédé ! Enculé ! », puis face aux insultes proférées à son encontre (Fasciste ! Fils de pute !), il continue : « Viens le dire ici ! Viens-là ! Espèce de pédale ! »
14-27 juin 1995 : à Marseille, Lesbian and Gay Pride organisée par le Collectif gai et lesbien Marseille Provence, 8 associations membres ou non du Collectif Gay et lesbien sont appelées à s’y associer (David et Jonathan, RAS, CEL, FSMC, Agis Ibiza, SPGP, Rando’s Provence, AMA) ; 5 débats, sur créateurs (et) homosexuels, les convergences gaies et lesbiennes, le regard de la presse gaie et lesbienne sur la vie homosexuelle aujourd’hui, le sida (avec Aides et Act Up et les Dr Gil-Patrice Cassuto et Jean-Albert Gastaut), hommes et femmes quels intérêts communs, le projet de centre gai et lesbien ; avec la participation de nombreux créateurs et salles de spectacles, 4 pages dans le journal Tak Tik, vente aux enchères, un concert de musique baroque, et des accords de partenariats sont signés avec le cinéma l’Etoile, La Mare aux Diables, le Chocolat Théâtre, Aides, la copropriété de Château Fallet, etc. ; les débats se déroulent dans l’ancienne salle des ventes de la rue d’Aubagne (à côté de l’appartement fde Marc Billoud), etc. ; 41 partenaires (institutions, théâtres, commerces, etc.) et associations représentés ; le 25 juin 1995 la Parade de la Lesbian and Gay Pride 2ème défilé autonome des homosexuels et des lesbiennes sur la Canebière, va des Mobiles au cours d’Estienne d’Orves (chars, musique et banderoles) avec 2 000 personnes (5 fois plus qu’en 1994) ; le grand bal du soir accueille 1 200 personnes au Salons de Vaufrèges (avec Coccinelle, les Belladona, un défilé de mode, etc.) a un succès considérable ; les 1ères affiches avec la formule Lesbian & Gay Pride sont éditées ; Bechir Chemsa (21 ans) est actif avec son équipe de RAS, plusieurs femmes du CEL s’impliquent, Patricia Guillaume, Sylvie Matteo, André Raoux et Béatrice, sa copine, quiramène des sardines de Port de Bouc pour la sardinade de la Gay Pride qui se tient à Château Fallet (elle filme sans arrêt, les fêtes des 3G et du CEL, les Bigoudies, toutes les manifs contre le FN, 1er mai, 8 mars, et les 15 jours d’activités non-stop de la Gay Pride, elle filmera la CLN à Paris lors de sa création en 1996, l’Europride en 1997, Toulouse, Nîmes, Montreuil, etc., elle réalisera un montage sur les 10 ans du CEL en 2000) ; dans le cadre d’une semaine du cinéma au César, le film Go Fish est présenté, « occasion pour les filles de libérer leur parole » dira Sylvie Matteo, c’est suivi par une manifestation spontanée, puis un Tea dance le dimanche, avec Agnès et les Bigoudies, Laurence, Michèle et Sarah ; mai dans son n° de Juin-août 1995 le gratuit Ibiza News passe sous silence l’existence du Collectif Gay et Lesbien Marseille Provence comme organisateur de cette Lesbian and Gay Pride
17 juin 1995 : la Fête de Lesbia Magazine se transforme en événement lesbien de la Lesbian & Gay pride ce sera l’origine de la Fierté Lesbienne manifestation de visibilité lesbienne pendant la LGP
18-25 juin 1995 : à Rio de Janeiro 17ème conférence internationale de l’ILGA
23 juin 1995 : La Nuit gay, émission intégralement consacrée à l’homosexualité sur Canal Plus, avec Alain Burosse de Gai Pied et d’autres, Jean le Bitoux a aidé la journaliste de Canal Plus Joëlle Matos à la préparer, rares sont les personnalités qui osent témoigner, hormis Jean-Claude Dreyfus et Jimmy Sommerville
24 juin 1995 : près de 60 000 personnes défilent dans Paris pour la Gay Pride ; Act Up brandit les slogans « Folles perdues, folles furieuses », « Je cherche un mari, le mien est mort » ; c’est le plus grand succès de l’histoire du mouvement homosexuel français ; Jean-Sébastien Thirard est président de la LGP Paris ; la fête du soir à l’Aquaboulevard est un immense succès
Eté 1995 : à Marseille, le succès de la Lesbian & Gay Pride organisée par les associations militantes provoque l’effervescence ; un pan de la « communauté » ne se sent pas représentée, celle qui est représentée par l’antiquaire Marc Billoud, proche du nouveau maire, Jean-Claude Gaudin, le magazine gratuit Ibiza News et le milieu commercial, avec lequel la magazine gratuit a des contacts (publicitaires) privilégiés, ainsi qu’une nouvelle génération d’homosexuels mobilisés par la question du sida et/ou extérieurs aux mobilisations militantes des années précédentes ; l’idée d’une nouvelle association est mise en réflexion, avec l’idée d’ouvrir un local de type « café positif », de cette réflexion naîtra l’Association pour la Création d’un Centre Gay et Lesbien (ACCGLM), les statuts seront déposés en mai 1996, avec Marseille Arc-en-ciel comme nom courant, la présidence en sera confiée à Didier Rodde, cadre de l’assistance publique
Juillet 1995 : parution du 1er n° du magazine Têtu
6 juillet 1995 : à la demande du nouveau ministre de la Solidarité entre les générations, Colette Codaccioni, le ministre de la Santé, Elisabeth Hubert censure certaines images homosexuelles de la campagne ministérielle contre le sida
18 juillet 1995 : mort du poète britannique sir Stephen Harold Spender (1909-1995), au collège d’Oxford il devient l’ami de W.H. Auden et Christopher Isherwood, avec Christopher il se rend à Berlin à l’époque de la République de Weimar ; il écit Le Temple, qui ne paraîtra qu’en 1998, son premier recueil de Poèmes de 1933 est inspiré par la protestation sociale, et Vienne en 1934 soutient le soulèvement des socialistes atrichiens ; en 1938 il écrit Première instance d’un juge, un drame anti-fasciste en vers ; en 1936 il est membre du Parti communiste de Grande-Bretagne ; en 1937 il rejoint les Brigades internationales en Espagne, à Madrid il rencontre André Malraux ; de retour à Londres il écrit et fait carrière de professeur d’anglais à l’University college de Londres et devient professeur émérite en 1970, travaille pour la Poetry Book Society, pour l’Unesco et participe à la fondation de l’Index of Censoship ; il écrit des poèsies, romans, drames, essais, compte-rendus de voyages er laissera plus de 50 ouvrages ; marié deux fois, divorcé deux fois, il assume sa bisexualité, il est père d’un fils et d’une fille, il drague à Picadilly et rencontre Tony Hyndman son grand amour, puis son denier compagnon Brian Obst, un ornitholoque américain qui meurt du sida en 1991 ; il est fait commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique en 1962 et il est honoré en 1964 lors de la cérémonie de commémoration du 40ème anniversaire du débarquement de 1944 en Normandie, le président Reagan cite alors l’un de ses poèmes ; il meurt d’une crise cardiaque à Westminster
19 août-1er septembre 1995 : un camping anti-patriarcal se tient en Ariège, 160 gays et lesbiennes y participent réunissant avec des ateliers non-mixtes
29 août 1995 : Jean-Claude Poulet-Dachary, chef de cabinet du nouveau maire (FN) de Toulon, Jean-Marie Le Chevallier, est assassiné ; Jean-Marie Le Pen : « Je confesse qu’il doit y avoir des homosexuels au Front national, mais pas de folles. »
4-15 septembre 1995 : IVème Conférence mondiale sur les femmes à Pékin : le féminisme radical des années 1970 resurgit ; quelques semaines plus tard, le 25 novembre 1995, près de 30 000 personnes (dont une majorité de femmes) défileront à Paris pour défendre leurs droits. Commémoration ou renaissance ?
13 septembre 1995 : Joël Bateux, maire (MDC) de Saint-Nazaire, annonce que sa commune délivrera désormais des certificats de vie commune aux couples homosexuels. Les six maires d’arrondissements (PS) de Paris et Catherine Trautman, maire de Strasbourg, lui emboîtent le pas. Vers l’adoption d’un « contrat d’union sociale» ?
25 septembre 1995 : mort du journaliste Michel Cressole (1948-1995), étudiant en lettres, il a connu le FHAR dès le début en 1971 et les réunions des Beaux-Arts ; il a participé avec Hocquenghem au n° de Recherches Trois milliads de pervers, publié un ouvrage sur Gilles Deleuze, et travaillé à Libération, avec des articles originaux et mordants sur l’actualité et la télévision, il a écrit dans L’Autre Journal et voyageant sur les traces de Michel Leiris en Afrique, il a écrit Sur les traces de l’Afrique fantôme, avec la photographe Françoise Huguier ; il a écrit dans Le Journal du sida avant de mourir de cette maladie
30 septembre 1995 : mort de Jean-Luc Lagarce (1957-1995), issu d’un milieu ouvrier du site des usines Peugeot à Sochaux, mort du sida à 38 ans, comédien metteur en scène, dramaturge, il laisse une œuvre riche de plusieurs dizaines de pièces, plusieurs récits (Hollywood, Music-Hall, les Règles du savoir-vivre dans la société moderne) et un roman, Voyage à La Haye, il a écrit entre autres les pièces Derniers remords avant l’oubli, Les Prétendants, J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, et alors qu’il a appris, en 1986, qu’il est séropositif deux pièces écrites peu avant sa mort Juste la fin du monde et Le Pays lointain ; il a eu une vie homosexuelle écartelée entre baise frénétique et amour fou ; son œuvre aura une riche postérité et le metteur en scène Xavier Dolan portera à l’écran Juste la fin du monde en 2016
12-13 octobre 1995 : 8ème assises nationales d’AIDES organisées à Marseille, avec la participation de la mission sida-toxicomanie de la ville
4 novembre 1995 : mort du philosophe Gilles Deleuze (1925-1995), en 1964 professeur à la fac de lettres de Lyon il se liait d’amitié avec Michel Foucault, partageant les mêmes combats ; en 1986 Deleuze a écrit une biographie de Foucault, historien de la philosophie il a écrit Nietzche en 1962, Bergson en 1966, Spinoza en 1968, Présentation de Sacher-Masoch en 1967, Proust et les signes en 1964, puis avec Félix Guattari L’Anti-Oedipe en 1972 référence capitale aux mouvements homosexuels de mai 68 et plusieurs autres livres ; Foucault a déclaré « Le siècle sera Deleuzien », ce sera le cas en ce qui concerne la pensée homosexuelle et queer
11 novembre 1995 : mort de Jean-Louis Curtis (Louis Lafitte, 1917-1995), membre ce l’Académie française, auteur d’une trentaine d’ouvrage de 1951 à 1980 ; il moquait en maniant la satire les faux résistants, la société moderne, les bourgeois parisiens et de province, pastichant les grands écrivains ; il avoue implicitement que son personnage principal Nicolas homosexuel sans complexe, est autobiographique ; il a créé une pièce de théâtre Charlus, adapté de Proust et joué en 1992 ; il était surtout sensible au charme des jeunes arabes
25 novembre 1995 : manifestation pour les droits des femmes voit défiler près de 40 000 personnes pour défendre les droits l’issue de la manifestation création du collectif mixte regroupant 156 associations la CADAC (coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception)
29 novembre 1995 : Jacques Toubon, garde des Sceaux, déclare à l’Assemblée Nationale : « Il n’est pas question de créer le Contrat d’union civile, il est au contraire question de favoriser dans le pays les mariages et les naissances »
30 novembre 1995 : au quai de la Tournelle, la journée mondiale contre le sida est célébrée par une cérémonie de commémoration, à cette occasion sest déployée un panneau pour Clews Vellay, 30 ans, ancien président d’Act Up, décédé en 1993, la lettre qui accompagne le panneau est rédigée par son compagnon, Philippe Labbey
1er décembre 1995 : à l’occasion de la journée mondiale contre le sida, la première du spectacle des Caramels fous Mamma Rosa, livret et lyrics de Michel Heim, au théâtre Le Trianon à Paris, est un grand succès ; le spectacle sera repris en mars 1996
1er décembre 1995 : création de ONUSida dans l’objectif de coordonner l’action des différentes agences spécialisées de l’ONU pour lutter contre la pandémie du VIH Sida
1er décembre 1995 : à Marseille, des militants d’Act Up Marseille se retrouvent au commissariat de police pour avoir osé distribuer des tracts lors du défilé organisé par les institutions ; depuis un an et demi l’association mène de nombreuses actions, inaugurées par la Journée du Désespoir du 2 mai 199 avec un Die In rue St Férréol et poursuivie par 26 journées d’action, en particulier les ZAP du 1er décembre 1994 au CRTS sur les problèmes d’indemnisation des transfusés conraminés et en Mairie contre lka précarité sociale des personnes contaminées, celui du 9 février 1995 du conseil d’administration du CRTS, ceux des meetings politiques d’avril-mai 1995, l’interpellation du ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy, la journée d’action du 27 mai 1995 à la Friche Belle de Mai, les Zap du 17 juin 1995 dans une pharmacie de la Canebière qui refuse de vendre des seringues, des stéribox et des préservatifs à un franc et devant le CMPS, le ZAP du 10 juillet 1995 à l’hôpital de la Conception pour dénoncer l’insalubrité er les soins du Pr Gallais à l’égard des malades du sida, ou encore les 170 silhouettes dessinées sur la voie publique le 30 novembre 1995 pour représenter des 1 700 morts du sida de la région PACA
13 décembre 1995 : à Pontoise, le tribunal rend un jugement qui fait date, un employeur est condamné pour la première fois à 5 mois de prison avec sursis et 20 000 francs de dommages et intérêts pour licenciemreent discriminatoire d’un salarié séropositif
31 décembre 1995 : 39 800 cas de sida ont été recensés en France (dont 18 400 homo-bisexuels), il y aura 42 000 morts du sida en 1996
1996-2005 : au Sénégal se développe la prise en charge du sida : 1996 le programme a déjà 10 ans avec le Pr Souleymane Mboup et Awa Coll Seck ; 1997 se tiennent les ateliers de Dakar qui publient des recommandations sur les ARV (antirétroviraux) ; janvier 1998 le pays s’engage de façon indépendante dans la négociation avec les industriels afin de parvenir à une réduction de 50% du coût du traitement (450€ par personne et par mois), création de l’Institut sénégalais d’accès aux médicaments, mais les 300 000 € fournis par l’Etat ne permettent de traiter que 40 patients ; novembre 1999 les résultats de l’action du Sénégal sont présentée au forum mondial de Lusaka alors que les industriels imposent étroitement le contrôle de la diffusion des ARV ; 1999-2000 les essais cliniques sont soutenus par l’ANRS française ; janvier 2001 les premières réunions se font pour la décentralisation de l’action dans 5 régions du pays ; décembre 2003 le président du Sénégal annonce la gratuité des ARV dans tout le pays (800 personnes sont traitées) ; novembre 2004 une déclaration est signée par de grandes personnalités mondiales en faveur de la gratuité ; 1996-2005 le Sénégal est à l’avant-garde mondiale (le succès sénégalais), d’autres pays sont alors dans cette avant-garde le Bostwana, la Côte d’Ivoire et le Maroc
1996-1998 : Guillaume Dustan (1965-2005) publie Dans ma chambre (marqué par le sexe cru et l’orgie, pulsion de mort du séropositif qui se sait plombé, tentation de l’anéantissement personnel), Je sors ce soir (marqué par le déchainement des corps) et Plus fort que moi (marqué par l’apprentissage SM) ; Thomas Clerc qui rééditera ces 3 livres 15 ans plus tard, soulignera qu’après la génération de Michel Foucault et de Roland Barthes, marquée par une « conception anti-subjectiviste de la littérature » le « je » et l’expression directe se sont imposées dans les années 1980 : « Comme si la notion de prise de parole théorisée par Michel de Certeau en 1968 se trouvait accomplie avec Dustan, Renaud Camus, Catherine Millet, Virginie Despentes ou Christine Angot » ; Tristan Garcia s’inspirera de Dustan pour créer un personnage qui incarnerait les années 1990 dans La Meilleure Part des hommes en 2008
1996-1997 : en Belgique, en France et en Espagne, apparaît la revendication du mariage pour les couples de même sexe, en Belgique la FWH décide à l’issue d’une consultation interne de revendiquer l’ouverture du mariage et l’obtention du partenariat aux couples de même sexe au nom du droit à l’égalité, en France Aides adopte en 1997 la même revendication combinée à celle du comcubinage sous l’impulsion de Daniel Borillo, en Espagne la Coordinadora Gai-Lesbiana de Catalunya fait ce choix en 1996, ces groupes pionniers sont vite rejoints par Act-Up Paris, la Fédération des associations gaies et lesbiennes (FAGL), la Federacion Estatal des Lesbianas y Gays (FELG) ; ce basculement correspond à l’introduction des trithérapies dans ces pays ; les professionnels du droit, juristes militants, jouent un rôle majeur : Paul Borghs et Michel Pasteel (avocat de Tels Quels) en Belgique, Daniel Borillo (permanent juridique à Aides, actif en France, en Espagne et en Argentine), Yann Pedler (membre de la commission juridique de Aides, rédacteur de la proposition de Contrat de vie sociale) et Caroline Mécary en France, Ricardo de la Rosa et Pedro Zerolo (membre de l’association gaie et lesbienne de Madrid, la COGAM, il sera élu à la tête de la FELG en 1998et appartiendra à la direction du PSOE en 2004) en Espagne
1996-1997 : à Marseille, l’année 1996 est une année de crise liée au fait que l’association concurrente, MAEC (Marseille Arc-en-ciel, porté par l‘ACCGLM, association pour la création d’un centre gay et lesbien à Marseille), qui a pris le contrôle de la Lesbian and Gay Pride (à la suite du succès de la Pride de 1995 organisée par le collectif) et entend créer son propre centre gay et lesbien, qui sera le Chaperon rouge, rue Colbert ; le 18 octobre 1996 le collectif met en place un règlement intérieur qui exige que les 2/3 des membres du CA « entérinent » toute adhésion nouvelle au Collectif (le choix est de mettre en place une cloison étanche avec MAEC) ; en 1997 le collectif ouvre son CGL (Centre gai et Lesbien, dans un local de la rue Ferrari) avec permanences d’accueil, commission droits de la personne, documentation, bal homosexuel mixte tous les 15 jours, mobilisation pour les journées de la déportation et la lutte contre le sida ; lors de l’AGE de septembre 1997 Christian de Leusse communique un texte qui dit en substance que la constitution de 2 pôles des homosexuels et des lesbiennes à Marseille est suicidaire (la Lesbian & Gay Pride qui a le soutien objectif de l’ACCGLM avec le Chaperon rouge d’un côté, le Collectif Gay et Lesbien avec son CGL de l’autre) « nous avons démobilisé les homosexuels et les lesbiennes… la portée de notre mouvement est considérablement affaiblie », il considère que le travail commun est possible sous réserve de l’acceptation des différences ; Eric Séroul rendra hommage à Marc Billoud en ces termes : « En 1996, avec Didier Rodde, Marc Billoud lance le projet d’un bar associatif Le Chaperon Rouge (rue Colbert) et m’accorde sa confiance pour l’organisation de la première soirée de la ‘Gay Pride’ à la Friche Belle de Mai. Elle réunira près de 2 500 personnes et nos commerces identitaires seront fermés pour l’occasion. A la fin de cette même année, c’est sous son implusion et avec son soutien que j’ai proposé la création de l’association Lesbian & Gay Pride Marseille. Dès 1997, elle réunira près de 15 000 manifestant.e.s et rassemblera quelques 5 000 personnes aux Dock des Suds (2ème édition de la soirée Gay & Lesbian Unity) », il conclut que c’est la LGP Marseille qui organisera la Marche des Fiertés de 1997 à 2009 ; il rappellera aussi que c’est avec l’aide de Marc Billoud qu’a été réunies à Marseille, en 1997, toutes les Marches de l’hexagone en vue de créer la coordination Interpride France, laquelle restera active jusqu’en 2013 (2013 année de l’Europride à Marseille sera marquée par une division du milieu associatif LGBT, le choix que fera l‘Interpride dans ce conflit lui sera fatal)
1996 : parution du livre de Frédéric Martel Le Rose et le Noir : les Homosexuels en France depuis 1968 ; le livre est très documenté, mais il est très mal reçu pour ses approximations en particulier sur la mobilisation des gays face au SIDA, par de nombreux militants du FHAR ou des mouvements qui ont suivi (de Hélène Hazera dans Libération du 30 mai 1996 à Jean le Bitoux)
1996 : Caroline Fourest, née en 1975 à Aix-en-Provence, fait son coming out, elle rencontre Fiametta Venner, elle est jeune journaliste au magazine étudiant Transfac, Fiametta travaille dans les réseaux anti-avortement, Caroline la rencontre au Palais de justice lorsqu’elle est amenée à comparaître pour diffamation ; elles fondent ensemble la revue Prochoix, Caroline rejoindra la rédaction de Têtu, elle présidera pendant 6 mois le Centre Gay et Lesbien de Paris, elles écriront ensemble Tirs Croisés sur les intégrismes juif, musulman et catholique 2003, elle écrira Frère Tariq 2004, La tentation obscurantiste 2005, Marine le Pen 2012
1996 : parution du livre de Françoise Héritier-Augé Masculin/féminin, la pensée de la différence, elle y souligne combien le langage est vecteur d’une idéologie : « On peut dire que le langage de toute idéologie – fonctionnant comme système totalisant, explicatif et cohérent en utilisant une armature fondamentale d’oppositions duelles qui expriment toujours la suprématie du masculin, c’est-à-dire du pouvoir – se retrouve à tous les niveaux, dans tous les aspects particuliers du corps des connaissances. Une même logique rend compte du rapport des sexes comme du fonctionnement des institutions. »
1996 : parution du livre de l’américaine Joan Scott La citoyenne paradoxale. Les féministes françaises et les droits de l’homme, elle y souligne le poids du masculin : « L’universalisme de la différence des sexes a donc prévalu sur celui des droits naturels ; en conséquence, l’individu abstrait n’a pas été neutre, mais indubitablement masculin. »
1996 : Maurice Béjart créele ballet Le Presbytère, avec 37 danseurs,en hommage à Freddie Mercury, chanteur de Queen, et à Jorge Donn, son danseur fétiche, morts du sida en 1991 et 1992, gigantesque show sur les grands tubes de Queen (I want to break free, Radio gaga, It’s a kind of Magic) le dernier tableau se déroule sur la musique The show must go on chantée par Elton John ; « Béjart a cherché des parallèles entre ces deux êtres d’exception trop tôt disparus » dira Gil Roman,qui deviendra directeur artistique du Béjart Ballet Lausanne
1996 : sortie en France du film du canadien Bruce LaBruce Hustler White qui est classé X, mais Jack Lang le soutient, il peut être diffusé dans le réseau classique
1996 : 8ème festival Quand les lesbiennes font du cinéma ; création du CNDF Collectif national pour les droits des femmes ; Cineffable et Lesbia magazine s’unissent pour lancer la Fierté Lesbienne, opération d’identification du mouvement lesbien au sein de la marche des fiertés LGBT de Paris ; création de l’association Lesbiennées à Nancy ; à Paris ouverture des bars lesbiens l’Unity bar ; parution de ZOO les séminaires Q du ZOO et du n°1 de Les Pénélopes
1996 : création de la Coordination lesbienne nationale, des associations désireuses de créer une force représentative du milieu lesbien, se retrouvent à Valence (17 associations représentées, près de 100 lesbiennes) et décident de se doter d’une structure commune qui portera la voix des lesbiennes, assurera la circulation d’informations et le partage d’expériences
1996 : parution du journal Androzine n°19, « fanzine rose fluo, anarcho gay lesbien gratuit pour les prisonniers », avec les textes The Queercore phenomenom qui se réfère au punk-rock de San Francisco qualifiée de mecque du queercore, Toronto et New York, Zines Backroom qui parle de la fanzinothèque de Poitiers (qui recense 484 fanzines musicaux en France), un compte rendu du camping anti-patriarcal qui s’est tenu en Ariège (19 août-1er septembre 1995) qui a eu un grand succès (160 personnes, 70 à 90 chaque jour) réunissant gay et lesbiennes avec des ateliers non-mixtes et une revue des questions homosexuelles et féministes dans le monde
1996 : présentation par Hervé Caldo de son mémoire de maîtrise sur Arcadie, à Orléans (Arcadie, une revue homosexuelle française avant la création du FHAR), il voit la naissance du FHAR en 1971 comme un véritable tournant pour Arcadie en 1971 (Hervé restera longtemps un militant du mouvement LGBT)
1996 : à ASUD, association d’auto-support des toxicomanes, Fabrice Olivet devient président ; il est né en 1960, de père inconnu présumé africain, il a été dépendant de l’héroïne pendant 10 ans, avec comme il dit : une longue expérience de la déliquescence et de la prison (où l’on donnait son sang, ce qui lui a sans doute transmis le sida) ; il explique que le décret de 1972 interdisant la vente libre des seringues en pharmacie a considérablement contribué à développer le sida chez les toxicos, il a fallu attendre le décret Barzach du 13 mai 1987 pour annuler ce décret, mais la discrimination est restée forte à l’égard des toxicos ; en 1996 il y a 22 groupes régionaux ASUD, celui de Marseille a été fondé par Mohamid Hamla (issu des quartiers populaires)
1996 : année de forte chute du sida, constatée en particulier entre juillet et octobre ; on comprend en 1995-1996 qu’il faut associer plusieurs molécules pour arriver à contrôler l’infection ; en Maxime Journiac racontera qu’avec d’autres militants d’Act Up (il est à Act Up depuis 1988 et a vécu aux USA au début des années 1980) il est allé novembre 1995 aux USA chercher du Norvir, accessible dans ce pays mais pas encore en France, afin de contraindre les autorités françaises « ça a fait scandale mais ça a fait bouger les choses Le savoir c’est le pouvoir disait Act Up New York »
1996 : parution du n°15 de La Grimoire, journal justicière lesbienne intergalactique et aborigène, avec les textes Contre l’ordre hétérosexiste, désordres lesbiens signé Les lesbiennes révolutionnaires et les Gouines Noires regroupées lors de la manifestation pour les Droits des femmes du 25 novembre à Paris, la déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne d’Olympe de Gouges 1791, des textes de Nadine Laroche, de Michèle Causse et de Monique Wittig, et Sans mots ou l’histoire d’une jeune femme timide de Sophie Brouillard
1996 : Pierre Bourdieu et Jacques Derrida signent, avec Didier Eribon, un appel à la reconnaissance légale des couples de même sexe
1996 : en Irlande, il est mis un terme à l’exploitation de 30 000 pensionnaires – orphelines, enceintes hors mariage ou ayant un comportement jugé immoral – exploitées commercialement et employées gratuitement dans les laveries des couvents de la Madeleine depuis 1922, tenues par 4 congrégations (Sœurs de ND de la Charité, Sœurs de ma Misericorde, Religieuses de la Charité et Sœurs du Bon Pasteur) ; le 1er ministre irlandais présentera officiellement ses excuses en février 2013 et les Sœurs de ND de la Charité exprimeront alors leurs profonds regrets
1996 : aux Etats-Unis, parution du livre d’Eve Ensler, les Monologues du Vagin, qui s’empare du tabou du sexe féminin et évoque autant le viol et le dégoût de soi que le désir et le plaisir, et remporte un immense succès ; écrivain autant que militante en lutte, elle écrira grâce aux courriers reçus un autre livre, The Good Body, en 2005, et déclarera alors qu’elle a « réalisé que l’essentiel de ce qui arrive aux femmes survient tôt : après on passe un temps et une énergie incroyable à tenter de défaire ce qui a été fait ; la pièce est jouée cette année là au HERE Arts Center et au Westside Theater de New York ; Eve Ensler précisera le contexte dans lequel elle a écrit après les grandes mobilisations contre la guerre au Vietnam et les mouvements des droits civiques (femmes, noirs,liberté sexuelle, drogues, etc.) « Les horizons s’ouvraient… et je n’ai pas compris quand tous ces mouvements se sont disloqués et que la plupart des gens sont retournés à leur vie, laissant le néocapitalisme dessiner un avenir terrifiant pour la planète, et le racisme, l’homophobie et la haine des femmes exploser. Moi, j’ai gardé de ces années ma foi intacte dans les mouvements populaires les seuls capables d’impulser de gigantesques changements. » de plus à titre personnel, violée par son père, elle a « grandi totalement distanciée d’un corps dans lequel mon père s’est introduit et dont j’ai pris congé. »; la pièce sera produite dans 150 pays et traduite en une cinquantaine de langues, elle rencontrera de très nombreuses femmes, elle parlera de 300 millions de personnes touchées, toutes ces confidences la pousseront à se consacrer entièrement aux violences faites aux femmes, elle lancera le VDay ; elle soutiendra le mouvement des résistance One million Rising (lancé en 2011) qui utilisera la danse pour investir l’espace public à Hong-Kong, Nairobi, Mexico ou au Swaziland, ainsi que l’idée d’une Cité de la joie au Congo (où des centaines de milliers de femmes sont systématiquement violées)
1996 : aux USA, Bill Clinton valide la loi qui définit le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme ; en 2013, sous la présidence d’Obama, il prendra l’initiative de demander à la Cour suprême d’abroger cette loi « discriminatoire », et Bill Clinton regrette publiquement d’avoir signé cette loi
1996 : aux USA, le documentaire Transsexual Menace de Rosa Von Praunheim (diffusé sur Arte) rend compte de l’association Transsexual Menace fondée en 1994 par Riki Wilchins et Denise Norris, croisant les activités de soutien aux personnes trans et l’activité politique ; l’association LGBTQ Queer Nation fondée à New York en 1990 par les activistes d’Act Up donne naissance au milieu des années 1990 à l’association Transgender Nation à San Francisco
1996 : l’Islande est le 1er pays d’Europe à accorder l’autorité parentale à des couples homosexuels dans le cadre d’un partenariat
1996 : face au Sida, arrivée des traitements avec les trithérapies qui change considérablement les choses, baisse de la mortalité et regard différent sur la maladie mais aussi effets secondaires lourds et incertains ; jusque là les séropositifs sont appelés à prendre 25 comprimés quotidiens répartis toutes les 4 heures, exigeant de se réveiller la nuit ; Act Up considérera avoir poussé de façon décisive à une accélération de leur utilisation dans la mise à disposition de ces antiprotéases ; le Pr Jacques Leibowitch, médecin chercheur, a contribué à la mise en place de la 1ère trithérapie
1996 : Canada, conférence mondiale sur le sida à Vancouver qui donne lieu à l’introduction des trithérapies
Janvier 1996 : aux USA, annonce est faite au Congrès américain de l’efficacité de l’association de 2 antirétroviraux et d’une nouvelle molécule une antiprotéase, c’est un pas vers les multithérapies ; la 3ème CROI (Conférence sur les Rétrovirus et les Infections opportunistes) qui se tient à Washington dans la foulée y voit une avancée majeuredans le traitement de la maladie
1° janvier 1996 : mort de Jacques de Ricaumont (1913 1995), avec gentillesse et humour, il connaissait le Gotha et le Tout-Paris homosexuel, conservateur intégriste, il prône le retour au latin dans Visites à Messieurs les curés de Paris (1981), il est chroniqueur au Figaro, romancier Les Principes (1982), Le Reniement (1985), il écrit Les Eloges du snobisme (1993) ; André du Dognon est son fidèle compagnon
11 février 1996 : mort du photographe et ethnologue Pierre Verger (1902-1996), intellectuel français passionné d’Afrique adulé au Brésil, il faisait le pont entre les deux continents
Mars 1996 : à Sciences Po, suite au du départ d’Alain Lancelot, Richard Descoings accède à 38 ans aux fonctions de directeur, il bénéficie en temps de cohabitation de nombreux appuis activés par Alain Lancelot, par les ministres de gauche dans les cabinets desquels il a travaillé, de responsables de droite, dont Philippe Seguin poussé par Roger Karoutchi, via Olivier Challan de Beleval, et Jacques Chirac, président de la République, de René Rémond président de la FNSP (Fondation nationale des sciences politiques) et de grands patrons qu’il fréquente aux réunions du Siècle ; Richard Descoings organisera périodiquement des séminaires de travail avec son comité exécutif dans les locaux de la maison de Saulnières, près de Dreux, qu’il a acheté avec Guillaume Pépy ; lorsqu’il entendra l’annonce de Lionel Jospin de faire voter le Pacs, Richard Descoings clamera dans son bureau : « Cela fait dix ans que Guillaume et moi sommes à l’avant-garde ! » et un autre jour dans l’amphi : « Je suis le premier pédé de Sciences Po ! »; le directeur de Sciences Po ne craindra pas d’emmener des étudiants au Queen, ses réformes plairont aux étudiants (maintient au droit de redoublement de la 1ère année, accueil des meilleurs élèves de quartiers classés en ZEP, recrutement de jeunes à la direction de l’école, droits d’inscription modulés en fonction des revenus de la famille, séjours dans les meilleures écoles à l’étranger, etc.), il sera peu à peu très populaire au point de se faire acclamer par des « Ri-chies! » répétés ; lorsqu’il se mariera au vu et au su de tous en 2004 avec Nadia Marik, son adjointe à la direction de l’école, il renverra dans ses filets un ami gay : « Je suis homosexuel pour ceux qui savent et hétérosexuel pour ceux qui n’ont pas besoin de savoir ! »
1er mars 1996 : parution de la tribune Pour une reconnaissance légale du couple homosexuel dans Le Monde, signée de Pierre Bourdieu, Jacques Derrida, Didier Eribon, Michelle Perrot, Paul Veyne et Pierre Vidal-Naquet ; ils déclarent : Que compte faire le PS pour que ce texte soit présenté au Parlement ? Nous attendons sa réponse. Nous exigeons qu’il réponde.
7 mars 1996 : à Marseille, quatre femmes (Sylvie Gaume Gaumette, présidente des 3G, Laurence Chanfreau Ginette, Agnès Royon Le Mée Gladys, Dominique Georgette ), déposent les statuts des 3G en même temps qu’elles ouvrent les locaux (travaux, grande fête pour collecter de l’argent) dans un ancien entrepôt de fruits et légumes ; elles se veulent « rebelles, militantes, différentes, activistes, artistes pour certaines, visibles pour toutes » ; Filo (qui tient une boutique de fringues près du Cours d’Estienne d’Orves) parlera de sa découverte des 3G (après avoir fait le tour très rapidement de la Boulangerie gaie tenue par le GLH, et plus souvent du Cancan et de la Chimère), elle organisera des défilés de mode aux soirées du CEL au château des Fleurs et à l’Alhambra, puis aux autres soirées du CEL et des 3G (5 ou 6 ans d’affilée) avec chaque fois un thème, à la Gay Pride de 1996 et aux suivantes, puis à Toulouse la Luna Loca (thème de soirée masculin-féminin), les mannequins qui défilent apprennent à se tenir grâce à Fred de la troupe de théâtre des Cartoons Sardines ; Laetitia, artiste, arrivera aux 3G, elle apprécie les créatrices (Laurence, Agnès, Sylvie et Dominique) ; les 3G dureront 28 ans, jusqu’en 2024
Avril 1996 : l’ANRS publie son rapport « Les homosexuels face au sida – Rationalités et gestion des risques » sous la direction de Marcel Calvez, Marie-Ange Schiltz et Yves Souteyrand, le rapport présente des données quantitatives, l’enjeu des normes de prévention, la question de la rationalité des conduites ou l’expérience de la séropositivité, parmi les autres contributeurs Philippe Adam, Antoine Messiah (de l’ORS et de l‘INSERM à Marseille), Pierre-Olivier de Busscher (sur Santé et Plaisir Gai, et le safer sex), Marcel Calvez, Rommel Mendès-Leite, Hubert Lysandre et Janine Pierret ; un article Les jeunes hommes attirés par des relations sexuelles avec des partenaires de même sexe (Hugues Richard et Didier Guillemot, du CRIPS de Paris) s’alarme du peu de réceptivité des jeunes « aux communications ciblées en direction des homosexuels », de leur insécurité affective et sociale, de l’ostracisme et de la stigmatisation dont les homosexuels sont l’objet, François Vauglin et Laurent Chéno, futurs animateurs de HES, sont très critiques, ils soulignent la faiblesse du panel consulté (20 garçons parisiens et bretons), les poncifs les plus éculés sur la virilité, sur la passivité, la confusion entre homosexualité et féminité, le constat du dégoût voire la répugnance éprouvés par ceux qui se sont prostitués, et finalement l’absence de toute étude fiable de ce que sont et vivent les jeunes homosexuels
Avril 1996 : à Marseille, inauguration du restaurant de diners-spectacles de Coccinelle, c’est aussi le jour de son « mariage » avec Thierry Wilson ; ils ont monté ensemble à Paris la revue Cherchez la femme, écrite et mise en scène par Bruno Coquatrix, puis un tour de chant et des parodies burlesques de travestis
Avril 1996 : à Marseille, Mémoire des sexualités dépose à nouveau la gerbe de la déportation homosexuelle après la cérémonie officielle ; l’association le fera à nouveau chaque année jusqu’en 2010 (année où la Halde saisie par ses soins enjoindra le Préfet de donner leur place aux homosexuels dans cette cérémonie de la fin avril concernant « les héros et les victimes de la déportation ») ; elle effectue une collecte pour payer la gerbe
Mai-juin 1996 : à Marseille, depuis la Lesbian & Gay Pride de 1995 organisée par le Collectif Gay et Lesbien Marseille Provence, le conflit couve, d’autres veulent prendre la rélève, il faut désaisir les associations militante d’une drapeau qui doit rassembler plus largement, associations et commerces, revendications et gâteau commercial, droite et gauche, etc., puis le conflit éclate ; c’est une période d’intense activité associative dans la perspective de la prochaine Lesbian & Gay Pride, des associations nouvelles apparaissent, la méfiance s’installe, en même temps que se lève une volonté de tempérance et de conciliation ; d’un côté, grâce aux initiatives de Paule Gastinel de la DDASS les associations des diverses tendances ont l’opportunité de continuer à se parler une fois pas mois (initiative heureuse, mais apparemment destinée à amener les associations à se parler malgré leurs conflits plus qu’à se mobiliser ensemble contre le sida), le 4 avril ces mêmes associatives écrivent une lettre commune au nouveau maire de Marseille pour qu’un interlocuteur unique leur soit désigné (Claude Bertrand directeur de cabinet homme lige – confident – de Jean-Claude Gaudin leur répondra qu’il est cet interlocuteur) et le dernier dimanche d’avril 1996 elles se retrouvent pour déposer une gerbe au momument des déportés ; mais d’un autre côté une nouvelle association Marseille Arc en Ciel se crée, déposée sous le nom d’ACCGLM (association pour la création d’un centre gay et lesbien) fin mai 1996 dans l’intention d’ouvrir un café « positif », mais cette création établit une scission avec le Collectif gay et lesbien Marseille-Provence ; des comités de pilotage se tiennent (de mars à juin), sept puis quinze associations sont présentes, une dynamique forte se manifeste en faveur de la marche, les revendications (lutte contre le sida, bataille pour le Contrat d’Union Sociale, l’idée d’ouvrir un CGL) sont mobilisatrices, les bonnes volontés sont nombreuses, mais la création de l’ACCGLGM et son leadership de fait pour le portage de la LGP instaure rapidement les plus grandes méfiance, à commencer par le retrait du CEL, importante association lesbienne, dès le mois de mars ; à côté de l’ACCGLM apparaît Marc Billoud comme porte-parole du comité de pilotage de la LGP, c’est lui qui avait énergiquement marqué la rupture avec le portage de la Lesbian & Gay Pride par le Collectif gay et lesbien Marseille-Provence, de fait il « distribue » les rôles, il parraine Didier Rodde pour la création de cette association et donne sa confiance a Eric Séroul, Jean-Marc Astor, Eric Rogel qui animent le magazine Ibiza pour l’organisation de la LGP ; la proximité de Marc Billoud avec le nouveau maire, Jean-Claude Gaudin, élu en 1995, est un élément majeur de la bnouvelle dynamique ; dans ce contexte Christian de Leusse, militant historique depuis 1978 et cofondateur du Collectif Gai et Lesbien Marseille-Provence en 1991, qui a accepté de présider – une présidence très formelle – l’assemblée générale de création de l’ACCGLM dans un objectif de conciliation, se retrouvera rapidement en porte-à-faux, son initiative personnelle est vue comme une trahison, il sera exclu du Collectif gai et lesbien Marseille-Provence (et de sa co-présidence)
15 mai 1996 : à Marseille, la DDASS, sous la houlette de Paule Gastinel, donne une occasion aux différentes parties de se retrouver en écoutant des experts réunit les associations qui donne la parole à deux experts (psychologue et psychosociologue)
Mai 1996 : à Marseille, Mémoire des sexualités est initiatrice d’un regroupement associatif pour le contrat d’union Civile et sociale sollicite les maires des Bouches du Rhône afin qu’ils acceptent de délivrer des Certificats de vie commune à des couples de même sexe
16 mai 1996 : décès d’André Labarrère, ancien ministre et maire de Pau, un mois après avoir révélé publiquement son homosexualité
29 mai 1996 : à Marseille, parution au JO de la création de l’association Marseille-Arc-en-Ciel (Maec) ; l’association créée à l’initiative de Didier Rodde, cadre de l’Assistance Publique, est portée par un courant qui souhaite créer un centre gay et lesbien (Didier Rodde est président-trésorier, Pierre Barlet vice-président, Didier Saïd secrétaire) ; cette création est marquée par plusieurs péchés originels : le courant qui la soutient est issu d’une « scission » du mouvement gay et lesbien marseillais représenté jusque là par le Collectif Gay et Lesbien Marseille-Provence qui avait porté les premières gay pride de 1994 et 1995 (scission qui a donné naissance à l’ACCGLM, association pour la création d’un centre gay et lesbien marseillais) et la volonté de Didier Rodde de donner le label de café positif à son projet sera confronté à son absence de travail commun avec les mobilisations en cours sur le sida, l’association Aides-Provence en particulier ; MAEC créera le 1er bar associatif au 20 rue Colbert
Juin 1996 : Têtu reprend sa parution, Pierre Bergé a confié les rênes du journal à Thomas Doustaly, ce salarié du Journal du Sida – soutenu aussi par Pierre Bergé -, il connaît bien Têtu et ses fondateurs, il y a écrit des articles et a milité à Act Up-Paris, il définit 3 principes, un engagement dans les débats politiques et sociétaux, une « esthétique plutôt gay » et le renforcement des pages VIH, il développe une relation de confiance avec Pierre Bergé directement et, plutôt que de passer par Christophe Girard le secrétaire général de la maison Saint-Laurent, il rencontrera mensuellement Pierre Bergé en lui montrant le « chemin de fer » du journal et le projet de couverture, les ventes vont progresser à la fin des années 1990, le débat sur le pacs aidant les annonceurs s’intéressent davantage à la cible gay, Thomas Doustaly sera rédacteur en chef puis directeur de la rédaction pendant plus de 10 ans, Christophe Martet sera rédacteur en chef adjoint de 1999 à 2007
Juin 1996 : parution du « Manifeste des dix » dans l’Express, 10 femmes anciennes ministres de droite et de gauche (Edith Cresson, Simone Veil, Frédérique Bredin, Hélène Gisserot, Michèle Barzach, Caherine Lalumière, Véronique Neïertz, Monique Pelletier, Yvette Roudy, Catherine Tasca) qui réclament la mise en place de la parité dans les élections (le texte de parité ne sera mis en place que 4 ans plus tard sous Lionel Jospin)
Juin 1996 : à Paris, la marche de la Gay Pride est un grand succès ; fort du succès de l’année précédente, la nuit est organisée au parc omnisports de Bercy mais le succès n’est pas au rendez-vous, le déficit est considérable, de 500 000 F ; Cineffable (organisatrice du Festival Quand les lesbiennes se font du cinéma) et le journal Lesbia Magazine, relayées par la plupart des associations lesbiennes de Paris et des régions, initient la Fierté Lesbienne, à la salle Wagram, avec un forum associatif lesbien et féministe et une grande fête ; le déficit de la nuit de la Gay Pride conduit à la création de la SOFIGED, société qui rembourse le découvert au prix du rachat des marques
Juin 1996 : diffusion du catalogue Diabolo qui rend compte des publications à l’intention des lesbiennes (livres, guides, disques, documents, films, vidéos, objets divers) environ 140 références imortantes
15 juin 1996 : à Lyon, 1ère Gay Pride, de la place Jean-Macé à la place de la Comédie, Pierre Gandonnière est le président du Centre gay et lesbien organisateur, il attend un millier de personnes ; il y a dans la ville une dizaine de bars gays, 2 saunas, 3 discothèques et quelques restaurants gay friendly
19-22 juin 1996 : à Marseille, semaine de la Lesbian and Gay Pride organisé par le Collectif Gay et Lesbien Marseille Provence (le comité de pilotage a son siège dans les locaux de l’ACCGLM (association pour la création d’un centre gai et lesbien, au 1 rue Chateauredon, appartement de Marc Billoud) ; il y a une semaine d’activités avec débats, festival de cinéma, bals, expositions, mais aussi participation des associations et des différents commerces du milieu gai marseillais ; les débats associent l’ACCGLM et les autres associations, ils portent sur Les homosexuels et le sida (mobilisations et démobilisations), Le mouvement homosexuel à Marseille depuis 15 ans, « Le Rose et le Noir » (avec Frédéric Martel), le droit au couple et le projet de CUS (avec Jan-Paul Pouliquen) et sur Quel centre Gay et Lesbien à Marseille ? , ainsi que Sexe et sida (organisé par RAS) et Presse Gaie « Quand le marketing s’intéresse aux gays » (organisé par Ibiza) ; les lieux de débats sont la Maison des associations, le Chocolat Théâtre, le forum de la FNAC, etc. ; le 22 juin la marche la Lesbian and Gay Pride et le bal ; Fierté Lesbienne refuse de se mélanger à la marche de la Gay Pride
22 juin 1996 : à Paris, à l’occasion de la Gay pride, le tract signé Act Up Pride indique « Homos: 20 000 veuves en colère » pour la manifestation au métro Odéon à 13h
28 juin 1996 : en Grande-Bretagne, mort du peintre figuratif Michael Wishart (1928-1996), étudiant au Central School of Arts and Crafts il a connu un succès précoce, il est devenu l’ami de grands peintres (David Bacon, Lucian Freud, Christian Bérard) et de nombreuses célébrités (Peggy Guggenheim, sa marraine, Tristan Tzara, Jean Hugo, Marie-Laure et le vicomte de Noailles, Jean Babilée, Jean Cocteau, le comte Etienne de Beaumont, Jean Marais, le prince ismaélien Ali Khan et sa villa de Vallauris en bord de mer, Nancy Cunard, la marquise Casati, la musicienne du Groupe des Six Germaine Tailleferre, Françoise Sagan, Rudolf Noureev), passionné par les écrivains français et artistes (Arthur Rimbaud, Gérard de Nerval, Raymond Roussel, Odilon Redon, Gustave Moreau, Félicien Rops, Isidore Ducasse, Balthus), bisexuel il a vécu de fortes relations dans son pays, en France et aux USA, en commençant par un parachutiste allemand ; il fréquentait la Rose Blanche (fréquentée par Juliette Gréco), le Bal Nègre, rue Blomet, le Monocle (où il a fait son petit effet un jour en arrivant travesti en amazone et armé d’un fouet), le Bœuf sur le toit (dont il appréciait la clientèle masculine) ou encore les bains de la rue Saint-Antoine (anciens bordels pour hommes fréquentés par Proust et Montesquiou) ; il a jeté son dévolu sur le Saint-Tropez des années 1950, celui de Gérard Philippe, Paul Eluard, Dunoyer de Segonzac, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Bardot, Vadim et Bernard Buffet ; il termine son livre Le Saut de l’ange écrit en 1977 (traduit en français en 2016, préfacé par son fils Francis) par : « Javais 33 ans quand je laissai Nicky, l’Amérique et ma jeunesse derrière moi. » C’était en 1961.
Juillet 1996 : Conférence mondiale du SIDA à Vancouver, au Canada, sur le thème One world, one hope qui prend actre de l’arrivée des antirétroviraux ; en septembre 1996 le Journal du sida rendra compte de l’importance de cet événement, et s’interrogeront dans un article de Laurent de Villepin, Gilles Pialoux et Yves Souteyrand « Deux mondes, deux espoirs »
Juillet 1996 : Eric Fleutelot présente la charte de prévention des établissements gays au nom d’AIDES et de Act-Up, cette charte est l’aboutissement d’un long travail auprès des établissements gays – gênés ou odieux – co-rédigée par Jean le Bitoux pour AIDES et Eric Fleutelot pour Act-Up
18 juillet 1996 : mort de Jean-Pierre Meyer-Genton, fondateur de la librairie Les Mots à le bouche rue Sainte-Croix de la Bretonnerie depuis 1983 ; il militait en 19745 dans le GLH de Paris, avait ouvert avec Yves Clerget sa librairie-salon de thé-restaurant rue Simart (18ème arr.), y avait hébergé les éditions Persona fondée par les animateurs de la revue Masques, dès les années 1980 reçu plusieurs écrivains Hervé Guibert, Dominique Fernandez, Yves Navarre, Jocelyne François, Renaud Camus, d’autres ont fréquenté le lieu comme Delpine Seyrig ou Wim Wenders ; il a essuyé une pétition de riverains amalgamant homosexualité, prostitution et drogue ; Walter, son compagnon, prend sa succession et ouvre un rayon audio et vidéo
20 juillet 1996 : mort de Jean Voilier (pseudonyme de Jeanne Loviton, 1903-1996), écrivain, éditrice de Céline et de Malaparte, amoureuse des hommes (dont Paul Valéry, sans doute le plus amoureux, mais aussi Curzio Malaparte, Jean Giraudoux, Bertrand de Jouvenel, Alexis Leger dit Saint John Perse ou l’éditeur Robert Denoël) et des femmes, dont l’amie-amante d’une grande intelligence Yvonne Dornes (fondatrice de SVP, la première agence européenne de renseignement téléphonique)
28 juillet 1996 : mort du directeur de scènes musicales Gabriel Dussurget (1904-1996), il a connu très tôt les milieux de l’Opéra de Paris et de la Scala de Milan, a ouvert un cours d’art dramatique puis une agence de concert pendant l’Occupation, son premier protégé était alors le violoniste Maurice Gendron ; en 1948 il a créé le Festival lyrique d’Aix-en-Provence avec de grands décorateurs (Balthus, Cassandre, Derain, Masson) et les plus belles voix ; en juillet 1962 sa création de Don Giovanni à Aix-en-Provence lui a donné une notoriété internationale
Août 1996 : à Marseille, le Collectif marseillais pour le CUS (constitué de 8 personnes) en préparation, communique que 15 maires des Bouches du Rhône, dont 3 maires de secteur de Marseille, sont favorables à la délivrance de certificats de vie commune ; le local du Collectif est ouvert au 1 rue Ferrari le 19 août 1996, avec son le bar associatif Aux Mots Café, les animateurs sont Patrick Faver (président), Marcel Chabert, Guillaume Clemente et Thierry Ruiz
Août 1996 : aux USA, aux Jeux Olympiques d’Atlanta, le Français Wilfrid Forgues, 32 ans, remporte le titre de chamion olympique masculin de canoë biplace avec Frank Adisson ; marié à 24 ans, deux enfants, Wilfrid, directeur technique chez Media & Brioadcast Technologies, deviendra Sandra et travaillera à la direction de Distribution Services industriels ; en 2019 elle sera désignée « rôle modèle » dans un palmarès de l’association l’Autre Cercle qui milite pour l’inclusion au travail des LGBT
Septembre 1996 : à Marseille, création du Comité local du Collectif pour le CUS (contrat d’union sociale) sur la base de la proposition de loi élaborée par le Collectif national et la Fédération AIDES en septembre 1995, déposée récemment par le MDC (mouvement des citoyens), ce Comité de liaison marseillais des associations pour le CUS (CLIMACUS) est constitué de 4 associations (Aides Provence, Collectif pour le CUS, Centre Evolutif Lilith et Planning Familial), à l’heure où 1,8 millions de couples vivent hors mariage et 40% des enfants sont conçus hors mariage ; la plateforme du CLIMACUS est signée par 8 associations marseillaises : Planning, Collectif pour le CUS, Aides, CEL, Rando’s Provence, Collectif Gai et Lesbien Marseille Provence, Boucle Rouge et SPI ; à cette date, une dizaine de maires des BdR aceptent de délivrer des Certificats de vie commune (Port de Bouc, St Mitre les Remparts, Martigues, Mollèges, Salon, Aubagne, Cassis, ainsi que les 3 maires de secteur, de gauche, de Marseille) ; les associations prévoient de se rendre le 14 février 1997, jour de la St Valentin, dans les locaux de l’état-civil du 11 rue Mazenod pour réclamer au maire de Marseille des certificats de vie commune pour les couples ; et 300 maires de France acceptent d’accorder des Certificats de vie commune, dont 17 en PACA
15 septembre 1996 : le Parlement européen adopte une résolution pour mettre fin à « toute discrimination concernant les homosexuel-les-s »
26 septembre 1996 : en Turquie, mort du chanteur Zeki Müren (1931-1996), sa voix forte a touché des milliers de personnes à travers le pays, avec son style de musique classique turque axé profondément sur le chagrin d’amour, touchant l’esprit lyrique turc, il est devenu une reine glamour flamboyante, ses costumes font de lui une reine androgyne avec paillettes et talons hauts dans les années 1950-1990 ; il décède en direct à la télévision
Octobre 1996 : parution du n°1 de la journale littéraire lesbienne La Gazoute
Octobre 1996 : 1ère marche des transsexuels à Paris ; Camille Barré est alors garçon androgyne, elle manifeste avec une trentaine de transsexuels pour plus de visibilité
4 octobre 1996 : mort de la romancière américaine Isabel Miller (Alma Routsong 1924-1996), elle a servi dans la marine US, puis travaillé dans un hôpital à l’unicversité de Columbia, elle est devenue correctrice à Time Magazine ; son livre Patience & Sarah raconte une histoire d’amour lesbien au XIXème siècle, elle reçoit en 1971 le premier Gay Book Award, elle est une militante déterminée de l’association Daughters of Bilitis
8 octobre 1996 : le journal Libération dresse le portait du dandy créatif Serge Lutens, 54 ans, photographe pour Vogue, directeur artistique de Dior puis de Shiseido, créateur de parfum
31 octobre 1996 : mort du cinéaste Marcel Carné (1906-1996), dans quelques uns de ses films il évoquait l’homosexualité (avec Jean Gabin dans l’Air de Paris, 1954), dans Les Tricheurs Laurent Terzieff se fait entretenir par des personnes des deux sexes, il y a le gigolo bisexuel des Jeunes Loups, le jeune homme efféminé joué par François Perier dans Hôtel du Nord ou encore la litote du couple Lacenaire – Avril dans Les Enfants du Paradis ; il aimait les jeunes éphèbes et continuait à s’entourer de minets en prenant de l’âge ; Roland Lessaffre, présent dans 13 films dont L’Air de Paris, a été son compagnon le plus fidèle et l’a accompagné jusqu’à la fin
Novembre 1996 : parution du Journal 1887-1925 d’André Gide dans la collection de La Pléiade, il a fait l’objet de nombreux éloges, de Jean-Paul Sartre « La lecture du Journal de Gide me fait constamment sentir que je ne sais pas dce que c’est que bien écrire », de Roland Barthes « Gide n’a pas d’âge, il est toujours jeune, toujours mûr, toujours sage, toujours fervent », Jean Paulhan dans la NRF en 1951 « Gide est le sel et le poivre de la terre » ; « c’est la tentative d’un homme pour coïncider avec lui-même, dans la pure présence, à l’abri du monde, à l’abri d’autrui, à l’abri des événements, écrit le journaliste du Monde Pierre Lepape, il y a bien sûr au fond de cette démarche une extraordinaire inquiétude et une fièvre dont le lecteur à son tour est saisi… l’écrivain Gide est au plus haut de son style »
Novembre 1996 : à Marseille, après le succès de la soirée de la première soirée de Gay Pride de 1996 à la Friche Belle de Mai qui a réunit près de 2 500 personnes avec fermeture des commerces identitaires, Eric Séroul propose à Marc Billoud la création de l’association Lesbian & Gay Pride Marseille, celle-ci réunira en 1997 près de 15 000 manifestants et la soirée Gay & Lesbien Unity rassemblera quelques 5 000 personnes au Dock des Suds (2è édition de la soirée Gay et Lesbien Unity) ; avec Marc Billoud il réunira la première coordination Interpride France à Marseille en 1997 ; la LGP organisera les Marches des Prides de 1997 à 2009
5 novembre 1996 : à Marseille, réunion de mobilisation du Climacus ; en décembre 1996-janvier 1997, il effectue un mailing de sensibilisation (400 lettres visant divers publics – partis politiques, entreprises, professions libérales, universitaires, etc.- dans les BdR) ; la pétition lancée permet de collecter 385 signatures ; le comité local du collectif du Collectif pour le CUCS se réunit tous les mois au siège de la Fédération des centres sociaux (pl. Gabriel Péri)
Décembre 1996 : en PACA, le rapport de la DRASS sur le VIH dresse le bilan d’une enquête sur une population vivant avec le VIH dont 60% ont entre 30 et 39 ans, 878 personnes ont découvert leur séropositivité en 1996, 315 sont déjà au stade du sida ; à Aides Provence les activités sont multiples, sous la présidence d’Alain Molla : mobilisation lors de la journée mondiale contre le sida, formation des bénévoles, visite aux malades, conférences mensuelles de Thierry Gamby, programme de réduction des risques, création du Groupe gay de Aides (animé par Thierry Ruiz) ; création de Urmed Solidarité PACA en janvier 1997 en direction des étrangers atteints de pathologies graves
1° décembre 1996 : à Paris, la Journée mondiale de lutte conttre le sida est marquée par une petite mobilisation, avec moins de monde qu’en 1995, « c’est pourtant le dernier moment où il faut baisser les bras » se désole le président d’Act Up Marc Nectar ; parallèlement des marches de nuit se déroulent à Marseille et à Strasbourg
1° décembre 1996 : les chaines de télévision Canal Plus, Arte et M6 diffusent 10 court-métrages sur le thème de l’homosexualité, à l’origine du projet l’association Lesbian and Gay Pride Films, les court-métrages de 5mn chacun sont éclectiques : Dans la décapotable, Tapin du soir, Une nuit ordinaire, Dedans, Un moment, Et alors… choisis sur 1 000 scénarios reçus
27-31 décembre 1996 : à Madrid 18ème conférence européenne de l’ILGA
1997-2002 : mise en place de 3 structures hospitalières destinées à accueillir les transsexuels : Montpellier 1997, Nice 2000 et Marseille 2002 (avec structuration officielle d’une équipe qui existe depuis les années 1970)
1997 : création du parfum Fleur du Mâle par Jean-Paul Gaultier ; après Le Mâle créé en 1995
1997 : la proposition du Contrat d’Union Sociale est déposée à l’Assemblée Nationale
1997 : Caroline Mécary organise un colloque au barreau de Paris sur les droits des homosexuels ; en 1996 elle a eu son 1er client homosexuel, Thomas, père de 4 enfants, très croyant, qui souhaitait divorcer, elle s’est confrontée au mépris du magistrat
1997 : mise en place de la ligne Azur (0 801 20 30 40) pour les jeunes homos-bisexuels
1997 : l’APGL (association des parents et futurs parents gays et lesbiens) passe de 70 adhérents en 1995 à 300 membres, et à la faveur des débats sur le Pacs leur nombre passera à 1 400 en 2001, cette froissance permettra à l’association, dont Martine Gross est présidente de 1999 à 2003, de peser politiquement
1997 : Laurent Ruquier joue son spectacle seul en scène Enfin gentil au théâtre Grévin à Paris, il dira qu’il appréhendait de parler de son homosexualité pour la première fois car il était le premier à le faire sur scène, il a fait une première dans un café-théâtre de Nancy Le Vertigo ; quand il fera de la télévision il sera plus libre car il n’aura plus rien à cacher, il fera son coming out dans l’émission Nulle part ailleurs sur Canal Plus, en présence de Bruno Gaccio et Guy Bedos ; il écrira en 2018 une pièce entierement là-dessus Pourvu qu’ils soient heureux jouée par Francis Huster et Fanny Cottençon sur le coming out d’un jeune garçon, diffusée également sur France 2
1997 : à Paris, dépôt des statuts de la Coordination lesbienne en France sous forme d’association pour : regrouper les associations lesbiennes féministes, déclarées ou non, et des lesbiennes individuelles en assurant un lien permanent entre toutes et en coordonnant les actions au niveau national ; lutter contre la lesbophobie et toutes les discriminations ; la visibilité des droits des lesbiennes ; dans une société solidaire, égalitaire et laïque ; les associations membres sont en particulier à Paris, Strasbourg, Marseille, Grenoble et Toulouse, elles sont féministes et abolitionnistes ; contre la GPA (avec la Cadac et le Planning familial) et pour des droits propres aux lesbiennes ; le CEL de Marseille en est co-fondatrice, avec en particulier Nicole Sirjean et Maïté Maillet – qui en prend la 1ère présidence -, elles en organisent le fonctionnement et laisseront la place l’année suivante
1997 : 9ème festival Quand les lesbiennes se font du cinéma ? ; création de la Coordination lesbienne nationale à l’occasion de la 2ème rencontre de la coordination lesbienne à Malicorme ; création du réseau Rafjire, réseau pour l’autonomie juridique des femmes immigrées et réfugiées (face aux difficultés supplémentaires des femmes sans-papiers à obtenir la régularisation si elles sont séparées, divorcées ou célibataires) ; création de l’association CQFD qui portera désormais le projet Fierté Lesbienne ; création d’ADELE CINE association qui portera le projet TGTL (Très grande télévision lesbienne), filmera les événements lesbiens, produira et éditera les actualités lesbiennes sous forme de cassettes VHS (6 n° semestriels) et animera un espace vidéo pendant 4 ans de festival Quand les lesbiennes se font du cinéma et salle Wagram à Paris lors de la soirée Fierté lesbienne ; création de l’association les Immagiciennes 80 pour créer, promouvoir et diffuser des œuvres de femmes théâtrales, visuelles, audio et audiovisuelles
1997 : pour la 1ère fois une femme, Elisabeth Guigou, occupe un poste ministériel régalien (Garde des Sceaux)
1997 : Aides diffuse une affiche de prévention aves 2 garçons accolés , le 1er disant « Il n’a pas proposé de capote… c’est qu’il doit être séronégatif comme moi« , le second « Il n’a pas mis de capote… c’est qu’il doit être séropositif comme moi »
1997 : création de l’association Mix-Cité, objectif : « faire le lien entre l’action et la réflexion féministes et lier étroitement le féminisme avec toutes les revendications en matière d’égalité et de justice » ; cofondateur Thomas Lancelot-Viannais refuse de « polluer l’imaginaire des petits avec une vision du monde sexué » ; actions : campagnes sur les jouets sexistes et les publicités sexistes
1997 : création de la 1ère association afro-antillaise Doubout, par Moïse Udino
1997 : création de l’association Bi’cause par des femmes en France ; 2 ans plus tard, en 1999, le 13 septembre sera déclarée journée de la visibilité des bisexuels Bi Visibility Day ; dès les années 1960 des stars du rock ou du cinéma ont revendiqué leur bi-sexualité aux USA, comme David Bowie ou James Dean, et Lady Gaga déclarera le 12 septembre 2013 aimer plonger « dans l’étand des filles »
1997 : à Paris, ouverture du club gay Le Tango par Hervé Latapie
1997 : à Lyon, l’ARIS est confronté à une dissidence, celle du Forum Gai et Lesbien qui ouvre un local rue Romarin ; et la Lesbian and Gay Pride est organisée pour la 2ème année, s’y associent Aides et les Soeurs de la perpétuelle indulgence
1997 : à Marseille, installation de l’association Bernard Dutant, créée en 1992, qui organise des activités pour les personnes touchées par le VIH, des soignants et des proches (marches dans le désert, activités théâtrales, etc.)
1997 : en Allemagne, la revue Sexuologie rapporte que 8,6% des jeunes filles, 2,8% des jeunes garçons et 13,3% des femmes ont été victimes de violences sexuelles au cours de leur vie ; 1% des hommes ont une attirance sexuelle pour les jeunes enfants ; l’Institut de sexologie de l’hôpital de La Charité à Berlin recevra en 7 ans (2006-2013) plus de 719 personnes qui souhaitent une thérapie, des centres analogues ouvriront dans d’autres villes
1997 : le Catéchisme officiel de l’Eglise catholique reconnu par le Vatican écrit : « S’appuyant sur la Sainte Ecriture, qui les présente comme des dépravations graves, la Tradition a toujours déclaré que les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés. Ils sont contraires à la loi naturelle. Ils ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas… Un nombre non négligeable d’hommes et de femmes présentent des tendances homosexuelles foncières. Cette propension, objectivement désordonnée, constitue pour la plupart d’entre eux une épreuve. Ils ne choisissent pas leur condition homosexuelle… On évitera à leur égard toute discrimination injuste… Les personnes homosexuelles sont appelées à la chasteté. » »
1997 : invention du néologisme homoparentalité ; à ce moment le désert scientifique est total sur cette question en France, alors que plus de 200 références bibliographiques sont déjà recensées aux USA et en Grande-Bretagne, mais aussi en Belgique et aux Pays-Bas ; l’APGL (association des parents et futurs parents gays et lesbiens) interroge les unités de recherche du CNRS et des universités sur leurs intentions et s’offre comme terrain de recherche
1997 : parution des n°1 de Les Nanas beurs, La Menstrueuse journale écrite par des femmes pour des femmes (parution unique), Lunes réalités, parcours, représentations des femmes (revue trimestrielle), Prochoix journal pour le « droit de choisir » et le droit à l’avortement, Housewife, Gayrilla magazine bulletin d’information gay et lesbienne, Des filles de mauvaise vie bulletin de l’association Dégénérées
1997 : Caroline Fourest et Fiametta Venner fondent la revue Prochoix ; elles se connaissent depuis un an ; née à Aix en Provence en 1975, Caroline a fait ses 1er pas dans le journalisme en 1994, elle dira : « Je vis mon homosexualité comme une voie minoritaire vers l’universalisme », décidant de pouvoir sortir le soir sans être sifflée, elle se coupera les cheveux très court, elle aura des rapports difficiles avec sa mère ; « Fiam » est sa femme dira-t-elle, « mon premier vrai amour », plus tard elle deviendra amoureuse de la Femen ukrainienne réfugiée en France Inna, elle dira « j’ai été d’une absolue fidélité aux deux », avec Inna, 23 ans, ce sera un amour pour un être « excessif », « c’est la fois de ma vie que le morfle autant amoureusement » dira-t-elle à propos d’Inna, elle tentera de limiter son extrémisme et écrira un livre sur elle en 2014
1997 : Act Up Paris mène une campagne contre la répression de l’immigration clandestine « Refusez à l’etat la complicité qu’il vous demande. Faites Acte de désobeissance civile » (juxtaposant sur son afficjhe 3 photos de harcèlement policier 1941, 1961 et 1997)
1997 : mort de l’artiste Louise Janin (1893-1997), née aux USA dans une famille française, elle expose à New York ses premières toiles inspirées par la spiritualité extrême orientale ; elle s’installe à Paris en 1924, expose dans plusieurs galeries à partir de 1924, participe à l’Exposition internationale d’arts décoratifs en 1925 et à l’Exposition coloniale de 1931 ; dès son arrivée elle a fréquenté le Temple de l’Amitié de Nathalie Barney, elle y rencontre ses amantes
1997 : parution de plusieurs ouvrages sur les mœurs sexuelles et l’homosexualité au cours de l’histoire, Eros dans la Grèce antique (où l’iniation érotique joue un rîle fondamental) de Claude Calame, Le Chasseur et la cité. Chasse érotique dans la grèce ancienne (où la relation sexuelle de l’éraste, l’amant, et de l’éromène, l’aimé, n’est pas une déviation des institutions pédagogiques mais le socle même de la paideia) d’Alain Schnapp, Les Unions du même sexe (où le concubinage homo et hétérosexuel au Moyen Age du IVème au XIIème siècle est pour l’Eglise compatible avec le mariage et le divorce, surtout en Orient) de John Boswell, Homosexualité et initiation chez les peuples indo-européens (où l’homosexualité est vécue comme une alternative normale à l’hétérosexualité des espaces germains aux territoires indiens) de Bernard Sergent, Eros romain. Sexe et morale dans l’ancienne Rome (modèle idéal de la bisexualité chez les Grecs, modèle très fluctuant chez les Romains vers la progressive libération de la femme romaine) de Jean-Noël Robert
1997 : à Paris, organisation des Euro Games ; parallèlement les jeux mondiaux se déroulent, les Gay Games de San Francisco en 1982 et 1986, de Vancouver en 1990, de New York en 1994, ceux d’Amsterdam en 1998, de Sydney en 2002, de Montreal en 2006, passant de 1 350 participants en 1982 à 14 175 participants en 1996, de 45 nations représentées en 1994 à 88 en 1998 ; les Euro Games se déroulent les années où les Gay Games ne sont pas programmés (La Haye 1992, 1993, Berlin 1996, Paris 1997, Zurich 2000, Hanovre 2001, Copenhague 2003, Munich 2004)
1997 : à Paris, le Pulp est ouvert par Michelle Cassaro et Sophie Lesné, le club devient un rendez-vous incontournable des nuits lesbiennes, un succès dû à son ambiance chaleureuse et décontractéez, à l’absence d’élitisme à l’entrée et à une programmation musicale pointue, au 25 bd Poissonnière sur les Grands Boulevards, il reçoit 275 personnes et jusqu’à 500 personnes pour les grands jours, les hommes doivent être accompagnés ; Axelle le Dauphin (DJ Tampax), Sophie Lesné et Delphine Palatsi (DJ Sextoy) forment le pivot du lieu ; le Katmandou, rue du Vieux-Colombier a fermé en 1990, le Privilège, le Rive Gauche et les autres lieux les laissaient sur leur faim, le bar lesbien du Scandalo leur a permis de rencontrer l’énergique Michelle Cassaro (Mimi) ; le Pulp fermera en 2007 lorsque la Mairie de Paris achètera l’immeuble pour y faire des logements sociaux, il sera vu comme un paradis perdu, Alice Coffin parlera de ce lieu dans son livre Le Génie Lesbien en 2020 et la documentaliste Lauriane Nicol compilera tout ce qu’elle pourra trouver sur son histoire : en 2008 Michelle Cassaro ouvrira Rosa Bonheur sur les Buttes-Chaumont et soutenu des lieux analogues dans d’autres lieux à Paris
1997 : à Toulouse, ouverture de l’Espace Lesbien Bagdam, il y a alors un frémissement d’intérêt de la société française pour les lesbiennes qui se manifeste, consécutif à la parutions de quelques ouvrages et films, en particulier celui d’Hélène de Monferrand prix Goncourt 1990 avec Les amies d’Eloïse, le film Go Fish de l’Américaine Rose Troche sorti en France en 1995), le festival cinéma organisé alors a conduit à refuser l’entrée à plus de 100 lesbiennes ; en 1998 le 1er Printemps lesbien de Toulouse permettra d’accueillir la poète lesbienne Nicole Brossard
1997 : à Marseille, les 3G mène leur grand combat contre le FN (affichage sauvage), elles se voient chez Christine, chez Sylvie et Patricia ; elles constituent le groupe des Franches plombières (Christine B ; Sylvie M., Patricia G. et Laure M.) collent des affiches contre le FN : elles créent les Ladies Pirates du XXème siècle qui collent des plaques de rues avec des noms de femmes dans la nuit du 7-8 mars dans le quartier de la Plaine ; constitution d’un groupe de Drag-Kings pour voir ce que ça pouvait faire d’être dans la peau d’un homme
1997 : publication du roman Le Bal des célibataires d’André Labarrère (maire de Pau de 1971 à 2006, député, sénateur et ministre de 1981 à 1986), celui-ci révèle son homosexualité après le décès de sa mère, il sera l’un des premiers hommes politiques français à l’avoir annoncée publiquement ; à partir de là, il sera volontiers surnommé l’embrayage (par analogie avec la pédale de gauche) ; en 2004 il se prononcera contre le mariage homosexuel, célébré par Noël Mamère à Bègles
1997 : la Cour européenne des droits de l’homme rend un arrêt considérant qu’une procédure de retrait de garde pour cause d’homosexualité n’est pas conforme avec la Convention européenne des droits de l’homme
1997 : aux USA, Angela Davis fait son coming out auprès du magazine Out ; née en 1944 en Alabama, à Birmingham, renvoyée en 1969 de l’université de San Diego où elle enseigne la philosophie, accusée en 1970 de meurtre, enlèvement et conspiration puis acquitée en 1972, grace à un formidable mouvement de solidarité internationale, elle était proche des Black Panthers et du parti communiste, « contre les forces réactionnaires de l’époque le trio Nixon-Reagan-Hoover », la condition faite aux noirs, la guerre du Viet-Nam et l’isolement de Cuba ; elle a fait paraître le livre Femmes, race et classe en 1981, elle deviendra une très active militante de l’abolition de la prison ; en avril 2013, elle déclarera « De façon générale ce sont les liens qui m’intéressent entre les luttes, qu’il s’agisse du féminisme, du mouvement gay et lesbien, des mouvements des travailleurs, ou du mouvement environnemental »
1997 : aux USA, mort de Ruth Peter Worth (1915-1997), survivante juive de l’Holocauste, immigrante américaine, lesbienne ; elle a fait ses études à Berlin et quitté l’Allemagne pour Paris en 1938, internée au camp de Gurs, a regagné les USA, via le Portugal en 1941 ; vers 1946 elle a acheté une maison à Cherry Grove, Fire Island, New York où il y avait une communauté connue de lesbiennes et de gays ; elle a légué ses biens à SAGE, l’organisation la plus ancienne et la plus importante du pays chargée d’améliorer la vie des seniors lesbiennes , gays, bisexuels et transgenre
1997 : aux USA, l’actrice Ellen DeGeneres annonce publiquement son homosexualité, à la ville comme à l’écran (dans un épisode regardé par près de 44 millions d’Américains) ; mais son coming out lui coûtera cher, des annonceurs vont se retirer et les audiences se tasser, elle mettra 3 ans à retrouver du travail ; puis les choses vont changer, 16 ans plus tard, elle incarnera une certaine « feel good TV » avec son émission The Ellen DeGeneres Show dans laquelle elle recevra les stars de Hollywood ou les anonymes faisant le buzz, elle sera la nouvelle Oprah Winfrey (et empochera chaque année selon le magazine Forbes près de 87 millions de $, dont 20 rien que pour son show sur Netflix)
1997 : aux USA, parution du livre The Gender Agenda de Dale O’Leary, journaliste proche de l’Opus Dei, elle élabore une pensée conspiratonniste sur le genre, concept utilisé selon elle, pour « déconstruire » les sexes, elle accusera les associations qui luttent pour l’égalité des droits à l’ONU de cacher, sous l’apparence d’un combat honorable, des revendications comme la gestation pour autrui ; le Vatican élaborera alors une contre-attaque (en s’appuyant sur le théorie gramscienne) en subvertissant les notions progressistes, la lutte contre l’avortement devenant « le droit à la vie » et l’adoption par les couples de même sexe se transformant en « droit à la famille »
1997 : dans la série télévisée américaine Les Simpson dans son épisode 15 de la saison 8 Homer craint que son fils Bart soit tenté de devenir gay, il l’envoie son fils dans une aciérie pour rencontrer de vrais hommes, mais les ouvriers sont tous gays ; l’épisode a failli être censuré par les producteurs
1997 : à Abidjan, la conférence sur le sida suscite l’espoir, la France annonce la création d’un fonds de solidarité thérapeutique international (FSTI) alors que Banque mondiale a diminué considérablement ses contributions de 67 millions de $ en 1994 à 1,7 millions de $ en 1997
1997 : au Chili, depuis 1961 la secte Colonia Dignidad, dirigée par l’ancien nazi Paul Schäfer s’est rendue coupable du viol der 200 petits garçons dans un contexte d’emprise psychologique et de participation à la dictature, c’était aussi le lieu de détention et de torture d’opposants où la DINA, police politique dirigée par Manuel Contreras, financée par le régime, enterrait les suppliciés, ou encore un laboratoire secret de fabrication de gaz sarin ; Schäfer échappe à son arrestation et s’échappe en Argentine jusqu’à son arrestation en 2005 et son décès en prison en 2010 (il avait déjà commis de nombreux viols en Allemagne des années 1950 en recueillant des orphelins de guerre
Janvier 1997 : à Arcat-Sida, après une grève de certains personnels, Frédériuc Edelman, président de l’association qui a subit de plein fouet l’échec financier du Sidaction 96, met en place un nouveau directeur général, Jean-Marie Fauché, directeur du centre d’aide aux toxicomanes Nova-Dona (à l’hopital Broussais, à Paris) et membre du Conseil national du sida ; celui-ci insiste sur la nécessité de regrouper les revendications de Aides, d’Arcat et d’Act Up pour arriver à peser davantage auprès du ministère, et souhaite que le Journal du Sida, activité phare d’analyse et de réflexion d’Arcat-Sida, s’ouvre au-delà du milieu associatif vers les personnes touchées, les hauts fonctionnaires, les cliniciens, les bénévoles, etc.
11 janvier 1997 : à Paris, le Collectif pour le CUS, présidé par Jan-Paul Pouliquen, organise son congrès au Sénat, l’ancien ministre Robert Badinter y participe
12 janvier 1997 : mort de l’écrivain Jean-Edern Hallier (1936-1997), créateur de la revue Tel Quel en 1960, co-directeur du Livre de poche 10/18 et des Cahiers de l’Herne, fondateur de L’Idiot International en 1969 puis créateur de sa propre maion d’édition en 1980 ; dans le n° 239 de Gai Pied il dit qu’il a été homosexuel pendant plus de 30 ans avant d’aimer les femmes, il a eu une liaison très forte avec Jean-René Huguenin mort à 25 ans dans un accident de voiture, suicide déguisé selon lui ne supportant pas l’idée du mariage prochain qui l’attendait ; son livre Les aventures d’une jeune fille en 1963 marque son basculement vers l’amour des femmes
14 février 1997 : à Marseille, action publique menée par le Climacus à l’occasion de la Saint Valentin auprès des services de l’Etat-civil de Marseille pour obtenir des Certificats de vie commune
21 janvier 1997 : à Marseille, le Collectif gai et lesbien Marseille Provence organise son premier bal aux Salons de la Réale, 25 rue Fort Notre-Dame
27 février 1997 : aux USA, attentat contre la boite lesbienne Otherside Lounge d’Atlanta, Memrie Wells-Cressel gravement blessée et 5 lesbiennes blessées ; Eric Rudolph, l’assassin homophobe, sera condamné
Mars 1997 : parution de la traduction française de La Chambre de Giovanni de James Baldwin, paru en 1956, classique de la littérature homosexuelle, les deux garçons, l’américain David et le barman italien Giovanni, expriment librement leur amour – Baldwin à 32 ans est venu vivre à Paris – David perçoit son attirance sexuelle pour les hommes mais refuse de l’admettre, il ment aux autres comme il se ment à lui-même ; Baldwin décrit le Paris interlope, de bars nocturnes à gigolos, et la province avec ses hôtels borgnes où les marins ne dédaignent pas de poasser une nuit en compagnie d’amis de passage ; Baldwin publiera 6 ans après son chef d’œuvre Un autre pays, dans lequel il traiera de font les drames interraciaux et la question des choix sexuels
Mars 1997 : à Paris, création de la première association de beurs gays, Kelma, animée par le journaliste Fouad Zeraoui, qui avec une quarantaine de militants veut briser l’étouffant isolement des gays d’origine arabe, elle organise la première gay-party au Divan du Monde à Pigalle
Mars 1997 : à Marseille, la coordination d’associations Climacus effectue un nouveau mailing de sensibilisation au projet de CUS (contrat d’union sociale), auprès de publics professionnels
15-16 mars 1997 : plus de 2 000 femmes participent aux Assises nationales pour les droits des femmes Le pays des droits de l’homme a-t-il peur des droits des femmes ?
5 avril 1997 : mort de l’écrivain de la Beat Generation Allen Ginsberg (1926-1997), amant fidèle de Peter Orlovsky et Neal Cassady, amant déçu de Jack Kerouac, compagnon de voyage de William Burroughs, seul encore survivant en 1997 ; Kerouac, Burroughs et Ginsberg sont les écrivains majeurs du groupe, amateurs d’homosexualité, de zen, de LSD fustigeant le roi-dollar , l’Amérique conservatrice, la guerre du Vietnam et dénonçant la chasse aux sorcières de Mac Carthy et Hoover contre les communistes et les homosexuels ; jusqu’en 1955 les œuvres sulfureuses de Ginsberg sont interdites pour obscénité, il fait naître la révolution poétique de l’après-guerre, avec Kaddish, poème à la mémoire de sa mère, Planet news, Reality sandwiches et son Journal (sorte de Who’s Who de l’underground) ; il est cependant devenu professeur à l’université de New York, membre de l’Académie américaine et chevalier des Arts et des Lettres ; dans son Kaddish il écrit « Il y a trop longtemps que je suis seul, assis dans mon lit sans pouvoir toucher le genou de quelqu’un, homme ou femme, ça m’est égal maintenant, je veux l’amour auquel j’ai droit je te veux ici maintenant »
10 avril 1997 : à Marseille, à l’invitation de Mémoire des Sexualités et du Mémorial de la Déportation homosexuelle, Pierre Seel fait une conférence au Goethe Institut, dans laquelle il raconte son histoire de déporté
19 avril 1997 : à Bordeaux, 3 personnes armées d’un cutter agressent plusieurs gays sur un lieu de drague, Wölf Jäcklein, 26 ans, a été insulté et roué de coups il est le seul à porter plainte, une dizaine de garçons a pris la fuite sans porter plainte, deux des 3 agresseurs sont interpelés, une seule personne acceptera de témoigner durant le procès
Juin 1997 : parution du n° 161 de Lesbia, avec un guide lesbien de Paris et d’un supplément gratuit sur la Fierté Lesbienne (Gay Pride) ; Lesbia paraît depuis janvier 1984 et disparaîtra en 2012
Juin 1997 : à Marseille, paraît le n°2 de la Lettre du Chaperon Rouge, édité par Marseille Arc-en-Ciel (MAEC) – les statuts sont déposés au nom de l’ACCGLM – dont le siège est 20 rue Colbert où est ouvert le bar associatif ; le président Didier Rodde signe un éditorial dans lequel il regrette les divisions et annonce que pour cela Maec se tiendra à l’écart de la Gay Pride du 7 juin, choisissant de « travailler la citoyeneté au niveau des paquerettes, sur le vécu quotidien » ; Alain Serantoni (Shaker) est rédacteur en chef, Philippe Couillet est son adjoint ; Philippe Couillet signe un article sur la déportation homosexuelle rappelant la visite de Pierre Seel le 10 avril au Goethe Institut, il conclut son article en regrettant que le 27 avril des fleurs aient été déposées individuellement pour la cérémonie officielle « au lieu de faire l’unité », il espère que « l’année prochaine, un responsable se fera le devoir d’organiser mieux cette participation au Souvenir » ; dans un autre article, Philippe raconte son histoire personnelle « Le Basque bondissant », 27 ans, il a été militaire en Bosnie, il soutient le Patchwork des Noms et MAEC, il regrette les conflits entre les gays à Marseille et appelle à la solidarité ; Michel Puech signe un article pour le groupe VIH (permanences d’accueil), Oncl’Pic’sous fait un point financier (3 000 f de chiffre d’affaires et demandes de subventions en cours auprès du DSU pour les travaux), Didier Saïd au nom du Patchwork des Noms (siège 8 rue Barbaroux) signe un article « Que sont nos amis devenus » ; Jean-Louis Loubaresse ( par ailleurs professeur d’allemand) signe un poème « Quand, au soir de ma vie, je verrai / ma gueule vieillie, mon corps flétri / prisonnier des mailles tressées par / la trame des jours, la chaîne des nuits. » ; par ailleurs le journal donne des contacts (3G, D&J, Mémoire des Sexualités, CEL et Randos Provence) ; de 1997 à 1999 l’ACCGLM ouvre un café « positif » le Chaperon Rouge, ouvert sur la rue (rue Colbert) il restera ouvert jusqu’en 2002 ; il obtient une subvention d’équipement dans le cadre des crédits Politique de la ville, malgré les réserves de la DDASS qui en la personne de Paule Gastinel, référente des questions sida, relève l’absence de toute coordination avec AIDES dans ce projet, Christian de Leusse qui travaille au service politique de la ville à la Région intervient auprès du sous-préfet à la Ville pour débloquer la participation de l’Etat, en complément de celle de la Ville et de la Région
Juin 1997 : à Montpellier, quelques 4 000 personnes défilent pendant 3 heures, ambiance tapageuse, délirante et torride, mais le journal Midi Libre a parlé de « kermesse pittoresque, de cavlacade carnavalesque avec des mousrtachus cloutés, des drag talons aiguillées, de chars d’exhibition »
18 juin 1997 : au cours de l’émission ça se discute animé par Jean-Luc Delarue, la psychiatre de service déclare qu’il est très difficile que les amours homosexuelles soient heureuses
23-27Juin 1997 : à Paris, Colloque international au Centre Pompidou sur les Gay et Lesbian Studies organisé par Didier Eribon réunissant de nombreux chercheurs en sciences humaines et sociales : Léo Bersani, Pierre Bourdieu, Monique Wittig, Georges Chauncey, Eve Kosofsky Sedgwick, David Halperin, Nicole Brossart, Olivier Fillieule, David M. Halperin, Michel Lucey, Sharon Marcus, Annick Prieur, Florence Dupont ; le même jour Frédéric Martel fait paraitre dans le Monde un article très critique sur ce « communautarisme » gay ; les Actes du colloque paraitront en 1998 dans la collection Supplémentaires du Centre Pompidou
27-28 juin 1997 : Colloque sur « les politiques lesbiennes dans les années 1990 »
27 juin 1997 : l’APGL (association des parents et futurs parents gays et lesbien) organise un colloque autour de la famille homosexuelle en Europe
28 juin 1997 : immense succès de l’Europride à Paris, 250 000 à 300 000 personnes défilent dans les rues ; Fierté Lesbienne organise de nombreux événements culturels : cinéma, concert, forum des associations, fête, 3 000 participantes à la salle Wagram, et 30 000 femmes dans la marche ; CQFD-Fierté Lesbienne/Paris est créée pour porter le projet Fierté Lesbienne en collaboration avec d’autres associations ; le secrétaire général de la Ligue des droits de l’homme, Bertand Main, prend la parole pour apporter le soutien de la LDH aux revendications des homosexuels ; Elisabeth Lebovici, journaliste à Libération, historienne d’art, réalise une exposition itinérante dans un camion, exposant de nombreux photographes, l’entrée est libre, près de 5 000 personnes sont venues dans le camion avec le slogan Knowledge is a weapon qui suit le camion rouge d’Act Up, chaque visiteur peut prendre des photocopies des œuvres, elle considère que « le sida a complètement changé notre façon de voir – et de faire – l’art et l’histoire » ; sont présentes dans la marche les personnalités suivantes : Dominique Voynet (Verts, ministre de l’Aménagement du Territoire et Environnement), Yves Cochet (Verts, vice-président de l’Assemblée nationale), Jack Lang (PS), Bertrand Delanoë (PS), Henri Malberg (PCF) ou encore Alain Krivine (LCR) ; le journal Libération fera état d’un sondage effectué auprès des marcheurs, 68% des manifestants font confiance au gouvernement de Lionel Jospin pour mettre en place rapidement le « contrat d’union civile et sociale », 67% d’entre eux s’estiment « défavorisés dans la France de 1997 »
1er-7 Juillet 1997 : à Marseille, semaine de la marche de la Fierté gay et Lesbienne, 5ème Gay Pride, organisée par AGIS Ibiza, Drag Queen et Sœurs de la perpétuelle indulgence ont les « honneurs » de M6, le CUS (contrat d’union sociale) fait partie des mots d’ordre comme en 1996, parmi les films présentés Go Fish et At home with Claude, la vente aux enchères au Musée de la Mode a peu de succès ; une gigantesque soirée Lesbian & Gay Pride Unity II à la Friche Belle de Mai sur 5 000 m² (prix d’entrée 120f qui ne donne pas droit à consommation et musique saturée noterons certains) avec environ 2 000 personnes, ni Aides, ni Act-Up n’y ont de stands, retenus par une soirée de 300 personnes aux Salons de la Réale (s’étonne Jean-Marcel Michel); le 7 juillet 1997 la marche est entachée par un événement grave, le président de la LGP, Eric Séroul pousse brutalement une militante, Nicole Sirejan, vice-présidente du CEL, au début de la marche au prétexte qu’elle « encombrait » la route et bloquait l’avancée du char de tête, elle demandait une place pour les femmes en tête de la Pride, on lui répond que l’orde de marche a été décidé auparavant ; cet événement restera comme une marque indélébile dans l’esprit de nombre de militantes et de militants qui ne s’impliqueront plus dans l’organisation de la marche ; Nicole Sirejan écrira peu de temps après dans le journal Lesbia un article retentissant, dénonçant la nouvelle lutte des classes, celle des gays contre celle des lesbiennes ; à partir de cet événement le CEL n’appellera plus ses adhérentes à défiler ; la force est employée aussi le soir du bal à l’égard de Christian de Leusse, ancien président-fondateur de la Gay Pride, accusé d’avoir fait circuler une pétition dénonçant le caractère non démocratique de l’organisation et réclamant une « vraie » lesbian and gay pride, est empêché – par la force – d’accéder à la soirée, en même temps que les deux invités parisiens au débat sur le CUS (Alain Piriou des Verts et François Vauglin de HES) ; à Marseille, les années 1997-1999 sont marquées par une organisation de la Pride « confisquée » aux associations par le trio Eric Séroul, président, Jean-Marc-Astor et Patrick Rogel ; une petite équipe contrôle la Lesbian and Gay Pride, autour de l’association Agis Ibiza, appuyée sur le magazine Ibiza News et les activités commerciales du milieu gay ; les associations féminines sont absentes malgré les 2 sièges qui leurs reviennent théoriquement au CA (ces postes sont occupés par deux lesbiennes isolées, Annick Lépine, dissidente de l’Autre Cercle qui est là en tant que Un cercle différent, et Françoise Bayle) ; le fête du soir semble est le seul vrai objectif (financier) de la marche ; il y a quasi absence de présence militante et d’expression militante, dans le programme, à la tribune ou dans le dossier de presse ; slogans et discours reprennent les textes de l’Interpride, sous la plume de Partrick Rogel ; outre Ibiza News, quelques membres de l’associations Marseille-Arc-en-ciel se mobilisent, le MJS (mouvement des jeunes socialistes) adhère au CA de la LGP, donnant plus de poids à ce CA fantôme ; l’organisation est cadenassée par la mise en place d’un axe Marseille-Montpellier via le réseau commercial, grâce à Ibiza, et par la mobilisation de 2 porte-paroles montpelliérains (dont Stéphane Corbin qui tient le micro sur le char de la LGP) lors de la Pride ; le Collectif gai et lesbien Marseill-Provence organise 2 bals au cours de l’été aux Salons de la Réale, il y a chaque fois entre 400 et 600 personnes
3 juillet 1997 : à Vitrolles, la municipalité Front National fait déprogrammer L’amour est à réinventer (10 histoire d’amour au temps du sida) au cinéma Lumières
15 juillet 1997 : aux USA, assassinat du couturier italien Gianni Versace sur le perron de sa villa de Miami, son assassin est le tueur en série Andrew Cunanan ; enfant en Calabre, Versace aimait mettre des vêtement pris dans le magasin de sa mère, il parlait à sa petite sœur, Donatella, de son projet de faire de la mode, puis de sa drague des garçons et l’emmenait dans les bars gays ; les obsèques se déroulent dans la cathédrale de Milan avec la Princesse de Galles, Lady Diana, avec Elton John, Sting, Carolyn Bessette Kennedy, Karl Lagerfeld, Azzedine Alaïa, Gienfranco Ferré, Valentino Garavani, Giorgio Armani, Naomi Campbell, ou encore Carla Bruni, avec au 1er rang le compagnon de Gianni, Antonio D’Amico
Août 1997 : à Marseille, la brigade de lutte contre le proxénétisme évalue à une centaine de nombre de « travestis » qui font le tapin
Août 1997 : à Marseille, paraît le n°3 de la lettre bimestrielle du Chaperon Rouge, bar associatif, créé sous le nom de café positif grâce à l’aide publique au 20 rue Colbert, le directeur de publication est Didier Rodde, président de Marseille-Arc-en-ciel (MAEC), il annonce les travaux (d’aménagement de la mezzanine en particulier) pour la fin de l’année 1997, les subventions ayant enfin été réunies, les futurs locaux doivent être ouvert début 1998 ; le groupe Ecoute a fait sa 1ère permanence, un groupe VIH fonctionne ; en février 1996 se tenait la 1ère réunion qui avait mis en place ce projet, chez Marc Billoud, rue Chateauredon ; parmi les rédacteurs outre Didier Rodde, Johan Quesada, Kinou, Jean-Marcel Michel président de Santé et Plaisir Gai-Provence (qui témoigne sur la déprogrammation du film à Vitrolles), Christian de Leusse, Virginie Ballereau et Michel Puech du groupe VIH (ils rendent compte du rapport de la Drass sur le VIH en PACA)
2 août 1997 : mort de l’auteur américain William Burroughs (1914-1997), riche héritier, diplômé de Harvard en 1936, il a été renvoyé pour homosexualité des services de sérurité ; en 1943 au milieu des drogués et des marginaux, il a retrouvé ses camarades d’université Allen Ginsberg, dont il a été l’amant, et Jack Kérouac, ils se sont installés au Mexique ; au début des années 1950 Kerouac est parti sur la côte Pacifique (écrire Sur la route où Borroughs apparaît sous le nom de Bill Lee), Ginsberg triomphe à la Six Gallery à San Francisco (avec le poème Howl et le meutre accidentel de sa femme Joan) puis en Amérique du sud, puis s’est installé à Tanger dans un bordel de garçons (avec son ami Espagnol Kiki) ; Burroughs sombre danbs l’héroïne et les cures de désintixication, écrit Junkie et The Naked Lunch, il a été poursuivi pour obscénité par la justice américaine, le Festin nu a été publié à Paris en 1959 (avec ses monstres lubriques et ses ravissants éphèbes, pornographie, scatologie et bestialité), sa nouvelle Ghost of Chance en a fait le plus célèbre écrivain de le Beat Generation (dénonçant la bourgeoisie, le dollar, la guerre, pronant le pacifisme, le voyage, l’ivresse et le sexe), il s’est installé au Beat Hôtel rue Git-le-Cœur à Paris et a écrit Garçons sauvages 1971, Cités de la nuit écarlate, Place des voies mortes, Terres occidentales, puis est revenu aux USA en 1976 dans le Kansas avec son secrétaire-amant-manager Grauerholtz à partir de 1974, a encore écrit Cities of the Red Night (1980), Place of Dead Roads (1982) et Western Lands (1986)
30 août 1997 : cinq discothèques et bars nocturnes, parmi les plus réputés de Paris, sont fermés sur décision de justice – du juge Danielle Ringot – pour une période de 6 mois, 20 personnes sont mises en examen, 9 pour usage de stupéfiants et 11 pour trafic qui sont écroués, les membres du supposé réseau ont avoué avoir vendu ou consommé, surtout de l’excstasy dans l’un ou l’autre de ces établissements ; l’Enfer, les Follies Pigalle et le Scorpion (d’ Alain Lhuillier), ont obtempéré, puis le Queen (de Philippe Fabien, directeur artistique Thibault Jardou) et le Cox, mais tous font appel ce la décision ; déjà Les Bains Douches, d’Hubert Boukobza, et le Palace, de Régine, ont été contraints à la fermeture, et des descentes de police musclées se sont produites au Monster’s ; le président du SNEG (syndicat national des entreprises gays), Bernard Bousset, propriétaire de l’Open Café, plaide l’absence d’implication des patrons d’établissement ; « Depuis 2 ans, la sinistrose gagne, des descentes de police se font dans les raves en fermenture des afters (Kit-Kat, L’Enfer, le Monster’s), écrit Eric Dahan, dans Libération, Paris est passé en moins ce deux ans de capitale de la nuit à capitale de l’ennui », alors que l’on peut « dans la plupart des clubs de Londres ou d’amsterdam faire analyser l’ecstasy que l’on vient d’acheter pour s’assurer de l’absence de danger. »
Début septembre 1997 : à Marseille, lors de l’assemblée générale extraordinaire du Collectif Gai et Lesbien Marseille Provence, Christian de Leusse (co-fondateur et co-président du Collectif Gay et Lesbien Marseille Provence qui a accepté de présider l’AG de création de l’ACCGLM en mai 1996) communique un long texte qui dit en substance, ce qui s’est passé est dramatique, « nous avons démobilisé les homosexuels et les lesbiennes… la portée de notre mouvement est considérablement affaiblie », en substance le travail commun est possible sous réserve de l’acceptation des différences ; selon lui la dualité qui s’est instaurée entre deux associations qui souhaitent créer un CGL et ouvrent pour cela des locaux d’accueil différents, n’est pas compréhensible, seul un projet commun aura de l’avenir (de fait quelques années plus tard les deux initiatives s’effondreront l’une après l’autre)
11 septembre 1997 : à Marseille, le maire Jean-Claude Gaudin se dit favorable au vote d’une loi sur le Contrat d’union civile et sociale
3 octobre 1997 : à Lille 1ère réunion des Dé/générées association de lesbiennes féministes, 19 lesbiennes y participent, membres d’associations homosexuelles mixtes (comme les Flamands Roses), non mixtes (comme Au lieu d’elles ou Les Pourquoi pas ?), féministes (comme Du côté des femmes) ou des autonomistes
Novembre 1997 : parution du n°8 du journal La Gazoute, journal littéraire lesbiennes, avec un article sur Natural woman de Rieko Matsuura
Novembre 1997 : à Lyon, l’association ARIS organise des journées au féminin avec des discussions dédicaces avec la romancière Maud Tabachnik, la poète Geneviève Pastre et l’historienne Marie-Jo Bonnet, ainsi qu’un grande soirée dansante exclusivement féminine ; à cette occasion Aris diffuse un dépliant sur le VIH et les lesbiennes avec le dépliant Lesbiennes protégez-vous ! pour les lesbiennes « le risque de contamination est bien réel »
27 novembre 1997 : dans Le Monde, Irène Théry, en qualité de sociologue de la famille et de la vie privée, membre important de la Fondation Saint-Simon, répond à une interview « Le contrat d’union sociale est une fausse bonne idée car il mélange tout », cette prise de position fait l’effet d’une bombe ; le Collectif pour le contrat d’union civile et sociale, présidé par Jan-Paul Pouliquen, diffuse une lettre ouverte à Mme Irène Théry le 5 décembre 1997 : « Vous nous reprochez en quelque sorte de ne pas compliquer cette loi en y intégrant l’adoption. Pas plus que les articles du code civil sur le mariage ne règlent le problème de l’adoption, le CUCS ne le fera. Il y a une loi spécifique pour ce faire, la loi adoptée récemment par le Parlement et au sujet de laquelle vous n’avez pas pris la plume… »
Décembre 1997 : en Côte d’Ivoire, la 10ème conférence sur le sida et les MST à Abidjan donne lieu à une prise de position du président Jacques Chirac et du ministre Bernard Kouchner (création du Fonds de solidarité thérapeuthique)
1er décembre 1997 : Place de la Bastille, manifestation contre le sida, à l’appel d’Act Up-Paris, de AIDES IDF (Ile de France), d’ARCAT-Sida et de Sol En Si, appellée par le slogan « Par le sang. Par le sperme. Par la loi. » et le texte « Aujourd’hui, des lois répressives ou discriminatoires précarisent des populations entières. Elles les détopurnent des campagnes d’information et de prévention du sida, elles les excluent du système de soins, elles les empêchent de bénéficier des avanc »es de la recherche. Ce sont des lois qui tuent. Exigeons leur révision ou leur abrogation » (ce sont la loi de 1970 criminalisant l’uusage de drogues, l’ordonnance de 1945 contrôlant les étrangers, les articles du code pénal condamnant le racolage, l’article du code de Sécurité sociale réservant l’AAH aux personnes de nationalité française, la loi de 1990 qui permet aux Cies d’assurance de refuser la prise en charge de personnes atteintes de pathologies graves etr le code civil quyi interdit le mariage aux homosexuels), avec après la manifestation déploiement de patchworks et Lumières contre l’oubli
13 décembre 1997 : à Marseille, le CLIMACUS (comité de liaison marseillais pour le contrat d’Union Sociale) dont le siège est au Planning Familial et qui regroupe les différentes associations gay et lesbiennes) organise un débat sur « Le CUS, enjeu social, enjeu juridique, enjeu législatif », à la faculté Puget, sont invités Jan-Paul Pouliquen, Daniel Borillo, Caroline Mécary, Anne Zelenski, Jean Viard et les leaders des partis politques
21 décembre 1997 : à Marseille, dernier bal de l’année organisé aux Salons de la Réale pour le Collectif gai et lesbien Marseille Provence
Fin 1997 : en Suisse, le jeune marocain Abdellah Taïa, futur écrivain (il le racontera dans L’armée du Salut en 2014), arrivé depuis peu pour ses études à Genève, découvre un lieu de « sexualité débordante et poétique », les pissotières, non loin de la Placette, attiré à par un homme de 40 ans, il décrit : » Une dizaine d’hommes de tous âges étaient alignés devant les urinoirs et se regardaient la bite avec gentillesse… c’était comme si je retrouvais de vieux copains. Ces hommes se désiraient sans violence, ils se touchaient le sexe avec une tendresse extrême, avec courtoisie. Ils vivaient dans ce lieu souterrain et sale une sexualité clandestine et publique à la fois… Ces hommes n’étaient pas en couple, ils faisaient l’amour tous ensemble… Mon homme me prit par le bras et m’entraina dans les toilettes… Il ouvrit lentement, doucement, ma braguette, sortit délicatement mon sexe et le mit en bouche pour le réveiller. »
1998-1999 : trois films font apparaître l’acte sexuel à l’écran, Les Idiots (1998) de Lars von Trier, Romance (1999) de Catherine Breillat, et L’Humanité de Bruno Dumont
1998-1999 : aux USA, la volonté affichée d’actions collectives concertées amène à la constitution de groupes trans et de la fondation d’une coalition d’associations dans The New York Association for Gender Rights Advocacy (NYAGRA) et de National Transgender Advocacy Coalition (NTAC), et la coalition Gender PAC (Gender Public Advocacy Coalition) entend lutter au-delà de la communauté trans et s’approprie des revendications concernant d’autres oppréssions (race, sexe, classe sociales, âge, etc.)
1998 : sortie du film L’homme est une femme comme les autres, de Jean-Jacques Zilbermann, montrant les difficultés d’une jeune homosexuel juif, incarné par Antoine de Caunes, à se faire accepter par sa famille
1998 : sortie du film Omelette de Rémi Lange, Rémi est homo, il a un ami le bel Antoine, depuis 3 ans, qu’il nomme « le squelette dans un placard », il veut filmer la réaction de ses parents lorsqu’il leur révèle son homosexuallité, mais sa mère lui jette à la figure que son mari, doté « d’impuissance perverse » selon elle, la délaisse depuis des années, il est en fait, lui aussi, attiré par les hommes, Rémi Lange l’apprend à ses dépens…
1998 : parution de La domination masculine de Pierre Bourdieu, il s’engage en faveur d’Act Up et pour le pacs, pour lui le mouvement homosexuel représente une remise en question radicale de l’ordre sexuel et social, il parle de la subversion symbolique des avant-gardes artistiques, le livre a un effet salutaire pour la reconnaissance des problématiques de genre, en même temps qu’elle met crûment en lumière le sexisme du champ universitaire et la nécessité de penser en terme de rapports sociaux de sexe
1998 : parution de La Politique des sexes de la philosophe Sylviane Agacinski, elle y affiche ses certitudes « Le seul fondement de la dualité sexuelle est, jusqu’à preuve du contraire, la fécondité. Cela ne plait pas à tout le monde. » ; elle est alors l’épouse de Lionel Jospin, premier ministre de 1997 à 2002, ses propos à teneur homophobe rencontrent un écho d’autant plus important
1998 : création de l’APGL (association des parents gays et lesbiens), Eric Dubreuil, président de l’APGL, est élu « gay de l’année » par le CGL Ile de France
1998 : mort de Julien Hartridge Green, né à Paris en 1900 il a 98 ans, premier non-français à être élu à l’Académie française en 1971, il occupait le fauteuil de François Mauriac, il en a démissionné en 1996 ; converti au catholicisme en 1916, parmi ses œuvres son Journal qui commence en 1919 et se termine en 1998 – avec une seule interruption en 1924-1926- et ses livres Mont-Cinère en 1926, Léviathan en 1929, Moïra en 1950 et Jeunes années en 1985 dans lequel il reconnaissait tardivement pour la 1ère fois le secret qui hantait toute son œuvre : la découverte de l’amour et son saisissement face à la beauté du Mark lorsqu’ils étaient étudiants à l’université de Virginie ; pour une partie de ses lecteurs cette révélation tardive était attendue, pour d’autres elle était une déception, voire une trahison ; Robert de Saint-Jean fut un de ses amis les plus proches, mort en 1987 ; le fils adoptif de Julien Green, Jean-Eric Green l’a aidé à éditer son Journal ; il a écrit aussi des romans, un poème en prose (Dionysos ou la vie aventureuse), quatre essais, deux curiosités (On est si sérieux quand on a dix-neuf ans 1993 et La Fin d’un monde 1996) ; il était proche de l’écrivain catholique Luc Estang
1998 : adoption de la loi Guigou sur définition du suivi socio-judiciaire en cas de viol et surveillance de sûreté pouvant être accompagnée d’une injonction de soin qui peut inclure la castration chimique
1998 : à l’occasion des élections régionales d’Île de France, Eric Raoult, député de Seine Saint-Denis, prend argument – sans succès – de l’homosexualité de Jean-Luc Roméro pour l’empêcher d’être candidat en position éligible
1998 : en Iran, l’Ayatollah Musava Ardelsili écrit : « Pour les homosexuels, l’islam a prescrit les peines les plus sévères… Après que la preuve a été établie conformément à la charia, il faudra se saisir de la personne, la maintenir debout, la partager en deux avec une épée et soit lui trancher la tête, soit la fendre en deux toute entière. Il (ou elle) tombera… Après sa mort, il faudra dresser un bûcher, placer le cadavre dessus, y mettre le feu et le brûler, ou bien l’emporter sur la montagne et le précipiter. Puis les morceaux du cadavre devront être rassemblés et brûler. Ou alors, il faudra creuser un trou, y faire un feu et l’y jeter vivant. Nous n’avons pas de telles punitions pour d’autres crimes »
1998 : le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France écrit à propos du projet de PACS : « Pour certains, l’objet principal des mesures envisagées est de fournir une reconnaissance sociale de la relation homosexuelles. Ils revendiquent un « mariage » pour les homosexuels, voire l’adoption d’enfants. Or il n’y a pas d’équivalence entre la relation de deux pesonnes du même sexe et celle formée par un homme et une femme. Seule cette dernière peut être qualifiée de couple, car elle implique la différence sexuelle, la dimension conjugale, la capacité d’exercer la paternité et la maternité. L’homosexualité ne peut pas, à l’évidence, représenter cet ensemble symbolique… A-t-on suffisamment mesuré que la recherche à tous prix du semblable ou de l’identique est en soi une source d’exclusion ? La société ne peut pas se construire sur la rechzerche de la similitude… : il n’y a ici aucune discrimination, aucun rejet de qui que ce soit, mais une reconnaissance des conditions nécessaires à la vie en société. »
1998 : vote de la loi sur l’injonction de soins pour les pédophiles ; le centre de consultation du Pr Roland Coutanceau analyse 3 groupes de pédophiles, celui des pédophiles qui passent à lacte, autocentrés et immatures, celui qui visionne de façon intense des sites pédopornographiques, celui qui ne passe pas à lacte et ne visionne rien ; selon le Pr Coutanceau « La révolution de la puberté transforme le désir. C’est pour cela que l’homme post-pubertaire n’est pas fondé à demander un jeu sexuel avec un prépubertaire : leurs sexualités sont incompatibles »
1998 : à Marseille, le doctorant en anthropologie juridique marseillais François Courtray publie une étude de terrain sur l’homosexualité au Maroc, à la suite d’un séjour à Casablanca encadré par l’ALCS (association marocaine de lutte contre le sida), il analyse la complexité de la vie homosexuelle dissimulée (inversion du rôle de genre, prostitués pseudo-hétérosexuels et homosexuels, pouvoirs politique, économique et religieux, le vécu de l’islam par les homosexuels, convivialité homosexuelle, lieux commerciaux et non commerciaux, la famille et l’obligation matrimoniale), il conclut sur la nécessaire loi du silence « tout peut être fait, tout peut être vécu, du moment que cela reste discret et que les apparences sont sauves… Pour beaucoup d’homosexuels, la seule perspective d’un avenir meilleur passe par un rêve d’émigration vers un pays plus ouvert. »
1998 : mise sur le marché du Viagra, « le Viagra ne résout rien, c’est la fin de la sexologie » dira le Dr Waynberg, sexologue
1998 : en plein débat sur le PACS, les propos homophobes de la droite conduit à la constitution du mouvement GayLib autour d’Emmanuel Blanc, militant salarié du mouvement Démocratie libérale d’Alain Madelin, issu d’une famille de droite libertaire, après avoir fait une partie de ses études à Harvard
1998 : à la présidence d’Aides, Christian Saout succède à Arnaud Marty-Lavauzelle
1998 : l’association PASTT (groupe de prévention et d’action pour la santé et le travail des transsexuel-les) fait circuler un bus d’accueil dans Paris
1998 : parution de Q comme Queer publication de Zoo, édité par les éditions GKC, critique radicale des identités gay et lesbiennes fermées et excluantes, à l’intersection de la lutte contre l’homophobie et des différents types d’oppresion ; c’est le contenu des textes des séminaires Q du Zoo de 1996-1997 animés par Marie-Hélène Bourcier pour laquelle « Le Zoo est né dans cette idée de queeriser et de politiser les savoirs français via un activisme culturel qui redonne son sens sociologique et politique à la Culture à la française », le Zoo n’est pas d’accord avec l’effacement des spécificités et refuse les revendications de la Lesbian & Gay Pride « si elles doivent conduire à hétérosexualiser les pédés et les gouines… nous rendre comme tout le monde, réclamer une intégration dans la société… Nos présupposés sont inverses à ceux des assimilationnistes : nous sommes différents et notre différence nous sert à résister aux discours, aux pratiques et aux lois qui veulent que nous ne le soyons pas… nous sommes différents et nous voulons vivre différemment et donc inventer de nouvelles formes culturelles et sociales » ; cette méfiance à l’égard du mouvement homosexuel dominant trouve un écho chez plusieurs courants émergeants, chez Maud-Yeuse Thomas et Karine Espineira futures fondatrices de Sans Contrefaçon et de l’Observatoire des Transidentités, chez Catherine Deschamps de l’association bisexuelle BI’Cause créée en 1995 ou encore chez Tom Reucher qui a eu l’idée de créer l’Existrans en 1997 ; Marie-Hélène Bourcier animera un atelier fort remarqué lors de l’Université d’été européenne des homosexualités de juillet 1999 à Marseille, renouveau des anciennes UEH (Universités d’été homosexuelles) des années 1979-1987
1998 : mobilisation autour des sans-papières ; à Lille rencontre internationale de lesbiennes féministes ; 10ème festival des réalisatrices Quand les lesbiennes font du cinéma
1998 : parution des n°1 de Rafjire, réseau pour l’autonomie juridique des femmes immigrées et réfugiées, de Sabotage, Only for Girls et de Et ta sœur ? (parution unique) ; parution de Clara Magazine et de Des filles de mauvaise vie de l’association les Dé/générées
1998 : le Rapport détaillé sur la Lesbophobie dans le monde est présenté à Montréal par la CLF (Coordination Lesbienne en France) à l’occasion de la Marche Mondiale des Femmes contre les violences et la pauvreté , le rapport – réalisé par l’association Femmes entre elles de Rennes pour la CLF – acte pour le 1ère fois le terme de lesbophobie, qui fera son entrée dans le « Dictionnaire de l’homophobie » coordonné par Louis-Georges Tin en 2003, à l’instigation de la CLF ; la lesbophobie est définie comme « une aversion à l’égard des lesbiennes qui les discrimine à la fois en tant qu’individuées appartenant au groupe social des femmes et en raison de leur homosexualité »
1998 : à Strasbourg, l’association EGALES, étudiant-es gays et lesbiennesmes, met en place un projet d’espace gai et lesbien sur la base d’une enquête qui met en avant en particulier la capacité d’accueil, la citoyenneté (lieu de lutte en faveur de la diversité et de la tolérance) et la curiosité (vie culturelle, livres, soirées et fêtes) dans une perspective d’ouverture sur la cité
1998 : à Marseille, Michèle Philibert redevenue très active au CEL depuis 1996, témoigne de l’effervescence qui y règne ; elle s’occupe en particulier du journal mensuel Esprit de CEL avec 7 ou 8 rédactrices (politique, social, littérature) et propose la rubrique Culture’elles, il y a alors 250 adhérentes au CEL, il y a beaucoup plus de femmes aux soirées, jusqu’à 500 filles qui arrivent d’Avignon, de Forcalquier, de Nice ou d’ailleurs (Alhambra, château des Fleurs), les soirées du CEL sont des références importantes pour les lesbiennes du Sud, il y a 37 bénévoles pour les animées il y a aussi des spectacles, du cinéma et les ateliers (badminton, bridge, bowling, billard, sorties, les randonnées avec Anita, l’œnologie avec Marie-Pierre), la coordination se fait bien avec les 3G et ses fêtes, les 2 associations travaillent en synergie, ainsi qu’avec le collectif Stonewall (ex-collectif gay et lesbien Marseille-Provence) mixte en particulier pour l’interpellation des politiques lors des municipales, ou avec les Bigoudies et les Belladonna, il y aussi les week-end de fêtes et de balades à Forcalquier (les Magnans à Pierrerue), et un rallye de 4 jours auquel 50 filles ont participé ; Michèle Philibert, 50 ans, crée M.P.P.M. (Moving Project Projet en Mouvement) qui devient pour de nombreuses années un festival de films LGBT apprécié (ainsi elle crée son propre emploi, un peu meurtrie par le fait que son employeur a préféré recruter deux contrats emploi jeunes à sa place…)
1998 : parution en France de La Symphonie des Adieux d’Edmund White qui a suscité aux USA et en Grande Bretagne un concert de louanges mais aussi un fort courant de réprobation ; parlant de New York, l’auteur déclare qu’il a « vraiment voulu montrer la vie entre hommes. c’est un phénomène (l’histoire sociale et sexuelle des trois dernières décennies gay aux USA) qui n’a pas été décrit de façon sérieuse. Je suis un des derniers témoins de cette époque et je voulais la raconter telle que je l’ai vue et vécue ». C’est l’histoire d’une génération « opprimée dans les années cinquante, libérée dans les années soixante, exaltée dans les années soixante-dix, balayée dans les années quatre-vingt… Nous pensions que le sexe était un bien positif et que, plus il y en avait, mieux c’était… Plus nous nous grattions plus ça nous démangeait… Pour nous il n’y avait rien de plus naturel que d’entrer dans un parc, un camion ou une backroom pour prendre notre butin ce corps… Ceux qui ont survécu ont désavoué cette période comme si c’était vraiment la honte. Moi, je n’ai pas voulu la renier ; j’ai voulu en montrer le côté lyrique, et même expérimental, et même la poésie, au sens baudelérien du terme : trouver la beauté dans la boue » ; dans son livre précédent La Tendresse sur la peau, l’histoire d’une solitude, d’un jeune homosexuel plei de honte et de haine de soi qui longtemps se cru seul de son espèce avec sa « maladie », Lou dit : « Par une étrange alchimie, il avait racheté notre maladie en y trouvant de la beauté. Il aimait la beauté, comme Baudelaire, il la recherchait dans ce qui était pourri, artificiel, damné. » ; l’auteur continue : « Dans les années soixante-dix, les homosexuels se voulaient inventifs, différents des couples traditionnels ; ils pensaient que le mariage ne marchait pas, tentaient de découvrir d’autres formes de sexualité et de vie en commun. Dans un couple tel qu’il était conçu au XIXème siècle, la sexualité, l’amour et l’amitié étaient regroupés ; c’était un peu lourd ; nous pensions que mieux valait peut-être séparer ces trois éléments, ainsi pouvait-on imaginer de vivre en couple, mais chastement, d’avoir des rapports sexuels avec plusieurs personnes, connues ou inconnues, et puis l’amitié bien sûr, la grande amitiés… Rien n’était plus étouffant que les années cinquante, juste après la guerre, quand on voulait rétablir la classe moyenne, avec ses règles de vie, son pesant souci d’ordre et de moralité. Et tout était programmé pour encourager ces valeurs. » ; à 14 ans Edmund White alors en internat se sentait devenir fou, il voulait écrire, écrire pour survivre, son besoin de tout dire, de tout confesser est lié à sa culpabilité, répétant les horreurs dont il a souffert pour tenter de contrôler ce qui lui causa le plaisir et la souffrance, il a écrit un livre très reconnu sur Genet à la fin des années soixante, Oublier Elena en 1973, Nocturnes pour le roi de Naples en 1978, il a fondé une association d’aide aux malades du sida lorsqu’il a perdu son ami Brice
1998 : aux USA, parution du livre de George Chauncey Gay New-York 1890-1940
1998 : en Grande Bretagne, le chanteur de heavy metal de Birmingham Rob Halford du groupe Judas Priest fait son coming out ; sous la pression et les calomnies, Justin Fashamu se suicide, il restera longtemps le seul footballeur à avoir révélé – en 1990 – son homosexualité durant sa carrière professionnelle
1998 : en Israël, se déroulent 2 événement majeurs concernant la visibilité LGBT, la trans’ Dana International est sélectionnée pour participer au grand prix Eurovision de la chanson, de dont l’association trans’ Ma’avarim se félicite, et le spectacle de drag-queens Wigstock est interrompu par la police afin de faire respecter le Shabat, les manifestations qui s’en suivent donnent lieu à la 1ère Gay Pride et obtiendront qu’un mariage concernant des personnes de même sexe célébré à Chypre soit reconnu en Israël, ce qui autorisera les couples gays mariés à l’étranger soient reconnus dans le pays, à condition que l’un des membres soit israélien
1998 : aux USA, parution du livre Première Jeunesse de Neal Cassidy (1925-1968) qui a rencontré Kerouac, son ami et à l’occasion son amant, en 1945
1998 : en Roumanie, le parlement maintient l’article 200 du code pénal qui réprime les actes homosexuels pratiqués en public ou qui « provoquent un scandale public », l’Eglise orthodoxe s’y oppose fermement
1998 : en Hongrie, Klara Ungar, symbole de « la révolution progressive et pacifique », députée, candidate à la mairie de Budapest au début des années 1990, est la première femme politique à révéler son homosexualité, à l’heure où Victor Orban devient 1er ministre, elle l’a connu alors qu’il avait des idées libérales, il devient un opportuniste au discours nationaliste
1998 : à Cuba, parution du livre Electre à La Havane de Leonardo Padura, retraçant la persécution des homosexuels au début des années 1970
Janvier 1998 : à Lille action des Dé/générées féminisation des noms des rues
4 janvier 1998 : au Vatican, un domestique (« gentilhomme ») du pape, Enrico Sini Luizi, 67 ans, gay célibataire, est assassiné, à la suite d’un jeu sado-masochiste selon la police ; il est la 19ème homosexuel assassiné en 7 ans à Rome et dans sa proche banlieue et le 4ème depuis janvier 1997, ce qui alimente la thèse de l’existence d’un serial killer ; Franco Grillini, président de l’Arcigay, y voit la « pointe immergée de l’iceberg » compte tenu des nombreuses « violences physiques et psychologiques infligées aux homosexuels… La culture catholique et machiste est encore très sensible en Italie et le contrôle social demeure particulièrement fort. » ; l’Arcigay estime qu’un tiers des suicides d’alolescents (soit 150 par an) seriant motivés par la difficulté d’affirmer leur sexualité et que 150 homosexuels seraient assassinés chaque année dans le pays « pour la plupart des personnes de plus de 60 ans qui ont une double vie » et qui ont refoulé leur homosexualité, selon F. Grillini, ils ont vécu « pour l’essentiel » leur homosexualité « dans la clandestinité, s’adressant à des prostitués qui n’ont rien à voir avec le milieu gay » (faisant en cela le rapprochement avec le cas d’Enrico Sini Luizi), il réclame une campagne nationale de prévention auprès des personnes à risque et une commission d’enquête parlementaire sur les violences anti-homos ; Andrea Pini, rédacteur au mensuel gay Babilonia, parle de la nécessité de « sortir l’homosexualité de la clandestinité, avec notamment l’instauration du contrat d’union civile, conformément aux engagements pris par la gauche » ; un appel est lancé en direction du Vatican – sous le pontificat de Jean-Paul II – pour qu’il « condamne sans réserve la violence et l’homophobie » et qu’il ne se contente pas de préconiser l’accueil des homosexuels « avec respect, compassion et délicatesse », alors que quelques mois auparavant, Don Zenga, le directeur de Famiglia Cristiana a été licencié, entre autres, en raison de ses positions conciliantes en terme de sexualité
18 janvier 1998 : à Marseille, les travaux en co urs pour l’aménagement du bar associatif le Chaperon Rouge, que va ouvrir l’ACCGLM (Marseille-Arc-en-Ciel) rue Colbert, conduisent à organiser un gâteau des rois au Cargo (53 rue Grignan) et à organiser des permanences au 11 rue des Cartiers au Panier ; l’architecte est Philippe Deville-Cavellin, ancien du GLH de Marseille ; quelques mois plus tard le Collectif Gay et Lesbien Marseille Provence ouvrira son propre CGL rue Ferrari, sous l’impulsion des Grues Libérées
31 janvier 1998 : réunion de la Coordination nationale des LGP, l’incident de Marseille du 7 juin 1997 a des répercussions, un courrier est envoyé par Anne Lebon de LGP de Rennes et une charte éthique est adoptée, cette coordination réunit des délégations de Nantes, Montpellier, Rennes, Toulouse, Paris, Côte d’Azur, Marseille et Lille, Bordeaux et Lyon sont excusés
Février 1998 : parution de livre Histoire du viol, XVIème-XXème siècle de Georges Vigarello, il montre combien la valeur accordée à la virginité, la pesée du rang, du prestige ou de l’indignité sociale, contribuaient au cours des siècles à l’estimation du dommage, l’intensité de l’imaginaire du rapt et la fréquence de la métaphore guerrière dérterminaient l’appréciation ; le code pénal de 1791 a bouleversé les repères et les références, la gravité du viol ne découlait plus du pêché mais de la menace sociale, la reconnaissance du principe de l’autonomie de l’individu a confèré à la victime le statut de sujet ; le code pénal de 1810 puis la loi du 18 avril 1863 ont accru les exigences à l’égard de la violence, enrichis par l’émergence de la psychopathologie dans ce domaine
Février 1998 : sortie du film In & Out de Franck Oz, comédie bluffante dans laquelle un gentil profeseur américain est brutalement extirpé du placard de son homosexualité par l’un de ses anciens élèves
Février 1998 : suicide de Gérard Gamet, Marseille, 45 ans
Février 1998 : le président d’Act Up-Paris, Philippe Mangeot, est cité devant le TGI de Paris pour provocation au délit d’ecstasy « présenté sous un jour favorable », Act Up a distribué le 14 septembre 1997 un tract intitulé « J’aime l’ecstasy » qui contrevient à la loi de 1970 qui réprime la représentation des stupéfiants sous un jour favorable ; l’avocate d’Act Up, Caroline Mécary plaide le procès politique, le procureur réclame 30 000 F d’amende ; 250 artistes, sociologues, medecins, journalistes ont signé la pétition pour soutenir Philippe Mangeot
Février 1998 : à Clermont-Ferrand, 20ème édition du Festival international du court-métrage ; Sébastien Lifschitz y présente Corps ouverts dans lequel un jeune beur lycéen de terminale s’adonne à tout va à quelques courants contradictoires de sa sexualité (mais il n’obtient pas de prix)
Février 1998 : en Autriche, l’archevêque de Vienne depuis 1986, Hans Hermann Groër, est confronté aux accusations portées par le bénédictin Udo Fischer datant de 1985, alors qu’il était son élève dans les années 1970, qui ont été rendues publiques en 1995 ; douze moines bénédictins de Göttweig accusent désormais le cardinal Groër d’avoir « abusé de son autorité » après que 17 évêques autrichiens ont déclaré leur « compréhension pour les silences de Mgr Groër »; Udo Fischer a promu le mouvement Nous sommes l’Eglise en 1995 avec une pétition pronant l’ordination des femmes et la fin du célibat des prêtres, qui a recueilli 500 000 signatures
3 février 1998 : aux USA, ouverture à Chicago de la 5ème conférence internationale sur le retrovirus, consacrée aux tissus-réservoirs du VIH ; le Pr Delfraissy explique que l’on arrive à diviser par 100 ou par 1 000 le taux de « RNA viral » (le taux de virus qui circule dans le sang) grâce à des traitements en association, mais des cellules dormantes existent chez des patients ayant un taux de virus indétectable
Mars 1998 : la cabinet du ministère de l’Intérieur, Jean-Pierre Chevènement, refuse la régularisation du jeune mauricien Nazeer Shadoo Buccus, amant de Lionel Povert, ancien pigiste au journal Gai Pied ; le jeune homme de 26 ans est arrivé en France en octobre 1992, mais l’OFPRA a refusé – 6 mois plus tard – son visa de séjour, après avoir galéré pendant plusieurs mois, il a rencontré Lionel Povert en 1993 ; ils créent le Collectif de soutien des homos sans papiers – dont le siège est au CGL IDF – (qui deviendra l’ARDHIS) les 1ers soutiens sont Marie-Jo Bonnet, Jean-Luc Hennig et Gilles Perrault
Mars 1998 : à Marseille, Michèle Philibert crée l’association MPPM (Mouving Project-Projets en Mouvement) pour une mission confiée par la ville de Marseille de « Femmes et mondialisation » avec plusieurs intervenants arabes (expositions de photos, musique, débats, etc.), puis elle se lancera pendant 5 ans, la production de spectacles vivants (photo, danse, théâtre, arts plastiques, vidéo) ; elle fondera le festival de cinéma LGBT Reflets
6 mars 1998 : circulaire sur la féminisation des noms de métiers
Avril-mai 1998 : à Marseille, parution de la Lettre bimestrielle de Marseille Arc-en-Ciel – le Chaperon Rouge n° 7, ce n° du 2ème anniversaire annonce la réouverture, après travaux d’agrandissement, du bar pour le 14 avril, Thierry Ruiz annonce la création de Générations gay destinée à animer une émission hebdomadaire sur Radio Utopie, parmi les rédacteurs Didier Rodde (41 ans, cadre supérieur dans la fonction publique hospitalière), trésorier de l’ACCGLM (association pour la création d’un centre gay et lesbien à Marseille) fondée le 30 septembre 1995 et président de Marseille Arc-en-Ciel qui a créé le café positif « Le Chaperon Rouge », il fait état de 130 adhésions reçues au bar, de l’adhésion de Marseille Arc-en-Ciel à la LGP (Lesbian and Gay Pride) et dit « l’humanisme c’est mon credo », Erika Laurent qui compose un poème, une déclaration d’amour de Jean-Louis Loubaresse à son ami Fabrice M., Fernand Tenza et Michel-Alain Girard apportent des contributions, enfin l’AMA annonce ses sorties à moto et Philippe Couillet appelle à la cérémonie du Souvenir de la Déportation le 26 avril
Avril 1998 : le cinéaste canadien du porno homosexuel Bruce LaBruce, 32 ans, en séjour à Paris, se livre au journal Libération, après ses films culte No skin off my Ass (1990) et Super 8 et demi (1994), il a fait Hustler White lors de ses 3 ans de séjour à Los Angeles, travaillé avec Kenneth Anger, s’il est pour le sexe réel vécu à l’écran, il préfère montrer les visages de ceux qui jouissent ; réalisé par Bruce LaBruce et Rick Castro, Hustler White sorti en France en septembre 1997 a été menacé de classement X à la demande de l’UNAF (union nationale des assocoations familiales) en la personne de son président, Pierre Frantz, mais sauvé de ce classement par le ministre de la Culture, Jack Lang, il débute par le coup de foudre d’un écrivain tombé en arrêt sur un tapin latino à Los Angeles
7 avril 1998 : mort du sida d’Yves Mourousi, de père inconnu il est élevé par sa grand-mère Marie-Figueira d’Almeida, à l’âge de 56 ans, présentateur du 13h de TF1 de 1975 à 1988, à la vie sexuelle débridée (bars gays de la rue Sainte-Anne, Bronx, Colony) ; en 1978 son appartement parisien est l’objet d’un attentat ; il épouse à Nîmes en 1985 Véronique Audemard d’Alençon, il est moqué 3 jours auparavant par le « mariage » de Thierry Le Luron et de Coluche ; il est père d’une petite Sophie, Véronique meurt en 1992 d’une méningite foudroyante ; il meurt des suites d’une crise cardiaque et est enterré au cimetière du Montparnasse aux côtés de son épouse
20 avril 1998 : à Marseille, réunion du conseil d’administration de la LGP, présentation du rapport moral et financier 1997 ; 3 associations CEL, Collectif Gai et Lesbien et 3G diffusent un communiqué qui ne considère pas la « LGP autoproclamée représentative de la communauté », regrette de ne pas avoir été associé à la préparation de la marche « livrée clefs en main » (date, thème, ordre de marche), reproche au rapport moral de récupérer allègrement les activités de leurs associations qui ne sont pas membres de la LGP ainsi que les activités du collectif des associations pour le CUS (le Climacus), et préfère que les activités organisées par elles ne figurent pas dans le programme de la semaine homosexuelle diffusé par la LGP
22 avril 1998 : le Sidaction – malgré ses cinq heures de programmation, partagées entre France 2 et France 3 – est un échec, regardé par 2 millions de téléspectateurs (soit 9,4% du public), avec 10 MF il a récolté 6 fois moins qu’en 1996 et 30 fois moins qu’en 1994 ; il n’y a pourtant pas eu comme en 1996 de «fauteurs de troubles» (où l’ancien président d’Act Up avait injurié en direct le ministre de la Santé de l’époque, qualifiant au passage la France de «société de merde») ; « C’est le symptôme de la banalisation du sida, voire le signe d’un éventuel divorce entre la société française et la prise en charge de l’épidémie » dit Philippe Mangeot, le président d’Act Up-Paris (dont l’association a reçu 67 500 francs en 1997) ; Arnaud Marty-Lavauzelle, président d’Aides, est véhément contre l’organisation, d’autant que son association est contrainte à la rigueur budgétaire : «Nous n’avons jamais été, de près ou de loin, associés à l’émission, ni aux thèmes choisis. Le slogan retenu, « le sida, on l’aura », me paraît, aujourd’hui comme hier, grotesque.»
24 avril 1998 : mort de l’écrivaine Christiane Rochefort (1917-1998), enfant sous l’emprise d’un père incestueux, divorcée en 1953, elle a travaillé avec Henri Langlois à la Cinémathèque, autrice de Cendres et Or en 12956, de Le Repos du guerrier en 1958, adapté au cinéma ; les critiques, tel François Mauriac, traitent sa littérature d’ « immonde », de « gynécologique » ; elle se fait le porte-parole des sans voix (femmes, homosexuels, colonisés, laissés pour compte) ; elle est journaliste au Festival de Cannes lorsqu’ en 1958 elle est renvoyée avec éclat pour s’être révoltée contre cette institution ; elle publie Les petits enfants du siècle en 1961, qui critique l’inhumanité de l’urbanisme moderne, Printemps au parking en 1969 qui évoque avec pudeur les amours masculines d’un garçon fugueur après Mai 68, C’est bizarre l’écriture en 1970, Les Enfants d’abord et Quand tu vas chez les femmes ; en 1971 Moshé Mierani adapte au cinéma son roman Stances à Sophie qui décrit l’angoisse d’une femme mariée qui ne peut assumer ses amours lesbiennes ; en 1988 elle écrit La Porte du fond « livre précurseur, tendu, impitoyable pour chacun, un livre qui a la violence et l’humour de King Kong Théorie de Viriginie Despentes, qui a la violence de L’Inceste de Christine Angot et de son Voyage à l’Est » dira Geneviève Brisac en 2023 ; très militante elle a participé au premier Mouvement de Libération de la Femme (MLF) et contribué avec Simone de Beauvoir à créer le mouvement Choisir la cause des femmes ; elle a été lauréate du Prix de la Nouvelle Vague en 1958 et du Prix Médicis en 1988
Printemps 1998 : à Saint-Nazaire rencontre de la Coordination lesbienne nationale
Juin-Juillet 1998 : à Marseille, parution du n° 8 de la lettre de Marseille Arc-en-Ciel – Le Chaperon Rouge, à l’occasion de la Gay Pride, Didier Rodde est directeur de la publication (il signe l’éditorial : Fiers d’être marseillais, fiers d’être gay, fiers d’être président du Chaperon Rouge), Philippe Couillet le rédacteur en chef ; l’inauguration a attiré 250 personnes, Mme Imbert adjointe au maire y est venue, la lettre publie le rapport « Notre citoyenneté » de l’ILGA (International lesbian and gay association) sur la situation légale et sociale des homosexuels en France, paru dans la lettre de HES (Homosexualités et socialisme), l’animateur du groupe VIH Michel Puech évoque la question du don du sang refusé aux homosexuels, les 5èmes Gay Games sont annoncés (Amsterdam 1er-3 août 1998) et l’atelier du Patchwork des noms informe sur ses réunions hebdomadaires le samedi après-midi
Juin 1998 : à Montpellier, Jean-Paul Montanari est directeur de Montpellier-Danse, le Monde dresse son portrait ; celui qui fut le charismatique animateur du GLH de Lyon et rédacteur de la revue Interlopes en 1979-1980 a fait un sacré chemin ; danseur lui-même, il a découvert le Living Theatre, puis en 1979 Trisha Brown, il attiré de grands chorégraphes à Montpellier dès 1981, avec l’appui du maire, Georges Frêches, dont il est devenu l’un des conseillers, d’abord en soutenant activement Dominique Bagouet jusqu’à sa mort en 1991, puis en accueillant bien d’autres danseurs et danseuses (Merce Cunningham, Claude Gallotta, Karine Saporta, Mathilde Monnier, François Raffinot, Claude Brumachon, Boris Charmatz, Michel Lestréhan, Annette Leday, etc.)
Juin 1998 : à Paris 2 semaines de visibilité lesbienne, cinéma, concert, débats, espace vidéo, forum de 70 stands, 1 100 visiteuses, 2 500 femmes pour la fête à la salle Wagram, char de la Fierté Lesbienne aux couleurs lesbiennes jaunes et mauve lors de la Lesbian & Gay Pride
Juin 1998 : à Marseille, Jacques Fortin prépare activement le projet d’Université d’été euroméditeranéenne des homosexualités, depuis Vaison la Romaine où il réside, il a contacté les anciens du GLH – engagés dans les anciennes UEH (1979 à 1987) – qu’il sait être motivés par un éventuel renouveau, mais aussi son réseau des anciens trotskistes de la LCR, et il conçoit les dossiers de demande de subvention, car il sait combien il faut s’y prendre à l’avance, il est motivé pour un redémarrage, il sent que le contexte politique est favorable, en plein débat sur le futur PACS ; sur le papier, il confie la coordination générale à son côté à Odile Bouchet, la communication à Jean-Benoît Richard, il créé un comité scientifique avec Suzette Triton-Robichon et Jacques Garry, Jean-Louis Touton est délégué à l’internationel et Gérard Goyet à la coordination des fêtes, et crée des porte-parolats dans 3 régions Paris (Hervé Latapie), Marseille (Jean-Pierre Léonetti), Lyon (Jérémie Chambon),Toulouse (Bernard Chapnik), Jean-Louis Touton est désigné comme président de l’association provisoirement créée (UEH Intech) ; pour fêter les 20 ans des UEH, il propose 3 moments forts pour ces journées, les ateliers, les séminaires et les festivités ; des statuts ont été établis, il sont déclarés en sous-préfecture de Carpentras le 19 juin 1998
Juin 1998 : en Israël, 1ère gay-pride à Tel-Aviv
Juin 1998 : en Allemagne, à Berlin, la parade de Christopher Street est marquée par une démonstration des lesbiennes s’insurgeant contre la domination des gays, avec une énorme vulve
Juin 1998 : la cour de cassation invalide la mise à pied d’un clerc de notaire de Dunkerque licencié en 1992 à cause de sa vie privée, la parution d’un article dans le quotidien la Voix du Nord a été déterminante dans la décision du notaire de licencier Gérard D., après 27 ans de services, car il était ainsi porté atteinte à la réputation de l’étude de Me René Blondel, notaire à Ardres ; les prud’hommes de Saint-Omer puis la cour d’appel de Douai avaient justifié le licenciement pour faute grave, la cour considère que « Le fait imputé au salarié relevant de sa vie personnelle ne peut consituer une faute grave »
Juin 1998 : à Marseille, l’association Lesbian & Gay Pride organise des réunions de préparation de la LGP, elle regroupe 9 associations (Agis Ibiza, Aides Provence, Arap Rubis, Boucle Rouge, David et Jonathan, Génération Gaie, Marseille Arc-en-Ciel, Miroir, Union des associations), elle envoie ses invitations à 35 associations dont une dizaine d’associations non homosexuelles (LDH, Amnesty, MJS, MNEF, CODIF, Eglise Œcuménique chrétienne, Planning familial, SOS racisme, CRIPS Paca) ; au programme, le bal du CEL le 13 juin 1998 et la Marche du 11 juillet 1998, au départ de la place Castellane, jusqu’aux plages du Prado, entre ces deux dates, débats organisés par Mémoire des Sexualité et une Nuit du Film Lesbien et Gay ; nuit Gay & Lesbian Unity III aux Docks des Sud ; les efforts de la LGP pour mobiliser les associations lesbiennes et homosexuelles se heurte à de nombreuses non-réponses
Juin 1998 : en Allemagne, le maire de Quellendorf en ex-RDA, à 160 km au sud de Berlin, choisit de changer de genre, Norbert Lindner élu pour 7 ans en 1996, annonce qu’il est désormais Michaela Lindner, six des 18 conseillers municipaux réclament sa démission, interrogée par une soixantaine de media elle raconte sa chance d’avoir été placée dans une école artistique, puis elle a fait des études d’ingénieur, elle est mariée et a deux enfants, elle a eu la chance de découvrir une autre femme en 1994, elle dit n’avoir tenu qu’en s’épuisant au travail et à la construction de sa maison
6 juin 1998 : le président Jacques Chirac remet les médailles de la famille française aux familles nombreuses, il affirme refuser de « prendre le risque de dénaturer le droit du mariage » et de s’éloigner des « valeurs fondamentales de la famille » ; l’ancien garde des Sceaux Jean Foyer, qui parlait déjà de « fornication rationnalisée » en 1967 lors du débat sur la pilule contraceptrive, s’est déclaré le 27 mai 1998 contre « une législation de temps de décadence » brandissant les risques de polygamie et d’inceste ; Jean-Luc Aubert conseiller à la Cour de cassation a accusé le 5 mars 1998 l’homosexualité d’être « par nature, un comportement mortel pour la société » ; le physicien Martin Woudstra a écrit au député Jean-Pierre Michel : « Non seulement la Bible, mais aussi la nature, nous dit que l’homosexualité estr anormale » ; le professeur de droit émérite, Philippe Malaurie, a écrit dans le recueil Dalloz d’octobre 1997 : « l’homosexualité est la n égation de l’ordre familial et une fragilisation de la personne » ; l’arrêt de la cour d’appel de Rennes du 27 septembre 1989 disait : « les mœurs homosexuelles sont immorales et incompatibles avec l’exercice de l’autorité parentale sur de jeunes mineurs »: Mgr Billé, président de la conférence des évêques de France, s’est déclaré contre « la volonté de donner l’appui de la loi à des conceptions plus que contestables de la vie sexuelle et des rapports sociaux » ; le maire FN de Toulon Jean-Marie Le Chevallier considère que le projet de loi sur le Pacs « creuse encore l’âbime moral dans lequel la France est plongée depuis la loi Veil sur l’avortement… (et qu’il) aurait pour conséquence logique de donner à des personnes un poubvoir d’adoption qui provoquerait des déséquilibres incalculables chez les enfants victimes d’une société perverse. » ; le professeur de droit d’Aix-Marseille Alain Sériaux écrivait dans Droit de la famiulle en mars 1998 qu’on « jette par dessus bord le risque peermanent de voir juger ces assemblages illicites ou immoraux par des juges communs. On fonde un staut civil ou social sur des actes contre nature. » ; le prêtre, psychanalyste, Tony Anatrella, écrira le 16 juin 1998 : « Cette orientation sexuelle fait partie des inachèvements psychiques de la sexualité humaine. Socialement, elle ne symbolise rien, si ce n’est un escamotage du réel sexuel. » ; de nombreux juristes se prononcent contre ce projet au nom de leur « déontologie », contre « un comportement mortel », ou contre le risque que ce « droits aux couples homosexuels n’encourage l’homosexualité » (comme l’écrivait Bernard Beigner, professeur de droit à Toulouse, dans le 21ème cahier du Recueil Dalloz) ; le philosophe Guy Coq écrit : « Aligner l’intérêt de l’Etat pour le couple hétérosexuel sur le même plan qu’un couple homosexuel, c’est exprimer un réel mépris pour l’intérêt supérieur et des droits essentiels de l’enfant… Espérons encore que le gouvernement saura voir la gravité du malaise que provoque le Pacs et que les députés de gauche et de droite écouteront plutôt leur conscience que la discipline moutonnière. »
11 juin 1998 : à Marseille, Mémoire des sexualités reçoit au Forum de la FNAC l’écrivain américain Léo Bersani, auteur du livre Homos, repenser l’identité
13 juin 1998 : à Marseille, le CEL organise son propre bal à l’occasion de la Lesbian & Gay Pride
17 juin 1998 : une nouvelle loi ajoute au délit de harcèlement sexuel, défini par la loi du 22 juin 1992, un comportement punissable, l’exercice de pressions graves, permettant de poursuivre un supérieur hiérarchique utilisant son pouvoir pour obtenir des faveurs sexuelles
19 juin 1998 : le journal Le Monde titre Sida : la découverte qui peut tout changer, aux USA des chercheurs ont réussi à isoler la porte d’entrée du VIH dans les cellules sanguines, les scientifiques pensent avoir trouvé le défaut de la cuirasse du virus, ces travaux laisse espérer la mise au point de nouveaux médicaments et, surtout, d’un vaccin contre le sida
20 juin 1998 : à Paris, c’est la 17ème édition de la Gay pride sur le thème « Les Gays et les lesbiennes ont des droits : les droits de l’homme » ; 70 chars sont présents (c’est une édition évidemment plus réduite que l’Europride de 1997 avec ses 120 camions et ses 300 000 participants) ; Act Up Paris arbiore des panneaux Fiers de quoi ? avec un tract Gay Pride 97 : nous étions 250 000 pédés et goudous dans la rue. Nous n’avons rien obtenu (2 exemples de promesses non tenues sont cités le CUS et la prévention ciblée en direction des homos) ; les lesbiennes défilent derrière la banderole Fierté lesbienne ; Henri Maurel, patron de radio FG, parle d’un « truc de vieux militants » et Bernard Bousset, président du SNEG, boude la manifestation, pour lui la Gay pride c’est « le nouveau Michou, une caricature » ; de son côté l’association qui gère la Gay pride a multiplié les pertes, en 1996 après 1 MF de pertes (avec Bercy loué 700 000 F) et la Gay Pride s’est tournée vers la SOFIGED créée pour l’occasion (avec Charles Myara) ; en 1997 avec l’Europride, 17 MF de chiffre d’affaires mais des centaines de milliers de francs de perte, la SOFIGED n’a pas non plus réussi à équilibrer les comptes, les organisateurs font profil bas en 1998, les sponsors se retirent (les grandes marques donne la priorité au Mondial), certains partenaires (Têtu et Radio FG) boudent la version SOFIGED de la Gay Pride et la préfecture devant les risques de manifesations nocturnes liées au football contraint les établissement à la fermeture (l’Elysée-Montmartre excepté du fait de son éloignement) ; l’association Kelma réalise un char dédié aux personnes LGBT+ maghrébines, l »association a été créée par Nourreddine Ferroukhi, artiste algérien gay exilé en France
22 juin 1998 : en Grande Bretagne, par 336 voix contre 129 le Parlement abaisse de 18 à 16 ans l’âge légal pour avoir des relations homosexuelles, la majorité du Labour tient ainsi sa promesse faite lors de la campagne électorale du printemps 1997, malgré l’intervention défavorable de l’archevêque de Cantorbery, Mgr Carey, auprès du 1er ministre Tony Blair ; l’association Stonewall juge que ce vote n’est qu’une première étape, elle demande la suppression de l’interdiction de s’enrôler dans l’armée, l’abandon de le loi de 1988 visant à empêcher l’étude de l’homosexualité dans les écoles (sur la délivrance d’informations sur le sida en particulier), la liberté de se marier er d’adopter des enfants pour les couples de même sexe, en particulier
23 juin 1998 : Le Palace, l’ancienne boite de nuit, est vendu aux enchères, acheté pour 7,5 millions de francs par Pierre et Jacques Blanc, propriétaires de plusieurs brasseries parisiennes (le Pied de Cochon, le procope, Charlot roi des coquillages et la fermette Marbeuf), Pierre étant un ancien juge consulaire au tribunal de Paris cela suscite l’étonnement de l’ancienne propriétaire Régine (Régina Zylberberg ou encore Régine Choukroun) – placée en redressement judiciaire en 1996 – qui savait qu’un autre acquéreur était intéressé
Juillet 1998 : un mouvement hostile à l’IVG se développe, l’un de ses promoteurs est TDD (Trêve de Dieu) à Puteaux, avec le Dr Jean-Marie Peeters, l’un des mouvements les plus extrêmistes dont l’ancienne présidente est Claire Fontana et dont plusieurs membres ont été condamnés pour s’être enchainés à des blocs opératoires, négationnistes ils assimilent les victimes de l’avortement aux victimes du nazisme ; d’un autre côté apparaît le mouvement des « survivants » qui a beaucoup de succès chez certains jeunes, ils se veulent « survivants à l’avortement, issus d’une génération amputée de 1/4 de ses membres (230 000 avortement sur 750 000 naissances depuis 1975) : cette loi acceptée par (nos) parents, (nous) ne l’avons pas choisie », ils se disent favorables à la contraception mais pas à l’avortement
Juillet 1998 : au Liban, le climat est très défavorable aux homosexuels, après les années de guerre 1975-1990 et les combats interchrétiens, on se souci du qu’en dira-t-on du côté chrétien et le climat est ambigu – avec beaucoup de pratiques homosexuelles – sous des aparences strictes côté musulman ; en juin 1993 la police a fait une descente au King’s sur la corniche de Raouché, une quarantaine de personnes ont été coffrées, la presse parle de la « fermeture d’un lieu de perdition », libérées une semaine plus tard elles ont parlé de passages à tabac, d’insultes et d’un examen anal généralisé ; selon l’article 534 du code pénal « tout acte sexuel en contradiction avec les lois de la nature est passible d’un emprisonnement qui peut atteindre un an » ou bien le juge utilise la loi de 1931 de « protection de la santé générale contre la prostitution » ; le King’s n’a pas rouvert, les descentes de police se poursuivent sur les plages et sur dénonciation chez les habitants ; Marwan a passé 4 jours au commissariat de Hbeich à Hamra en septembre 1997 et a été transféré à la prison de Roumieh pour 24 jours, confronté à des prisonniers qui l’ont maltraité, puis il a répondu à une interview d’un hebdomadaire et sous la menace polioière il a dû quelques jours plus tard quitter le pays vers les Emirats Arabes Unis ; en février 1997 le Queen’s de Paris a organisé une soirée au Beyrouth Hall sous la protection de la police, témoignant que les propriétaires des boites chics et leurs clientèles sont protégés
11 juillet 1998 : à Marseille, la marche de la Lesbian & Gay Pride, au départ de la place Castellane, jusqu’aux plages du Prado, au cours de la semaine ont été organisés, hors programme, de nombreuses animations : des débats par Mémoire des Sexualité, la Nuit du Film Lesbien et Gay ou encore le bal du CEL ; la marche se termine par la nuit Gay & Lesbian Unity III aux Docks des Sud
29 juillet 1998 : mort du danseur et chorégraophe américain Jéröme Robbins (Rabinowitz 1918-1998), il a travaillé dès 1939 avec Georges Balanchine puis est entré à l’American Ballet Theater, son premier ballet Fancy Free sur une musique de Leonard Bernstein lui a ouvert les portes de Broadway, en 1958 il est directeur adjoint du New York City Ballet ; il est le plus grand chorégraphe américain, amant de Leonard Bernstein, il s’inspire aussi bien de la musique classique que du jazz, il incarne l’esprit du ballet américain et poursuit une carrière féconde jusqu’en 1980 ; l’Opéra e Paris lui consacrera une rétrospective de ses meilleus ballets
Août 1998 : aux Pays-Bas se déroulent à Amsterdam les 1ers Gay Games qui ne se passent pas aux USA, avec 409 épreuves (de l’athlétisme au bridge), 14 715 participants à majorité américains – 5000 -, suivent les allemands – 2 500 – et les néerlandais – 2 000 – (dont 42% de lesbiennes et dont 400 Français-es) et 250 000 spectateurs (45 000 par jour), un succès considérable, facilité par l’implication forte des autorités néerlandaises ; c’est une occasion pour les associations réalisatrices de Patchwork des noms, d’Europe, mais aussi d’Asie et d’Amérique latine (les Américains du Names Project ne sont pas venus, ils attendaient semble-t-il un soutien financier spécifique pour cela) de faire connaître leur volonté de mémoire en déployant leurs patchworks au cours de 3 journées de cérémonies et d’exposition, un moment fort dont les animateurs de l’atelier de Marseille se souviendront longtemps ; 38 femmes du CEL, de Marseille, participent à ces Gay Games d’Amsterdam (en canotier pour représenter la France dit Anita), 8 groupes répartis badminton, natation, semi-marathon, tennis de table, bridge, billard avec Chris, course féminine Nike Women
13 août 1998 : mort de l’écrivain américain né à Paris Julien Green (1900-1998), enfant sa mère l’a surpris en train de se masturber et l’amenacer de lui couper le pénis, lui donnant pour toutes sa vie un complexe de culpabilité « Pour ma mère, tout le péché était situé dans les parties sexuelles »; né dans une famille protestante, il se convertit au catholicisme à l’âge de 16 ans pour devenir moine ; pour lui l’homosexualité est autant une joie qu’une croix, son « péché, le ravissement affreux, le plus grand cauchemar de ma vie »; il a commencé ses études au lycée Janson de Sailly à Paris en 1919 et les a poursuivi à l’Université de Virginie, où il a rencontré Benton Oven (le Mark de son autobiographie, Jeunes Années), l’amour pur, platonique, qui traversera toute sa vie et marque toute son œuvre jusqu’à la mort de Benton en 1988 ; ses romans ont un grand succès, mais Jeunes années est une confession sans ambages qui n’utilise pas les détours du roman ; il a deux affections spirituelles, Jacques Maritain et Robert de Saint-Jean ; les voyages le libère, Berlin, la Hollande, les pays du Nord, l’Autriche, le Tyrol du Sud et les USA ; son Journal commencé en 1926 décrit le monde littéraire et parisien et les cercles homosexuels, avec ses portraits de Jean Cocteau et d’André Gide (le Journal prendra 6 volumes des oeuvres en 8 tomes parus dans la Pleiade), son œuvre s’est libérée après la guerre (L’Autre Sommeil, Epaves, Si j’étais vous, Moïra, Le Malfaiteur, Chaque homme dans la nuit, L’Autre, Sud, L’Etudiant) même si elle reste en demi-teinte et en litote ; il est élu à l’Académie française en 1971 et en démissionne en 1996
Septembre 1998 : le Palace est remis aux enchères publiques (prix de départ 8,25 millions de francs), Xavier Niel, 31 ans, gestionnaire du Minitel rose et de l’Internet, jette l’éponge : »Le dossier est pourri, je veux en sortir au plus vite », il est vrai qu’il y a aussi 22 millions de reprise de dettes à acquitter, plusieurs acquéreurs (dont Pierre Blanc, Yves-Victor Uzan, Mick Hucknall) se présentent, puis Régine qui avait du déposer le bilan en septembre 1995 – suite à une fermeture administrative liée à une histoire d’ecstasy qui s’est terminée par un non lieu – tente un come back, avec l’aide de Jean-Marc Borello, (dynamique fondateur de SOS drogue international) pour en faire un espace démesuré de célébration d’anniversaire
Septembre 1998 : à Marseille, assemblée générale houleuse du CEL, mais la remobilisation se fait
12 septembre 1998 : aux journées parlementaires du PS, à Tours, Lionel Jospin, 1er ministre, apporte un soutien tiède à la proposition de loi sur le PACS ; il présente les orientations de politique gouvernementale, « notamment sur le renforcement de la cohésion de la société française », il « prend l’exemple du PACS » pour « Trouver une harmonie entre le droit et les changements dans la société » : « Les mœurs changent souvent plus vite que le droit. Il est nécessaire de mettre en phase la loi et la vie. Le groupe socialiste en a manifesté la volonté, en proposant au Parlement l’adoption du pacte civil de solidarité. Le PACS n’est pas un mariage (…). Le PACS est un progrès social (…). Le PACS est tout d’abord affaire de solidarité (…). Le PACS est également l’expression de la neutralité de l’Etat face à l’individu dans ses choix personnels. Il assure la liberté personnelle, liberté pour 2 personnes de bâtir un projet commun. C’est pourquoi la proposition du groupe socialiste reçoit l’approbation et le soutien du gouvernement »
Octobre 1998 : la Ligue des droits de l’homme tient une conférence de presse commune avec Aides pour défendre le projet de loi sur le PACS
Octobre 1998 : à Lille dépôt des statuts des Dé/générées
9 octobre 1998 : un vendredi, la majorité de gauche est mise en échec lors du vote de la proposition de loi sur le PACS, présentée par le député de la Haute-Saône Jean-Pierre Michel, contre toute attente l’exception d’irrecevabilité présentée par Jean-François Mattei, député des Bouches du Rhône, est adoptée, les députés de l’opposition sont plus nombreux ce jour-là dans l’hémicycle à l’Assemblée nationale, c’est un cas rarissime dans l’histoire de la Vème République, une trentaine de députés ont manqué à l’appel ; sur la proposition de loi, Jospin est silencieux, Chevènement et Strauss-Kahn sont réticents, Martine Aubry est absente ; au cours des débats 900 amendements seront déposés, Christine Boutin tiendra 4h au micro (« Le Pacs est une façon d’ériger l’homosexualité en norme sociale… il n’existe pas de vide juridique pour les homosexuels, il ne reste à obtenir que le mariage… Le mariage se cassera bel et bien la figure quand le contrat aura fait ses preuves. CQFD, Mme Guigou »), Claude Lenoir prévoit de tenir 2h et Patrick Devedjian 2h (qui dira toutefois : « Il y a des homophobes sans cœur chez nous. J’ai entendu des choses incroyables proférées devant des homosexuels ») ; un fort vent de déception se manifeste chez les gays et les lesbiennes, Aides (Christian Saout), Act Up (Philippe Mangeot), Collectif pour le CUS et le PACS (Denis Quinqueton) et la LDH (Danièle Lochak) sont ulcérés ; le 1er ministre Lionel Jospin parle d’erreur et de bévue, il veut un nouveau vote rapide, Jean-Marc Ayrault président du groupe PS invoque une erreur collective, François Hollande 1er secrétaire du parti socialiste déclare qu’une erreur collective a été commise ; Le Monde titre le 11-12 octobre « Les députés PS ont eu honte du PACS » et « La majorité tente de surmonter son piteux échec sur lme PACS » ; Le Monde du 13 octobre titre : « Les socialistes préparent un nouveau pacte civil de solidarité »
12 octobre 1998: aux USA, assassinat de Matthew Shepard, 21 ans, frappé et violé par 2 individus (Aaron McKinney et Russell Henderson) à Laramie, dans le Wyoming ; le 15 octobre 5 000 personnes défileront sur les marches du Capitole à Washington ; les deux assassins de 21 et 22 ans seront condamnés en 1999 à la prison à perpétuité
Novembre 1998 : Act Up Paris diffuse sa pancarte PACS trahison socialiste ; Têtu titre Colère Pacs : la lâcheté de la gauche
Novembre 1998 : Le Monde de l’Education, de la culture et de la formation titre son dossier Famille Le grand chambardement, Irène Théry est l’invitée de la rédaction
Novembre 1998 : parution du n°1 de Gayrilla, le 1er bulletin d’information guadeloupéen gay et lesbien avec un dossier Avouer son homosexualité à ses parents…
8 novembre 1998 : mort de l’acteur Jean Marais (Jean Villain-Marais, 1913-1998), mauvais élève il se fait renvoyer de plusieurs collèges, Marcel L’Herbier le drague et le fait figurer dans ses films, il suit les cours de Chales Dullin ; en 1937 Jean Cocteau est séduit par sa beauté solaire et lui donne un rôle dans Œdipe roi, dans Les Chevaliers de la Table Ronde, puis dans Les Parents terribles, et en 1941 dans La Machine à écrire qui donne lieu à son ire contre le journaliste pro-nazi Alain Lambeaux qui avait injurié Cocteau dans sa critique (la scène sera reconstituée dans Le Dernier métro par François Truffaut), Cocteau intervient auprès du sculpteur Arno Breker pour que la Gestapo ne poursuive pas Jean Marais ; en 1943 avec L’Eternel retour Jean Marais devient l’idole des adolescentes ; à la Libération Jean Marais s’engage dans la division Leclerc pour la campagne d’Alsace ; films et pièces de théâtre s’enchainent La Belle et la Bête en 1946, L’Aigle à deux têtes, Ruy Blas, Le Comte de Monte-Cristo en 1953, Capitaine Fracasse en 1958, Le Bossu en 1959, Le Capitan et Le Testament d’Orphée en 1960 ; Jean Marais est séduit par Georges Reich, de 14 ans son cadet, ils vivront 10 ans sur une péniche amarrée sur la Seine, et à 50 ans il s’attache à Serge Ayala, un gitan de 19 ans qu’il adopte (qui se suicidera en 2012) ; puis il se consacre à l’œuvre de Cocteau (il compose Cocteau-Marais)
20 novembre 1998 : 1ère journée internationale en souvenir des victimes de la transphobie (TDOR : transgender day of remembrance), en mémoire de Rita Hester, à Aliston, Massachusset, USA
22 novembre 1998 : le sénateur Bertrand Delanoë, candidat à la mairie de Paris, déclare son homosexualité lors d’un reportage télé, sur M6 ; cet aveu, plus de 2 ans avant son élection, déminera efficacement le terrain, évitant que ses adversaires n’exploite cela
28 novembre 1998 : aux USA, dans le Massachussets, meurtre jamais élucidé, de Rita Hester, une femme trans et noire américaine de 35 ans ; 250 personnes lui rendront hommage lors d’une cérémonie ; et en 1999, la militante trans Gwendolyn Ann Smith a créera TDoR en son honneur, des veillées aux chandelles se tiendront le 20 novembre 1999 à San Francisco et à Boston
1er décembre 1998 : à l’occasion de la Journée mondiale du sida, l’ONU-sida, dont le directeur général est Peter Piot, indique que près de 30 millions de personnes ont été touchées, on a assisté à une augmentation de plus de 10% de cas à travers le monde, chaque jour 16 000 personnes sont contaminées ; 2,5 millions de personnes sont mortes en 1998 (deux fois et demi plus que le paludisme) ; 95% des personnes infectées par le VIH vivent dans les pays en développement, l’Afrique australe atteint des taux très élevés de séro-prévalence et l’Inde atteint des niveaux très élevés aussi ; les deux zones du monde les plus touchées sont Afrique sub-saharienne avec 22,5 millions de séropositifs et l’Asie du Sud et du Sud-Est avec 6,5 millions en 1998
9 décembre 1998 : adoption par l’Assemblée nationale du texte de loi sur le PACS ; pour défendre la loi, les orateurs affirment que le PACS n’est pas le mariage ou l’adoption, ni qu’il le préfigure, Cartherine Tasca, présidente de la Commission des lois déclare « Le pacs n’est pas un mariage bis, il n’est pas le mariage des homosexuels, il n’est pas une attaque contre la famille », Elisabeth Guigou, ministre de la Justice, « Il n’est pas question, ni aujourd’hui, ni demain, que deux personnes physiques du même sexe, quel que soit leur sexe, puissent se marier », et Jean-Pierre Michel « qu’il ne servirait à rien de singer le couple hétérosexuel, qui, pour moi, reste fondé sur l’altérité des sexes et auquel, seul, le mariage doit être ouvert »
1999-2012 : en République Démocratique du Congo, ex-Zaïre, un gynécologue, le Dr Mukwege, opère plus de 40 000 femmes violées et mutilées de la région, il parlera de 500 000 femmes violées en 16 ans ; au début des années 2000, le viol devient une arme de guerre, le viol est collectif, commis devant les maris, enfants et voisins contraints d’y assister, les clitoris sont coupés, les seins, les lèvres et le nez sont sectionnés ; le Dr Mukwege dira : « J’ai vu des vagins dans lesquels on avait enfoncé des morceaux d’arbres, de verre, d’acier . Des vagins qu’on avait lacérés à coups de lames de rasoir, de couteau ou de baïonnette. Des vagins dans lesquels on avait coulé du caoutchouc brûlant ou de la soude caustique. Des vagins remplis de fuel auxquels on avait mis le feu »
1999 : en Afrique, 3,5 millions d’Africains ont contacté le virus du sida en 1998 – 2,5 millions ont entre 15 et 25 ans – et chaque jour 12 000 personnes de plus sont infectées ; il y a 23 millions de malades potentiels – dont les 9/10 èmes ignorent le danger que recèle leur corps, faute de dépistage et d’éducation sexuelle – soit les 2/3 des 34 millions de porteurs du VIH dans le monde ; sur 10 enfants séropositifs, 9 naissent en Afrique, le nombre des orphelins du sida a triplé de 1994 à 1997 ; le sida est largement considéré comme la « maladie du Blanc » inventée pour refreiner la vitalité génésique des Noirs ; le contexte de guerre est terrible (de l’Erythrée à l’Angola, en passant par l’Ethiopie, le Soudan, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, le Congo-Kinshasa et le Congo-Brazzaville) et dans certains pays – Somalie et Sierra Leone – des Seigneurs de guerre terrorisent des civils, des partisans armés, souvent jeunes et drogués, sont des desperados au taux de prévalence effrayant, fréquemment supérieur à 70%, en envahissant le Zaïre, l’Ouganda et le Rwanda ont diffusé le virus, les migrations de masse – dues à la misère ou à la guerre – apportent avec elles le virus (la Côte d’Ivoire est 6 fois plus touchée que le Sénégal, les Toucouleurs/Peuls ont un taux de séropositivité 3 fois supérieur à celui des sédentaires, en Afrique australe l’évolution de l’industrie minière engendre des déchirements, la misère sexuelle et la prostitution, et en Zambie où règnent la malnutrition et la déscolarisation, les 2/3 des patients hospitalisés sont atteints du sida ; les élites disparaissent, leurs ressources permettent mobilité, moyens et dispinibilité, accroissant l’échelle des plaisirs (au Rwanda 8% des femmes d’agriculteurs sont séropositives, mais 32 à 38% des épouses d’employés dans le secteur privé ou fonctionnaire, le sont, et dans une université d’Afrique du Sud 80% des étudiantes sont poirteuse du virus, taux équivalent au milieu de la prostitution) ; les pays les plus gravement touchés en 1997 sont la Zambie, le Zimbabwe, le Bostwana, le Swaziland et la Namibie
1999 : création à Montpellier, du Collectif Contre l’Homophobie, par Hussein Bourgi, celui-ci prend le relais du Collectif Gay et lesbien de Montpellier pour la présence des homosexuels lors de la Cérémonie de la Déportation
1999 : à Toulouse, Bagdam Cafée a reçu 255 invitées au cours des 10 années 1989-1999
1999 : à Marseille, Marylou Baldacci, présidente du CEL, devient présiudente de la Coordination lesbienne nationale ; elle devient aussi co-présidente des UEEH ; au CEL se déroulent des fêtes déguisées masquées, week-ends militants et festifs, défilés contre Le Pen (tee-shirts « Lesbiennes contre le FN ») avec le Collectif gay et lesbien Marseille-Provence
1999 : en Savoie, Florence de Comborcière, près de Saint-Jean de Maurienne, ouvre un hôtel de 13 chambres 100% gay et lesbien à La Toussuire, l’accueil des proches villageois n’est pas simple, les rumeurs vont se développer ; son père est mort avant sa naissance et sa famille n’a pas voulu la recueillir, Florence est un enfant de la Ddass, initiée à la garde des vaches et au ski ; elle revendique son militantisme et place fièrement des drapeaux arc-en-ciel sur son hôtel, elle créera le première marche des fiertés en altitude, ils seront 200 en 2011 ; en 2012 elle sera conseillère municipale
1999 : parution du n°1 de Penthésilée (bimestriel) ; publication de Guerrières par le groupe du 6 novembre, lesbiennes dont l’histoire est liée à l’esclavagisme, l’impérialisme, aux colonisations, aux migrations forcées
1999 : création des Chiennes de Garde par Florence Montreynaud et Isabelle Alonso
1999 : arrêt Ourbi du Conseil d’Etat qui reconnaît un réfugié pour raison d’homophobie dans son pays d’origine
1999 : parution du livre Les enfants du PACS de Flora Leroy-Forgeot
1999 : Guillaume Dustan reçoit le prix de Flore pour son livre Nicolas Pages, une histoire d’amour de celui qui est écrivain, réalisateur, éditeur pionnier dans le domaine des études queer et de genre avec la collection Le Rayon chez Balland
1999 : en Belgique, parution de l’article Homosexualité et reconnaissance : le corps du mépris de François Delor, psychanalyste er chercheur au Centre d’études sociologiques des Facultés universitaires Saint-Louis de Bruxelles, s’appuyant sur le travail de l’association Ex-aequo, il montre que l’injure est « une des modalités les plus violentes de l’imposition normative, susceptible d’être partagée par la société en général, au détriment de tel enfant ou adolescent confronté à une préférence minoritaire » (l’auteur qui se fait particulièrement remarquer lors des UEEH de Marseille de 200 et 2001, mourra à l’âge de 43 ans le 3 septembre 2002)
1999 : parution du livre de l’américaine Susan Sontag A Photograph is not an Opinion. Or is it ? dans lequel elle analyse la question de la beauté de la femme : « L’identification de la beauté en tant que condition idéale de la femme est, à vrai dire, plus puissante que jamais, même si le système extrêmement complexe de la mode et de la photographie contemporaine promeut des normes de beauté beaucoup moins provinciales, plus diversifiées, et privilégie l’impudence plutôt que la réserve face à l’appareil photo. »
1999 : au Canada, parution du livre de Bruce Bagemihl Biological exuberance. Animal homosexuality and natural diversity selon lequel l’homosexualité se retrouve peu ou prou chez des centaines d’espèces , oiseaux et mammifères
1999 : en Suède abolition de toute prostitution
1999 : en Autriche, vote d’une loi – article 209 du code pénal – qui interdit les relations sexuelles entre un homme de plus de 19 ans et un adolescent de 14 ans accomplis à 18 ans non encore révolus, sous peine de 6 mois à 5 ans de prison ; la loi introduit ainsi une discrimination entre actes homosexuels masculins et actes hétérosexuels, et actes homosexuels féminins, qui restent autorisés à l’age de 14 ans
1999 : quatre pays d’Afrique du sud s’illustrent par des politiques homophobes caractérisés, au Zimbabwe le président Robert Mugabe considère les homosexuels comme « des porcs », au Kenya le président Daniel Arap Moi parle de « fléau… contraire aux traditions de l’Afrique et aux enseignements de la Bible », en Namibie le Conseil des Femmes du SWAPO critique sévèrement une organisation de femmes pour son inclusion de l’homosexualité dans ses discussions de la problématique féminine, en Ouganda le président Yoweri Museveni ordonne l’arrestation des homosexuels qui commettent des actes « abominables » contraires à la Bible
1999 : Rose, rwandaise, qui voulait faire des études de haute couture, termine à Paris ses études d’anthropologie à l’EHESS sur les femmes et le VIH, elle a rencontré de nombreuses femmes concernées par le VIH , très culpabilisées, elles se considèrent comme ensorcelées ; elle crée l’association Ikambera (la maison accueillante), elle propose une action à Solensi – qui lui établit un contrat – pour rencontrer les femmes avec un lieu à elles, elle travaille avec l’hôpital et la mairie de Saint-Denis, rapidement elle accueille une trentaine de femmes ; elle est soutenue par l‘organisation panafricaine de lutte contre le sida, présidée par le Pr Gentilini, l’accueil l’accompagnement, les échanges d’expériences mutuelles sont très importants pour les primo-arrivantes, elle ont une triple vulnérabilité (femmes, africaines, VIH) et souvent une 4ème (sans-papiers) ; en 2018 elles pourront dire qu’elles ont reçu 2 467 femmes en 20 ans, avec de nombreuses bénévoles très actives
1999 : en URSS, l’homosexualité est rayée du registre des maladies mentales
1999 : au Japon, vote de la loi fondamentale pour une société de l’égalité entre les sexes ; cette loi aura un impact important en particulier pour alléger la pression sociale qui s’exerce sur les hommes qui se déguisent en femmes le temps d’une soirée
1999 : l’article 13 du Traité d’Amsteram permet au Comité de la Communauté européenne de « prendre les mesures nécessaires en vue de combattre toute discrimination fondée sur le sexe, … ou l’orientation sexuelle »
1999 : en Grande Bretagne, Scotland Yard crée une unité spécialisée dans la surveillance des incidents anti-gays
1999 : en Grande Bretagne, l’auteur-producteur Russel T. Davies crée la série télévisée Queer as Folk, sur Channel 4, la première à mettre en scène des personnages principaux homosexuels à la télévision britannique ; un éditorialiste du Daily Mail s’étrangle » Queer as Folk démontre la nécessité d’une censure. Année après année, les limites entre ce qu’il est permis de voir ou pas s’estompent. Il ne devrait pas être permis de regarder des acteurs nus en train de se livrer à une sexualité homosexuelle effrénée. »; l’écrivain gay Philip Hensher, chroniqueur au Guardian et à The Independent, écrira : « Il était alors incroyable de voir des protagonistes dans lesquels on pouvait se reconnaître et qui ne s’excusaient pas d’exister »
1999 : aux USA, parution du livre de Judith Butler Gender Trouble : Feminism and the Subversion of Identity (Trouble dans le genre), elle y souligne le trouble que provoque la présence active de la femme : « Pour le sujet masculin du désir, le trouble fait scandale quand un « objet » féminin, avec une capacité d’agir inattendue, fait irruption sans crier gare, soutient son regard, regarde à son tour, défiant par là la place et l’autorité du point de vue masculin. »
1999 : en Roumanie, selon la presse gay américaine, apparaît un mouvement de mobilisation des gays, avec des manifesations en soutien à l’égard des gays emprisonnés dans ce pays
1999 : 11ème festival des réalisatrices Quand les lesbiennes font du cinéma
Janvier 1999 : lancement du séminaire de recherche de l’EHESS (Ecole des Hautes études en sciences sociales) intitulé Sociologie des homosexualités, dirigé par Françoise Gaspard et Didier Eribon ; ils recevront pour les auditionner Judith Butler, Leo Bersani, Sharon Marcus, Michael Lucey, David Halperin, George Chauncey, Daniel Borrillo, Anne Garréta, Lionel Soukaz, Carolyn Dinshaw, Elisabeth Landerson et d’autres ; y participent entre autres Bruno Perreau (étudiant et militant du MAG, mouvement d’affirmation des jeunes gays et lesbiennes), Anne Le Gall, Claude Servan-Schreiber, des chercheur-ses, militant-es, artistes, journalistes, libraires, archivistes, etc. ; le séminaire sera la catalyseur de nombreux débats dans la société
Janvier 1999 : l’écrivain Argentin Alfredo Arias qui a commencé à faire du théâtre à Paris en 1970 avec le texte de Copi Eva Peron, a continué à monter des textes de Copi (Raul Damonte), il présente au théâtre des Mathurins La Femme assise qu’il avait déjà mis en scène en 1984, celle-ci représente tout ce que Copi haïssait, dit l’actrice Marilu Marini, la violence et la médiocrité, la solitude, l’entêtement, l’ignorance ; Copi (1939-1987), né en Argentine, arrivé à Paris en 1963, était vif, drôle, cultivé, raffiné, l’explosion des libertés des années 1960-1970 était pour lui un déchainement de happenings, idéologiques, sexuels, artistiques, il a été emporté par le sida en décembre 1987 ; Alfredo Arias, son compère, né en 1944, est devenu un grand metteur en scène
Janvier 1999 : sortie de 4 films qui mettent en scène des personnages gays, Billy’s Hollywood Screen Kiss de Tommy O’Haver, High Art de Lisa Cholodenko, Pourquoi pas moi ? de Stéphane Giusti et L’Escorte de Denis Langlois, quarte films qui – après Extravagances de Biban Kidron sur le travestissement et Pédale douce plutôt caricatural de Gabriel Aghion, par exemple – présentent une approche plus appaisée et plus réaliste
28 janvier 1999 : Amélie Mauresmo, championne de tennis, déclare son homosexualité
31 janvier 1999 : manifestation anti-pacs à Paris organisée par Christine Boutin ( UDF) (de l’Association pour les droits à la vie) et Michel Pinton (UDF) (du Collectif des maires de France pour le mariage républicain) sous le nom de Génération anti-Pacs, avec le soutien de l’Association des familles catholiques (dont le président, François Chaumont se dit un peu mis en porte-à-faux par la précipitation de la décision), de Familles de France, des Associations familiales protestantes, du grand rabbin de France, du Conseil représentatif des musulmans de France, l’Union des familles musulmanes de France et des élus Dominique Dord (DL), Renaud Dutreuil (UDF) et Pierre Lellouche (RPR), du FN, de l’UNI, etc. ; 125 députés UDF-RPR ont manifesté mais la droite est plutôt divisée, le président de la République Jacques Chirac ne veut pas se montrer à rebours de l’évolution ; près de 100 000 manifestants (98 403 selon leur comptage par portique automatique) crient des slogans homophobes, parmi lesquels : pas de neveux pour les tantouzes ! les homosexuels d’aujourd’hui sont les pédophiles de demain ! les pédés au bûcher ! PaCs=PD !
Février 1999 : le journal Technikart met à jour l’impact considérable que la culture gay a sur les hétérosexuels, la liberté introduite par les films porno gay, la bataille pour le Pacs, le look gay, Fabien Barthez, lachanson I Will Survive, l’activisme d’Act Up, les 2be3, Lara Fabian ou Eric et Ramzy créent un contexte nouveau ; Henri Maurel, patron de radio FG parle des mecs à pédés, des hétéroflexibles et des parafolles ; l’apparition de la trithérapie atténue l’image négative de la communauté gay, le triomphe de la culture gay attire avec sa sexualité débridée, le quartier du Marais fait rêver, « l’hértéro moyen ne peut qu’être séduit par cette façon géniale qu’ont les pédés de séparer le sexuel et l’affectif » écrit le journaliste Patrick Williams, les pédés ne sont plus des parias mais se tiennent « à l’avant-garde de la réforme des mœurs » dit Henri Maurel , les hommes adoptent davantage la douceur, la gentillesse gratuite, la bonne volonté (et les femmes leur rerochent tour à tour : mollesse, dureté, irrésolution) ; le psychanalyste Jean-Pierre Winter parle de « coexistence pacifiée entre homos et hétéros », les hétérosexuels font l’expérience que « le masculin peut se situer du côté des femmes et le féminin du côté des hommes » poursuit le journaliste, mais au total « avec l’émancipation féminine et le triomphe de la culture gay, (les hétérosexuels) ne sont plus très sûr de rien » et « comme les minorités, qui ont eu à souffrir d’iune norme hétéro-fasciste où le mâle blanc était roi, ils devront travailler jour après jour à construire une identité fluctuante »
Février 1999 : parution de deux livres de Jean Ristat, La mort de l’aimé. Tombeau de M. Philippe Desvoy et Aragon : sur Henri Matisse ; le premier concerne son amour avec Philippe Desvoy rencontré le 22 décembre 1972, avec lequel il a vécu près de 20 ans jusqu’au début des années 1990, lorsqu’il est mort du sida, magnifique amour pour lequel il avait une infinie tendresse ; puis il a été le compagnon de Louis Aragon sur lequel il avait écrit son livre Tombeau de M. Aragon, et en devint le légataire universel, il a pris sa succession à la tête des Lettres Françaises, mais ses relations avec le parti communiste se sont détériorées, il ne supportait ni que Jean Ristat ait terni l’image d’Aragon dans son livre, ni qu’il ouvre les Lettres Françaises aux questions de l’érotisme et de la sexualité, en effet à la suite de la disparition de Gai Pied Hebdo (en 1987) il a « hébergé des pages gay »
Février 1999 : en Grande-Bretagne, la chaine de télévision Channel 4 secoue son public avec le 1° épisode de Queer as Folk, le terme queer est encore un terme péjoratif, 3 jeunes de Manchester donnent une image époustouflante, parfois très crue de la vie gay, alors que la loi section 28 promulguée sous Margaret Thatcher (première ministre de 1979 à 1990) pour interdire la promotion de l’homosexualité, pour cause de sida, est toujours en vigueur ; l’élection de Tony Blair en 1997 amorce un relâchement de la pression pour la communauté gaie et l’alignement de l’âge de la majorité sexuelle des homos sur celle des hétéros à 16 ans est en discussion au Parlement ; le feuilleton se continue sur 8 épisodes
25 février 1999 : le président d‘Act Up, Philippe Mangeot (qui n’était pas encore président en 1997), est traduit devant le TGI de Paris, pour avoir « provoqué au délit d’ecstasy et présenté ce produit sous un jour favoerable » le 14 septembre 1997 en distribuant le tract « J’aime l’cstasy » lors du rassemblement contre la fermeture de 5 boites de nuit parisiennes, en infraction à la loi de 1970 qui réprime la présentation de stupéfiants « sous un jour favorable » ; il argue que la moitié des toxicomanes sont atteints du sida et que la répression engendre l’exclusion, et Me Carolynee Mécary parle de procès politique ; le SNEG a été accusé par Act up d’avoir pris le parti des discothèques contre celui des consommateurs ; une pétition « J’ai consommé des stupéfiants » signée par 250 personnes prend la défense du président d’Act Up et réclame l’abolition de l’article L 630 du code de la santé publique
27 février 1999 : à Draguignan, les Sœurs de la perpétuelle indulgence (le couvent des chênaies d’Aix-en-Provence) organisent le 3ème Salon du préservatif, le bénédicité prononcé avant le repas commence par : « Par Sainte Honorine qui aime qu’on la butine, je bénis ce repas de ma Félicité divine. rendons grâce à Saint Latex, patron des bonnes bourses, qui nous permet d’être de nouveau réunis en ce Saint lieu… » invoque Saint-Latex et Saint Gel-à-Queue, et poursuit « Frères et sœurs, rappelons-nous qu’il y a encore en France 5 000 à 6 000 contaminations par an… Rappelons-nous notre attachement au PACS. Grâce à lui des couples séro-discordant pourront, comme des couples mariés, envisager sereinement l’avenir. »
Mars 1999 : sortie du livre L’Enfant de la pluie d’Olivier Charneux, il y parle de son enfance à Charleville-Mézières et de la mort de son père qui s’est suicidé lorsqu’il avait 5 ans, puis il a vécu le suicide de sa sœur et la ruine de sa mère, malgré sa volonté d’empêcher la liquidation de sa petite entreprise, et la vente de la maison ; il deviendra « nomade » et se sauvera dans l’écriture
Mars 1999 : l’association Cheval pour tous implantée dans le Bas-Rhin, dirigée par François Supéri, à laquelle les juges ont recours pour placer des adolescents à la dérive, est mise en cause pour mauvais traitements et abus sexuels commis enrtre 1992 et 1997, impliquant des dizaines de mineurs
Mars 1999 : en Grande Bretagne, le feuilleton télévisé Queer as Folk (Folles qui sy fient) sur Channel Four déchaine les passions, c’est le premier feuilleton ouvertement gay, avec 3 hommes dont l’un n’a que 15 ans, qui s’embrassent et baisent ; le Daily Mail s’insurge, le Daily Miror considère que cela doit se passer en privé, Time Out soutient sans réserve, l’Evening standard aime ; jusque là des personnages homosexuels étaient apparus épsodiquement (dans Extenders il y a 10 ans, dans Casualty, ou encore dans le feuilleton tiré des Chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin), cette fois-ci c’est bien davantage, aussi dans la communauté homosexuelle Pink Paper se réjouit
19 mars 1999 : Robert Badinter souligne dans une intervention au Sénat : « Et face au sida, la communauté homosexuelle a fait preuve de grand courage » ; il corrobore les propos que tenait le sociologue Michael Pollack : « Quand, un jour, les historiens écriront l’histoire sociale du sida, la mobilisation dans des formes associatives dépassant le champ médical sera, sans aucun doute, le fait le plus marquant. Et, dans les pays industrialisés occidentaux, la contribution d’homos et de bisexuels, essentiellement masculins, à cette lutte sera un chapitre incontournable » (dans Histoire d’une cause, 1992)
Printemps 1999 : à Die, dans la Drôme, Rencontres de la Coordination lesbienne nationale, actes publiés dans Quand les femmes s’aiment (n°8), les textes sont Interdit aux grosses, la grosseur : obsession ? oppression !, Le Lebianisme radical n’est ni un mode de vie, ni un code de comportement, ni une montgolfière, Les principes d’une organisation démocratique, Vulnérabilité ert pouvoir, Conseils à une hétérosexuelle la première fois qu’elle voit une lesbienne, Pour la féministe blanche française la première fois qu’elle rencontre une femme noire/ juive…, Noire et lesbienne, réflexions, Le racisme c’est toujours les autres, Des réflexions sur l’exclusion, le racisme, et la responsabilité personnele, Violence, colère, Questions féministes à propos de notre racisme et antisémitisme, Amours lesbiennes, amours vauriennes, Sortir du placard, s’affirmer lesbienne, dans la vie, au travail, Sexe lesbien, Des lesbiennes font un drôle de choix, le végétarisme, Démaquillage des peaux cibles ; parmi les auteures : Isabelle, Danielle Charest, Sylvie Coupey, Marion Page, Louise Turcotte, Jennifer Gay, Jo Freeman, Sarah Lucia Hoagland, Véronique Sourisseau, Nicole Bonnin, Lucette, Magali C., Elly Bulkin, Dalila Kadri Cheriet, Nathalie Guesdon, Anne Humbert, et Marilyn Frye
21 mars 1999 : mort du philosophe catholique Jean Guitton (1901-1999), lui qui a follement aimé sa mère a déclaré « Je comprends qu’on soit homosexuel en un certain sens, parce que quand on a trop aimé sa mère, on ne peut pas aimer une autre femme. Je me suis marié sans raison. »
26-27 mars 1999 : en Belgique, François Delor, président de l’association Ex Aequo de Bruxelles, psychanalyste, auteur en 1997 de « Séropositifs, trajectoires identitaires et rencontres du risque« , ouvre le CERIS (Congrès Européen Risques Identitaires Sida), 1ère étape d’un projet de prévention en direction des jeunes gays, soutenu par la Commission européenne, en partenariat avec plusieurs associations (Fédération Aides, Ecole publique de santé d’Athènes, Cogam pour l’Espagne, Camden & Islington pour la Grande-Bretagne) ; dans une interview au journal français Ex Aequo, en mai 1999, Delor soulignera le risque d’un « coming out imposé comme modèle d’expérience ou comme norme idéale par des associations gay » craignant qu’une norme homosexuelle émerge face à la norme hétérosexuelle, il préfère « promouvoir une position radicalement modeste, à l’égard des nouveaux venus comme à l’égard de ceux qui ont le plus de difficultés à se reconnaître », il est pour « la liberté dans les jeux affiliations multiples et d’appartenances sociales complexes » et la création d’identités novatrices pour chaque individu »
Avril 1999 : parution de Reflexions sur la question gay de Didier Eribon, longue et riche réflexion sur la discrimination des gays, en la plaçant d’emblée dans la lignée des grands essais sur le racisme, Proust, Sartre, Bourdieu et Foucault sont ici des références essentielles, mais aussi André Gide, Oscar Wilde, John Addington Symonds et Walter Pater ; « Tout ce qui concernel’injure sexuelle constitue probablement la meilleure partie de l’essai de Didier Eribon » souligne René de Ceccaty, écrivain, ancien journaliste à Gai Pied
Avril 1999 : parution posthume de Oiseau de nuit de Guy Hocquenghem, mort du sida à 41 ans le 29 août 1988, il raconte les gays, les exclus, les marginaux du sexe, les paumés, les individus hybrides, tous ceux, dangereux, qui n’aiment que les lieux équivoques, « Il souligne la noire splendeur de l’homosexualité, sa force créative, son rôle subversif qui aide au progrès de la société hétérosexuelle » selon Hugo Marsan, écrivain, ancien rédacteur en chef de Gai Pied
Avril 1999 : plusieurs publications s’interrogent sur la place de la littérature homosexuelle, entre le Rayon gay dirigé par Guillaume Dustan chez Balland qui risque de créer un ghetto littéraire, et d’autres comme Patrick Cabasset, ancien journaliste à Gai Pied, dans un article malicieux sur la « mode queer » dans l’Officiel de la couture et de la mode, Emmanuel Ménard qui refuse d’être catalogué comme écrivain gay, auteur de Cannibales, La Dernière victime et La jambe cassée, tandis qu’Isabelle Le Coz a lancé sa maison d’édition KTM, uniquement sonsacrée à la littérature lesbienne, avec Once Upon a Poulette de Cy Young et Malice de Cécile Dailly
Avril 1999 : dans la revue Etudes, publication officielle des jésuites, le père théologien salésien Xavier Thévenot propose une attitude d’ouverture à l’égard de l’homosexualité, il souligne que « en général , l’Eglise a peur des questions de sexualité » et « adopte une attitude janséniste héritée, entre autres, d’une lecture rigide des textes fondateurs comme la Génèse », il « avoue savoir depuis longtemps que les homosexuels aussi sont capables de transmettre l’amour » ; le directeur de la revue, Henri Madelin, professeur à l’Institut catholique de Paris, écrit dans la préface : « Il y a des gens qui ne supportent tout simplement pas le fait d’évoquer l’homosexualité »
Avril 1999 : édition en livre de poche de Psychopathia sexualis, livre majeur de Richard von Krafft-Ebing, publié en 1896, première grande archive du sexe et de ses pathologies ; Michel Foucault en a fait une de ses basses de travail pour son livre la Volonté de savoir en 1976
Avril 1999 : en Grande Bretagne, 3 attentats sont commis à Londres par David Copeland, un mécanicien de 22 ans, dans les quartiers noir (le 17 avril) et bangladais (le 24 avril), et contre un pub gay, le bar L’admiral Duncan à Soho, à une heure d’affluence (le 30 avril) où 3 personnes sont tuées dans l’explosion de la bombe à clous et 6 autres sont dans un état grave, le 2 mai une veillée sera organisée par la communauté homosexuelle à Soho ; il a été rapidement interpellé, avouant avoir eu ses propres motifs, désavouant ainsi la revendication d’un groupe d’extrême droite
Avril 1999 : à Reims, l’association Ex-Aequo veut manifester la spécificité de la mémoire gay lors de la cérémonie de la déportation du dernier dimanche d’avril, mais aucun signe n’émerge de la cérémonie officielle, pourtant l’Union de Reims a révélé le 10 mars que l’association avait obtenu l’annulation de l’arrêté municipal d’avril 1997 qui lui interdisait l’accès à la cérémonie ; le secrétaire général de la FNDIRP (fédération nationale des déportrés et internés resistants et patriotes) a expliqué à ses responsables départementaux les dangers d’une gerbe spécifique qui engendrerait « une véritable concurrence entre les catégories de victimes » et l’Union fédérale des anciens combattants de Reims a prévenu Ex-Aequo « On sera à la porte pour les empêcher d’entrer » ; en 1992 à Lille Les Flamands Roses s’étaiernt fait interpeller par la police pour cause d’hommage floral indésirable ; à Toulouse Hervé Hirigoyen, directeur du magazine Le Chevalier Rose, choisit de présenter un film sur Pierre Seel ; à Lille Patrik Cardon des éditions GKC programme des films sur la chasse aux homosexuels pendant la guerre pour décembre 1999 dans le cadre de son festival Question de genre ; à Marseille Christian de Leusse avec l’association Mémoire des sexualités coordonne la délégation qui dépose une gerbe après la cérémonie officielle depuis 1995
Avril 1999 : le n° 33 du journal Têtu interoge Act Up sur sa menace de dévoiler le nom d’un député homosexuel qui a participer à une manifestation contre le PACS, cette menace de outing suscite une grande controverse
Avril 1999 : parution des cours de Michel Foucault 1974-1975 sous le titre Les Anormaux, à partir d’un rapport d’expertise psychiatrique en matière pénale de 1955, il analyse l’assassinat d’une fillette par sa mère et l’amant de celle-ci et montre qu’au XVIIIème le criminel est considéré comme défiant le pouvoir monarchique, au début du XIXème des mères assassines font naître la notion d’anormalité, faite d’instinct, d’une sexualité déclarée coupable dès l’enfance à avouer en confession, bientôt apparaît la notion sasissante et obsessionnelle de l’onaniste ; et la psychiatrie pourra faire naître un racisme contre celui qui porte un défaut quelconque ou un sigmate, et au bout du compte le nazisme accueillera sans oroblème la psychiatrie allemande
26 avril 1999 : décès de Marc Barbezat, 86 ans, qui a publié Jean Genet dès 1944 aux éditions L’Arbalète, il a édité dès 1945-1946 la première édition du Journal du voleur, puis Notre-Dame des Fleurs publié en 1944, le Miracle de la rose publié en 1947, les Poèmes de 1948, les Bonnes, le Balcon, les Nègres, les Paravents ; en tant que pharmacien, il s’est porté garant fin 1943, à la demande de Jean Cocteau, auprès du préfet de police pour qu’on libère Jean Genet de la prison de la Santé, il venait de publier l’inédit d’Arthur Rimbaud l’Album zutique (que Pascal Pia lui a apporté en 1942) ; la fiancée de Barbezat, l’actrice Olga Kechelievitch lit chez un ami le poème le Condamné à mort que Genet a écrit à la prison de la Santé et l’a envoyé à Barbezat, puis Barbezat est allé voir Genet dans sa prison le 30 décembre 1943 et en est ressorti avec le manuscrit du Miracle de la rose ; les difficultés ont commencé en 1945 quand Genet a demandé une somme astronomique pour l’édition de Pompes funèbres ; Barbezat aura été celui qui n’a pas censuré Genet, alors qu’en 1951 Gallimard publiant ses oeuvres complètes a apporté plusieurs coupes et modifications ; en 1988 Barbezat a publié les Lettres (de Genet) à Olga et Marc Barbezat
Mai-juin 1999 : à Marseille, l’Université d’été euroméditerranéenne des homosexualités s’annonce à travers La Lettre N°2, elle se veut « à l’exacte intersection des recherches universitaires, littéraires et de la vie quotidienne » ; les statuts ont été déposés le 3 juin 1998, l’adresse est celle de Jacques Fortin, président, à Vaison le Romaine, puis à Marseille chez Jean-Pierre Léonetti, trésorier ; les réunions de préparation composent l’équipe d’administration (outre J Fortin et JP Léonetti, Ch de Leusse, Jacques Garry, Gérard Goyet, Philippe Crévisy) et collectent les propositions de contenu, un comité scientifique est mis en place (Suzette Triton-Robichon, Monique Pascal, Ivette Tison Ponchelle, Jean-Louis Touton, Christophe Marcq, Bernard Chapnik), la Coordination Lesbienne de France, l’Interpride et Aides sont membres du CA es-qualité ; Jérémie Chambon est recruté dans le cadre du programme Nouveaux services-Nouveaux emplois pour 3 ans, à compter du 25 mars 1999
Mai 1999: parution du n°28 de Illico, Didier Roth-Bettoni signe l’éditorial (Européennes : vote PaCsons ?) et présente plusieurs films, Jean-François Laforgerie (« Européennes: Gays, les petites notes des programmes » et entretiens avec Robert Hue « L’action des homosexuels a fait bouger la société », Adeline Hazan « Nous refusons toute forme de discrimination »), entretien d’Eric Lamien avec Alain Krivine, qui n’aime pas particulièrement l’institution du mariage répond « L’accès au mariage ? Les droits égaux impliquent aussi… le droit à, l’erreur », Olivier Razemon souligne que la Parlement européen est un enjeu non négligeable pour les gays, il interroge la sénatrice socialiste Dinah Derycke et la ministre Elisabeth Guigou, Jean-François Laforgerie dresse un panorama des 10 lesbian and gay pride qui ponctuent le mois de juin en France, ils présentent le vote de l’assemblée nationale qui vient de voter le Pacs et le concubinage (à 300voix contre 253), Eric Lamien explique pourquoi Act Up Paris a finalement renoncé à pratiquer le outing, il y a plusieurs chroniques (Jean-Baptiste Coursaud, Gwen Fauchois, Arnaud Marty-Lavauzelle), de nombreuses informations (la violence homophobe en Suède, la pression pro-gay du parlement en Suisse, le retrait de la loi sur la PMA en Italie, le partenariat gay en Slovénie, les UEEH à Marseille, le festival du film de Femmes de Créteil) et un dossier sur les jeunes en Europe (Eric Lamien interroge François Delor et la situation des divers pays est analysée par Jean-Baptiste Coursaud et Eric Lamien), le cinéaste Jean-Claude Guignet « ne comprend as pourquoi on met un préfixe à la sexualité », Gert Hekma rappelle la figure de Frank Arnal à travers son livre Résister ou disparaître ? Les homosexuels face au sida, le metteur en scène québécois Robert Lepage explique sa démarche, plusieurs livres sont présentés (David Leavitt L’art de la dissertation, Michel Leiris Roussel & Co, Mirande Lucien Eekhoud le rauque, Jean Pavans La traversée américaine, ainsi que deux biographies de Pierre Loti, Hugo Marsan présente le Violette Leduc de Carlo Jansiti), la danse (Catherine Diverrès) et la musique (Nilda Fernandez) ont aussi une place
8 mai 1999 : les Sœurs de la perpétuelle indulgence (le couvent des Aubépines) célèbrent les 20 ans au Mosaïque, avec le CGL, la sœur supérieure Marie God, dite La Visitée, prononce le Bénédicité : « En ce jour de la Sainte-Victoire où j’ai vu ce qu’était le trou noir, je bénis cette soirée » invoquant comme toujours Saint-Latex et Saint Gel-à-Queue, elles rappellent leur fondation le jour de Pâques 1979 à San Francisco, parlent de « croisade pour bouter la Boutin hors du Palais Bourbon » et mentionne leurs sœurs qui ont du partir pour d’autres couvents (l’Archimère générale Rita du Calvaire, Primate des Gaules, Mère Lola du Rêve de l’Ange, maîtresse des novices et les sœurs Ginette de la Vache molle, Jeannette de la Motte Beuvron, Inès de la Fesse d’Ange, Marie des Maux Dites et Thérèse, dite Vieille d’Oc) et les sœurs qui constituent le couvent des Aubépines (sœur Manta, dite La Religieuse, la novice Maria Innocenta, dite Les Mains Pleines, Abba des Aides Provençales, mère Veilleuse, ex-novice Yeuse et la sœur supérieure Orgia Maxima, dite La Juste, (maintenant placée à la maison de retraite Les Jours Heureux, 152 rue Thubaneau à Marseille), elle termine par la formule rituelle : « Ploum ! ploum ! La Plondébi, La Saint Sabot, La Cabanon, Ploum ! Bêche ! »
8 mai 1999 : mort de l’acteur Dirk Bogarde (1921-1999 Derek Jules Gaspard Niven van den Bogarde), en 1937, poussé par son père, il a assisté aux débuts de John Gielgud et de Laurence Olivier ; après la guerre, en Birmanie et à Java,il a débuté au théâtre avec l’Orphée de Cocteau et signé en 1947 un contrat qui a fait de lui un acteur flamboyant ; en 1961 dans le Cavalier Noir de Roy Ward Baker Dirk Bogarde n’a pas peur d’accentuer le caractère homosexuel de son personnage, gainé de cuir noir des pieds à la tête, folle au comble du smart vulgaire, mi-toréador d’opérette mi-gommeux forain, inverti dans toute sa splendeur en technicolor ; la même année, dans La Victime de Basil Dearden il interprète un homosexuel marié victime de chantage par un jeune ouvrier, le New York Times écrit que « Quiconque apprécie ce film est un anormal » ; il joue un admirable valet qui domine son maître dans The Servant de Joseph Losey et Harold Pinter en 1963 ; il est fascinant dans Accident de Losey et Pinter en 1967 ; il est devenu une star internationale dans Les Damnées et Mort à Venise de Luchino Visconti en 1969 et 1971, nazi sadomasochiste ayant une relation avec une ancienne déportée dans Portier de nuit de Liliana Cavani en 1974, il a fait scandale ; il s’est installé à Grasse en 1968, s’est consacré à l’écriture, il a été annobli par la reine en 1992, il a entretenu durant 50 ans une relation discrète avec son agent Anthony Forwoo ; il a publié plusieurs romans et des textes autobiographiques comme Des voix dans le jardin, parue en 1983 en France
21-26 mai 1999 : à Die (Drôme) rencontre de la Coordination lesbienne nationale ; ouverture de La Barbare ; mise en place de la coordination de la Marche mondiale des femmes de l’an 2000 contre la pauvreté et les violences faites aux femmes
Juin 1999 : Fierté Lesbienne organise 3 week-end de manifestations en marge de la Lesbian & Gay Pride Paris, portée par 5 associations : à Bobino pour le concert (association Stryge), au MK2 Beaubourg pour le cinéma (Cineffable) et à l’espace Wagram pour la fête, le forum des associations lesbiennes et féministes, l’espace vidéo, le salon littéraire avec Monique Wittig, débat avec les commissions lesbianisme et homosexualité des partis politiques ; à Lille publication du recueil de texte érotiques des Dé/générées ; à Paris des lesbiennes organisent sur la rue et le trottoir, au niveau de l’Odéon, un espace lesbien bien délimité ouvert seulement aux femmes
Juin 1999 : sortie du livre Paris-la-politique de Monique Wittig, c’est son premier livre depuis Virgile, non paru en 1985 dans lequel « l’enfer lesbien est une descente aux enfers de toutes les femmes » ; elle a eu la prix Médicis en 1964 avec L’Opoponax son premier roman, avec le soutien de Marguerite Duras ; aux Etats-Unis elle est une star, son recueil d’essais The Straight Mind, en 1992 (non publié en France), théorisait ce que ses fictions à partir des Guérillères en 1969, ont mis en image, l‘hétérosexualité est le système à combattre, il perpétue l’asservissement par l’homme, il convient de créer une catégorie qui aille au-delà de la répartition des sexes, il n’y a plus de femme, elle refuse la nature féminine et exècre tout ce qui est féminin, elle invente la lesbienne radicale ; elle fait paraître Corps Lesbien en 1973, en 1978 Le Jardin est la description atroce d’une société qui exploite les corps ; en juin 1997 lors du colloque de Beaubourg, organisé poar Didier Eribon, beaucoup de monde est venu pour l’écouter ; dans Paris-la-politique elle traite de l’esclavage, c’est une parabole de ses années de militantisme pour la libération des femmes à partir de 1968 et des luttes de pouvoir dans les groupuscules, elle semble vouloir se délester de son (indéniable) poids historique
Juin 1999 : à Marseille, le CEL participe aux animations de la Fierté lesbienne au théâtre du Merlan, séances de cinéma, spectacles au cours Julien, et aux mobilisations pour le PACS
7 juin 1999 : France 3 diffuse le documentaire de Lucie Cariès Mémoire Gay qui reprend minutieusement les grandes heures de la répression contre les gays et les lesbiennes en France depuis la guerre, des tabassages fréquents dans les pissotières de Paris à l’interdiction de la revue homo Futur en 1955, des mariages contraints aux coming out douloureux (avec Geneviève Pastre 70 ans, Jacques Lemonnier 72 ans, Max Meyer 81 ans, ou encore l’écrivaine Jeanne Talbot et son amie Jacky)
10 juin 1999 : mort de l’humoriste Elie Kakou, 39 ans, venu de Tunisie à l’âge d’un an en 1961, enfant il aimait se déguiser, imitant un professeur d’école ou sa grand-mère, il s’est lancé à Marseille dans des études de prothésiste dentaire ; au début des années 1980 il était allé avec son ami Thierry Hochberg, rejoindre un kibboutz en Israël, il s’est lancé à Marseille dans des études de prothésiste dentaire, se produisant à la Payotte (modeste café-théâtre trenu par Vanille et Joyeux du Cocotier, près du cours Lieutaud) et au Chocolat-théâtre (tenu par Gérard Goyet à la rue du Chantier, non loin de la basilique Saint-Victor, puis par Claude Prévost, ancien du GLH lui aussi, sur le cours Julien, qui conserve le nom de Chocolat-Théâtre, dans les locaux de l’ancien Atelier du Chocolat et du futur théâtre La Baleine qui dit vague), Elie Kakou animait aussi certaines soirées du GLH de Marseille ; puis il s’est consacré à sa passion d’animateur au Club Méditerranée soignant ses textes et nourissant son humour par son corps, ses mimiques et sa gestuelle, il aura un grand succès à l’Odéon sur la Canebière en 1994 ; à Paris il a animer sur France 3 l’émission La classe, il séduit Philippe Bouvard à la télévision, et se produit au Point-Virgule, à l’Olympia, au Casino de Paris ; « il aime recevoir dans son triplex parisien » témoigne l’humoriste Thierry Wilson (alias Zize Dupanier) pour qui Elie Kakou est une révélation ; décédé du sida (ce qui ne sera jamais avoué par ses proches), il est enterré au cimetière juif des Trois-Lucs à Marseille
26 juin 1999 : la Gay Pride de Paris réunis plus de 100 000 personnes selon Le Monde, 200 000 selon Libération) ; la banderiole de tête est large avec Génération Pacs, avec de nombreuses signatures (MAG, Unef-ID, Homonyme, Unef, Mnef, MJS, etc.) ; l’adoption prochaine du PACS mobilise les plus actifs promoteurs de ce projet de loi Jean-Pierre Michel, Patrick Bloche, Catherine Tasca, Jan-Paul Pouliquen, mais aussi la seule élue de droite, qui ait soutenu le projet Roselyne Bachelot, RPR, leurs slogans : Homophobie out, Génération PACS, ou sur la banderole de Aides IDF : Homopohobie, haine, racisme, antisémitisme, même combat ; la manifestation contre le PACS (« les pédés au bûcher », « pas de neveux pour les tantouses ») emmenée le 31 janvier 1999 par Christine Boutin a tenu lieu d’électroc hoc, ainsi que les déclarations-choc à l’Assemblée nationale des députés Bernard Accoyer, Dominique Dord, Jacques Myard, Pierre Lellouche, Philippe de Villiers, François Vanson et Michel Meylan ; le Monde publie le même jour le manifeste Pour l’égalité sexuelle signé par Act Up-paris, Aides Fédération, Aides Ile de France, Sida Info Service, SOS Homophobie et dix autres associations, ainsi que 59 signataires individuels : « Au lieu de les opposer, nous voulons marier les revendications du féminisme et du mouvement homosexuel. Nous voulons généraliser la revendication d’égalité, contre toutes les discriminations » ; la radio techno FG 98.2 (ex-Fréquence Gaie) défile à grands fracas de décibels, sous la houlette de son président Henri Maurel ; défilent aussi le Beith Haverim – au son de Hava Naguila -, les gays de Kelma et les gays lusophones, les Mecs en caoutchouc, les étudiants du Styx, le PASTT avec les pancartes : Une place dans la société, Arrêtez la violence contre les trans ; des militants d’Act Up Paris signe le texte Votre vie privée contre la nôtre : « Pour considérer que l’outing peut nuire à celui qui en est l’objet, il faut considérer soit que l’homosexualité est infâme, soit que sa révélation est dangereuse » et stigmatise ceux qui font l’apologie du sexe sans protection (les « Barebackers ») ; Amnesty International distribue une lettre à adresser au shérif de la prison de la Nouvelle-Orléans afin que les prisonniers malades du sida ne soient plus contraints au port de la ceinture administrant des chocs électriques ; plusieurs commerces gays ont leurs propres chars, comme Banana Café ; Libération du 26-27 juillet 1999 fait paraître un dossier sur l’état des lieux de l’homophobie, ainsi que l’article du président de Aides-Fédération Christian Saout, et des membres de la commission juridique nationale de Aides-Fédération Daniel Borillo et Marc Morel Le concubinage, le PACS et, oui, le mariage aussi ; le même jour le prêtre et psychanalyste Tony Anatrella signe le tribune A propos d’une folie : « Qu’on le veuille ou non, l’homosexualité reste le symptôme d’un problème psychique et d’un en-deça de la différence des sexes »
10 juillet 1998 : Arnaud Marty-Lavauzelle, 51 ans, psychiatre, quitte la présidence de Aides, après 11 ans de « volontariat » ; séropositif il est surpris de se trouver encore en vie, et souligne combien il reste à faire avec 5 000 contaminations nouvelles par an et avec plus de 40 000 morts du sida dans le pays, il conteste l’organisation par ECS (Ensemble contre le sida) du dernier Sidaction, avec son slogan provocant et ambiguë Le sida on l’aura, et la mise en face à face des médecins et de malades éclatés, sans valorisation du combat collectif ; il rappelle le combat de Aides, améliorer le système de santé publique et créer des outils utilisables par les personnes, se démarquant ainsi d’Act Up « calé sur les revendications des groupes communautaires d’extrême gauche » ; pour lui « les personnes les plus exclues, par leur sexualité, leur mode de vie ou l’usage de drogues, ont un vrai pouvoir collectif de transformer la société en une société plus tolérante »… » J’étais arrivé à Aides dans une situation d’extrême urgence. Tous mes amis mourraient, j’étais dans une fragilité physique. Et, peu à peu, on a construit un outil fort, aussi bien à intérieur de l’association qu’à l’extérieur. Une sorte de cercle de vitalité… Je me suis profondément dépsychiatrisé. Je suis libre dans ma tête, heureux d’avoir incarné un malade homosexuel au servioce de tous les autres malades »
24-31 juillet 1999 : relance à Marseille des UEH qui deviennent UEEH (Université d’Eté euroméditerrannéens des homosexualités) par Jacques Fortin président du GLH de Marseille (qui vit désormais près de Vaison-la-Romaine) ; Marylou Baldacci coprésidente des UEEH, apporte la participation du CEL à travers un stand, des expositions, des photographies ; 4 grands thèmes sont privilégiés : Méditerranée et solidarités internationales, Savoirs gais et lesbiens, Santé-Sida, Droits et politiques, avec des forums et des séminaires, de nombreuses personnalités, Daniel Defert, Jean Le Bitoux, Pierre-Olivier De Busscher, Bruno Spire, Jean-Yves Le Talec, Rommel Mendes-Leïté, Daniel Borillo, Caroline Fourest, Jean-Marie Darriossecq, Gérard Bach-Ignasse, Pierre Gandonnière, Yves Roussel, Philippe Corcuff, Frédéric Martel, René-Paul Leraton et des associations d’autres pays : Amal-Algérie, ALCS-Maroc, Asima-Espagne, ILGA-Portugal, ArciGay-Italie ; cette université d’été est un considérable succès ; elle a obtenu le soutien de la Région PACA, du Département 13 et de la ville de Marseille ; il y a 360 participant-es dont 33% de femmes, 47% de moins de 30 ans (1 050 repas, 1303 nuités en cité U), 56 étrangers ; un programme somptueux d’activités ludiques est mis en place par Gérard Goyet, en ouverture spectacle déambulatoire et bal champêtre, nuits marseillaises dans les établissements gays (dont le Noctambule, derrière la Criée), théâtre (Pierre Haudebourg), musique (Pierre-Antoine Bastaroli, Sossie Valois), chanson (Alain Klinger), danse contemporaine (Elisabeth Bouix, Marco Becherini, Dandrine Orsucci, Sylvie Solimando, Ghyslain Carosio et Antonietta Daviso), orchestre (Samy et Perceval Bellong), soirée Belladonna et fête homo-mixte au Mosaïc, pique-nique dans les calanques en soirée, soirée de cloture sur un bateau au large avec feu d’artifice, à quoi s’ajoutent un grand bal à l’Alhambra (salle de mariages et de concerts) – dont le magazine Paris Match fera ses choux gras – et enfin soirée de gala au théâtre du Merlan, avec les Mirabelles (troupe de travestis aixois), les Etoiles (brésiliens) et d’autres grands numéros (Les Stupidas, brésiliens, Georges Fernandez en Marlène Dietrich, etc.) à laquelle Daniel Guérin et Françoise d’Eaubonne viennent assister ; les documents de l’UEEH recensent 9 restaurants, 4 bars, 4 discothèques, 9 associations gays et lesbiennes, 4 lieux de drague, 5 saunas
Août 1999 : Nicolas Sarkozy redit son opposition au PACS, avant d’ajouter : « Nous devons être à l’écoute de toutes les différences parce qu’elles sont parfois synonymes de souffrances. Notre vision de la famille devra s’ouvrir, se moderniser, s’actualiser »
31 août 1999 : mort à 50 ans du journaliste à Libération de 1975 à 1995, Christian Hennion, il prit une part active au FHAR, il souhaitait s’installer au Cambodge avec son ami photographe mais celui-ci y a disparu et objet d’une tentative de racket Hennion y a été emprisonné pour relations sexuelles avec des enfants ; en 2009 Franck Demules racontera (dans un livre Un petit tour en enfer) avoir été adopté et abusé par Christian Hennion de 10 à 18 ans (1977-1986), Demules qui a travaillé avec Carla Bruni comme chauffeur et assistant, dira que ces 10 années ont créé chez lui des dégâts « irréparables » et que s’il a rencontré à Libération pendant ces années-là beaucoup de gens formidables, il regrette qu’aucun d’entre eux n’ait pensé à lui demander s’il était heureux
Mi-septembre 1999 : à Lusaka en Zambie se déroule la 11ème conférence internationale sur le sida et les maladies sexuellement transmissibles en Afrique ; la prévalence du VIH est de 20% dans certaines villes d’Afrique et 63% des cas de sida sont en Afrique ; une étude établit que le taux de contamination est moins fort dans des villes où la circoncision est très répandue (Cotonou au Bénin, Yaoundé au Cameroun) et plus fort là où elle n’est pas répandue (Endola en Zambie, Kisumu au Kenya)
19-26 septembre 1999 : à Johannesburg 9ème conférence mondiale de l’ILGA pour la 1ère fois sur le continent africain, le 19 septembre est réservé aux femmes
Octobre 1999 : le colloque de l’APGL sur « Parentés et différences des sexes » rassemble 500 personnes
4 octobre 1999 : mort du peintre Bernard Buffet (1928-1999), remarqué par Louis Aragon en 1957, compagnon de Pierre Bergé en 1958, puis tombé amoureux d’Annabel Schob de Lure qu’il a épousé ; élu à l’Académie des Beaux-Arts en 1974 ; peintre autant admiré que détesté
1er novembre 1999 : le sauna Euro Men’s Club est l’objet d’un dramatique « fait divers », 2 employés sont tués et un 3ème grièvement blessé, il s’agit d’un braquage effectué par un policier de 39 ans, marié et père de 5 enfants…
6 novembre 1999 : à Paris, un groupe de lesbiennes issues de l’immigration se réunit au restaurant La Barbare, tenu par 2 femmes afro-caribéennes, ce sera la création du groupe du 6 novembre, autour de la question de l’esclavagisme, du colonialisme et des migrations forcées, le groupe prend en compte l’intersectionnalité des luttes en s’opposant à l’hétéropatriarcat et au racisme, elles s’opposent particulièrement au discours misérabiliste existant dans les milieux féministes et lesbiens blancs envers les femmes racisées ; elles fondent un réseau national et international de solidarité entre les femmes non-blanches, avec conférences, expositions, projections, et avec l’écriture de Warriors/guerrières par Nadia Dumas, elles participeront à la conférence de l’ONU sur le racisme à Durban en septembre 2001 ; il sera dans la continuité du mouvement des lesbiennes of color (LOC’s) des années 1980 ; Dalila Kadri, née en Algérie en 1949 – un temps présidente du CEL à Marseille -, militante, poétesse, cinéaste, lesbienne, est venue à leur rencontre, elle fonde Kali production et consacre de nombreux documentaires aux lesbiennes racisées en France et aux femmes dans le monde, et son amie Paola Baccheta, enseignante en études de genre et en études postcolonial/decolonial à Berkeley, présentera en 2010 ce mouvement dans son livre Le sexe de la mondialisation. Genre, classen, race et nouvelle division du travail
13 novembre 1999 : vote de la loi sur le PACS, pacte civil de solidarité, sous le gouvernement de Lionel Jospin, promulguée le 15 novembre1999 ; 2.161 amendements avaient été déposés par les anti-Pacs, emmenés par Christine Boutin, alors députée apparentée UDF, qui a tenu le micro pendant 5h et 25 mn et brandi une bible dans l’Hémicycle
18 novembre 1999 : mort de l’écrivain américain Paul Bowles (1910-1999), installé à Tanger en 1940, leur maison est devenu le rendez-vous des homosexuels célèbres, ils reçoivent W.H Auden, Francis Bacon, Jack Kerouac, William Burroughs, Truman Capote, Allen Ginsberg, Tenessee William, pour des soirées de sexe et de drogue avec de jeunes prostitués marocains ; le thème majeur de ses écrits concerne l’incompréhension de 2 mondes antagonistes, avec l’étranger occidental, Blanc, professeur, prêtre ou écrivain qui tente de comprendre l’autre et n’y parvient qu’en désintégrant sa propre personnalité,
20 novembre 1999 : aux USA, en commémoration du meurtre jamais élucidé, de Rita Hester, une femme trans et noire américaine de 35 ans dans le Massachussets, la militante trans Gwendolyn Ann Smith crée leTransgender Day of Remembrance (TDoR), des veillées aux chandelles se tiennent à San Francisco et à Boston
22 novembre 1999 : à Air France, le steward Bruno Colliaux, transsexuel devenu Andréa est admis comme hôtesse de l’air
Décembre 1999 : création de CIBEL (compagnie des insoumises baladines enthousiastes et lesbiennes)
Décembre 1999 : un article de Jacqueline Pasquier dans Lesbia Magazine à propos du festival Quand les lesbiennes font du cinéma, provoque un incident car il « fustige l’action à l’initiative (d’un groupe de) lesbiennes des migrations et colonisations et descendantes de systèmes esclavagistes » qui se nomme lui-même Groupe du 6 novembre, dans le cadre d’un débat celles-ci avaient reconnue dans la salle une lesbienne « connue notoirement pour les discriminations au faciès pratiquées dans ses établissements de nuit », elle réagiront à l’article (« cet article est grave, nous ne nous tairons pas ») ; en avril 1999, pour les Rencontre de printemps de la Coordination Lesbienne, Lucette avait écrit ses Réflexions de noire et lesbienne : « Il n’est pas possible d’être blanche et de ne pas être raciste dans le sens où il n’est pas possiblke d’avoir conscience de privilèges jamais dévoilés, de fonctionnements de pensée jamais questionnés… Il n’est pas possible d’être lesbienne et raciste sans s’en rendre compte… Le milieu lesbien français se conçoit comme blanc, de classe moyenne féministe ou non. Et ce milieu est rciste parce qu’il n’octroie qu’une place réservée, particularisé, déterminée aux femmes qui ne sont pas blanches. Il est raciste non par conviction et c’est là sa différence cruciale avec les racistes fières de l’être, mais par éviction d’une réelle réflexion. » ; en décembre 1998, le collectif du journal libertaire La Griffe avait déjà exclu un groupe de féministes.
Décembre 1999 : parution en France du livre La Conversion de James Baldwin dans lequel celui-ci retrace la guerre entre les communautés, blanche et noire, de New York, où John, imprégné de la religion et en proie au délire mystique, retient son désir coupable pour un jeune catéchiste Elisha ; le livre de 1952 « a déjà la force de ses chefs-d’œuvre ultérieurs La Chambre de Gionanni et Un autre pays » écrit René de Caccatty
Décembre 1999 : parution du livre Le XXème siècle des femmes de Florence Montreynaud, dernière édition d’un livre paru en 1989, elle y évoque la vie de plus de 4000 femmes du siècle, sur 832 pages avec plus de 1000 photos
16 décembre 1999 : à Marseille, dans le journal Le Pavé paraît un article de Christian de Leusse « Le PACS fait vaillament son chemin », fait le point sur l’avancée de la loi depuis son vote en octobre 1999 ; après la mobilisation dès 1996 du comité de liaison interassociatif marseillais (Climacus), qui a permis de sensibiliset à ce projet de loi de nombreux partenaires (élus politiques, associations, professionnels, etc.), il souligne que déjà de nombreux PACS ont été signés à Lille, à Paris, à Lyon, mais les droits des couples pacsés mettent du temps à être reconnus dans les entreprises et une homophobie alarmante s’est exprimée à l’occasion des discussions sur ce projet de loi
27 décembre 1999 : mort de l’acteur Pierre Clementi (1942-1999) il a joué en particulier avec P.P. Pasolini, Visconti, Glauber Rocha, Kenneth Anger, des rôles subversifs à l’incandescence primitive, comme dans Visa de censure n°X (1967) avec une grande cérémonie orgiaque portée par une musique psychédélique électrisante, une transe de plus en plus frénétique, il a rendu visite à Andy Warhol à la Factory