Années 80 : 1980

Fin des années 1970-début des années 1980 : les établissements gays se multiplient à Paris dans le quartier du Marais ; les clubs cuir sont en plein essor surfant sur l’esthétique disco des Village People, le Monde titrait Jekill et Mister Cuir le 29 novembre 1977

1980-1996 : durant 16 ans Marguerite Duras, 70 ans, noue des relations amoureuses avec Yann Andréa, 32 ans, homosexuel, de 38 ans son cadet, ils se sont vus pour la première fois en 1975, elle lui écrit beaucoup, le mot homosexualité n’est jamais écrit, ils ne dorment ensemble que deux fois sans échange sexuel, elle est accro à l’alcool, Andréa court les garçons, elle a des moments de colère, mais elle a besoin de lui ; elle meurt en 1996, il mourra à 63 ans

Années 1980-1990 : l’anthropologue Nicole-Claude Mathieu, décrypte la façon dont les femmes intériorisent et acceptent leur domination, dans la prostitution et dans la vie domestique, pour elle céder n’est pas consentir ; la question du « consentement » sera analysé ou critiqué par Geneviève Fraisse (2007) qui s’interrogera sur le consentement au tchador, par Michela Marzano sur la question de l’accoutumance à une drogue dure, par Judith Butler qui parle de la possibilité de négocier une soumission et préfèrera la syndicalisation des prostituées

Années 1980 : l’acteur Claude Loir, né en 1944 en Belgique, incarne à l’écran pour des films X 40 personnages de 1976 à 1982, dans des rôles la plupart du temps homosexuels, il a fait la connaissance de nombreuses personnalités du monde homosexuel et du monde du spectacle, il y trouve de nombreuses opportunités pour développer ses talents, puis il développera son goût pour la vente de tableaux et les antiquités

Années 1980 : arrivée sur le marché de la super-pilule contraceptive 3G, le marché explosera en 1990, en 1991 une femme sur 4 l’utilisera ; ces pilules seront retirées du marché en 2013 à la suite de nombreuses répercussions secondaires dramatiques

Années 1980 : apparition des répondeurs-enregistreurs sur les téléphones, du réseau et du minitel ; les répondeurs-enregistreurs sur les téléphones permettent les messages téléphoniques et leur écoute à distance, très vite les milieux militants vont comprendre l’intérêt de les utiliser pour des mini-journal d’infos, des synthèses réunions, des prises de position, des coups de gueule et d’humeur, et pour des manifestations, ainsi les Répondeuses donnent des informations pour les lesbiennes, le MIEL gèrera le répondeur canal miel avec ses 2 numéros de téléphone ; l’apparition du « réseau » se fait par l’utilisation détournée des vides existants dans le réseau téléphonique pour en faire des nœuds de communication anonymes, idéal comme lieu de drague masculin (thèmes liés aux rencontres, aux relations intimes, au désir et à la sexualité), avec exaltation du rôle masculin, devant son succès les PTT ouvriront quelques lignes pour laisser libre cours à ce type de communication (en Lozère en décembre 1978 mais sans succès, puis à Montpellier où une association se crée pour gérer des bals et des rencontres à partir des appels sur le réseau) les numéros en question (avec taxe de base toutes les 5 mn) admettent dix appels simultanés ; le minitel, annuaire électronique, est apparu en 1978, mais il n’est diffusé largement qu’à partir de 1984 (les connexions passent de 686 000 h en décembre 1984 à 4,7 millions en juin 1986), des messageries dialogues se mettent en place et prennent leur essor en 1985 où la commission paritaire attribue des numéros  à la presse d’information, des sociétés de service passent des contrats avec la presse homosexuelle (Gai Pied, Homophonies, Samouraï, GI, etc.) qui y voit un outil extraordinaire (doté de la confidentialité, de la rapidité et de la multiplicité des contacts), à partir de 1986 l’intérêt financier du minitel devient évident et les journaux développent leur propre messagerie, Gai-Pied Hebdo avec ETR (éditions du triangle rose) et LFM (La folie Méricourt) y trouve une manne financière, au contraire d’Homophonies qui n’y trouve pas son intérêt (car le journal croule sous les procès), des journaux alibis vont se créer pour utiliser cette manne et le journal d’extrême droite Gaie France y trouve son financement pendant 2 ans, en 1985 les codes gays d’accès aux messageries figurent au hit parade de la presse télématique avec 35 000 heures de connexion par mois pour chacun, attirant la publicité par voie de presse et l’affichage sauvage, dès lors si elle veut rivaliser l’hétérosexualité est obligée de « se dire » pour définir ses messageries, les messageries lesbiennes commerciales (Elsem, Amazone, etc.) – qui attirent aussi les hétérosexuels en mal de fantasmes – n’appartiennent pas au mouvement lesbien militant qui ne dispose pas des réseaux de pouvoir ni des réseaux économiques, Lesbia Magazine diffuse leurs publicités mais n’utilise pas son n° de commission paritaire pour créer sa propre messagerie, en 1985 apparaîtront Les Goudous télématiques avec abonnement à bas tarif, mais sans convaincre les lesbiennes

Années 1980 : à Paris, David Girard, 21 ans en 1980, né à Saint-Ouen, fils de prostituée, futur magnat des commerces gays et des nuits parisiennes, se prostitue rue Sainte-Anne où il croise les clients su Sept, du Bronx, du Colony, du Pim’s et du Piano-Bar ; il se vantera d’avoir connu  13 000 clients dans son livre Cher David, les nuits de Citizen gay en 1986 ; il construit son mythe de self-made man à 90% pour l’attrait et le fantasme et à 10% pour l’argent, « il est un des premiers à s’être affirmé et à avoir publiquement défendu le travail su sexe » dira Hervé Latapie patron du Tango ; il ouvrira David Relax, salon de massage à l’avenue de Clichy, proposant plusieurs prestations du massage simple 70 francs au corps à corps à 300 francs ; il pourra ouvrir 2 saunas en 1982 et 1983 le King Sauna rue Bridaine et le King Night avenue de Saint-Ouen, il lancera le journal gratuit 5/5 diffusé dans toute la France, il est ainsi son propre annonceur; à 24 ans il inaugure la boite de nuit Haute Tension, rue Saint-Honoré, qui marche très fort, avec sa très grande backroom dans l’obscurité la plus totale ; en octobre 1984 il édite le journal Gay International et lance en 1985 le minitel rose 3615 code Gay et 3615 code Graffiti, il crée une carte de crédit dédiée aux gays, ouvre un restaurant, vend du poppers ; en 1986 il finance la Gay Pride qui est une publicité vivante pour ses commerces ; en 1987 il lance le disque Love Affair avec les paroles « Je n’peux plus m’arrêter. C’est le prix à payer. Mais ce soir homme d’affaire, de ta vie tu es fier » ; il est accusé de divers côtés (de « petit limonadier » par Guy Hocquenghem) pour sa boulimie, et surtout pour son inconscience vis à vis du sida qu’il ne juge « pas plus terrible que l’infarctus »; en 1985 il refuse de recevoir les militants de Aides et de distribuer des capotes, pour lui « les gens viennent dans les saunas pour se détendre, pas pour s’angoisser » ; il présente Lune de Fiel sur Fréquence Gay de 1987 à 1989 (Jeremy Dupont y est alors animateur radio) ; en avril 1989 dans l’émission Stars à la barre sur France 2, il affirme que les couples homosexuels doivent bénéficier des mêmes droits que les couples hétéros ; en novembre 1989 dans La Marche du Siècle dédié aux couple homosexuel, il considère que les homosexuels sont « parfaitement responsables » vis à vis du sida, avouant « Je pense que le milieu gay fait le maximum de choses » ; il meurt du sida en 1990, à 31 ans

Années 1980 : le chanteur Etienne Daho (né en 1956 à Oran) fréquente Françoise Sagan, le mannequin Batine Graziani et Yves Saint Laurent

Années 1980 : à Lille, déjà en 1975 l’antenne lilloise d’Arcadie s’était créée autour d’un petit cercle, à Villeneuve d’Ascq, près de la fac de Lettres, David et Jonathan (4 ans avant la création de l’association nationale) qui accède à des locaux situés dans le couvent des Dominicains, au presbytère de St Maurice de Pellevoisin puis dans une salle communale de Villeneuve d’Ascq, ainsi que le GLH qui investit Schizo Diffusion en 1978 dans le Vieux Lille, fréquenté aussi par le MLF et le MLAC ; les lieux de vie homosexuels sont les espaces militants, Le Gay Tapant, lieu associatif du CLARH (comité lillois anti-répression homosexuel) qui soutient le CUARH national (comité d’urgence anti-répression homosexuel), La Chicorée (espace privatisé d’un restaurent fréquenté par Arcadie), Schizo-Diffusion, Du Côté des Femmes, Le Camélon et L’Ile noire, six établissements commerciaux, bars sont Le Molière, Les Echos (à dominante hétéro), Le Queen Victoria (un pub à clientèle mixte BCBG), Le Flore (espace privatisé d’un restaurent fréquenté par Arcadie)  et La Baraque (le plus ancien, créée par Mlle Gras en 1964), et la boite Le Gay Club (route de Belgique, la plus proche de Lille), une quinzaine de lieux de drague dont porte de Roubaix et bois de Boulogne, et les tasses (dont celles de la place du Théâtre), à la pizzeria La Californie l’accueil de Christian et Patrick est chaleureux (1er étage réservé à la clientèle gay) ; à partir des années 1970 les seules raisons valables pour fermer un établissement homosexuel est lié à la présence de mineurs (moins de 21 ans jusqu’en 1974 puis moins de 18 ans) ; la législation sur la minorité sexuelle explique le développement important de boites de nuit de l’autre côté de la frontière en Belgique, comme l’Escargot dans une petite maison isolée à Pipaix près de Leuze-en-Hainaut, parmi 18 autres boites homosexuelles de 1970 à 1986 ; à partir de 1985 les lillois bénéficierons d’une boite plus proche, le Zénith à Villeneuve d’Ascq ;

Années 1980 : à Marseille, Elie Kakou fait ses débuts au Chocolat-Théâtre et à La Payotte, restaurant-cabaret du la rue Chateauredon où son amie Claudia Meyer se produit, elle connaît les propriétaires du lieu qui se font connaître sous le nom de Joyeux de Cocotier et Vanille, il n’est pas encore déguisé et fait cela pour s’amuser, son interprétation du Gigi l’amoroso de Dalida, fait fureur ; il tentera l’aventure en 1989 à Paris, dans l’émission d’Arthur (La Classe de France 3), au Plateau 26, au Point Virgule et au théâtre Dejazet, et reviendra se produire en 1993 à Marseille, à l’Odéon

Années 1980 : à Marseille, Gérard Goyet animateur du groupe de musique Verte Fontaine (1976-1979), crée le Chocolat Théâtre, premier café-théâtre marseillais (subventionné par la Ville de Marseille), il accueille de nombreux artistes, dans des lieux successifs (rue du Chantier, Place Thiars) ; il anime aussi les festivités du GLH et des UEH

Années 1980 : à Rennes, il existe un GLH depuis 1977, ainsi que trois associations lesbiennes ou mixtes, le Groupe lesbien (GL) créé en 1978, Femmes entre elles (FEE) et la Cité d’Elles (CdE) ; le GLH est basé à la librairie Le Monde en Marche et tient ses permanences le jeudi à la MJC La Paillette, il a créé dès sa 1ère année un festival de cinéma à la MJC, à cette occasion que des lesbiennes du GLH ont tenu un stand qui leur permet d’aboutir à la formation du Groupe Lesbien ; en mars 1982 le mensuel d’information (Le Rennais n°113) de la ville parle du GL qui brise l’isolement et permet aux lesbiennes de se parler des discriminations qu’elles vivent, il regroupe une trentaine de femmes et organise des permanences les mercredis de 19h à 20h (9 rue la Paillette) avec le mot d’ordre « Accueillir, se connaître, se retrouver », il organise aussi des groupes de parole au domicile de l’une d’entre elles  ; en juin 1979 le GL et le GLH ont rédigé leur 1er bulletin interne Ronéos et Juliette à 35 exemplaires, qui donne les compte-rendus des réunions mixtes, les 1ères tensions existent lorsque les lesbiennes sont un peu étouffées par la « prise de parole des mecs » ; FEE est créée en 1982 par des militantes de GL avec le mot d’ordre « Accueil, lieu d’écoute et d’information » et 2 permanences à la MJC les 1ers  et 3ème mercredis du mois, avec l’objectif de « promouvoir l’identité lesbienne » et avec un large éventail d’activités (soirées-débats, soirée jeux de société, soirées conviviales au restaurant, sorties dans les bars gay et lesbiens comme Le Galago et la Rose Noire ou les boîtes de nuit comme l’Ekyvoc, rallye auto, randonnée, tennis, VTT, stages Wendo, journées de vie communautaire et d’auto-formation – autour des écrits centraux de militantes et d’universitaires – à Vieux-Vy-sur-Cuesnon, journées de détente et de pratique théâtrale – avec la metteuse en scène Edith de 1984 à 1987 – ou au village vacances de bord de mer Pléneuf Val André, ateliers de menuiserie ou de mécanique auto et électricité, etc.), en 1984 contacte des thérapeutes  pour discuter sur les inégalités d’accès à la santé et la prise en charge médicale des lesbiennes, en mars 1984 une semaine d’animation « Images de femmes » est organisée à la MJC La Paillette, à partir du 26 avril 1984 une émission radio d’une 1/2 h  consacrée aux lesbiennes est diffusée tous les jeudis sur Radio Vilaine, animée pas 2 militantes de FEE ; la Cité d’Elles créée en 1983 par des adeptes du Wendo, se situe entre le mouvement lesbien et le mouvement féministe autonome, elle s’adresse, par ses stages d’auto-défense, à toutes les femmes tout un jouant un rôle d’accueil des lesbiennes, elle organise en 1985 une conférence sur la santé sexuelle des femmes en partenariat avec Mamamelis, ainsi que des ateliers de massages, de Do-in, de taïchi, de sophrologie, de thérapies douces et de médecines naturelles, en 1983 est ouvert le lieu associatif La Chambouilie qui permet en particulier l’organisation de débats sur l’oppression des femmes et le féminisme radical avec la berlinoise Ulli ; les relations inter-personnelles entre membres des associations sont fréquentes, peu à peu FEE et CdE sont reconnues par le tissus associatif local, les séjours de vacances dans d’autres régions se développent (le Prat et le Pouy dans le Gers ou Terra près de Dijon), les relations se développent avec les groupes lesbiens d’Angers et de Nantes permettant de créer une Coordination lesbienne de l’Ouest en 1983, FEE sera  très active dans la préparation des coordinations lesbiennes, et certaines militantes s’investissent à l’étranger et en particulier lors de la conférence de l’ILIS (International Lesbian Information Service) à Genève en 1986 ; au cours de la décennie Cité d’Elles devenue A Tire d’Elles développe des relations plus apaisées avec FEE, elles partageront le même local au début des années 1990 et participeront activement à l’organisation de la 1ère Lesbian and Gay Pride en 1994

Années 1980 : aux USA, à la suite des travaux des chercheurs William Masters et Virginia Johnson, apparaissent les sexual surrogates (assistants sexuels) pour les personnes handicapées dont le statut diffère selon les Etats

Années 1980 : aux USA, parution en 1980 de Le Monde selon Garp de John Irving, né en 1942, qui « exprime une grande colère contre l’intolérance et la discrimination sexuelles dont témoignent certains face à toute pratique qui n’entre pas dans leur cadre de référence familier » ; John Irving, ami d’Edmund White, racontera ensuite qu’au cours des années 1980 « comme beaucoup d’hétéros » il a découvert qu’il avait « beaucoup plus d’amis gays » qu’il ne le pensait : « je n’ai découvert l’homosexualité de certains qu’à la veille de leur mort, ce qui m’a forcé à m’interroger sur moi-même : qu’est-ce qui dans mon attitude envers eux avait pu les dissuader de me l’avouer ? Mais même mes amis gays étaient confrontés à ce genre de révélation inattendue. Beaucoup de jeunes n’osaient confier à personne le secret de leur vie sexuelle, ce qui rendait la maladie et l’agonie encore lus douloureuses et solitaires… Il a fallu encore des années de lutte, surtout aux USA où il y a tant de résistance à toute idée d’une sexualité explicite, y compris hétérosexuelle. L’affirmation d’une libération sexuelle avérée relevait d’un vœu pieux de la part des jeunes de la génération Woodstock. C’était peut-être vrai si on avait 18 ans et qu’on vivait à New-York ou dans le San Francisco du Summer Love (1967) : ces jeunes devaient avoir le sentiment incompréhensible d’appartenir à une génération unique, d’être les premiers à vivre une telle liberté. Mais c’était loin d’être la vérité générale. Et Edmund White a éclaté de rire et admis qu’il était un peu prématuré de crier victoire après Stonewall.» ; il soulignera que l’attitude de Reagan, lors de sa présidence de 1981 à 1989 a été indéfendable : « Il y a eu son silence, sa passivité, son abandon des malades à leur sort. Il y a eu plus de New-Yorkais morts du sida que d’Américains tués au Viet-Nam ! … Ce qui aggrave son cas, c’est que Reagan est sans doute le président américain qui connaissait et fréquentait le plus d’homosexuels, en toute connaissance de cause… plusieurs de ses amis sont morts du sida.»

Années 1980 : aux USA, à New York le 222 Bowery est déjà célèbre, fréquenté par William Burroughs, mais aussi Lou Reed, Patti Smith, Mike Jagger et Jean-Michel Basquiat ; il avait été construit en 1885 pour abriter l’une des premières YMCA afin d’y recevoir des garçons sains de corps et d’esprit et les éloigner des trop nombreux bad boys ; en 1957 le peintre John Opper y avait son atelier, ont suivi Wynn Chamberlain, Mark Rothko, John Giorno ancien amant d’Andy Warhol y a fait venir Burroughs qui y séjourne de 1976 à 1981, pour les 27 ans de Giorno s’y sont retrouvés Warhol, Roy Lichtenstein, Merce Cunningham, John Cage, Jaspers Johns et Robert Rauschenberg ; le sida ravagera New York, le 222 aidera les malades avec l’AIDS Treatment Poject lancé par Giorno

Années 1980 : en Grèce, à Athènes, une marche de la Gay Pride rassemblera 500 personnes, « c’était énorme à l’époque » dira Bruce LaBruce qui qui participait

Années 1980 : en Suisse, parution de 1980 à 1986 de la revue-fanzine lesbienne Clit 007. Concentré Lesbien Irrésisitiblement Toxique, réalisée à Genève

Années 1980 : en République fédérale d’Allemagne, plusieurs instances régionales des Verts souhaitent dépénaliser la pédophilie (Rhénanie du Nord-Westphalie, Rhénanie-Palatinat, Brême, Hambourg et Berlin) sans que cela devienne une revendication nationale, les milieux homosexuels proches des Verts et le mouvement féministe et son égérie Alice Schwarzer, se sont peu à peu désolidarisés des militants pédophiles

Années 1980 : en République démocratique d’Allemagne, le développement du mouvement pour les droits civiques entraine un renforcement de la Division centrale XX de la Stasi, les groupes homosexuels sont ciblés et contrôlés comme potentiellement suspects

Début des années 1980 : à Marseille , des lesbiennes militantes (elles créeront très vite La Douce Amère qui deviendra le CEL – Centre Evolutif Lilith – et certaines d’entre elles créeront Les 3G) mettent en place les soirées du jeudi à la Boulangerie Gay (à partir de 1981), organisent des rencontres à Forcalquier (atelier ferronnerie, réhabilitation d’une maison, salons littéraires, sports extrêmes) et fréquentent l’exploitation agricole autogérée Longo Maï à Limans ; à Aix, elles se rencontrent au  local de l’association Air’Elles

Début des années 1980 : en Catalogne, Enrique Sabater et Salvador Dali arrivent au terme d’une relation (ou la mort de Salvador Dali y met un terme…) de 12 années, Sabater était jusque là son secrétaire et son confident depuis l’été 1968, Sabater a fait de nombreuses photos de Dali et de Gala, Dali lui a peint de nombreuses toiles

Début des années 1980 : aux USA, alors que l’ épidémie de sida commence à tuer massivement le coupable idéal apparaît sous les traits juvénils et rieurs d’un steward d’Air Canada, nommé Gaëtan Dugas, il n’est pas le patient zéro qu’on veut faire croire, il est en fait le n°57 d’une étude de groupe de malades présentant des symptômes proches non identifiés ; un documentaire de Laurie Lynd (diffusé le 1er décembre 2020 sur Arte), rappelera ce qu’est l’âge d’or du contexte tout nouveau de liberté que vivent les gays, Gaëtan est un steward très apprécié, homosexuel assumé et très libre, comme le reste de la communauté homosexuelle nord-américaine, après tant d’années passées dans le placard, les boites de nuit poussent comme des champignons à New York, Toronto, San Francisco,  etc. ; la fête continuera car personne ne sait encore avec certitude que ce qui est qualifié de cancer gay est sexuellement transmissible, et les aggressions violentes à l’égard des gays vont se développer attisées pr les ligues de vertu, tandis que la Maison Blanche de Ronald Reagan suscite l’hilarité autour de « l’épidémie gay »

1980-1981 : Michel Foucault donne un cours au Collège de France, dans lequel il commente les textes des auteurs grecs et latins de la fin de l’Empire romain (IIème et IIIème siècle), Artemidore de Daldis, Antipater de Tarse, Musonius Rufus, Hierodès d’Alexandrie et d’autres, il montrer comment se développent, avant le passage au christianisme, de nouvelles formes de rapport à soi et aux autres, les stoïciens inventent une éthique sexuelle fondée sur la nécessité d’accomplir des actes de plaisir et de jouissance dont les violences et les excès devaient etre maîtrisés sous peine d’entraîner le sujet vers sa destruction, la mariage monogame est regardé comme un art de vivre supérieur aux autres, interdisant des relations avec une autre femme, propriété d’un autre homme, mais n’empêchant pas des relations avec un esclave mâle, bannissant les rapports buccaux, car interdisant le baiser et le partage d’un repas, ainsi que 5 actes sexuels contre nature, avec les animaux, les cadavres, les dieux, avec soi-même (la masturbation) et avec deux femmes (ce cours paraîtra sous le nom de Subjectivité et vérité en 2014)

1980-1981 : à Lille, les lesbiennes publie Paroles de lesbiennes féministes, elles sont installées dans la Maison des femmes transformée par elles en cafétéria

1980 : Cinéma : « Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier » d’Almodovar. « Nijinski » d’Herbert Ross, « Spetters » de Paul Verhoeven. Variétés : Francis Lalanne (La plus belle fois qu’on m’a dit Je t’aime), Diane Tell (Si j’étais un homme), France Gall (Il jouait du piano debout), Taxi Girl (Cherchez le garçon). Prince (Uptown et When you were Mine), Diana Ross (I’rn coming out)

1980 : sortie du film Equation à un inconnu, chef-d’œuvre du porno gay français, très peu diffusé, réalisé par Francis Savel, sous le nom de Dietrich de Velsa, qui ne sera réédité qu’en 2020 (et sorti de l’oubli par le réalisateur Yann Gonzalez), hymne à l’homosexualité, chorégraphie surprenante dans des lieux quiotidiens de la banlieue parisienne

1980 : vote de la loi Sécurité et liberté en réponse à une série d’attentats, la loi s’inscrit dans un contexte liberticide dont pâtissent les homosexuels

1980 : au CUARH (comité d’urgence anti-répression homosexuelle) crée lors de l’UEH de Marseille en juillet 1979, la parole collective lesbienne vient à travers le MIEL (mouvement d’information et d’expression des Lesbiennes) qui, composante du mouvement des femmes, a son siège à la Maison des Femmes de Paris, groupe non-mixte, elles animent un lieu lesbien l’Hydromel ; au sein du CUARH le MIEL est représenté par plusieurs militantes, dont Françoise Renaud et Catherine Gonnard ; le journal Homophonies, outil d’expression du CUARH vendu en kiosque, est le lieu de nombreuses discussions afin d’atteindre une mixité qui donne pleinement la parole aux lesbiennes, le choix des thèmes de dossiers comme celui des photos est « un combat de chaque instant » comme disent les rédacteurs et les rédactrices, par exemple les photos de couverture avec alternance homme-femme sachant que les ventes mensuelles fluctuent en fonction de l’attractivité de la couverture ; Vincent Legret quitte le CUARH et crée la RHIF (Rencontres des homosexualités en Ile de France), puis il créera le groupe des Juristes Gais, il introduit dans le débat la question des droits des couples de même sexe, il poussera ce sujet lors de l’AG de HES de juin 1983

1980 : mort de Rose Valland (1898-1980) historienne d’art, résistante, capitaine de l’armée française, elle a participé à la récupération de quelques 45 000 œuvres d’art volées par les nazis ; elle a vécu avec la britannique Joyce Heer (1917-1977)

1980 : mort du photographe britannique Cecil Beaton (1904-1980), devenu à la fin des années 1920 photographe des aristocrates et de la cour d’Angleterre ; devenu après-guerre décorateur de théâtre et de My Fair Lady en particulier en 1956 ; puis il s’est lancé dans les collages photographiques provocateurs, vivant avec Noël Coward mais jugeant inutile de faire état de sa particularité d’homosexuel

1980 : pour la 1ère fois une femme, Marguerite Yourcenar, accède à l’Académie française

1980 : Monique Wittig publie deux essais critiques La Pensée straight et On ne naît pas femme ; elle a publié plusieurs romans, L’Opoponax en 1964, Les Guérillères en 1969, Le Corps lesbien en 1973, Le Brouillon pour un dictionnaire des Amantes en 1975, Virgile, non en 1985, Paris la Politique en 1985, des critiques littéraires et d’autres essais critiques ; dans La Pensée straight elle écrit « Les lesbiennes ne sont pas des femmes », elle part de là où Simone de Beauvoir s’était arrêtée : les lesbiennes ne rentrent pas dans la catégorie « femme », telle que voulue par la société, puisqu’elles échappent en partie à la domination masculine dans leurs vies privées, sexuelles et politiques ; mais toutes les femmes et de nombreuses catégories d’hommes sont concernées: « Oui la société hétérosexuelle est fondée sur la nécessité de l’autre différent à tous les niveaux. Elle ne peut pas fonctionner sans ce concept ni économiquement ni symboliquement ni linguistiquement ni politiquement. Cette nécessité de l’autre différent est une nécessité ontologique pour tout le conglomérat de sciences et de disciplines que j’appelle la pensée straight. Or qu’est-ce que l’autre différent sinon le dominé ? Car la société hétérosexuelle n’est pas la société qui opprime les lesbiennes et les hommes homosexuels, elle opprime beaucoup d’autres différents, elle opprime toutes les femmes et de nombreuses catégories d’hommes, tous ceux qui sont dans la situation de dominés » ; ce courant de pensée participera à la dissociation historique qui va s’effectuer entre les mouvements lesbiens et féministes, dans le contexte féministe français le texte est important au niveau théorique et au niveau politique à l’heure de l’émergence politique des lesbiennes radicales et de sa rupture avec le mouvement féministe autour de la disparition de la revue Questions féministes (cf Lettre au mouvement féministe, publié dans Amazones d’Hier, Lesbiennes d’Aujourd’hui de juin 1982) ; son essai On ne naît pas femme qui a été écrit pour la conférence « Le Deuxième Sexe, trente ans après » à New York en septembre 1979 arrive dans un contexte d’émergence de groupes de lesbiennes pour qui la dimension politique du lesbianisme devient de plus en plus importante, tandis que le féminisme radical est de moins en moins radical, il permet de comprendre les bases théoriques du lesbianisme radical ; « Se constituer en classe ne veut pas dire que nous devons nous supprimer en tant qu’individus. Et comme ‘il n’y a pas d’individu qui puisse se réduire à son oppression’ nous sommes aussi confrontées avec la nécessité historique de nous constituer en tant que sujets individuels de notre histoire. C’est ce qui explique, je crois, pourquoi toutes ces tentatives de ‘nouvelles’ définitions de ‘la femme’ se multiplient aujourd’hui. Ce qui est en jeu c’est une définition de l’individu en même temps qu’une définition de classe (et pas seulement pour les femmes évidemment). Car une fois qu’on a pris connaissance de l’oppression, on a besoin de savoir et d’expérimenter qu’on peut se constituer comme sujet (en tant qu’opposé à objet d’oppression), qu’on peut devenir quelqu’un en dépit de l’oppression, qu’on a une identité propre. Il n’y a pas de combat possible pour qui est privé(e) d’identité, pas de motivation pour se battre, puisque quoique je ne puisse combattre qu’avec les autres, tout d’abord je me bats pour moi-même

1980 : Lionel Soukaz, cinéaste de super-huit depuis 1973, réalise La Marche gaie, (39’) « Marcher, filmer, s’insurger, jouer, provoquer pour ne plus être piétinés » et Ixe (48’) réalisé en réaction à la censure du film Race d’Ep – joué par Guy Hocquenghem, réalisé quelque temps auparavant – il y parle de jouissance, de souffrance, de censure et d’héroïne ; il réalisera Maman que man en 1982 (50’), joué entre autres par Copi ; René Schérer écrira à propos de Soukaz « C’est un auteur rare et secret, qui refuse tourte censure et surtout toute autocensure… C’est avec stupeur puis jubilation qu’on reçoit en pleine figure ses feux d’artifices, ces coups de poings »

1980 : Yves Navarre obtient le prix Goncourt pour Le Jardin d’acclimatation ; l’année précédente Robert Sabatier a brocardé Navarre en déclarant devant les membres du jury : « Chers amis, j’ai une importante communication à vous faire : Yves Navarre m’a chargé de vous dire qu’il était prêt à vous sucer et vous enculer, à condition que vous lui donniez le prix » (selon des propos que le journaliste de l’Express, Matthieu Galey rapportera) ; c’est l’un de ces livres qui « arrachèrent définitivement les 6 ou 8% de la population concernée à l’ombre, à la honte, à la culpabilité » écrira Dominique Fernandez en 2004

1980 : Fabrice Emaer, inaugure le Privilège, club VIP situé au dessous du Palace ; mais lorsqu’en 1981 il appellera à voter Mitterrand, plusieurs membres renverront leur carte ; en avril 1980 le Palace inaugure les mercredis gay, réservant la boite aux garçons un soir pas semaine, le succès entrainera l’ouverture des gay-tea-dance des dimanches après-midi ; mais en 1983 Fabrice Emaer disparaîtra, la fête s’arrêtera (le Palace restera ouvert néanmoins jusqu’en 1996)

1980 : dans le Monde, Gabriel Matzneff s’emporte contre les interprétations un peu rapides de ses œuvres « La foire au sexe à laquelle nous assistons aujourd’hui va faire naître dans les cœurs généreux bien des vocations monastiques. Mieux vaut cent mille fois le Mont Athos que la société partouzarde avancée. Je ne regrette pas d’avoir publié Les moins de 16 ans, mais le succès de scandale qu’a eu ce livre, la mode « pédophilie » (quel horrible mot !) qu’il a créée me donnent parfois à penser que j’aurais dû en garder le manuscrit dans un tiroir », il oppose les « coucheries sans tendresse » à l’amour pur et désintéressé pour l’enfant

1980 : Daniel Guérin explique le comportement du parti communiste : « Si le Parti communiste, qui veille à sa clientèle, ne se risque pas à prendre la défense des homosexuels, c’est parce que la classe ouvrière dans son ensemble s’est incroyablement embourgeoisée depuis une trentaine d’année »

1980 : Francis Berthelot introduit le thème de l’homosexualité dans la science-fiction avec La Lune noire d’Orion

1980 : aux USA, les psychiatres ôtent l’homosexualité de la liste des troubles sexuels du comportement figurant dans le DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) publié pour la 1ère fois en 1952 listant près de 100 pathologies, avec des révisions en 1968, d’autres suivront en 1994 (ce sera le DSM 4, 294 pathologies), avant d’attendre celle de 2013 (DSM 5)

1980 : à Strasbourg, création de la Lune noire, association de femmes homosexuelles (qui deviendra La Lune)

1980 : à Lille, création du CLARH (comité lillois anti-répression homosexuelle)

1980 : en Belgique, parution à Bruxelles du n°1 de Le Féminaire, revue du Centre de documentation et de recherche sur le féminisme radical

1980 : en RFA, le 1er programme du parti des Verts mentionne la revendication de dépénaliser les relations sexuelles entre adultes et mineurs, au même titre que les relations entre personnes du même sexe ; la programme du parti des Verts de Göttingen dirigé par Jurgen Trittin demandera l’année suivante la dépénalisation de la pédophilie (J. Trittin coprésident du groupe socialiste au Bundestag sera tête de liste des Verts en 2013contre Angela Merkel, la révélation de ces positions des Vets 33 ans plus tard portera un coup sévère à leur score électoral national qui baissera 8,4%)

1980 : en Espagne, au festival de cinéma de Saint-Sébastien, Pedro Almodovar a 30 ans, le général Franco est mort depuis 5 ans mais la censure n’a été abolie qu’en 1978, il a déjà réalisé une douzaine de court-métrages qui sont restés confidentiel, il présente Pepi, Luci, Bom ; deux autres metteurs en scène s’inscrivent dans la movida, dont Ocana retrato intermitente de Ventura Pons, un documentaire sur un travesti peintre qui a joué un grand rôle dans les premières manifestations LGBT de Barcelone

1980 : aux USA, fermeture administrative du club Studio 24 (54ème rue, New York) pour fraude fiscale, les 2 propriétaires sont condamnées à 13 mois de prison ; juste avant la fermeture, le 4 février la fête The End of Modern-Day Gomorrah est organisée avec Diana Ross, Jack Nicholson, Richard Gere ou Sylverster Stallone ; le club rouvrira mais la pop synthétique ayant supplanté le disco, le Studio 54 déclinera et finira la fermer en 1986 ; les propriétaires iront ouvrir le Palladium sur Madison Avenue ; Steve Rubell mourra du sida en 1989 à l’age de 45 ans, Ian Schrager deviendra propriétaire de plusieurs hôtels dans le monde

1980 : en Espagne, loi sur la légalisation des associations homosexuelles

1980 : Aimé Spitz, ancien d’Arcadie, membre de David et Jonathan, journaliste aux Dernières Nouvelles d’Alsace, publie « Struthof, bagne nazi en Alsace, mémoire d’un déporté »

 1980 : au Danemark se tient la 2è conférence mondiale des femmes de l’ONU à Copenhague

1980 : en Roumanie, la situation des homosexuels sont mal vus, traqués par la police et par une partie de la population, les sécuristes, la majorité des homosexuels se cachent ; selon le comédien Anton Tamas qui émigre en France, c’était une épée de Damoclès suspendue un permanence sur sa tête, il a fait 3 séjours de plusieurs semaines en prison, il était victime d’humiliations (tabassages pervers, etc.) de la part d’autres prisonniers, il veux aller rejoindre son ami hongrois en RFA

1980 : le magazine ELLE démontre que les salaires des femmes est inférieur d’1/3 à ceux des hommes et que se pratique la discrimination à l’embauche

Début 1980 : à Lyon, dissolution du GLH créé en 1976, ses membres moteurs (comme Jean-Paul Montanari et Bruno Hérail) quittent Lyon compte tenu de leur entrée dans la vie active ; le GILH (groupe d’information et de libération homosexuel) se revendiquera comme son successeur

Début 1980 : à Aix en Provence, c’est le temps de la création du salon de thé associatif l’Eventail, créé par Patrick Cardon et Marie Meyer (au 5 rue Saint-Jean) avec Joël Heuillon ; le nom est inspiré par la pièce d’Oscar Wilde (L’Eventail de Lady Windermere, 1892) ;  l’Eventail se veut un lieu camp (3 pièces : espace d’accueil, salle bibliothèque et salon de thé), réalisé avec les « moyens du bord » il fonctionne grâce au bénévolat, il est lié au ciné-club le Mistral, espace de rencontre et de discussion ouvert aux associations homosexuelles, offre des activités conviviales et des rencontres littéraires : Gay-t-eau (piscine), Gay-thés, universités du Gay savoir en collaboration avec la librairie Vents du Sud ; il noue des contacts avec Jean le Bitoux, Daniel Guérin (qui fait don de 2 livres Eux et lui de 1962 et La Vie selon la chair de 1929), Françoise d’Eaubonne, Jean Valais fait un exposé sur « Promenades littéraires dans la gay littérature de Pierre Loti à Tony Duvert », Jean-Louis Garcia sur Mozart et Jean Michel sur Sade, Lionel Soukaz et Guy Hocquenghem sont venus présenter le film Race d’Ep, Patrick Cardon fait une intervention sur « symbolisme et situationnisme » ; Jean Lorrain qualifié de « personnage délicieux » par Patrick Cardon qui vient juste de le découvrir, le Second manifeste camp de Patrick Mauriès et la démarche de Susan Sontag sur la photographie, inspirent le choix du mot camp ; c’est le moment où Patrick prépare une thèse sur L’homosexualité dans la revue d’archives d’anthropologie criminelle (sous la direction de l’écrivain et professeur Raymond Jean) ; Alain Pierre (surnommé Grand Pavois ou Mégalain compte tenu de sa taille de 2m, futur militant au GLH de Marseille, puis à Paris) participe à l’ouverture de l’Eventail ; outre Patrick Cardon et Marie Meyer, la Mouvance regroupe les fidèles Henri Amouric (se disant maoïste, il raillait le GLH de Marseille : les « viriloïdes ») et son ami Jacques Poché (partisan d’un GLH plutôt que d’un mouvement de folles…), Valdo Bouyard, Grégoire Herpin (dont le père avocat était « proche » de François Mitterrand) , Cornélius van Ryckvorfel (dont le père était « directeur » de la Banque de Paris et des Pays Bas en Hollande) ; Patrick habite rue Boulégon avec Jean-Marie Bado

Janvier 1980 : la rupture se dessine au sein du conseil de rédaction de la revue Questions féministes sur la problématique lesbienne, pour Simone de Beauvoir : « Les lesbiennes radicales font passer leurs intérêts sectaires avant l’intérêt féministe général », pour Monique Wittig : « Les lesbiennes ne sont pas des femmes. »

Janvier 1980 : l’affaire Marc Croissant éclate, employé homosexuel de la municipalité communiste d’Ivry-sur-Seine, il vient d’être officiellement licencié en raison de ses mœurs, en fait membre de la commission du CERM (Centre d’Etudes et de Recherches Marxistes), il s’est insurgé le 13 janvier dans une lettre ouverte à l’Humanité contre le traitement d’un fait divers où un homosexuel mineur est mis en cause, lettre écrite avec JP. Januel avec l’en-tête du groupe Homosexualité du CERM dans laquelle ils jugent que les communistes doivent défendre le droit des homosexuels et le droit à l’homosexualité, là où l’Humanité niait la nature homosexuelle et consentante du désir ; Marc Croissant reçoit une réponse vive de Roland Leroy, il est écarté de sa cellule du PCF avant d’être renvoyé de la mairie ; dans le Monde du 26 juin 1980, Philippe Boucher prendra la défense de l’accusé dans son article tiré « Le petit défaut » ; et une plaquette de 4 pages sera diffusé dans le milieu homosexuel « Un employé communal sanctionné et menacé de licenciement pour délit d’opinion »

18 janvier 1980 : au Royaume Uni, mort du photographe, dessinateur, créateur de décors et de costumes pour le cinéma Cécil Beaton (1904-1980), en quête de la beauté, irrésistiblement attiré par la vanité d’un monde fastueux, il a fait le portrait de la plupart des célébrités du XXème siècle et  a vécu une longue amitié amoureuse avec Greta Garbo

Février 1980 : parution du n° 7 de la revue Questions féministes qui ouvre le débat lesbianisme-hétérosexualité ; ce sera amplifié par la parution du livre de Monique Wittig La Pensée straight quelques mois plus tard ; par ailleurs, dans ce numéro, Monique Wittig s’insurge contre la pornographie :  » Le discours pornographique fait partie des stratégies de violence qui sont exercées à notre endroit, il humilie, dégrade, il est un crime contre notre « humanité ». Comme tactique de harcèlement il a une autre fonction celle d’un avertissement. Il nous ordonne de rester dans les rangs. Il nous met au pas pour celles qui auraient tendance à oublier qui elles sont, il fait appel à la peur. »

Février 1980 : aux USA, fermeture de la discothèque mythique de New York, Studio 24, l’expérience durait depuis avril 1977, elle restera une référence, le lieu recevait quelques 2 000 personnes, des personnalités et des quidams qui se frottaient joyeusement les uns contre les autres ; Studio 24 a aidé New York à réinventer son image, en période de crise économique ; « c’était l’endroit le plus grandiose et le plus divertissant au monde » affirmera le photopgraphe Richard Williamson en 2020 lorsqu’une exposition sera consacré à ce lieu

7 février 1980 : Guy Hocquenghem et André Glucksman publient dans le Monde l’article « La Reine Victoria a encore frappé » qui dénonce l’ordre moral que fait régner le ministre Michel d’Ornano sur la culture

9-10 février 1980 : coordination nationale des GLH à Dijon – le GLH de cette ville, Diane et Hadrien accueille les groupes – , c’est l’occasion d’un premier bilan de la campagne sur les interdictions professionnelles, grâce aux 10 000 signatures qui ont été collectées depuis l’automne ; la marche nationale envisagée pour novembre 1979, est toujours envisagée, une coordination qui se tiendra plus tard à Rouen proposera de l’organiser au printemps 1980, finalement c’est un meeting qui sera organisé en mai 1980

23 février 1980 : à Paris, la revue Masques organise une grande fête au Palais des Arts, avec Catherine Ribeiro, qui est un succès (mais la recette est dérobée par un commando d’extrême droite)

25 février 1980 :  mort du professeur de sémiologie au Collège de France Roland Barthes (1915-1980), renversé par une camionnette (au sortir d’un déjeuner avec le candidat à la présidentielle François Mitterrand) ; dans L’Empire des signes en 1970 il a analysé l’histoire du castrat figurant dans Sarrazine de Balzac et la drague des garçons dans Tricks le roman de Renaud Camus ; dans Fragments d’un discours amoureux en 1977 il ne livrait pas franchement son homosexualité, il faudra attendre son livre posthume Incidents en 1987 pour découvrir après le départ de son amant Olivier, le récit de ses quêtes perpétuelles et de ses amours furtives (comme dans les bars homosexuels de Tokyo, après avoir appris une seule phrase : »Tous les deux où et quand ? »)

Mars 1980 : création d’un groupe de soutien à Marie-Andrée Marion, victime de viol, et de l’affiche « Cet homme est un homme, cet homme est un violeur »

2 mars 1980 : mort de l’écrivain polonais Jarosław Leon Iwaszkiewicz (1894-1980), auteur en 1935 de Dionysies, poèmes d’un érotisme expressionniste ; en voyage en Europe il est fortement influencé par Jean Cocteau et Stefan George dans Le Livre du jour, Le Livre de la nuit en 1925 ; il est l’auteur de pièces de théâtre, de romans historiques et de nouvelles, dans Le Professeur apparaît clairement le thème de l’amour d’un garçon pour son maître ; député, président de l’Union des écrivains, il doit dissimuler son homosexualité par un mariage de convention

6 mars 1980 : Marguerite Yourcenar élue à l’Académie française, 1ère femme élue, face à la misogynie de bien des académiciens (ni François Mauriac, ni Jean Dutourd, ni Claude Levi-Strauss ne tiennent des propos très accueillants)

18 mars 1980 : mort de la peintre d’origine polonaise Tamara de Lempicka (1898-1980), mariée à Tadeusz Lempicki à Saint-Petersbourg, elle a fui de révolution bolchevique et travaille à Paris dans l’atelier de Maurice Denis et André l’Hôte où elle réalise de nombreux tableaux de 1926 à 1930, dont Les Jeunes Filles, Les deux Amies, montrant des felmmes sensuelles et langoureuses ; par ses tenues elle incarne la garçonne scandaleuse et transgressive ; elle fait les portraits d’Edwige Feuillère et de Suzy Solidor, ses tableaux, entre cubisme, manièrisme et classicisme, sont reproduits dans les magazines féminins ; en 1933 son mari la quitte pour retourner en Pologne, elle épouse le baron Raoul Kuffner, riche aristocrate hongrois, et s’installe à New York pour poursuivre sa carrière

26 mars 1980 : mort de Roland Barthes (1915-1980) fauché par une camionnette à Paris où il est professeur au Collège de France depuis 1976, auteur de le Degré zéro de l’écriture en 1953, Mythologies en 1957, Suprême Mode en 1967, S/Z en 1970, l’Empire des signes en 1970, le Plaisir du texte en 1973, Fragments d’un discours amoureux en 1977 et de cinq volumes d’essais critiques ; l’écrivain américain Jeffrey Eugenides dira « Barthes est non seulement un grand penseur mais un merveilleux écrivain, au style plein de charme et de vivacité » ; en 2002 lors de la publication de ses cours Comment vivre ensemble et de Le Neutre, Didier Eribon soulignera l’intérêt de son propos sur le neutre « un troisième terme » qui déjoue le « poaradigme » de l’opposition binaire entre deux temes, son éloge de la « bienveillance », sa revendication du « droit à la fatigue » créateur de nouveauté face aux règles contraignantes de la vie sociale,  ses remarques sur le vocable dépréciatif « précieux »dont on l’affuble qui signifie « non viril », une manière de désigner son homosexualité selon Eribon qui note aussi que Barthes n’a pas un discours de gourou mais de « désirant » et apprécie la figure de l’androgyne qui annule le binarisme de la différence des sexes (si chère aux psychanalyste lacaniens) et l’horreur qu’inspirait à Zola la figure de l’androgyne « effeminé » et « décadent » qui brouille la polarité homme-femme et annule les lois du « monde dualiste, manichéen », Barthes apprécie les personnages androgynes de Léonard de Vinci et oppose au « rire castrateur », celui de l’arrogance, le « sourire », un « geste du neutre »

Printemps 1980 : parution du n°1 de Pénélope pour l’histoire des femmes, publication du Groupe d’études féministes de l’Université Paris VII et du Centre de recherche historique de l’EHESS, directrice Caroline Rimbault

Printemps 1980 : à Aix en Provence, la revue universelle, Fin de siècle, fondée par Patrick Cardon et Valdo Bouyard, fait paraître sur 48 pages de nombreux textes érudits, dont un éditorial de Jeanne de France, une interview de Me Alain Joissains, maire d’Aix sur la culture et sur les homosexuels, un article de Michel Rey sur Us et coutumes des sodomites parisiens au XVIIIème  siècle, un texte d’Alain Fleg sur la photo et l’édition, un article « Nous étions une seule folle » de Paulette Meurodon, ou un autre de Mélanie Badaire « La folle comment s’en débarrasser ? » ou encore les signatures de Tosca Bada, Esther Jappert, Josée Istel, Valère Gaudemart ; c’est le temps où Paulette Meurodon amoureuse des provocations et des aphorismes peut déclarer « l’amour est la vaseline de l’autorité »

Printemps 1980 : Jean Ristat et Louis Aragon déjeunent souvent chez Monsieur Bœuf (restaurant au coin de la rue des Lombards et de la rue Sain-Denis), Aragon est alors un peu défait, le mouvement de Mai 68 l’a malmené, le PCF lui a retiré les Lettres Françaises (en 1972) et il est humilié par les procès Siniavski et Daniel (en 1966) et Paradjanov (en 1973), en URSS ; depuis la mort d’Elsa Triolet, en 1970, celui dont Roger Nimier disait : « C’est le seul homme capable d’assister à une réunion du Comité Central du PCF en smoking rose », affiche désormais ses préférences homosexuelles, il mourra en 1982

6 mars 1980 : Marguerite Yourcenar est la première femme élue à l’Académie française. Elle entrera sous la coupole, habillée par Yves Saint-Laurent et, féminisme oblige, sans la traditionnelle épée.

Avril 1980 : 2ème conférence de l’IGA (International Gay Association), les lesbiennes présentes en force participent aux commissions de travail mais se réunissent entre elles pour discuter des sujets de leur point de vue et créent l’ILIS (International Lesbian Information Service)

5-7 avril 1980 : coordination des féministes radicales à Aix en Provence, lieu d’échanges avec discussions avec les lesbiennes radicales sur le thème « viol crime politique »

11 avril 1980 : le texte voté par le Sénat en 1978 vient à l’Assemblée nationale, le président de la commission des lois, Jean Foyer, refuse la dépénalisation au nom de la protection des mineurs : « Songez, entre autres, qu’il existe des établissements qui reçoivent des mineurs de 15 à 18 ans dont certains sont des infirmes, des handicapés, des malades mentaux, il me répugnerait d’affranchir pénalement des sanctions qu’ils encourent par la loi actuelle, ceux qui se livrent, à l’égard de ces mineurs, à des actes homosexuels », le gouvernement fait volte-face, d’autant que la présidentielle approche, seule la gauche vote pour la dépénalisation

12 avril 1980 : dans Libération, Guy Hocqenghem signe l’article Outrage public aux droits de l’homo, « Les députés ont rétabli la discrimination anti-homosexuelle en matière d’attentat à la pudeur… Les monstres ont encore frappé. prenant par surprise les députés et l’opinion, et profitant de la loi sur le viol, Jean Foyer, ancien ministre de la Justice, a obtenu de l’Assemblée nationale le rétablissement d’une discrimination officielle contre les homosexuels, inscrite dans la loi et dans le code pénal. La notion de « contre-nature », continuera en France, à permettre la condamnation de centaines de « déviants » chaque annéee »

Mai 1980 : parution du n°8 de Questions féministes qui publie la conférence de Monique Wittig à New York en septembre 1979 lors du colloque « Le Deuxième Sexe, trente ans après » ; ce texte signe en quelque sorte la fin de la revue

Mai 1980 : à Cuba, environ 10 000 gais sont réfugiés à Port-Mariel et souhaite émigrer dans un pays libre, Jean-Pierre Joecker avec la revue Masques tente d’alerter l’opinion française, ni Le Matin de Paris, ni Le Monde n’acceptent de publier sa tribune, les partis de gauche font la sourde oreille, seul Jean-François Kahn accepte de la publier dans Les Nouvelles Littéraires

1° mai 1980 : à Lyon, les membres du GLH manifestent dans les rues et devant l’hôtel de ville, avec la banderole Pédés et lesbiennes en lutte ; ils et elles avaient déjà manifesté lors du 1er mai 1979 avec un tract explicatif « Ma parole, mais t’est pédé/lesbienne ? / ça te dérange / Nous voulons vivre librement notre (homo)sexualité, nos désirs, nos amours… »

20-21 mai 1980 : 1ère Rencontre des lesbiennes radicales de Jussieu « Lesbianisme politique et visibilité lesbiennes »

31 mai 1980 : meeting du CUARH à Jussieu rassemblant 3 000 personnes « Pour les droits et libertés des homosexuels (hommes et femmes) » pour l’abrogation de l’al. 3 de l’art 331 du code Pénal « qui prend sa source dans le régime de Vichy, (pour lequel, contrairement aux relations hétérosexuelles) toute relation homosexuelle est interdite pour les moins de 18 ans », le soir fête à la Mutualité (concert de Mama Bea et bal) ; suite à un appel du Cuarh à toutes les formations politiques, des représentants du PCF et du PS participent aux débats, Joseph Franceschi, député PS, y déclare que « l’homosexualité est un comportement sexuel comme un autre », Danièle Bleitrach s’y exprime au nom de Révolution ! « Il faut réviser la législation ; les homosexuels ont le droit de vivre en paix, comme tous les citoyens de notre pays »

21-22 juin 1980 : le Groupe de lesbiennes de Jussieu organise une rencontre lesbienne à la place des Fêtes, au Pré Saint-Gervais

21 juin 1980 : publication dans le Monde de l’article de Philippe Boucher « Le petit défaut » qui souligne la pusillanimité de la municipalité d’Ivry dans le cas de l’affaire Marc Croissant, tout en critiquant l’attitude « folles » de certains homosexuels…

28 juin 1980 : en Belgique, place Flagey à Bruxelles, manifestation de 600 personnes organisée par le Groupe de Libération Homosexuelle, en faveur de l’abrogation de l’article 372 bis du code pénal, article voté en 1965 dans le cadre d’une loi sur la Protection de la jeunesse qui fixait la majorité sexuelle hétérosexuelle à 16 ans et homosexuelle à 18 ans ; cette loi sera abolie en 1985

12-26 juillet 1980 : 2ème camp de rencontre de lesbiennes féministes à Marcevol (dans les Pyrénées orientales), avec 200 à 250 lesbiennes, décision de publier la revue Paroles de lesbiennes féministes et création d’un village de lesbiennes féministes

11 septembre 1980 : l’Anglais d’une quarantaine d’années, Maurice McGrath achète à l’angle des rues Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie et Vieille-du-Temple, le fond de commerce d’un bistrot de quartier à une Auvergnate pour 500 000 F, il ouvre le Central, 1er bar gay implanté dans le Marais (avec le Village, rue du Plâtre) ; Jimmy Sommerville fréquente le Central

18 septembre 1980 : mort de Rose Valland (1898-1980), licenciée en histoire de l’Art, assistante au Musée du Jeu de Paume en 1939 ; lorsque les nazis pillent les chefs-d’œuvre appartenant aux juifs déportés ils les stockent au Musée du Jeu de Paume, Goering fait son choix, Rose Valland déchiffre les papiers carbones allemand et écoute les conversations des responsables nazis, elle communique à la Résistance la liste des chefs d’œuvre et leur destination ; à la Libération, elle envoie aux Américains le liste des lieux de stockage, elle participera à leur récupération ; elle écrira le récit de ses actions dans Le Front de l’art dont le cinéaste américain John Frankenheimer s’inspirera pour son film Le Train ; le lieutenant James Rorimer témoignera du travail de Rose Valland dans son livre Survival en 1950 ; à la Libération, elle devient l’amante de Joyce Heer (1917-1977), secrétaire-interprète à l’ambassade des USA et vivra avec elle jusqu’à sa mort, elle partage un appartement rue de Navarre

26-27 septembre 1980 : coordination nationale d’Angers, le CUARH décide de mener campagne à l’occasion des élections présidentielles « afin que les homosexuels et les lesbiennes   enfin à devenir une force politique avec laquelle il faut compter dans ce pays » rapporte le journal Homophonies ; des dizaines de milliers de tracts à distribuer et des milliers d’affiches à coller seront imprimées

Automne 1980 : à Paris, le groupe de Jussieu, collectif de lesbiennes parisiennes, est exclu d’une rencontre nationale féministe, elles accusaient les hétérosexuelles de choisir le camp de l’oppression, rompant avec la solidarité féminine face au patriarcat, les tensions entre les féministes qui se réclament du MLF et les lesbiennes radicales atteint un point de rupture ; l’évènement paroxystique sera la crise au sein de la revue Questions féministes, la revue Nouvelles Questions féministes sera créée avec l’éditorial « Les femmes, toutes les femmes, constituent une classe opprimée par la classe des hommes et le féminisme est la lutte contre une oppression commune à toutes les femmes », un procès s’ensuivra à l’automne 1981 qui entérinera le fossé entre féminisme universaliste et lesbianisme radical

Octobre 1980 : réunion des féministes radicales au Mans, mais avec exclusion des lesbiennes radicales de Jussieu

Octobre 1980 : Porte Maillot, congrès d’Arcadie sur le thème « « l’homosexualité et les libertés », Robert Badinter est l’invité d’honneur au banquet ; Arcadie crée une commission documentation qui travaille à la rédaction d’un Livre blanc sur l’éducation sexuelle

8 octobre 1980 : projections à l’Olympic-Entrepôt et au Movies Les Halles des films Armée d’amour de Rosa von Praunheim et de La Marche Gay de Lionel Soukaz

16 octobre 1980 : le Sénat fait volte-face  et refuse à son tour l’abrogation de l’alinéa 3 art.331 ; le CUARH diffuse un communiqué dénonçant « la volonté de tous ceux qui développent aujourd’hui le racisme anti-homosexuel » ; de son côté le Renouveau français fait signer une pétition demandant « le maintien et l’application avec fermeté de l’art. 331 du code pénal et l’expulsion de tous les homosexuels étrangers »

23 octobre 1980 : un appel à manifester a été signé par de nombreuses personnalités, plus de 3 000 personnes manifestent sous la pluie, de la place Saint-Sulpice à l’Odéon (après s’être vus interdites de marcher vers le Sénat), pour la dépénalisation de l’homosexualité, contre le vote homophobe du Sénat, au cris de « Foyer t’es foutu, les homos sont dans la rue » et « Homos réprimés, les libertés sont en danger« ; c’est la plus grande manifestation contre les discriminations anti-homosexuelles jamais vue en France

Novembre 1980 : parution du n° 1 de Homophonies, mensuel d’information et de liaison des lesbiennes et des homosexuels du Comité d’urgence anti-répression homosexuelle, édité par le CUARH-Paris, directeur Vincent Legret

Novembre 1980 : parution de Apprentis et Garçons, Mémorial IV,  de Marcel Jouhandeau (1888-1979), il montre son œil acéré d’enfant pour décrire les apprentis et garçons bouchers que son père a employé à Chaminadour, dans le Berry, et son extraordinaire mémoire de ces jeunes gens (Charles, le Grand Pompée, Athanase, Gaston, Titi et Antoine) ; une seule fois s’exprime son trouble des ses relations avec l’un d’entre eux, pourtant « Aucune légende ne pouvait courir alors sur moi de nature à rendre suspectes à personnes mes mœurs, excepté peut-être dans mon souvenir ou mes appréhensions entre chien et loup, à Dieu et à moi », c’était face à Gaston, « débordant de vitalité… il suffisait qu’il fut présent pour vous ragaillardir. son rayonnement avait quelque chose de solaire qui illuminait et réchauffait la salle à manger »

15-16 novembre 1980 : 7ème coordination du CUARH à La Baule, le principe d’une marche nationale pour le 4 avril 1981 est adopté, à 3 semaines du 1er tour des élections présidentielles, en complément de la campagne de tracts et d’affiches qui sera déjà engagée et des questions adressées aux candidats, l’objectif de rassembler 10 000 personnes est affiché, impliquant un travail conséquent de mobilisation

19 novembre 1980 : grâce à un vote bloqué en 3ème lecture à l’Assemblée nationale, en même temps qu’est supprimé l’article 330 al 2 (selon lequel l’homosexualité est un fléau social), l’art 331 al 2 est maintenu, l’amendement du député Jean Foyer visant à maintenir le « délit d’homosexualité » pour les relations de 15 à 18 ans est adopté ; Jean Foyer évoque « le vieillard lubrique qui sodomise un gamin de 15 ans » et la liberté qui est le droit « qu’ont les ogres de dévorer les petits poucets » ; Nicolas About, sénateur centriste, déclare : « Messieurs de l’opposition, on est encore adolescent entre 15 ans et 18 ans et vous n’avez as le droit de permettre à un adulte de profiter de la vulnérabilité d’un enfant ou d’un adolescent » ; Jacques Chirac, Gérard Longuet, Alain Madelin, Jean Tibéri, Jean-Claude Gaudin, entre autres votent le maintien de l’amendement, seul le député gaulliste de Paris Claude-Gérard Marcus vote contre

7 décembre 1980 : à Paris, la revue Masques célèbre  dans les locaux de la librairie Les Mots à la bouche le prix Goncourt de Yves Navarre pour Le Jardin d’Acclimatation et le prix Femina de Jocelyne François pour Joue nous Espana, plusieurs centaines de personnes y participent

14 décembre 1980 : mort de l’homme politique Joël Le Theule (1930-1980), agrégé de géographie, enseignant au Prytanée de la Flèche, en prépa à Saint-Cyr, élu à 28 ans député de la Sarthe, lors de la vague gaulliste, maire de Sablé en 1959 et Conseiller général, courtois, efficace et consciencieux il devient membre de la commission de la Défense à l’Assemblée nationale, puis ministre de l’Information, des Transports et de la Défense ; célibataire endurci il vit seul, assumant ses goûts avec discrétion (et parfois protégé par sa qualité de ministre) ; il meurt d’une crise cardiaque à 50 ans ; son attaché parlementaire, François Fillon, héritera de ses mandats

23 décembre 1980 : vote de la modification de l’article 332 du code Pénal, loi contre le viol définissant pour la 1ère fois le viol et décrivant les sanctions encourues, crime passible de 15 ans de réclusion, cette loi demandée par les féministes concerne également le viol conjugal et le viol homosexuel ; c’est l’aboutissement d’un combat contre le viol lancé en 1975 par le mouvement des femmes

27 décembre 1980 -1er janvier 1981 : à Amsterdam, 1ère conférence de l’ILIS (International Lesbian Information Service)