1990-2003 : Monique Wittig (1935-2003), enseigne aux USA, à l’université de Tucson, en Arizona, pour « encourager l’innovation dans les formes littéraires et le lien entre la politique et la langue »
1990-2000 : au Pérou, le président, autocrate, Alberto Fujimori orchestre une politique de stérilisation forcée, dans la seconde moitié des années 1990 on estimera que 270 à 350 000 femmes et 25 000 hommes sont stérilisés dans le cadre du programme de contrôle de la natalité, avec pour motif officiel de réduire la pauvreté et de favoriser la croissance économique, ceux qui refusent de signer ignorent le caractère irréversible de l’opération et sont menacés d’être livrés à la police ou de perdre les aides sociales
Années 1990 : création de plusieurs associations d’accueil et de regroupement des transsexuels, dont AAT en 1992 créée par des médecins à Marseille, ASB en 1995 association du Syndrome de Benjamin association de patients créée à Paris par Tom Reucher la 1ère à demander la dé-psychiatrisation et crée la marche de soutien aux transsexuels Existrans, CARITIG en 1995 (centre d’aide de recherche et d’information sur la transsexualité et l’identité de genre) créé à Paris sous l’impulsion de Armand Hotimsky avec Germaine Nijsten et Phaedra Kelly, et PASTT (groupe de prévention et d’action pour la santé et le travail des transsexuel-le-s) créée par des médecins à Paris qui se constitue en association en 1993 après plusieurs années d’expérience ; c’est internet qui favorise cette explosion associative, les réseaux sociaux réduisant l’isolement et fournissant des outils de compréhension et d’action, ainsi un réseau Support Transgenre se crée à Strasbourg
Années 1990 : la capitale est courue pour ses nombreuses boites de nuit ouvertes 24h sur 24, Eric Dahan en charge des Nuits blanches dans Libération raconte comment 20 stars internationales se croisent aux Bains Douches, il parle d’une vingtaine d’autres clubs (Garage, Apocalypse, Rex, Luna, Palace…), et Frédéric Beigbeder (fondateur à 19 ans en 1984 du Caca’s Club, club des analphabètes cons mais attachants) racontera l’ouverture du club branché Les Chiottes
Années 1990 : le sexe en érection se diffuse dans le cinéma, dans les films de Catherine Breillat (de 36 fillette en 1988 à Romance 1999) avec masturbation et fellation, dans Baise-moi de Virginie Despentes en 2000, Sébastien Lifschitz (Presque rien 2000) avec Jérémie Elkaïm, et dans les années 2000 les acteurs refusant de se déshabiller on fabriquera des imitations péniennes de plus en plus perfectionnées avec Claire Denis (Trouble Every Day 2000), Jeanne Labrune (Si je t’aime prends garde à toi 1998), Arnaud des Pallières (Parc 2008), Catherine Breillat (Sex Is Comedy 2001), jusqu’aux prothèses impressionnantes de Holy Motors de Leos Carax 2012 avec Denis Lavant et d’ Eric Cantona dans Les Rencontres d’après minuit de Yann Gonzales 2013
Années 1990 : à Lille, Patrick Cardon, ancien animateur de la mouvance Folle Lesbienne à Aix-en-Provence qui a créé la maison d’édition GKC (GayKitschCamp) lance trois initiatives, en 1991 le Festival Question de Genre/GKC 1er festival de films dont l’objectif est de retracer l’histoire des représentations gays et lesbiennes à l’écran, des conférences-débats et en 1999 un centre de documentation (le centre européen de recherches, d’études et de documentation sur l’histoire culturelle des homosexualités) tenu par deux emplois-jeunes dans un local de 94 m², avec le soutien de plusieurs personnalités (Malek Chebel, Pierre Bourdieu, Didier Eribon, Michelle Perrot)
Années 1990 : à Paris, l’association Kelma lance les soirées gay Black Blanc Beur
Années 1990 : dans son livre 95 Philippe Joanny parlera en 2023 de ces années de chronicisation su sida « quelle raison y a-t-il à poursuivre des études, à construire un plan de carrière ou de vie alors que tu vas peut-être mourir très vite comme tous tes amis… dans les années 1980 et 1990, les bars tenaient un rôle primordial dans la communauté, ils permettaient de tisser un lien social. on savait que tous les jours, à la même heure, on allait retrouver ses amis au Swing, au Central, au Quetzal… La ploupart des garçons venaient de province, et ce quartier était notre point d’ancrage, notre territoire… Tous nos copains lourraient. il faut s’imaginer le truc, putain, chaque semaine on rayait un nom de notre carnet d’adresses ! »
Années 1990 : à Marseille, le club Cuir F.S., on allaitM.C. (France Sport Motos Club) présidé par Jean-Pierre Fouque, compte un peu plus de 150 membres titulaires répartis sur toute la France et près de 400 membres provisoires (membres de passage français et étrangers) ; il a un local Le Mineshaft (du nom du « célèbre et fantastique club cuir de New York des années 1970-80) au 28 rue Mazagran en centre ville, peuvent y adhérer ceux qui sont parrainés après accord du CA, et y accéder ceux détiennent une carte de l’E.C.M.C. (la confédération européenne) ou de la National Leather association américaine ou celle des autres clubs français (ASMF, MCRA, CLEF ou MEC) qui font office de parrainage ; avec l’arrivée du sida le club s’est engagé à faire respecter par ses adhérents des règles élémentaires de prévention
Années 1990 : à Marseille, Mémoire des sexualités développe ses activités ; diners-débats avec les anciens du GLH, janvier 1990 rencontre avec Albert Hini, 1er adjoint au Maire de Marseille, M. Robert Vigouroux, février 1990 débat avec Henri Maurel, promoteur dans le cadre du mouvement Gais pour les Libertés (GPL), du Partenariat Civil, mars 1990 débat avec Gérard Founau, conseiller technique au Cabinet de Jean-Claude Gaudin, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, enfin débat avec Thierry Gamby, médecin, président-fondateur de AIDES Provence ; plusieurs débats publics, 9 janvier 1991 Dominique Charvet « L’action de l’AFLS » (auditorium Musée d’Histoire), 20 mars 1991 Jean-Pierre Michel « La proposition de loi sur le partenariat civil » (auditorium Musée d’Histoire), 18 juin 1991 Françoise Héritier « Sexe biologique, sexe social, la construction sociale du genre » (auditorium Musée d’Histoire), 12 janvier 1992 Nicole Savy « Les droits des femmes aujourd’hui » (Maison des associations), 30 janvier 1992 Daniel Defert « Sida, engagement, solidarité (auditorium Musée d’Histoire), 5 février 1992 Michèle Perrot « Pourquoi une histoire des femmes ? » (auditorium Musée d’Histoire), 4 mars 1992 Adil Jazouli « Jeunes des banlieues, violences et désirs » (auditorium Musée d’Histoire), 13 février 1993 Bernard Sellier « Vivre avec le sida, c’est possible » (auditorium de la FNAC), 15 mai 1993 journée avec Adil Jazouli « Désirs, affectivité, sexualité des jeunes des cités » (Fac de Sc Eco Puget), 19 février 1994 Alfred Spira « La sexualité des Français » (auditorium de la FNAC), 14 mars 1994 Willy Rosenbaum « Solidarité et SIDA » (Maison des associations), avril 1994 Jean le Bitoux, co-auteur du livre sur Pierre Seel (« Moi Pierre Seel, déporté homosexuel ») et Emile Témime, historien marseillais, sur « La déportation des homosexuels » (co-organisé avec le Collectif Gai et Lesbien Marseille-Provence) (auditorium du Musée d’Histoire) ; Mémoire des sexualités parraine en 1993 l’enquête « Mémoire en sursis. Le SIDA vécu à Marseille » (réalisée par Karim Ben Diane), ce travail sera poursuivi dans le cadre d’une de thèse de sociologie présenté à l’ANRS en juillet 94 (sous le titre « Mémoires en sursis. Vécu quotidien de la séropositivité: représentations et comportements économiques ») ; elle organise des débats sur le Contrat d’union civile et sociale à l’occasion des Gay Prides de 1994 et 1995 ; dans le même temps, Mémoire des sexualités s’engage activement dans la création du Collectif gai et lesbien Marseille Provence en 1992, de la Lesbian and Gay Pride en 1994, et dans celle du Collectif pour le CUS puis du CLIMACUS en 1996, ainsi que de l’éphémère Collectif Stonewall en 2002
Années 1990 : aux Pays-Bas, permettent l’accompagnement sexuel des personnes handicapées ; suivent le Danemark, l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique et l’Italie
Années 1990 : à New York, un bar gay le Crowbar, près de l’avenue B et du Tompkins Square Park, a beaucoup de succès, « un des lieux les plus fabuleux de la galaxie » écrira Kim Richard, éditorialiste de l’hebdomadaire The Nation, qui organisait des soirées à thèmes, lieu de convivialité recherché après les années terribles liées au sida, « cabinet d’analyse pour ceux qui n’ont pas les moyens se se payer un psy, lieu de culte pour ceux qui ont perdu leur religion… lieu de vacances pour ceux qui ne peuvent par partir en vacances » dira Kim
Années 1990 : au Chili, depuis la fin des années 1960, sous la dictature du général Pinochet à partir de 1973 en particulier, 20 000 bébés ont été arrachés à leur mère pour être adoptés à l’étranger, souvent des enfant d’indiens mapuche, dans le cadre d’une politique de violence sociale contre les femmes pauvres ; nombre d’entre eux ont été adoptés en Europe (Suède, Italie, Belgique, France), dont 1 706 adoptés par des ménages français, les familles adoptantes déboursaient 6 500 $ pour un bébé, 150 000 $ pour une fratrie
Début des années 1990 : le Conseil national du sida, présidé de 1989 à 1995 par l’anthropologue Françoise Héritier, rend un avis qui recommande aux Cies d’assurances de ne pas exiger de tests de dépistages de la séropositivité afin de ne pas discriminer les malades ; un autre avis fera passer la médecine pénitentiaire du ministère de l’Intérieur à celui de la Santé, établissant du même coup le droit à la confidentialité et au secret médical pour les détenus
Début des années 1990 : à Marseille, le Tipi, association de prévention sida pour les toxicomanes, prend naissance dans le quartier de la Plaine, et, avec des musiciens du Passage, se forme le 1er comité de soutien, en 1993 pour la grande marche contre le sida il réalise 3 000 rubans rouges, fabriqués à l’initiative du CRIPS (et de son directeur Didier Febverel), les statuts du Tipi sont déposés en avril 1994 par Nicole Ducros, Françoise et Hélène, il n’a pas encore de locaux, de nombreux objets sont fabriqués et des fêtes (des free parties) sont organisées dans les bars pour se faire de l’argent ; une antenne du Tipi s’installe dans le quartier des Aygalades où il y a eu 20 morts par overdose dans les années 1980 ; le CCPD (comité communal de prévention de la délinquance) est créé alors que la santé devient un axe du Contrat de ville, le GIRAST (groupe interprofessionnel de recherche-action sida-toxicomanie) est mis en place, des sachets de prévention son diffusés dans les pharmacies, des associations d’auto-support émergent, une cellule sida est créée à la DDASS
Début des années 1990 : aux USA, Leslie Feinberg mène des études sur les transsexuels dans les champs de la sociologie, de la culture et de l’art ; en France, ce sont les psychanalystes et les psychiatres qui font la loi à un moment où aucun mouvement de mobilisation des transsexuels ne s’est constitué, des publications subjectives aux méthodologies non critiquées paraissent comme Changer de sexe de Colette Chiland ou L’illusion transsexuelle de Patricia Mercader
Début des années 1990 : aux USA, la pédopsychiatre Leonor Terr analyse les traumatismes « de type 2 » liés à des événements répétés et menaçants comme les abus sexuels ; ainsi, en France, le Pr Thierry Baubet explique que ses travaux montrent « que contrairement à ce qu’on avait longtemps pensé, l’enfant n’oublie rien, non seulement il subit une blessure traumatique à chaque agression, mais il doit mettre en place une défense psychique archaïque – déni de réalité ou forte dissociation – qui engendre elle-même de nouveaux traumas »
1990 : en Espagne, depuis 1940 des milliers de bébés ont été enlevés à leurs parents, un vrai commerce commencé sous le régime du général Franco, les médecins disaient qu’ils se chargeaient de tout, ils parlaient d’enterrement pour cause de maladie grave, ils étaient donnés ou vendus par une religieuse ou un médecin dans des centres de l’Etat gérés par l’Eglise, à des femmes qui parfois simulent de fausses grossesses ; un décret de 1940 accordait au régime franquiste l’autorité paternelle sur les enfants dont « l’éducation morale était en danger », ainsi « la pureté de la race espagnole » et de l’extirpation du « gène marxiste » sont invoquées ; les associations de victimes parlent de 300 000 adoptions irrégulières et de vols d’enfants, c’est en 2010 que des victimes s’organiseront pour obtenir justice, mais le juge, Balthazar Garzon entre autres, devra ignorer la loi d’amnistie de 1977 des crimes franquistes, au risque d’être dessaisis, et la loi de Mémoire historique qui sera votée en 2007 ignorera le cas des enfants volés
1990-1994 : à Marseille, le restaurant le Scalino, tenu par Nouria Sebaoui (cours Julien) devient un lieu de rencontre associatif important, pour le Collectif Gay et Lesbien Marseille Provence, pour Act Up Marseille, pour préparer l’ouverture des 3G, et Nouria milite pour ces associations ainsi que pour les soirées du CEL
1990-1994 : à Marseille, après le Chocolat Théâtre (repris Claude Prévost, qui déménagera au Cours Julien), Gérard Goyet – ancien du GLH – crée le (B)éret volatile, avec Mehmet Coban et David Resseguier
1990 -1994 : à Marseille, les boites de nuit gays sont La Mare aux Diables et le New Cancan (avec leurs spectacles de travestis), les restaurants gay ou friendly sont Rue Elles, Perlimpinpin et Chez Clémentine inauguré en 1978, le Cintra, Chez Moon (travestis rue Curiol) et d’autres bars de la rue Curiol, Le Petit Duc (à côté de la Librairie Maupetit), Il Caffé (successeur de Clémentine, tenus par le même couple, Yves et Alex, toujours accueillants) ainsi que le Scalino (ouvert par Nouria Sebaoui sur le Cours Julien de 1989 à 1999), les saunas Le Palmarium, Le Dragon et d’autres ; à Aix en Provence, deux lieux marquent les mémoires le restaurant L’Invitée et la boite de nuit La Chimère (qui dure 20 ans de 1964 à 1984)
1990 : la radio Future Génération, ex-Fréqence Gaie, cesse d’émettre, faute de pouvoir payer le réseau hertzien, le CSA engage une procédure de retrait de l’attribution de la fréquence ; une AGE vote la passation de pouvoir de Pablo Rouy à Henri Maurel, qui finance de ses deniers personnels la relance de l’exploitation, Henri Maurel change le format de la radio et en fait une radio musicale, électronique et LGBT ; elle obtient des subventions du Ministère de la santé au titre de la prévention du sida, 3 journalistes qui travaillent dans l’unité de programme sida, Eric Lamien, Gwen Fauchois et Alain Royer (c’est la seule unité radiophonique consacrée au sida en France) il réaliseront un Grand forum au temps du sida au Centre Pompidou en décembre 1995 pendant 10 jours ; Didier Varrod est secrétaire général de la station, Christophe Vix-Gras est directeur d’antenne de 1993 à 2000, les autres journalistes sont en particulier Patrick Thévenin, Alex Taylor, Pablo Rouy, Guillaume Dustan, et Patrick Rognant ; en 1996 la radio deviendra exclusivement musicale et la dernière émission de petites annonces s’arrêtera à l’hiver 1998-1999
1990 : création de l’association Sol En Si qui lutte contre le sida en accompagnant les enfants et les familles affectées par le VIH/sida et les hépatites, en France et à l’étranger
1990 : à Marseille, c l’AMA (association des motards alternatifs) est présidée par Régis Varzi, puis par Odile Bouchet, ancienne du GLH et des UEH, avec des sections dans d’autres villes (Toulouse, Lyon, Perpignan, Montpellier) ; ils seront affiliés à la Fédération des Motards en Colère ; ils ouvriront les Gay Prides à partir des années 1995
1990 : Cinéma : « Un compagnon de longue date » de Norman René, « Personne n‘est parfait » de Paul Bogart. Variétés : Pet Shop Boys (Being Boring)
1990 : le gouvernement français propose à Pierre Seel, déporté homosexuel alsacien, sa reconnaissance comme “déporté politique” ce qui ne lui sera reconnu qu’en 1994
1990 : à Marseille, le Pr Gallais constitue avec le Dr Jacques Moreau (qui revient de Côte d’Ivoire), aidé du Dr Thierry Gamby et du Pr Gastaud, une unité d’hospitalisation des malades du VIH à l’hôpital Houphouët-Boigny, les malades qui sont alors à la Conception sont transférés ; c’est la période du traitement à l’AZT et du traitement des infections opportunistes, dans un contexte familial et fraternel ; Aides Provence intervient, le Relais Espérance est créé par le diocèse pour soutenir les familles, l’association du Patriarche intervient aussi ; il y a une immense majorité d’usagers de drogues en un temps où on ne donne pas de seringues (« le sida chic est dans les quartiers Sud, le sida choc dans les quartiers Nord » dit le Dr Moreau) (le service sera transféré à l’hôpital Nord, puis en 2017 à la Timone)
1990 : Judith Butler va plus loin encore que Monique Wittig avec Trouble dans le genre dont le livre paraît aux USA (il ne sera traduit en français qu’en 2005) : « Si l’on mettait en cause le caractère immuable du sexe, on verrait peut-être que ce qu’on appelle « sexe » est une construction culturelle au même titre que le genre » ; en remettant en cause la binarité même du sexe (et non pas seulement le genre), elle intègre dans sa réflexion la question des intersexes et des trans’ et participe largement à l’émergence des théories queer
1990 : les associations luttant contre les violences familiales peuvent désormais se porter partie civile ; les centres de planification familiale étendent leurs missions aux MST
1990 : création de l’association Chrétiens et Sida, entre autres par Antoine Lion, dominicain, qui le dirigera jusqu’en 1997 ; il avait réunit dès 1988, une vingtaine d’acteurs concernés par le sida, dont des militants de DJ et de Aides ; en 1994 il sera membre du conseil national du sida parmi les 5 représentants des religions ; en 1996 il contribuera au rapport de la commission sociale de l’épiscopat intitulé Sida, la société en question
1990 : Femmes d’ici, femmes d’ailleurs – solidarité organise le 2ème festival de films non-mixte : Quand les lesbiennes se font du cinéma ; ouverture du bar les Scandaleuses ; création du CGL de Paris ; parution du n°1 du nouveau journal féminin pluriel LMF (le Média Féminin) ; manifestation contre la guerre du golfe organisée par les féministes et les lesbiennes ; à Marseille, création du Centre Evolutif Lilith (CEL) ; à Genève parution du n°1 de Courant d’elles ; parution du n°1 de Délires et chuchotements édité par Femmes du Sud-Ouest
1990 : à Rennes, La Cité d’Elles devient A Tire d’elles et partage son local avec FEE (Femmes entre elles), les deux associations seront à l’origine de la première Lesbian and Gay Pride de la ville
1990 : le prix Goncourt 1990 est attribué à Hélène de Monferrand pour Les amies d’Eloïse
1990 : Jean le Bitoux revient à AIDES où il a gardé tous ses amis, il s’occupe de la prévention en milieu gay, il coordonne le groupe Pin’Aides, il crée des brochures, des flyers, il devient délégué du personnel
1990 : à Paris, Pierre Seel apparaît en photo aux côtés de Thierry Meyssan lors du dépôt d’une gerbe devant les lieux où de nombreux résistants ont été emprisonnés (Thierry Meyssan sera le 1er président du Mémorial de la déportation homosexuelle, mais ses relations avec Pierre Seel, comme avec Jean Le Bitoux, co-auteurs du livre Moi, Pierre Seel, déporté homosexuel qui paraîtra en 1994, et promoteurs de cette association, se détérioreront rapidement)
1990 : parution de Les quartiers d’hiver de Jean-Noël Pancrazi, les homosexuels vivent trop dans la peur de vieillir, l’auteur né en 1949, a 41 ans, il montre un monde troublé où la vieillesse est prétexte à se souvenir de l’amour enfui qu’il décrit avec chaleur et intensité
1990 : Alain Neddam et Patrick Bossati fondent l’association Sida Solidarités Spectacles sur sensibiliser les professionnels du spectacle et améliorer la solidarité interprofessionnelle
1990 : le couturier Jean Paul Gaultier (né en 1952), perd son 1er amour Francis Menuge, mort du sida, rencontré à l’époque où à 18 ans en 1970 il travaillait chez Pierre Cardin, il évoquera son souvenir « Francis, mon amant, mon amour, mon ami, mon conseiller intransigeant, mon bras droit sans qui ma main aurait été un peu gauche » ; beau et ténébreux bisexuel, son compagnon de route indéfectible, son homme d’affaire avec qui il a monté son entreprise à partir de 1982, il en sera inconsolable ; en 2014, JP Gaultier déclarera : « Merci la vie ! Je suis gay, Têtu et fier de l’être ! »
1990 : à l’Assemblée nationale, Jean-Luc Mélenchon dépose la proposition de loi sur le Contrat de partenariat civil
1990 : aux USA, David Halperin, professeur d’Histoire et théorie de la sexualité à l’Université de Michigan, publie Cent ans d’homosexualité, il est l’auteur de nombreux livres
1990 : aux USA création de la National Lesbian and Gay Journalists Association (NLGIA) qui se donne pour mission d’améliorer la couverture médiatique des questions LGBT
1990 : aux USA, Lise Duggan est l’une des fondatrice du phénomène queer, elle constate les limites de la ligne « libérale » visant à faire acepter les gays et les lesbiennes comme minorités aux côté des Noirs et des femmes avec des droits égaux à ceux des autres citoen(ne)s, elle prône la disparition des ghettos gays er lesbiens qui bénéficient aux plus favorisé-es et la construction d’une communauté queer à partir de vrais marginaux sexuels, celles et ceux qui pratiquent sans entrave la circulation des désirs
1990 : aux USA, un groupe se constitue à l’intérieur d’Act Up, Queer Nation qui s’en sépare rapidement pour se donner des objectifs plus larges que les campagnes contre le sida « Nous sommes partout, nous voulons tout » ; Queer Nation diffuse son Manifeste lors de la Gay Pride new-yorkaise de juin 1990 « Le monde appartient aux hétéros… Les hétéros sont ton ennemi… La révolution pourrait être déjà là si on la commençait »
1990 : en Belgique, le 1er ministre d’origine flamande Wilfried Martens imagine « l’incapacité temporaire de régner » du roi Baudouin qui refuse de légaliser la loi sur l’avortement au nom de sa liberté de conscience, afin de permettre sa ratification par le gouvernement
1990 : en Afrique du Sud, organisation de la 1ère Gay Pride d’Afrique
1990 : en Espagne, il sera établi qu’environ 30 000 enfants ont été arrachés à leurs parents au cours des années 1936-1990, à l’initiative du régime de Franco, puis au-delà, pour des raisons politiques et eugéniques, en représailles contre les républicains, durant la guerre civile et les débuts du franquisme, par la suite pour des raisons morales et religieuses l’Eglise a forcé de jeunes mères célibataires et des familles nombreuses en situation de pauvreté à abandonner leur enfant ; quelques 2 100 plaintes seront déposées, mais 1 700 seront classées sans suite du fait de la prescription des faits ; le procès qui sera intenté contre le Dr Varela, obstétricien qui a exercé à Madrid de 1961 à 1981, au centre de nombreuses plaintes, sera classée sans suite en 2018 (le Dr Varela ayant alors 89 ans)
Début 1990 : à Paris, 30 associations gays et lesbiennes se fédèrent pour créer un collectif qui a pour but de réorganiser la Gay Pride qui devient Lesbian and Gay Pride, après des quatre années de démobilisation associatives largement liées à l’hécatombe provoquée par le sida, dont les commerces en ont profité (avec David Girard en particulier) pour s’approprier la Gay Pride ; la dynamique impulsée par Act Up joue un rôle dans cette remobilisation associative
Février-mars 1990 : parution de A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie d’Hervé Guibert et début de la chronique « Les années sida » de Pierre Kneip dans Gai Pied ; organisation des Etats généraux de la séropositivité au Bataclan à Paris.
Février 1990 : face au Sida, Paul Janssen, pharmacologue milliardaire, fondateur de l’un des plus grands laboratoires mondiaux donne une impulsion à la recherche, à l’Institut Pasteur
Février 1990 : aux Pays-Bas, 1ère grande exposition sur l’histoire des gays et des lesbiennes à l’Amsterdam’s Historisch museum
3 février 1990 : à Marseille, un assassin, Philippe Vancheri, tue le même jour trois personnes, un homme d’origine algérienne (Hamida Benchenni) du côté de Bassens, un homosexuel du côté du parc Borély et une prostituée du côté de l’opéra, des lieux identifiés pour lui, déterminé il évoquera sa « haine des Maghrébins, des homosexuels et des prostituées », l’expertise psychiatrique le déclarera sain d’esprit
16 février 1990 : mort du graffeur et peintre américain Keith Haring (1958-1990), très célèbre à partir de 1984 avec ses nombreuses expositions ; son amant et modèle favori est la danseur Bill T. Jones ; dans son Journal, à la date du 28 mars 1987, il affirme avoir déjà les symptômes de la maladie et écrit : “Mes jours sont comptés” et il écrira plus tard “Avec la vie amoureuse que j’ai eue, le grand nombre de rencontres sexuelles que j’ai faites, je dois être atteint…” ; la mort de Klaus Nomi en août 1983, celle de Rock Hudson en octobre 1985, et celles de ses amis le marquent profondément, il conjure la peur du sida en peignant ; homosexuel revendiqué et atteint du sida, aucune compagnie d’aviation ne veut plus le transporter, toute la communauté est stigmatisée et ostracisée, il commence alors une série d’œuvres sur le thème du sida ; en mai 1989 il réalise le célèbre mural érotique Once upon a time le célèbre mural érotique dans les toilettes du Center Show, bientôt occupé par l’association LGBT de New York, le mural sera entièrement restauré et présenté au public, c’est sa dernière œuvre évoquant le sida et la sexualité ; avant de mourir du sida, il a créé la Keith Haring Foundation en 1989 qui vient en aide aux artistes
Mars 1990 : Hervé Guibert passe à Apostrophes, émission animée par Barnard Pivot, pour présenter son nouveau romain A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie ; pour la 1ère fois un écrivain déclare en public sa séropositivité, il porte une attention minutieuse à la progression de son mal qu’il nomme « merveilleuse maladie » car elle donne à la mort le temps de vivre, livre cruel et poignant, avec cette méchanceté et cette élégance qui fait rire dans les pires moments ; il se justifie d’avoir révélé le sida de Michel Foucault, il raconte qu’il est allé le voir souvent à l’hôpital
Mars 1990 : 2ème Salon de l’Homosocialité au Cirque d’Hiver, sur le modèle de celui de l’année précédente, 35 associations participent aux stands associatifs ; un seul commerce gai est présent (IEM), Hugo Marsan anime un débat Littérature et vie privée auquel participent Roger Peyrefitte, Marcel Schneider, Gabriel Matzneff, Renaud Camus et Cyril Collard, un débat a pour objet le regard de la télévision sur l’homosexualité (avec Alain Blanchet, Chantal Lasbats, Bénédicte Layet et Sarah Benillouch, mais sans Daniel Karlin pourtant annoncé), un Gay Tea Dance animé par Régine, Boy George et Amanda Lear sont présents, Laurent Garnier est encore aux platines
Mars 1990 : le n°81 du journal Lesbia a en couverture une femme cuir, présente le dossier Les Suffragettes et contient un article Partenariat Légalité-L’égalité ; la 4ème de couverture concerne la publicité pour le n° de minitel 36-15 Femm, Femmes entre elles ; le journal créé en 1982, présent en kiosque depuis 1985, est réalisé par une quarantaine de bénévoles ; un week-end par mois en 2 jours et demi 4 ou 5 bénévoles font la maquette du journal à la main ; Catherine Gonnard journaliste depuis 1986, est rédactrice en chef de 1989 à 1998
Mars 1990 : aux USA, un groupe queer radical de New York est fondé par des militants d’Act Up, ils défileront aux côtés d’Act Up lors de la Gay pride en diffusant le Queer Nation Manifesto, favorable au outing de personnalités ; leurs slogans « Une armée d’amantEs ne peut perdre », « Je suis en colère » face aux ravages du sida, « Si tu es Queer, Crie le ! », contre Ronald Reagan, contre le pape et le cardinal O’Connor (antiavortement et anticapotes), « Où en êtes-vous mes sœurs ? », je porte un triangle rose partout, je ne baisse pas la voix en public lorsque je parle de sexe et d’amour lesbien, « pourquoi Queer ? », « Non à la Police du Sexe » Read my lips balance la queeritude au visage de la haine et de l’invisibilité, Pourquoi laissons-nous les hétéros rentrer dans les boites queer, « Je hais les hétéros », « Laissez vous aller à la colère »
11-21 mars 1990 : congrès du Parti socialiste à Rennes, une contribution de HES est présentée, signée par 13 militants, qui porte la revendication du partenariat pour les couples de même sexe, l’ouverture de l’adoption pour les couples de même sexe, la PMA pour les couples de femmes et les femmes seules, et pour les personnes trans la facilitation du changement d’état-civil et le remboursement des frais médicaux occasionnés par la transition ; les GPL ont réussi à faire signer leur contribution – portant uniquement sur le partenariat civil – par plusieurs personnalités, Jack Lang, Yvette Roudy (Henri Maurel est membre de son cabinet), Jean-Luc Mélenchon, Michèle André ou encore Olivier Stirn ; à la suite du congrès Philippe Ducloux, président de HES, sera responsables des questions de sida à la fédération de Paris du PS et Alain Royer, vice-président des GPL, sera secrétaire national en charge des questions de sida au siège du PS, rue de Solférino ; en mai 1990 le sénateur Mélenchon déposera un projet de loi sur le partenariat civil s’inspirant les travaux des GPL (les GPL disparaîtront en 1994)
12 mars 1990 : mort de la romancière britannique Rosamond Lehmann (1901-1990), fille d’un député, étudiante en littérature à Cambridge, elle a en 1930 des contacts avec les lesbiennes du Bloomsbury Group et lorsqu’elle est à Paris avec le Temple de l’Amitié de Natalie Barney ; en 1923 elle épouse Leslie Runciman et diviorce en 1927 ; elle raconte dans son roman Dusty Answer l’hostilité des hommes envers les femmes intellectuelles et décrit l’échec de son mariage dans A Note of Music en 1930, ce roman fait scandale car il décrit la bisexualité de l’héroïne ; The Weather in the Street en 1936 en sera la suite (qui fera l’objet d’un téléfilm en 1983) ; en 1928 elle a épousé Wogan Philipps, ils ont deux enfants, puis son mari, communiste, la quitte pour aller défendre les républicains espagnols ; en 1983 elle est nommée commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique
Avril 1990 : le service d’information et de diffusion du Premier ministre interdit la campagne de promotion du préservatif prévue par l’AFLS dans les métros de Paris, Lyon et Marseille ; Gai Pied titre « La gauche caviarde »
15 avril 1990 : mort de l’actrice suédoise Greta Garbo (Greta Gustavson, 1905-1990), elle est star de films muets de 1926 à 1928, puis de films parlants avec Marta Hari, Grand Hôtel, La Reine Christine, Anna Karénine, etc. de 1932 à 1939, assumant son ambivalence sexuelle et ses vêtements masculins ; bisexuelle elle est marie avec Stiller, vit une romance avec le chef d’orchestre Léopold Stokowski, puis avec l’acteur John Gilbert, et reprend ses amours lesbiennes à partir de 1928, avec l’actrice suédoise Mimi Pollak, Mercedes d’Acosta, et vit des relations platoniques avec plusieurs actrices ; elle aurait eu des relations avec Marlène Dietrich lors de ses débuts Hollywoodiens
21 avril 1990 : mort de l’artiste russe naturalisé français Erté (Romain de Tirtoff 1892-1990), venu à Paris en 1912, il a proposé ses dessins de mode à Paul Poiret sous le nom ce R.T. (Erté) et dessiné sans cesse dans le Harpers’s Bazar ; en 1925 il devenait décorateur de comédies musicales à Londres, puis pour le cinéma à Hollywood ; en 1947 il décorait à Paris les Mamelles de Tirésias de Poulenc, il est devenu une figure célèbre du monde parisien, affichant sans crainte son homosexualité
29 avril 1990 : le Mémorial de la Déportation Homosexuelle (MDH) écarté des cérémonies officielles, effectue un dépôt de gerbe quai de la Tournelle à 11h30, Pierre Seel dépose une gerbe de roses, au son de la chorale gaie Equivox, Thierry Meyssan fait une allocution au nom du MDH
29 avril 1990 : en Italie, le président de l’Assemblée nationale italienne inaugure un monument dédié aux Triangles Roses, à Bologne
Printemps 1990 : diffusion à la télévision d’une série de 10 émissions sur l’Amour en France du réalisateur Daniel Karlin et du psychiatre Tony Lainé qui effectue le tour de France de l’amour ; l’émission provoque les plus vives réactions
17 mai 1990 : l’OMS (Organisation mondiale de la santé) abroge sa classification de 1948 considérant l’homosexualité comme un trouble mental (ou une maladie), le retrait effectif se fera au 1er janvier 1991 ; soit 22 ans après que la France ait adhéré à cette classification
28 mai 1990 : mort du musicien noir américain Julius Eastman, il se sentait divisé entre le fait d’être noir américain et musicien classique ouvertement gay, compositeur d’avant-garde (Evil Nigger ou Gay Guerrilla), il tombera dans l’oubli pendant des décennies
23 juin 1990 : Gay Pride de Paris
Juillet 1990 : sortie du n° zéro de Remaides, réalisé par René Froidevaux et Philippe Beiso qui développant les premiers symptômes du sida, internes des hôpitaux, vivent très mal leur impuissance de médecins face à la progression inéluctable de leur maladie et les difficultés rencontrées par les autres patients pour dialoguer avec leurs médecins, ils veulent donner aux lecteurs « non professionnels de santé » les bases pour dialoguer, échanger, questionner, interpeller aussi, leurs médecins, ils demandent au docteur Jean Deleuze d’être leur relecteur ; Philippe Beiso décèdera en février 1991, René poursuivra leur œuvre commune jusqu’à ce qu’il décède à son tour en décembre 1995, à l’âge de 35 ans, Jean Deleuze sera encore le relecteur du journal en juillet 2017 lors de la parution du n° 100 du journal
12 juillet 1990 : la loi étend les infractions de discrimination, basées sur la race, la nationalité, le sexe, la religion, les moeurs, la situation de famille, aux motifs liés à l’état de santé ou au handicap
19 juillet 1990 : le pasteur Joseph Doucé (1945-1990) – animateur de la librairie Autres cultures et du CCL (Centre du Christ Libérateur) qu’il a créé en 1976 – disparaît mystérieusement, il sera retrouvé mort le 24 octobre en forêt de Rambouillet ; déjà 3 hommes en civil avait frappé chez lui le 19 juin criant « ouvrez police ! » où il vit avec son ami Guy Bondar ; il lui est reproché pêle-mêle d’en savoir trop sur une histoire de pédophilie concernant un ministre (ou quelqu’un de l’Elysée), d’avoir organisé de façon lucrative des voyages à l’étranger pour des candidats au transsexualisme, des relations avec les milieux homosexuels d’extrême droite, de Michel Caignet et Gaie France en particulier (thèse soutenue par Thierry Meyssan et son réseau Voltaire) ; l’ILGA demandera en 1991 un complément d’enquête au ministre de l’intérieur Pierre Joxe ; l’inspecteur des RG Jean-Marc Duffourg, agent intimidateur chargé de la surveillance permanente du pasteur, sera un temps mis en cause (mais il sera « protégé » et rejoindra la préfecture de Paris) ; Françoise d’Eaubonne présidera le comité pour la vérité sur la disparition du pasteur et écrira un livre sur l’affaire ; le 24 décembre 1990 un cambriolage dans les locaux du syndicat national autonome des policiers en civil fera disparaître une trentaine de dossiers relatifs à des mutations et procédures de suspension, dont celui de Jean-Marc Duffourg ; Guy Bondar devra attendre 2 ans avant de récupérer le corps du pasteur Doucé, la librairie et le CCL auront alors depuis longtemps fermé leurs portes ; un non lieu sera prononcé en octobre 2007…
20 juillet 1990 : en RSS d’Arménie, mort du cinéaste et créateur (d’objets-images et de collages) Sergueï Paradjanov (Sarkis Paradjanian 1924-1990), auteur des Chevaux de feu en 1964, de Sayat Nova en 1969, et de 4 autres films ; il est condamné en décembre 1973, à Kiev, à 5 ans d’emprisonnement en camp de travail pour homosexualité, il sera libéré sous la pression d’intellecuels étrangers, dont Louis Aragon, mais sera affaibli par sa captivité ; il réalise en 1884 La Légende de la forteresse de Souran ; en 1988 Patrick Cazals l’a suivi dans un documentaire sur le tournage de son dernier film Achik Kerib ; il n’a été pleinement reconnu qu’en 1989 avec des expositions à Erevan
22 juillet 1990 : mort du romancier argentin Manuel Puig (1932-1990), passionné par le cinéma, il transforme ses scénarios en romans (La Trahison de Rita Hayworth 1968, Le plus beau Tango du monde), et le réalisateur Hector Babenco réalise son film Le baiser de la femme araignée à partir de son roman de 1976 dans lequel un homosexuel a pour mission de faire avouer un détenu politique mais l’homosexuel aime et séduit le prisonnuer avant de mourir en héros, la pièce adaptée au théâtre sera un succès mondial
30 juillet 1990 : mort de l’ancien secrétaire d’Etat à la Culture du premier gouvernement Chirac Michel Guy (1927-1990), conseiller artistique de Georges Pompidou, fondateur du Festival d’Automne ; esprit brillant, passionné de culture, il assume son amour pour les hommes sans provocation ni honte
4-12 août 1990 : au Canada, le 4 août ouverture des 3èmes Gay Games à Vancouver au stade de BC Lions, 26 000 spectateurs sont présents, mais ni le gouvernement fédéral, ni le gouvernement provincial de Colombie britannique n’ont versé le moindre dollar, ils mettent seulement la police locale à disposition des organisateurs ; le Vancouver Sun parle de « l’invasion des sodomites » ; les retombées économiques pour 1,5 million de $ sont importantes, évaluées à plus de 14 millions de $ pour l’économie locale, les commerçants locaux ont d’ailleurs largement sponsorisé les Jeux ; 7 500 athlètes s’affrontent, dont une centaine de français encadrés par le CGPIF (comité gai Paris-Ile de France), pour 28 disciplines ; le Palais des Nations organise chaque nuit une fête qui réunit jusqu’à 3 000 danseurs ; si bien que le gouvernement provincial envoie le ministre de la Justice, Stuart Smith, faire un discours lors de la cérémonie de clôture le 12 août
5 août 1990 : en Egypte, la 19ème conférence islamique du Caire adopte la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme islamique, elle subordonne la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme à la charia
20 août 1990 : mort du violoncelliste Maurice Gendron (1920-1990), protecteur et imprésario de Gabriel Dussurget, ami de Jean Cocteau et Francis Poulenc, qui l’ont introduit dans les salons homosexuels, ami de Benjamin Britten, il a fait une carrière de chef d’orchestre et de soliste
Septembre 1990 : le ministre de la Santé, Claude Evin autorise l’AZT pour le traitement des séropositifs asymptomatiques et des patients atteints de signes cliniques précoces de l’infection, à la suite des conclusions d’études américaines en août 1989 montrant l’efficacité du traitement et la diminution des effets secondaires : aux USA, un marché potentiel de 650 000 personnes s’ouvre contre 45 000 jusque là (les actions des laboratoires Welcome monte de 34% à la Bourse de Londres)
Septembre 1990 : création d’un groupe des Sœurs de la perpétuelle indulgence à Paris, dans un contexte où le 2nd septennat de François Mitterrand peine à répondre à de nombreuses revendications sociales et à la question du sida ; des groupes de Sœurs se sont alors développés aux Etats-Unis, en Colombie, en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Suisse
5 septembre 1990 : une jurisprudence de la Cour de cassation reconnaît le viol entre époux est reconnu, le consentement à la sexualité doit être exprimé
8 septembre 1990 : à Marseille, création du CEL (centre évolutif Lilith) qui déploiera ses activités culturelles et de loisir (bowling, randonnée, hammam, dessin, voile, équitation, cinéma, tarot, ferronnerie, restaurant) qui ouvrira son local au 33 bd Longchamp, elle aura 110 adhérentes en 1994, avec ses permanences les mardis et mercredis de 18h30 et 20h30, et soirées proposées tous les derniers vendredi du mois aux salons de l’Alhambra, en face de la gare de la Blancarde ; d’abord association de femmes, culturelle et de loisir : permanences d’accueil, ligne d’écoute, convivialité, tarot, repas, sorties théâtre, astrologie – l’association d’astrologie et de numérologie que créait par Mireille G. a été le démarrage du CEL-, visites de Marseille (avec Nicole), cours d’anglais (avec Anita Freund), fêtes à Longchamp, santé (dépistage des cancers gynécologiques) ; il y a aussi Chantal, Patricia L., Muriel et Maïté ; Dali est présidente ; et plus tard le journal Esprit de CEL
24 septembre 1990 : à Paris, réunion de travail du Collectif des associations homosexuelles et de lutte contre le sida qui rassemble la plupart des acteurs communautaires (Act up-Paris, Arcat-Sida, Positifs, le projet Ornicar, Positifs, Aparts, SOS Ecoute gaie, les Gais Pour les Libertés, Homosexualités & Socialisme, la Rhif, FG, les Gais Retraityés, le MAG, David & Jonathan, le Gage, etc.) ; Dominique Charvet et l’AFLS sont disposés à financer l’une ou l’autre initiative ; Thierry Meyssan du Projet Ornicar et Jean le Bitoux pour Arcat-Sida finissent par proposer des statuts pour une fédération d’associations en vue de la création du Centre gai mais le projet est désapprouvé par la plupart des membres du collectif qui craignent un manque de liberté pour les associations et se méfient des promoteurs
30 septembre 1990 : mort de l’écrivain Patrick White (1912-1990) de patrents australiens, il fait de brillantes étiudes à Cambridge, officier de renseignement au Moyen Orient ; il s’établit dans les faubourgs de Sidney avec son amant Manoly Lascaris puis en 1964 à Sidney ; il écrit L’Arbre de l’homme;, Le Char des élus, Le Mystérieux Mandala, il dénonce la vulgarité de la vie modene dans une société qu’il juge trop urbanisée, il écrit des nouvelles Les Echaudés en 1964 et Le Cacatoès où éclate sa passion sexuelle ; il sera source fréquente d’inspiration chez les écrivains homosexuels, il est hanté par sa mère séductrice et narcissique qui apparaît comme héroïne dans L’Oeil du cyclone ; il est prix Nobel de Littérature en 1973, plus célèbre à l’étranger que dans son pays natal ; à partir de 1988 il acquiert la notoriété en Australie avec ses pièces de théâtre comme Les Grands Jouets, ; il assume son homosexualité dans son autoportrait Défauts dans le miroir en 1981 et dans Mémoires de plusieurs en un seul en 1986 ; ses préférences sexuelles et son refus des valeurs conservatrices l’ont toujours opposé aux milieux traditionnels
Automne 1990 : premiers procès intentés par des hémophiles et des transfusés
13 octobre 1990 (??) : GI n°49 (à consulter pour vérifier !) indique que la fondation Mémoire des Sexualités organise une soirée-débat sur la déportation des homosexuels sous le régime nazi au centre Beaubourg, Jacques Vandemborghe a réuni Hans Georg Stumke, historien allemand auteur du livre « Rosa Winkel, Rosa Listen » (Triangles roses, listes roses), Jean Boisson, auteur de « Le triangle Rose » (Laffont, 1988) et Pierre Seel, ancien déporté
14 octobre 1990 : aux USA, mort du chef d’orchestre Leonard Bernstein (1918-1990), il a dirigé souvent les œuvres de ses amis Francis Poulenc et de Benjamin Britten, en 1957 l’œuvre de sa composition West Side Story lui a conféré une renommée mondiale ; discret sur ses amours, il a partagé pendant 15 ans une passion pour un pianiste célèbre
18 octobre 1990 : découverte en forêt de Rambouillet du corps dénudé du pasteur Joseph Doucé (1945-1990), fondateur en 1976 du Centre du Christ Libérateur (CCL) qui permet de réunir des groupes de paroles sur les minorités sexuelles (transsexuels, travestis, gay sourds et muets, sadomasochistes, lesbiennes, bisexuels, pédophiles), il procédait à des bénédictions d’amour et d’amitiés pour des personnes de même sexe ; le 19 juin 1990 il a été visité à son domicile par 3 hommes et le 19 juillet deux hommes sont venus le chercher, un certain Jean-Marc Dufourg lié aux RG expliquera qu’il fallait éviter qu’il compromette des personnalités ; le 1er décembre 1990 sera créé un Comité pour la vérité sur la disparition du Pasteur, autour de Françoise d’Eaubonne, le 24 décembre un cambriolage dans les locaux du syndicat national autonome des policiers en civil fera disparaître une trentaines de dossiers relatifs à des mutations ou des procédures de suspension, dont celui de Jean-Marc Dufourg ; Guy Bondar, l’ami de Joseph Doucet, devra attendre deux ans avant de pouvoir récupérer le corps et l’affaire sera conclue par un non lieu en octobre 2007
Novembre 1990 : création de Sida Infos Service à l’initiative de Pierre Kneip (cet ancien volontaire d’Aides décèdera du sida le 2 décembre 1995) ; elle répondra à toutes les questions qui lui seront posées par téléphone sur le sida et chaque appel fera l’objet d’une fiche permettant de suivre l’évolution de l’épidémie ; l’association durera longtemps (elle se relèvera d’un redressement judiciaire en 2016-2017)
1er décembre 1990 : aux Halles, à Paris, Act Up manifeste à l’occasuioin de la Journée mondiale de lutte contre le sida, avec une banderole « Sida : une journée ça ne suffit pas! », le quartier est bloqué à la circulation, plusieurs centaines de manifestants distribuent seringues et préservatifs
7-10 décembre 1990 : 1ère conférence internationale des lesbiennes asiatiques (les femmes non asiatiques, ni les journalistes n’y sont admis)
7 décembre 1990 : à Paris, Jean Le Bitoux, soutenu par Dominique le Fers pour Aides Ile de France, annonce l’ouverture prochaine d’un Centre gai expérimental, installé dans un lieu mythique, l’appartement de Frédéric Edelmann (25 rue Michel-Lecomte, qui a vu naître l’association AIDES en 1984), l’AFLS n’est pas prévenu et il n’y a pas de subvention prévue, mais l’AFLS finance immédiatement l’initiative ; Frank Arnal et Didier Lestrade dénoncent le putsch, mais la machine est lancée, le lieu ouvre le 10 décembre, sans structure légale, il est porté pendant 2 ans par l’association Civis, sans que cette Maison des Homosexualités soit elle-même constituée en association ; elle est toutefois un lieu inter-associatif, quelque peu parasité par des querelles internes
8 décembre 1990 : mort de l’écrivain et librettiste russe Boris Kochno (1904-1990), fils d’un colonel de l’armée impériale, amant du compositeur Karol Szymanowski ; arrivé à Paris en 1920, il s’enthousiasme pour la peinture française et la musique de Stravinski, et devient l’amant et principal collaborateur de Diaghilev le créateur des Ballets russes ; il écrit l’argument des ballets Les Fâcheux (à partir de la pièce de Molière, musique de Georges Auric) en 1924, La Chatte en 1927 et du Fils Prodigue en 1929, il restera fidèle à Diaghilev jusqu’à sa mort le 19 août 1929 ; en 1939 il partage avec Massine la direction des Ballets de Monte Carlo ; en 1945 il écrit le livret du ballet Les Forains (musique de Sauguet, chorégraphie de Roland Petit) avec un décor de Christian Bérard son nouveau compagnon ; il devient directeur des Ballets des Champs-Elysées, il écrit une Histoire de la Danse et une hagiographie de Christian Bérard ; en novembre 2001 l’Opéra de Paris lui rendra hommage
13 novembre 1990 : démarrage de la ligne téléphonique Sida Info Service, c’est le 1er appel ; orientée grand public, la ligne fait peu à peu de l’information médicale
29 décembre 1990 : mort de l’écrivain Pierre Gripari (1925-1990), il a écrit une quarantaine de romans, son autobiographie, une pièce à succès et des Contes qui lui ont donné la célébrité ; il avouait un privé son goût pour les garçons
31 décembre 1990 : 15 573 cas de sida ont été recensés en France (dont 8 185 homo-bisexuels).
1991 : Cinéma : « J’embrasse pas » d’André Téchiné, « Together Alone » de P.J. Castellaneta, « Basic Instinct » de Paul Verhoeven, Les Equilibristes de Nico Papatakis, La perm d’Eytan Fox, cinéaste israélien, My Own private Idaho de Gus van Sant. Variétés : Mylène Farmer (Désenchantée).
1991 : sortie du film Edouard VII de Derek Jarman, qui reprend le texte de la pièce de Christopher Malowe qui met en scène une Angleterre en proie à la violence sociale et à l’injustice, impitoyable pour les minorités, si Edouard VII fut père de 5 enfants, l’époque ne retient de ce souverain que son amour pour deux favoris, le roturier Graveston et le jeune noble Despenser, ce qui le mena à la déposition et à son exécution dans d’atroces conditions
1991 : la liste des victimes du sida s’allonge : Pierre Corboni (collaborateur de Gai Pied Hebdo), Sébastien Dietrich (27 ans, collaborateur de Samouraï et de Gay infos), Richard Dunne (fondateur du Gay Men’s Crisis Organization), René Brunel (animateur de Béret basque et bottes de cuir et de Halleluhia Klaxon sur Fréquence Gaie), Thierry Roth-Platten (soprano), Jean-Marie Simon (metteur en scène), Jean-Paul Baggioni (ancien président du comité Aides Paris Ile de France, un des 1ers à avoir témoigné de sa séropositivité à la télévision), Gérard Maison (membre du CUARH, ancien directeur de Homophonies), Jean-Claude Hirschi (militant de HES et du MDH), Francis Faure (styliste et peintre), Claude de Rosa (militant d’Act-Up et collaborateur de Gai-Pied Hebdo), Alain Leroi (Jeanne d’Arc, militant des 1ères heures), Brad Davis (acteur de Midnight Express et de Querelle), Jacques Morali (producteur des Village People), Etienne (dessinateur), Freddie Mercury (chanteur flamboyant) ; à Marseille, René Murat cite parmi ses amis morts du sida : Michel Hubert, Michel et Jendo, Guy Coutance, Tony Copado, Igor Ivanoff
1991 : l’Assemblée nationale fait barrage à une tentative du Sénat de re-criminaliser l’homosexualité
1991 : un arrêt de la Cour de cassation proscrit la GPA
1991 : Edith Cresson, 1ère femme Premier ministre nommée le 15 mai, déclare que « un homme qui ne s’intéresse pas aux femmes est en quelque sorte un petit peu estropié » et « je pense que l’hétérosexualité est ce qu’il y a de mieux, l’homosexualité est différente, marginale », elle critique l’homosexualité latente du peuple britannique ; le Pr German, président de l’Académie nationale de pharmacie définit les gays comme « une population qui utilise une muqueuse fine, fragile et très perméable, à des fins qui ne sont pas les siennes. On les appelle personnes à risques pour couvrir ainsi pudiquement toutes les dépravations » et « Les virus ont toujours joué leur rôle de tueurs, mais cessons d’être leurs complices » (le ministre délégué à la Santé, Bruno Durieux demandera officiellement sa démission ; Christine Boutin, députée, fait voter une taxe de 30% sur les services minitels « pornographiques », le ministre du Budget Michel Charasse veut surtaxer encore davantage les messageries roses ; les députés rejettent les propositions du Sénat de pénaliser la transmission du sida et les rapports homosexuels avec des mineurs de 15 à 18 ans ; André Méric, secrétaire d’Etat chargé des Anciens combattants et Victimes de guerre, attribue aux homosexuels déportés les mêmes droits à réparation que les autres déportés
1991 : 3ème festival lesbien de films de réalisatrices Quand les lesbiennes font du cinéma au cinéma République sur le thème les débuts du féminisme et du lesbianisme ; création à Amiens de l’association les Immédianes (elle sera dissoute en 2000) ; création de la commission lesbiennes et femmes chez Act-up ; parution de l’Annuaire 1991 de l’ARCL
1991 : apparition sur Canal Plus Le journal du hard qui présente l’actualité du cinéma porno avec Philippe Vandel, il y restera 5 ans sans la moindre censure (après les années 1980 qui avaient connu des programmations de porno soft sur M6 ou des magazines consacrés à la sexualité comme Sexy Folies ou de confessions intimes sur TF1) ; la même année les films classés X sortent de leur ghetto avec l’arrivée de la vidéo et des magnétoscopes ; c’est en 2001 que la télé-réalité apparaîtra
1991 : création du régime des ATU (autorisations temporaires d’utilisation) permettant aux malades sans traitements atteint du VIH de bénéficier de traitements en cours d’élaboration
1991 : les gays et les lesbiennes accèdent au prime-time à la télévision : téléfilm sur M6 (« Toi, mon fils »), n° « Spécial gais » de Culture Pub, « Nuit rose » de Canal Plus
1991 : à Paris, premiers Etats généraux sur le sida au Bataclan
1991 : à Paris , Fréquence Gaie reprise et restructurée par Henri Maurel ; inauguration à Lyon de la Maison des Homosexualités créée autour de l’ARIS, financées par l’AFLS ; à Paris inauguration du 1er Club hôtel gai, à côté du Central ; Nantes un arrêté municipal ferme les sex-shops dès 22h ; à Dijon le préfet de police fait interdire la seule soirée dansante bimensuelle homosexuelle pour une raison de licence de débit de boisson ; à Amiens une circulaire de police municipale recommande le contrôle d’identité et le fichage des homosexuels sur les lieux de drague ; le mouvement hip-hop Zulu-Nation lance un tract homophobe contre Georges Lapassade, enseignant à l’Université de Paris-Saint Denis, ex-militant du FHAR
1991 : à Bordeaux, création de l’association For’hommes, qui prend la succession du GLH et du GHB nés respectivement en 1975 et 1979, créée par Georges Andrieux (cofondateur du GLH et du GHB) et Lauric Duvigneau, qui devient le trésorier
1991 : à Marseille, création de SPGP (Santé et plaisir gay Provence) par Jean-Marcel Michel et son ami Richard Herry, à l’image de SPG (Santé et Plaisir gay) créé à Paris en 1988, alliant prévention et plaisir, avec diffusion de messages de prévention contre le VIH auprès des hommes qui aiment les hommes et l’assistance aux personnes infectées par le VIH, et organisation de « safer sex parties », les Jack-Off parties, soirées dédiées – en lieu privé et sur invitation – à la pratique du sexe sous réserve d’un engagement rigoureux concernant les pratiques sexuelles, signé auparavant ; une brochure sera co-éditée par Aides et SPG en 1992
1991 : à Marseille, plusieurs « signaux » manifestent un besoin de renaissance associative ; en janvier 1991 conférence de Dominique Charvet directeur de l’AFLS organisée par Mémoire des sexualités, David et Jonathan a préservé depuis longtemps un petit groupe d’adhérents, SPGP (Santé et plaisirs gay Provence) fait des soirées d’accueil, Rando’s organise des sirties de randonnée, l’association Différent se crée (elle sera éphémère), le magazine gratuit Ibiza organise des animations d’été, du côté des lesbiennes le CEL (Centre évolutif Lilith) fait son apparition
1991 : sortie du film Beignets de tomates vertes tiré d’un livre paru en 1987, le roman le plus célèbre de l’écrivaine américaine Fannie Flagg dont l’adaptation au cinéma lui vaut une nomination aux Academy Awards ; en Alabama la rencontre entre deux femmes, Idgy et Ruth, de presque 50 ans provoque une série de rebondissements liés aux relations interraciales, au vieillissement, au respect de la vie et à la dignité de la personne humaine, sans que personne n’ose remettre en cause les relations entre les deux femmes
1991 : à Chypre, Mgr Chrysostomos décrète l’excommunication de tous ceux qui s’adonnent aux « relations contre nature »
1991 : en Pologne, le vice-ministre de la Santé se déclare contre l’usage du préservatif au nom de ses convictions religieuses, pour lui le sida se propage pas des contacts homosexuels, déviants (il sera limogé)
1991 : en Grande-Bretagne, renforcement de l’appareil législatif répressif à l’égard des homosexuels, selon la Clause 25 trois catégories d’actes homosexuels sont requalifiés en crimes graves dont les tentatives de rencontres sur les lieux publics avec intention d’avoir des relations sexuelles (sourires, clins d’œil, bavardages, échanges de noms ou de numéros de téléphones) ; dans l’ile de Man une cinquantaine d’homosexuels sont arrêtés au cours d’un traque anti-gaie ; à Londres, les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence fêtent leur 1er anniversaire et canonisent le cinéaste homosexuel Derek Jarman
1991 : en URSS, malgré la Glasnost, les homosexuels peuvent être jetés en prison, envoyés en camp et enfermés dans des hôpitaux psychiatriques, les autorités interdisent Tema, le 1er journal gay, des militants récidivent en réant le journal clandestin Risk ; la Lituanie maintient l’article 121 de l’ancien code pénal soviétique qui condamne l’homosexualité ; à Belgrade, l’association Arkadia lance un appel à l’ILGA pour dénoncer les comportement des régimes serbes et croates qui s’en prennent aux homosexuels, aux juifs et aux tsiganes, l’association yougoslave Rosa Klub s’efforce organiser des soirées hebdomadaires et d’éditer une revue militante ; à l’inverse la République Tchèque élabore un projet de partenariat civil pour les gays
1991 : aux USA, une vague de outing traverse le pays, l’homosexualité de Pete Williams, adjoint et porte-parole su Secrétaire à la Défense, est révélée, ainsi que celle de Tom Duane, candidat au siège de député de New-York ; la star du basket US Magic Johnson annonce sa séropositivité ; à San Francisco, le maire remet pour la Saint-Valentin 400 certificats de concubinages homosexuels ; une association qui envisageait depuis plusieurs années d’organiser la 1ère Gay Pride américano-soviétique sur la Place Rouge abandonne son projet
1991 : aux USA, à Rhode Island, le 1er couple de femmes dont l’enfant est conçu par insémination obtient le droit d’être adopté par la co-parente
1991 : aux USA, la professeure de droit Kimberlé Crenshaw développe dans la Standford Law Rewiew le concept d’intersectionnalité mettant en évidence le cumul de plusieurs discriminations, comme celle des femmes de couleur au carrefour du racisme et du sexisme, « pas plus prise en compte par le discours féministe que par le discours antiraciste »
1991 : aux USA, mort de Berenice Abbot (1898-1991), devenue à Greenwich Village, à New York, l’amie de nombreuses lesbiennes dont Djuna Barnes, elle a acheté un studio à Christopher Street, fait la connaissance de Marcel Duchamp et de Man Ray, voyagé à Paris avec Elisa Von Freytag-Loringhoven (surnommée « la baronesse ») où elle a installé son studio photo, avec l’aide de Peggy Guggenheim, où de nombreux-ses homosexuel-les et d’autres sont venus se faire photographier (Cocteau, Maurois, James Joyce, Marie Laurençin, Sylvia Beach, Djuna Barnes, Thelma Wood, etc.)
1991 : au Canada, sortie du 1er film de Bruce LaBruce No skin Off My Ass, amateur de porno et bricoleur de la transgression sexuelle ; il fera Hustler White en 1997 et Gérontophilia en 2014, ou encore Super 8 et 1/2
1991 : au Mexique, à force de pressions hostiles la 13ème conférence de l’ILGA qui devait se tenir à Guadalajara est annulée
1991 : aux Pays-Bas, 13 municipalités ouvrent leurs « registres des mariages » aux couples homosexuels
1991 : Amnesty International accepte de prendre en compte les emprisonnements pour homosexualité dans ses rapports
1991 : en Finlande, mort de Tom of Finland
10 janvier 1991 : à Paris, incendie du King Night, av de St Ouen (18ème arr), provoquant sa fermeture définitive ; ouvert en 1983 par David Girard, c’est le petit frère nocturne du King Sauna installé à proximité, son nouveau propriétaire préfèrera demander l’autorisation pour le King Sauna d’ouvrir la nuit
Février 1991 : l’AFLS (Agence française de lutte contre le sida) lance son appel à projet pour l’année en cours, il porte sur 5 axes : usagers de drogues par voie intraveineuses, désinsérés, prostitution professionnelle ou occasionnelle, populations défavorisées, milieux homosexuels et bisexuels masculins, migrants
13 février 1991 : mort du sculpteur allemand Arno Breker (1900-1991), en 1924 il a fait la connaissance à Paris de Jean Cocteau, s’est enthousiasmé pour l’œuvre de Rodin et s’est lié d’amitié pour le sculpteur Maillol ; il a séjourné un an en Italie en 1933 envouté par Michel-Ange ; de 1938-1945 il a reçu de nombreuses commandes d’Hitler, et exposé ses sculptures au musée de l’Orangerie à Paris ; inspiré surtout pas le nu masculin, à travers l’athlète et le guerrier ; il a été méprisé et poursuivi à la Libération, retourné à Düsseldorf, il a produit plusieurs bustes, de Serge Lifar, Jean Cocteau, Jean Marais ou encore Salvador Dali
Mars 1991 : Gai Pied Hebdo dresse des portraits de militants emblématiques des années 1990 : Bernard Sellier, Jean-Paul Montanari, Jan-Paul Pouliquen, Hervé Liffran, Michel Heim, Audrey, Gérard Bah-Ignasse, Alain Leroi, Patrick Cardon, André Tiraboschi, Claude Courouve, Geneviève Pastre, Françoise Renaud, Christian de Leusse, Claudie Lesselier ; le journal organise à Paris le 3ème Salon de l’homosocialité au Cirque d’Hiver avec un grand succès, plus de 60 organisations dont beaucoup de province, des milliers de visiteurs dont le ministre Jack Lang, ainsi qu’en juin un concert exceptionnel du New York City Men Chorus au profit de Aides, Jean Guidoni et Régine sont en vedette
Mars 1991 : parution de L’Ecole du Sud de Dominique Fernzandez, saga familiale et allégorie des prodigalités méditerranéennes
Mars 1991 : le n° 26 du Journal du sida (savoir, informer, débattre, analyser), Frédéric Edelmann par ailleurs journaliste au Monde, est directeur de la publication, il fdirige la rédaction avec Jean-Florian Mettetal, Jean Le Bitoux est secrétaire général de la rédaction, avec les secrétaires de rédaction Jean-Sébastien Thirard et Pierre-Michel Rainon ; un rapport sur les assurances indique qu’il est désormais interdit aux assureurs de faire référence dans leurs questionnaires à la vie privée et à la sexualité des contractants, ainsi les séropositifs entrent dans le droit commun des assurances, mais ils seront assurables moyennant une surprime ; à New York le Centre Gai ouvert depuis 7 ans est un lieu d’accueil et d’information au service de la communauté homosexuelle mais aussi un lieu essentiel de prévention et de solidarité face à l’épidémie du sida et la Gay Men’s Health Crisis, financée à 70% par des contributions privées (et 17% par l’Etat et la ville de NY), est la plus importante association d’entraide aux malades du sida, plus de la moitié des personnes séropositives ou malades de la ville ont recours à ses services ; l’AFLS dresse en bilan de son appel à projet 1990, xs’il y a une mobilisation des acteurs de terrain, il reste bien des populations difficiles à atteindre ; Alain Molla, responsable juridique d’Aides-Provence, dénonce l’ambiguité des rapports entre institution pénitenciaire et secret médical, il plaide pour un assouplissement de la sanction pénale à la lumière de la maladie ; le sociologue Alain Giami analyse le positionnement des sciences sociales dans les multiples domaines de la recherche sur le sida Frédéric Edelmann signe un article sur Le Protocole compassionnel de Hervé Guibert, « l’auteur ici, atteint une maturité, une sérénité qui s’impose comme une véritable leçon de vie » note-t-il
2 mars 1991 : mort de Serge Gainsbourg (Lucien Ginsburg 1928-1991), dans une longue interview à Gai Pied le 29 septembre 1984, le fabuleux auteur, compositeur, interprète qui a vécu avec la très androgyne Jane Birkin, confiait – crument et de façon très provocatrice – ses aventures homosexuelles : « C’était mignon mais pas trop petit parce qu’autreent ça devient dégueu. Enfin moi j’ai une morale du XIXème siècle. Trop petit par le trou de balle ! Bien sûr, les petits garçons parce que c’est tout frais. Je préfère encore le petit garçon à une petite fille, parce que je dis qu’une petite fille, ça sent la pisse. Un peit garçon ne sent jamais la pisse : il se lavec la queue, il est net, il est propre. »
21-24 mars 1991 : à Barcelone, conférence européenne de l’ILIS
Avril 1991 : début de l’affaire du sang contaminé
Avril 1991: Dominique Charvet, directeur de l’AFLS, affirme que son budget comprend une ligne budgétaire « homosexualité » dotée de 5 millions de francs ; lors du colloque « Homosexualités et sida » Act-Up Paris s’en prend violemment à Dominique Charvet. ; le rapport Jolivet qui tente de régler le comportement des Cies d’assurances vis à vis des séropositifs agite le débat
Avril 1991 : pour la 1ère fois, le MDH, Mémorial de la Déportation Homosexuelle, peut déposer une gerbe de fleurs en mémoire des homosexuels déportés auprès du monument commémoratif à Paris
3 avril 1991 : mort du claveciniste et historien de la musique ancienne Robert Veyron-Lacroix (1922-1991)
Mai 1991 : à Villeneuve-les-Avignon, rencontres organisées par l’AFLS, avec présentation d’une action de prévention réalisée par SPG (Santé et Plaisir gai), des « groupes de parole et de créativité » pour des homosexuels et des bisexuels destinées à répondre aux difficutés rencontrées pour mettre en œuvre les pratiques du safer sex (sexe plus sûr, ou sexe à moindre risque) ; deux chercheuses Liliane Feuillet et Chantal Wernoth réaliseront une études « Les homosexuels et le safer sex, contribution psychanalytique à la prévention du sida » sous la direction d’Hubert Lysandre, du laboratoire de psychologie clinique
Juin 1991 : à Paris, plus de 5 000 homosexuels défilent pour la Gay Pride
19-23 juin 1991 : aux USA sur la côte Est conférence internationale de l’ILIS (ateliers : jeunes lesbiennes, sexualité, lutte contre le racisme, etc.
20 juin 1991 : mort de Joseph Nadjari, syndicaliste cheminot, peintre, juif trotskiste, proche du GLH de Marseille dans les années 1980, à l’âge de 79 ans ; en 1989, Mémoire des sexualités a organisé une exposition des œuvres du peintre Joseph Nadjari
Septembre 1991 : à Marseille, inauguration du local de l’association Le Patchwork des Noms par des membres de Aides Provence dont France Martin-Rey, Jean-Marcel Michel, Richard Herry et Bruno Blanco qui considèrent que Aides ne travaille pas assez sur la mort et la mémoire des personnes décédées du sida ; le Patchwork des noms qui a été créé à Paris en 1986 en particulier par Claude Vinueza et Jacques Hébert, s’inspire du Names Project américain ; la création de l’association est immédiatement consécutive à la mort de Jean-François Gagneux, trésorier de Aides Provence, que Jean-Marcel et Richard apprécient beaucoup, « une personnalité rare » dit Jean-Marcel Michel, après qu’ils se soient retrouvés dans la villa de Jean-François et de son ami à Cassis ; ainsi nait le 1er atelier du Patchwork qui se tiendra de 1991 à 1994 et donnera lieu à la confection de carrés de tissus par des bénévoles souhaitant éviter que leurs proches décédés du sida ne soient oubliés ; ils organiseront des cérémonies de déploiement de ces patchworks selon un rituel défini par l’association nationale, en particulier lors de la journée mondiale de lutte contre le sida du 1er décembre
8 septembre 1991 : mort de Brad Davis (Brad Robert Creel 1949-1991), acteur, devenu célèbre avec Midnight Express d’Alan Parker, révélation masculine de 1979 ; mort du sida, son amant a rendu publique sa dernière lettre dans laquelle il expliquait pourquoi il avait dissimulé sa maladie, par crainte de ne plus pouvoir travailler
26 septembre 1991 : mort du peintre français Edouard Mac Avoy (1905-1991), il a fait le portrait de nombreuses personnalités et mené une carrière officielle (auprès de l’Unesco, du salon d’Automne ou de la Mairie de Paris), il a illustré les œuvres de Montherlant, marié et restant très discret sur son homosexualité qui ne s’est révélée que dans ses Carnets intimes
4-5-6 octobre 1991 : aux assises de Nancy, Arnaud Marty-Lavauzelle est élu président de la fédération AIDES ; Daniel Defert déclare : « Comme vous tous, je n’en peux plus d’aller au cimetière toutes les semaines »
12 octobre 1991 : de niveau national, le Collectif Gay Pride regroupe une trentaine d’associations, 26 militants (parmi lesquels Françoise Renaud, Jacques Lemonnier, Hervé Lebeaupin, Jean Le Bitoux, Thierry Meyssan, Geneviève Pastre, Jan-Paul Pouliquen, Jean-Sébastien Thirard, Dominique Touillet) ont travaillé à la rédaction d’un document d’analyse et de propositions, avec comme points forts : une minorité fragile, le coût humain du rejet social, les difficultés sociales des homosexuel/les, 25 propositions de réforme concernant les divers aspects de la vie sociale, ils proposent en annexe une douzaine de livres et documents
Novembre 1991 : incarcération du Dr Jean-Olivier Miesch qui prescrivait aux malades du sida un simple anti-inflammatoire, en leur promettant une guérison quasi-miraculeuse
1° novembre 1991 : les militatys d’Act up-Paris organisent un zap spectaculaire en investissant la cathédrale Notre Dame de Paris avec déploiement d’une banderole devant le choeur de l’église pour dénoncer l’attitude de l’Eglise catholique qui condamne l’usage de préservatif alors que l’épidémie du VIH-SIDA fait des ravages sur tous les continents, la banderole déployée affiche « Sida : 750 000 morts, l’Eglise en veut encore ? »
7 novembre 1991 : en Finlande, mort de Tom of Finland, Touko Laaksonen (1920-1991) de son vrai nom, auteur de dessins homo-érotiques qui seront de plus en plus connus après sa mort ; en 1953 son compagnon, Veli, l’incite à envoyer ses dessins à la revue américaine Physique Pictorial ; le pseudonyme Tom of Finland est apparu pour la 1ère fois en 1957 dans le coin d’un dessin publié dans cette revue américaine, il aura de l’influence sur de nombreux artistes comme Robert Mapplethorpe, Geoge Quaintance, mais aussi Freddy Mercury ou encore Jean-Paul Gaultier ; il a créé la Fondation Tom of Finland avec Durk Dehner rencontré en 1983 à Los Angeles ; dans ce pays l’homosexualité était considéré comme une maladie mentale jusqu’en 1981 ; en 2017 le cinéma le mettra à l’honneur dand le drame biographique finlandais Tom of Finland, de Dome Karukoski
24 novembre 1991 : mort du chanteur britannique d’origine indienne Freddie Mercury (Farrock Bulsara, 1946-1991), il a 46 ans, il meurt d’un sida compliqué par une pneumonie, chanteur des Queen adulé ; sa famille réprouve son homosexualité, il abandonne ses études de danse et de dessin pour devenir chanteur, il chante avec David Bowie mais aussi Montserrat Caballé, il compose des musiques de film ainsi que le thème des JO de 1992 ; avant de pourir il ose, comme Rock Hudson, témoigner contre le fléau su sida, son guitariste Brian May dira : « Il dévorait la vie. Il en célébrait chaque minute. Et comme une grande comète, il laisse derrière lui une traînée de lumière qui brillera encore pendant des générations », les musiciens du groupe cherchent à passer sous silence la cause de son décès
9 décembre 1991 : mort de la photographe américaine Bérénice Abbot (1898-1991), originaire de l’Ohio, elle s’installe à Greewich Village et devient amie de nombreuses lesbiennes dont Djuna Barnes, elle veut devenir sculptrice, rencontre Marcel Duchamp (1887-1968) qui l’introduit auprès de Man Ray (1890-1976), elle s’instlle dans un studio à Christopher Street, fait la connaissance de Elsa von Freyrag-Loringhoven, peintre et poète, qui l’emmène à Paris en mars 1921 ; Man Ray la prend comme assistante, en 1926 grâce à l’aide de Peggy Guggenheim (1898 1979) installe un studio ou de nombreuses lesbiennes et des homosexuels viennent de faire tirer le portrait ; au premier Salon des photographes indépendants en 1926 elle expose les portraits de Jean Cocteau, André Maurois, James Joyce, Marie Laurencin, Sylvia Beach, Djuna Barnes et Thelma Wood ; elle découvre l’oeuvre photographique de Eugène Atget (1857-1927), elle achètera toutes ses archives et défendra son oeuvre par des livres et des expositions ; de retour à New York en 1929 elle est peu connue, entre en conflit avec le directeur du Museum of Modern Art, Alfred Stieglitz, et devient professeure de photographie à la New School Social Research et finit par obtenir une subvention pour son projet Changing New York avec une exposition en 1937, de nombreux articles et un livre en 1939 ; elle s’engage dans la photographie scientifique, son projet ne sera accepté qu’en 1958 après le lancement du Spoutnik soviétique ; sa notoriété perdure après sa mort
27-31 décembre 1991 : à Berlin, 13ème conférence européenne de l’ILGA
27 décembre 1991 : mort de l’écrivain Hervé Guibert (1955-1991), ses romans Les Chiens et Les Aventures singulières en 1982 sont entre pornographie et sadomasochisme, il est alors proche du peintre Francis Bacon qu’il admire ; atteint du sida il exprime son désir avec lucidité et humour dans A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie et décrit les symptômes précis de sa maladie et de sa souffrance dans Mon valet et moi ; il est l’auteur du scénario de L’Homme blessé réalisé par Patrice Chéreau en 1983 qui donne une image tragique et sans issue de l’amour entre deux garçons
31 décembre 1991 : 20 165 cas de sida ont été recensés en France (dont 10 332 homo-bisexuels) depuis 1982.
1992-1995 : Valère Rogissart, éducateur proche des toxicomanes, hétérosexuel, crée avec Arnaud Marty-Lavauzelle, président de Aides, Asud (association d’autosupport des usagers de drogue) en 1992 et lance Limiter la casse en mars 1993, l’année la plus meurtrière pour les usagers de drogue, déçu par le secrétaire d’Etat puis ministre de la Santé et de l’Action humanitaire Bernard Kouchner (avril 1992-mars 1993) qui n’a pas pu s’imposer face au ministre de l’Intérieur Paul Quilès, lequel privilégie la guerre à la drogue, comme le fera après lui Charles Pasqua (mars 1993-mai 1995), et 7 bus de réduction des risques participent à la première manifestation publique place Stalingrad en décembre 1993 pour dénoncer la répression et faire reconnaitre les droits des usagers à protéger leur santé ; en 1993-1994 les initiatives se multiplieront dans la plupart des grandes villes avec le soutien de Médecins du monde, 14 Asud sont créées ; Simone Veil, ministre des Affaires sociales et de la Santé (mars 1993-mai 1995) joue un role majeur, les overdoses sur la voie publique seront réduites de 80% entre 1994 et 1999, la première salle de consommation est initiée par Asud à Montpellier ; Rogissart initiera la création du Caarud (Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogue) à Colombes en banlieue parisienne ; il devient le pilier de la RDR (réduction des risques) et de l’autosupport (avec le slogan Rien pour nous sans nous) ; il mourra à 63 ans le 9 avril 2024, un grand nombre de personnes se retrouveront à ses obsèques
1992-1994 : à Avignon, l’association lesbienne Les Asphod’elles développe des activités culturelles, conviviales, thés dansants, cinéma, à Avignon, à Jonquières, etc. mais aussi militantes avec Maïté Maillet (sur le CUS et le PACS en particulier) ; en 1994, Maïté créera l’association les Inform’elles avec des rencontres mensuelles dans un restaurant tenu par des gays (les femmes viennent du Gard, de la Drôme ou d’Ardèche), des stages de danse de salon, musique, théâtre, avec un contenu culturel, festif, convivial et militant (en particulier sur les droits des femmes)
1992 : Cinéma : « Talons aiguilles » de Pedro Almodovar, « Adieu ma concubine » de Chen Kaige, « My own Primate Idaho » de Gus Van Sant, « Le Ciel de Paris » de Michel Beria, « Les Nuits. fauves » de Cyril Collard, « Mensonge » de François Margolin, « Peter‘s Friends » de Kennet Branagh, « Deaf Heaven » de Steve Levitt. Variétés : George Michael (Do you really want to know ?).
1992 : réunie en congrès, l’OMS retire l’homosexualité de la liste des maladies mentales : en 1991, l’OMS a retiré l’homosexualité de la liste des maladies mentales mais c’est seulement en 1992 que l’homosexualité est déclassifiée par tous les états signataires de la charte de l’OMS
1992 : création du délit de harcèlement sexuel dans le code pénal et dans le droit du travail (il y aura une condamnation en 1994 mais 78 en 2009)
1992 : mort d’Arletty (Léone Bathiat, 1898-1992), ses rôles de lesbiennes ans La Garçonne (1936) et Huis clos (1954) sont criant de vérité ; elle a eu des liaisons avec Jacques-Georges Lévy, Paul Guillaume , l’officier allemand Hans Jürgen Soehring (en 1941, ce qui l’ai aidé à faire libérer Tristan Bernard) et Jean-Pierre Dubost, mais aussi des liaisons féminines, en particulier Antoinette Gérard (épouse de François-Charles d’Harcourt)
1992 : parution du livre posthume De profondis d’Oscar Wilde (1854-1900), ainsi que de ses Lettres de prison rédigées au cours de ses 2 années de travaux forcés à la prison de Reading ; Stephen Fry qui incarnera Wilde au cinéma en 2008 publiera ses Aphorismes et écrira : »Le courage de Wilde n’était pas d’avoir une sexualité parallèle, mais une parfaite liberté d’esprit. Ne voir en lui qu’un martyr homosexuel avant la lettre, c’est, me semble-t-il faire injustement le jeu de ceux qui l’ont mis plus bas que terre voici un siècle » ; Philippe Sollers surenchérira parlant du « fulgurant et bouleversant De profundis… ce chef-d’œuvre est aussi une analyse extralucide de sa liaison catastrophique avec Alfred Douglas. »
1992 : l’Inserm publie une enquête selon laquelle 23% des Françaises avouent avoir vu un film pornographique
1992 : parution du livre d’Elisabeth Badinter XY. De l’identité masculine, dans lequel elle souligne le rôle déterminant du sexe féminin : « Le mâle XY possède tous les gênes présents chez la femelle XX et en plus hérite des gênes du chromosome Y. En un sens, le mâle est la femelle plus quelque chose. Mais cela signifie aussi que le sexe femelle est le sexe de base chez tous les mammifères, autrement dit : le programme embryonnaire de base est orienté de façon à produire des femelles. »
1992 : le journal Gai Pied cesse de paraître ; Didier Lestrade qui y est journaliste depuis 1986, déclarera « Gai Pied, c’est lui seul la communauté pédé ! » ; Jacky Fougeray qui y a été rédacteur en chef de 1980 à 1982, dira que le journal a eu un tel prestige que 10 ans plus tard, certaines personnes affirmeront toujours l’acheter ; dans sa dernière période un groupe rédigeait Gai Pied Madame pour traiter des questions de société, de consommation et de mode, parmi eux Didier Lestrade et Jean-Luc Coulavain fondateurs d’Act Up, ainsi que Patrick Cabasset et Jean-Louis Toplexil; Act Up s’installera dans les locaux historiques du journal Gai Pied
1992 : création de l’association Bernard Dutant qui organise des activités pour les personnes touchées par le VIH, des soignants et des proches (marches dans le désert, activités théâtrales, etc.)
1992 : le groupe de filles de R’n’B TLC transforme le préservatif en accessoire de mode pour promouvoir son usage ; en 1990 le groupe de rock alternatif nantais Elmer Food Boat avait avait diffusé son refrain « le plastique c’est fantastique » sur un ton grivois, alors que le sida prend difficilement place dans les groupes de musique, le groupe chante »Protection is a priority »
1992 : à l’Assemblée nationale, la proposition de loi sur le Contrat d’union civile, avec un seul article est déposée par les députés Jean-Yvers Autexier et Jean-Pierre Michel : la Sécurité sociale devra reconnaître la qualité d’ayant droit au partenaire d’un assuré social qui en fera la demande quel que soit son sexe
1992 : aux USA, décision de la Cour suprême reconnaissant le harcèlement sexuel qui débloque le vote de la loi par le Congrès (en 2010 11 717 plaintes pour harcèlement sexuel seront déposées, dont près de 17% par des hommes)
1992 : aux USA, sortie du film Basic instinct de Paul Verhoven où Sharon Stone est assise de façon très provocante face aux policiers
1992 : au Brésil, quelques 3 000 bébés brésiliens sont acheminés illégalement à l’étranger (USA, Canada, Allemagne, France, Italie) ; jusqu’en 1986, 500 à 800 bébés partaient vers Israël (jusqu’à la mise à jour d’un scandale de réseau de traites d’enfant) ; le contexte joue un rôle, religieuses et assistantes sociales poussent les mères seules à confier leur enfant à une bonne famille d’accueil
1992 : la Cour Européenne des Droits de l’Homme condamne la France pour avoir refusé durant 17 ans un changement d’état-civil à une personne transsexuelle
1992 : en Irlande, un jugement de la Cour suprême crée une jurisprudence qui autorise l’avortement en cas de danger pour la vie de la mère, malgré l’interdiction faite par la constitution
1992 : face au Sida, le TRT5 parvient à débloquer l’arrivée des antiprothéases, le TRT5 est un groupement inter-associatif de 5 associations de lutte contre le Sida (Act Up-Paris, Aides, Arcat-sida, SIS et Sol en si) qui constitue un groupe d’experts de malades, focalisé sur des problématiques liées au traitement de l’infection à VIH et à la recherche en ce domaine ; « C’est la plus grande réussite du mouvement associatif français dans le domaine des traitements » dira Didier Lestrade ; les antiprotéases arriveront 4 ans plus tard
1992 : création à Paris du CRIPS (centre régional d’information et de prévention du sida) ; un CRIPS de dimension plus réduite sera créé en PACA en 1995
1992 : mort du danseur Dominique Bagouet (1951-1992), il a travaillé avec Maurice Béjart, puis en 1974 avec Carolyn Carlson, Merce Cunningham et Trisha Brown, il a fondé sa compagnie en 1971, fait du Centre de Montpellier un remarquable centre chorégraphique en 1980, créé le Festival international de Danse en 1981 et remporté un immense succès à Avignon en 1991
1992 : le chanteur du boys band 2Be3, Filip Nikolic, 18 ans, bel adolescent sportif né à Longjumeau, est pris en amitié par l’avocat François Gibault, 60 ans, mentor d’apprentis ténors du barreau issus de la prestigieuse Conférence des avocats du barreau de Paris, il l’introduit dans les mondanités, l’emmène aux USA et en Russie, devient « son pygmalion » ; Nikolic mourra en 2009 d’un surdose médicamenteuse ; François Gibault qui dira « jamais je n’ai eu meilleur élève », conservera une statue façon dieu grec de Filip Nikolic « exhibant fièrement son appareil génital » ; François Gibault sera mis en cause en 2024, à 92 ans, en même temps que d’autres personnalités, dans une affaire de violences sexuelles sur mineurs concernant Inès Chatin (celle-ci lorsqu’elle aura 50 ans racontera les sévices subis dans les années 1970-1980)
1992 : à Lyon, la Bibliothèque municipale de Lyon commence l’indexation des archives que lui a remis par Michel Chomarat
1992 : à Gardanne, ouverture de La Maison, unité de soins palliatifs – sur le modèle de ce qui existe au Canada et en Suisse – destinés à accompagner les personnes atteintes par le VIH et les pathologies liées, elle déménagera en 2003 pour accueillir 24 personnes, l’équipe de gestion, issue de AIDES Provence, est composée du docteur Jean-Marie Lapiana, Chantal Bertheloot, assistante sociale, et Jean-Louis Guigues, infirmier
1992 : à Londres organisation de la 1ère Europride
1992 : en Roumanie, création de l’Associata Romana Anti-Sida, première organisation non-gouvernementaleroumaine, elle se fixe comme objectifs la prévention du VIH/sida et le soutien matériel, psychologique et social des personnes affectées par la maladie et leurs proches
1992 : à la présidence d’AIDES Arnaud Marty-Lavauzelle succède à Daniel Defert ; à Marseille, Alain Molla (avocat) succède à Thierry Gamby (dermatologue) à la présidence de Aides Provence, avec une priorité limiter la casse communautaire et se mobiliser en faveur des personnes
1992 : Philppe Fretté, co-fondateur de l’APG (association des parents gays), entame des démarches d’adoption sans dissimuler son orientation sexuelle et se voit refuser l’agrément au motif que celle-ci n’est pas compatible avec l’accueil d’un enfant, au risque « d’en faire un malade » ; Martine Gross, sociologue, arrivée dans l’association en 1991 amène l’association à entamer une réflexion sur ce sujet, l’adoption est d’abord envisagée comme un acte individuel, et quelques années plus tard l’APGL (appelation adoptée en 1995) la coparentalité sera revendiquée
1992 : proposition de loi instaurant le CUC (contrat d’union civile) pour reconnaitre l’union de 2 personnes quel que soit leur sexe et la nature de la relation qui les unit ; manifestation contre la montée des intégrismes, contre le sexisme, contre la précarité ; 4ème festival de films de réalisatrices Quand les lesbiennes se font du cinéma au centre culturel les Clés ; naissance du Mouvement de soutien aux femmes de Bosnie en lien avec le collectif européen des femmes, collectif de lesbiennes, de féministes, en soutien aux féministes et lesbiennes de l’ex-Yougoslavie ; à Grenoble création de l’association de lesbiennes les voies d’Elles ; parution des 1ers n° de Projets féministes, La Lune (femmes homosexuelles de Strasbourg), Feuilles d’infos (des Immédianes, d’Amiens)
1992 : à Lyon, Michel Chomarat fait don à la Bibliothèque municipale d’une très importante collection de documents concernant en partie l’homosexualité, regroupés sous le nom de Fonds Chomarat
1992 : à Marseille, 1ère fête Collectif Gay marseillais, avec les Belladonna à laquelle le CEL participe ; de nombreuses lesbiennes sont à la soirée cinéma au César
1992 : à Marseille, au CEL (centre évolutif Lilith), Chantal Girard monte une équipe de volley-ball, une équipe participe aux Gay Games de Vancouver ; débat sur droits des femmes et droits des lesbiennes, Ulla, la ferronnière, vient de Forcalquier pour y participer
1992 : en Grande-Bretagne, mort de Francis Bacon (1909-1992), il s’habille à 17 ans avec les sous-vêtements de sa mère et son père le met à la porte ; il est influencé par le surréalisme, George Dyer, son ami, et Lucian Freud (1922-1911), son ami peintre, posent pour lui ; en 1954 il est choisi pour représenter l’Angleterre à la Biennale de Venise ; en 1971 la mort de son amant Dyer à la veille d’une exposition au Grand-palais, l’enferme dans le macabre et le lugubre
1992 : aux USA, Leslie Feinberg fait paraître Transgender Liberation : a movement whose time has come, Leslie milite pour les droits des trans et dans le mouvement social avec la gauche radicale ; son texte ne sera traduit en France qu’en 2005
1992 : au Canada, levée l’interdiction pour les homos de servir dans les forces armées , soit 23 ans après la dépénalisation de l’homosexualité dans la vie civile (en 1969) ; au cours des années 1950-1990 plusieurs milliers de soldats sont licenciés en raison de leur orientation sexuelle au nom de « la sécurité nationale », afin de faire obstacle au risques de chantage des communistes et de livraison de secrets à l’armée rouge ; le gouvernement a mis au point un détecteur (la Machine à sous) destiné à vérifier si les pupilles se dilatent devant un défilé d’images érotiques et au cours des années 1960 la Gendarmerie royale a fiché 9 000 gays et lesbiennes grâce à ce procédé ; deux canadiennes (Mary Lou et Emma) qui se sont rencontrées dans l’armée en 1986, elles ont été repérées mais lorsqu’elles ont demandé à quitter les rangs de l’armée, elles ont été envoyées à la prison militaire d’Edmonton
1992 : au Portugal, parution du volume II du Livre de l’intranquillité de Fernando Pessoa, » J’ai élevé, mon amour, dans le silence de mon intranquillité, ce livre étrange » écrira-t-il, « Je ne puis pas même imaginer que l’on s’attache à moi par compassion; et quand à susciter la pitié, aucun espoir: il n’est pas de pitié pour les infirmes de l’esprit… Je suis les faubourgs d’une ville qui n’existe pas… N’avoir jamais été une Madame de harem ! La peine immense que cela ne me soit pas arrivé !… De toute façon, vivre me fait mal. Je m’imagine, parfois, que j’aime souffrir. Mais non, j’aimerais mieux autre chose. »
1992 : en Israël, la compagnie aérienne El Al perd le procès intenté par un gay qui voulait que son compagnon bénéficie des mêmes droits que les compagnes ou compagnons des employés hétérosexuels, le lieu de travail ne pourra plus être désormais un lieu de discrimination à l’égard des homosexuels
1992 : aux USA, mort d’Audre Lorde (1934-1992), poète guerrière, noire, féministe, lesbienne, mère, professeure de littérature anglaise, survivante du cancer, auteure de 15 ouvrages de poésie, d’un roman « biomythographique » et de plusieurs essais, qui s’est battue sur tous ces fronts, catalysant de nombreux mouvements pour les droits
Premier semestre 1992 : à Marseille, création du Collectif Gais marseillais avec des individuels (comme Christian de Leusse, ancien du GLH (Groupe des Lesbiennes et Homosexuels) de Marseille) et 4 associations, il y en aura 7 en mars 1993 dont SPGP (Santé et Plaisir Gai Provence), Or Hadarom (homosexuels juifs), David et Jonathan (homosexuels chrétiens), A.M.A.(club moto), Rando’s Provence (randonneurs), Gais et Lesbiennes chez les Verts, Ibiza, avec la rédaction d’une plateforme du Collectif ; le collectif écrit aux têtes de liste des élections régionales, il écrit à tous les établissements commerciaux qu’il connait (à Marseille et dans les villes proches Toulon, Aix mais aussi Nîmes ou Châteaurenard) pour les sensibiliser, diffuse son bulletin n°1 Marseil’Gais et organise un première semaine d’animation pour la Gai Pride 1992
Février 1992 : à Marseille, Larent Gaissad remet à l’AFLS le bilan intermédiaire de la recherche action en direction des travaileus du sexe, dit Projet Saint-Charles ; objecteur de conscience il a été recruté à Aides Provence en novembre 1989, il s’est spécialisé dans les publics les plus difficiles à atteindre, le projet concerne les prostitués travestis ou non qui fréquentent les alentours des escaliers de la gare St Charles (le quartier Belsunce), il a constitué une équipe de terrain avec l’aide de l’assistante sociale Chantal Bertheloot, coordinatrice d’Aides à domicile, et Eliane Chavalarias, conseillère conjugale, volontaire à Aides, et coordonné son action avec Alain Gourgeonnet expert à l’AFLS et Jean-Emile Gaubier, infirmier du réseau de prise en charge des personnes toxicomanes, représentant le GIRAST (groupement interprofessionnel de recherche-action Sida-toxicomanie) ; les actions de rue se sont développées depuis ocrobre 1991, deux fois par semaine, durant 4h chaque fois, 152 h au total, des apéro-tapins ont été mis en place, s’ouvrant à des personnes prostituées d’autres quartiers (Prado-Paradis), la démarche de mise en confiance a été longue ; des cahiers d’intervenants ont été établis, ainsi que des cahiers de confidences (inspirés de ceux mis en place dans le Bus des Femmes d’Anne Coppel à Paris) ; la médecin-chef du Département Chantal Vernay-Vaisse et la représentante de la DDASS, Paule Gastinel, coordinatrice sida-toxicomanie, ont été très impliquées, des liens ont été établis avec le sevice socio-éducatif des Grandes Baumettes, l‘assosociation de réadaptation sociale (ARS) avec son foyer Le Cabifoulet (lieu d’hébergement pour les gaçons, sur le modèle du Cascarelet mis en place pour les femmes prostituées), le Mouvement du Nid (qui lutte contre la protitution), la CRAM, puis le commissariat du 1er arr., Migration santé Provence, Santé Sud, le Tea Room chrétien de la rue Curiol, ainsi les actions de prévention Sida/VIH se sont développées à travers des liens entre la rue et les services et institutions
Février 1992 : le magazine Globe consacre un dossier à Act Up-Paris, il y a 200 membres actifs et environ 200 sympathisants ; c’est la stratégie du slogan coup de poing (sida-agit prop dit Didier Lestrade) et l’efficacité avec la discipline (les soviets plus l’informatique, ultra-démocratique et très militarisé, une minute par intervention ensuite tout est mis aux voix), zap happenings avec cornes de brume, pétards et sang de cinéma, die-in sur les places publiques, picketing les vendredis midis devant le ministère de la santé, mailing envoi de nombreux courriers vers des cibles choisies, M. Germain président de l’Académie de pharmacie qui avait déclaré que le sida c’est la faute aux sodomites et aux toxicos, a eu les mains menottées ; selon Act Up il y a 330 000 séropositifs en France (et non pas 220 000 comme dit Aides), 85 000 personnes sont traitées et 5 000 sidéens sont suivis quotidiennement en hôpital, de 25 à 44 ans un décès sur 3 est dû au sida, la mortalité de cette couche de population s’est accrue de 80% entre 1983 et 1990, et 50% des cas mortels répertoriés en France durant cette période ont été enregistrés en Ile de France ; ne pas laisser la décision au médecins : « Moi, je choisis ma stratégie thérapeutique, je ne suis pas un patient passif, aux mains de toubibs omniscients » dit Didier Lestrade ; des militants sont présentés par Globe : Cleews Velay, « la présidente », ancien pâtissier, ancien éleveur de chiens, licencié pour cause de séropositivité, compagnon de Philippe Labbey, dit « Le sida c’est la guerre… Act Up a libéré ma colère. Une fonction thérapeutique de l’activisme. » ; Didier Lestrade , 27 ans, journaliste depuis 1987 à Rolling Stone, Libé et Gai Pied : « J’étais le type même du jeune homosexuel qui ne pense qu’à s’amuser… On veut leur envoyer le sida dans la gueule, créer le malaise. Qu’est-ce que vous faites vous ? » ; Georges Renault 23 ans, pion en collège : « Plus aucun parti ne lutte pour ça. Act Up est la seule association qui se batte. »; Jürgen, 47 ans, en France depuis 1971, patron du Piano Zinc : « Le sida progresse à pas de géant, je le vois, derrière mon bar. Maintenant à Paris, c’est comme il y a 7 ans en Californie. Tu barres sans cesse des noms dans ton carnet d’adresses… Séropo ou pas je ne veux pas savoir. il n’y a pas de remède, faut éviter d’angoisser » ; Christophe Martet, ex-reporter à Antenne 2 : « J’ai fait le choix de me consacrer entièrement à la bataille contre le sida » ; Philippe Mangeot, 27 ans, assistant en littérature « un sentiment immense de solidarité, de communauté homo forte qui réagit. »; Yann Lescouflair, 29 ans, professeur de sciences, arrivé à Act Up en 1990, est responsable du local d’Act Up (photocopies, agenda, minitel) : « J’avais besoin de ça à l’époque, cette spontanéité de l’activisme. »; Bernard, professeur de philosophie, 30 ans, à 17 ans il militait au « comité d’action et de recherche homosexuel », en congé sans solde, à Act Up depuis 2 ans : « Quand j’ai perdu mon copain, j’ai foutu le camp en province » ; Jean-Christian 21 ans, en lettres à Tolbiac, séronégatif qui entend parler de sida depuis l’âge de 15 ans « mon plus beau souvenir d’action, ça a été la journée du désespoir le 4 avril 1991… Act Up c’est mieux que des militants, ce sont de vrais amis. »
Mars 1992 : fermeture du sauna Continental Opéra à Paris
Mars 1992 : à Marseille, l’association Mémoire des sexualités organise un débat avec le sociologue Adil Jazouli, du bureau d’études Banlieuescopies, sur le vécu de la sexualité dans les banlieues, à la question posée sur « comment peut-on être amoureux aujourd’hui à 20 ans dans les banlieues ? », les réponses sont majoritairement désespérées, sinon mythiques ou symboliques, entre intimisme et « show-bizz », ils ont du mal à équilibrer leur affectif, à se projeter sur une relation duale, à stabiliser un rapport amoureux dans un rapport social ; il remarque une corrélation très forte entre un désert amoureux et des violences de type émeutes
7-8 mars 1992 : 4ème Salon de l’Homosocialité à Paris,le nombre d’associations présentes sur les stands s’accroit considérablement, des associations de lesbiennes seront très présentes avec le MIEL et la maison d’édition Les Octaviennes de Geneviève Pastre, les militantes d’Act Up organisent une marche et un débat se tient sur la question du outing des notables homophobes eux-mêmes homosexuels (avec Jean-Yves Le Talec), un forum concerne le Contrat d’Union Civile animé par Eric Lamien avec Jean-Yves Autexier (sénateur PS), HES, les GPL, Gérard Bach et Jan-Paul Pouliquen
18 mars 1992 : les ministères de l’Intérieur et de la Santé diffusent une circulaire destinée à favoriser les initiatives en matière de prévention du sida (affiches, dépliants, cassettes), missionnant l’AFLS (Agence Française de lutte contre le sida) créée en 1989 een liaison avec les associations, la prévention constituant désormais une « priorité absolue »
30 mars 1992 : mort du sida de Gilles Barbedette (1956-1992), écrivain, journaliste à Gai Pied ; il était l’amant de Jean Blancard fondateur du GLH de Rennes, co-fondateur de AIDES mort le 15 décembre 1986, parmi les premiers morts du sida ; à Gai Pied, il était très lié à René de Ceccaty, ensemble ils connaissaient bien Michel Foucault, lequel avait de l’admiration pour Gilles et lui a accordé un dernier entretien paru dans Les Nouvelles littéraires sur l’amitié dans lr monde grec ; Gilles ne voulait pas être professeur, il gagnait mieux sa vie dans des traductions et des conseils littéraires, Glles et René collaboraient au journal Le Monde des Livres ; lorsque le sida a commencé à le gagner en juillet 1991, Gilles parlait beaucoup de Jean qu’il avait vu se dégrader, il a rapporté des USA beaucoup d’informations sur la maladie qu’il a transmises au Dr Jacques Leibowitch, René de Ceccaty l’a accompagné « c’était d’une violence extrême que je me faisais à moi-même » dira celui qui s’occupera de « sauver ses textes », il ajoutera « à six mois prêt, les trithérapies fonctionnaient. C’était inimaginable qu’ilsoit mort si jeune »
Avril-mai 1992 : Gai Pied Hebdo publie en particulier des articles sur le peintre Francis Bacon (1908-1992) – mort le 28 avril à 82 ans – et la censure, sur le projet de Contrat d’union civile et l’accueil favorable qui lui est fait par 72% des Français, sur Salvador Dali, sur le colloque du GREH animé par Rommel Mendes-Leite sur « Pour une approche des sexualités à l’époque du sida » à la Sorbonne, sur la mort de Vincent Legret le 18 mai 1992, sur la béatification le 17 mai par le pape Jean-Paul II du fondateur de l’Opus Dei, José Maria Escriva de Balaguer, aux positions intransigeantes sur la sexualité et le préservatif, sur les hommes-femmes (goor-jigeen) au Sénégal dans ce pays à 90% musulman, sur des escrocs du sida (le Dr Miesch et Mme Song Wa) et sur l’émission Sida-Urgence sur Antenne 2 destinée à récolter des fonds
Avril 1992 : des manifestations d’associations homosexuelles ont lieu lors du dernier dimanche d’avril date de la cérémonie de la Déportation, à Lyon, Nantes, Besançon, Lille, Orléans, Tours et Paris
4 avril 1992 : à Paris, manifestation organisée par Act-Up « journée du désespoir », le cortège se dirige vers le Mémorial de la déportation avec des cercueils en carton (1 500 personnes mobilisées, 50 personnes arrêtées)
17 avril 1992 : Le Monde annonce en dernière page que la création d’un Contrat d’union civile est à l’étude ; Elisabeth Badinter : « Le courage en politique est payant. »
29 avril 1992 : mort du peintre britannique Francis Bacon (1908-1992)
30 avril 1992 : émission « Sida urgence » sur Antenne 2, qui permet de récolter 15 millions de francs
5 mai 1992 : mort de l’acteur Jean-Claude Pascal (Jean-Claude Villeminot 1927-1992), séducteur type du cinéma français dans les années 1950, au théâtre il se produit dans La Dame aux Camélias, il tourne dans de nombreux films de 1949 à 1953 (Le Fils de Caroline chérie, le Rideau cramoisi, les Mauvaises rencontres) ; la nouvelle vague rend son beau physique démodé ; il a une longue liaison avec Jean Chevrier ; il a écrit L’Amant du roi, livre d’histoire qui met à jour l’amour de Louis XIII pour son favori Charles-Albert de Luynes
6 mai 1992 : mort de l’actrice et chanteuse allemande Marlene Dietrich (1901-1992), archétype de la femme fatale, mystérieuse et redoutable, et modèle de la lesbienne ; en 1939 résolument anti-nazie elle quitte l’Allemagne pour les USA, à Hollywood elle a des liaisons féminines, puis s’est mise en ménage avec Jean Gabin qui a fui la france occupée, au début 1944 elle a rejoint l’armée américaine, de la campagne d’Italie jusqu’en Allemagne, donnant 60 concerts pour distraire les soldats ; en 1945 le couple est allé vivre à Paris, puis s’est séparé, elle est partie à Londres pour tourner avec Alfred Hitchcock, puis à Hollywood où elle a tourné de nombreux films de 1948 à 1961, appréciant en particulier son rôle de femme fatale dans La Femme et le Pantin de Julien Duvivier en 1959 ; elle est revenue à Paris en 1980 ; selon Diana McLellan, elle a vécu avec Greta Garbo des amours lesbiennes pendant quelque temps
17 mai 1992 : l’homosexualité est retirée de la liste des maladies mentales de l’OMS (Organisation mondiale de la santé)
18 mai 1992 : mort du sida de Vincent Legret, membre fondateur et président de la RHIF en 1981, président des Juristes gais
23-24 mai 1992 : à Paris rencontre nationale lesbienne du MIEL
Juin 1992 : à Saintes, 1èrerencontre nationale des acteurs de la prévention organisée par l’AFLS (agence française de lutte contre le sida) en particulier pour comptrendre l’éventuel relâchement du safer sex, comme il est constaté aux USA ; 9 ateliers se tiennent établissements gais, lieux de drague publics, jeunes hommes et bisexuels, études et recherches sur la sexualité, l’homosexualité, le safer sex, l’évaluation des actions de prévention, la communication, l’écoute et la parole, la sensibilisation des associations homosexuelles de loisirs et des autres acteurs de prévention, et enfin la prostitution
Juin 1992 : parution du n° zéro du journal STAR, le journal de celles et ceux qui rêvent de toucher les étoiles ! édité à Lyon, dont l’éditorial commence par « On voudrait nous faire croire que l’homosexualité est une tare » et se réfère à la manifestation d’Act-Up du 4 avril 1992, au texte du prisonnier politique britannique Brendi Mc Clenaghan, membre de l’IRA qui commence par « Les gays et les lesbiennes s’investissent dans la lutte pour la libération nationale et l’indépendance », à la campagne « l’égalité maintenant » du groupe Outrage (marche du 6 février à Londres avec 45 personnes arrêtées) et les manifestations de mars devant l’entreprise pharmaceutique Flemings « responsable de faire des profits avec le sida » et du 11 avril devant le magasin Tower Records en Angleterre, la chaine de restaurant Cracker Barrel qui a institué une politique discriminatoire à l’égard des homosexuels en 1981(12 personnes licenciées) et la manifestation de Queer nation devant l’Academy Awards d’Hollywood en mars réprimée par la police anti-émeute (11 personnes arrêtées) aux USA, le journal reprend le texte de Byron Johnson paru dans le Los Angeles Sentinel du 7 mai 1992 qui s’interroge sur la surprise des blancs après les émeutes raciales de Los Angeles
Juin 1992 : face au Sida, 1ères injections de candidat-vaccin chez des volontaires
Juin 1992 : en Grande Bretagne, manifestations de l’Europride à Londres, c’est la 1ère Europride
7 et 12 juin 1992 : décès des suites du sida du sociologue Michael Pollak, du docteur cofondateur de Aides (dont il est secrétaire de 1985 à 1987) et d’Arcat-sida Jean-Florian Mettetal, aux côités de Frédéric Edelmann, du critique de cinéma Serge Daney et du responsable d’Aides, Jean-Michel Mandopoulos
7 juin 1992 : Michael Pollak (1948-1992) réalise pour l’OCDE une étude sur La politique des sciences sociales en France en 1975 puis poursuit ses études au CNRS, il travaille sur l’univers concentrationnaire puis sur la communauté homosexuelle face au sida, pour lui exclusion et maladie se rejoignent ; son ouvrage Les Homosexuels et le Sida, sociologie d’une épidémie en 1988, fait autorité, sa motoriété favorise le dialogue avec le gouvernement ; il meurt du sida
4 juin 1992 : à Marseille, Santé et Plaisir Gay Provence organise un concert au profit de Aides, ils lui remettront un chèque de 14 600 francs pour l’aide aux malades ; de son côté Aides lance une collecte par courrier auprès de 500 destinataires qui lui permet de collecter 17 100 francs
12 juin 1992 : mort du sida à 48 ans du journaliste critique de cinéma à Libération et aux Cahiers du cinéma Serge Daney (1944-1992), fondateur de la revue trimestrielle Trafic ; il a écrit de grands textes sur le cinéma, il écrit peu avant sa mort à son ami Nicolas Saada : « Tout bien considéré, la vie est une vallée de larmes, d’où notte obligation d’en rire. Je compte sur toi. »
17-22 juin 1992 : à Marseille, 1ère semaine de Gay Pride , ensemble d’animations organisées par le Collectif Gais marseillais, au programme : 10 films (Anne Trister, Maurice, Another country, Young Soul Rebel, Les équilibristes, My Beautiful Laundrette, Prick up your ears, Torch Song Trilogy, Un compagnon de longue date, Poison), débats au Chocolat Théâtre sur comment s’organisent les homosexuels à Marseille (depuis le GLH en 1977 et les UEH de 1979 à 1987 jusqu’au Collectif créé aujourd’hui), sur la lutte contre le sida (l’insuffisance des moyens, le safer sex, le soutien aux séropositifs) et sur la proposition de loi sur le Contrat d’union civile, avec Alain Molla, avocat, membre de Aides Provence, plusieurs animations (exposition d’œuvres de créateurs le 20 juin au Chocolat Théâtre, soirée au Kempson, menu spécial à la Bessonière, Nuit Spéciale Gai Pride le 17 juin au New Cancan, et exposition d’œuvres de créateurs) ; le Collectif Gai regroupe Santé et Plaisir Gai-Provence, David et Jonathan, des anciens du GLH, Différent, Rando’s, Ibiza et maintenant l’association de juifs homosexuels Or Hadarom ; plusieurs lieux commerciaux et associatifs LGBT y sont associés : Chocolat Théâtre, cinéma Le Breteuil, le bar Le Kempson, le restaurant la Bessonière et le night club Le New Cancan ; le journal altenatif L’Eveil titre son article Homs et fiers de l’être
20 juin 1992 : la Gay Pride parisienne est ouverte par les Pom-Pom girls d’Act Up Paris « Parce que, dira Didier Lestrade, nous sommes connus pour nos actions glauques… Bien sûr nous sommes des folles, mais on ne l’avait jamais montré de façon aussi tangible », les autres facettes d’Act Up sont aussi montrées, le style vestimentaire paramilitaire, le triangle rose de la déportation renversé symbole d’extermination, de honte et d’oubli, accompagné du slogan « silence = mort » et la théâtralité contre le sida ; distribution du tract d’Act Up Paris « J’ai envie que tu vives »
22 juin-5 août 1992 : premier procès de l’affaire du sang contaminé ; Act Up crie « Fabius assassin, tu as du sang sur les mains ! »
22 juin 1992 : Santé et Plaisir Gai Provence (SPGP) organise une soirée privée (au 11 bd de Briançon, Mo Bougainville) de 20h30 à 23h, le soir de la journée de la Gay Pride, « pour pratiquer une sexualité à moindre risque au sein d’un groupe d’hommes majeurs et consentants » (autrement appelée Jack-off party)
2ème semestre 1992 : le metteur en scène argentin, Alfredo Arias est présent sur de nombreuses scènes : film Fuegos sur Arte, revue argentine Mortadella à la Cigale, participation au spectacle de le Cie Ris et Danceries, Zarandanzas à la Biennale de la danse de Lyon, mise en scène du tour de chant de Catherine Lara autour de George Sand et des romantiques, ou encore reprise des Indes galantes à l’Opéra-Comique
6 juillet 1992 : aux USA, à New York, Queen Marsha, Marsha P. Johnson, est retrouvée morte dans l’Hudson, à 46 ans, pour la police elle s’est suicidée ; en des temps de clandestinité, elle a fondé avecsa grande amie trangenre Sylvia Rivera le STAR (Street Transvestite Action Revolutionnaries) destiné à loger les jeunes personnes trangenres et queer, pour que les jeunes « parias » en tout genre trouvent un foyer lorsqu’ils sont jetés à la rue mais les STAR Houses finissent par dispataitre dans les années 1970 ; elle ne cesse de dénoncer la transphobie au sein de la communauté gay ; elle organise de nombreuses manifestations, meetings et marches ; elle est une des premières personnes à riposter contre la police lors des émeutes de Stonewall le 28 juin 1969, elle paradait quelques jours auparavant dans les rues de Greenwich Village ; elle s’est battue toute sa vie pour les droits des personnes transgenres à New York ; elle s’investit dans le Gay Liberation Front et différents mouvements lesbiens ; elle sera qualifiée de « Rosa Parks du mouvement LGBTQ », de « prostituée, actrice et sainte, modèle d’Andy Warhol » ; dans les années 1980 elle s’investit dans ACT UP ; un documentaire sur sa vie The Death and Life of Marsha P. Johnson sera réalisé par David France en 2017
12-18 juillet 1992 : à Paris 14ème conférence de l’ILGA
22 juillet 1992 : la loi crée le délit de harcèlement sexuel « le fait de harceler autrui en usant d’ordres, de menaces ou de contraintes, dans le but d’obtenir des faveurs de nature sexuelle par une personne abusant de l’autorité que lui confèrent ses fonctions »
Août 1992 : en Italie, alors que le 17 juillet le cardinal Ratzinger vient de proclamrer « licite et même obligatoire » de limiter les droits des homosexuels à l’enseignement, à l’adoption, voire au logement, les gays de Bologne distribuent des tracts à la sortie des églises « Wojtyla, pourquoi as-tu peur de nous ? », « Non au Ku Klux Klan », « Non au ghetto », l’ARCI-Gay de la ville, présidé par Franco Grillini, 37 ans, regroupe 2 800 gays et disposent d’un centre d’animation Il Cassero, de 300 m², disposant de 20 volontaires et 2 salariés, des archives, une vidéothèque, deux revues (Quaderni du critica omosessuale et Contatto), deux discothèques, un bar, un centre médical, ils mettent sur pied des colloques (l’Homosexuel et l’Etat, le Préservatif gonflé) et un festival de cinéma (De Sodome à Hollywood), ils gèrent un « Téléphone ami » pour tout conseil cde santé, ils baladent tous les jours dans la ville une machine à distribuer une seringue neuve en échange d’une seringue usagée, ils ont élu au Parlement un député « rose » Nichi Vendola, 34 ans, sur les listes de Refondation communiste, et deux conseillers régionaux, les gays de Bologne ont de bonnes relations avec le maire Renzo Imbeni, 49 ans, membre du PDS (ex parti communiste), ils ont accès au logement HLM s’ils vivent en couple depuis plus de 2 ans, mais l’église locale est plus dure qu’au niveau national, braquée contre cette ville dévergondée (au taux élevé d’avortement, de divorce et d’homosexualité affichée) ; ARCI-Gay au niveau national a fait chuter le taux de contamination par le sida en poussant activement à l’utilisation du préservatif (70% des gays l’utilisent), l’association rassemble 13 000 adhérents au niveau national, soit 95% des homos organisés, elle est fédérée avec l’ARCI nationale, association culturelle de gauche qui regroupoe 1,6 million d’adhérents
12 août 1992 : mort du compositeur et poète américain John Cage (1912-1992), ami intime du chorégraphe Merce Cunningham qui a révolutionné la danse contemporaine à l’aide de ses musiques
23 juillet 1992 : mort de la chanteuse Arletty (Léone Bathiat (1898-1992),
29 août 1992 : mort du psychanalyste et philosophe français Félix Guattari (1930-1992), sa rencontre affective et intellectuelle avec Gilles Deleuze – avec lequel il écrit l’Anti-Œdipe en 1972 et Mille Plateaux en 1980 – est un apport intellectuel exceptionnel à la lutte contre l’homophobie ; il a créé en 1985 le CERFI (centre d’études, de recherches et de formation institutionnelles) dont la revue Recherches a publié des n° spéciaux sur les toxicomanies, les féminsmes et les homosexualités, comme celui intitulé Trois milliards de pervers, saisi et interdit par la justice, avec amende pour « étalage de turpitudes et de déviations » ; il a soutenu le FHAR, Guy Hocquenghem dans Le Désir homosexuel pour qui « La lutte pour la liberté de l’homosexualité est partie intégrante des luttes sociales » s’est appuyé sur les analyses de Deleuze et Guattari ; Guattari a soutenu les minorités du monde entier , en 1977 il animait le Centre d’Initiative pour de Nouveaux Espaces de Liberté, promoteur des premières radios libres et en 1981 il soutenait la campagne de Coluche pour les éléctions présidentielles ; il s’est engagé tardivement dans le mouvement écologiste, se présentant sur la liste des Verts aux élections régionales de 1992
Septembre 1992 : Fréquence Gaie, devenue FG, fait le choix de la musique techno, son audience décuple : 80 000 auditeurs chaque jour
Septembre 1992 : à Marseille, le Chocolat-Théâtre tenu par Claude Prévost (ancien du GLH, successeur de Gérard Goyet dans la formule café-théâtre et successeur du restaurant du Chocolat pour les locaux du 59 Cours Julien, c’est le futur théâtre de la Baleine) lance sa saison spectacles comiques (Joël Olivier, Manuel Pratt, Kamel, Jaq Dau et Jean-Marc Catella, Devolder, Bernard Azimuth, Pierre Henri, Vincent Roca, Manu Riotte), théâtre d’improvisation et restaurant-karaoké
Septembre 1992 : à Marseille, les associations du Collectif gais marseillais (SPG, Rando’s, D&J, Or Adarum, AMA) sont réunies par Paule Gastinel de la DDASS 13 sur des projets d’actions de prévention
5 septembre 1992 : la rencontre des représentants des groupes de prévention gaie de 17 comité de Aides préconise de structurer de manière fédérative la prévention gaie afin d’obtenir une action plus cohérente et plus concertée de la part des comités
12 septembre 1992 : aux USA, mort du sida de l’acteur Anthony Perkins, 60 ans, héros à double visage du film Psychose (1960), il laisse un fils Elvis Perkins, fils de la photographe et mannequin Berry Berenson (qui périra dans l’attentat du World Trade Center le 11 septembre 2001) ; il a de nombreux amants parmi les acteurs, dont James Dean et Tab Hunter, fréquente à Paris de nombreux lieux de drague et rencontre Jean-Claude Brialy et Patrick Loiseau (futur compagnon de Dave) ; il joue dans La Loi du Seigneur (1956), Aimez-vous Brahms (1961), Le Couteau dans la plaie (1962), le Procès de Kafka (1963) ; en 1956 Tab Hunter a payé 10 000 $ le magazine à scandale Confidential pour éviter la publication de photos d’eux ensemble ; Alfred Hitchcock savait que Perkins est homosexuel, ce qui le motive pour l’engager pour Psychose en 1959 ; il a voulu rentrer dans le rang et suivi des thérapies de conversion ; il est séropositif depuis 1990
25-27 septembre 1992 : à Lille, tenue des Vème Assises de AIDES, le président Arnaud Marty-Lavauzelle souligne que seuls 6 000 séropositifs sont intégrés dans les protocoles thérapeuthiques et 30 000 bénéficient de médicaments, alors que 70 000 personnes se savent séropositives sur 250 000 estimées, « beaucoup de séropositifs baissent les bras devant la fatalité et 20% des médecins généralistes sont du même avis … On n’est pas soigné de la même façon selon l’endroit ou on habite, il faut rendre les molécules disponibles partout et pour tous… Il y a trop de travail, trop de difficultés, trop de deuils à assumer… Un tiers des généralistes se déclarent hostiles à recevoir des malades du sida » ; Tim Greacen qui tient des permanences hospitalières pour Aides à Paris estime que les malades doivent prendre la parole et même le pouvoir dans les structures hospitalières « 5 000 d’entre nous mourront l’année prochaine. Comment ? C’est à nous d’en décider ! … Il faut créer des lieux de fin de vie » ; le ministre de la Santé, Bernard Kouchner, fait du sida sa priorité, il veut un accès beaucoup plus large à l’information à la prévention et aux soins, y compris aux toxicomanes et aux prisonniers, il annnjonce l’installation de distributeurs de préservatifs et d’échangeurs de seringues, il prépare une réunion générale de toutes les instances et associations liées au sida ; discours de Daniel Defert en fin de congrès ; occasion d’échanges conviviaux entre les volontaires
Octobre 1992 : après 13 ans de vie remarquée, le journal Gai Pied Hebdo cesse sa parution avec le n° 54 ; il rapporte que le maire de Briançon Alain Bayrou estime que l’accueil par des établissements de sa ville de personnes vivant avec le sida est « profondément antinomique avec la vocation touristique de Briançon »
Octobre 1992 : le film Les Nuits fauves de et avec Cyril Collard, avec Romane Bohringer, a un grand retentissement alors que la pandémie du sida arrive à son apogée, l’histoire d’un garçon bisexuel et séropositif, à la fois promesse de vie et menace de mort, il y a 42 000 entrées dès la première semaine ; lors de la cérémonie des Césars pour lequel le film est 7 fois nommés etr 4 fois récompensé, le 18 mars 1993, Collard sera absent, il est mort du sida 3 jours auparavant, 36 ans ; il sera traité de criminel lorsque un livre de Françoise Giroud révèlera que la petite-fille de l’écrivaine Suzanne Prou, Erica, a été contaminée par Cyril Collard, une contre-offensive s’organisera puis retombera
Octobre 1992 : à Marseille, le comité Aides Provence, présidé par Alain Molla, diffuse le n°6 de son Bulletin des volontaires ; Aides a son siège au 1 bd Longchamp, avec 3 antennes à Aix en Provence, Toulon et Gap, 3 autres services sont installés dans les locaux de Marseille Aides Formation, Aides à domicile et Sida info service ; le bulletin reflète la vie de la ruche qu’est devenue l’association (à Marseille : bal de rentrée au Rowing Club le 3 octobre, formation initiale et continue des volontaires, réunion mensuelle avec un exposé de Thierry Gamby, réunions de l’aides aux malades, permanences d’accueil de l’aide aux malades, juriudiques, téléphoniques et CPAM, atelier de peinture ; à Aix : réunions groupe d’accueil, groupe permanence téléphonique, information -prévention, groupes aide aux malades, comité du 1er décembre avec le Rotary, table-ronde ave le comité hôpital, stand marché aux puces ; à Toulon : réunion mensuelle, apéro Gay Aides Toulon, permanences d’accueil, régulation aide aux malades, permanences téléphoniques) ; Alain Molla lance un Appel solennel afin que l’action gay dans les lieux commerciaux et non commerciaux, devienne une urgence absolue « Je vous supplie d’en prendre conscience. notre incapacité traditionnelle à gérer de front l’action gay doit cesser, cela dépend de votre énergie », il lance un groupe d’intervention en milieu gay ; les décisions d’août et septembre 1992 du bureau du comité portent sur la diffusion d’autocollants « Aides Provence – Préservez-vous contre le sida », la commande d’un guide Droit et sida, la création de la permanence juridique, achat de 5 000 pin’s revendus au bénéfice de Aides Provence, bal de rentrée à 60 francs l’entrée, rapport sur la formation des nouveaux volontaires, mis en place d’un repas convivial à destrination des malades, achat de 30 000 préservatifs, réalisation d’une plaquette publicitaire intitutionnelle et d’un poster Aides-Provence, création d’une permanence d’accueil pour les usagers de drogue par voie intraveineuse, création d’une action de prévention sur les lieux commerciaux avec SPGP (santé et plaisir gay Provence) avec l’aide de l’AFLS, enfin récapitulatif des projets des volontaires dans le cadre de Sida Urgence (toxicomanie, prostitution, assistance nutritionnelle, prévention zonards, prise en charge de matériel non remboursable pour les malades, aide à l’hébergement d’urgence dans le Var, projet logement et prévention en discothèque dans les Hautes-Alpes) ; Jean-Emile Gaubier est en charge de la commission VIH et usagers de drogue par voie intra-veineuse, Didier Regeon de la formation continue des volontaires
Octobre 1992 : le Collectif Gais marseillais envoie des lettrss qaux candidats aux élections Prud’homales, qttirant l’attention du conseil des Prud’homes sur la loi du 22 juillet 1992 qui crée un nouveau délit tendant à réprimer toute discrimination entre les personnes à raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs mœurs, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance, vraie ou supposée, à une etnie, une nation, une race ou une religion déterminée ; c’est Guillaume Clémente qui a rédigé le courrier au nom du collectif, l’adresse est celle de SPGP (santé et plaisir gai Provence), il reçoit des réponses attentives de la CFTC et de la CFE-CGC
Octobre 1992 : parution de deux livres de Patrick Mauriès, Roland Barthes et Le méchant comte ; il rend hommage à son maître admiré Roland Barthes (1915-1980), un des plus sûrs dandys de l’intelligentsia française « Son visage était étonnament mobile, passant avec la vitesse d’un nuage de l’écoute la plus généreuse à une totale fermeture ; son regard était d’une grande tendresse, ironique et indulgent », il avait une vie compartmentée téléphone, rendez-vous, sieste, boîtes de garçons, adepte des réfgimes pour mauigrir, il dédaignait l’élégance, refusait tout dogmatisme, préservant sa liberté ; dans son second livre Mauriès évoque la vie de John Wilmot, comte de Rochester (1647-1680), figure altière de l’excentricité anglaise qui fait sensation à la Cour du roi, par son charme, son imprertinence et ses bons mots meurtriers ; Mauriès a écrit d’autrss livres, le Second manifeste camp, le Mondain, les Maniéristes, il a fondé la revue le Promeneur, puis les éditions du Promeneur
6 octobre 1992 : à Marseille, le magazine gratuit Ibiza fête ses 3 ans au New Cancan
18 octobre 1992 : à Paris, création de Cineffable qui succèdera à Saphonie dans l’organisation du festival Quand les lesbiennes se font du cinéma
26 octobre 1992 : mort du danseur américain Jérôme Andrews (1908-1992), chorégraphe et pédagogue, installé à Paris depuis 1952
Novembre 1992 : aux USA, à Salem, dans la banlieue de Portland dans l’Oregon, Mae Cohens et Brian Mock sont agressés, Mae 30 ans meurt au pied de ses rideaux, Brian 45 ans décède en arrivant à l’hôpital, Brian est un homosexuel discret, ancien professeur il a recueilli Mae à sa sortie de prison, il a été suivi dans la rue traité de queer, de faggot, de pédé et on lui a cassé la gueule, ils sont enterrés, des affiches sont apposées « Voilà du bon boulot bien fait »; dans les semaines qui suivent de très nombreuses victimes sont agressées en raison de leur homosexualité (dont Scott Seibert, le père Jim Galluzo, Robert Ralphs, une jeune femme traitée de ‘gouine de merde’, deux amies Pat Bates et Amanda Colorado) ; le Lesbian Community Project signale en Oregon 20 agressions en juillet, 51 en août, 44 en septembre, 91 en octobre, et le journal gay Just Out exprime l’angoisse dans laquelle vit la communauté homosexuelle, diffusant des conseils de sécurité : »Evitez de quitter les bars gays sans être accompagné. N’affrontez pas vos agresseurs. »; l’OCA (Oregon Citizens Alliance), politico-religieuse d’extrême droite, s’est fixée pour tâche de nettoyer l’Etat en le débarrassant de « l’homosexualité, de la pédophilie, du sadisme et du masochisme » et mis en avant une proposition de loi (Mesure 9) rejeté de justesse par 57% des votants le 3 novembre destinée à la mise « en place des critères pour la jeunesse de l’Etat et décrétant l’homosexualité comportement anormal, mauvais, contre nature et pervers », l’organisation est dirigée par Léon Mabon, (qui prie dans sa voiture et se lave les mains en permanence ostensiblement), elle regroupe néo-nazis, intégristes, membres du Ku-Klux-Klan et politicards ; un pasteur du Sud annonce que partout la lutte anti-pédés sera le combat majeur de l’Amérique d’ici l’an 2000, un autre explique que « la peine de mort pour les homosexuels est prescrite par la Bible », l’Etat du Colorado vote des mesures anti-gays, Newsweek du 2 septembre 1992 révèle que 53% des Américains considère que l’homosexualité « n’est pas un mode de vie alternatif acceptable »; Keith Meinhold, pilote dans la Navy, a été exclu de l’armée pour avoir reconnu à la télévision qu’il était homosexuel, il a été réintégré dans son grade après une longue bataille judiciaire, le candidat Clinton l’a personnellement soutenu, annonçant qu’une fois à la Maison-Blanche il ferait lever l’interdiction faite aux lesbiennes et aux homosexuels de servir dans l’armée (alors que 17 000 d’entre eux ont été refusés en dix ans pour ce motif) provoquant la colère d’un front anti-gays parmi les personnalités (comme l’ancien chef d’état-major Thomas Moorer, le sénateur démocrate Nunn ou le sénateur Bob Dole)
9 novembre 1992 : à Marseille, le député Jean-François Matteï, indique dans un courrier au Collectif Gais Marseillais, qui l’interpellait le 28 octobre, qu’il « serait a priori défavorable » au projet de contrat d’union civile
17 novembre 1992 : mort de l’américaine, fille d’immigrés des Caraïbes, Audre Geraldine Lorde (1934-1992), adolescente elle écrit ses premiers poèmes, dipômée du Hunter College de New York à 20 ans, elle en devient bibliothécaire, publie Les premières villes son premier recueil ce poèmes en 1968 et s’affirme bisexuelle dans le cercle gay de Greenwich Village ; elle épouse l’avocat Edwin Rollins dont elle a deux enfants et divorce en 1970 ; en 1974 elle publie New York Head Shop and Museum, un plaidoyer contre la misère et pour les droits civiques ; à Tougaloo College dans le Mississipi elle écrit son livre de poèmes Cables to Rage et rencontre Frances Clayton, professeure de psychologie dont elle devient l’amante ; dans son poème Charbon en 1976 elle célèbre son identité noire, dit sa rage contre le racisme et apprelle les femmes à lutter contre les injustices ; en 1977 elle a une brève liaison avec le sculpteur et peintre Mildred Thompson ; dans son livre La Licorne en 1978 elle décrit son identité de femme noire et reproche aux féministes blanches d’avoir favorisé les anciens systèmes d’oppression ; elle lutte contre le cancer pendant 14 ans et écrit Le Journal du cancer qui remporte en 1981 le Prix de l’American Library Association Gay ; en 1991 à New York elle est nommée State Poete Laureate, la maison d’édition Triangle décerne chaque année l’Audrey Lorde Price et en 1992 elle reçoit le Bill Whitehead Price
29 novembre 1992 : à Marseille, spectacle de variétés à l’Odéon organisé par SPGP (Santé et Plaisir Gay Provence), en soutien à Aides Provence
30 novembre 1992 : mort du danseur Jorge Donn (1947-1992), danseur idéal des principales créations de Maurice Béjart avec les Ballets du XXème siècle (L’Oiseau de feu, Le sacre du printemps, Le Boléro), en 1980 il dirige les Ballets et ils se sont retrouvés en 1990 au Théâtre des Champs-Elysées où il avait le rôle de Nijinsky ; il est mort du sida
Décembre 1992 : vote d’un amendement qui permet à un concubin homosexuel de bénéficier de la sécurité sociale de son partenaire
1er décembre 1992 : le Collectif gais marseillais participe à la journée mondiale du sida, lors de la cérémonie commémlorative organisée par Aides Provence, par des chevalets rappelant les noms des amis et personnalités décédés du sida, mis en place sur le cours d’Estienne d’Orves, et il a écrit au maire R-P Vigouroux et aux présidents du Conseil général, Lucien Weygand, et régional, J-C Gaudin, il est reçu ainsi que le magazine gay régional Ibiza, le 1er décembre au matin par le président du Conseil général et sera reçu en janvier 1993 par Chantal Vernay-Vaysse (responsable de la prévention sida au département) et par le Dr Gil-Patrice Cassuto, conseiller régional en charge de la santé
11 décembre 1992 : la Cour de Cassation rend un arrêt contraire à celui du 16 décembre 1975 qui autorisait le changement d’état-civil ; l’arrêt est pris à la suite de la condamnation par la France, par la Cour européenne des droits de l’homme, pour avoir refusé le changement d’état-civil d’une personne transsexuelle opérée
21 décembre 1992 : adoption de deux amendements du Contrat d’union civile par le Parlement, dont un sera déclaré inconstitutionnel (pour vice de procédure). La Sécurité sociale devra désormais reconnaître la qualité d’ayant droit au partenaire d’un assuré social qui en fera la demande, quel que soit son sexe.
27-31 décembre 1992 : à Bruxelles, conférence européenne de l’ILGA organisée par Antenne Rosa
31 décembre 1992 : 25 227 cas de sida ont été recensés en France (dont 12 600 homo-bisexuels).
1993-2001 : Aides voit affluer de nombreux volontaires (le 1er Sidaction du 7 avril 1994 joue un rôle important) et les salariés sont plus nombreux ; les motivations des volontaires sont nombreuses, entraînant des débats clivants entre politiques de réduction des risques (concernant les toxicomanes) et « mamies » caritatives, les problèmes des immigrants, les actions thérapeutiques et les démarches « spirituelles »
1993 : Cinéma : « Garçon d’honneur » film taiwano-américain d‘Ang Lee, « Edouard Il » de Derek Jarman, Variétés : Pet Shop Boys (Libération)
1993 : parution du journal intime de Gabriel Matzneff La Prunelle de mes yeux qui s’étend sur deux années (1986-1987) chronique d’un amour fou entre un homme d’âge mûr, écrivain célèbre à la réputation sulfureuse et une fille d’à peine 14 ans, bonne élève, sur laquelle l’entourage fait pression pour l’obliger à rompre, en 1986 elle sera hospitalisée en catastrophe et lui le sera à son tour en 1987, persuadés d’être malades du Sida ils envisagent de se suicider ensemble afin d’échapper à la souffrance ; le livre donne lieu à de beaux portraits d’amis, comme Hocquenghem, et du maître, Cioran
1993 : parution du livre de Virginie Despentes, 24 ans, Baise-moi, épopée trash de deux jeunes filles en cavale, elle développe sa vision du féminisme en s’appuyant sur son itinéraire personnel semé de coups durs (viol à 17 ans, prostitution pour se reconstruire) ; les réactions sont fortes « une jeune fille ne doit pas écrire sur le sexe, et pas de cette façon ! » dira-t-elle 20 ans plus tard
1993 : parution du livre de Marguerite Duras Ecrire, elle y souligne le regard de l’homme sur la femme écrivain : « Comme j’écrivais, il fallait éviter de parles des livres. Les hommes ne supportent pas : une femme qui écrit. C’est cruel pour l’homme. C’est difficile pour tous. »
1993 : parution de Cargo Vie de Pascal de Duve (1964-1993), belge, sinologue et polyglotte, professeur de philosophie, il décèdera un an après avoir écrit ce livre, il est atteint du sida lorsqu’il s’embarque sur un cargo pour les Antilles, très affecté par l’abandon de son ami qui ne supporte pas de le voir se dégradé, il propose comme sous-titre à ce livre « 26 jours du crépuscule flamboyant d’un jeune homme passionné » et ajoute « ce n’était pas un voyage comme les autres, c’était mon voyage, unique, dans l’espace et dans le temps »… « Etre vieux c’est ne plus avoir beaucoup de temps à vivre et à en être conscient. En ce sens, je suis vieux. Vingt huit ans… Oui, ce printemps est le premier, j’aime mon sida… »
1993 : mort de Michel Rey (1953-1993) pionnier de l’histoire gay de France
1993 : Rudolf Noureev meurt du sida, issu du Ballet du Kirov en URSS, il est en France depuis 1961, il est alors directeur de la danse à l’Opéra de Paris
1993 : dépénalisation de l’auto-avortement et création du délit d’entrave à l’IVG ; la Sécurité sociale devra désormais reconnaître la qualité d’ayant droit à toute personne en charge affective et permanente d’un assuré social qui en fera la demande quelque soit son sexe ; 4ème (!!!) festival de films de réalisatrices Quand les lesbiennes se font du cinéma organisé par Cinéffable ; création de l’Association Réseau femmes Ile de France ; parution des n°1 de Marie pas claire (à Paris), de l’Echo des salades et de Menstruel
1993 : création par Camille Cabral de l’association PAST (Prévention Action Santé pour les Transgenres) qui est hébergée par Aides en 1993-1994, Aides apporte une formation et les réunions permettent une communication nécessaire entre les Trans ; des outils de prévention seront mis en place avec brochures, matériel et café la nuit en plein Bois de Boulogne, des places d’appartements sont mis à disposition, des projets seront subventionnés par le Sidaction ; plus tard lorsque apparaitront des conflits entre trans hommes et trans femmes, Kouka Garcia – argentine arrivée dans les années 1980, elle s’était mobilisée lorsqu’elle avait vu de nombreuses trans tomber malade en 1986-1987 – créera Pari-T afin de permettre aux uns comme aux autres de s’exprimer plus librement
1993 : à Paris, la maison des homosexualités devient Centre gai et lesbien, mais seules de modestes aides de l’AFLS et d’Arcat-Sida lui permettent encore de survivre, enfin d’année le bureau démissionne, déstabilisé par la mésentente entre les associations et la faiblesse des moyens ; l’assemblée générale est convoquée et un appel aux 60 associations membres est lancé
1993 : à Bordeaux, décès de Georges Andrieux (1948-1993), éducateur spécialisé, comptable, cofondateur du GLH en 1975, du GHB (groupe homosexuel de Bordeaux) en 1979 et de For’Hommes en 1991, correspondant de Gai Pied (1979-1982), volontaire à Aides Aquitaine
1993 : à Marseille, assemblée générale du CEL (centre évolutif Lilith), tout le monde démissionne du CA, avec le nouveau CA l’association n’est plus seulement une association de femmes, elle devient une association « lesbienne et féministe » ; Chantal Girard entre au CA, elle en devient la présidente pour 5 ans 1994-1999, et donne une dimension plus militante, réunions à 20 ou 40 personnes, conférences, fêtes 200 à 600 personnes « de la folie, les femmes viennent de toute la France aux fêtes du CEL » dit Chantal, période militante et de loisir (cartes, randos, etc.), participation à la 1ère semaine de la Gay Pride ; participation à la création d’une coordination lesbienne nationale, d’abord en discussion à Cineffable, puis une 1ère réunion de femmes à Marseille
1993 : à Marseille, c’est une année épouvantable en matière de sida, dit le docteur Patrick Philibert, avec deux hôpitaux Houphouët-Boigny et Conception qui accueillent les malades du sida, il y a un mort par semaine entre 1992 et 1994 ; cette année-là le congrès de Berlin est sinistre (Patrick Philibert explique qu’il a commencé sa carrière dans le service de médecine générale du docteur Gastaud qui a été un des premiers à s’occuper de malades du sida et que son collègue le docteur Baconnier a été un des premiers médecins à identifier un malade du sida et a envoyé à Willy Rosenbaum un ganglion qu’il avait prélevé) ; Aides Provence est présidé successivement par Thierry Gamby, puis par Alain Molla, l’association est présente dans les hôpitaux, auprès des malades, fait de multiples interventions de prévention ; aux côtés des 1ers salariés s’activent de nombreux bénévoles
1993 : à Marseille, le Tipi, association de prévention sida pour les toxicomanes, prend naissance dans le quartier de la Plaine (il est issu d’un 1er noyau né dans le quartier des Aygalades où il y a eu 20 morts par overdose dans les années 1980) ; c’est le moment où se crée le CCPD (comité communal de prévention de la délinquance) dans le cadre du Contrat de ville, le GIRAST (groupe interprofessionnel de recherche-action sida-toxicomanie) ainsi qu’une cellule sida à la DDASS ; c’est l’année où se crée le réseau Santé Marseille Sud dont le Dr Patrick Phlibert est l’un des fondateurs
1993 : à Marseille, le Ibiza magazine est ralancé, par Jean-Marc Astor et Eric Séroul, et deviendra bientôt l’un des titres de la presse gay régionale gratuite (il deviendra LOM magazine)
1993 : parution, aux USA, de Boots of Leather, Slippers of Gold. The History of a Lesbian Community de Elisabeth Lapovsky-Kennedy & Madeline D. Davis, à partir d’entretiens menés auprès de plusieurs centaines de femmes de Buffalo, Etat de New York, près du lac Erié, de la fin des années 1930 au début des années 1960, à partir de leur engagement féministe lesbien, elles privilégient l’histoire orale, les femmes de la classe ouvrière fréquentant les bars gays n’ayant laissé aucune trace écrite ; elles affirment que pendant des décennies pour beaucoup de femmes leur identité était en fait butch ou fem, au lieu de gay ou lesbienne, mais que par la suite » être lesbienne ou gay était devenue une identité de référence autour de laquelle des personnes se retrouvent avec d’autres comme elles et construisent leur vie »
1993 : en Fédération de Russie, l’homosexualité est décriminalisée (elle sera recriminalisée 20 ans plus tard, en 2013 par le bais d’une loi anti-propagande)
1993 : aux USA, parution de la Biographie de Jean Genet d’Edmund White, découvrant sa séropositivité en 1985 et se voyant mourir il s’est lancé le défi de réaliser ce livre
1993 : aux USA, création du CLAGS (center for lesbian and gay studies) à New York issu d’un regroupement de chercheurs, de militants, de chercheurs indépendants et de militants
1993 : en Israël, lors d’un contrôle de routine l’armée découvre de façon inopinée qu’un lieutenant-colonel, Uzi Even, vit avec son compagnon, il est licencié, l’histoire remonte jusqu’au 1er ministre, Yitzhak Rabin, qui décide de faire changer la loi (votée en 1995) ; en 2002 Uzi Even deviendra le 1er député de la Knesset ouvertement gay, membre du parti Meretz (gauche et écologiste)
1993 : à Cuba, sortie du film Fraise et Chocolat qui marque le début de la reconnaissance des droits des personnes LGBT+ sur l’île, le film est basé sur le roman d’un jeune écrivain, Diego amateur d’art gay et raffiné, se lie d’amitié avec David, fervent partisan du parti communiste au pouvoir, joués par Jorge Perrugorria et Vladimir Cruz,
Janvier 1993 : décès des suites du sida de Frank Arnal (1950-1993), fils d’un grand entrepreneur du BTP à Toulon, professeur de lettres-histoire en lycée professionnel, cofondateur de Gai Pied en 1979 et rédacteur en chef de 1983 à 1986, directeur jusqu’en 1988, passionné d’études historiques et sociales sur l’homosexualité (cf. son étude sur marins et homosexuels à Toulon, sa ville natale) , il s’est battu contre la tentative du ministre de l’Intérieur Charles Pasqua d’interdire le journal Gai Pied en 1986, il s’est mobilisé contre le sida, en particulier dans Gai Pied lorsqu’il devient hebdomadaire (publication de la 1ère grande enquête sur le comportement des homosexuels face au sida dirigée par Michael Pollak en 1985, « chronique des années sida » en 1990, et mise en place d’une chronique des années sida qui donne la parole aux lecteurs chaque semaine) ou en dehors du journal, avec la publication l’année de son décès de Résister ou disparaître, les homosexuels face au sida, la prévention de 1982 à 1992 ; en 1992 Gai Pied, dont il avait fait un hebdomadaire, vient de disparaitre ; Gert Hekma, responsable des gays & lesbian studies à l’université d’Amsterdam, l’avait rencontré au camp d’été du Mont des Tantes, à Montaigu de Quercy en 1978, il était la 1ère personne du GLH à y venir, mobilisé par le combat des gays, militants et grands intellectuels, « vraie folle des années 1970 qui connaissait tous les plaisirs de la fameuse rue Sainte-Anne » ; il meurt « dans sa famille de la haute bourgeoisie conservatrice à Toulon et non parmi ses amis du monde gay » regrette Gert Hekma
Janvier 1993 : à Marseille, dépôt des statuts, le Collectif gai marseillais devient le Collectif gai et lesbien Marseille Provence, il a son siège à la maison des associations (Canebière), avec 4 objectifs : visibilité homosexuelle, convivialité, participation à la lutte contre le sida, organisation de la Lesbian & Gay Pride ; il organise les Lesbian and Gay Pride de 1993 à 1995 avec débats, festival de cinéma ; débat sur le CUS, sur la déportation des homosexuels ; interpellation des candidats aux élections (oct 1992, mars 1993), du maire et des présidents CG13 et CR (dec 93 et dec94) ; bals mixtes semestriels (400 à 650 personnes) ; pétition pour le CUS ; mise en place d’un fonds de solidarité gai (a permis d’aider une 20aine de pers), bull d’info Marseille Gai ; permanences d’accueil au Local (8 rue Barbaroux) ; Christian de Leusse est président du Collectif, puis coprésident jusqu’en 1995
6 janvier 1993 : mort du danseur Rudolf Noureev (1938-1993), à 17 ans il entre au Kirov, surdoué et indiscipliné, à 19 ans il est soliste dans le Lac des cygnes, il est déjà fiché comme homosexuel, contraint de partager un appartement sordide avec des ouvriers, il dira n’avoir jamais eu de conact avec un garon avant son passage à l’Ouest ; il apprend l’anglais et songe à sa fuite ; en 1961 il est engagé comme danseur étoile et son apparition dans La Bayadère stupéfie le public de l’Opéra de Paris, il est vu comme le nouveau Nijinski, il fait la connaissance de Pierre Lacotte, de Jean-Pierre Bonnefous, de Raymondo de Larrain et de Pierre Bergé, des amis dévoués qui l’aideront à passer à l’Ouest, le 17 juin 1961 alors que la troupe s’envole pour Londres, il reçoit l’ordre de rentrer à Moscou, il saute par-dessus les barrières et se met à l’abri derrière deux policiers français, la France lui donne le droit d’asile, il signe un contrat avec le ballet du marquis de Cuevas, et le 22 juin il est acclamé dans La Belle au bois dormant, puis inquiet des menaces russes, il rejoint Covent Garden où dans Gisèle il partage la vedette avec Margot Fonteyn ; à Londres il trouve l’amour de sa vie avec le danseur Eric Bruhn, mais inconstant il drague tous les soirs lors de ses tournées, lorsqu’il se découvrira séropositf il cessera sa chasse perpétuelle ; en 1977 il danse au New York City Ballet les chorégraphies de Ballanchine, il rencontre le danseur Robert Tracy (1928-2007) qu’il appelle « mon Ganymède » ; il travaille avec des chorégraphes modernes (Béjart, Culberg, Cunningham, Taylor), joue le rôle de Rudoph Valentino dans un film de Ken Russel ; en 1983 il accepte la direction artistique de l’Opéra de Paris il en fait la scène la plus prestigieuse du monde, faisant revivre les ballets de Marius Petipa ; à la fin de 1984 il ressent les effets du sida ; en 1989 il retrouve Saint-Petersbourg où il danse La Sylphide sur la scène du Kirov ; en mai 1992 il dirige l’orchestre lors du ballet de Roméo et Juliette au Metropolitan Opera de New York, puis, allongé sur son lit, il fait répéter La Bayadère à l’Opéra de Paris ; le 8 octobre 1992 il est promu chevalier des Arts et Lettres, et apparaît une dernière fois sur la scène davant un public bouleversé ; il repose au cimetière de Sainte-Geneviève des Bois, non loin de la tombe de Serge Lifar
29 janvier 1993 : les militants d’Act-Up déclenchent leurs cornes de brume et leurs sifflets à 17h contre le laboratoire d’analyses d’Artois, d en lançant de jeunes danseurs qui lui plaisentans le 16ème arr., six d’entre eux dans le bureau du directeur Philippe Gascon pour dénoncer ses procédés douteux et illégaux de dépistage du sida ; pour gagner du temps en effet le laboratoire pratique le pooling, il regroupe le sérum sanguin d’une dizaine de personnes, au risque d’annoncer à des gens leur séronégativité alors qu’ils viennent d’être contaminés ; la justice sera saisie et le laboratoire sera fermé un mois ; tous les mardis se tient la réunion des militants, moyenne d’âge 25 ans, en majorité homosexuels, séropositifs ou non, quelques femmes et quelques hétérosexuels, Act Up qui regroupe 200 militants est arrivé à mobiliser plus de 6 000 personnes lors de sa manifesation de décembre 1992, des groupes se sont créés dans d’autres villes (Lille, Lyon, Toulouse et Nice), Act-Up Paris est désormais le groupe le plus important dans le monde, parmi ses animateurs Christophe Martet (29 ans), Marc Mayns (42 ans), Anne Rousseau, Didier Lestrade, Pascal Francy, Mathieu Duplay ; les autres associations sont alors : AIDES présidé par Arnaud Marty-Lavauzelle, ARCAT fondé par Frédéric Edelman (cofondateur de Aides, journaliste au Monde) qui publie le Journal du sida animé sous la direction de Jean le Bitoux, Aparts (appartements thérapeutiques) animé par Henri Maurel, Vaincre le Sida et Sida Info Service
Février 1993 : à Lyon, Raphaël Comby, ancien secrétaire de SOS Racisme, se présente aux élections comme « candidat séropositif » dans la même circonscription qu’Alain Mérieux, il explique qu’il a suscité autour du maire, Michel Noir, une commission municipale sida et la mise en place d’appartements thérapeutiques
Février 1993 : à Marseille, le Collectif Gay et Lesbien Marseille-Provence adresse une lettre aux candidats dans le cadre des élections législatives
Février 1993 : publication de l’enquête d’Alfred Spira sur La sexualité des Français : 4,1 % des hommes interrogés et 2,6 % des femmes sont homo-bisexuels, le nombre d’homo-bisexuels en France peut être évalué dans une fourchette grossière de 500 000 à 2 millions de personnes
Février 1993 : en Russie, l’écrivain Christophe Donner écrit dans Globe hebdo son journal de voyage dans les nuits gaies de Moscou, il se trouve en compagnie d’un « type complètement ivre et d’une vieille folle à moitié clodo », fume une cigarette devant la biouche du métro place du Bolchoï avec des garçons volubiles « Artium se dandine, s’esclaffe, ils disent qu’il st un peu tard pour voir la vraie vie souterraine des gays », Tobie dit que « c’est le social qui jette les garçons sensibles dans le fossé de l’homosexualité », Kevin sort un gros livre américain dur l’histoire des gays, il édite et coordonne des revues homosexuelles russes (Tema, 1/10, Toi…) publications semi-clandestines, son boy friend Pacha a fait 4 ans de goulag parce qu’il était homosexuel, à la maison de la culture n°4, celle des cheminots, l’entrée est payante mais c’est l’ambassade qui paie, la soirée est clandestine il y a 2 flics à l’entrée, 2 chanteurs gays se relaient, 2 travelos déguisés en bergères gréco-romaines apparaissent, « Je ne sais pas si les miliciens sont là, en tout cas on va s’embrasser sur les fauteuils rouges… Sacha m’écoute, chancelle, s’effondre encore sur moi, ivre et plein de beauté… Kevin organise une petite suite orgiaque à cette soirée » mais « la party est réservée aux initiés de préférence aux étrangers, aux Américains pédés vivant à Moscou… mais comment on fait ? … c’est un risque énorme de s’introduire dans un cercle aussi illégal, si on multiplie cinq ans de goulag par le nombre de participants », Pacha explique qu’il a été arrêté en 1984 lors d’une fête, ils ont soutirés des aveux er il a été condamné
2 février 1993 : mort du cinéaste François Reichenbach (1921-1993), fils de collectionneurs de peinture il est doté d’une éducation artistique de haut niveau, il travaille aux USA dans le commerce des tableaux, puis commernce une carrière de réalisateur de films documentaires, il révolutionne l’art du reportage et du documentaire, à la manière d’un sociologue, il réalise de nombreuses émuissions télévisées, il est membre du jury du Festival de Cannes en 1965 et obtient un Oscar du meilleur film documentaire en 1970 avec L’Amour de la vie – Arthur Rubinstein ; il s’entoure de jeunes collaborateurs et assistants homosexuels, et satisfait son goût pour les garçons lors de ses fréquents voyages à l’étranger
10 février 1993 : Christophe Donner témoigne du livre posthume d’Hervé Guibert le Paradis qui vient de paraître, il écrit qu’à partir de 17-18 ans (en 1972-1973) Hervé « a commencé à planter des aiguilles dans le cœur des garçons », il évoque la Mort propagande où « les choses sont de plus en plus vraies, pénibles et excitantes, elles donnent envie de le consoler , c’est pas exactement de la pitié, c’est le désir de réchauffer ce malheur, et le mien » et l’Image fantôme qui est « une démonstration se son intelligence » ou encore Cytomégalovirus « écrit un bras hors de la tombe », dans Paradis « il a seulement cultivé son adoration avec cette grande rigueur morale, proche du morbide, qui fait de lui le sorcier de ce livre posthume… les éblouissements du deuil sont des éblouissements merveilleux. »
17 février 1993 : à Marseille, le CRIPS Sud organise Prévenir (à l’occasion du n°25 de la revue de la Vie mutualiste) un débat sur Sida et société avec Didier Febvrel (directeur du Crips Sud) et Dominique Durand (rédacteur en chef de Prévenir) dans la salle de Conférence de l’Hôtel-Dieu
29 février 1993 : le magazine Les Lettres Françaises, dont Louis Aragon a été directeur de 1953 à 1972, est désormais dirigé par Jean Ristat, son dernier amant, les questions gay y tiennent une place, Hugo Marsan après 14 ans passés à Gai Pied Hebdo regrette la médiocre qualité des nouveaux magazines Gay News et Rebel, leurs éditos manquant de sève et leurs commentaires ressassant les obsessions qui avaient fini par paralyser les journalistes de Gai Pied « sur une soi-disant communauté gaire qui serait comme-ci ou comme-ça, posant d’emblée u lectorat idéal et unanime… Une douzaine de ‘représentants homos’ se font juges de la manière orthodoxe dont l’homosexualité doit se vivre », il juge moins durement les magazines gratuit qui sont plus modestes dans leurs ambitions (Double Face, Exit et le plus ancien Illico), Eric Lamien lui aussi ancien de GPH s’insurge contre les ministres de gauche qui sous prétexte de lutter contre les toxicomanie s’attaquent aux toxicomanes, Nathalie Magnan interroge Daniel Borillo, juriste, maître de conférence à Nanterre Paris X, sur la législation de la PMA qui s’appuie apparemment sur une logique de santé publique mais qui en fait ne cesse de s’intéresser à la morale (le conjugal, la famille classique, droit de l’enfant, filiation naturelle) et « exclut les femmes célibataires, supposéesmotivées par un narcissisme pathologique, peu à même de favoriser le bien-être de l’enfant », Paul Vacarie souligne que « rien dans notre société ne facilite le désir dès lors qu’on sort du shéma du couple traditionnel. Pour les homosexuel(le)s, ce désir d’enfant affronte les plus forts tzabous » ; une nouvelle association angevine gaie Querelle est signalée ainsi que le cycle du GREH (groupe de recherche et d’études sur l’homosexualité et les sexualités) « Pour une apprche des sexualités à l’époque du sida », la mémoire de Frank Arnal décédé du sida le 12 janvier 1993, à 42 ans, journaliste, cofondateur de Gai Pied, directeur de la rédaction du journal de longues années, est soulignée, avec « son immense culture, son attachement indéfectible à la défense des droits des homosexuels, son engagement dans la lutte contre le sida… La disparition de ce militant visionnaire, généreux, soucieux de la mémoire de l’homosexualité, est une perte redoutable pour cette communauté » ; à noter aussi un éloge de Montherlant par Philippe de Saint-Robert
Mars 1993 : Simone Veil devient ministre des Affaires sociales, de la Ville et de la Santé dans le gouvernement de cohabitation d’Edouard Balladur (Philippe Douste-Blazy devient ministre délégué chargé de la Santé)
Mars 1993 : parution de Non à la société dépressive du psychanalyste prêtre catholique Tony Anatrella, dans un livre qu’il consacre aux 4 grands sujets que sont l’homosexualité, le divorce, le suicide et la toxicomanie, il considère que lorsque les éducateurs qui vont dans les lycées expliquer aux élèves comment se servir de préservatifs cela « traduit de réelles tendances pédérastiques » ; pour lui la seule voie ouverte aux homosexuels est de « sublimer » leurs pulsions, il est en cela en droite ligne du discours de Mgr Ratzinger qui explique que les indicvidus coupables de fâcheuses tendancs à l’homosexualité doivent « porter leur croix » ; il porte ses attaques contre Sartre et contre Marx et plus généralement contre toute la philosophie depuis Diderot, et en cela suit les propos de Jean-Paul II contre la modernité laïque et les Lumières, mais il élargit sa perspective en qualifiant « le nazisme, le marxisme et le fascisme d’idélologies de nature homosexuelle » (à noter que Tony Anatrella, poursuivi par ses propres démons homosexuels, sera inquiété lorsque se révèleront vingt ans plus tard les scandales de pédophilie dans l’Eglise)
Mars 1993 : parution de Adam et Yves, enquête chez les garçons de Monique Gelher, grand reporter à l’Evénement du Jeudi, portraits dialogues et confessiond des gais français d’aujourd’hui
Mars 1993 : à Paris, constitution du Centre Gay et Lesbien
Mars 1993 : à Marseille, le Collectif Gais marseillais interpelle les candidats aux législatives de mars 1993 (comme il l’a fait aux prud’homales d’octobre 1992) ; le même mois l’artiste Jean-Pierre Ive, ancien du GLH, présente son exposition Crise de mode ; le Collectif lance un Fonds de Solidarité Gai visant en particulier les personnes touchées par le VIH
5 mars 1993 : mort de Cyril Collard (1957-1993), du sida ; assistant metteur en scène de Loulou, A nos amours, Police, comédien dans Condamné Amour, et dans Les Nuits Fauves, roman autobiographique dont il a tiré un scénario, vivant dans une course effrénée vers le plaisir et touché par le sida ; trois jours après sa mort, lors de la nuit des Césars (le 8 mars), Les Nuits fauves obtiendront quatre récompenses ; le film sera vu, entre sa date de sortie en salle (21 octobre 1992) et l’été 1993, par quelques 2,8 millions de Français ; Cyril Collard est frappé lorsque au début des années 1990 l’épidémie connaît un pic en France, il avait dit : « Qu’est-ce qui se passe quand le sida te fond dessus ? La peur, la peur extrême, mais il y a quand même un calme étrange qui arrive. »; ses parents publieront ses Carnets posthumes, confidences impudiques, pleines de sang, de larmes et de sperme, de l’ange sauvage rêvant de pureté
26 mars 1993 : mort du danseur et chorégraphe américain Louis Falco (1942-1993), il a travaillé avec Charles Weldman, Alvin Nikolaïs, Murray Louis et Alvin Ailey, fait partie de la José Limon Dance Company et dansé aux côté des Noureev à Broadway ; sa propre compagnie a connu une renommée internationale à New-York, Spolète, Avignon et Paris de 1967 à 1983, avec une danse dynamique et libre à l’audace érotique ; il a travaillé pour le cinéma e réalisé des vidéos avec Prince ; il est mort du sida
16 avril 1993 : mort de l’écrivain belge Pascal de Duve (1964-1993), professeur de philosophie à Anvers, auteur de Izo en 1990 ; atteint du sida, il a ému de très nombreux lecteurs avec Cargo Vie, crépuscule flamboyant d’un jeune homme passionné, le journal de bord de sa maladie, d’une qualité et d’une sincérité exceptionnelles
25 avril 1993 : à Lille, à l’occasion de la Journée du souvenir de la Déportation, les Flamands Roses peuvent déposer déposer leur gerbe dans le cadre de la cérémonie officielle, ils bénéficient du soutien de la présidente (Verts) du Conseil régional, Marie-Christine Blandin ; dans d’autres villes des groupes gays ont annoncé leur présence, le Forum à Bordeaux, le Chaila à Nantes, le groupe Action Gay d’Orléans ; Pierre Seel, interrogé par Michel Cressole, journaliste à Libération, se désole d’être seul à témoigner, il se souvient d’avoir été arrêté en 1941 avec 12 autres garçons, c’est une conférence sur le déporté homosexuel Heinz Heger présentée par Jean-Pierre Joecker des éditions Personna (et de la revue Masques), en 1981 à Toulouse, qui l’a amené à témoigner de sa propre déportation ; à Paris le Mémorial de la Déportation Homosexuelle est interdit d’accès à la cérémonie officielle
25 avril 1993 : aux USA, des centaines de milliers de gays et lesbiennes (300 000 à 500 000) défilent à Washington pour réclamer le respect de leurs droits, 1 500 mariages sont « célébrés », un bal des « lesbutantes », surtiout un public masculin, blanc, jeune, en tenue sobre et casquette de base-ball sur la tête, venus de trous les horizons professionnels et sociaux du pays, ils ne réclament pas de singularité mais les mêmes droits que l’Amérique moyenne dit le correspondant du Monde, « travail, famille, enfants, église », une immense aspiration à la normalité : fin des disriminations légales, accès à une forme de mariage, droit d’adoption, régime fiscal matrimonial, garde des enfants, pensions alimentaires en cas de divorce, etc., mais la 2ème grande revendication a trait à la lutte contre le sida et la nécessité pour le gouvernement d’augmenter les fonds consacrées à la lutte contre l’épidémie ; la manifestation est préparée depuis 3 ans par les principales associations du pays National gay and lesbian task force et National Gay and Lesbian Victory Fund ; le président Clinton a été le premier président à recevoir officiellement une délégation gay à la Maison Blanche, lorsqu’il était candidat il avait sollicité et obtenu l’appui politique et financier de 3,5 millions de $ des homosexuels ; l’acceptation des homosexuels se heurte à des réticences, devant la Maison Blanche une contre-manifestation brandit « les flammes de l’enfer »et crie « Repentez-vous, orgueilleux pêcheurs ! », et 47% des Américains sont pour le maintien de l’interdiction des homosexuels dans l’armée
3 mai 1993 : le Collectif pour le Contrat d’Union Civile diffuse une lettre-circulaire signée de son prsident Jan-Paul Pouliquen, fait connaitre les diverse démarches engagées pour faire avancer ce projet avec l’aide du sénateur Jean-Pierre Michel et la parution du 1er numéro de la publication mensuelle Humœurs
8 mai 1993 : mort du chorégraphe américain Alwin Nikolaïs (1910-1993), directeur du théâtre de marionnettes de Hartford, suit les cours de danse de Bennington dans le Vermont, son premier ballet Eight Column Line est une protetation contre Hitler, en 1944 il entre dans Paris avec l’armée du général Patton ; en 1949 il rencontre Murray Louis qui sera don amaznt et son interprète favori ; en 1956 Nicolaïs crée sa compagnie avec Murray Louis et Philippe Lambert, en 1968 son ballet Imago est une révélation lors du Festival international de danse de Paris au Théâtre des Champs-Elysées, il sera désormais invité au Théâtre de la Ville, en 1978 il est nommé à la tête du centre national de danse contemporaine d’Angers, il forme de jeunes danseurs comme Dominique Boivin et Philippe Decouflé et crée ses plus célèbres ballets Gallery en 1978, Liturgies en 1983, Grotto, et Schéma en 1980 ; Murray Louis fait transfgérer ses cendes au cimetière du Père Lachaise le 14 janvier 1994, alors que l’Opéra de Paris reprend plusieurs ballets de Nikolaïs
17 mai 1993 : l’OMS supprime de l’homosexualité de la liste des maladies mentales
Juin 1993 : aux USA, à New York, la pièce Angels in America de Tony Kushner triomphe à Broadway, c’est la pièce la plus nominée depuis la création des oscars du théâtre en 1947, elle a reçu le prix Pulitzer pour le théâtre en 1993 ; elle concerne le personnage de Roy Cohn (1927-1986), juif et homosexuel, pourfendeur des juifs et des homosexuels, ancien bras droit du sénateur McCarthy, conférencier chéri de la bone société américaine pour la préservation de la famille, bête noire des militants des droits civils, qui en janvier 1986 va bientôt mourir du sida
2-26 juin 1993 : à Paris, le Duplex présente l’exposition Images en mouvements 1968-1988, 20 ans d’histoire homosexuelle, avec une introduction de Jean Le Bitoux qui a réalisé cette exposition à partir de ses archives privées, 20 documents sont présentés ; Jean-Geoges, alias Jacob de la Fondateur, met en page le catalogue d’invitation avec une calligraphie soignée
7-11 juin 1993 : en Allemagne, la 9ème conférence mondiale sur le sida se tient à Berlin, 10 000 chercheurs-cliniciens se retrouvent et près de 1 500 journalistes, gigantesque forum où sont débattus 6 200 sujets, sans compter les séances plénières qui abordent les questions scientifiques et les 115 ateliers qui traitent des différents champs de la recherche, les grandes préoccupations sont l’épidémiologie et sa diffusion dans les continents, les thérapeutiques et ses progrès, mais aussi les patients, en particulier les toxicomanes et les questions psychiatriques ; en France le maire de Paris, Jacques Chirac se prononce contre le dépistage obligatoire, il se déclare favorable à l’échange des seringues et aux programmes de substitution pour les drogués ; le Dr Didier Jayle directeur du CRIPS Ile de France demande de tester plus vite les médicaments, Cleews Vellay président d’Act Up Paris déclare « Gare au désespoir et à la colkère des malades », pour Frédéric Edelmann, vice-président d’Arcat-sida, directeur du Journal du sida, il faut investir et pas seulement réparer et Arnaud Marty- Lavauzelle, président de Aides, est préoccupé par l’exclusion et la discrimination ; les conférences mondiales se sont succédéés, Atlanta 1985 avec 2 000 chercheurs alors que 9 405 cas sont déclarés aux USA et 300 en France, Paris 1986 avec 2 500 chercheurs alors que 707 cas sont déclarés en France, 2 542 en Europe, 21 000 aux USA et 50 000 en Afrique, Washington 1987 avec 5 000 chercheurs et participants sur le thème L’engagement croissant de la communauté scientifique, alors que 51 069 cas sont déclarés dans le monde (112 pays concernés) et 1 632 cas en France, Stockholm 1988 avec 7 000 scientifiques et médecins, avec l’annonce des premiers essais de candidats-vaccins, la barre des 100 000 cas de sida déclarés est dépassé dans le monde, avec 3 628 cas en France, Montréal 1989 avec 11 000 participants et une intrusion spectaculaire du milieu associatif (500 militants d’Act Up envahissent la tribune), avec 157 191 cas de sida déclarés dans le monde dont 6 409 en France (on prévoit 6 millions de personnes infectées dans le monde en 2 000), San Francisco 1990 avec 10 000 participants (les lois sur les visas pour les étrangers entraine le boycott de nombreux participants étrangers) dans une ville très concernée, avec 254 078 cas déclarés dans le monde (8 863 cas en France), Florence 1991 avec 9 000 participants, à contenu plus scientifique, 366 455 cas dans le monde (dont 14 449 en France) (on prévoit 10 millions de personnes infectées dans le monde en 2 000), Amsterdam 1992 avec 11 000 participants sur le thème Un monde uni contre le sida (le congrès devait se tenir à Boston, il se tient à Amsterdam compte tenu du boycott), on évalue 13 millions de personnes contaminées dans le monde, 18 926 cas déclarés en France depuis le début de l’épidémie
8 juin 1993 : mort du poète cubain Severo Sarduy (1937-1993), peintre, critique d’art, dramaturge, ses premiers romans (Gestes et Ecrit en dansant) en 1963 ret 1967 se situent avant la révolution castriste, le plaisir du langage est proche du plaisir érotique ; installé en France, il traduit et édite les meillerurs écrivains latino-américains tout en continuant à écrire, Cobra en 1972, Barocco en 1975, Colibri en 1984, Cocuyo en 1990, il aborde des sujets très divers comme l’histoire baroque ou le travestisme, dans ses écrits autobiographiques l’homosexualité apparaît clairement
12-20 juin 1993 : à Marseille, 2ème semaine Gay-Pride, organisée par le Collectif Gais Marseillais, comprenant : sauna « safer sex » (au Palmarium, par Santé et Plaisir Gai Provence), sangria (au Scalino), randonnée gaie à moto (au Pont du Gard, par l’Association Motocycliste Alternative), le film Siverlake life (de Peter Friedman, à l’Odéon), soirée (au Kempson), soirée Floane Adam et la Puce (au Cancan), apéritif Gay-Pride (au MP Bar), pique-nique au monument à Arthur Rimbaud, débat sur Racisme anti-gais à l’heure du Sida (avec Jean le Bitoux, Geneviève Pastre et Bernard Paillard, exposition du Patchwork des Noms), gala (à l’Espace Julien avec Matt Carlson, Manga Family, le GRIM, Belladonna 9CH et Emma Peel), soirée au Trolleybus, festival de film Gay et Lesbien (Beignets de tomates vertes, Flesh, Le jupon rouge, Loin du Brésil, Lonesome Cowboy, Rocky horror Picture Show, Talon Aiguille et Trash) ; 300 lesbiennes se retrouvent à la fête de la Gay Pride Bd Longchamp
12-13 juin 1993 : à Paris se tient le 5ème Salon de l’Homosocialité au Cirque d’Hiver, malgré la cessation d’activité de Gai Pied en octobre dernier, entrée fixée à 10 francs payés au Centre Gai et Lesbien qui vient de se créer, le débat sur la presse gaie réunit Jacky Fougeray (Illico), Raphaël Mattei (Rebel), Michel Cressole (Libération), Catherine Gonnard (Lesbia), Lionel Povert (Gay News), Eric Lamien (Contre-Pied) et Gérard Vappereau (Gai Pied), le débat sur le sida réunit Benoit Félix (CRIPS), Cleews Vellay (Act Up) et Jean-Yves Le Tallec (les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence) ; la nuit animée par Laurent Garnier propose un show safe sex ; sous la plume de Vincent Tardieu, ancien du GLH de Marseille et ancien journaliste à Gai Pied, le journal Libération titre « 1968-1988 : 20 ans de gay savoir » et indique que Jean Le Bitoux fait un « exercice de mémoire » à l’heure où la culture gay est menacée par le sida et la fin des utopies, et Michel Cressole souligne l’importance du livre posthume de Frank Arnal (Résister ou disparaître ? Les homosexuels face au sida. La prévention de 1982 à 1992) qui retrace les conséquences du « refus idéologique » de l’homosexualité dans la lutte française contre le sida
14 juin 1993 : mort de l’homme politique Louis Jacquinot (1898-1993), élu député de la Meuse en 1932, résistant dans le réseau Alliance, rejojnt le général de Gaulle à Londres, à Alger commissaire à la marine dans le comité de Libération, ministre de la Marine et de la France d’Outre-mer, parlementaire de 1946 à 1973, ministre des Anciens combattants sous la IVème République de 1947 à 1954, ministre d’Etat chargé de la recherche scientifique en 1958, puis du Sahara et des DOM-TOM jusqu’en 1966 ; il était attiré par les jeunes matelots, son homosexualité lui a nuit dans certaines étapes de sa vie politique
16 juin 1993 : au Maroc, l’ALCS (association de lutte contre le sida) est créée à Casablanca par décret pour l’aide aux personnes touchées par le VIH, en quelques années elle sera présente dans 7 autres villes (Tanger, Rabat, Agadir, Meknès, Fès, Safi et Marrakech) dans un cadre fédératif
22 juin 1993 : constitution du CRIPS Sud avec le soutien de la Région PACA, en particulier du Dr Gil-Patrice Cassuto, Mme Reboulot en est la directrice
Eté 1993 : le journal Elle publie sa couverture avec le titre « Etes-vous une salope ? Un test choc à faire en cachette » qui est un coup de tonnerre
Juillet 1993 : à Marseille, l’association Or-Hadarom, groupe de gais et lesbiennes juifs de Marseille, membre du Collectif gai Marseillais et du World Congress of Gay and Lesbian Jewish Organizations, diffuse son bulletin n°5 ; il se réjouit du fait que l’armée israélienne, Tsahal, s’ouvre aux homosexuels, le fait que Yaël Dayan, « fille du célèbre général », se soit lancée dans cette bataille a été un atout important, « les homos sont désormais dignes de veiller à la sécurité des citotens » note le correspondant du journal Libération ; le bulletin propose une route du patrimoine juif du midi de la France (les métiers exercés, la musique, l’ouverture des « carrières », les enclaves pontificales aignonaises et comtadines, depuis le décret de l’Assamblée constoituante du 28 janvier 1790 et l’intégration des juifs qui s’en est ensuivie) ; il parle aussi des Gay Pride de Marseille, 2ème année de mobilisation de la communauté homosexuelle (apéritifs, festival de films, débats sur le sida, la sortie du placard et le renouveau militant en cours, pique-nique sur la plage, gala à l’Espace Julien, soirées spéciales dans les lieux commerciaux, mais pas encore de marche sur la voix publique… à Paris des 10 000 personnes qui ont défilé entre Port-Royal et Beaubourg ert du 5ème salon de l’Homosocialité au Cirque d’Hiver , et en Israël de la semaine de la Gay Pride ouverte le 27 juin 1993 par un pique-nique en forêt au nord du Néguev et l’installation d’une plaque commémorative en mémoire des gays et des lesbiennes qui sont tombés dans les guerres d’Israël ainsi que des animations à Tel Aviv et à Jaffa ; Or Hadarom paprticipe à un week-end, 9-12 juillet 1993, à Toulouse organisée par l’association nationale Beit Haverim et à un week-end international à Berlin sur l’invitation des groupes de gays et de lesbiennes locaux
12 juillet 1993 : mort de Jacques Chazot (1928-1993), danseur à l’Opéra sous la houlette de Jeanine Charrat, lors de son 1er succès en 1953 il dansait le rôle de Giselle sur les pointes , il a acquis la notoriété grâce à la télévision ; maître de ballet à la Comédie française en 1958-1959 , pésentateur du Bal des Débutantes, chorégraphe, valseur des opérettes, il affichait son homosexualité avec humour, faisant rire ses amies Marie-Hélène de Rothschild, Maria Callas, Louise de Vilmorin et Françoise Sagan, inventant le personnage snob de Marie-Chantal
14 juillet 1993 : à Marseille, les deux anciens du GLH, Nounours et Bibi (Patrick Dou et Alain Abignoli) fêtent leurs 40 ans (ils l’appellent Grande fête baba) chez Odile Bouchet, ancienne du GLH elle aussi, dans sa tanière du Castellet dans le Var
Septembre 1993 : la nouvelle édition du Petit Robert s’adapte aux réalités de l’époque, la définition du mot « amour », jusqu’ici « relations entre un homme et une femme », devient : « relations entre deux individus« .
1er septembre 1993 : à Paris, Hugues Charbonneau, vice-président d’Act Up, fait face à la fin de vie de son ami, Pierre Yves, comme convenu avec lui, il lui injecte une dose de curare par perfusion ; la mère de Pierre Yves n’est pas informé des modalités de cette fin de vie ; Hugues a 25 ans, « veuve joyeuse », il comble son chagrin dans l’activisme, il est tous les jours au local de l’association ; il se souviendra que c’est l’année où Act Up a posé une capote sur l’obélisque de la Concorde, cette fin de vie szera relatée dans 120 battements pas minute de Robin Campillo ; il écrira « souvent j’ai eu envie de hurler qu’à 25 ans il est impensable de donner la mort à son premier amour »
Octobre 1993 : sortie du film Adieu ma concubine de Chen Kaige, palme d’Or à Cannes, dont le rôle titre est joué par le cantonnais, très populaire, Leslie Cheung, histoire d’un trio de deux hommes et une femme happés par l’amour et la musique, « c’était la 1ère fois que je jouais un homosexuel et j’ai eu très peur pour être franc… j’admire Chen Kaige de s’être attaqué avec autant d’honnêteté au tabou de l’homosexualité » dit-il, soulignant la prégnance de l’homosexualité à l’Opéra de Pékin – où l’on oblige des hommes à jouer des rôles de femmes – dans un pays où elle est pourtant bannie ; l’histoire se déroule en 3 heures des années 1920 aux années 1960 ; il fait l’objet de coupes lors de sa diffusion en Chine
Octobre 1993 : le magazine Psychologies, l’harmonie du corps et de l’esprit publie un dossier de 25 pages sur l’Homosexualité, la comprendre, l’accepter, l’assumer ; avec les thèmes : Quest-ce qu’un homme ?, l’Œdipe à l’envers, Féminin pluriel, L’important c’est d’être heureux, Et les parents ? L’âme n’a pas de sexe, S’accepter tel qu’on est, Pour en savoir plus (avec 20 livres cités en bibliogrphie) (textes de Nicolas Freeman, Eliane Caro, Isabelle Taubes, Guy Corneau, Alain Glass, Erik Pigani)
3 octobre 1993 : à Marseille, journée de travail du Collectif Gay et Lesbien Marseille-Provence, autour de nombreuses pistes (prévention, mémoire, personnes atteintes, communication, visibilité, convivialité) et de plusieurs priojets (Fonds de solidarité gai, chevalets, briochure, affiche, bulletin du Collectif, groupe de parole) ; les 23 novembre et 6 décembre 1993 le Collectif aura des rencontre avec Didier Febvrel (en charge du sida à le ville de Mareille) et avec Aides ; un groupe de parole de séropositifs se crée autour de Guillaume Clemente et de Matt Carson, il se réunit tous les lundi (18h-20h)
29-31 octobre 1993 : aux Pays-Bas, la première foire-exposition du style de vie gay se tient à Amsterdam, à Hilversum, associations (dont le COC) et commerces proposent leurs activités et leurs services
22 novembre 1993 : mort de l’écrivain Anthony Burgess (John Anthony Burgess Wilson 1917-1993), il est musicien à l’origine, écrit de nombreux articles et une vingtaine de romans (L’Orange mécanique en 1962, Les Puissances des ténèbres -Earthly powers – en 1980) ; il débute son livre Les Puissances des ténèbres par : « C’était l’après-midi de mon 81ème anniversaire, et j’étais au lit avec mon giton, quand Ali annonça que l’archevêque était là et voulait me voir… »
Décembre 1993 : Gai Pied diffuse le n° 12 de sa lettre mensuelle qui indique les rendez-vous associatifs, artistiques, commerciaux auxquels il ne faut pas échapper, les points d’actualité qui méritent l’attention, dont les violences de plus en plus fréquentes à l’égard des gays et des lesbiennes à Londres dans le quartier de Brixton en particulier, le rapport accablant de la Cour des comptes sur le fonctionnement de l’AFLS lié au gaspillage de brochures – dont les 50 000 brochures destinées aux dentistes envoyées au pilon – et de capotes, aux salaires des dirigeants et aux « magouilles » avec des agences de pub, le succès du concert de Solensi en octobre 1993, le document « indispensable » de Aides sur son action en Martinique, les dizaines de Patchwork des Noms déployés sous la tour Eiffel le 20 cotobre 1993 ou encore le programme lancé par le maire de Paris, Bertrand Delanoé, sur le sujet « majeur » du sida), une liste des actions importantes développées par les association à l’occasion de la Journée mondiale du sida du 1er décembre et l’article de Didier Lestrade qui note que le thème retenu par l’OMS Agissons maintenant et critique sévèrement les actions de prévention « flippantes » (stands, affichettes, court-métrages, lâchers de ballons) « on intellectualise à outrance ! »
Décembre 1993 : le n°8 du journal du CUARH, Homophonies, diffuse une interview de Françoise Giroud par Gérard Bach-Ignasse et Jan-Paul Pouliquen ; Gérard Bach-Ignasse rédige un texte sur les identités sexuelles, il retient l’hétéro(te), l’homo/la lesbienne, Bi et pédophile, définissant cette dernière comme « l’identité impossible de notre société… pourtant l’identité pédophile ou pédéraste a (comme le lesbianisme) un passé plurimillénaire venu de le Grèce antique. Le mentor qui accompagne l’adolescent dans sa formation à tous les aspects de la vie (y compris sexuelle) était pour les Grecs un instrument nécessaire du processus d’éducation… Nos sociétés commencent à s’apercevoir que la figure du mentor manque considérablement à beaucoup de jeunes mais elles ne sont pas prêtes à accepter le versant sexuel. Si bien qu’on ne parle de pédophilie qu’à l’occasion de procès à scandale. Pourtant même ces procès montrent bien souvent qu’il existe, dans le non-dit social, dans la vie sourterraine de nos sociétés de nombreuses relations d’amour entre des enfants et des adultes et que ces relations peuvent être structurantes pour l’enfant. »; Jean-Marc Florand et Karim Achour font paraître un livre sur les 101 réponses pratiques concernant les Homosexuels, premier guide juridique de l’homosexualité ; René Schérer propose un texte Jean Genet parmi nous (Une religion de volupté, Une culture, une langue, Une manière d’être à l’étranger, Une mystique du corps, Irrécupérable Genet) ; Françoise d’Eaubonne parle d’un « sexocide » en Iran, se référant à deux livres (Le sang des pierres et Le combat des femmes en Iran) ; J.M. Geidel s’interroge sur l’angoisse qui joue un rôle sur le refus de se faire dépister du sida, l’angoisse advient davantage que l’irresponsabilité
1er décembre 1993 : à Marseille, prise de parole du Collectif Gais marseillais lors de la cérémonie organisée par Aides Provence devant le Palais de Justice (21 prénoms de morts du sida sont égrainés) et installe des chevalets qui présente les noms des proches morts du sida ; il envoie des lettres dirigeants des collectivités locales (maire, présidents du Conseil général et de la Région) (une nouvelle lettre leur sera adressée en mars 1994) ; il réalise une affiche ; le bulletin du Collectif Gais reproduit un texte d’Arnaud Marty-Lavauzelle, président de Aides, sur la Vulnérabilité homosexuelle, fait connaitre l’agenda des associations du Collectif entre le 21 novembre et le 19 décembre, les mobilisations du 27 novembre et du 1er décembre, Thierry Ruiz fait un texte sur les actions de prédvention en milieu gai qyu’il anime au titre de Aides et Jean-Marcel Michel dresse un état de la presse gaie (Gai Pied la lettre, Gay infos, Oh Gay Mag !, Espace Man, Illico, Exit, Action duiffusé par Act Up Paris et Humœurs)
1er décembre 1993 : pour la journée mondiale de lutte contre le sida. Act Up-Paris et Benetton honorent l’obélisque de la Concorde d’un préservatif géant et rose fluo ; la médiatisation, la « stratégie marketing » constituent une arme du groupe « On vendait le nom Act Up, on vendait une action, on vendait une image » ; la bâche affiche les deux logos, alors que Benetton fait l’objet de plusieurs controverses liées à ses publicités, Oliviero Toscani le créateur de ses campagnes publiciaires a proposé ce préservatif géant
31 décembre 1993 : 30 616 cas de sida ont été recensés en France (dont 14 718 homo-bisexuels)
Fin 1993 : l’écrivain, Dominique Noguez rencontre lors d’un colloque un jeune homme de 24 ans, d’une grande beauté dont il tombe immédiatement amoureux ; il racontera cette histoire avec ce Cyril Durieux qui ne l’a pas beaucoup aimé, dans un livre Une année qui commence bien (2013), son journal lui a servi de béquille, il écrit : « Des lambeaux d’amour, voilà ce que j’aurais vécu sur cette terre. Et c’est à lui, Cyril, que je dois quelques-uns des plus beaux. J’aurais pu mieux tomber, mais aussi ne jamais rencontrer personne de son genre : un être d’une beauté et d’un rayonnement exceptionnel, d’une intelligence et d’une culture qui s’accordaient aux miennes, un peu fou, acceptant quasiment toutes les privautés, bref, un être avec qui j’aurais connu et satisfait non seulement, parfois, le désir physique, mais la curiosité intellecteulle et l’affection. De tous les êtres que j’ai approchés, je n’ai approché qu’une partie ; de lui seul, le tout (ou presque) » mais aussi « Cet acte sexuel dont je rêvais depuis le début, ne s’est jamais réalisé d’une façon globale » ; avec Cyril, lors du Jour de l’An, Noguez fréquente alors le Palace, rue du Faubourg- Montmartre, avec son « immense piste de danse », et le Privilège au « plafond relativement bas et dans une chaude pénombre » ; dans ce livre autobiographique, Noguez se raconte « certaines nuits où j’avais longuement erré en vain dans es rues à la recherche d’un partenaire, je pouvais traverser des moments de désespoir noir. Je rentrais m’enfouir dans le sommeil, suicide du pauvre. Puis je passais à autre chose. », il fréquente les bars du Marais (l’Oiseau bariolé et d’autres) ; normalien et écrivain reconnu, il fréquente le milieu des éditeurs, des écrivains, des artistes, des danseurs et des architectes (Jean-Jacques Lebel, Erro, Sollers, Kristéva, Amélie Nothomb, Jean-Noël Pancrazi, Guéric Pervès, Michel Houellebecq, Patrick Renaudot, Philippe de Saint-Robert, Robert Laffont, Jean-Paul Bertrand, Jacques Brenner, André Comte-Sponville, Renaud Camus, Michel-Claude Jalard, Michel Wasserman, Charlie Bové, Daniel Buren, Jean Clair, Alain Absire, Jean-Claude Bologne, Michel Host, Claude Pujade-Renaud, Martin Winckler, Daniel Zimmermann, Régis Debray, Régine Chopinot, Lucinda Childs, Patrick Bensard, Anne Rain, Frédéric Boilet, Christian Saglio, Bernard Comment, Frédéric Olivennes, Luc Lamprière ou encore son ancien camarade à Normale Sup Alain Juppé), voulant croire aux projets d’écriture de Cyril il lui fait rencontrer quelques un de ces illustres amis ; Cyril se révèle beaucoup plus intéressé par le luxe et la luxure que lui permettent ses hauts revenus de trader et sa beauté
1994 : Cinéma : « Les Roseaux sauvages » d’André Téchiné, « Philadelphia » de Johnathan Demme, « Les Combattants de l’espérance » de Roger Spottiswoode (d’après And the Rand Played on de Randy Shilts). « Fraise et Chocolat » de Thomas Gutierrez Alea. Théâtre : « Angels in America« , mis en scène par Brigitte Jaques (création au festival d’Avignon).
1994 : le Comité des droits de l’Homme de l’ONU affirme que le Pacte International pour les Droits Civils et Politiques interdit la discrimination basée sur l’orientation sexuelle à l’occasion de l’affaire Toonen contre l’Australie
1994 : aux USA, parution du livre de George Chauncey Gay New York
1994 : aux USA, parution du livre de Toxico de Bruce Benderson, né en 1946, à Manhattan il décrit Alphabet City plonge dans le milieu des drogués et des prostitués masculins ; il traduira Prostitution de Pierre Guyotat qui est selon lui écrit « dans une langue imaginaire » avec son « argot homosexuel, ses expressions auvergnates, allemandes, arabes »
1994 : parution du livre-témoignage de Pierre Seel, coécrit avec Jean le Bitoux, Moi Pierre Seel, déporté homosexuel (dont le titre est un clin d’œil au livre de Michel Foucault Moi Pierre Rivière… notera Daniel Defert) ; « Pierre Seel, être écorché vif, passionné, passionnant, qui s’était trop longtemps tu, avait une soif inextinguible de partager son histoire » écrira Stéphane Corbin
1994 : ouverture à Gardanne du centre de soins palliatifs La Maison, à l’initiative du Dr Jean-Michel Lapiana, membre de Aides, l’implantation se fait dans la difficulté compte tenu de refus des différents voisinages de voir près de chez eux des malades du sida, c’est enfin le maire de Gardanne, Roger Meï, qui donne son accord pour l’accueillir
1994 : Aides diffuse l’affiche « Hey pote, passe-moi une capote ! » avec l’image de 2 beurs
1994 : à Act Up Christophe Martet devient président, il prend la succession de Clews Vellay, mort du sida ; il racontera son itinéraire, infecté par le VIH au cour de l’hiver 1983-1984, mais il n’entend parler du virus qu’en octobre-novembre 1985, en 1987 premiers tests concernant les CD4, il voit des gens mourir et part à New York, c’est là qu’il découvre Act Up, il entend pour la 1ère fois le mot homophobie à propos du Sida ; aux USA le VIH est une affaire collective (gays, lesbiennes, latino, personnes âgées), il assiste à une réunion où il y a 600 personnes dans une ambiance tonique ; six mois plus tard, il rejoint FR2 à Paris et rencontre Didier Lestrade, à Paris il y a 30 personnes à la réunion d’Act Up et pas la même énergie, avec Clews Vellay et d’autres ils élargissent la mobilisation (en direction des femmes, des prisons, etc.) (Didier Lestrade est alors plus centré sur les questions liées au traitement), la réflexion s’élargit sur la société ; Martet s’intéresse à la recherche et aux nouveaux médicaments ; en 1989-1990 l’épidémie n’a pas de visage (excepté Hervé Guibert et Jean-Paul Aron), le coming out sur le sida ne passe pas (compte tenu des problèmes que cela engendre pour le travail, le logement, l’assurance, etc.) et l’écoute du côté des gays est réduite ; il restera à Act Up jusqu’en 2000-2007, puis ira à l’ARDHIS pour suivre les demandeurs d’asile ; en 2003 « guéri » du sida, Martet fera la connaissance de son futur mari ; au cours de sa présidence 1994-1997, il s’illustrera par une série d’actions en 1995 et au début 1996 pour obtenir les antiprotéases, nouvelle classe de médicaments antirétroviraux, avec occupations d’usines et de laboratoires, manifestations devant le ministère de la Santé, interpellations des dirigeants des laboratoires lors de réunions publiques ; il est alors prévu de procéder par tirage au sort pour bénéficier des antiprotéases, Ch. Martet estime que « sans ces actions des centaines, voire des milliers de malades seraient morts » à commencer par lui-même « en militant à Act Up les gays se sont engagés contre le sida, pour l’accès au traitement, pour les droits sociaux des personnes atteintes » ; Act Up a le souci de défendre toutes les personnes atteintes (prisonniers, personnes racisées, travailleurs du sexe) ; la charte des droits du patient hospitalisé est obtenue en 1994 après de longues négociations (avec Simone Veil puis Philippe Douste-Blazy) ; de 1994 à 2013 le photographe Tom Craig documentera l’histoire d’Act Up Paris
1994 : les lois bioéthiques adoptées rendent la GPA (gestation pour autrui) illégale
1994 : Florence Tamagne commence sa thèse sur L’homosexualité dans les années 1920-1930 en France, en Angleterre et en Allemagne, elle note l’absence d’archives en France alors qu’il y a Homodok à Amsterdam (rassemblant les documentations du COC et de Lesbish Archief) ou le Schwules Museum à Berlin
1994 : à Marseille, création des 3G par les 4 filles Laurence Chanfreau – comme cheffe de file – , Agnès Royon Le Mée, Sylvie Gaume et Dominique la trésorière, le CEL apporte un soutien financier, beaucoup de filles apportent un soutien matériel et financier, ainsi que les Bigoudies et le Collectif gay et lesbien, pour les travaux (chape de ciment, l’électricité, etc.) ; elles se sont rencontrée à Act-Up Marseille, toutes concernées par le sida à des titres divers ; il y a un besoin d’échapper au CEL où on étouffe un peu ; avec de la folie, de la décoration, un bar le soir, un flipper, des valeurs anti-Front National (soirées contre le racisme et le FN), des soirées « explosives et intimes », une exposition de sexes féminin (par Laurence), un jumelage ave Bagdam Café de Toulouse, soirée « vaches folles » à l’Abri côtier (Madrague de Montredon), un petit journal Le Cri de la gouine (il y aura 5 numéros); Sylvie – qui a eu un fils par insémination en 1990 – fonde un groupe de mères lesbiennes (pique nique et sorties avec les enfants), grande fête aux Docks des Sud et au Salons de la Réale (avec 800 personnes)
1994 : à Marseille, constitution de l’association les Bigoudie’s, Christine D., Louisa, Patricia Guillaume, etc. ; expression artistique et créative, beauté convulsive, belle subjectivité, anar et subversif, thés dansant mensuels au Balthazar, le dimanche, place ND du Mont, avec des thèmes (les Bigoudies au couvent) et l’organisation (buffet, spectacles, costumes, DJs) pendant plus d’un an, tableaux vivants, soirée érotique (films porno et buffet érotique), « drôle, créatif, inventif et politique » (le 31 décembre 1994 se tiendra le 2ème réveillon des Bigoudies au Portail, c’est un échec) ; leur premuier tract « Les Bigoudie’s, celles qui aiment la fête et la tête (et la fesse, alouette !), qui ne se reproduisent pas mais sont de plus en plus nombreuses »
1994 : à Caen à l’occasion du 50ème anniversaire du Débarquement, manifestation de solidarité avec les femmes de l’ex-Yougoslavie : Aux milliers de femmes violées, victimes de guerre ; au Kremlin-Bicêtre 6è festival Quand les lesbiennes se font du cinéma ; création du Réseau international de solidarité avec les femmes algériennes ; ouverture du Centre Gay et Lesbien rue Keller à Paris ; création de l’association SOS Homophobie
1994 : une étude menée sur un corpus de 537 albums de bandes dessinées pour enfants parus dans l’année, en France et en Belgique pour la plupart, dresse le constat que les héroïnes sont archi-minoritaires, les filles sont enfermées dans des stéréotypes sexistes ; 70% des femmes du corpus des albums recommandés par l’Education nationale sont enfermées dans un rôle domestique
1994 : présentation de la thèse de Patrick Dubuis sur L’Homosexualité dans la littérature française de la 1ère partie du XXème siècle (Université de Haute-Normandie) ; il sera directeur de la revue Inverses : Litterature, Arts et Homosexualité ; en 2011 il publiera Emergences de l’homosexualité dans la ittérature française d’André Gide à Jean Genet ; en 2013 il écrira l’article Expressions de l’homosexualité dans la correspondance de Max Jacob, dans les Cahiers Max Jacob
1994 : parution du livre L’Epidémie, carnet d’un sociologue de Bernard Paillard, disciple d’Edgar Morin il a mené une longue enquête sur les divers aspects du sida de 1988 à 1992, en particulier à Marseille, avec l’aide d’Anne Guérin habile à transcrire les interviews, ils interviennent peu après au Musée des arts et traditions populaires (avant que celui-ci ne devienne le Mucem)
1994 : à Paris, l’association Afrique Avenir qui agit pour la prévention du VIH chez les Africains et les Caribéens, avec entre autres Romain Mbizibindi, lance son intervention dans les lieux festifs, multipliera les objets susceptibles d’être vendus et de se diffuser auprès des publics visés (casquettes, calendriers, sacs, vidéos…), sollicitera de nombreux artistes connus d’eux, sensibilisera les salons de coiffure ; 35 000 verres seront gravés avec la phrase « Protège moi pour que je te prrotège » et diffusés ; des cultes œcuméniques seront organisés
1994 : 3ème Europride à Amsterdam
1994 : au Burundi, Jeanne Gapi est une des 1ères femmes africaines à révéler sa séropositivité, elle prend le micro lors d’une messe dans la cathédrale de Bujumbura : « Je viens de perdre un bébé de 18 mois, qui était baptisé. C’était un ange… Je vis avec le virus du sida, mais je n’ai rien fait de mal. S’il y a un saint parmi vous, qu’il me jette la première pierre »
1994 : au Rwanda, en plein génocide des Tutsi, le Conseil de sécurité de l’ONU vote une résolution autorisant l’Etat français à intervenir pour créer une zone humanitaire de protection des populations contre la guerre, ce sera l’Opération Turquoise ; des femmes Tutsies réfugiées dans le camp de Nyarushishi accuseront les militaires de les avoir violées ; en 1910 leur recours sera considéré en France comme non recevables
1994 : aux USA, création de l’association Transsexual Menace fondée par Riki Wilchins et Denise Norris ; en 1995 sera créée Transgender Nation à San Francisco antenne de Queer Nation créée en 1990 à New York par des militants d’Act Up ; le meurtre de Brandon Teena en 1993 a fortement sensibilisé et mobiliser les groupes trans
1994 : parution des n°1 de la « bulletine » A tire d’elles et du journal et lettre d’information Esprit de CEL
1994 : en Allemagne, la réunification permet l’abolition définitive du § 175
1er trimestre 1994 : à Marseille, le Collectif gay et lesbien Marseille Provence se réunit au Mistral (locaux dépendant du diocèse, par l’intermédiaire de David et Jonathan, au bd Voltaire) : les réunions de préparation de la Gay Pride se font dans l’arrière salle du MP Bar, rue Beauvau (le CEL, seul lieu associatif, refusant de les accueillir) ; une lettre manifeste à l’intention des responsables politiques est rédigée ; de nouvelles associations se joignent au Collectif, l’AMA (association des motards alternatifs), le CEL (centre évolutif Lilith), RAS (goupe de jeunes gays animé par Béchir Chemsa) et une association d’étudiants aixois ; RAS réalise tous les lundi de 12h à 13 l’émission gaie Les pieds dans le plat sur radio Galère ; le n°4 de Marseil’Gais est diffusé
Janvier 1994 : à Marseille, le CEL (Centre Evolutif Lilith) devient une association lesbienne en même temps que s’ouvre le local du CEL (Patricia Guillaume et Andrée Raoux entrent au CA, Anita donne des cours d’anglais et organise des balades dans les Calanques, Maïté, vice-présidente, s’occupe de la mobilisation militante) ; au cours de l’année 1994, fêtes aux Salons de l’Alhambra, activités (bowling, etc.) ; des femmes du CEL mangent avec des femmes algériennes, Chez Alex (restaurant de la rue Curiol, encore fréquenté par les homosexuels du GLH) ; il y a 110 adhérentes
Janvier 1994 : à Marseille, le jeune sociologue Karim Ben Diane rédige une préenquête intitulée Mémoires en sursis, un essai de monographie sur le sida vécu dans cette ville, son enquête est parrainée par l’association Mémoire des sexualités, l’enquête porte sur 19 personnes volontaires séropositives, dont deux touchées par un sida avéré, pour la plupart des hommes homosexuels, les prises de contact se sont faites, pour plusieurs d’entre elles, grâce à Aides Provence, SPGP (santé et plaisir gay Provence) ou les médecins de l’ASLP (association des sidénologistes libéraux de Provence), il analyse en particulier la rupture de parcours de vie que le virus induit chez les personnes concernées ; au terme de ce premier parcours il propose d’engager une étude plus fouillée qui devra se terminer en septembre 1995 ; il cite les rares études qui existent sur la question, parmi lesquelles celle de Michaël Pollack (Identité sociale et gestion d’un risqie de santé. Les homosexuels face au sida, Actes de la recherche en sciences sociales de 1987, et Les homosexuels et le sida. Sociologie d’une épidémie, 1988), de M. Merckx (Retentissement psychologique de l’infection par le VIH dans le livre collectif Sida et infection par le VIH de 1989) et de D. Carricaburu et J. Pierret (Vie qutidienne et recomposition identitaires au tour de la séropositivité, 1992)
20 janvier 1994 : à Marseille, Aides Provence et le Collectif gai et lesbien Marseille Provence signe une convention de mise en place du groupe de parole Séro plus, animé par Philippe Laux et Guillaume Clémente
24 janvier 1994 : suicide d’Yves Navarre (1940-1994), à l’âge de 53 ans, depuis son AVC en 1984 il vivait très seul au Canada, et ne vivant que de droits d’auteurs, il ne peut plus faire face aux impôts qu’il doit payer ; il a écrit 34 romans dont le Jardin d’acclimatation, prix Goncourt 1980, Lady Black, Evolène, les Loukoums, Kurwenal, le Petit galopin de nos corps, de 1971 à 1977, et une dizaine de pièces de théâtre ; il écrira en 1991 Ce sont amis que le vent emporte l’histoire d’un couple d’amants, l’un danseur, l’autre sculpteur, l’un et l’autre atteints du sida, transposition de l’amour de l’auteur pour le romancier Richard Fontana, sociétaire de la Comédie française qui meurt du sida ; il a adressé 120 lettres depuis mai 1985 à son amie Anne de Tienda, qui sont déposées à la médiathèque Emile Zola de Montpellier ; son père René Navarre, directeur de l’Institut Français du Pétrole, furieux de l’homosexualité de son fils, avait envisagé de le faire lobotomiser
27 janvier 1994 : mort du musicologue et écrivain Alain Danielou (1907-1994), banni par ses parents pour oser afficher son homosexualité, considéré dans le milieu artistique dans les années 1930, intime de Sachs, Cocteau, Max Jacob, Diaghilev et Nijinski, avec Nestlé il a silloné l’Orient, se fixant chez Rabindranath Tagore, insallé à Bénarès en 1937, il s’est converti à l’hindouisme, apprenant plusieurs langues indiennes, la philosphie et la musique hindoue, choisissant une voie spirituelle où l’approche de la divinité se joue dans les plaisirs charnels, il voit l’hindouisme authentique est un contre-christianisme ; en 1958 à Berlin et à Venise il a créé des Instituts chargés de connaître les traditions musicales de l’Orient, et il est devenu conseiller à l’Unesco ; il a écrit son autobiographie Le Chemin du Labyrinthe et Une Histoire de l’Inde, Le Polythéisme Hindou, traduit du tamoule Le Scandale ce verre et le Kama Sutra ; en septembre 2010 Jean-Louis Gabin analysera la démarche hindouiste très personnelle d’Alain Danielou dans L’Hindouisme traditionnel et l’interprétation d’Alain Danielou
5 février 1994 : à Paris, réunion de l’assemblée générale des 60 associations membres de la maison des homosexualités – Centre gai et lesbien suite à l’appel lancé en fin d’année 1993 ; Philippe Labbey, d’Act Up, est élu président, avec Cécile Chaignot, Jean Le Bitoux et Fleury Drieu ; grâce à une subvention de l’AFLS et à l’enthousiasme des volontaires, anciens et nouveaux, le projet revit avec 4 missions : lutte contre toute discrimination fondée sur l’orientation sexuelle, exercice d’une solidarité envers les gais et les lesbiennes, valorisation d’une culture et d’une identité communautaire, et lutte contre le sida et soutien aux personnes malades et séropositves
7 février 1994 : mort du député conservateutr britannique Stephen Milligan (1948-1994), à la Chambre où il exalte « les valeurs morales fondamentales » il est considéré comme un excellent homme politique ; homosexuel honteux avec des goûts de travestissement, son cadavre est découvert nu sans sa cuisine étouffé dans un sac plastique, avec porte-jaretelles et maquillage féminin, un footballeur noir dira avoir eu des relations sexuelles avec lui
8 février 1994 : une résolutin du Parlement européen recomande à tous les Etats membres de l’Union d’adopter des législations non discriminatoires assurant à tous les citoyens l’égalité des droits quelle que soit leur orientation sexuelle
19 février 1994 : en Angleterre, mort du sida de Derek Jarman (1942-1994), peintre plasticien, réalisateur cinéaste indompté, queer et subversif, il travaille avec Ken Russel en 1970 pour Les Diables, il milite pour les droits des homosexuels avec Sebastiane de 1976 (étreinte amoureuse entre le martyr chrétien et un soldat romain, tous deux nus et musclés), il réalise Jubilee (1977) et The Last of England (1987) ou encore Jordan’s Dance, avec Caravaggio en 1985 il fait un portrait de la vie tumultueuse du peintre italien récompensé par des prix à Berlin et Istanbul, Edward II en 1991 d’après la pièce de Christopher Marlowe est couronné à Berlin et à Dinard, Wittgenstein en 1993 est un portrait baroque du philosophe allemand, dans Blue, peu de temps avant de mourir du sida, il livre sur une bande-son sa confession de malade
24 février 1994 : mort de l’auteur-compositeur-interprète Jean Sablon (1906-1994), il a débuté avec Mistinguett au Casino de Paris, c’est avec Mireille et Jean Nohain qu’il connaît la notoriété ; à Londres il engage dans son orchestre Django Reinhardt dont il restera l’ami ; il est le premier à utiliser le micro à Bobino en 1936 et devient celèbre en créant les chansons d’un couple débutant Charles Trenet et Johnny Hess ; il est sunommùé The French Troubadour à Londres et à New York pendant la guerre; à partir de 1945 il mène une carrière internationale aux USA, au Brésil, en Australie et au Japon ; son amant Karl, un soldat américain rencontré à la Libération, lui sert de régisseur pendant ses tournées, héritier de Jean il ne survit à la mort de son amant que quelques mois, il est enterré à ses côtés au cimetière de Montparnasse
Printemps 1994 : à Marseille, au CEL il y a beaucoup des discussions pour savoir si les femmes participent à la Gay Pride de 1994 (dominées par la crainte d’être reconnues, certaines défileront masquées)
10 mars 1994 : AG du Collectif Gai et Lesbien Marseille-Provence elle rassemble les associations SPGP, D&J, Gais Verts, Or Hadarom et Rando’s et les individus Christian de Leusse, Michel Schmidt, Pierre Farges et Odile Bouchet ; sont admises à titre provisoire l’AMA et le CEL ; sont élus au bureau Didier Saïd, csecrétaire, Christian de Leusse, présidernt, Clément Deloffre, trésorier, Dali Touatiou, vice-présidente, Michel Bricard, vice-secrétaire, Eric Griffe, vice trésorier ; le Collectif met en place un fonds de solidarité sida ; le collectif diffuse son bullertin n°5 Marseill’Gais ; Richard Herry (SPGP) a démissionné de son poste de vice-président le 28 janvier 1994 , il refuse au Collectif de collaborer avec Aides et Mémoire des sexualités car selon lui « ces associations n’ont pas pour but la visibilité, ni la libération des homosexuels dans la société… Nous n’avons pas à nous incliner devant l’intérêt des notables », il se « déclare solidaire de tous ceux qui veulent redonner aux gays leur liberté politique »
15 mars 1994 : mort de l’Autrichien déporté pour homosexualité Heinz Heger (Josef Kohout 1915-1994), dénoncé, arrêté et déporté au camp de Sachsenhausen, le 12 mars 1939 ; il survit en se soumettant sexuellement au gardien ; il témoignera dans son livre publié en France en 1979 Les hommes au triangle rose du massacre dont ont été victimes des centaines de milliers d’homosexuels
22 mars 1994 : parution du 1° numéro du bulletin national mensuel d’annonces gratuites Gay & Lesbiennes Homosphère, lancé par Isabelle Gaudin, les annonces sont précédées du mot d’ordre « Pour toute pénétration anale ou vaginale : un préservatif et un gel à base d’eau »
25 mars 1994 : le Collectif pour le Contrat d’Union Civile développe sa communication en direction des signataires de la pétition de soutien au CUC, à travers le livre Dossier Contrat d’Union Civile, la revue Humoeurs et l’appel au soutien financier
Printemps 1994 : le Groupe Gais et lesbiennes chez les Verts diffuse son bulletin Les Lauriers Roses dont le responsable est Jean-Luc Dumesnil en soutien à la Gay Pride, au salon de l’Homosocialité et à la mémoire de la déportation des triangles roses
Avril 1994 : la revue Le Spectacle du Monde s’insurge contre les pornophones de Fun Radio, avec le Doc (Christian Spitz) et Difool (David Massard) dans le cadre de l’émission Love in Fun destinée à contrer « notre fléau national » le sida, leur propos « Vous pouvez dire tout ce que vous voulez, mais de grâce, prtotégez-vous. Eclatez-vous mais couverts » ; ils ont fait passer leur auditoire de 500 000 à 1,3 millions d’auditeurs ; aoprès plusieurs mises en garde, en mars 1994 le président du CSA (Jacques Boutet) leur a demandé, en référence à la loi du 30 septembre 1986 sur la protection de l’enfance et de l’adolescence, de diffuser leur émission en différé afin de couper quelques moments chauds, le président de la radio (Benoît Sillard) fait diffuser largement leur communiqué ce qui provoque l’explosion ; Canal Plus (Antoine de Caunes et Philippe Gildas), TF1 (Christophe Dechavanne) donnent de l’écho à cette interdiction, Jacques Rigaud actionnaire principal via la CLT parle d’une émission de salubrité publique, Fun Radio recueille 400 000 signatures, Philippe Léotard, Muriel Robin, Yves Mourousi, Mgr Gaillot et Jack Lang prennent sa défense, le ministre de la Communication Alain Carignon se désolidarise du CSA qui a abandonné toutes ses poursuite le 7 mars 1994
1er avril 1994 : à Paris, installation du CGL (Centre gai et Lesbien) au 3 rue Keller, 11ème arr., avec 145 m² au rez de chaussée, ouvert sur la rue, les lesbiennes et les gais parisiens trouvent là un lieu d’accueil et de soutien qu’ils et elles attendaient depuis de nombreuses années ; il succède à la Maison des Homosexualités qui était installée dans un petit appartement rue Michel Le Comte (ancien local de Aides) ; le CGL est géré par un bureau élu en février 1994, présidé par Michel Labbey, l’objectif est de créer un centre d’accueil analogue à ceux qui existent à New York, Amsterdam, Londres ou Berlin, c’est une ancienne galerie d’art, Pierre Bergé s’est porté caution personnelle auprès du bailleur, il y a des permanences d’accueil – une vingtaine de volontaires apprennent à se relayer de 15h à 21 h – et des boites postales, une cafétéria, des ouvrages et documents mis à disposition, un vaste espace d’exposition, des espaces de réunion pour 57 associations (parmi elles : MAG, Equivox, CAGE, Ecoute Gaie, Aides, Act Up-Paris, AMG, Gay News, Piano Zinc, Caramels Fous, Rando’s IDF, CGPIF, GMC, Arcat Sida, CRIPS, IDM, David et Jonathan, SNEG, etc.), ces locaux permettent en particulier d’accueillir les séropositifs et les malades du sida, avec des groupes de parole et un Café positif le dimanche, il y aura aussi le VDF (vendredi des filles, puis des femmes), des débats et soirées diverses tout au long de l’année, la Fête de Saint-Sébastien et l’organisation de la Gay Pride ; alors que le sida est encore très virulent, le Centre s’impose rapidement comme l’un des premiers acteurs de la communauté ; un journal est créé très rapidement Le 3 Keller dont paraît le n°1 ; Act Up fait cadeau des bénéfices du muguet diffusé par les volontaires ; en quelques semaines, grâce à la diffusion de l’information sur cette ouverture, lors de la Gay Pride en particulier, les visiteurs affluent et les rangs de volontaires s’étoffent
2 avril 1994 : création de l’association Act Up Marseille, qui reprend les axes d’intervention d’Act Up Paris (Silence=mort et Action=Vie) ; une « Journée du désespoir » sera organisée le 2 mai avec un die in dans la rue Saint Ferréol ; le 18 juin Act Up participera à la Gay Pride et organisera une journée d’information sur le sida à la maison de quartier Beaumont ; le 11 juillet elle interpellera les consulats méditerranéens sur la circulation des personnes contaminées par le VIH ; le 12 septembre elle interviendra à Gardanne avec FR3 suite à une pétition d’habitants contre la création de La Maison destinée aux soins palliatifs ; le 1er décembre Act Up fera un zap au CRTS (centre régional de transfusion sanguine) à propos des transfusés contaminés, ainsi qu’un zap à l’hôtel de ville pour protester contre la précarité sociale des personnes atteintes et une conférence avec les lycéens de l’Institut de la Mode
7 avril 1994 : le premier Sidaction « Tous contre le sida » est diffusé sur les cinq chaînes de télévision elle rapporte 300 millions de francs ; la lutte contre le sida fait désormais consensus : le ruban rouge devient à la mode ; Cleews Vellay président d’Act Up Paris (qui se fait appeler présidente) qui a pris le contrôle du Centre gay et lesbien de Paris, fait la « jonction entre la folle prolétaire et la jet-set représentée par Line Renaud et Pierre Bergé » notera Didier Lestrade ; le Sidaction a un effet mobilisateur pour de nombreux volontaires (à Marseille il y a 50 demandes de volontariat)
9 avril 1994 : à Marseille, Mémoire des sexualités et le Collectif gai et lesbien Marseille Provence organise un débat sur la déportation des homosexuels à l’auditorium du Musée d’Histoire, avec Jean Le Bitoux et l’historien Emile Témime
11 avril 1994 : à Paris, création de l’association SOS Homophobie et de sa ligne téléphonique
14 avril 1994 : à Marseille, le Collectif gais marseillais, devenu Collectif Gai et lesbien Marseille-Provence, met en place le pré-programme de la Gay Pride, sont prévus deux journées sportives (Sainte-Baume avec Rando’s et motards de l’AMA, course à pied sur la Corniche et pique-nique au monument à Rimbaud avec RAS), un week-end proposé par SPGP (Santé et plaisir gay Provence) jack off party et massage californien, soirée cabaret au Chocolat théâtre, plusieurs lieux d’apéritif (Enigme bar, Scalino), repas spectacle (Duende) et une table d’hôte (chez Nounours, Patrick Dou, et Jeff), cinéma à Aix (Mazarin) et Marseille (Le César) autour de Caravagio, Imacolata et Concita, Being at home with Claude, L’homme blessé et Philadephia, débat dans les locaux du CEL, bal à l’Alhambra ; le collectif rend compte d’autres événements : conférence sur la déportation homosexuelle avec Mémoire des sexualités, diffusion du bulletin Marseille Gay, émission Les pieds dans le plat sur radio Galère avec RAS, préparation de la journée du Sidaction le 7 avril avec le CRIPS (finalement la ville de Marseille annulera les manifestations prévues), problèmes posés par des étrangers homosexuels menacés d’expulsion (un Malgache en 1993, un Indonésien en 1994), les suites à donner la réponse du directeur de cabinet du maire Claude Bertrand, la création d’Act Up Marseille et la rencontre avec Stéphane Martinet de HES (Homosexualité et socialisme) ; Laurent Gaissad prévu pour exposer son travail sur sida et prostitution reporte sa venue ; à la réunion suivante du 5 mai 1994 Andrée Raoux rejoindra le collectif ; le Collectif sera présent au bal de Aides Provence le 4 juin et un protocole d’accord entre le Collectif et Aides sera envisagé ainsi qu’un Fonds de Solidarité Gai, avec Thierry Ruiz du groupe Gai de Aides ; le Collectif sera représenté par Béchir Chemsa de RAS lors du Salon de l’Homosocialité de Paris les 11 et 12 juin 1994 ; une subvention de 12 000 francs est accordée par l’AFLS pour publier le programme de la Gay Pride et Connexion finance une partie de la Gay Pride en contrepartie de publicité (6 000 francs d’avance sur recettes), un échange de publicité sera proposé au groupe David Girard, des dons seront faits par New Cancan, le restaurant Alex et le sauna JL Olympic pour 1 500 francs, le budget réalisé de la Gay Pride sera de 25 000 francs ; la décision d’un défilé sur la Canebière le 18 juin sera prise lors de la réunion suivante, avec deux abstentions (Rando’s et D&J), RAS s’occupera des démarches nécessaires pour l’organisation du défilé et de la communication sur la Gay Pride (les réunions de préparation de la Gay Pride se tiendront tous les mercredis à 19h à l’Enigme Bar)
22 avril 1994 : assassinat de Jean-Robert Piquet, proche du GLH de Marseille, à l’âge de 52 ans
24 avril 1994 : à Paris, pour la 4ème année consécutive « les représentants du Mémorial de la Déportation Homosexuelle n’ont pas pu se joindre aux représentants officiels ni participer au dépôt de la gerbe commémorative, ni même assister à la cérémonie », le secrétaire général de l’Union nationale des associations de déportés leur ont déclaré : « Il n’y a aucune raison de faire quelque place que ce soit aux homosexuels… Vous soulevez un problème qui n’a jamais existé… Quelques alsaciens ont bien porté le triangle rose, mais ils étaient considérés comme Allemands. », le Mémorial existe depuis 1990 à l’initiative de Jean Le Bitoux, de nombreux intellectuels, journalistes, associations soulignent l’étonnant silence de l’histoire officielle sur cette question
24 avril 1994 : à Lille, les Flamands Roses, groupe d’expression gay et lesbienne, déposent une gerbe hors de la cérémonie officielle de la Déportation, avec le soutien des Verts et de la LDH sction de Lille ; ils diffusent le document de 60 pages Les triangles roses ou la mémoire interdite, avec pour sommaire : Le Régime Nazi, quelques vérités oubliées (l’idéologie nazi, historique des persécutions à l’encontre des homosexuels, la déportation), La France de Vichy et les Triangles roses (le gouvernement de Vichy, Vichy et les homosexuels, le retour de la pénalisation, la déportation des homosexuels, la collaboration française), Les homosexuels dans les camps (la hiérachisation des déportés par les nazis et par les déportés, l’absence de réseau de solidarité, le sort réservé aux triangles roses, les triangles roses cobayes des nazis, les lesbiennes dans les camps), Le refus de la reconnaissance (à la Libération, 50 ans de lutte, les données du problème, législation et action des pouvoirs officiels, l’action des associations homosexuelles), ce document donne une liste des déclarations hostiles à l’idée d’une déportation homosexelle, de 1976 à 1992, ainsi qu’une chronolgie des mobilisations des homosexuels sur cette question de 1975 à 1994 ; à Nantes pour la 5ème année le groupe Chaila organise en recueillement ; à Rouen un dépôt de gerbe est organisé après la cérémonie officielle
2 mai 1994 : à Marseille, première apparition publique d’Act Up Marseille, inaugurée par un die-in rue Saint Ferréol (jour de sa création officielle) ; les mois suivants sont marqués par l’interpellation des consulats méditerranéens sur leur législation en matière de circulation des personnes contaminées par le VIH ; l’intervention à Gardanne (avec France 3) suite à la pétition d’habitants contre la création de l’établissement de soins palliatifs La Maison ; le zap du CRTS (centre régional de transfusion sanguine) de Marseille suite aux problèmes d’indemnisation des transfusés contaminés ; un zap à l‘hôtel de ville de Marseille pour protester contre la précarité sociale des personnes atteintes par le VIH ; et une conférence avec des lycéens à l’Institut de la Mode
5 mai 1994 : mort de l’homme de théâtre Bernard Dort (1929-1994), il a fondé en 1953 avec Roland Barthes la revue Théâtre Populaire qui refusait le divertissement bourgeois, soutenait Adamov et Genet et faisait redécouvrir le théâtre de Brecht ; ses livres Lectures de Brecht, Théâtre public, Théâtre réel poursuivait sa croisade pour un théâtre qui transforme la société ; en 1988 Jack Lang l’a nommé directeur du théâtrre et des spectacles au ministère de la Culture ; homosexuel, il est mort du sida
29 mai 1994 : à Paris, la fédération Aides organise la première Marche pour la Vie, dans l’objectf de collecter des fonds pour combattre le Sida et soutenir les personnes touchées ; la fédération regroupe désormais 28 comités régionaux, dont 2 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Provence et Côte d’Azur
Juin-décembre 1994 : à Marseille, un vent de fronde se développe contre la drague nocturne (près du parc Borély, après que celui-ci se soit déplacé de la roseraie du Parc Borély puis à IBM, puis dans le parc de l’Ecole nationale de danse) ; le 21 juin le Méridional parle de « Parc public le jour… lupanar la nuit » ; le CIQ Grand Saint Giniez – Mazargues diffuse un n° spécial de septembre 1994 qui s’est insurgé contre « la postitution masculine qui se développe Parc Henri Fabre, les nombreuses personnes vivant dans des difficultés morales et financières qu’il faut secourir… Rien ne serait plus beau que de mettre en place un quartier où il ferait bon vivre sans exclusion… Non le parc Henri fabre ne deviendra pas un second Bois de Boulogne… A force de céder à la mibération des moeurs, nous perdonds nos valeurs morales »; le Provençal du 13 décembre 1994 titre « Parc Henri Fabre : Les riverains dénoncent un « Bois de Boulogne » ; le 16 novembre 1994 le Méridional titre « Parc Gabès : la prostitution masculine sur la sellette !… la colère monte depuis qu’un enfant de 12 ans a été surpris en grande discussion avec un inconnu qui s’est aussitôit enfui en voyant les parents du mineur arriver sur les lieux », « Préservatifs usagés, seringues rouillées, allées et venues suspectes » est-il indiqué sous une photo du parc, le Méridional du 29 décembre 1994 écrit que cela « génère une foule de problèmes dont les allées et venues d’une faune inquiétante et bruyante, des trafics de drogue et plus largement un malaise général », le verrou sur une des portes du parc ne suffit pas, une autre porte est accessible « à l’intérieur et aux alentours, presque rien n’a changé. Les allées et venues de ces gens-là et le ballet des voitures continue dès la nuit tombée » ; le Collectif gay et lesbien Marseille-Provence tente d’ouvrir un contre-feu en engageant le dialogue avec les autorités publiques (sur les questions des contrôles policiers inconsidérés, des agressions et de la prévention du sida) ; en mai 1994 l’association Aides s’est mobilisée sur le même sujet en Alsace où les gendarmes prennent les papiers d’identié des personnes (aux gravières du Port du Rhin) à Strasbourg et se mobilise à Toulon le 25 septembre 1994 car des volontaires de l’association sont visés par des tirs de gros sel au Mourillon, la lettre au maire de Toulon du président d’Aides Provence, Alain Molla, fait état de la circulaire interministérielle du 1° août 1994 sur la Prévention de l’infection à VIH qui est signée par plusieurs ministres (Affaires sociales, Justice, Intérieur, Défense) afin que ces questions de drague en plein air soient traitée avec toute les concertations nécessaires
Juin 1994 : parution de Le Temple de Stephen Spender, roman écrit en 1929 et que les éditeurs britanniques refusèrent à l’époque pour « pornographie » dans un contexte puritain, le texte ne fait crier la joie de vivre et la difficulté d’être durant l’entre-deux guerres en Angleterre à Oxford, l’auteur découvre les libertés qu’offre à Hambourg la république de Weimar ; il dédie son livre à W.H. Auden et Christopher Isherwood ; il a reprit le texte et l’a complété en 1986-1987
Juin 1994 : à Marseille, pour les élections européennes 350 signataires interpellent les candidats sur le contrat d’union civile ; le Collectif Gai et Lesbien Marseille Provence lance une pétition (signée par 81 personnes) contre le candidat MSI (extrême-droite italienne) aux élections européennes M. Buscaroli (assimilant l’homosexualité au viol, à l’inceste et à la bestialité)
8 juin 1994 : mort de l’éditorialiste et éditrice américaine Natalia Danesi Murray ( 1924-1992), divorcée de William Muray, en 1936 elle rencontre à Broadway Janet Flanner qui sera la compagne de sa vie ; dans les années 1950 elle dirige les maisons d’édition italiennes Mondadori puis Rizzoli à New York ; en 1985 Random House publie Darlindhissima, Lettres à une amie de Janet Flanner
10-21 juin 1994 : à Marseille, semaine de la Gay Pride, organisée par le Collectif Gai et Lesbien Marseille Provence; au programme débats sur le Contrat d’union civile (avec Jan-Paul Pouliquen, président du collectif pour le CUC et Nicole Roussel du Planning Familial) le 10 juin à la Maison des associations, sur Droit et sida avec Alain Molla autour du film Philadelphia, cycle de films aux César et au Mazarin (Lust in the dust avec Divine, Caravaggio de Derek Jarman, Le Cahier volé, The company of strangers, Orlando, Une étrange histoire d’amour), Jack Off Party, sortie aux Embiez, sortie moto en Camargue, Un cabaret très gai au Chocolat Théâtre, mini-rallye au Parc Borély, salon des associations, grand bal à l’Alhambra ; les lieux commerciaux gais participent (les restaurants Alex, Scalino et Village, les discothèques New Cancan, la Mare au Diable, le Trolleybus, et la Chimère à Aix, le bar l’Enigme) ; un salon des associations est organisé, les associations membres du Collectif sont David et Jonathan, Rando’s Provence, Santé et Plaisir Gai-Provence, Centre Evolutif Lilith, Or-Hadarom, Gais et Lesbiennes chez les Verts, les étudiants Comme-ça et l’Association Motocycliste Alternative ; la grande marche rassemble 400 personnes sur la Canebière avec en tête Agnès Royon le Mée des Belladonna (cornemuse) et Christian de Leusse, des Réformés au Vieux-Port ; Sylvie Gaume y participe en tant qu’Act-Up Sud Est ; le soir, bal plus de 700 entrées (Alhambra)
10-19 juin 1994 : à Paris, semaine de la Gay Pride « 25 ans 1969-1994 Gai ? Lesbienne ? ça va bien merci ! » avec grande soirée d’ouverture dans de nombreux établissements gais et lesbiens dont le Banana Café, en liaison avec le SNEG, grand meeting d’été de l’ASMF, Salon de l’homosocialité, Gay Tea Dance au Palace, tournoi de foot, déflié contre le sida au Palace (avec Mylène Demongeot, Alexandra Stewart, Guesh Patti, Sonia Dubois, Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, Christian Linares, collection IEM, etc. avec des DJ dont Eric Candy et Laurent Garnier) 60% du prix d’entrée reversés aux associations de lutte contre le sida, soirée lesbienne au El Scandalo et à l’Entracte, soirée au Subway, grande marche le 18 juin et soirée au palais de la Mutualité
11-12 juin 1994 : à Paris, le 6ème Salon de l’Homosocialité ne peut pas se tenir Quai de la Tournelle, il devait se tenir en extérieur, la préfecture de police en a refusé le principe « inadaptés pour la tenue de mznifestations impliquant la mise en place de structures et d’installations fixes pour des réceptions de public de longue durée » ; ses organisateurs, Michel Gille et Jacques Duvernay, annonce un report à septembre, avec l’espoir que cette fois-ci il sera autorisé
16-18 juin 1994 : à Paris, au CGL (3 rue Keller 75011) et au cinéma L’Entrepôt, expo, débat et film autour du thème Résister – Vivre la Mémoire Acte 1 Paris – Amsterdam We Remember, et nuit de la mémoire gay et lesbienne, organisé par R-VLM et le GAGE
18 juin 1994 : près de 20 000 personnes participent aux 25 ans de la Gay Pride à Paris
24 juin-3 juillet 1994 : à New-York 16ème conférence internationale de l’ILGA
Eté 1994 : le Groupe Gais et Lesbiennes chez les Verts, qui a son siège rue Parmentier à Paris, diffuse son bulletin Les Lauriers roses, avec un éditorial de Jean-Luc Dumesnil (militant du GLH de Rouen et des UEH dès 1979, futur élu des Verts), un retour sur la Marche pour la vie du 29 mai 1994 à Paris intitulé « Marcher pour faire reculer le sida », en tête du cortège de plus de 10 000 personnes Arnaud Marty-Lavauzelle, président de Aides, et une interview de Christophe Martet, porte-parole d’Act Up-Paris, qui définit les deux priorités des l’association (traitement des infections opportunistes et prévention des usagers de drogue par voie intraveineuse)
Juillet 1994 : 1ère loi bioéthique qui cherche à poser des garde-fous aux dérives de la PMA, concrétisées par l’existence d’un « stock » d’embryons congelés (environ 200.000) dont on ne sait que faire, et dont certains biologistes voudraient pouvoir disposer sans entraves, pour « la science » ; elle sera révisée 10 ans plus tard ; comme pour l’adoption, la loi met en place une fiction, elle ne fait pas le choix de donner une place au donneur de sperme et à l’intervention médicale dans la vie de l’enfant, elle les fait au contraire disparaître, note Denis Quinqueton ; l’article 3 de la loi proscrit la GPA
5 juillet 1994 : mort du photographe Raymond Voinquel (1912-1944), photographe ou directeur de la photographie de plus de 140 films, homosexuel, créateur du style du Studio Harcourt, fréquenté par les plus grandes personnalités internationales durant 30 ans
Août-septembre 1994 : pour le CGL de Paris, 15 premiers volontaires suivent une formation chez Aides à la fin août ; et début septembre les associations constitutives du CGL se retrouvent à Bonneuil pour réfléchir à l’avenir du centre ; un nouveau départ est possible grâce à une subvention d’ECS (Ensemble contre le sida) ; des permanences de SOS homophobie, ACGLSF et de l’AMG se mettent en place
1° août 1994 : diffusion de la circulaire interministérielle sur la Prévention de l’infection à VIH signée par plusieurs ministres (Affaires sociales, Justice, Intérieur, Défense) destinée à laisser libre cours aux actions de prévention contre le VIH
28 août 1994 : mort du prêtre Louis Ribes, surnommé le Picasso des églises, peintre, professeur d’art et de philosophie, 49 victimes de sa pédophilie des diocèses de Lyon, Grenoble et Saint-Etienne, au cours des années 1960-1990, se signaleront (lors d’une enquête du journal Libération en 2022) ; dans 8 lieux de culte de ces départements ses tableaux seront décrochés jusqu’en 2022, ainsi qu’une quarataine de vitrux de 6 églises du Rhône
31 août 1994 : Gai Pied publie la 1ère édition du Guide des associations homosexuelles qui recense environ 300 associations en France, elles couvrent les sports et loisirs, les activités culturelles, l’information, les jeunes et étudiants, les groupes femmes, des relais associatifs, des groupes de recherche, des groupes confessionnels, des associations d’entraide, du safer sex, le reste étant regroupé sous le nom d’associations de lobbying ; à titre d’exemple pour Marseille sont citées : l’association motocycliste alternative (AMA) président Régis Varzi, France sport moto club (FSMC) animé par Jean-Pierre Fouque, Mémoire des sexualités (Christian de Leusse), Love Kills, Sagaie, l’association des étudiants Comme ça (François Courtray), Rien à signaler (RAS) président Bechir Chemsa, Collectif gai et lesbien Marseille-Provence (regroupement d’associations, président Christian de Leusse), David et Jonathan, Or Hadarom, SOS Amitiés, Santé et plaisir gai Provence (animé par Jean-Marcel Michel), Act Up et Groupe des gais et lesbiennes chez les Verts (Michel Bricard)
Septembre 1994 : parution de En haut des marches de Joseph Hansen (traduction de Living Upstairs paru aux USA en 1993), l’auteur de roman noir américain, veut montrer les homos tels qu’ils sont et sortir de la caricature « infâme » qui est faite d’eux dans les romans noirs, histoire des amoureux Nathan, écrivain de 20 ans, et du jeune peintre énigmatique Hoyt, à Los Angeles, pendant la guerre lors des prémices de Maccarthysme, une histoire policière présentée comme une comédie hollywoodienne ; en 1970 Hansen, né en 1923, a aidé à l’organisation de la première Gay Pride à Hollywood, il a pubié sous des pseudonymes des textes de fiction et donné une place à son héros Dave Brandstetter dans de nombreux romans policiers
23-25 septembre 1994 : à Paris, ouvertes par la ministre Simone Veil, les assises d’Aides marquent le 10ème anniversaire de l’association ; Aides compte désormais près de 3 600 bénévoles répartis dans 31 comités régionaux et présents dans 99 villes ; « Soyez-là pour le traitement ! » lance Daniel Defert
17-18 septembre 1994 : à Paris, le 6ème et dernier Salon de l’Homosocialité se tient en extérieur, sur le quai de la Tournelle (après de longues discussions avec la Préfecture), lieu connu chez les gais pour ses bals du 14 juillet, 100 associations participent, de nombreux pays sont représentés, ainsi que SOS Racisme, LDH, Amnesty international, une quinzaine de débats sont organisés sur l’utilité d’un CGL (un CGL, la cerise sur le ghetto ?), le modèle américain, la mémoire, les comportements face à la lutte contre le sida, la ligne téléphonique SIS, le coming out, la marginalité, la séropositivité, le soutien psychologique des malades, le délit d’homosexualité dans le monde, la pub, la reconnaissance du couple homo en Europe, avec des célébrités (Alex Taylor de Arte, Jean Lebrun de France Culture, Anne Magnien de Culture Pub sur M6), mais, hormis un Mix Tea Dance (gai et lesbien) d’après-midi en cloture à la Locomotive, aucune soirée n’est organisée, l’ampleur prise et le coût décourageront les initiatives pour l’avenir ; le Collectif Gay et Lesbien Marseille Provence est présent à ce Salon de l’Homosocialité
24-25 septembre 1994 : à Paris rencontre nationale du MIEL
30 septembre 1994 : selon les statistiques pour les 3 premiers trimestres 2 633 cas de SIDA ont été déclarés en France, pour l’année 1993 le total était de 5 025 cas, le taux d’homosexuels et bisexuels est un peu inférieur (40% en 1993, 39,1% en 1994), de même pour le taux de toxicomanes de 25,9% en 1994 (pour 27,3% en 1993), tandis que le taux d’hétérosexuels semble augmenter (17,8% pour 15,6%), depuis 1978 le nombre de cas cumulés est de 32 722 cas (27 269 hommes et 5 453 femmes, parmi eux 544 enfants) ; on est dans le monde à 4 millions de cas de SIDA estimés par l’OMS ( 1 M seulement déclarés), en Europe 3 pays sont à plus de 20 000 cas déclarés au 31 mars 1994 (l’Italie, l’Espagne et la France, mais la France est en tête avec 30 000 cas déclarés), les USA sont largement en tête avec 411 907 cas déclarés au 31 décembre 1993, derrière les USA et devant la France six pays sont très touchés : Brésil, Ouganda, Tanzanie, Malawi ; Zambie, Zimbabwe.
Octobre 1994 : à Marseille, parution du n°1 du journal du CEL Esprit de CEL, bien utile pour joindre toutes les adhérentes, y participent Patricia L., Nicole, Anne-Marie, Cécile, Laurence la graphiste, Michèle P. et Hélène B. aussi dont l’expérience à Lesbia est très utile ; le numéro suivant ne paraîtra que plusieurs mois après
8 octobre 1994 : à Marseille, le Collectif Gai-Lesbien Marseille Provence présente ses axes de travail, journée du 1er décembre (tracts, collecte de fond, chevalets commémoratif Allées de Meilhan, débat à la maison des associations), fêtes mixtes trimestrielles (3 décembre 1994 aux Salons de l’Alhambra, mise en place d’une tombola), organisation d’un débat annuel, création d’un bulletin bimestriel, permanences téléphoniques, préparation de la Gay Pride 1995 ; le bulletin Marseil’Gais n°6 de novembre-décembre 1994 donne les coordonnées et les activités des 9 associations qui le constitue, Véronique Raillet en est la rédactrice
18 octobre 1994 : décès de Cleews Vellay, 30 ans, présidente d’Act Up Paris de septembre 1992 à septembre 1994, adhérent d’Act Up dès sa création en 1989, il était à Act Up Paris « par amour et par violence » et « parce que je vais bientôt mourir » disait-il en janvier 1993, il se voulait « femme, folle, beau black, pom pom girl, minorité des minorités » dit le communiqué d’Act up Paris, les membres d’Act Up brandissent des calicots « Cleews Vellay mort du sida à 30 ans » ; le Centre Gai et Lesbien, que préside son « mari » Philippe Labbey, organise un enterrement politique dans les rues de Paris le 26 octobre 1994, le cercueil plombé (exigé en cas de sida) est porté jusqu’au crématorium du Père Lachaise, 500 personnes y participent, certains hommes sont maquillés, « Pendant deux heures les discours se sont enchainés » dira Hervé Liffran, les cendres seront pour partie jetée lors d’une réunion au ministère de la Santé avec l’Agence du médicament, pour le reste dispersées par Philippe Labbey au Laos, dans la terre qu’ils chérissaient ; depuis le 25 septembre 1994, Christophe Martet a remplacé Cleews Vellay à la présidence d’Act Up Paris ; abandonné par sa mère, élevé puis abandonné par son père homophobe qui a fini par se suicider, Cleews Vellay a perdu son emploi en patisserie pour avoir révélé son homosexualité, en 1989 il travaillait dans un chenil, devenu secrétaire général d’Act Up il fonctionne à l’instinct, il s’adrese de la même manière à n’importe qui qu’à un ministre, sous sa présidence 1992-1994 se créent les commissions Prison et Toxicomanie, le champ d’action s’ouvre aux femmes, aux hémophiles et à la lutte contre l’expulsion des malades étrangers, il préfère les die-in et les picketing (grève avec pancarte), en 1991 il y a tentative de menottage du directeur de l’AFLS Dominique Charvet, en 1992 le Dr Bahman Habibi, directeur du CNTS a reçu un jet de faux sang, en 1993 la capote est mise sur l’obélisque de la Concorde, en 1994 Cleews Vellay veut menotter le ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy pour l’amener au local d’Act-Up, en avril 1994 il participe au Sidaction « Je pense à mes amis qui ne sont pas là ce soir »… Le sida est une guerre qu’on doit mener ? C’est tout » ; Didier Lestrade dira en 1995 « Cleews était vachement plus en colère que moi » et Christophe Martet « Lui et Philippe (Labbey, son amant) voulaient toujours aller plus loin », il dit aussi « Il parlait toujours en son nom, en tant que malade du sida, ce qui dérangeait y compris au sein d’Act Up », puis « L’année qui a suivi sa mort, c’est celle où on a fait le plus d’actions : 90 en un an. C’est monstrueux. »
20 octobre 1994 : mort de l’acteur américain Burt Lancaster (1913-1994), acrobate de cirque, acteur de théâtre puis de cinéma avec de grands succès de 1946 à 1974 (de The Killers à Violence et Passion, en passant par Vera Cruz et Le Guépard) ; il est l’un des plus grands acteurs américains, qui a travaillé avec les plus prestigieux réalisateurs ; marié 3 fois, il a réussi à dissimuler ses goûts au grand public, ils ont été attsstés par plusieurs acteurs qui l’ont cotoyé
Novembre 1994 : au CGL de Paris, l’ouverture se fait désormais au public tous les jours de 14 h à 20 h, et jusqu’à 22h pour les associations, un café positif se met en place ; en fin d’année Fabrice Laurens devient salarié pour assurer le suivi des 40 volontaires ; en janvier 1995 se tiendra au Centre la première grande semaine de festivités
2 novembre 1994 : à Marseille, création de l’association AGIS (IBIZA) association gay d’information sur le SIDA ; l’association est animée par Eric Séroul et Jean-Marc Astor ; l’association organisera les Lesbian and Gay Pride (LGP) de la ville de 1997 à 2010, grâce à ses bonnes relations avec la mairie de Marseille (Jean-Claude Gaudin élu maire en 1995, Marc Billoud qui soutient activement cette association est ami de longue date avec le maire) et avec les commerçants gay ou friendly, mais avec des relations plutôt houleuses avec les associations gays et lesbiennes ; dans son hommage à Marc Billoud (lors de son décès en 2023), Eric Séroul dira qu’en 1994-1995 celui-ci a « rassemblé les militant.e.s LGBT et la jeunesse écorchée des années Sida, libéré les innitiatives et fondé l’Association pour la création d’un centre gay et lesbien (ACCGLM). Et dans un même élan, il a dynamisé l’organisation de la ‘Gay Pride’. »
26 novembre 1994 : à Marseille, débat public à la Maison des associations sur Les homosexuels et le sida avec les asso marseillaises mobilisées face au sida (Collectif gai et lesbien, AIDES, ACT-UP, Chrétiens et SIDA, Boucle Rouge, Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, SPGP, Ibiza) : le point sur la maladie chez les homosexuels, les actions de prévention, comment les homos se prennent-ils en main ?
Décembre 1994 : en Angleterre, Peter Tatchell et ses camarades font irruption dans la cathédrale de Westminster en pleine messe, ils lâchent des préservatifs gonflés à l’hélium qui s’envolent, les prêtres et certains fidèles sautillent pour les attraper
1er décembre 1994 : mobilisations pour la Journée mondiale de lutte contre le sida ; la directrice de l’AFLS (Agence française de lutte contre le sida), le Dr Catherine Patris, a lancé un large appel à projet dès le mais de mai 1994 ; à Paris l’association Vaincre le Sida marque ses 11 années de lutte contre le sida aux Thermes romains de Clichy, Act Up organise un die-in en haut des Champs-Elysées, devant l’Arc de triomphe, à l’occasion du 1er sommet mondial contre le sida ; à Marseille, cérémonie devant le Palais de Justice organisée par Aides Provence, le Collectif gay et lesbien Marseille Provence s’associe à cette cérémonie, et expose par ailleurs des chevalets avec liste des noms morts du sida, au kiosque des Allées de Meilhan
3 décembre 1994 : à Marseille, le Collectif gay et lesbien Marseille Provence organise un bal aux salons de l’Alhambra, auquel participent 400 personnes ; au cours du mois, le Collectif jette les bases d’un projet de Centre Gay et Lesbien
4 décembre 1994 : mort du journaliste Roger Stéphane (Roger Worms 1919-1994), disciple de Gide, et confident de Roger Martin du Gard, Cocteau et Mauriac, il évoquera dans Tout est bien en 1989 son amitié pour ces personalités différentes, il rejoint de Gaulle à Londres en 1941, de retour en France il entre dans la Résistance, il est emprisonné par la Gestapo ; en août 1944 avec un groupe de jeunes gens parmi lesquels Gérard Philipe, il libère l’Hôtel de Ville de Paris ; il fonde France Observateur (qui devienra Le Nouvel Observateur) ; il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrage dont T.E Lawrence en 1960 et Portait de l’aventurier en 1965 qui compare les cheminements de T.E. Lawrence, Malraux et Ernst von Salomon, Autour de Montaigne en 1986 ; en 1958 il quitte France Observateur par fidélité à de Gaulle et devient producteur à la télévision, avec les émissions Pour le plaisir, Au Temps des cathédrales et , L’Histoire de la France libre et les Portraits-souvenir sur de nombreuses personnalités ; en 1952 dans Parce que c’était lui repris dans Toutes choses ont leur saison en 1979 il raconte la fin de son amant Jean-Jacques Rinieri – jeune philosophe de 21 ans rencontré en 1946 alors que Roger Stéphane en avait 27 – mort le 30 août 1950 dans un accident de voiture, dont il ne se consolera jamais ; souffrant d’angine de poitrine Roger Stéphane se suicide à 75 ans
24 décembre 1994 : mort de l’historien américain John Boswell (1947-1994), professeu r à l’université de Yale, pionnier des gay et lesbian studies dont le Christianisme, tolérance sociale et homosexualités de 1985 a fait date ; étudiant les rapports entre homosexualité et religion chrétienne il démontrait qu’une culture littéraire et poétique gay et chrétienne était parfaitement acceptée par l’Eglise jusqu’au XIVème siècle ; en 1994 il a publié Les Unions du même sexe dans l’Europe antique et médiévale, il est mort du sida peu après
27-31 décembre 1994 : en Finlande 16ème conférence européenne de l’ILGA
31 décembre 1994 : 35 717 cas de sida ont été recensés en France (dont 16 771 homo-bisexuels).